Le retour d'Ewandor

"Minas Tirith!"

Le cri du conducteur réveilla Ewandor qui dormait a l'arrière sur un tas de vieilles couverture. Il sentit tout d'abord le froid lui mordre la figure. Il se redressa, empoigna sa canne et se dirigea vers l'avant de la carriole. Sortant pour s'assoir sur la banquette, il ne pus que cligné des yeux sous l'éblouissante blancheur de la cité au petit matin.

Ewan fut tiré de sa méditation par un cri rauque émis par une vieille loque accrochée a la lanterne droite de la carriole.

"Ahh Rudolf, mon fidèle amis! Te souviens tu comme tu aimais survoler les épaisse muraille de cette cité? C'était il y a longtemps n'est-ce pas? En tout cas rien n'a changé, tout est toutjours aussi vaillant... on ne peut pas en dire autant de toi..."

La vieille loque se redressa, et l'œil d'un ornithologue spécialisé dans les fossiles vivant aurait pu y reconnaitre un corbeau...

Le corbeau, du nom de Rudolf sauta sur son perchoir préféré, l'épaule de son maitre.

*Enfin, songea Ewan, me voici de retour, cela fait bien de année que je n'avais contemplé cet impressionnant spectacle, et en effet, rien a changé...*

"Minas Tirith, me voici!"

La carriole atteint rapidement les portes de la ville. De façon inhabituel, celle-ci était fermée...

"Ola du rempart! Ouvrez les portes!" Cria le conducteur a l'adresse du garde en faction sur la muraille.

Décidemment, durent se dire les vigiles de la porte, il y bien des voyageurs solitaires, ces temps-ci.
Avec tous les récents affrontements, ces villes dévastées et pillées, le traffic jadis si dense à Minas Tirith s'était un peu amenuisé. Les gens, même les marchands, restaient chez eux, pour autant qu'ils aient encore une maison.
Maintenant, l'activité reprenait peu à peu, et pour ces gardes, qui étaient pour la plupart des novices comme le gros de l'armée était parti au Nord, il leur semblait qu'ils étaient de plus en plus solicités.. Bien sûr, ils n'avaient jamais connu la Cité Blanche un jour de grande influence...

"Capitaine Noga''... commença une des sentinelles, avant de recevoir une baffe en pleine figure de la part d'un de ses collègues, qui lui dit :
"Pas cinglé, toi ? t'as pas remarqué que le Nogard est en pleine discussion avec son drôle de type qui vient d'arriver ? Et tu voudrais le déranger, toi, alors qu'il fait tout pour être au calme ? Pour une fois, on va ouvrir sans son ordre, que veux-tu qu'un p'tit vieux puisse être dangereux..."

Crissement de métal, bruit de poulies...

"On vous ouvre", fait une voix, tandis qu'Ewandor est bien obligé, à moins d'être aveugle, de remarquer que la porte bouge en effet...

"Qu'est-ce qui vous ammène, mon brave", demanda alors un p'tit jeunot qui ne devait pas avoir son armure depuis plus d'une semaine.

Après une brève agitation du côté des gardes en haut des murailles, et un fort crissement de métal, l'énorme porte fini par s'ouvrir.

"Hola" cria le conducteur, et les chevaux se mirent en marche vers la porte.

La carriole fut arrêtée quelques mètres plus loin par un garde au menton glabre.

*Dois pas avoir plus 20ans ce coco là* songea Ewan.

Il prit sa vois la plus douce pour répondre.

"Oh rien de bien méchant monsieur l'garde... Je ne suis qu'un paisible commerçant a la recherche d'affaires juteuses... Mais dites moi, que signifie tout ce fatra? De mon temps, les portes étaient ouvertes en permanence, de jour comme de nuit...
Aahh c'était la belle époque" termina-t-il dans sa barbe.

"Eh, eh", fit un autre garde, clairement plus ancien que le premier, dont l'expression d'ignorance le faisait rire.
Il avait manifestement connu cette époque, qui d'ailleurs n'était pas si éloignée que ça, mais on avait du recrutement en masse ces derniers temps, et il n'y avait jamais eu autant de promotions simultannées.
Celui qui prenait à présent la parole était sans doute un vétéran avec quelque problème de santé qui l'avait empêché d'aller au Nord. Il était respecté de tous les autres; le bleu qui avait interpellé Ewandor s'écarta s'en broncher lorsque le vieux le lui signifia d'un geste.

