Une vieille connaissance

Hasharin était descendu du navire, dans le port et en évitant la patrouille de garde qui l'avait interpellé a son arrivée sur les quais, l'assassin parvint, en se faufilant entre les batiments, a passer la grande porte dans les remparts. A cette heure de la nuit, les rues étaient pratiquement désertes, ce qui permit à l'assassin de se rendre rapidement chez l'ami de son défunt père. La demeure de l'homme était facilement reconnaissable, c'était l'une des plus grande d'Al'Tyr, l'une des seule encore allumée de la Cité. Deux gardes se tenaient devant la porte d'entrée, a moitiés assoupis sur leurs lances.Le Hîr-Dae des Ombres n'avait emporté que peu d'armes sur lui, mais il s'était équipé de son grappin et d'une corde. Il escalada le petit batiment adjacent de la grande batisse et atterit dans une cour telle un oasis du désert.

Hasharin remarqua une fenetre plus illuminé que les autres au premier étage. C'est ainsi que l'assassin rentra dans la demeure... Personne au rez de chaussé, il prit les escalier, et arriva dans un corridor. Sous une porte, filtrait de la lumiere et des sons. L'assassin s'approcha et toqua en entrevrant discretement la porte.

-"Entrez..."

La voix qui se fut entendre était profonde et calme, mais, malgré que l'homme parlait dans la langue commune, un fort accent du Sud marquait ses paroles.

Lorsque Hasharin ouvrit la porte, il put voir un homme assis derrière un vieux bureau d'ébène. L'homme était vêtu d'une longue robe bleue, une courte barbe noire recouvrait son menton. Son âge était difficile définir, mais quelques fils blancs s'étaient déjà faufilés dans ses
cheveux et sa barbe, lui donnant un air de dignité. Cependant l'aspect le plus curieux de ce personnage était sans aucun doute un petit objet de fer qu'il tenait dans sa main gauche. L'objet avait la forme d'une petite étoile, dont les bords semblaient très coupants.

Lorsque Hasharin entra dans la pièce, une série de sentiments s'afficha sur le visage de l'homme; la méfiance, suivie par un froncement de sourcils surpris, et enfin d'un sourire, dévoilant les dents blanches de l'homme.

-Par la barbe du prophète! Hasharin! Ca fait des années...que fais tu ici? Et comment surtout...je devrai dire quelques mots à mes gardes, je les paye pas pour dormir.

Il regarda l'étoile métallique dans sa main, et rajouta avec un sourire:

-Désolé....une précaution contre les visiteurs non désirés.

Il fit un léger geste de la main, et l'étoile vola dans l'air avec un sifflement sinistre. Elle vint se planter dans la porte, à quelques centimètres de l'oreille du maître assassin.

L'homme se leva avec nonchalance, et sortit une bouteille de son bureau, et remplit deux verres, puis invita Hasharin à s'installer dans un fauteuil confortable.

-Qu'est ce qui t'amène ici, Hasharin?

L'assassin fut surpris de l'accueil qu'il recut en ouvrant la porte. La première chose qui remarqua fut l'étoile, le Shuriken placé dans la main droite du vieil ami a son defunt père. A la suite de ses paroles et une fois qu'il eut laché son shuriken, qui lança très adroitement, Hasharin repondit:
- Ne blame pas tes gardes, Rafik. Oui cela fait tellement longtems, 10 ans peut etre que nos chemins ne s'étaient pas recroisés. Mais depuis la mort de Saladîn je n'ai pas beaucoup remis les pieds au Harad, et encore moins dans la region, hormis il y a quelque mois où je suis passé en ville. Je t'ai même apercu, tu as l'air d'un homme influant dans cette ville. Tu t'adressais sur la place et tout le monde t'écoutait. Donc je vais d'abord me presenter, enfin me representer. Je suis devenu tout comme votre ancien ami, un assassin du Harad. Et me revoila venu à la tête de mes fidèles car lors de ma dernière venue, j'ai remarqué que cette Cité était dirigé par un homme pas très honnete. Je sais que tu es a ses ordres. Mais j'ai une idée derrière la tête... Et c'est pour cela que je suis ici ce soir.
Hasharin prit place devant le bureau et declara:
- Je voudrais que tu prennes le pouvoir de la Cité.

