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 Echappée dans le désert

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Taorin
Emir du Harondor Libre
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Taorin

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Echappée dans le désert EmptyLun 17 Sep 2018 - 13:32
Echappée dans le désert Into_d12

Joachim court. A en perdre haleine, il court. Autour de lui, les falaises sombres, uniquement éclairées par la Lune, le surplombent, menaçantes. Il peine, le sable le ralentit, la montée le fatigue. Mais, derrière lui, il peut entendre les cris des hommes et les aboiements des chiens.

Et Joachim s’enfuit.
*** *** ***

La caravane serpentait à travers le désert, les dromadaires lourdement chargés d’étoffes, de bijoux, d’eau et de nourriture, une vingtaine d’esclaves enchaînés derrière eux. Quelques cavaliers les encadraient, la sueur perlant sur leurs fronts sombres. Déjà, le soleil teintait le ciel de reflet roses, allongeaient les ombres. Au loin, une lumière tremblotante indiquait leur destination. Un phare du désert, à l’entrée de cette petite oasis abritée dans un petit massif rocheux. L’une des nombreuses étapes sur la route d’Umbar. D’ici deux ou trois heures, la troupe pénètrerait dans les gorges protégeant ce havre de vie au milieu de l’erg.

Quelques oiseaux, profitant de la fraîcheur descendant sur le désert, s’élevaient au-dessus du massif. Leurs piaillements, portés par le vent, atteignaient la petite troupe.


Le premier cavalier, les yeux perçants, observait l’oasis sans nom. Quelques constructions antiques, transformées en caravansérails, habitations ou tours de guet, étaient dispersées dans le canyon. Une centaine de personnes montaient déjà le camp : la plupart semblaient appartenir à une tribu venue se reposer quelques temps avant de repartir dans le désert. Un groupe de femmes entourait un feu de camp, non loin de l’entrée de l’oasis, parlant bas et jetant des regards fermés sur les nouveaux arrivants. En haut des falaises, quelques ombres mouvantes laissaient deviner la présence de gardes surveillant les nouveaux arrivant.

Plus loin, un plus grand feu semblait être le point de ralliement d’une quinzaine de haradrim désœuvrés, assis en petits groupes et parlant à voix basse. Quelques-uns jetèrent observaient la caravane, mais, étonnamment, leur arrivée se fit dans le plus grand calme. Alors que de nouveaux arrivants, qui plus est transportant quelques richesses, aurait dû éveiller l’intérêt de tout nomade présent (comment résister à l’envie de négocier quelque babiole, de glaner quelques informations sur le monde extérieur, de partager un thé et quelques gâteaux au miel ?), l’oasis était étrangement silencieuse. Presque sinistre.

Le chef de la caravane grogna. Sans doute quelque malheur était arrivé il y a peu, la mort d’un guerrier prometteur, ou quelque autre mauvais présage. Ils ne s’attarderaient sans doute pas ici, contrairement à ce qu’il avait pu prévoir : comment prévoir comment la situation pourrait évoluer avec une ambiance aussi lourde ?

Il dirigea sa petite troupe à l’écart, vers l’un des emplacements les plus éloignés des points d’eau. Il n’aimait guère ça non plus : il leur serait difficile de surveiller les esclaves. Mais, en même temps, où pourraient-ils bien aller ? Haussant intérieurement des épaules, il démonta et fit signe à ses hommes de monter le camp.

Une fois les bêtes déchargées, il se dirigea vers le plus grand feu de camp de l’oasis. Il lui fallait présenter ses respects au chef du clan occupant les lieux, et glaner quelques explications sur l’étrange atmosphère.
*** *** ***

Enfin, il sort de ce canyon oppressant ! Ses pieds sont déjà en sang dans ses mocassins troués, sa tunique trempée de sueur lui colle à la peau, et les gouttes qui glissent dans son cou laissent des sillons dans la couche de sable et de crasse qui le recouvre. Quand il a vu Hassan se retourner pour aller se soulager derrière un rocher, les laissant seuls quelques instants, il n’a pas réfléchi, et a bondi. Cela faisait déjà quelques temps qu’il avait réussi à se libérer de ses chaînes à moitié rouillées, et qu’il attendait une occasion, n’importe laquelle, pour s’enfuir.

Le voilà qui court comme un dératé, dérapant dans le sable mêlé de petits cailloux pointus. Là-haut, au sommet de ce gros rocher, se trouve le phare. Le gardien entend sans doute les cris en contrebas, mais est sans doute aveuglé par les flammes. Derrière lui, les cris sont encore lointains. Il a peut-être une minute d’avance sur ses poursuivant.

Face à lui, la voute céleste l’écrase de sa magnificence, à peine troublée par les lumières du camp. Elle semble l’appeler, comme une porte sur un autre univers. Les étoiles brillent, et semblent si proches ! Le jeune homme s’élance, trébuche dans le sable, mais continue, sans savoir où il va. Les dunes ne se révèlent que par les étoiles qu’elles cachent. Les cris derrière lui disparaissent bien vite, comme absorbés par l’immensité du désert.

Et Joachim avance.
*** *** ***

Des cris, là-bas, derrière les temps et les ruines. Que se passe-t-il ? Un homme arrive en courant, cherche un visage parmi les petits groupes assis tout autour du feu, puis, enfin, se dirige vers le chef de la caravane. On l’observe, suspicieux, attentif. Il s’approche, s’incline, et se penche pour murmurer quelques mots à l’oreille de son chef. Ce dernier jure, lui aboie un bref ordre, et, se retournant vers le chef de la tribu, s’excuse tout en se levant, la main sur la poignée de son sabre. Un jeune esclave s’est enfui, il faut le rattraper, il doit organiser ses hommes.

Le chef de la tribu le regarde s’en aller, jurant toujours, puis fait signe à l’un de ses hommes assis non loin. Le guerrier haradrim s’approche, s’agenouille, et reçoit au creux de l’oreille les quelques ordres de son chef. Il acquiesce, se relève, et, faisant signe à quelques autres guerriers autour du feu, s’enfonce dans les ténèbres.

Le campement de la caravane est comme une fourmilière : les gardes courent dans tous les sens, jurent, frappent les esclaves prostrés, montrant la paire de menottes ouvertes, lorsque leur chef arrive. Ses yeux s’enflamment, voyant l’inefficacité de ses hommes. Il aboie ses ordres, et, rapidement, les gardes se reprennent. Deux d’entre eux, le sabre au clair, s’élancent à la poursuite du fugitif. Ils sont forts, et courent à grandes enjambées dans la fraîcheur de la nuit. Mais le chef de la caravane sait qu’ils ne rattraperont sans doute pas le jeune esclave, et que le corps de ce dernier nourrira les charognards habitant ces rochers d’ici quelques jours. Il jure, il invoque le nom de Melkor plusieurs fois, et fait preuve d’une rare créativité dans sa colère.
*** *** ***

Le soleil s’est levé depuis plusieurs heures déjà, et, après le froid glacial de la nuit, la chaleur manque de faire suffoquer le jeune esclave en fuite. Son pantalon s’est déchiré lorsqu’il est tombé dans sa fuite, et son genou est recouvert de sable mélangé à du sang séché.

Il a soif. Il n’a eu le temps d’emporter une gourde d’eau. Ecrasé par la chaleur, perdu au milieu des dunes, ne voyant même plus le massif abritant l’oasis, il titube. Et se maudit d’avoir voulu s’enfuir.

Il ne sait où il va, mais refuse d’abandonner, refuse de se coucher dans le sable brûlant pour mourir. Non, il continue, péniblement, laborieusement, mais, un pas après l’autre, il s’enfonce encore plus loin entre les dunes. Le soleil est haut dans le ciel, cogne contre ses cheveux sales, brûle sa peau. Il regarde ses pieds, se concentre sur ces deux morceaux de chair qu’il ne sent presque plus, abrutis de chaleur. Un pas, puis un autre.

Il lève les yeux, et voit, au loin des reflets. De l’eau ? Non, impossible ! Encore une de ces illusions créées par les esprits du désert pour attirer dans leurs rets les voyageurs imprudents ! Mais il n’a plus rien à perdre, et se remet à tituber dans cette direction. Il lui semble pourtant s’en approcher, mais jamais atteindre cette étendue d’eau, là-bas, derrière ces dunes. Comment se fait-il ?

Soudain, il n’est plus seul. Son frère marche à ses côtés, la tête baissée, ses cheveux longs et bouclés, blonds comme les blés, cachant son visage. Il est exactement comme cette dernière fois où il l’a vu, là-bas, dans la cour de la demeure familiale lorsque les barbares du Sud les y ont rassemblés avant de mettre le feu aux bâtiments qui les avaient vu grandir. Il continue de marcher, mais il ne semble plus faire si chaud. Non, un vent frais se lève, fais bruisser les arbres. Au loin, il entend de l’eau glouglouter, et même quelques rires. Il sourit, fais un pas de plus. Ne trouve que du vide. Tombe. Sur un matelas de plumes aux draps frais, et sa tête repose tout à coup sur un oreiller moelleux.

Et Joachim s’endort.


Il se réveille, frissonnant. La nuit est tombée, il est encore vivant. Il est à moitié recouvert de sable. Il aimerait pleurer, mais n’en a plus la force. Sa bouche est desséchée, il n’arrive plus à avaler les quelques gouttes de salive qu’il lui reste. Il essaie de se relever, n’y arrive pas. Il persévère, et finit par se redresser tant bien que mal. Tout autour de lui, il n’y a que des ombres et, au-dessus, les étoiles. Il ne sait pas d’où il vient, il ne sait pas quoi faire. Il aimerait abandonner, se laisser tomber, dormir, mourir, mais il n’en a pas le courage. Il a peur.

Il reprend sa route. Un pas après l’autre.

Après quelques instants, qui auraient très bien pu durer des heures, il remarque une différence : il ne marche plus sur du sable, mais sur du roc, sur un sol solide. Et il ne voit plus les étoiles face à lui, mais une immense masse sombre qui le domine. Des rochers ? Serait-il revenu sur ses pas ? Serait-il retourné à l’oasis ? Il lève la tête, ne voit pas la lumière du phare. Peut-être pourra-t-il le voir depuis le sommet ?

A la lueur des étoiles, tremblant de froid et de fatigue, il comme à grimper. Il tâtonne pour trouver des prises, s’écorche les avant-bras, rouvre les plaies sur ses pieds. Très vite, il n’est plus que douleur, ne souhaite plus qu’abandonner, mais il continue, ne s’arrête que lorsqu’il ne peut plus contrôler ses membres.

A part ceux qu’il cause, il n’y a aucun bruit, aucun vent. Il est perdu au milieu de l’espace, et comme figé au milieu du temps. Les étoiles, moqueuses, sont les seuls témoins de son calvaire.

Et Joachim grimpe.


Il se hisse sur le sommet de ce gros rocher, et, n’ayant plus rien à gravir, se laisse tomber, pantelant. Il s’est élevé d’une trentaine de mètres, et n’a plus la force de bouger. Il n’entend que son sang qui bourdonne dans ses oreilles, son cœur qui bat dans sa poitrine, sa respiration hachée. Il se repose quelques instants, malgré le froid, et ferme les yeux. Lorsqu’il les rouvre, il ne sait combien de temps s’est écoulé : quelques secondes ou quelques heures ? Il regarde autour de lui, regarde le ciel. Seules les étoiles pourraient lui répondre.

Autour de lui, il ne voit rien. Tout est trop sombre. Pas la moindre lumière à l’horizon, pas la moindre chose qui pourrait attirer son regard. A moins que… Si ! Là ! Cette forme sombre, cette sorte de pic noir qui se détache ! Il l’observe attentivement. Ce pourrait être le phare de l’oasis ! Il pourrait y avoir de l’eau ! Mais pourquoi n’est-il pas allumé ? Le doute le saisit. Que faire ? Finalement, la soif l’emporte : il faut aller voir, il faut essayer, il y aura peut-être à boire. Il y aura certainement à boire ! Il s’en convainc, trouve la force de se relever, d’y aller. Il s’écorche les pieds sur les cailloux acérés, tombe plusieurs fois, mais à chaque fois se relève. La soif le guide, oblitère toute autre pensée. De l’eau, à boire. Là-bas, enfin, de quoi l’étancher !

L’horizon commence à s’éclaircir : le soleil ne saurait tarder. Enfin, il peut discerner quelques détails, et… Oui ! Cette forme, là-bas, c’est bien une tour ! C’est bien un phare ! Il se met à courir, il ne peut plus se retenir ! Tant pis s’il se fait reprendre, tant qu’on lui donne de l’eau, ne serait-ce qu’une goutte ! Il a l’impression de s’envoler, de flotter au-dessus des rochers, ne sent plus ses pieds douloureux. Il court, aussi vite qu’il le peut. Il descend des rochers, le contourne, arrive à l’entrée de la gorge qui mène à l’oasis. Il s’y engouffre, sans faire attention, obnubilé à l’idée de sa gorge qui, bientôt, recevra le précieux liquide.

Les cris rauques des vautours l’accueillent lorsqu’il arrive à l’emplacement du campement. Les oiseaux prennent leurs distances en sautillant, et l’observent de leurs yeux noirs. Le jeune homme ne comprend pas. Il regarde autour de lui. Et voit, étendus sur le sol, les corps de ses compagnons d’infortune, de ces hommes et femmes qui, comme lui, ont été arrachés à leur vie et enchaînés. Il voit aussi les corps des gardes de la caravane, eux aussi à moitié dévorés par les charognards.

Il tombe à genoux. Il ne comprend pas. Il repense à cette marche insensée à travers le désert, à ce vieil homme qui, pour l’aider, lui avait donné la moitié de sa ration à un bivouac. A cette femme, qui l’avait pris sous son aile et le protégeait des autres esclaves. Puis il repense à son frère, enlevé comme lui. A sa mère, gémissant, prostrée dans la terre de la cour de leur maison. A son père, éventrée sur le palier. A ces hommes au regard dur, effrayants, avec leurs sabres sanglants, leurs rires affreux en empalant les enfants trop jeunes pour être revendus. Aux cendres des maisons incendiées, aux cris des pauvres gens jetés dans la rue par ces brutes. A cette vie à laquelle il a été arraché. A cette journée où les pirates sont entrés dans la ville.

Et, enfin, Joachim pleure.
#Joachim
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