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Sujet: Le souffle des Damnés
Learamn

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Rechercher dans: Le Chemin des Morts   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le souffle des Damnés    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 5 Oct 2020 - 12:31
Suite de : L'appel des Morts


Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! Purif10





An 3430, Deuxième Âge



Le blizzard soufflait avec vigueur sur les sommets des Montagnes Blanches, glaçant les corps et les coeurs des hommes qui y étaient postés. Là-haut, les glaciers avaient pourtant reculés depuis plusieurs décennies et la roche nue, sombre comme la nuit, contrastait avec les reflets immaculés du manteau de neige qui recouvrait d’ordinaire la région entière en cette période de l’année.  

Un aigle au plumage noir comme l’ébène planait au milieu des nuages menaçants, naviguant tant bien que mal au milieu du brouillard. Il tournoyait ainsi au-dessus des cimes, inspectant de son regard acéré les escarpements rocheux en quête d’une proie trop imprudente qui aurait quitté sa tanière. Malgré l’environnement pour le moins hostile, il n’était pas rare de croiser des marmottes ou autres rongeurs qui profitaient de la fonte des glaces pour partir aventureusement en quête de nourriture après une longue période d’hibernation. Le rapace, alerté par des sons inhabituels, vira à droite et après avoir contourné la cime immense d’une des montagnes, il se retrouva au-dessus d’un plateau de terre nue et noire comme la nuit. Mais les proies qu’il espérait y trouver étaient bien plus grosses que prévues; il n’y avait là ni lièvres ni campagnols mais de hautes silhouettes se tenant sur deux pattes. Quelque peu contrarié par la présence humaine sur son territoire de chasse, l’aigle royal se posa sur un promontoire rocheux et continua d’observer cette scène bien intrigante.

Deux groupes se faisaient face. Ils étaient formés d’hommes des montagnes couverts de larges peaux et fourrures; ils étaient de ceux qui avaient colonisés la vallée des siècles plus tôt et qui avaient dû apprendre à vivre au coeur de cette inhospitalière nature. Entre eux, se tenait un homme à l’allure fier, à l’armure reluisante et au casque richement décoré. A en juger par son accoutrement et son allure distinguée, celui-ci n’était pas d’ici. L’un des montagnards semblait particulièrement irrité et l’atmosphère générale de la scène était particulièrement tendue. Sur son perchoir naturel, le rapace jugea bon de rester discret pour le moment, à l’affût. Il n’était pas judicieux de voler au-dessus de ces archers d’exception lorsque ceux ci étaient de mauvaise humeur.

“L’heure d’honorer ton serment est venue Thengald! Oseras-tu te défiler devant le Roi comme tu l’as fait devant mon père et le peuple de Morthond? ”
s’exclama l’un des montagnards qui semblait particulièrement contrarié.

Pour toute réponse, il obtint un crachat à ses pieds de la part du principal intéressé qui affichait un air méprisant.

“Fédon n’était qu’un petit despote sans honneur dont le seul tour de force fut d’avoir engendré un “héritier” encore plus pitoyable que lui. Le Roi de la Montagne n’a aucune leçon à recevoir de la maison des Fédoriens!
-Mais il doit pourtant répondre à la Couronne!”
l'interrompit l’homme en armure qui s’était fièrement avancé pour s’interposer entre les deux seigneurs locaux.

Thengald dévisagea cet étranger qui s’était présenté comme un émissaire du Haut-Roy Isildur ; il était venu jusque dans leurs montagnes avec ses manières de la capitale et son  petit ton autoritaire qu’il croyait légitimer par ses ordres de mission. Mais il en fallait bien plus pour intimider celui qui se faisait  appeler le “Roi de la Montagne”.

“Ceci n’est pas ma guerre! Si le Roi du Gondor désire voir ses enfants mourir devant les murs sombres du Mordor, alors grand bien lui fasse! Mais je n’enverrai point mes fils vers cette mort certaine!
-N’abusez pas du pouvoir qui est le vôtre! La Couronne a été assez clémente pour fermer les yeux sur votre petite sécession mais il est temps de prouver votre loyauté! Le seigneur Evanor, ici présent, n’a pas hésité une seule seconde à rallier les troupes de la vallée à l’effort de guerre. Si vous ne vous montrez pas coopératifs, le Roi se verra contraint de reconsidérer la question de l’autonomie de votre communauté.”


Thengald ne supportait visiblement pas le fait de recevoir des ordres de la part d’une entité supérieure par le biais d’un émissaire de rang inférieur. De plus, il n’avait nullement l’intention de faire partir ses meilleurs guerriers dans une guerre perdue d’avance au moment même où il en avait le plus besoin pour consolider son pouvoir face aux frères rivaux de la vallée de Morthond. D’un autre côté, il avait bien prêté serment devant le Roi et ce dernier n’était pas homme à contrarier. Le montagnard reste donc un long moment silencieux, pesant le pour et le contre, hésitant quant à la marche à suivre. Agacé, l’émissaire de Minas Tirith tenta de le presser par la menace.

“Le Roi a été assez clair sur ce sujet; je suis autorisé à faire usage de la force si nécessaire pour vous faire respecter votre parole!”


Thengald ricana mais il fulminait intérieurement d’entendre ce messager malingre le provoquer de la sorte. Il se retourna lentement, tournant  désormais le dos à ses interlocuteurs pour faire face à ses hommes et il sentit son poing tremblant se refermer sur lui-même; derrière-lui ses fidèles de la première heure savait que quand il entrait dans cet état là, alors il devenait incontrôlable.

“Bien...bien…”
fit-il d’une voix qu’il s’efforçait de rendre la plus douce possible.

L’émissaire esquissa un sourire et s’avança un peu plus alors qu’il triomphait intérieurement. Ainsi, la puissance de la Couronne faisait trembler jusqu’aux sauvages des Montagnes Blanches.

“Alors voici  ma réponse au Roi…”


Sans crier gare, Thengald dégaina sa lame et dans son mouvement puissant décapita la tête casquée du héraut qui s’en alla rouler en contrebas. Son corps s'affaissa sur la roche sombre avec un tintement  sous les yeux choqués du Seigneur Evanor et de sa suite. Mais ces derniers étaient bien moins nombreux que leurs rivaux qui avaient déjà dégainés leurs épées. Les hommes de la vallée se replièrent donc alors que le Roi de la Montagne reprit la route vers les sommets d’un air perplexe.