Rafik écoutait attentivement les paroles de Hasharin. Son visage était calme, et il buvait lentement le breuvage alcoolisé se trouvant dans son verre...jusqu'à ce que le maître assassin ne prononce sa dernière phrase. L'homme barbu recracha la gorgée qu'il venait de prendre sur le tapis couteux qui recouvrait le sol, et fut prit d'une toux violente.

Lorsqu'il se calma, il jeta un regard attentif autour de lui, comme si il vérifiait que des espions n'étaient pas dissimulés derrière les rideaux ou sous les meubles. Bien sur, un homme moins habile que Hasharin serait incapable de se faufiler inaperçu dans cette maison fortifiée, mais ils étaient après tout au Harad...les assassins et espions étaient une marchandise commune dans ces régions.

Le visage de Rafik était à présent pourpre, et l'homme avait perdu une partie de sa dignité et de son calme. Il dit, en chuchotant à moitié:

-Hasharin! Si ce n'était pas pour l'amitié entre moi et ton père je t'aurais jeté dehors! Ne parles pas de trahison dans l'enceinte de la cité! Les murs ont des oreilles à Al'Tyr...Ca m'attriste que tu aies  choisi la voie de l'assassinat. J'espérais te voir un jour en riche marchand ou homme politique. Mais je ne devrais pas être surpris, après tout, le sang chaud de ton père coule dans tes veines.

Rafik s'était à présent calmé, et avait passé un verre à Hasharin.

-Bois...dans des doses appropriées, les liqueurs donnent une clarté rare à l'esprit...tout le secret se trouve dans le dosage...

Il soupira:

-Tu es comme ton père Hasharin. Tu parles de tes fidèles...tu as du charisme, les hommes te suivent, comme ils me suivent moi. Mais le dirigent d'Al'Tyr...il a des soldats, des espions partout, des assassins...je suis puissant, et j'ai beaucoup d'amis, qui n'hésiteraient pas à me suivre si je sautais dans un feu. Mais les hommes du tyran me suivent et me surveillent jour et nuit; chaque rencontre, chaque action est enregistrée avec attention. Au premier signe de rébellion, les soldats du tyran sortiraient dans les rues. Ma tête tomberait, Hasharin...

#Hasharin #Rafik

Hasharin parvint de justesse a eviter le liquide qui sortit de la bouche de Rafik. L'homme imposant, parla une fois qu'il eut repris son souffle apres avoir été saisit de cette quinte de touxa. Le maître assassin l'écouta parler, il se souvenait que père et lui était proche... Il porta a ses lèvres, le verre de Rakija et repondit en marchant dans la pièce jusqu'à la fenetre d'ou il apercevait les gardes qu'il avait aisément passer:
- Je sais tout ca, cette ville est sous le joug de cet homme. Et bien entendu, il ne nous suffira pas de le deloger de cette façon.Souviens toi du proverbe " Minas Tirith ne s'est pas construite en un jour" .Tu vas conquérir la population d'Al'Tyr doucement mais surement par tes talents d'orateurs. Et moi, pendant ce temps la, je ferais entrer en action mes fidèles comme tu les as nommés. Car je veux que tu me fournisses une liste de gens à éliminer. Ces espions, et haut placé fidèle au Tyran, tu dois bien en connaitre. Pour ce qui est des soldats ne t'en fais pas. J'ai engager des mercenaires hors norme, et en plus d'eux j'enrôlerais une grosse troupe de mercenaires pour maintenir le calme en ville. Ton rôle, une fois la cité prise serait, que tu prennes les rennes de la ville avec tes amis fidèles et conseiller et moi et mon collègue feront parti du Conseil. Bien entendu, ton salaire risquerait d'augmenté. Qu'en penses tu?

