4 résultats trouvés pour Emelyne

AuteurMessage
Sujet: Dans un trou vivait une prisonnière
Mardil

Réponses: 1
Vues: 544

Rechercher dans: Les Geôles   Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Dans un trou vivait une prisonnière    Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 7 Mar 2016 - 17:44

Elle ignorait depuis combien de temps elle était enfermée. Cela faisait plusieurs semaines qu’elle n’avait pas vu la lumière du jour. Elle s’obstinait à vivre pourtant, même si elle ne savait pas très bien pourquoi. L’espoir. Un mot. Une idée. Une folie. Et pourtant elle avait toujours le faible espoir de retrouver sa vie. Non, elle n’en demandait pas tant. Elle voulait juste retrouver une vie, n’importe quelle vie autre que la triste existence que le sort lui avait destinée. Elle voulait de nouveau sentir le soleil sur son visage et l’herbe sous ses pieds nus. Elle ne rêvait plus que de choses simples. Simples et belles. D’une beauté qu’elle n’avait pas su comprendre alors qu’elle était libre.

Pourquoi se bercer ainsi d’illusions ? Elle ne sortirait jamais des geôles de la Cité Blanche. Et pourtant, depuis qu’il était arrivé, sa vie était de nouveau devenue tolérable. Elle frissonna en repensant à ses premiers mois de détention. La prison n’avait pas été simple lorsqu’elle attendait son procès. L’absence d’intimité, l’ennui, les interrogatoires auxquels avaient succédé l’indifférence des gardes. Mais elle ne savait pas à quel point elle était chanceuse alors.

Depuis sa condamnation, elle avait été transférée dans les geôles. Pas de lumière du soleil, ses vêtements tombaient en lambeaux et elle était écorchée de partout à force de rester assise à même le sol dur et froid. La paillasse de sa cellule était dégoutante et l’odeur qui remontait du trou où elle faisait ses besoins était écœurante. Elle n’avait jamais été une grande mangeuse mais les rations suffisaient à peine à la maintenir en vie. Elle avait compris pourquoi les condamnés à vie ne tenaient pas longtemps. Personne ne se souciait de gens qui ne sortiraient plus jamais. Pourquoi dépenser du bon argent à les maintenir en vie ?

C’était donc là la justice de son pays ? Elle avait été condamnée sans preuve et ils la laissaient mourir à petit feu, privée de tout, privée du simple fait d’être encore un être humain. Elle ne niait pas être coupable mais personne ne méritait un tel châtiment. Elle n’était plus que l’ombre de la femme qu’elle avait été. Elle était sale, amaigrie au point d’avoir du mal à se déplacer. Elle ne se sentait plus une femme. Elle n’avait pas saigné depuis longtemps, son corps était trop affaibli pour lui permettre encore de concevoir un enfant.

C’était pour le mieux probablement. Personne ne se souciait d’elle et elle avait appris à craindre quiconque se souviendrait de son existence. Les geôliers n’hésitaient pas à assouvir leurs besoins les plus primaires avec les prisonnières. Elle avait cru être immunisée après tout ce qu’elle avait enduré lorsqu’elle était une professionnelle. Elle avait eu tort. Même les clients les plus ignobles lui paraissaient attentionnés en comparaison de ce qu’elle avait subi. C’est là qu’elle avait compris qu’elle n’était plus un être humain. Elle était un déchet dont pouvaient disposer à leur guise ses gardiens. Qui leur aurait dit quoi que ce soit ? Qui se souciait de ce qui pouvait arriver aux prisonniers ?

Elle avait pensé à mettre fin à ses jours. Si le manque de nourriture et la violence des gardes ne suffisaient pas à la tuer, elle n’avait qu’à s’en charger elle-même. Elle avait été sur le point de le faire. Et puis, il était arrivé. Sorge était le nouveau gardien responsable des geôles. Aux yeux d’Emelyne, il était un sauveur.

Il avait fait cesser les humiliations et les violences. Lorsqu’un garde avait voulu passer outre et s’en était de nouveau pris à elle, il l’avait rossé et présenté à la justice du Roi. Le viol était puni de mort, même s’il était commis sur une prisonnière. Personne ne l’avait plus touchée depuis ce jour. Certes la vie restait difficile. Les conditions de détention et la nourriture ne s’étaient pas améliorées mais Sorge semblait la traiter comme un être humain. Une prisonnière condamnée à la prison à vie certes, mais également un être doué de sensibilité. L’espoir. Le mot avait retrouvé son sens originel dans l’esprit d’Emelyne.