Le courroux d’Isildur serait terrible.





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Les derniers rayons de soleil brillaient encore entre les pics glacés, illuminant les bordures de la vallée du Racine Noire d’une faible lueure orangée qui annonçait la pénombre. Un vent venu du Nord se frayait un chemin à travers les escarpements et venait embrasser, de son étreinte glaciale, la foule qui s’était massée au pieds des montagnes. Après une longue nuit de veillée passée auprès des tombeaux des anciens suivie d’une journée de festivités qui avait vu locaux et visiteurs s’adonner à des compétitions de tirs à l’arc ou des concours de chasse, le peuple de Morthond s’était rassemblé à la lisière nord de son territoire pour ce qui représentait l’apothéose de cette période de fête: la Purification. Des immenses tambours battaient à un rythme soutenu faisaient entendre leur grondement dont l’écho faisaient trembler la vallée toute entière et faisait entrer les habitants dans un état de transe presque spirituelle. Plus haut dans le ciel, le son des percussions se mêlaient aux cris stridents des buses qui virevoltaient au-dessus des têtes.

Cette cérémonie, à la fois fierté de la région et symbole des hommes qui la peuplaient, était attendue avec impatience depuis de longues semaines et les préparatifs avaient été soigneusement orchestrés par le Conseil lui-même. Et l’édition de cette année s’annonçait particulière excitante; jamais autant de champions n’y avaient participé et le nombre exceptionnellement élevé de seigneurs venu d’ailleurs renforçait cette envie de prouver aux étrangers la bravoure et le mérite des gens de la vallée. Quelques rumeurs inquiétantes portant sur la découverte d’anciennes malédictions enfouies dans les glaciers près de la Pierre d’Erech s’étaient propagés dans les rangs et faisaient frémir de peur les plus courageux mais toute cette affaire avait été tant bien que mal été étouffée par les autorités.

Une autorité d’ailleurs parfaitement incarnée par l’imposante silhouette du Seigneur Eon Ludgar qui, juché sur une sorte de promontoire rocheux, observait avec gravité l’agitation qui se déroulait sous ses yeux. Ce soir, il n’avait pas le coeur à rire. A ses côtés se trouvait le taiseux Capitaine Formric, maître archer, ainsi que le vieux Navon, doyen du Conseil des Rescapés. Derrière eux, différentes bannières flottaient au gré du vent; celle des Rescapés représentés par un cygne noir était au centre, dominant toutes les autres. Cette édition de la Purification était déjà une grande fête et s’annonçait comme un véritable succès historique; jamais les participants n’avaient été aussi nombreux. Même la vieille Dame Eliabel avait daigné quitter son cottage reculé sur les contreforts de la montagne pour se présenter avec un champion bien mystérieux.

Malgré tous ces signaux positifs,   Navon échangea un regard inquiet avec son suzerain; ils savaient tous les deux ce que l’architecte avait découvert et avaient fait le choix délibéré  de ne rien en dire pour éviter la panique. Pourtant, au fond d’eux, les prenant par les tripes, résidait encore une peur irrationnelle.  Et si…


#Ludgar #Navon #Formric

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Dans l’ombre de Tryon, Elisha avançait lentement tout en scrutant les alentours de son regards aussi intelligent que calculateur. Sur leur passage, plusieurs personnes intriguées  s’étaient retournés en désignant du doigt le Baron de Roncefort, ils parlaient entre eux d’une voix basse mais dans laquelle on percevait la curiosité. Eon Ludgar avait pris bien soin de propager l’information que cette année, il y aurait bien un Seigneur en personne qui prendrait part à la Purification; chose qui n’était pas arrivée depuis la participation du maître de Morthond lui-même. La population se demandait ainsi qui était cet homme assez fou pour risquer ainsi tout ce qu’il avait mais d’un autre côté les gens de Morthond savaient apprécier la bravoure du guerrier, quand bien même elle confinait à l’inconscience, et Tryon pouvait ainsi voir l’admiration au fond des pupilles des observateurs.

Derrière eux se tenait Wilfried qui portait fièrement les effets de son suzerain. Si le colosse se sentait lésé d’avoir ainsi été placé sur la touche, il n’en montrait absolument rien. C’était un grand professionnel et avant tout un soldat loyal. La Baronnie de Roncefort savait décidément bien s’entourer.

L’attention du Baron fut alors attirée par une voix bien familière qui s’adressa à lui:

“Le Baron de Roncefort! Mon cher ami Tryon!”


Le seigneur Vögel s’avançait vers lui les bras écartés avec un large sourire révélant sa dentition bien trop parfaite pour être honnête. ll était lui aussi accompagné de son champion, vêtu du même équipement élégant, mais bien peu fonctionnel, que le gardes qui avaient été massacrés dans le bastion des Roncefort. Derrière son ton amical, on percevait d’ailleur très bien la rancoeur provoqué par ce souvenir amer chez le Seigneur du Hautval.

“Quel plaisir de vous voir ici!
Continua-t-il sur cet air des plus hypocrites. Je me vois rassuré de vous voir présent avec votre champion; figurez vous que le bruit court que vous auriez décidé de participer vous-même à cette cérémonie barbare. Quell folie serait-ce! En tout cas votre colosse aura en Wulm, mon plus fidèle soldat, un allié de choix au sein du Chemin des Morts.”

Le garde, affublé d’un casque à plume, opina du chef ne sachant pas réellement qui de Tryon ou Wilfried il préférait avoir à se méfier une fois au coeur de l’action.