Hasharin decrocha une bourse de sa ceinture et la jetta sur le bureau, quelques pièces d'or en tombèrent....
- Voici une petite avance qui devrait te couvrir si tu dois distribuer des pots de vin...

Rafik se releva et commença à tourner nerveusement en rond. Ses pieds plongaient profondément dans le tapis épais à chaque pas qu'il faisait.
Sa voix était impatiente et il chuchotait à moitié. Il semblait plongé dans une sorte de fièvre...

-Hasharin...tu sors comme ca de nulle part, après des années entières, et tu veux basculer toute ma vie...Bah! Les vies des milliers habitants de cette cité! Il y aura des morts, des soldats, des politiciens...probablement même des femmes et des enfants innocents!
Qui sait? Peut-être même que nos propres têtes tomberont pour cet acte de trahison envers le tyran...je ne sais pas. Mais il est vrai...j'ai pensé à une situation pareille des nombreuses fois, et oui, le peuple me suivra, du moins une partie. Tes hommes arriveront peut-être à éliminer ceux du tyran. Tu me tentes Hasharin...

Les pièces d'or tombèrent sur la table, remplissant l'air d'un bruit métallique.
Rafik les regarda, puis regarda le maître Assassin. Il soupira.

-Regardes autour de toi Hasharin...regardes cette maison, ces vêtements, ces tapis, ces peintures...tu penses vraiment que j'ai besoin d'or? Le tyran lui même n'est pas tellement plus riche que moi. Le pouvoir? A quoi bon...les responsabilités sans fin. Sauf si on veut devenir un tyran suivant...Je veux voir une cité qui fonctionne mieux. Socialement et économiquement. Je ne veux plus voir les marchands devoir payer trois quarts de leurs marchandise comme "taxes" au tyran, je ne veux pas voir tant de mendiants dans les rues. Mais dis moi, Hasharin. Tu viens d'un pays lointain, sans annoncer ton arrivée, sans prévenir personne. Tu veux renverser le gouvernement d'une cité que tu n'as plus vu depuis des années. Pourquoi ce désir? Cherches tu les richesses? Le pouvoir?

Le regard profond de l'homme se planta dans les yeux du maître assassin.

Le maître assassin s'attendait à cette reponse et il y repondit calmement:
- Je vois que tu es toujours aussi sage Rafik. Mais cette bourse est plus un geste qu'un don. Je ne recherche pas la richesse, ni le pouvoir, car j'ai le pouvoir, j'ai le choix de vie ou de mort sur chacun à ma façon. Mais je suis animé d'un esprit de revanche, durant toutes ses années j'ai recherché, enquêté, et recolté des informations. Te souviens tu du jour de la mort de Saladîn, mon père. Te souviens tu de ces raids pirates et du chaos que cela avait engendré dans la Cité, la peur qui montait. Et comme par miracle, quelques jours plus tard, notre Tyran et sa pseudo armée, parvinrent à mettre les pirates en deroute. Et bah j'ai appris à Umbar, qu'il avait lui même financer et ordonner ses attaques. Alors tout comme lui, je veux reprendre la ville pour la redonner au peuple, comme tu le represente. Nos buts sont commun Rafik, alors autant nous unir pour y parvenir. Nous créerons un nouveau gouvernement, et la ville sera plus prospère que jamais. Je te dis mes hommes sont deja entré dans la ville, et ils sont tous efficaces, j'ai une quinzaine d'homme qui circule en ville. Plusieurs officiers seront éliminés et remplacé dans les deux semaines qui suivent. D'ici un mois, tu seras à la tête de la ville.

// On essaie d'abréger? Pourquoi pas faire une ellipse narrative de 3 semaines, juste pour reprendre au moment ou la ville commence à se revolter? Okay Forlong? Je te laisse gérer//

Trois quarts du cycle de la lune plus tard...