Un bruit de pas tira l’ancienne maquerelle de sa stupeur. Elle fût aveuglée par l’éclat d’une torche. Elle voyait si peu la lumière que la moindre clarté était douloureuse pour ses yeux. Elle entendit distinctement le bruit de la clé qui tournait dans la serrure avant de pouvoir retrouver l’usage de ses yeux. Puis sa voix s’éleva à côté d’elle.

- Je t’apporte ta ration.

Sorge. Le gentil Sorge qui l’avait délivrée de son enfer personnel. Délivrée n’était peut-être pas le terme approprié cela dit. Elle restait prisonnière mais elle était de nouveau une personne. Son sauveur aimait bien rester un peu avec elle pour discuter et elle appréciait ses visites quotidiennes. Elle l’aurait trouvé banal et sans intérêt dehors mais à l’intérieur de ces murs, il lui apparaissait comme l’homme le plus fascinant qu’elle n’ait jamais rencontré.

- Merci beaucoup.

Elle s’empara de l’écuelle qu’il lui tendait. Une soupe clairette dans laquelle flottait quelques légumes rachitiques et du gras de porc. Elle se dépêcha de manger. Elle savait par expérience que dès que le mélange refroidissait, la soupe devenait gluante et encore plus désagréable que lorsqu’elle était chaude. Un crouton de pain rassis et une grande cruche d’eau accompagnaient le breuvage. Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour engloutir le tout. Elle avait toujours aussi faim.

- J’aimerais tant pouvoir faire plus pour toi Emelyne.

- Tu en as déjà fait suffisamment. Sans toi, je ne serai déjà plus de ce monde.

- Je crains de n’avoir fait que retarder l’échéance…


La jeune femme ne répondit pas. Elle en était consciente. Son corps la trahissait déjà et la situation ne pourrait que se détériorer. L’une de ses molaires était tombée la veille. Les carences dont elle souffrait finiraient par la conduire au tombeau. Mais elle avait tellement peur de mourir. Malgré tout ce qui s’était passé, elle voulait croire que la situation pourrait s’améliorer. L’espoir. L’espoir était parfois la pire faiblesse de l’humanité.

- Et pourtant, je sais que je pourrais faire plus pour toi Emelyne.

Le ton de la voix du gardien avait changé. Elle y décelait quelque chose de plus, une chose nouvelle qu’elle n’avait pas su voir avant. Il avait besoin d’elle et elle dépendait entièrement de lui. N’avait-il écarté les autres que pour être le seul à la posséder ? Un frisson la parcourût à cette idée. Son cauchemar ne prendrait-il jamais fin ?

- Ton quotidien pourrait grandement s’améliorer si tu acceptais une simple faveur…

- Laquelle ?

- Tout ce que je te demande c’est de me dire tout ce que tu sais des derniers mois de la vie de ton ancien associé Mardil…
Sujet: Les alliés se monnayent à bon prix
Mardil

Réponses: 22
Vues: 1289

Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les alliés se monnayent à bon prix    Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 10 Jan 2015 - 17:25

Emelyne n’avait accepté cette entrevue que parce qu’elle précédait une réunion du Cercle. Elle ne pensait pas que Vipère la tuerait dans sa propre demeure alors que ses hommes patientaient dans la salle d’à côté et il semblait bien qu’elle ait eu raison. Malgré tout, son associé, qui avait retiré le tissu qui lui recouvrait habituellement le visage, ne semblait pas ravi. Elle ne lui fit pas l’offense de lui demander pourquoi. Elle se doutait bien que son implication dans le meurtre de Méneï et la présence des haradrims dans la cité serait révélée tôt ou tard mais elle préférait le laisser porter ses accusations afin de ne pas trop en dire. A vrai dire, elle aurait pensé qu’il serait plus furieux qu’il ne l’était.

- Te rends-tu bien compte de ce que tu as provoqué ?

- J’ai protégé mes intérêts ainsi que les tiens. Tu avais autant à bénéficier de la mort de Méneï que moi.