#Elishan
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Eneron avait pris du retard et quand il arriva sur place, le lieu était déjà noir de monde. L’Arnorien avait passé l’après-midi auprès de l’ambassadeur de Dol Amroth, le sulfureux Mafielas qui résidait dans un domaine située en périphérie de la vallée, aussi loin que possible des “bouseux” de Morthond. L’homme, autrefois grande figure politique de la cité princière, noyait sa frustration dans l’eau-de-vie qu’il produisait dans sa cave. On l’avait écarté et envoyé ici suite à une basse manoeuvre politique et il menait depuis une vie bien amère. Toutefois, le vieil homme n’avait pas complètement baissé les bras et manigançait dans l’ombre pour préparer son retour; malgré ses échecs son sens politique était toujours affûté et il avait encore des cartes à jouer. Eneron avait ainsi beaucoup appris durant ces heures passées dans son salon; il n’avait même pas vu le temps passé et avait dû quitter son hôte  à la hâte au moment où  il avait constaté que le soleil commençait à décliner à l’horizon. Mafielas avait refusé de l’accompagner, ne désirant pas prendre part à ces “traditions de primitifs”.

Le Seigneur du Valnahar déambula pendant de longues minutes au milieu de la foule, quelque peu agacé du champ de vision réduit qui l’empêchait de trouver la personne qu’il cherchait. Heureusement, la silhouette filiforme et l’allure distinguée de cet individu tranchait avec le reste et, pour peu que l’on croisait, l’individu était reconnaissable entre milles malgré le capuchon qui recouvrait ses traits et ses oreilles en pointes.

“Maître Aurhen! Je crois bien qu’il est temps de me faire part de votre choix concernant mon offre…”

Il avisa alors l’épée de haute facture que le Premier Né portait à sa ceinture.

“En tout cas vous me semblez fin prêt pour ce soir!”



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Elsner venait de quitter la compagnie de Dame Aofel et celle des rohirrims postés près d’une tente installée un peu plus loin pour l’occasion au dessus de laquelle flottait la bannière emblématique frappé du méaras. Il alla tranquillement se poster près de l’entrée du Chemin des Morts, là où tous les champions commençaient lentement à se regrouper. Il avait déjà identifié les menaces principales, à commencer par Kaldor. Les Rescapés choisissait toujours des guerriers de talents pour les représenter lors de la Purification, une cérémonie avant tout significative pour les gens de leur caste. Les deux hommes échangèrent un regard glacial. Il  jeta un coup d’oeil au Seigneur Ludgar, toujours posté sur son “estrade” et qui s’apprêtait à faire son discours pour lancer les hostilités. Le mercenaire fit machinalement rouler ses muscles alors que son regard déviait lentement vers la cavité obscure qui servait d’entrée au royaume des damnés. Les ténèbres y étaient absolus, presques palpables, et ils happèrent la conscience du rohirrim pendant de longues minutes. Il crut même entendre une voix diffuse dans l’air froid qui l’invitait à pénétrer dans l’ombre.
Elsner fut finalement tiré de sa torpeur par les cors qui se mirent à résonner au sein de la vallée. L’heure était proche.

Il se rendit alors compte que la silhouette qui se trouvait à sa droite était bien différente de celle de tous les autres colosses qui les entouraient. Un corps certes athlétique et élégant mais qui semblait bien frêle et mince en comparaison de leurs rivaux. Son visage était entièrement recouvert par un masque de métal, accoutrement curieux pour cet évènement où les participants étaient avant tout en quête de reconnaissance.
Mais le rohirrim comprit rapidement que cette femme n’était pas à sous-estimer; tout dans ses gestes et son attitude respiraient le confiance ainsi que l’expérience. Il ne savait pas encore comment elle comptait rivaliser au sein du Chemin des Morts mais il se doutait bien qu’elle ne s’était pas retrouvée ici par hasard.

Il tenta de briser la glace qui les séparait en lui parlant sur un ton qui se voulait assez banal.

“Il y a bien plus de rivaux que ce que j’imaginais; cela s’annonce encore plus compliqué pour trouver les rares biens qui doivent rester dans ces souterrains. Mais au fond, nous ne sommes pas venu seulement pour les trésor des macchabées, n’est-ce-pas?”


Elsner savait pertinemment dans quel but il avait été envoyé ici par le Bras de Fer; l’or était un facteur certes mais l’idée était surtout de faire connaître le nom de leur organisation. Sur un plan personnel, cela était également l’occasion parfaite pour renouer des liens avec des gens de son peuple -fussent-ils des réfugiés. Mais le mercenaire, d’un naturel curieux, se demandait bien pour quelle raison une femme, aussi talentueuse fut-elle, risquerait ainsi sa peau là-dedans car il devait bien avouer que maintenant qu’il faisait face au Chemin des Morts, il n’avait plus vraiment envie de s’y aventurer.
Sujet: L'ambition est le fumier de la gloire
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 13 Mar 2020 - 15:56

Le seigneur Vögel avait perdu toute considération stratégique et il n’avait plus la tête  aux considérations politiques. La seule chose qu’il désirait à présent c’était de sortir vivant de ce château et de cavaler aussi loin qu’il le pouvait de ce Baron fou à lier qui avait fait trucider une bonne moitié de sa garde personnelle. Les gargouillements d’agonie de ces derniers se faisaient de moins en moins forts à mesure que la Mort venait les soulager de leurs innommables souffrances. Déjà l’odeur enivrante du sang montait aux narines de ceux qui étaient encore en vie; le seigneur du Hautval en eut des frissons d’effroi tandis que Tryon semblait se délecter de ce moment, comme s’il tirait du plaisir d’un tel déferlement de violence. Et il n’en avait pas terminé. Avec un sens de la  théâtralité que d’aucuns auraient jugé grotesques, mais qui eut l’effet escompté sur son pair tétanisé; le maître de Roncefort reformula les termes du contrat entre les deux domaines à son avantage. Termes que Vögel s’empressa d’accepter en hochant la tête avec un air de chien battu et en marmonnant d’une voix effrayée entrecoupée de quelques sanglots:

“Oui...oui ce que vous voudrez monsieur le Baron. Ce que vous voudrez.”

L’humiliation fut parachevée lorsque dans ce qui ressemblait bien à un moment de folie pure et cruelle; l’hôte du jour se pencha sur son invité pour lécher le sang qui coulait des blessures de ce dernier avant de lui présenter sa lame pour qu’il suce à son tour. D’abord répugné, Vögel finit par se plier avec réticence aux exigences du Baron et trempa le bout de ses lèvres dans le liquide vermeil. Il fermait les yeux tout en essayant de ne pas penser à ce qu’il faisait et à quelle autre humiliation il allait bientôt subir.