"Eh oui, dit-il, les temps changent... Avec les récentes invasions du Harad, et surtout maintenant que la Cité se retrouve privée de son Intendant et de son Roy, tous deux partis en Arnor avec la majoité de l'armée, on est beaucoup plus soupçonneux... C'est un temps de paranoïa..." conclu t-il avec un sourire navré.

"Enfin, 'pouvez y aller, mais faites attention à ne pas croiser le capitaine Nogard... Détenteur des Clés, il est le plus important gradé restant, et s'il n'est déjà pas tendre d'habitude, il est d'une humeur massacrante aujourd'hui...


[Si tu veux savoir pourquoi la capitaine est fâché, c'est ici ]

Au respect témoigné envers le garde venant d'arriver, Ewan pensa qu'il devait s'agir d'un soldat plus expérimenté. Sa façon de parler, et l'assurance présente dans son port le confirma.

Venant du Nord, Ewan n'ignorait pas les tumultes présents en Arnor. Son réseau en avait d'ailleurs quelques peu souffert avant d'en tirer grand profit.

Par contre il n'avait jusque alors jamais eu vent des troubles du Sud.

*Ainsi donc, mon ignorance est bien plus grande qu'imaginée... il est grand temps de me mettre a jour.*

Il s'adressa au plus ancien des gardes avec soif de connaissances:

"J'ignorais que le Gondor ait quelques soucis que ce soit avec le Harad? Est-récent? Que c'est-il passé? Ooh Je vous prie d'excuser mon empressement, mais vivant dans le nord, j'ai bien peu de nouvelles du Sud... Si je vous dérange, indiquez-moi simplement ou je pourrais me renseigner... Je suppose que le Capitaine Nog... enfin que le Capitaine n'est pas indiqué pour cette tâche?"

Toutes les jeunes recrues laissèrent continuer le vétéran, qu'on pouvait quasi considérer comme un sergent. A vrai dire, sans doute craignaient-ils de dire du mal de leur Capitaine, en tant que tous nouveaux soldats... Peut-être ne le connaissaient-ils pas encore assez. Manque d'expérience flagrant, tout ça...

"Eh eh,fit-il avec un sourire forcé, non, je ne pense pas qu'il serait judicieux de demander à voir le Capitaine pour cela... Nogard, que c'est, retenez ce nom, et, si vous pouvez, évitez-le..."

Puis, reprenant un air plus sérieux, car la guerre n'est jamais matière de plaisanteries, sauf peut-être pour ces nouvelles recrues dont on a abondamment parlé, qui changeront d'avis après leur première bataille, pour autant qu'ils y survivent, ce qui est loin d'être acquis...

"A vrai, le vieux Meakil, qui avait reconquis une bonne partie du Harad, et qui était allié à Gondor, est mort. C'est une armée gigantesque qui a marché sur la Cité... mais après avoir décimé le payss, le siège n'a pas été engagé. Sans doute n'étaient-ils pas assez équippés pour ça, ni assez nombreux. Ils sont partis au Nord, où on dit que le Roi Aldarion a des problèmes... Nos dirigeants, qui craignent que tout soit lié, on plié bagage à leur tour, avec quasi toute l'armée... Alors nous voilà, seuls, normalement non menacés, le Harad s'étant vidé, mais qui sait..."

Pour presque tous, la guerre est porteuse de malheur, d'horreur, et de pauvreté.
Mais pour d'autres, comme Ewandor, guerre est synonyme d'affaire et de richesse. Surtout lorsque que l'on possède un tel réseau. En temps de guerre, tout le monde est adepte de la contrebande. Le petit paysan, pour écoulé ses récoltes, le commerçant pour se procurer les plus rares produits... Et même les officiers de l'armée apprécie certains petits plus dans leur pitance quotidienne... Cette perspective de bonnes affaires fit sourire Ewandor.

Une chose le tracassait pourtant... Aux dire du soldat, la situation militaire se dégradait au Nord, et pourtant il n'en avait aucune nouvelle... Il aurait été étonnant que son réseau n'en ai aucune connaissance... Et d'ailleurs, a mieux réfléchir, il n'avait plus eu aucun message depuis qu'il avait dépassé la trouée du Rohan... Etrange... Il faudrait qu'il éclaircisse ce mystère.

Ewan s'adressa au garde:

"Merci pour ces précieuses information mon brave... Au plaisir de vous revoir. "

Ewan lui lanca une petite bourse remplie de quelques pièce.

Il se tourna ensuite vers le conducteur de la cariole

"Allons-y Alfred..."

Le conducteur fit claquer son fouet, les chevaux se mirent au pas et la cariole pris la direction des bas quartiers de la cité.