3 résultats trouvés pour Delilah

AuteurMessage
Sujet: [Event] Bal d'Edoras
Evart Praven

Réponses: 80
Vues: 1993

Rechercher dans: Meduseld   Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Event] Bal d'Edoras    Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 24 Fév 2024 - 23:22
[Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! Delila10

Cela faisait plusieurs jours que Delilah logeait à Edoras en prévision du Bal du Roi. Quelques semaines plus tôt, elle était à Annuminas pour une sombre affaire de la couronne dalite. A son âge, les incessants voyages qui étaient les siens commençaient à lui peser. Elle avait hâte de rentrer chez elle, surtout qu’Edoras ressemblait plus à une bourgade boueuse dans n’importe quel autre royaume de Terre du Milieu. Ainsi, son chambellan avait eu beaucoup de mal à trouver un logement digne de ce nom. Heureusement, elle avait amené son mobilier depuis Dale, cela facilitait sa vie en voyage.

En attendant, elle arpentait les ruelles d’Edoras pour rejoindre le Palais d’Or. Ces villes rohirrims la dégoûtait. On aurait dit un gros village. Cependant, les rohirrims étaient eux, un grand peuple de guerriers respectables. Delilah avait revêtu une splendide robe de soie noire et rouge et elle portait des magnifiques bijoux et pierreries, toutes importés des territoires nains. Après tout, y avait-il de meilleurs orfèvres en Terre du Milieu ? Une fois arrivée au sommet de la colline, Delilah profita du discours du chambellan du Roi. Tandis que tout le monde rentrait dans le grand hall, Delilah reconnut un visage qui lui était familier. Le marchand Fasdren était parmi les convives. Elle avait déjà eu l’occasion de le rencontrer à quelques reprises à Dale où il faisait des affaires. S’approchant de lui, elle constata qu’il était en discussion avec un homme à la barbe fournie mais cela n’empêcherait pas d’être polie :


- Bonsoir Messire Fasdren, cela fait si longtemps que je n’ai eu l’occasion de vous revoir à Dale. Comment vous portez vous ? Se retournant vers la personne avec qui il était en conversation, elle se coupa. Je vous prie de m’excuser, je ne me suis pas présenté. Dame Delilah Dubhghoill de Dale.


#Delilah
Sujet: Tractations à l'ombre du Carrock
Evart Praven

Réponses: 19
Vues: 1396

Rechercher dans: Carrock   Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tractations à l'ombre du Carrock    Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 8 Déc 2015 - 21:31
~ Delilah Dubhghoill ~

Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! Delila10
#Delilah

Depuis le couronnement du Roi Thorik, la vieille dame Dubhghoill vivait entre Erebor et Dale. Alors que le Roi et une partie de la Cour, principalement la partie masculine au demeurant, était parti guerroyé contre les orques à l'ouest, Delilah s'occupait à négocier avec ce qui restait de nains dans la Montagne Solitaire. Totalement opposée à l'intervention de Dale, mais également des nains, Delilah y voyait une lubbie d'un jeune monarque impétueux, déconnecté des réalités politiques du moment qu'un vieux Roi suivait pour resserrer les liens d'amitié entre les deux peuples. En plus, c'était pour lui l'occasion de combattre sans prendre le risque de s'impliquer dans les relations diplomatiques tumultueuses de la région. Et, pendant qu'ils s'amusaient à combattre dans les Montagnes, le Royaume du Rhûn prenait de plus en plus de puissance et menaçait Dale ainsi que son commerce, c'est à dire sa survie. Pendant ce temps, les Monts-de-Fer se vendaient au plus offrant et cela ne semblait déranger qu'elle. Des troupes et généraux partis, une menace de plus en plus pressante et tout le monde agissait comme si on pouvait se permettre de faire une chasse aux gobelins...

Lorsqu'elle était à Dale, Delilah enrageait. Elle avait déjà cassé plus de cinq vases qui coûtaient, chacun, une petite fortune. En plus la Cour tournait au ralenti en l'absence du Roi. Il y avait bien eu quelques dames qui l'avaient invitée mais la vieille dame n'aimait pas se retrouver au milieu de jeunes oies blanches qui ne pensaient qu'à leur prochaine parure, leur future toilette ou leur animal exotique préféré. Ses sujets insupportaient Delilah qui conservait le plaisir de la grandeur noble au lieu de cette vision de petite bourgeoise ébahie par l'argent. Fort heureusement, elle avait eu de nombreuses occasions de s'investir dans la vie politique. Maintenant que beaucoup étaient partis, elle avait plus de place. Ainsi elle avait mangé à de nombreuses reprises avec le régent en l'absence du Roi. En sous-main, elle essayait bien entendu de tracter en faveur du retour du Roi et de son armée ici, là où elle était nécessaire mais, pour le moment, c'était infructueux.