Roncefort avait-il préparé son coup ou tout cela n’était ce que le soudain fruit d’une colère noire provoquée par l’arrogance des hommes du HautVal au sein de sa propre maison? Vögel n’en savait rien mais Tryon avait au moins gagné le respect, pour ne pas dire la crainte, de son homologue avec cette démonstration de force. La haine probablement aussi.

On écrivit un nouveau contrat à la hâte que Vögel s’empressa de signer d’une main tremblante avant de partir lestement sans demander son reste; laissant derrière lui les cadavres disloqués de ses hommes de main. Il récupéra son cheval et le reste de ses gardes qui avaient été assez chanceux pour recevoir l’ordre de rester à l’extérieur. Le Seigneur du HautVal s’éloigna alors du repère des Roncefort au triple galop. Humilié et blessé, il se jura qu’il ne laisserait pas un tel affront impuni.



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Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! Elisha10

#Elishan


Quand Elishan entra dans la vaste salle à manger, il n’eut pas un regard pour les serviteurs qui se chargeaient de dégager les cadavres et nettoyer le sol inondé de sang. L’intendant Bregolon l’avait rapidement informé de la scène qui s’était déroulée quelques minutes avant son arrivée dans le palais et son retour de mission de travail au sein du territoire de la baronnie.  Elishan était le conseiller principal du Baron de Roncefort; il avait servi pendant de longues années sous l’autorité de Arald qu’il avait aidé à prendre les décisions politiques judicieuses pour installer correctement l’autorité de son nouveau titre tout en s’évertuant, avec pas mal de succès, à canaliser le caractère imprévisible de son supérieur hiérarchique. Il avait conservé son poste suite à la mort du Seigneur et assistait à présent Tryon; il avait un temps craint pour sa vie après la passation de pouvoir au vu de la haine que vouait le nouveau Baron pour tout ce qui touchait à son père, cependant sa mère qui appréciait les qualités de stratège et le pragmatisme du ministre avait convaincu son fils de le garder à ses côtés. Il n’était pas forcément facile de travailler comme conseiller de Tryon au vu de sa personnalité parfois instable mais il avait, avec Arald, déjà côtoyé un sacré spécimen pendant de longues années durant et se sentait assez rôdé pour ce travail. De plus, il était sûrement l’un de seuls conseillers de la famille Roncefort qui pouvait se targuer d’être écouté la plupart du temps, la plupart des autres ne faisaient guère plus que de la figuration.

Elishan était un homme d’un âge certain et ayant une longue expérience au sein de la politique et de la diplomatie. Son nom était, dans le milieu, connu au delà des terres de la Baronnie et il se disait que s’il l’avait bien voulu il aurait pu faire un carrière bien plus prestigieuse dans la Cité Blanche. Cela faisait pourtant bien longtemps qu’il avait quitté Minas Tirith pour suivre son ami de longue date, Arald, à qui le Haut-Roy avait offert un domaine sur les hauteurs des Montagnes Blanches. Il avait eu un rôle primordial pour assister le nouveau Baron, en particulier à ses débuts qui se révélèrent plutôt chaotiques. Elishan réfléchissait pragmatiquement et avait à coeur de toujours anticiper les étapes à venir; réfléchir au lendemain n’était pas suffisant, il fallait préparer le surlendemain pour avoir un avantage et il l’avait parfaitement compris. L'imprévisibilité des Roncefort lui avait souvent compliqué la tâche, avec des conséquences imprévues à gérer mais au fil du temps il avait appris à s’attendre à ce genre d’évènement et les surprises locales faisaient à présent partie intégrante de ses équations.

Personne ici n’avait été prévenu de l’arrivée du Seigneur de Vögel qui était débarqué à l’improviste dans le domaine. Quelque chose d’assez inhabituel et qui ne répondait pas au traditions diplomatiques  demandant d’attendre une invitation ou , au minimum d’envoyer une missive au préalable. Le jeune et ambitieux Seigneur du HautVal avait voulu s’affranchir des règles en vigueur pour prendre Tryon par surprise sans que les conseillers de ce dernier ne puissent l’assister sur les questions politiques et économiques. Force était de constater qu’il était tombé sur le mauvais client et qu’il devait très certainement regretter amèrement son audacieuse manoeuvre. La démonstration de force de son Baron avait fait son effet et pouvait avoir des répercussions positives mais aussi des conséquences potentiellement négatives et c’était à présent le travail de Elishan de minimiser les risques.

“Mon Seigneur,
salua-t-il en arrivant à hauteur de Tryon”

Il se courba légèrement, autant que son dos douloureux le lui permettait.

“Je reviens de mission de routine au sein du domaine et je dois vous dire que les nouvelles sont plutôt bonnes. Les paysans respectent les rendements imposés et les cargaisons importés depuis les vallées du sud sont arrivées sans retard et en excellent état.”


Il avisa alors la mare de sang qui se trouvait toujours dans un coin de la pièce.

“Maintenant je pense que nous devrions évoquer ce qu’il s’est passé ici monsieur le Baron…”

De tous les hommes travaillant pour Tryon, aucun n’avait osé faire le moindre commentaire sur la scène macabre qui venait de se dérouler, préférant garder le silence jusqu’à ce que la tempête passe. Mais Elishan n’était pas un ministre comme les autres, et c’était son rôle de parler des sujets les plus importants, en particulier ceux qui pouvaient fâcher.

“Tout d’abord permettez moi de vous dire, à titre personnel, je suis tout à fait satisfait que vous ayez remis à sa place ce pédant dandy. Il ne méritait pas moins.”

Il maniait le verbe et la rhétorique avec dextérité. Commencer en caressant le Baron dans le sens du poil permettait de créer le cadre de confiance idéal pour la suite de la discussion. Mais cela n’était pas suffisant, Tryon était tout sauf un idiot et satisfaire son ego n’était clairement pas suffisante. Il fallait aussi lui démontrer que son acte pouvait avoir un réel intérêt politique.

