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Sujet: Sur les traces du régiment disparu
Mardil

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Rechercher dans: Annúminas   Tag davron sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Sur les traces du régiment disparu    Tag davron sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 16 Aoû 2015 - 22:19
Tag davron sur Bienvenue à Minas Tirith ! Davron10


- Et j’espère que tu seras bientôt en mesure de nous rendre visite. Tu nous manques plus que tu ne peux imaginer et ta sœur te réclame jour après jour. Néanmoins je sais que ta mission passe avant tout et je suis si fière de toi. Ta mère qui t’aime, Eleonora.

Davron tendit la missive au jeune homme qui essayait de rester impassible mais il était évident que cette lettre l’avait touché. Cependant, il souhaitait garder l’image d’un jeune homme viril qui se devait forcément de rester insensible. Davron se moquait éperdument de respecter un tel cliché et c’est sûrement la raison qui avait poussé le jeune soldat à lui demander à lui, et non pas à un autre de leurs camarades, de lui lire la lettre de sa mère, que lui-même ne pouvait lire. Comme beaucoup de gens issus du peuple, il n’avait jamais appris à lire et à écrire.

Cette marque de confiance faisait plus plaisir au jeune noble qu’il ne l’aurait avoué. Il était heureux de pouvoir rendre ce genre de menus services à ses compagnons soldats. De toute évidence, le fait qu’il ne portât ni jugement ni moquerie sur leurs réactions et qu’il ne parlât jamais à quiconque du contenu de ces lettres, avait considérablement augmenté sa popularité. A vrai dire, de nombreux soldats recherchaient sa compagnie malgré son air austère. Et lui-même acceptait de temps à autres de les accompagner dans une soirée de beuverie, bien qu’il ne bût qu’à petites gorgées et jamais assez pour s’enivrer.

Il n’était pas très réceptif à ce genre de camaraderie quelque peu brusque et à ces conversations avinées qui, immanquablement, débouchaient sur le soi-disant héroïsme du narrateur, qui n’avait sûrement jamais attaqué autre chose qu’un plat de nourriture, ou sur la supposée interminable liste de ses conquêtes féminines, sujet qui le mettait invariablement mal à l’aise. En revanche, il était la personne vers qui se tourner lorsqu’on avait le manque du pays, lorsque la peur de devoir se battre était la plus forte, lorsque les doutes ne laissaient plus la possibilité de trouver le sommeil.

En somme, il était apprécié et, quelques rares fois aussi, dénigré pour les mêmes raisons. Il était le confident, celui qui savait écouter sans porter de jugement, celui qui consolait aussi parfois. Mais personne ne savait vraiment qui il était. Il courait les rumeurs les plus folles sur son histoire qu’il n’avait jamais partagée avec personne. De toute évidence, il était noble. Cela se voyait à son maintien, à sa façon de parler et, bien sûr, à l’opulence de ses tenues et à la qualité de son équipement.

Mais que faisait-il au juste au sein de l’armée régulière ? Peut-être s’agissait-il du dernier fils d’une grande famille mais, le plus souvent, ces derniers étaient envoyés dans l’armée car leur famille était désargentée et ne pouvait subvenir à leurs besoins. L’autre hypothèse était qu’il avait été envoyé à l’armée en guise de punition, ce qui arrivait bien plus fréquemment qu’on aurait pu le croire. Ou bien, son père ou lui-même étaient simplement d’authentiques nobles arnoriens qui pensaient qu’un homme ne pouvait prétendre à ce titre qu’après une expérience militaire. Nul ne le savait et lui-même n’infirmait ni ne confirmait les rumeurs.

Il se savait apprécié et, plus important encore, respecté par ces hommes. Et il appréciait leur compagnie, leur honnêteté, leur simplicité même. Mais, pour autant, il n’oubliait pas qui il était, d’où il venait et ce qui lui était arrivé. Contrairement aux apparences, il n’était pas un jeune homme sage. Il avait beaucoup travaillé sur lui-même afin de refréner sa tendance à l’emportement et même son impertinence face à l’autorité. Il pensait y être parvenu mais il n’était pas satisfait.