En parallèle, Delilah faisait beaucoup d'allers et retours chez les nains. Le couronnement et l'expédition avait lancé d'intenses discussions entre les deux peuples et Dame Dubhghoill y prenait part. D'un coté, elle avait beaucoup travaillé à convaincre le Grand Marchand Garin de mieux orienter ses choix. Déjà il semblait curieusement imperméable à la grande menace que représentait le comptoir rhûnien. Au mépris de toute logique, il voulait temporiser et avait tendance à s'en remettre aux dirigeants des divers peuples. Plus encore, Delilah faisait de son mieux pour augmenter l'influence de Dale dans la politique régionale de la Compagnie du Sud. Elle fournissait les plus puissantes compagnies mais avait peu de postes importants et d'influence. Elle avait d'ailleurs eu plusieurs entrevues houleuses avec Garin qui appréciait peu la vérité qu'elle faisait éclater à ses yeux. C'était à croire qu'il faudrait le faire empoisonner pour que les choses deviennent plus « logiques ».

En plus de cela, Delilah avait rencontré un certain nombre de dirigeants et chefs nains qui, fort heureusement, semblaient assez sensés pour critiquer, parfois à mots couverts, parfois ouvertement, la stratégie insensée de Thorik. Pour beaucoup d'entre eux, Belegil et Gundabad étaient perdus, définitivement aux mains des gobelins et les Naugrim n'avaient aucun intérêt à vouloir reprendre ses places-fortes. En fait Delilah se demandait si quelques milliers de nains seraient suffisant face à la trop nombreuse engeance gobeline.

Dans tous les cas, la situation éprouvait durement la vieille femme. Sur le plan physique, les voyages incessants l'épuisaient. Elle n'était plus la fringante jeune fille d'autrefois et il lui aurait fallu du repos voire prendre les eaux. Elle avait de plus en plus de mal à se déplacer et se traînait difficilement de la montagne à la ville. Alors qu'elle recevait quelques unes de ses amies pendant son bain, Delilah reçut une lettre qui n'allait certainement pas la mettre en joie. Elle était assez petite, pliée en quatre et cachetée du sceau du chef de la diplomatie dalite. Congédiant ses amies, elle ouvrit la missive qui lui demandait de partir au loin négocier avec le peuple du Gué de Carrock pour aider les peuples alliés dans leur guerre contre les gobelins. Froissant cette lettre porteuse de malheurs, la dame eut un léger évanouissement face à l'effort qu'on lui demandait encore de consentir. Se remettant de ses émotions, elle alla voir son expéditeur comme une furie déchaînée mais celui-ci fut inflexible et la demande émanait de plus haut encore. Ainsi il lui faudrait donc plier.

A dire vrai, la vieille femme n'avait pas connu de voyage aussi pénible depuis fort longtemps. Ayant prévu son affaire, elle s'était renseignée pour savoir si la route traversant la forêt était praticable et elle l'était. De son coté, elle arma donc une petite expédition avec un char de route, son âme damnée, son intendante et sa dame de chambre, des gardes et les domestiques nécessaires. Pendant ce voyage, Delilah avait eu quelque occasion de jauger ses compagnons de route. Le cousin du Roi Thorik ne semblait pas vraiment savoir ce qu'il faisait là tant sa réserve confinait à la gaucherie, il n'avait rien d'un diplomate. D'un autre côté, leurs interlocuteurs n'étaient pas non plus des gens appréciant les luttes feutrées des petits boudoirs élégants. Au final, cela pouvait être un avantage. L'elfe de Vertbois qui les accompagnait était lui dès plus mystérieux, il parlait peu mais portait beau et il paraissait intelligent. A mesure que les jours passaient, ce triumvirat de diplomates semblait de plus en plus étrange aux yeux de la vieille dame.