“De plus une telle démonstration de force nous sera sûrement bénéfique. Nous avons gagné la crainte, qui est supérieure au respect, de nos voisins et les termes du contrat signé par Vögel sont à notre avantage. De plus en réagissant de la sorte vous avez bien fait comprendre à tous que même si vous avez récemment pris le pouvoir, vous n’êtes pas un novice naïs se laissant se faire marcher sur les pieds. Un s’est frotté à vous et il a vu que cela donnait; je pense que les autres petits seigneurs ne tenterons plus cela. Cependant…”

Il marqua une pause, analysant les réactions du Baron. Elishan devait se montrer encore prudent dans son discours avec cet homme qu’il connaissait au final assez peu; à la fois si éloigné et si proche de son père.

“Cependant cet acte ne restera certainement pas sans conséquences. Nous avons sûrement gagné un ennemi officieux en la personne de Vögel, bien que nous sommes liés par contrat. Dans l’immédiat les risques venant de lui sont moindres; il vient de consolider son pouvoir dans le HautVal et les siens refuseront de partir en croisade. Il n’est pas encore assez influent et respecté pour cela. Et même si cela se produit, nous devrions être en mesure de les repousser. Mais avez bien pu voir quel genre d’hommes il est; c’est un lâche et évitera à tout prix la confrontation directe. Dans un premier temps il se pourrait même qu’il respecte les termes de l’accord mais c’est sur le long-terme qu’il peut chercher à nous nuire en tissant des alliances hostiles.”


Elishan se servit un verre de vin, qu’il se mit à siroter lentement. Il avait cette étonnante capacité à se détacher  totalement de ce qu’il disait ou analysait. Il aurait pu annoncer la fin du monde qu’il n’aurait rien perdu de son flegme et de son pragmatisme qui confinait au cynisme.

“Ce qui m’inquiète le plus c’est ce qui pourrait se passer aux échelons supérieurs si cette histoire remonte. Votre père profitait de la protection de Méphisto, qu’il connaissait personnellement mais à présent c’est plus délicat. Le Roi s’est retiré de la vie politique et il se murmure que les élites de Minas Tirith voient d’un mauvais oeil l’influence des multiples seigneurs locaux, en particulier dans cette zone. Vous comprenez? Ils rêvent d’une centralisation du pouvoir poussée à l’extrême pour contrôler tout le royaume. Et cette altercation pourrait être l’excuse parfaite pour une expédition punitive et s’enlever une épine du pied. Dans ce scénario, nous ne ferions pas le poids. Le Seigneur Ludgar de Morthond, qui est lui même un proche du Roi pourrait ainsi saisir l’opportunité d’asseoir sa domination sur la région avec la bénédiction de la Cité Blanche, peu désireuse de se séparer de ses hommes et qui avait ses problèmes à gérer.  Les guerriers de Morthond sont nombreux et comptent les meilleurs archers du royaume, là encore nous ne pourrions pas tenir. Ce sont des scénarios catastrophe mais il faut les tenir en compte. Mais rassurez vous; nous avons encore du temps et une marge de manoeuvre pour éviter d’en arriver là.”

Il avait fini d’exposer la situation, les risques et les conséquences potentielles. L’heure était à présent aux propositions, mais le dernier mot reviendrait à Tryon.

“Tout d’abord, dans un premier temps continuons de faire tourner les affaires tout en restant vigilant. Nous pouvons renforcer les gardes aux frontières, je doute qu’il y arrive tout de suite quelque chose mais c’est une précaution nécessaire. Ne laissons pas le temps à Vögel de respirer aussi et mettons en action les termes du contrat au plus vite. Il va falloir aussi développer notre réseau et nous trouver des soutiens assez puissants pour éviter de se faire écraser suite à une décision venant du haut. Malheureusement se rendre dans la capitale est interdit ces derniers temps pour de mystérieuses raisons. Le général Cartogan a bouclé la ville et il est donc impossible d’accéder aux élites politiques qui s’y trouvent.  Mais il y a une autre occasion qui pourrait nous permettre d’avancer sur ce dossier.”


Il marqua une pause, laissant à Tryon le temps d’assimiler la myriade d’informations qu’il énonçait.

“Dans quelques semaines, pour la solstice d’été, la vallée de Morthond organisera la cérémonie de la “Purification” où de braves guerriers pénètrent au sein du Chemin des Morts pour y déloger bêtes et brigands, en trouvant reliques et trésors au passage. Des hommes influents de tout le royaume y envoient leurs champions en quête de gloire et de reconnaissance et même des chasseurs de primes et mercenaires ayant flairé le bon coup se déplacent depuis tout le continent. C’est l’opportunité idéale pour établir un  réseau.”


Elishan regarda alors avec insistance le colossal Wilfried, qui se tenait silencieusement derrière son Seigneur.

“Peut-être devrions nous aussi y envoyer notre champion ? Qu’en dîtes vous?”
Sujet: L'ambition est le fumier de la gloire
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 21 Fév 2020 - 14:52

Tryon finit par relâcher son homologue qui poussa un long soupir de soulagement, lui qui venait de voir la mort d’aussi près pour la première fois. Le coeur battant la chamade et le souffle encore saccadé, il prit quelques secondes pour reprendre ses esprits et se redresser sous le regard impérieux de son hôte.  Vögel risqua alors un regard derrière lui où la plupart de ses gardes gisaient au sol, morts ou atrocement mutilés.  Les sbires et animaux de Roncefort avaient fait preuve d’une violence inouïe et dévastatrice qui avait pris de court les représentants du HautVal. Il tressaillait encore, conscient qu’il était encore loin d’être tiré d’affaire en particulier au vu de l’instabilité de Tryon. Jamais il n’avait anticipé une telle réaction de la part de ce dernier, cela ne correspondait à rien de ce qu’il avait appris en termes de diplomatie et de tractations politiques en quête de pouvoir. Le Baron ne semblait pas se préoccuper des normes et autres usages en vigueur, et c’est ce qui le rendait si dangereux et avait failli coûter la vie au Seigneur du Haut-Val.

Le gentilhomme n’était d’ailleurs pas au bout de ses surprises. Avec un certain sens de la théâtralité, son alter ego s’était saisi d’un couteau qui se trouvait sur la table et s’entailla l’avant bras pour sceller un pact de sang: le plus inaltérable des liens politiques.  Une alliance que Vögel n’avait pas vraiment d’autres choix que d’accepter au vu des menaces formulés.