- Je me fiche bien de la mort de Méneï. C’était un idiot, utile certes, mais je reconnais que nous sommes parfaitement capables de gérer notre commerce sans lui. Tu n’aurais pas dû le faire tuer derrière mon dos cela dit.

- Le faire tuer ? Mais je m’en suis chargée moi-même.


Elle avait dit cela sans dissimuler la fierté et le plaisir qu’elle avait ressenti en prenant cette vie. Elle avait toujours trouvé que la violence des hommes n’était pas justifiée mais elle n’avait jamais eu l’occasion d’essayer. Jusqu’à l’arrivée dans sa vie de Vipère et de Sinove qui avaient décidé de la laisser tuer l’assassin d’Elgyn. Ce n’est que là qu’elle avait compris la jouissance extrême que pouvait ressentir les hommes en prenant une vie. Avoir du pouvoir sur les autres. Elle avait enfin compris totalement le sens de cette expression.

- Et quand as-tu prévu de m’éliminer à mon tour ? Je sais parfaitement que tu emploies Sinove en ce moment et je n’ai aucun mal à imaginer pourquoi.

- Penses-tu vraiment que si je lui avais ordonné de te tuer tu serais encore en vie ? Je ne l’ai engagée que pour ma protection.

- Je n’ai pas l’intention de t’éliminer. Et si tu avais réfléchi un peu avant de te lancer dans cette entreprise inconsidérée avec les trafiquants haradrims, tu aurais compris aussi que ce n’est pas dans ton intérêt. Si nous sommes en guerre aujourd’hui c’est par ta faute.


Emelyne ne se donna pas la peine de répondre. Elle ne pouvait que reconnaître que les conséquences de son marché avec cette traînée de Jovia leur étaient plus que défavorables. Néanmoins elle se devait d’essayer. Elle savait qu’elle ne serait jamais tranquille tant qu’elle travaillerait avec Vipère. Elle avait désormais compris que son mouvement était prématuré mais elle ne regrettait pas pour autant sa décision.

- Nous n’avons pas d’autre choix que de détruire définitivement nos concurrents. Alors, et alors seulement, nous reparlerons de l’avenir de notre association.

- Et que ferais tu sans moi ? Si je disparais, je prendrais soin de détruire les listes de nos clients. Des clients très fortunés que tu auras du mal à contacter par toi-même vu que tu n’es qu’un vulgaire soldat, Mardil.

- Et si je viens à disparaître, que leur vendras-tu ? Les haradrims ne travailleront plus avec toi désormais et tu n’as aucun contact à l’est. Et laisse-moi te dire que si je meurs, mes associés à l’est ne te vendront plus jamais rien.

- Nous sommes donc condamnés à travailler ensemble.

- C’est exact. Alors je te suggère de stopper les manigances et de commencer à jouer franc jeu avec moi. Je vais donner l’exemple : Jovia est désormais mon agent infiltré chez les haradrims. A la prochaine réunion de leurs membres nous attaquerons et nous les détruirons.


////////////

La réunion touchait à sa fin. Nos hommes étaient désormais sur le qui vive, sachant que nous passerions à l’action très bientôt. Emelyne et moi étions apparus plus soudés que jamais, ce qui avait eu pour effet de les rassurer. Je me demandais à quel point ils se doutaient que tout n’était que comédie. Je ne pensais pas qu’Emelyne cesserait jamais de vouloir se débarrasser de moi. Elle ne serait satisfaite que lorsqu’elle serait seule aux commandes. J’étais toujours abasourdi de la façon déconcertante qu’elle avait eu de m’avouer le meurtre de notre associé. Il ne restait pas une trace de la femme craintive qu’Elgyn m’avait fait rencontrer quelques mois auparavant. Je commençais sérieusement à me demander si je n’avais pas créé un monstre. Un monstre qui risquait fort de me dévorer un jour prochain. Il m’était impossible de la contrôler et donc de lui faire confiance. Remonter un nouveau réseau disposant d’une telle clientèle serait un processus long et difficile. Il me fallait bien admettre que je ne pouvais me passer d’elle pour le moment.