La voix de Rafik s'élevait et se baissait d'une façon théâtrale, forçant son audience à suivre son discours avec attention. Les sommes d'argent impressionnantes dépensées par ses parents pour les tuteurs privés, et les années passés sur l'arène politique du Harad, l'avaient rendu un orateur parfait. Il parvenait à éveiller la flamme qui dormait dans l'âme de chaque habitant d'Al'Tyr, ce désir profond de se révolter, de changer le monde dans lequel ils vivaient.

-Il y a un moment dans la vie de chacun, où il faut prendre une décision. Lorsqu'il faut décider si l'on souhaite mettre fin aux injustices qui nous entourent, rendre ce monde meilleur, pour nous, pour nos enfants; ou alors vivre dans le silence, être des esclaves sans l'admettre.

Il prit une inspiration profonde, scrutant la foule devant lui d'un regard profond.

-Ce moment est venu, et il est temps pour chacun de vous de prendre cette décision. Il n'y aura personne pour vous forcer. Mais la liberté est à la portée de chacun...les murs de corruption, d'injustice et de terreur qui vous entourent, qui vous enferment, peuvent s'écrouler. Aucun Tyran ne peut s'opposer aux hommes libres. J'ai ouvert mes yeux et j'en suis devenu un. L'êtes vous? Ou allez vous mourir comme vous êtes nés, des esclaves, sans jamais connaître le goût de la liberté?

Des cris, des sourires, des applaudissements. Rafik leva ses bras dans un geste de salutation, et se retira de la terrasse de sa maison, pénétrant dans son salon, plongé dans une pénombre froide et agréable. Voila plus de deux semaines qu'il éveillait la colère du peuple, et que les rues d'Al'Tyr étaient remplies des gens jour et nuit. L'air était chaud et lourd, le soleil brulait sans pitié. Mais il ne s'agissait pas que de la chaleur...quelque chose d'autre remplissait l'air; une tension de plus en plus forte, s'approchant inévitablement de l'explosion...

Plusieurs officiers du Tyran avaient péri sous les lames invisibles des Ombres, et le dirigeant de la Cité n'avait pas encore réagi...allait il envoyer ses troupes? Ou laisser la révolte se développer et fuir? Seul le temps le montrera....une chose était sure. Il était trop tard pour revenir en arrière.

Rafik essuya la sueur de son front, et but une gorgée du breuvage qui remplissait son verre; du vin blanc glacé mélangé à du miel et du citron.

Discrètement, quelques gardes firent passer le mot, échangèrent quelques écus à des manants avides d'un gagne pain.
Dans l'heure, les gardes de Rafik virent leurs poches alourdies de monnaie pesante. Ils déglutirent difficilement quand une patrouille de garde passa plus tard les inspecter d'un regard lourd de sens : ils devaient s'activer.

Quand les gardes de faction disparurent de leur champ de vision, les hommes de mains de Rafik s'échangèrent des regards incertains. Ils n'avaient pas le choix. L'un d'eux souris, avare de la récompense qui les attendaient et incita ses compagnons à passer à l'acte.

Des sabres et cimeterres sortirent discrètement de leurs fourreaux, froissant à peine le cuir telle une intime caresse.

Ils observèrent la lune une dernière fois avant d'entrer dans la bâtisse mal éclairée, soudainement entièrement dévoués à commettre leur méfait...

Alors qu'ils venaient de pénétrer dans le bâtiment abritant le sage Rafik, Tarkandil et ses amis furent accueillis par des gardes hostiles. Le guide des trois mercenaires fut tué sans avoir eu le temps d'écrire son testament et les trois autres s'arrêtèrent net. L'Elfe fut sauvé d'un couteau volant vers lui par le jeune Hirzigan et le remercia d'un bref signe de tête.