D’une main toujours aussi tremblante, Vögel prit à son tour une lame, releva la manche richement brodée de sa tunique se fit une coupure au même emplacement, scellant ainsi leur contrat. Pas vraiment celui qu’il était venu chercher ici mais un contrat de sang.  Le genre d’alliance dont on disait que malédictions et tragédies s'abattaient sur celui qui oserait la rompre.  Vögel n’était pas un homme superstitieux cependant.

Alors que le sang vermeil s’écoulait, il affirma d’une voix qu’il rendait la plus assurée possible.

“Pacte de sang ce sera alors, Tryon de Roncefort.”


Il fulminait intérieurement, ne désirant que sauter à la gorge de cet individu brutal et cruel mais il n’avait pas l’avantage ici et il devait se contenter d’accepter les termes  formulés par son rival.

“Qu’attendez-vous de mon sang ?”
demanda-t-il finalement.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 4 Fév 2020 - 19:24

Tryon pouvait clairement lire l’incompréhension et la terreur dans les yeux écarquillés de Vögel. En venant ainsi avec sa proposition le Seigneur du HautVal s’était bien attendu à une réaction hostile de son hôte, mais à cette échelle là jamais il n’aurait pu l’imaginer. Le Baron de Roncefort venait de faire voler en éclats toutes les règles diplomatiques en vigueur entre deux Seigneurs du Gondor, et de quelle manière! Massacrer des gardes et menacer un égal ne pouvait rester sans conséquences. C’était un affront à l’équilibre politique en place dans cette région du royaume et nul doute que le pouvoir central n'hésiterai pas à sévir face à un tel agitateur. Mais pour l’instant la priorité de Vögel était surtout de ressortir de cette pièce vivant. Cela lui faisait une belle jambe si Roncefort était puni pour ses actes, encore fallait-il ne pas être six pieds sous terre pour pouvoir admirer le spectacle.

Terrifié, Vögel leva ses mains tremblantes en signe de soumission alors que son regard fuya quelques instants en direction de ses hommes attaqués par surprises et qui étaient en train de se faire littéralement massacrer. Etait-ce un piège planifié par le maître des lieux? Peu probable vu l’arrivée surprise du Seigneur du HautVal.  Ce Tryon était sûrement très instable, plus qu’il ne l’avait prévu, plus même que son père.

Le noble acculé, qui sentait déjà un filet de sang coulait le long de sa gorge, se mit à implorer:

“Je vous en prie Monseigneur! Ne faites point cela, il n’y a rien à y gagner. Je vous en prie, ayez pitié. Ma famille a de l’or et des diamants en quantité, vous pourriez en profiter.”


Vögel, en état de choc et de panique, tomba à genoux devant son vis-à-vis poursuivant sa supplication.

“Croyez-moi! Faire cela ne vous apportera rien; nous avons tellement à gagner ensemble, nous pourrions aller si loin.”

Les calmes et réfléchies tractations diplomatiques qui sortait habituellement de la bouche du dandy avaient laissé place à de pathétiques implorations sans queue ni tête. Vögel ne cherchait qu’à sauver sa peau, et menacé de cette manière, l’acier sur la gorge pour la première fois de sa jeune vie,  il avait bien du mal à garder son sang-froid pour trouver les mots juste. Pourtant il avait bien raison sur un point, cet épisode ne resterait pas sans conséquences pour la Baronnerie du Roncefort. Elles pouvaient être positives pour lui mais aussi bien négatives.  En faisant preuve d’une telle démonstration de force, Tryon se ferait assurément un nom tout en affirmant sa puissance militaire sur la région et il pourrait même chercher à attirer le domaine du HautVal sous son autorité. Toutefois si les circonstances du massacre remontaient aux oreilles des plus grands dignitaires du royaume, il y avait fort à parier que ceux-ci agiraient pour éviter l'ascension d’un fauteur de trouble et concurrent instable.

Quelques gardes tués n’était rien qui ne pouvait être oublié dès le lendemain mais la mort d’un Seigneur ferait assurément plus de remous.

Au Baron de Roncefort de faire son choix.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 27 Jan 2020 - 19:42

Le Baron de Roncefort était un homme ambitieux et donc dangereux, Vögel le savait très bien et devait donc se montrer prudent dans son approche. Les échanges se voulaient cordiaux voire amicaux mais pour les diplomates qu’ils étaient, il était plutôt aisé d’y déceler l’hypocrisie et l’antipathie qui les habitait. Vögel et Tryon étaient deux hommes que tout opposaient et que seuls des intérêts stratégiques communs pouvaient amener ensemble autour d’une table.

Cette table était d’ailleurs plutôt agréable et le dîner se passa sans encombres. Se pliant aux demandes de son hôte, le Seigneur du HautVal avait respectueusement salué Dame Arana et attentivement écouté les histoires qu’elle contait à propos de son défunt mari. Durant la majeure partie du repas, le Baron resta silencieux, se contentant de caresser ses molosses et de fixer ses invités.

Ce fut Vögel qui, en se faisant servir un nouveau de verre de vin, décida de relancer leur conversation interrompue par la tenue du dîner.

“ En effet mon cher, le territoire que j’administre est plus vaste et peuplé. Cela présente bien sûr ses avantages mais aussi, croyez-le bien, son lot d’inconvénients mais j’ai bon espoir que notre collaboration puisse nous être mutuellement bénéfique sur plan là.”

Il s’essuya le coin des lèvres de manière exagérément sophistiquée.

“Vous avez vu juste, votre force militaire est impressionnante et je dois bien admettre que mes gardes ne pourront que s’améliorer en s’entraînant au côtés de vos hommes. Mais là n’est pas le point principal, après tout ce n’est pas l’invasion que nous devrions craindre ici.”


Il avait bien eu vent de la chute de Cair Andros aux mains d’une mystérieuse et gigantesque armée ravageant tout sur son passage, mais tout cela lui paraissait bien loin et ne l’empêchait pas de dormir la nuit, au contraire de la sécurité économique de son domaine.

“Le danger principal réside dans notre capacité à résister à cet environnement hostile tout en développant économiquement nos territoires respectifs. Vous ne savez que trop bien l’effet dévastateur qu’avait eu le Rude Hiver sur vos vassaux.”