Au moins nous étions sur la même longueur d’onde concernant les haradrims. Leur élimination pure et simple était notre meilleure carte à jouer. Ainsi nous prouverions à tous ceux qui voulaient s’installer à Minas Tirith que c’était impossible sans l’accord du Cercle. Je sortais à peine de la villa d’Emelyne lorsque je repérais des pas derrière moi. Je fis volte face et me rendis compte qu’il s’agissait de Lasseau. Il n’avait aucune intention hostile mais semblait vouloir discuter avec moi.

- Je croyais que vous deviez nous débarrasser de cette catin et non vous acoquiner avec elle.

- Surveille tes paroles. Je t’ai promis que je ferai la lumière sur la disparition de Méneï et qu’elle aurait ce qu’elle mérite mais tu dois comprendre que nous avons plus urgent à régler pour le moment.

- Avez vous au moins réussi à réunir des preuves contre elle ?

- Et depuis quand as tu besoin de preuves ? Je pensais que ton intime conviction te suffisait. C’est le cas en ce qui me concerne.

- Vous la pensez coupable ?

- Et quand bien même serait-elle innocente, quelle importance ?

- Je mettrais ma main au feu qu’elle est tout sauf innocente.


Je faillis lui répondre que c’était déjà fait dans mon cas mais le sens de l’humour n’était pas la qualité première de l’ancien lieutenant de Méneï. Et je devais m’avouer que c’était là une blague de très mauvais goût.

- Nous avons trop besoin d’elle et de ses hommes pour l’heure. Mais je peux te garantir qu’elle a déjà signé son arrêt de mort. Si tu veux être aux premières loges lorsque cela arrivera, tâche de m’obéir au doigt et à l’œil ces prochains jours.

Lasseau hocha la tête en silence et tourna les talons. Je repris mon chemin de mon côté en me disant que j’allais devoir ajouter un cadavre de plus à ma liste sitôt mes ennuis actuels résolus.

////////////

2 jours plus tard

Cela avait été encore plus rapide que je ne le croyais. Jovia avait pris contact avec moi quelques heures plus tôt et nous nous étions rencontrés. Elle était plus que nerveuse, terrifiée aurait été plus approprié. Néanmoins elle m’avait fourni les informations que je lui avais demandées. Les haradrims seraient tous réunis le lendemain soir dans une demeure abandonnée d’Osgilliath. Toute la troupe au grand complet serait là, soit une quinzaine d’hommes ainsi que les deux chefs. J’avais aussitôt prévenu Emelyne afin que nos hommes se réunissent le soir même. L’un des bordels les plus miteux de la cité nous servirait de lieu de rendez-vous. Il ne me restait plus qu’à prévenir Sinove mais ni Emelyne, ni moi ne savions comment la contacter.

Cependant j’avais eu le temps de réfléchir depuis ma dernière rencontre avec elle et les pièces du puzzle commençaient à se mettre en place. Je savais qu’un officier de l’armée avait des doutes sur moi et qu’il avait engagé une jeune fille très douée pour me suivre. Je savais également que Sinove ne travaillait pas seule dans la cité blanche. Et enfin la jeune fille en question m’avait furieusement fait penser à la tueuse à la cicatrice dans sa façon extrêmement prompte de se libérer de mon étreinte. De là à en conclure qu’elle travaillait aussi pour le temple sous les directives de Sinove il n’y avait qu’un pas.

Je comprenais bien les conséquences que cela entrainait pour moi. Si l’officier en question voulait utiliser la voie légale, les informations qu’il avait tirées de Sinove ne pourraient pas être utilisées telles quelles mais elles pouvaient le guider sur ma piste. Si il ne souhaitait pas passer par la voie officielle en revanche, alors ma prochaine rencontre avec Sinove serait peut être la dernière. Cependant je devais avouer qu’avoir la jeune tueuse à mes côtés dans l’expédition contre les haradrims serait un atout de poids. Et je pensais que Sinove accepterait un dernier contrat avant de chercher à me nuire. L’occasion pour moi de frapper alors qu’elle ne s’y attendait pas ?

Je n’avais pas encore la réponse à cette question mais si mes suppositions étaient bonnes alors j’étais probablement sous surveillance. Je me dirigeais donc vers une ruelle déserte et attendis quelques minutes. Rien ne semblait indiquer que j’étais suivi mais j’avais la certitude d’être épié.

