Un Départ proche

Cithares et tambourins donnaient le rythme dans un coin, certains dansaient, le plus souvent pour entraîner facilement dans leurs draps la campagne d'un soir qu'ils avaient déniché.
Chants paillards, d'ivrognes ou en haradrim, incompris des gondoriens, retentaient dans la nuit tombantes.
Milles lanternes éclairaient les lieux où on fêtait le départ des alliés inopinés qu'avaient été les gondoriens.

Bière ! Vin ! tout était bon pour oublier la guerre, aussi bien que les escapades sous les dentelles que certains pouvaient s'offrir.

Radamanthe avait quitté le chevet de Morgoth pour descendre. Probablement l'avant-dernier jour en Dur'Zork.

Il ne voyait pas Meakil, mais rien de si étonnant, sous ces lanternes, on croisait de tout, et tous étaient mélangés. Les soldats avaient ordres de rester sobre un maximum, il aurait été fâcheux de voir le départ retardé-quand qu'il vienne-par un bataillon de saoûlards. Certains se rabattaient alors sur la population aux couleurs du sud.

Le Bourreau remarqua vite que certaines servantes faisaient plus attention à lui. Pas étonnant, son visage commençait à être connu.

La fête était bien partie pour voir la lune en un nouveau jour, mais il restait des adieux et autres paroles officielles a échanger.

La nuit avançait, l'obscurité essayait de gagner du terrain sur les flammes des lanternes mais était toujours repoussée, la liesse générale était trop forte pour laisser les ténèbres dominer.
Bientôt ce jour finirait pour laisser place au lendemain, qui pourtant naîtrait dans le noir.

Si longtemps que Radamanthe n'avait connu une fête. Si longtemps qu'il n'avait pas totalement ivre lors d'une fête, alors que c'était dans ses habitudes après les guerres.
Cette campagne aurait-elle changé le bourreau ?
Non, il allait y aller, pour sûr, mais la réconciliation avec le Vieux avait quelque peu allégé son coeur chargé de bourreau, faut pas croire. Ainsi, il avait moins de soucis à faire oublier.

Il fut entraîné dans une ronde avec quelques autres nobles gondoriens. Ces filles, bien que jolies, devaient surtout espérer un petit pourboire. Il s'éclipsa bien vite, retrouvant une coupe sous la lumière vacillante d'une chandelle déjà presque toute consumée.

Bien qu'un peu grisé, c'est sûr, le Bourreau savait encore tenir une conversation. Pourtant, son regard était absordé par les étoiles. Il n'avait pas l'habitude de les voir sous cet angle là, différent qu'en Gondor. Ou plutôt si, il s'en était accomodé et allait bientôt redécouvrir le paysage nocturne Gondorien.

Tiens, où se trouvait Meakil ? Il ne l'avait pas vu jusqu'à présent. Enfin, le fait que si lui-même repartait, l'Emir avait encore tant de choses à gérer lui traversa l'esprit.
Il abandonna ses pensées, pour revenir à sa coupe, et son regard s'oublia dans les autres qui dansaient sur les murs de la ville.
Il fallait qu'il s'assure que tout se passe correctement pour le départ, mais pourtant, ce n'était pas à cela qu'il pensait à l'instant.

Dans certains localités d'Occident, un son de cloches aurait signalé qu'il était minuit.
Les danses continuèrent encore quelques peu, maintenant, beaucoup de chandelles s'étaient éteintes, mais aucune importance, à cette heure, les étoiles et la lune d'argent suffisaient amplement à éclairer. D'ailleurs, cette absence de lumière donnait un certain côté à la fête, ce n'était pas mal, les ombres dansaient, les filles aussi, et quelques pochards essayaient de les suivre.