Il n’était qu’un soldat parmi tant d’autres. Un peu plus calme, plus taciturne et plus introverti que la moyenne des jeunes gens. Un peu plus mature aussi peut-être. En tous cas, sûrement plus désenchanté que les autres. Il n’avait pas encore 20 ans et ne se faisait déjà plus aucune illusion sur le monde qui l’entourait. En particulier sur les êtres humains qui le peuplaient.

Avait-il souffert plus que d’autres pour en être arrivé à un tel niveau de désillusions ? Il ne le pensait pas. A force de discuter avec tant de jeunes hommes issus de milieux bien moins fortunés que le sien, il en était venu à comprendre qu’à bien des aspects, il avait bénéficié d’une enfance dorée. Et s’il était certain qu’il avait eu sa part de souffrances, aussi bien physiques que morales, il ne pouvait décemment se plaindre face à d’autres ayant eu moins de chance que lui.

Cela ne l’empêchait pas de ressasser le passé. Comme tant d’autres avant lui, il ne souhaitait avoir que ce qui était inaccessible. Cette décision de s’enrôler avait d’abord été un acte d’orgueil. Il voulait démontrer à tous qu’il pouvait s’élever, être respecté et obtenir un statut social encore plus élevé que celui de son père, même si ce dernier l’avait renié. Après 3 ans dans l’armée, il avait compris que ce rêve était illusoire et ne le grandissait nullement.

Ce n’était donc pas pour l’avancement qu’il s’était porté volontaire pour rejoindre l’expédition menée par le tribun Forlong Neldoreth. Il n’avait pas vraiment accompli quoi que ce soit d’important depuis qu’il avait rejoint l’armée. Il ne rêvait pas tant d’héroïsme que d’aventure. Cette aventure que, étant gamin, il avait passé des jours à imaginer et à appeler de ses vœux.

Il avait donc empaqueté l’essentiel pour cette mission, dont il ignorait tout mis à part qu’elle se déroulerait dans le grand nord, et avait fait ses adieux à ses compagnons. Non pas qu’il pensât mourir, loin de lui une idée aussi épouvantable, mais il comprenait les risques que représentait une telle aventure.

C’est d’un pas tranquille qu’il se dirigea vers l’auberge où le tribun attendait patiemment que les volontaires le rejoignent. Davron avait cru comprendre que seuls des volontaires seraient acceptés. La mission était-elle si dangereuse que cela ? Seul l’avenir le lui dirait mais il était confiant. Il était jeune et, comme tous les jeunes, l’hypothèse de sa propre mort ne semblait pas même envisageable. Il n’avait pas la naïveté de se croire éternel et n’était pas non plus un risque-tout mais la mort, c’était quelque chose qui arrivait aux autres, n’est-ce pas ?

Il pénétra enfin dans l’auberge et n’eût pas à se demander longtemps où il devait se rendre, repérant l’attroupement qui s’était formé autour d’un personnage qui ne pouvait être que le tribun. Il s’approcha lentement de ceux qui, pour les prochaines semaines au moins, seraient ses compagnons et s’inclina respectueusement devant eux, se présentant aussi bien au tribun qu’à toute l’assemblée.

- Davron Silverhill, pour vous servir.

Il attendit que les autres se présentent à leur tout, puis se tournant vers Forlong en personne, il poursuivit :

- Que puis-je faire pour vous aider, Monseigneur ?

Question bien impertinente, se rendit-il compte après l’avoir posée. Sa présence ferait-elle la moindre différence pour des hommes qui de toute évidence, semblaient tous bien plus expérimentés que lui? Cependant, s’il y avait bien une chose qu’il avait apprise en trois ans, c’était que le vieux proverbe était vrai : la valeur n’attendait pas le nombre des années.

#Davron
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