- Dis lui que Scorpion et Vipère ont besoin de son aide. Dans deux heures au bordel d’Irvink.

Si j’étais suivi, ma fileuse ne fît pas l’erreur de se montrer à découvert, ni même de me laisser deviner sa présence. Elle apprenait rapidement et ne commettrait pas deux fois la même erreur. Si Sinove était bien présente à la réunion de ce soir, alors j’aurais visé juste. Mais peut être n’étais je qu’un espion paranoïaque qui parlait à voix haute dans le noir.

!!!!!!!!!!!!!

Il s’avéra en fin de compte que je n’étais pas paranoïaque. Lorsqu’Emelyne et moi fîmes notre apparition, Sinove était bien là. Elle se tenait très droite comme à son habitude et avait pris place dans le fond de la salle, au plus près de la sortie. Alors que tous nos hommes étaient réunis, un cercle vide l’entourait, comme un halo malsain autour d’une pestiférée. Au moins, ces hommes étaient assez intelligents pour se rendre compte que leur vie était menacée s’ils approchaient trop près de cette forme sombre et inquiétante parmi eux.

La réunion fût de courte durée. Le plan n’était pas très compliqué. Lasseau, moi-même et une douzaine d’hommes nous rendrions à la réunion des haradrims par la porte principale. Les hommes d’Emelyne, soit une vingtaine d’hommes armés en plus, passeraient par l’entrée latérale. La quinzaine d’haradrims réunis dans la vieille bâtisse n’aurait pas la moindre chance, en infériorité numérique et ne s’attendant pas à être attaquée. Nos hommes sortirent après avoir reçu leurs instructions et Emelyne et moi attendîmes que Sinove vienne nous parler. Nous avions réuni assez d’argent à nous deux pour que ce contrat soit intéressant à ses yeux. Et Emelyne devait lui annoncer que le contrat pour sa « protection » était terminé. J’avais préféré cette solution à celle d’éliminer la tueuse par surprise. J’essayais de me convaincre que c’était parce qu’elle était moins risquée mais au fond, je ne souhaitais pas lui faire du mal. J’avais toujours cette impression que nous étions liés l’un à l’autre et, si cette connexion me laissait perplexe, elle n’en était pas moins puissante.

Quant à l’implication de la tueuse dans l’affrontement du lendemain, je la laissais seule juge du groupe qu’elle souhaitait rejoindre. Elle serait de toute façon létale quelque soit l’endroit d’où elle surgirait.

////////////

Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! Emelyn11

Assise seule dans son salon privé, Emelyne pensait que l’entretien de ce soir avec Sinove s’était bien passé. Elle n’était pas convaincue qu’elle leur soit utile dans l’affrontement tant les chances étaient en défaveur des haradrims mais elle s’était rendue aux arguments de Vipère. N’empêche que la somme demandée avait été une fois de plus exorbitante. Elle ne comprenait pas bien la réticence du jeune homme à l’idée de se débarrasser de la tueuse. Elle n’avait pas les mêmes scrupules.

Elle reconnaissait que Sinove avait des capacités qui pouvaient leur être utiles mais elles pouvaient aussi bénéficier à leurs ennemis. C’est pourquoi elle n’avait pas hésité à demander à ses hommes d’éliminer la tueuse une fois les haradrims massacrés. Il était plus prudent de se retirer cette épine du pied avant que l’infection ne se propage.

/////////////

Le lendemain soir

- La réunion est presque terminée, ils s’apprêtent à bouger.

Je hochais rapidement la tête en direction de Lasseau. Il allait régulièrement surveiller l’avancée de la réunion en attendant que je me décide à donner un ordre. Tous les hommes étaient tendus et se demandaient si j’allais leur ordonner de se retirer ou si nous allions combattre quand même. Nous avions maintenant presque une heure de retard sur l’horaire programmé de l’assaut et ni les hommes d’Emelyne, ni Sinove n’étaient au rendez vous.

Je me creusais la tête pour essayer de comprendre ce qu’il s’était passé. Avaient ils décidé de me trahir ? Cela n’avait aucun sens. Tout ce que je savais c’était qu’une occasion comme celle-ci ne se représenterait pas deux fois. Il fallait que je prenne une décision tout de suite ou alors il serait top tard.

- En formation tout le monde ! Le moment est venu !

J’avais conscience que c’était risqué mais nous avions l’effet de surprise pour nous et j’avais besoin d’une victoire ce soir. Il me fallait plus que tout alléger ma liste d’ennemis. C’était à mes yeux la meilleure solution. Sauf que rien ne se passa comme prévu…

A peine entré dans la salle, je compris que quelque chose n’allait pas. Il ne s’agissait pas d’une réunion. Les haradrims étaient tournés face à l’entrée et leurs armes étaient dégainées. Les flèches volèrent avant que je ne puisse prévenir qui que ce soit. Je sus alors que j’avais été trahi. Emelyne ? Sinove ? Je n’aurais su le dire mais je ne voyais pas ce qu’elles auraient eu à y gagner. Je me jetais à terre et j’eus le temps d’apercevoir Jovia ligotée sur une chaise et bâillonnée. Je compris alors qui était la personne qui m’avait trahi. Lasseau avait passé la soirée à espionner les haradrims. Il avait forcément dû voir la situation dans laquelle se trouvait Jovia et que les trafiquants sudistes se tenaient prêts à attaquer. Je me retournai alors précipitamment juste à temps pour voir l’épée de Lasseau voler vers moi. Je roulai sur le côté et le coup me manqua de justesse.

J’analysai rapidement la situation. Lasseau avait regroupé des hommes autour de lui. En effet deux anciens employés de Méneï qui nous accompagnaient avaient tirés leurs armes contre nous. L’issue de l’affrontement ne faisait plus aucun doute mais je me relevai, dégainai mon épée et me précipitai vers Lasseau. La fureur décupla mes forces et je le heurtai de plein fouet. Je savais maintenant que la mort m’attendait mais je ferais en sorte de ne pas partir seul. Lasseau se releva promptement et repartit à l’attaque. J’esquivai sa passe suivante, inconscient du chaos qui régnait autour de moi et me concentrant uniquement sur mon adversaire. Tout se passa alors très vite. Il s’élança de nouveau vers moi et j’esquivais le coup facilement en me jetant en avant afin de me retrouver derrière lui. Il eût à peine le temps de se retourner et de lever son épée que je lui tranchai la main qui tenait son arme. Il tomba à genoux en hurlant et le coup suivant lui fendit le crâne en deux.

Je ne perdis pas de temps à savourer ma victoire car les haradrims étaient bien plus nombreux que nous avec la trahison de trois des nôtres plus la mort de tous ceux qui étaient tombés avec la première volée de flèches. Trois hommes m’encerclèrent et j’avais le plus grand mal à les garder devant moi. Il m’était impossible d’attaquer car leurs assauts étaient parfaitement coordonnés et sitôt que je bloquais une attaque je devais en éviter une autre. Mais au moment même où je parvins à désarmer l’un de mes adversaires, je le vis regarder derrière moi. La dernière chose que je vis fût le pommeau d’une épée lancé à toute allure vers ma tête.

///////////

Quelques heures plus tôt

Tous les yeux étaient rivés sur Prentiss. Malgré le nombre conséquent de soldats fort occupés à la défense de la Cité Blanche en cette période critique, c’est près d’une soixantaine d’hommes qu’on lui avait allouée. Le général Cartogan ne se souvenait que trop des mois sanglants qui avaient précédés cette période de calme, lorsque les trafiquants de drogues s’étaient livrés une guerre sans merci. Et il allait sans dire qu’il ne souhaitait pas que cette situation se reproduise. Sans preuve pour inculper Mardil, les chefs de Prentiss avaient refusé l’arrestation du jeune traître. Par contre, lorsqu’il leur avait dit qu’il pouvait leur livrer les chefs de l’organisation haradrims ainsi qu’un témoin qui pouvait identifier formellement le chef du Cercle, ils n’avaient pas hésité à lui faire confiance. La capture de Mardil en plus de celles des autres responsables serait un bonus personnel. La preuve à tous ceux qui avaient douté de lui qu’il avait vu juste depuis le début.