Après cette éprouvante aventure, qui ne semblait que commencer, la petite troupe fut arrêtée par les gardiens des lieux. De manière étonnante, Delilah éprouvait un certain respect pour ce peuple, peut-être pas de l'admiration, mais du respect. Voulant protéger ses traditions et ses membres, ils ne se préoccupaient que peu des choses du monde et réussissaient remarquablement la quête qu'ils s'étaient fixer : protéger leur peuple. Parvenant sans peine à convaincre les sentinelles, la délégation fut amené dans une belle demeure qui était à l'image de ce peuple : d'une élégante simplicité, solide tel un roc et mystérieuse. Les trois diplomates purent rentrer et s'installer à la table des béornides. Ils étaient six dont leur chef : Varbeorn qui n'était pas un vrai chef, en tout cas pas un Roi au sens dalite du terme. Même si sa mémoire n'était plus ce qu'elle était autrefois, il lui semblait bien reconnaître l'homme qu'elle avait vu vingt ans plus tôt, à moins que ce ne fut un peu plus. Ils avaient à peu près le même âge à l'époque. En hôte poli, il se présenta ainsi que ses compagnons, tout comme le fit Harok qui, après tout, était sensé mener cette délégation. Puis ils échangèrent quelques politesses :


- Il me semble que nous nous ne sommes pas vu depuis près de vingt ans, Seigneur Varbeon. Ce devait être peu de temps avant la mort de votre père. C'était un homme que je respectais infiniment, sa mort m'a beaucoup attristé.

Malheureusement pour eux, Delilah fut prise de court par le représentant elfe. Elle avait toujours cru qu'il était intelligent, on avait toujours tendance à mettre les elfes sur un piédestal, mais le capitaine elfe faisait preuve d'un amateurisme assez impressionnant. Si c'était pour mettre les alliés en situation de faiblesse dès la première discussion sérieuse, il aurait mieux fait de rester chez lui à manger des fruits et de la salade. Se maîtrisant parfaitement, Delilah continua d’une voix calme et posée :

- Comme vous l’a dit Messire Lomion, la situation au Nord est plus que délicate. Les gobelins ont multiplié leurs agressions et raids ses derniers temps. Les nains ont courageusement repris la lutte contre eux mais, présentement, la situation militaire des alliés est … délicate. Comme par le passé, nous en appelons à vous et à votre aide. Il fut une lointaine époque où vous et votre peuple nous avait grandement aidés et nous pensons que vous le pouvez à nouveau dans l’intérêt de tous les peuples de ce versant des Monts Brumeux.

Après cette tirade, pourtant assez courte, Delilah eut un petit mouvement en arrière sur son siège. Elle était une vieille femme fatiguée par un si long voyage et, dans un esprit assez manipulateur, elle n’hésitait pas à montrer toute la violence qu’elle se faisait en menant ses négociations. Elle était tout à fait épuisée par le voyage mais elle parvenait, au prix de toute son énergie, à mener cette négociation. Cette réalité, elle la laissait entrevoir pour s’en servir comme d’un avantage dans cette négociation qui n’avait rien d’évidente …
Sujet: Le nouveau Roi sous la Montagne
Evart Praven

Réponses: 8
Vues: 1710

Rechercher dans: La Grande Chambre de Thrór   Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le nouveau Roi sous la Montagne    Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 9 Sep 2015 - 13:25
~ Delilah Dubhghoill ~

Tag delilah sur Bienvenue à Minas Tirith ! Delila10

- Alderwild ! Alderwild ! Où êtes vous ?

Parcourant en long et en large l'entrée majestueuse de la demeure des Dubhghoill, Delilah distribuait les ordres. Il fallait que tout soit prêt et convenable pour leur départ à Erebor. La délégation de Dale était de loin la plus importante des ambassades humaines étant donné les la distance et les relations privilégiées qu'entretenaient la douce cité marchande et la majestueuse cité naine. Même si elle n'avait jamais eu besoin d'argent pour se motiver, la vieille dame avait des intérêts énormes dans les compagnies qui faisaient commerce avec les nains et les royaumes plus éloignés. En l’occurrence, il était important pour le royaume qu'il tienne son rang et elle avait tout intérêt à ce que ça se passe le mieux possible -pour sa part en tout cas- si elle voulait tenir rang. Toute sa maison ou presque devait se déplacer jusqu'à la Montagne Solitaire. Son mari était à la tête de la garde qui devait escorter l'ambassade, son fils en faisait parti et sa fille venait avec son mari -un noble influent du gouvernement de Sa Majesté-. C'était quasiment une trentaine de personnes qui partaient avec eux dont une bonne part de serviteurs qui avaient même reçus de nouvelles livrées pour l'occasion. Ce qui l'occupait pour le moment était sa petite boite. Il ne fallait surtout pas l'oublier car Delilah ne voyageait jamais sans elle.