Radamanthe était presque affalé sur un banc. Cet alcool du sud avait un goût intéressant, il n'était pas habitué à ça. Le vent froid de la nuit soufflait, faisant bouger sa cape légèrement, faisant frissoner sa barbe qui méritait bien qu'il s'y intéresses de plus près. Frisson agréable, chaleur du feu proche qui réchauffe le corps, l'alcool qui réchauffe l'âme, les danses qui empêchent celle-ci de s'engourdir. Les étoiles, lumières dans le ciel qui donnaient à tous ces événements un air moins tragique.

Le bourreau allait rester sur son banc une bonne partie de la nuit. Serait-il fatigué pour le départ ? Non, il avait l'habitude d'insomnies ou des longues veillées, tout au moins s'il n'abusait pas sur l'alcool.
Il entretenait la conversation avec divers personnes, de tant en tant, une fille ambitieuse essayait de s'introduire parmi eux.
Il somnolait presque, il n'avait pas froid pourtant. Peu importe.
Néanmoins, il s'étonnait tout de même de n'avoir vu Meakil.

Demain était déjà arrivé, bien que l'aube ne se soit pas encore levée, mais malgré cela, le lendemain serait jour de retour, l'adieu au Harad, et une certaine crainte, bien que les routes du nord fussent sans doute sûres. Comment réagirait le Roy ? Et aussi, une certaine interrogation. Qu'allait devenir le Harad, les nouvelles allaient-elles bien circuler, serait-on informé, une fois qu'ils aurait quitté le pays ?

Mais peu importait, pour sans doute une heure au moins, les esprits se devaient d'être embrumés.

Radamanthe était bien somnolent, presque endormi, mais pas saoûl. Non, même ces longues semaines de guerre ne lui avaient pas ôté l'habitude de l'alcool, et il s'était même montré raisonnable.
Les éclats de rire de l'Emir le firent sursauter, c'est pourquoi il eut à coup sûr l'air ivre au début, mais non, il n'était pas sobre bien sûr, mais plus qu'en état de tenir une conversation.

"Je suis content de vous voir...Belle nuit, n'est-ce pas ? Les nuits au Harad ont quelque chose qui change..."

ll soupira.

"Celle-ci est la dernière que je passe ci-bas dans le sud...
Enfin soit...votre petit-fils sera bien accueilli. Merci pour l'ambassade, elle sera utile."

Radamanthe regardait autour de lui. Le commandant montrait le mauvais exemple. Alors que la plupart des soldats abandonnaient la fête, le Bourreau traînait encore. L'Aube sonnerait la dernière matinée en Dur'Zork.

Darkblade s'avana devant l'homme.Il avait l'air fatigué par la féte.

-Je me nomme Darkblade,pillard au sevice de votre seigneur et roi Méakil.Je suis chargé d'éscorter le petil-fils du maitre...Je supose que nous ferons compagnie commune?

Il fit la révérence au bourreau de tel manière qu'on ne savait s'il se moquait des futilités des nobles ou s'il était sérieux.

Radamanthe fixa l'autre de son regard encore incertain. Il dévisagea un instant son visage plutôt défiguré...Hum, quel étrange homme. Décidemment, la guerre laissait bien des traces.
Il fit un furtif signe négatif de la tête.

"Allié et hôte...Seulement. Mon seigneur est Méphisto de Gondor, je ne suis pas un sujet de sire Duzingi.
Sinon, oui, nous voyagerons ensemble, de même que six mille soldats, encore. Nous partirons demain peu parès l'aube. Non, que dis-je, le jour nouveau est déjà arrivé."

Radamanthe avisa son verre. Il était vide. Ah, tant pis, il ne fallait pas qu'il redevienne un saoûlard. Le verre revint sur la table.
Il rendit un simple salut de la tête au pilard, et se leva.

"Messieurs, à moins que quelqu'un ai encore quelque chose à me dire, je m'en vais faire les derniers préparatifs. Vu l'heure, nous nous reverrons bien vite..."

//Attention, je risque d'être fort absent à partir de demain //