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Sujet: A la recherche d'un Clan
Ryad Assad

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Rechercher dans: Khand   Tag akbar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: A la recherche d'un Clan    Tag akbar sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 26 Oct 2012 - 1:03
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Elwyn hocha la tête en réponse aux paroles quelque peu empreintes de tristesse de Garnaïl. Qu'y avait-il à répondre, de toutes manières ? Les choses étaient ce qu'elles étaient, les familles étaient parfois séparées, et elle aurait été bien en peine de recoller les morceaux. Changer ce que l'on pouvait changer, et accepter le reste. Voilà la leçon de vie qu'elle avait appris à appliquer, et encore une fois, ces mots durs mais ô combien vrais lui revinrent en mémoire. Les deux étrangers terminèrent de replier les pans de toile, et passèrent les vêtements qui leur serviraient pour le voyage. De longues tuniques qui les protégeraient un peu de la chaleur, et qui éviteraient que leur peau ne soit par trop exposée aux rayons ardents du soleil. La femme décida cependant, à l'instar de la plupart des hommes, de ne pas encore s'enturbanner. Il faisait encore assez frais pour garder la tête nue, et les choses changeraient bien assez vite d'elles-mêmes. Inutile de se presser. Avec une grimace, elle passa une main sur son épaule meurtrie. La douleur était toujours là, mais elle se sentait un peu moins bloquée qu'auparavant, ce qui était bon signe. Elle se permit même quelques mouvements d'assouplissement qui lui firent monter les larmes aux yeux. Chassant ces perles salées d'un revers de l'index, elle se hissa en selle avec adresse, en dépit de son bras blessé. Puis elle attendit que Garnaïl la rejoigne en selle. Elle inspira profondément, attendant le signal du départ, quand ce dernier lui glissa quelques mots à l'oreille, dans la langue des habitants du Khand.

Un sourire se dessina sur les traits de la femme, qui eut un mouvement de tête résigné. Ses cheveux blonds s'agitèrent légèrement, brins de paille dorée oscillant au rythme imposé par son cou gracile. Cependant, il aurait été difficile de dire ce qui semblait la gêner le plus : la langue utilisée, ou la phrase en elle-même. Eludant complètement le sujet qui la dérangeait, elle se tourna à demi, et glissa au Politicien :

- Ainsi vous parlez bien la langue du Khand. J'étais en plein doute, hier au soir. Me voilà face à la confirmation que j'attendais...

A ce moment-même, Akbar leva bien haut sa main, annonçant qu'il était temps de partir. Par pur réflexe, Elwyn regarda par terre, pour voir s'ils n'avaient rien oublié. Etrangement, le feu de camp semblait déjà disparaître sous le sable, et a part quelques indices que seuls des yeux habitués pouvaient encore déceler, nulle trace évidente du passage d'une quelconque vie humaine. Cruel désert. La femme, d'un léger mouvement du bassin, intima à sa docile monture d'avancer, ce qu'elle fit sans rechigner. Elle aussi devait savoir qu'au bout du chemin se trouvait l'eau et la nourriture, et elle était probablement pressée d'arriver à destination. A l'attention de Garnaïl, Elwyn ajouta :

- Vous m'en direz davantage ce soir. Pour l'heure, économisons nos forces. Nous allons en avoir besoin.


~ ~ ~ ~


Tandis qu'ils progressaient, à un rythme constant et particulièrement lent, Elwyn sentit son corps se détendre progressivement. C'était une des seules techniques pour survivre dans un tel environnement. Progressivement couper le contact qui existait encore le corps et l'esprit, pour ne pas être envahi par la souffrance, le sentiment d'oppression que l'on ressentait dans le désert, et par la monotonie du voyage. La femme passait et repassait dans sa tête la dernière phrase du Politicien, cherchant à y déceler une information sur ses véritables intentions. "Hélas, je n'ai pas de femme". Devait-elle considérer qu'il n'avait jamais trouvé femme qui lui convienne, et qu'il regrettait cet état de fait ? A moins qu'il n'ait rencontré la perle rare, mais qu'il n'ait jamais osé le lui dire. D'autres éventualités plus sombres étaient possibles, car les guerres et les razzias privaient beaucoup d'individus de leur moitié. Cela dit, avec Garnaïl, il était difficile de dire quelle était la bonne solution. De toutes façons, se dit la femme blonde, en tant que chef de clan, jouissant d'une autorité et d'un prestige rare, et en plus étant doué d'un esprit vif et d'un certain sens de l'humour, il devait pouvoir séduire qui il voulait parmi la foule de courtisanes qui devait se presser à sa porte. Oui, probablement.