Tout à coup son homme de confiance apparut. Alderwild n'avait jamais été la grâce incarnée. Assez grand, il avait rudement souffert de la guerre : une cicatrice lui barrait l’œil droit, sa tempe gauche avait été brûlée au fer, sa mâchoire était quelque peu déformée et il boitillait légèrement. Comme il devait sa survie à la vieille femme, il était d'une loyauté absolue. Comme il était très efficace, Delilah se montrait elle très généreuse. C'était une sorte de partenariat convenable pour tout le monde. Puis il avait une qualité très agréable aux yeux de la vieille dame : il parlait peu. Elle détestait les jacasseries et les interminables discussions de bonnes femmes. Finissant de lire la liste de ce qu'ils devaient emporter, elle se tourna vers lui. Beaucoup de grandes dames de la cité auraient trouvé la situation à la fois excitante et épuisante tant elles étaient peu habituées à faire quoique ce soit. Ayant été dans des situations bien plus délicates et stressantes, Delilah avait un ton blasé lorsqu'elle demanda :


- Vous n'oublierez pas ma petite boite. Elle est sur la coiffeuse à l'étage. J'en ai absolument besoin pour partir et je dois l'avoir à portée de main. Faites attention, c'est fragile.

- Je le ferai au dernier moment madame. Je ne voudrais pas qu'il lui arrivât quoique ce soit.


Retournant à ses occupations, dame Dubhgboill bénit son brave homme. Il pensait toujours à tout et prêtait une extrême attention à tout ce qui pouvait lui importer. Employer un homme de confiance en étant une femme était peu orthodoxe mais quand même pratique. De toute façon, qui pouvait penser qu'il se passait quelque chose entre eux deux tant il était disgracieux ? Tout était à peu prêt quand son époux arriva et leur déclara qu'il était temps de partir.

~ ~ ~ ~ ~

Cela faisait quelques heures que Delilah était trimbalée dans sa litière. Elle n'avait jamais aimé se déplacer tant les transports en Terre du Milieu étaient malcommodes. Le seul voyage qui trouvait grâce à ses yeux était pour rejoindre Esgaroth. Il était facile de descendre et remonter le fleuve en barge avec tout le confort, le calme et la sérénité nécessaires. Pour le moment, elle devait subir les cahots de la route, le pas lent des chevaux qui portaient sa litière, l'odeur incommodante d'une telle colonne d'hommes et bêtes ainsi que la poussière soulevée. Elle avait beau avoir calfeutré toutes les ouvertures, cette maudite poussière parvenait à s'infiltrer par Melkor savait quelle petite ouverture. Allongé sur ses couvertures, Delilah se mit frénétiquement à chercher sa petite boite. Elle avait déjà vérifiée qu'elle était là mais elle avait eu un doute étrange. Sous ses coussins, elle retrouva sa petite boite scellée. Elle avait payé très cher ce coffre qu'elle avait fait forgée chez les nains. Elle était censée lui offrir la meilleure sécurité possible avec des serrures de première qualité et même des mécanismes secrets. Plein de précautions, les doigts crochus de la vieille dame défirent un à un les mécanismes pour vérifier que tout était là.

Refermant sa boite, Delilah s'intéressa à un grand verre d'argent qui traînait dans un coin de sa litière. C'était une sorte de potion que sa femme de chambre faisait à partir de diverses herbes et d'autres ingrédients comme de l'ambre en poudre, un petit morceau d'ivoire qui était sensé être extrait d'une dent de dragon et divers autres produits. Tout à fait mauvaise en goût, cette potion était très amère mais elle avait le mérite de calmer les douleurs de la vieille femme et de la reposer. Elle avait bien besoin de ça car le voyage avait tendance à l'épuiser. Elle ne manquait certainement pas d'énergie mais elle était vieille tout de même. D'un coté, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle même car elle avait intrigué ferme pour que son époux ait un poste important dans la délégation de Dale. A la cour du Roi, le prestige d'une lignée se mesurait à l'aune de son faste et de son prestige. Homme de confiance de Sa Majesté, son mari s'occupait du prestige. Femme intelligente et appréciée, Delilah s'occupait du faste.