Durement frappé par ce phénomène il y a quelques années, la Baronnie de Roncefort du Seigneur Arald avait été confronté à une pénurie de récolte et à une famine menaçant nombre de ses habitants. Le domaine du HautVal, qui disposait de terres arables plus vastes  et relativement épargnées,  avait alors joué un rôle déterminant en vendant à prix d’or leur surplus de nourriture, ainsi la Baronnie avait survécu mais avait plongé sous les dettes envers leur voisin.

“Vous savez à quel point chaque vie humaine est chère à mes yeux, et je veux à tout prix éviter une nouvelle situation comme celle qui avait mis en difficulté votre père. Je vous propose de mettre en place un partenariat exclusif pour pallier à cette éventualité.”



D’un geste théâtrale, Vögel sortit de sa tunique un long parchemin enroulé sur lui-même.

“Le contrat est simple, nos produits  agricoles vous seront cédés à un prix exceptionnellement bas en particulier durant les possibles périodes de crise. En contrepartie vous devrez signer la clause d’exclusivité qui y figure, stipulant que seuls les biens agricoles provenant du HautVal sont autorisés à l’importation à moins d’un accord préalable. Nous savons tous deux ce que nous pouvons gagner avec un tel accord.”


Le seigneur se leva et s’approcha lentement de son égal, contrat en main. Il était  venu préparé et comptait bien repartir en ayant rempli le plus de ses objectifs possibles.

“Tous les détails figurent ici. Nous n’attendons que votre signature.”


Il avait joué sa première carte. Etait-ce la dernière?
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 19 Jan 2020 - 11:50

Depuis bien des années, les Royaumes libres de l’Ouest représentaient plus une savane sauvage qu’autre chose. Le retrait politique du Haut-Roi, les troubles au Rohan et le flou politique Arnorien avait créé un vide réel sur lequel lorgnait de jeunes loups affamés désireux de  manger à la même table et de défier l’hégémonie des mastodontes et lions qui se partageaient le pouvoir.

Vogël et Tryon faisaient tous deux parties de la première catégorie; de petits seigneurs conscient de leurs limites mais dont l’ambition n’était pas elle pas limitée. Ils rêvaient de faire de leurs domaines respectifs des fiefs puissants et influents ainsi que d’élever leurs noms aux rangs les plus prestigieux. Mais pour le moment les deux seigneurs étaient loin du compte.

Une fois les premières politesses échangées avec une mauvaise foi qui relevait de l’art, le baron de Roncefort invita son égal à rester dîner et échanger plus en profondeur sur la relation entre leurs deux territoires.  Vögel n’appréciait guère les Roncefort et savait bien que le sentiment était réciproque. Il avait toujours considéré le baron Arald comme un rustre violent dépourvu de toute éducation et élégance, des qualités pourtant nécessaires pour pouvoir jouer les premiers rôles au Gondor. Le maître du HautVal ne connaissait que très peu Tryon mais ce qu’il en avait entendu confirmait l’impression qu’il avait sur cette lignée. Pour autant Vogël se gardait bien de les sous-estimer, il les voyait certes comme des brutes mais non comme des brutes sans cervelle. Ils régnaient sur leur domaine avec une main de fer et la façon dont ils avaient établi leur pouvoir et leur mainmise était admirable, le seigneur invité, qui devait composer avec des factions rivales,  enviait même la manière qu’utilisaient ses hôtes pour diriger avec inflexibilité et sans concessions. En ce sens, les Ronceforts était une famille à mettre de son côté pour pouvoir progresser dans la hiérarchie, leur utilité potentielle était immense.

“C’est avec grand plaisir que j”accepte votre invitation Seigneur Tryon. Et nous ne pouvons que comprendre et partager le chagrin de Ma Dame.”

L’annonce de la  présence d’Arana pour le repas était pour le moins curieuse. Pas que le fait qu’elle soit à table avec eux soit surprenant, mais si Tryon l’avait spécifiquement mentionnée en formulant son invitation ce n’était pas pour rien. Quel rôle pouvait-elle donc bien jouer dans la baronnie? Quelle influence exerçait-elle sur son fils intransigeant? Autant d’interrogations à explorer pour ouvrir des perspectives plus larges.

En fin diplomate qu’il était, le seigneur Vögel avait pris bien soin de ne pas venir les mains vide. Il fit un signe à l’un de ses hommes qui tendit une magnifique calice en cristal bleu sortie de sa besace. La coupe était très finement travaillée, parcourue de subtils ornements et gravures très délicates. Vögel s’empara de la coupe avant de s’approcher de son interlocuteur.

“Veuillez accepter ce modeste présent comme preuve de notre amitié et des liens qui unissent nos deux familles.”

Pour Vogël, la fine élégance de l’objet tranchait certainement avec le style rustique du palais des Roncefort. Avec ce geste, il faisait d’une pierre deux coups.  Un réel geste de rapprochement en direction de son allié ainsi qu’un message implicite sur la qualité de l’artisanat du HautVal, particulièrement en comparaison avec ce qu’il se faisait ici. Il marquait son territoire.

Les convives ne tardèrent pas à s’installer à la table du dîner. Vogël et ses hommes saluèrent Dame Arana avec haute galanterie avant de prendre place. On servit du vin, qui , à la surprise de l’invité, se révéla fort agréable.

“Votre vin est excellent je dois dire
, complimenta-t-il pour la première fois de manière honnête, est-il fabriqué localement?”

Les mets qui suivirent étaient aussi fort goûtus, certes loin du raffinement des cuisines du HautVal bien entendu, mais bien meilleurs que ce que le seigneur invité attendait. Finalement, malgré leurs manières rustres, les Ronceforts savaient se sustenter comme il se doit.  Alors que les plats se vidaient et que les invités finissaient leurs assiettes, Vogël leva son verra pour saluer son hôte.

“Que vivent le Baron de Roncefort et les siens! Buvons à sa santé et à son succès!”

Il vida son verre d’un trait et reprit immédiatement la parole.