Le désert avait quelque chose d'affligeant, à cause de la nature morne de son paysage désolé. Où que se portât le regard, il y avait du sable à perte de vue. Une masse jaune, qui s'étendait jusqu'à céder la place à une masse bleue qui n'avait rien de marine. Nul arbre, nul cours d'eau, nul petit animal qui venait rompre un peu la monotonie du voyage. Même les oiseaux semblaient avoir disparu. Et pourtant, Elwyn savait qu'il en existait. Lorsqu'il y avait des guerres, ils apparaissaient de nulle part, quittant leurs perchoirs derrière les nuages pour venir faire ripaille des chairs des morts. La fin que chacun pouvait attendre, s'il mourait dans ces plaines sablonneuses, à moins qu'il ait la chance d'appartenir à un clan. C'était la seule option si l'on voulait être mis en terre avec un peu de dignité. La femme était absorbée par ses pensées, qui étaient toujours les mêmes, chaque fois qu'elle arpentait le désert. Sans cesse, elle revenait à la nature de cet endroit purement et simplement vide et hostile à toute vie. Quel genre d'environnement pouvait ainsi prendre plaisir à rejeter les arbres, l'eau, le chant des rossignols, et la complainte des loups ? Et quel genre d'hommes pouvait bien persister à vivre ici, alors qu'il leur aurait été tellement facile de s'exiler à l'Ouest, pour y trouver des terres fertiles, des climats doux, et de l'eau à foison ? Elwyn était restée longtemps sans comprendre. Et puis un jour la réponse lui était venue : les hommes qui vivaient là le faisaient parce qu'ils l'avaient choisi. Parce que la difficulté ne leur faisait pas peur, et parce que bien qu'inhospitalière, c'était leur foyer et leur terre chérie. Ils semblaient ne rien envier aux autres peuples, qui il est vrai, jouissaient peut-être d'un confort supérieur. Au lieu de quoi, ils revendiquaient avec fierté leurs origines orientales, en tirant une fierté exacerbée qui caractérisait particulièrement bien les gens de ces contrées. Et Elwyn, bien que demeurant étrangère par naissance à cet endroit, était fière de dire qu'elle appartenait désormais à un clan...qu'elle faisait partie de leur famille.

La femme revint brutalement à la réalité lorsqu'elle se sentit basculer sur le côté. Ce n'était pas grand-chose, mais elle sursauta néanmoins, surprise. Elle s'était endormie en selle ! Cela ne lui arrivait pas souvent. D'ordinaire, elle était plutôt sujette aux somnolences, comme un peu tout le monde. Elle cligna plusieurs fois des yeux, cherchant à retrouver un peu d'énergie. Elle ignorait combien de temps elle était restée assoupie, mais toujours est-il que sa monture suivait toujours la trajectoire définie par l'éclaireur, quelques mètres en avant du groupe. La force de l'habitude, sûrement. A moins que Garnaïl n'ait temporairement pris les choses en main. Comment savoir ? Elle se redressa néanmoins, contrariée d'avoir abandonné l'état de relaxation dans lequel elle se trouvait pour retrouver les sensations désagréables qu'imposait le corps à l'esprit. Elle prit douloureusement conscience que son épaule la lançait toujours, se rendit compte qu'elle avait probablement dodeliné de la tête dans son sommeil, à cause de la tension qui lui vrillait la nuque, et qui s'étendait dans toute sa colonne vertébrale. Enfin, les joies du cavalier étant ce qu'elles sont, elle ne parvenait plus à trouver une position dans laquelle son séant ne la fasse souffrir. Respirant profondément pour penser à autre chose, elle se concentra sur la première chose qui se porta sous son regard : la crinière de son cheval. Elle fixa toute son attention dessus, essayant de compter le nombre de crins. Exercice particulièrement périlleux qui eut au moins le mérite de lui permettre de replonger dans son état d'hébétude.


~ ~ ~ ~


Elle en sortit à nouveau quand Akbar fit s'arrêter toute la colonne pour camper. Il avait décidé, en bon meneur, de faire stopper sa troupe sur un endroit relativement plat et dégagé. S'abriter près d'une butte était une stratégie parfois payante, qui avait l'avantage de protéger des tempêtes de sable qui n'étaient pas rares dans cette région. Mais le principal danger, ici, n'était pas les tempêtes de sable. Plus ils se rapprocheraient des villes, plus ils auraient de chances de tomber sur des bandits prêts à les attaquer à la faveur de la nuit. Ainsi, pour faciliter le travail des sentinelles, il valait mieux se placer là où personne ne pouvait approcher sans être vu. Prudence, toujours prudence. D'autant qu'ainsi placés, ils montraient clairement qu'ils n'étaient pas effrayés. Epuisée, Elwyn descendit de selle sans prendre le temps d'admirer à sa juste valeur le choix tactique du chef de groupe. Il lui pardonnerait cela. Elle était fourbue, et avait l'impression qu'on lui avait greffé une barre d'acier en guise de colonne vertébrale. Les autres cavaliers n'étaient pas dans un meilleur état, mais malgré la fatigue, le moral semblait au beau fixe. La nuit n'était pas encore tombée, mais le soleil avait presque achevé sa course, aussi fallait-il se dépêcher. La force de l'habitude prit le pas sur la lassitude individuelle, et en quelques dizaines de minutes, les tentes furent montées, le feu fut allumé, et tout le monde se rassembla pour manger aussi copieusement qu'il l'était possible sur ces terres arides.