Bientôt, les trois mercenaires furent encerclés par plusieurs gardes qui avaient pour mission de tuer Rafik, mais ils étaient dérangés dans leur tâche. Hirzigan, Aziel et Tarkandil engagèrent le combat sans plus attendre. Dans un geste aussi rapide que l'éclair, Tarkandil saisit une flèche dans son carquois et la mit à la corde de son arc, avant de viser devant lui. Sa flèche alla se planter dans le ventre d'un des gardes mais celui-ci continua à courir vers lui. Estimant que l'arc n'était plus l'arme appropriée dans une situation pareille, Tarkandil le passa à son épaule et dégaina sa dague de Numenor.

Le garde blessé plongea sur Tarkandil avec son épée prête à décapiter l'Elfe, mais ce dernier s'écarta et poignarda l'homme sur son côté droit avant de le laisser tomber. Rejetant ses cheveux blonds en arrière, Tarkandil s'élança vers un autre garde. Toutefois, ce dernier était très robuste et parvint à plaquer Tarkandil contre un mur pour l'étouffer et lui faire perdre ses moyens. Il passa délicatement sa lame d'épée entre sa gorge et celle de l'Elfe et adressa un sourire mauvais à son adversaire.

"Je ne crois pas que tu veuilles faire ça, l'ami ..." commenta Tarkandil, plutôt mal à l'aise.

"Détrompe-toi, j'en ai l'intention !!" répliqua le garde.

Au moment où il tentait de décapiter l'Elfe, celui-ci lui agrippa les bras pour le repousser avant de lui donner un violent coup de boule. Le garde lâcha Tarkandil et recula de plusieurs pas en se tenant le visage, tandis que l'Elfe reprenait son arc avec une flèche.

"C'est cela, oui !!" lança Tarkandil alors que l'homme tombait à terre.

Alors qu'il s'apprêtait à combattre un troisième garde, il fut interrompu par Hirzigan qui s'adressa à lui après avoir chassé son assaillant :

"Maitre Elfe ! Il faut protéger Rafik à tout prix ! Je vous charge de vous assurer de sa sécurité !"

Tarkandil répondit alors spontanément :

"D'accord, je m'en occupe !! Retenez ces gardes en bas pendant que je vais chercher notre homme !!"

Il se dégagea alors de la mêlée à coups de dague et s'éloigna en courant. Il arriva aux pieds d'un escalier et n'hésita pas une seconde avant de se précipiter à l'étage, là où devait se trouver la chambre de Rafik. Un garde déboucha d'en haut et commença à descendre en courant vers Tarkandil. L'escalier était trop étroit pour les laisser passer tous les deux, aussi l'Elfe se baissa-t'il et fonça tête la première dans les jambes du garde, qui fit un vol plané par dessus le mercenaire et termina sa course en bas de l'escalier. Tarkandil se redressa et arriva en haut de l'escalier.

Il fouilla alors toutes les pièces pour trouver Rafik et tomba bientôt sur un nouveau garde, qui s'attaqua aussitôt à lui. Tarkandil s'était attendu à ce genre d'attaque et décocha une flèche dans la gorge de son adversaire, qui tomba en arrière. L'Elfe se pencha pour ramasser son épée et reprit ses recherches. Il trouva alors une porte entrebâillée et donna un violent coup de pied dedans pour l'ouvrir en grand.

"Nooon ... ne me tuez-pas !!!" cria une voix.

C'était Rafik, contre le mur du fond, et Tarkandil se hâta vers lui en constatant qu'il était toujours en vie.

"Je ne suis pas là pour vous tuer, mais pour vous sauver la vie, alors venez vite !!! Mes amis nous attendent en bas, ils retiennent les gardes. Il faut partir d'ici au plus vite, Messire Rafik. Tenez, prenez cette épée !!" expliqua l'Elfe.

Il tira alors l'homme vers la porte et le fit arrêter juste à l'entrée de la chambre. Il lui parla alors dans un murmure calme :

"Passez devant, tenez l'épée bien devant vous et frappez quiconque vous attaquera. Moi, je passe derrière avec mon arc."

Rafik n'avait d'autre choix que d'obéir et ce duo surprenant sortit de la chambre. L'Elfe sentait que l'homme était terrifié mais il savait qu'il devait le garder en vie aussi longtemps que possible. Il avait préparé une flèche à son arc et se tenait prêt à la décocher par dessus l'épaule de Rafik.

Les trois mercenaires donnaient du fil à recoudre aux guerriers du Tyran, Marade semblait avoir bien jugé leurs capacités.
Les corps des soldats gisaient ensanglantés sur les dalles de la cour intérieure, seuls deux d'entre eux combattaient encore, armés de hallebardes.

Tarkandil et l'homme qu'il venait de sauver descendirent dans l'escalier...Aucun adversaire en vue. Ils s'arrêtèrent enfin dans la cour, regardant les cadavres qui recouvraient le sol.

L'homme lâcha soudainement l'épée de sa main tremblante...elle tomba sur les dalles avec un bruit métallique, et il suivit sa trajectoire, s'écroulant à genoux devant l'elfe:

-Je...je ne suis pas...Rafik, messire...Je...suis un simple domestique...ne me tuez pas, messire...

Les larmes de l'homme arrosaient abondamment le sol...l'Ombre qui guidait les trois mercenaires avait péri avant de pouvoir leur dire à quoi ressemblait Rafik, celui qu'ils devaient rechercher. Cette erreur allait à présent les coûter très cher...mais si cet homme était un domestique...et toutes les chambres étaient vides..alors où était celui qu'ils recherchaient?

***

Dans le coin de la cour intérieure de la demeure de Rafik se trouvaient les écuries, un petit bâtiment en pierre blanche.
Ses portes s'ouvrirent soudainement, dévoilant plusieurs silhouettes de soldats du Tyran. Un chariot noir en sortit au galop, tiré par quatre chevaux.

Les trois mercenaires eurent le temps d'apercevoir le visage d'un homme barbu à l'intérieur, entouré de plusieurs soldats. Deux cavaliers accompagnait le chariot, qui se dirigeait à pleine vitesse dans la direction du centre de la ville, le palais du Tyran...

Les hennissements de quelques chevaux se firent entendre du côté des écuries...

Tarkandil, déçu de n'avoir pas trouvé l'homme que le groupe cherchait, se hâta sans dire un mot en direction de l'écurie. Il dénicha un puissant étalon à la robe blanche et l'enfourcha aussitôt avant de le diriger vers la sortie. Le chariot avait de l'avance, mais des chevaux sans rien à tirer seraient plus rapides.

L'Elfe lança son cheval au galop tandis qu'Hirzigan et Aziel avançaient à la même allure avec leurs montures. Après quelques minutes de course, ils arrivèrent en vue du chariot transportant Rafik et ses ravisseurs. Hirzigan parvint bientôt à monter sur le toit du chariot et attaquer le garde qui s'y trouvait, tandis que Tarkandil dépassait le véhicule par la gauche. Il prépara une flèche à son arc et attendit d'être au niveau du cocher pour laisser filer le trait. Celui-ci se planta dans la gorge du conducteur, qui s'effondra sur le côté dans des bruits indistincts. L'Elfe mit son arc à son épaule et intima à son cheval de garder la même vitesse tout en le rapprochant un maximum du chariot. Lorsque l'animal et le siège du cocher furent presque côte à côte, Tarkandil bondit de son cheval et atterrit sans dommage sur le siège à l'avant du chariot.

Il attrapa alors les rennes du véhicule et fit ralentir les chevaux jusqu'à les faire s'arrêter complètement, quelques vingt mètres plus loin. L'Elfe jeta un regard derrière lui et vit qu'Hirzigan était toujours là.

"Hâtons-nous avant que ce brutes ne liquident notre homme !!" lança-t'il.