Pendant un court instant, la vieille femme se rappela sa lointaine jeunesse. C'était une époque douce et heureuse où elle avait organisée pour la famille Dubghboill la plus belle et somptueuse fête qu'il fut donné de voir à Dale pendant de nombreuses années. A cette époque elle ressemblait à peu près au tableau raté que son père avait faire avant son mariage, le sourire en plus. Cette fête avait été somptueuse. Toute la soirée, on avait tiré des feux d'artifice, la demeure s'était emplie de splendides machines dorées à la feuille d'or qui faisaient des tours de magie, présentaient des plats ou amusaient simplement l’œil, les jardins avaient été illuminés par une multitude de petits ballons portant des bougies. Elle se souvenait encore des somptueux costumes de toute la plus haute noblesse de la ville. Qu'est ce qu'on avait pas dépensé pour cuisiner les plats les plus raffinés, faire venir les mets les plus exotiques et proposer les entremets les plus spectaculaires. Comme tout avait été beau ce jour-là. C'était à cette époque que l'art de vivre avait atteint son firmament. Dale avait toujours été réputé pour sa douceur de vie, pour l'habileté de ses artisans, tailleurs... En fait tout y était simple. Les grandes compagnies marchandes s'occupaient du grand commerce entre les cités naines et les royaumes des peuples libres. Elles enrichissaient considérablement la haute société de la ville qui dépensait sa fortune en fêtes et en pièces d'art. Se faisant, elle redistribuait cette manne à l'ensemble de la ville qui vivait mieux que bien des cités de Terre du Milieu. Avec une pointe de nostalgie, Delilah se rappelait encore de sa toilette lors de ce bal masqué. Elle était habillée en dame des roses avec une splendide robe de damas aux motifs floraux et un grand masque de cuivre et d'or aux traits de la plus parfaite des dames surmonté d'un chapeau aux roses dorées et rouges. Jamais elle ne retrouverait les plaisirs de cette époque et quand bien même cela serait possible, son âme était maintenant trop noire pour les apprécier.

Alors qu'ils arrivaient à proximité de la Montagne Solitaire, une sorte de frisson prit la colonne de Dale. Erebor était toujours aussi majestueuse lorsqu'on s'approchait et elle faisait toujours son petit effet. A travers les carreaux qu'elle avait fait aménagée sur sa litière, Delilah pouvait voir les majestueuses portes de la puissante cité naine. Tout ici évoquait la puissance et la solidité du peuple sous la montagne. Il était toujours si étrange de voir cette caravane qui semblait interminable s'enfoncer et disparaître dans la falaise. Moins d'une demi-heure plus tard, Delilah aussi s'enfonçait dans l'obscurité. Ils étaient enfin à Erebor.


~ ~ ~ ~ ~

Les quartiers de la délégation de Dale étaient extrêmement luxueux. On pouvait sentir les liens privilégiés qui unissaient les deux cités. Comme à son habitude, Delilah gérait le déchargement des nombreuses malles de sa maison mais elle participait aussi à l'affectation des logements et au fonctionnement général de la délégation. Le temps et son aptitude naturelle à la gestion lui régulièrement donné un rôle d'intendante officieuse qui lui offrait une place tout à fait intéressante à la Cour. A la fois à l'intérieur du système sans y être officiellement, elle était devenue une sorte d'agent d'influence et de courtier géant pour la politique du royaume. Bien entendu, la vieille dame était ravie d'avoir ce poste qui lui permettait de tisser un réseau de connaissances bien utile, d'obtenir un vrai pouvoir tout en préservant son besoin maladif du secret et de la discrétion. C'était aussi pour cela que, à peine installée dans ses appartements provisoires, elle avait reçu des demandes d'entrevue.

La première d'entre elles était pour le Grand Marchand Garin qui représentait le Nord au sein de la Compagnie du Sud. A dire vrai, Delilah n'avait jamais aimé ce nain qui avait usurpé ce qui devait revenir à Dale. La majorité des compagnies et banques naines ne faisaient pas partie de la Compagnie du Sud. Celle-ci n'avait même aucune influence sous les montagnes. Néanmoins, pour des raisons purement politiques et pour consolider les liens entre le Haut-Royaume et les nains, on avait nommé un Grand Marchand nain. C'était donc un nain, avec relativement peu d'influence chez les siens, qui « faisaient » la loi chez les grandes compagnies marchandes de Dale. Cette situation avait toujours profondément choquée la vieille dame qui s'était battue pour que les grandes compagnies de la cité monnaye leur soutien à la Compagnie en échange d'un poste de Grand Marchand mais les dissensions internes et la pusillanimité des dirigeants avaient miné toute revendication. Malgré le peu de sympathie qu'elle éprouvait pour lui, Garin fut reçu avec tous les honneurs dus à son rang :


- Maître Garin, il ne pourrait me faire plus plaisir de vous voir.