Akbar était occupé à désigner lesquels des hommes allaient être postés en sentinelle. Certains, courageux, se portaient volontaires pour le premier tour de garde. Ils avaient peut-être mieux supporté que d'autres la journée de cheval. Il y avait des jours comme ça où les choses semblaient aller mieux, et puis d'autres où la journée semblait interminable. Au bout d'un moment, le chef du groupe s'approcha de Garnaïl et Elwyn, qui s'étaient assis côte à côte en attendant que leur repas leur fut servi.

~~ Tu te sens capable de prendre le deuxième tour de garde ? ~~

La femme fit signe que non de la tête.

~~ Je préférerais prendre le dernier. J'ai besoin de me reposer un peu avant. Ca ira ? ~~

Akbar opina du chef, avant de se tourner vers Garnaïl. Dans un westron toujours aussi approximatif, et en s'aidant de ses mains pour se faire comprendre, il lança :

- Ami. Vous pas être garde. Vous invité : dormir sans problème. Nous occuper de tout.

Il lança un sourire amical au natif d'Umbar, avant de prendre place en face de lui. Malgré la journée de voyage, il semblait en pleine forme, ce qui était très impressionnant. Elwyn aurait payé cher pour savoir s'il se sentait aussi épuisé qu'elle et qu'il le cachait bien, ou bien s'il était vraiment insensible aux journées de marche sous le soleil. On leur servit bientôt leur repas, et ils commencèrent à manger tranquillement. Dès les premières bouchées, les conversations fleurirent, comme si les mots avaient attendu d'être sustentés pour franchir les lèvres gercées de leurs propriétaires épuisés par la longue marche de la journée. Elwyn ne fit pas abstraction :

- J'espère que vous vous sentez mieux que moi, cher ami. J'ai les jambes en coton, et mon épaule me lance un peu. Mais puisque nous arrivons demain, tout va bien.

Akbar hocha la tête, le nez dans son bol. Il avait une curieuse manière d'apparaître détaché tout en montrant qu'il écoutait attentivement la conversation. Un peu plus loin, un homme s'était levé pour raconter une histoire. Il parlait à voix basse, mais ses gestes étaient on ne peut plus éloquents, et il soulevait les éclats de rire discrets des hommes qui l'écoutaient. Elwyn reprit :

- J'ai eu la journée pour réfléchir à ce dont nous parlions ce matin. Vous vous exprimez bien dans la langue du Khand. Pour ma part, j'ai eu quelque difficulté à l'apprendre. Vous voyez, aucun des hommes ici ne parle couramment le Westron, et il m'aura été difficile de parvenir à tout saisir. Mais les années aident, n'est-ce pas ? Et vous ? L'avez-vous appris par l'intermédiaire d'un proche, ou bien seul ? J'ai entendu dire qu'il y avait une grande bibliothèque dans le Désert, mais je n'y ai jamais mis les pieds...

Elwyn plongea son regard profond dans celui de Garnaïl. Elle ne cherchait cependant pas à le défier. Seulement l'inviter à la conversation. Elle tentait de paraître naturelle, mais au fond d'elle-même elle espérait qu'elle ne l'avait pas trop brusqué en lui parlant de sa famille. Il semblait coupé de ses membres, mais qui pouvait lui garantir qu'il disait la vérité ? Qu'il ne mentait pas pour se protéger ? Elle plongea sa cuillère de bois dans son bol, sans guère de conviction. Akbar ne la regardait pas, trop occupé à sourire aux histoires que racontaient les hommes derrière, mais sa seule présence suffisait à faire peser sur ses épaules une certaine pression. Elle devait avant tout penser à l'intérêt du clan, et obtenir des informations précieuses concernant le Politicien. Le chef du groupe avait été on ne peut plus explicite, et elle ne pouvait pas se défiler. Décidant d'amener le sujet de manière délicate, elle lança l'air de rien :

- Ce matin, vous me disiez que votre famille était divisée...que certains pourraient même avoir envie de vous tuer... Alors qu'allez-vous faire, ensuite ? Vous avez des...des projets ? Des rêves ? Je...Loin de moi l'idée de vouloir vous chasser, bien entendu. C'est simplement ma curiosité qui parle.

Demi-mensonge, semi-vérité. C'était sa curiosité qui parlait, car elle désirait vraiment en savoir plus à propos de cet homme étrange qui n'inspirait pas totalement confiance aux hommes du clan. Mais d'un autre côté, Akbar, qui s'esclaffait silencieusement d'une imitation d'un guerrier du Gondor, était tout aussi intéressé par les réponses que Garnaïl avait à apporter. Et Elwyn, qui ne voyait pas dans l'homme un danger pour les siens, essayait de se convaincre que rien ne viendrait entacher cette vision. Elle l'espérait de tout cœur.

#Akbar
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