Il descendit alors du chariot arrêté et reprit son arc avec une flèche. Il s'approcha d'une des portes du chariot pour l'ouvrir et tuer le garde qui était derrière et qui le regardait d'un air mauvais par la fenêtre. Lorsqu'il ouvrit la porte, Tarkandil vit jaillir le garde avec une épée pointée sur lui. Il décocha alors sa flèche qui alla se planter dans le bras droit du garde. Tandis que celui-ci poussait un cri de douleur et de rage, l'Elfe sortit sa dague de Numenor et en asséna un coup dans le buste du garde, qui s'écroula à ses pieds.

"Rendez-vous, vos efforts sont vains car la Liberté triomphera !!" s'exclama l'Elfe.

Dalamyr avait toujours été là lors de l'action des mercenaires des Ombres. Il voulait évaluer leur force et leurs capacités. Il dut bien avouer que c'était de bons gars. Il fallait les préserver. Ce Hirzigan l'impressionna au plus haut point. Quelques années à Dim-Bar et il en ferait une arme fatal, un assassin en or.
Il ne douta des mercenaires que lorsqu'il vit le chariot partir, sans attendre il avait enfourché sa monture. ce petit test ne devait en aucun cas compromettre le plan. Il fallait que Rafik vive, c'était primordial.
Il suivit le chariot dans une ruelle parallèle près à intervenir ses ses compagnons ne le rattrapaient pas d'ici quelques secondes.... Ils furent présent et réussirent à stopper le chariot en tuant tout ses gardes. Le Maître assassin les rejoignit alors que Tarkandil ouvrait les portes....
Contrairement à ce qu'il s'attendait, le mercenaire aux longues oreilles pria ses occupants de se rendre...Grave faute. L'un des gardiens était armé d'une arbalète, il mit en joue l'elfe qui n'avait aucun moyen de se défendre si ce n'est d'esquivé. Dalamyr n'hésita pas, déboucha en poussa de côté Tarkandil, actionnant son arbalète de poing, deux carreaux filèrent et happèrent le gardien en plein torse. Il réussit néanmoins à tirer son seul carreau en expirant. Le projectile alla se planter dans le plafond sans un bruit sec. Sans attendre l'assassin lâcha son dernier projectif qui toucha en pleine tête l'un des garde en train de dégainer son arme pour mettre fin aux jours de Rafik. Le dernier des garde essaya de passer en force mais le poignard de lOmbre fut aussi fatal. Il dit à ses compagnons:

-Il était temps que j'arrive encore un peu et on perdait notre gouverneur. (s'adressant à Rafik) tu peux marcher? (puis à Tarkandil et Hirzigan) Beau travail, mais la prochaine fois tuer tout le monde, si ces gens ne ramenaient pas leur cible, ils mourraient....Croyez moi ça motive à tout tenter pour que sa mission soit faite.

Il essuya négligemment son poignard sur le cadavre du garde et le rangea dans son fourreau sans le moindre bruit. Il conclu:

-Il faudrait partir, d'autres vont bientôt arriver...Venez. Tuez tout ceux qui pourraient nous compromettre. Soldats, hommes, enfants ou femmes....si vous voulez vivre bien sûr.

Un sourire malsain traversa son visage avec ces dernières paroles. Tuer, toujours tuer....

Tarkandil regarda l'échange entre Hirzigan et Dalamyr avec un petit sourire en coin : son ami du Harad se rebellait à présent ouvertement contre cet assassin arriviste. Lorsque le mercenaire eut terminé son discours, l'Elfe haussa les sourcils à l'encontre de Dalamyr et prit à son tour la parole :

"Et voilà, messire, ce qui arrive lorsque l'on demande ouvertement à des mercenaires de sacrifier des vies innocentes. Très sincèrement, je ne puis imaginer ce qu'il serait advenu de nous tous si nous avions obéi à cet ordre stupide : qui sait ce que les Valar auraient mis au point pour punir des êtres vils et cruels. Ceux qui sont prêts à commettre n'importe quoi pour obéir ne sont pas dignes de cette Terre. Aussi, vous pouvez bien nous demander d'égorger femmes, enfants, vieillards, innocents : votre requête est vaine car nous ne sommes pas de ce genre. J'espère que vous ne nous tiendrez point rigueur d'avoir encore un peu de morale, mais c'est une valeur essentielle - même si elle a tendance à se perdre."