- Moi de même, Dame Delilah. Il y avait si longtemps que nous ne nous étions pas parlé.


Invitant son interlocuteur dans le petit salon, la vieille dame s'empressa de demander son pardon pour l'incroyable bazar qui y régnait. Certes les meubles de Dale y avaient été déposés mais de nombreuses malles traînaient ça et là. Invitant le Grand Marchand à s'asseoir dans un des fauteuils qu'elle avait fait faire spécialement pour des nains chez l'un des meilleurs ébénistes de la ville, Delilah lui proposa également une eau-de-vie du Sud que, disait-on, il prisait fort. Sachant parfaitement mettre à l'aise ses interlocuteurs, la vieille femme put commencer les choses sérieuses peu après. De nombreuses affaires l'inquiétaient et il lui fallait s'entretenir avec le Grand Marchand des nains et de Dale. Sa principale source d'inquiétude était bien entendu ce fameux comptoir que le Rhûn avait installé le long du fleuve. En violation de toutes les conventions et les coutumes, le royaume de l'Est menaçait le commerce Entre les riches villes du Nord qu'elles soient naines ou humaines et les pays du Sud. Défendant toujours âprement ses intérêts, Delilah voulait convaincre Garin de s'impliquer plus activement dans les politiques locales pour prendre à bras le corps ce problème. La conversation allait être longue …

~ ~ ~ ~ ~

Enfin l'heure du couronnement vint. Toute la délégation de Dale avait sorti ses meilleurs ornements. Les gardes avaient lustrés leurs plus belles armures, les femmes s'étaient parées de leurs plus précieux atours et les hommes portaient leurs plus beaux habits. Menant toute l'ambassade, le Roi Gudmund tenait fièrement son rang de plus proche allié d'Erebor. D'un pas lent et solennel, les hommes de Dale prirent position dans la majestueuse grande salle de la capitale naine. Nombreux étaient ceux qui n'avaient jamais vu cette splendide salle dont la majesté dépassait ce que tous les Hommes pouvaient espérer faire. Assise au premier rang, Delilah attendait patiemment le début de la cérémonie. Voir le couronnement du Roi des Nains n'était pas une chose qu'on voyait souvent et beaucoup de gens étaient passablement excités. Ce n'était pas tout à fait le cas de la vieille dame qui, maintenant, était toujours plus ou moins blasée et cynique.

La cérémonie en elle-même fut incroyablement longue. Tout y était millimétré depuis les interventions des différents orateurs jusqu'au placement des personnes. D'un point de vue strictement organisationnel, c'était tout à fait admirable. Les différents discours et rites étaient très convenus et solennels donc d'un intérêt très relatif. Le décorum permettait aux puissants de s'affirmer vis-à-vis des personnes qui leur étaient inférieures mais cela passait sur Delilah comme de l'eau sur les ailes d'un canard. Par contre, l'intervention du nouveau roi Thorik éveilla son intérêt. C'était souvent l'occasion de donner une direction politique à son royaume et cela ne manqua pas. Le souverain annonça à tous son intention de repartir en guerre contre les gobelins pour reprendre leurs antiques cités à Gundabad et Belegost. Ces vieilles lunes ne pouvaient qu'énerver la vieille dame. Pour elle, Dale avait tout intérêt à se défendre d'une attaque venant de l'Est comme le prouvait l'incident du comptoir. Pour cela, la ville avait besoin du soutien actif des nains. Cela semblait bien plus difficile maintenant que tous les efforts des Nains se porteraient dans les montagnes.

Lorsqu'il eut enfin fini son discours, Thorik fut longuement applaudi par la foule. Les vivats venaient de toute part dans la salle. La délégation de Dale était évidemment moins enthousiaste. Il y avait bien entendu ceux qui craignaient de perdre un soutien dans le face à face entre Dale et le Rhûn. Puis les personnes présentent étaient presque toutes issues de la plus haute noblesse ou bourgeoisie. Habitués à la retenue et à l'élégance, les nobles de Dale applaudissaient calmement le nouveau roi. Delilah trouvait même les exclamations de la foule assez déplacées et ridicules. L’apanage des petites gens certainement …
#Delilah
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: