[OUTRO IRL 18 ANS] À la lueur d'une chandelle, tout se révèle

Les dernières nuits avaient été courtes. Son sommeil mouvementé. Ses rêves tourmentés. Il écarta sa couverture pour s’asseoir sur le bord de sa couche. Ses pieds entrèrent en contact avec le parquet vieilli de sa chambre. Ses doigts caressèrent son crâne dégarni. Il resta ainsi immobile durant de longues secondes. C’était là son rituel. À chacun de ses réveils. Il baissa les yeux vers le creux de ses mains, se perdant dans ses pensées et les images encore gravées dans sa tête. La façade de l’hotêl Claymore était imprimée en lui pour toujours, comme la silhouette désarticulée du général.

Et ce regard vide. Cette moue défaite, choquée par ce dénouement auquel il ne s’attendait certainement pas. La lame avait jailli. Faisant son office. Et laissant Minas Tirith orpheline. Les cloches résonnaient encore parfois aux oreilles de l’Agent de l’Arbre Blanc. Les trompettes d’argent du haut du Septième Niveau criaient la terrible nouvelle au peuple gondorien tout entier. Il était pleuré, hué ou ignoré. De chacun, cela dépendait. Pour Sined Meynard, le Gondor n’en restait pas moins affaibli et blessé.

La nuit était déjà bien avancée et l’aube ne pointerait pas avant plusieurs heures. Tel était désormais le lot de Meynard. L’insomnie le hantait depuis ce jour funeste. Il se leva et marcha jusqu’à sa fenêtre. Il écarta le rideau épais et jeta un regard vers la rue. Les drapeaux flottants devant l’académie militaire étaient en berne, éclairés par la faible lueur des lanternes surplombant les pavés.

Le souffle de Sined forma un nuage de buée sur la vitre. Malgré la fatigue, il ne pouvait plus dormir. Il ne devait pas. Pas tant que le fin mot de cette histoire ne serait pas réglé. De son esprit torturé, il s’employait à extriquer tous les détails sordides qui avaient conduit à pareille situation. Il fallait mettre les choses au clair. Comprendre ce qui s’était joué. Et surtout, pour Meynard, faire le deuil de ces quelques jours. En passant instructeur plusieurs années auparavant, jamais il n’aurait cru se retrouver dans une telle affaire.

Sined abandonna la fenêtre et la ville endormie pour s’asseoir devant son bureau. Il sortit d’un tiroir fermé à clef un livre à l’allure impeccable. Comme neuf. Il l’ouvrit, révélant nombre de pages déjà recouvertes d’encre et de mots. L’instructeur était un homme soigneux et méthodique. Il trempa sa pointe dans l’encrier et commença sa séance d’écriture. Le crissement de la plume sur le papier avait le don d’emporter Sined dans une autre dimension. Le seul remède contre le mal qui l’ensorcelait.