L'Elfe avait fixé Dalamyr dans les yeux avec un regard intense, presque sévère. A l'évidence, il n'avait pas grande estime de son interlocuteur. Il était resté calmement, face à Dalamyr, et ne s'était pas emporté à lui cracher lui-aussi aux pieds. Ce n'était pas digne d'un Elfe, bien que Tarkandil n'en pensait pas moins. Après une courte pause, il reprit :

"Tâchez à présent de faire preuve d'un peu de morale."

-Silence.

La voix de Rafik était calme mais remplie d'autorité. Il était passé à quelques centimètres de la mort, et son visage était encore un peu pale, mais ses mains ne tremblaient pas, et ses yeux brillaient.
Il dit:

-Merci messieurs pour votre sauvetage. Ceci dit, Dalamyr, ma sécurité faisait partie de vos responsabilités dans notre accord avec votre maitre...vous avez failli y échouer. Quant à vos paroles sur les meurtres des innocents? Jamais. Vous et vos hommes désirez cette rébellion autant que moi. Hasharin m'a assuré que nos motifs étaient les mêmes, mais je vois que ce n'est pas le cas pour tous ses hommes...Nous combattrons pour le peuple, pas contre lui. Maintenant partez, Dalamyr, j'ai des choses à faire.

Il se tourna à nouveau vers les trois mercenaires, et rajouta:

-Vous avez accompli votre mission...je ne vous obligerai pas à continuer votre service ici. Ce qui se déroulera à présent dans la Cité sera le travail du peuple, pas des lames dans le noir. Vous pouvez rester, mais je ne vous forcerai pas. D'ailleurs, tenez ceci, en signe de ma reconnaissance.

Rafik glissa trois anneaux de ses doigts, et en donna un à chacun des trois hommes. Chaque anneau était fait d'argent, et incrusté d'une différente pierre précieuse.

-Ces anneaux, outre leur beauté, représentent une grande valeur...si jamais vous avez besoin d'argent, vous obtiendrez un bon prix pour ces bijoux.


Sur ces mots, Rafik monta sur un des chevaux avec une agilité assez surprenante pour son poids et son âge.

Tarkandil resta silencieux après s'être adressé à Dalamyr et éprouva une certaine satisfaction lorsque ce dernier fut légèrement réprimandé par Rafik. Il accepta avec honneur l'anneau serti d'une émeraude que lui tendit le vieux sage en signe de reconnaissance. Sa couleur d'un vert brillant lui rappelait les vastes forêts du Nord. Imladris était à présent très loin d'ici et c'est avec un pincement au coeur que l'Elfe repensa à tout ce qu'il avait laissé derrière lui pour venir dans ce pays chaud. En revanche, il se devait d'accompagner Hirzigan dans sa noble quête et n'avait aucun doute qu'Aziel suivrait également. Tarkandil se sentait bien en compagnie de ces mercenaires et, même s'il aimait la solitude, il devait admettre qu'il n'y avait rien de repoussant à voyager avec deux Humains.

"Je vous suivrai dans votre quête, Hirzigan, dussé-je y perdre la vie ou bien pire." annonça Tarkandil.

La vie sur la Terre du Milieu était le cadeau le plus précieux que l'Elfe eut jamais reçu et il espérait ne pas avoir à y renoncer trop tôt. Il comptait bien profiter de cette vie encore quelques millénaires avant de retourner de l'autre côté de la Mer.

Sortant de sa rêverie, il enfourcha à nouveau le cheval qu'il avait utilisé jusqu'à présent et se tint prêt à reprendre la route.