“Dites-moi mon ami, quelle est votre vision sur le long terme pour le développement de votre domaine. Vous savez bien que si je suis venu ici c’est dans l’espoir d’approfondir nos liens et notre coopération. Vous disposez d’un domaine restreint et peu peuplé mais vos hommes vos écoutent au doigt et à l’oeil et la discipline règne ici.  Je vois ici un grand potentiel pour le futur; nos deux fiefs peuvent certainement bénéficier de leurs qualités respectives.”


Le maître du HautVal avait un plan politique et économique bien précis mais ne jouait pas encore cartes sur table. Il devait d’abord analyser le comportement de son pair pour décider de la meilleure approche.
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Rechercher dans: Lamedon   Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'ambition est le fumier de la gloire    Tag vogël sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 11 Jan 2020 - 19:11
“Ne vous inquiétez pas mon ami. Nous nous plierons aux exigences du  maîtres des lieux.”

L’intendant du château des Roncefort était venu à leur rencontre  pour leur annoncer qu’ils seraient reçus à condition que la garde rapprochée du seigneur soit limitée à une poignée d’hommes. Le vieil homme paraissait bien stressé par la situation ce qui intrigua grandement les nouveaux arrivants: cet homme servait probablement les Roncefort depuis de longues années et avait donc dû faire avec le caractère acariâtre de feu Seigneur Arald. Par quel moyen, le nouveau seigneur parvenait-il à terroriser ses serviteurs qui en avaient pourtant vu d’autres?

Les deux notables qui s’apprêtaient  à se rencontrer officiellement pour la  première fois étaient tout deux des hommes de pouvoir mais leur approche de celui-ci ne pouvait être plus différente. Quand Tryon régnait par la force et la rigueur, Vogël maîtrisait ses sujets par la séduction et la manipulation. Ce dernier représentait parfaitement l’idée d’une autorité exercée par un gant de velours. En succédant à son beau-père, beaucoup de voix s’étaient d’abord élevées pour clamer son illégitimité et soutenir plutôt le frère du défunt seigneur. Vogël avait alors dû composer avec beaucoup de diplomatie pour entériner sa montée au pouvoir, il avait bien usé de la force pour faire taire les plus récalcitrants mais c’était bien avec mots et promesses qu’il avait remporté cette bataille.  Au bout de quelques mois, il avait gagné le soutien de la grande majorité de son fief et le Roi Méphisto, muet jusqu’ici et que l’on disait secrètement en faveur de son rival, n’avait eu d’autres choix que de le reconnaître comme seigneur légitime du HautVal.

Le seigneur Vogël demanda à trois de ses hommes, ceux en qui il avait le plus confiance,  de l’accompagner au sein du palais. Les autres attendaient dehors.  Des laquais vinrent à leur rencontre  pour s’occuper de leurs montures et les visiteurs suivirent le vieil intendant vers la salle d’audience.  La demeure des Roncefort était vaste et imposante; les murs étaient ornés de nombreux reliques et autres tableaux rappelant les faits de gloire de la famille. Les larges couloirs étaient flanqués par des murs épais et imposants faits de larges pierres bien visibles.  L’endroit était bien imposant pour un Baron d’une province reculée du Gondor, tout avait été pensé pour intimider de potentiel invités et donner une idée de la puissance de la famille de Roncefort.

“Quelle manque de raffinement…”
murmura Vogël pour lui-même.

Certes ce palais était bien plus grand que celui qu’il habitait au HautVal et sûrement plus richement décoré mais pour rien au monde il n’aurait échangé sa chaleureuse bastide où tout avait d’abord était fait pour le confort des ses résidents. Le Seigneur Vogël n’avait que peu d’intérêt pour les armures rouillées, les grandes tapisseries tapageuses et les longs couloirs éclairés à la torche. Sa maison au style épuré et à la décoration aussi subtile que soigneusement choisie était à l’image de sa personnalité: un véritable dandy. Un aspect de lui qui se retrouvait également dans sa tenue vestimentaire; le Seigneur avait horreur des uniformes militaires ou autres costumes traditionnels de la région. Non, lui faisait venir par convoi spécial les dernières créations des plus grands tailleurs de la Cité Blanche; il s’y rendait même souvent pour refaire sa garde-robe d’une année à l’autre. Il était si important lui de se distinguer des autres en étant un homme moderne et élégant.
Vogël réajusta son col alors que l’on ouvrait enfin les portes massives de la salle du trône qui dévoilèrent, en un grincement sourd, le maître des lieux les attendant de pied ferme.

Le visiteur n’attendit pas l’invitation de son hôte pour entrer dans la pièce, ni même pour commencer à parler.
Il arborait son plus blanc sourire et fit appel à sa voix la plus suave.

“Monseigneur! Merci de votre accueil! Je m’excuse de ne pas avoir prévenu de mon arrivée mais j’ai quitté HautVal aussi vite que la terrible nouvelle m’est parvenue. Je n’avais pas le temps d’envoyer un messager; nous espérions même pouvoir arriver à temps pour les funérailles. Malheureusement nous avons été retenu en cours de route.”


Comme il était de coutume, Vogël s’inclina finalement devant le maître des lieux mais il prit bien attention de ne pas trop se pencher. Tryon n’était pas son supérieur et il comptait le lui faire comprendre.  Le fait même qu’il avait initié la conversation avant de saluer convenablement le Baron était une forme de bravade.

“Le Baron Arald est pleuré au delà des frontières de votre domaine. Veuillez accepter mes condoléances les plus sincères. Ainsi que mes félicitations pour votre nouveau rôle, je suis certain que vous saurez faire preuve de la même présence d’esprit et du même courage que votre père.”

Vogël marqua une pause et observa, du coin de l’oeil, les soldats de Tryon, en particulier celui qui semblait être leur capitaine. Des hommes robustes, lourdement armés et dont l’armure avait été pensé pour la protection et le combat plus que pour l’aspect esthétique. Tout le contraire des hommes du HautVal dont les uniformes colorés étaient bien beaux mais peu fonctionnels pour des militaires.

“Je viens ici en ami.
poursuivit Vogël. Et en espérant que le lien qui unit nos deux familles continue à se développer de la manière la plus positive qui soit.”

Le Seigneur du HautVal en avait fini avec son introduction très amène; il n’y avait plus qu’attendre la réaction de son interlocuteur que l’on disait plus brusque et direct.

#Tryon
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