C’est pourquoi il se rendrait personnellement à cette réunion que les chefs haradrims organisaient à Osgilliath, avec à ses côtés une trentaine d’hommes. Il savait qu’il y capturerait la grande majorité de ses cibles. Il tenait donc à rappeler à ses hommes lesquelles étaient prioritaires.

- Vous avez sous les yeux des portraits des personnes en question. Cette femme, Jovia, est votre objectif numéro un. Il est primordial de lui faire quitter la zone de combat le plus vite possible. Elle est la seule à pouvoir témoigner contre les chefs du Cercle. Si elle venait à mourir, tous nos efforts seraient réduits à néant.

Son plan reposait sur la capture de son indicatrice car elle seule leur fournirait un témoignage contre Emelyne. Lorsqu’elle l’avait contacté pour lui donner le lieu et l’heure du rendez vous, elle lui avait expliqué en détail les menaces qu’elle avait subies. Elle n’avait pas pu voir le visage de « Vipère » mais elle avait largement de quoi incriminer Emelyne. Cependant Prentiss ne doutait pas que Mardil ferait parti des assaillants ce soir et il s’arrangerait pour le prendre sur le fait.

- Ces deux hommes, Hassem et Nérim, sont les chefs des trafiquants haradrims. Il faut, dans la mesure du possible, que vous les attrapiez vivants afin qu’ils subissent la justice du Roi.

Il se tourna vers son officier en second.

- Harpaut, vous êtes en charge de la deuxième équipe. Votre objectif est cette femme, Emelyne Salanda. Vous vous rendrez à sa villa afin de l’arrêter pour vente de drogues, intimidation, parjure dans l’affaire Mirallan et assassinat. D’après nos sources, elle est protégée par de nombreux hommes. Si elle refuse de vous suivre de son plein gré, vous avez carte blanche afin de l’y forcer.

Il ne lui restait plus qu’un détail à régler. Il avait raconté aux soldats qui avaient vu son étrange employée que c’était une criminelle qu’il tentait de manipuler afin d’obtenir des aveux. Ces derniers n’avaient eu aucun mal à le croire tant elle inspirait peu confiance. Jusqu’alors il ne savait pas trop ce qu’il convenait de faire d’elle. Après tout, elle lui avait apporté les informations demandées et même s’il répugnait avoir à travailler avec une criminelle, il était plus ou moins décidé à la laisser partir si elle promettait de ne plus remettre les pieds à Minas Tirith. Puis Jovia lui avait décrit la femme qui l’avait torturée.

Le fait de savoir qu’elle travaillait avec Vipère lui avait fait un choc. Il n’était désormais plus question de la laisser en paix. S’il pouvait toujours la faire arrêter pour association de malfaiteurs et enlèvement, elle en savait trop sur lui. Non, il fallait l’inculper d’un crime si horrible que tout le monde se retournerait contre elle. Et il avait justement ce qu’il fallait. Le meurtre des Dunarion avait durablement choqué les habitants de la capitale. On pouvait même aller jusqu’à dire que c’était cet événement qui avait déclenché la purge à Minas Tirith. Jamais les officiers de l’Arbre Blanc n’avaient eu un tel soutient populaire depuis les jours du Roi Elessar. Or les responsables de ces crimes odieux avaient pour toujours échappé à la justice du Roi, tués lâchement par des concurrents (lesquels s’apprêtaient à payer chèrement leur ambition dévorante). Et voilà que le destin lui avait envoyé l’un de ces monstres. Il ignorait si la jeune femme avait fait parti de l’expédition contre les Dunarion mais elle était de toute façon de connivence avec les meurtriers.

- Enfin, je vous demanderai à tous de bien étudier ce dernier portrait. Des copies en seront distribuées sous peu à l’ensemble de l’armée régulière et placardées dans toute la ville. Cette femme, aisément reconnaissable à cause de cette cicatrice qui lui barre le visage, est également impliquée dans le commerce illicite des précédentes cibles. Mais elle est surtout la dernière survivante des meurtriers ayant commis le massacre de la famille Dunarion. Pour l’honneur de tous les habitants de Minas Tirith, elle mérite d’être traduite devant la justice du Roi. Soyez sur vos gardes, elle est extrêmement dangereuse. Dès cet instant, chaque habitant, chaque personne résidant dans la Cité Blanche doit nous avertir immédiatement à la moindre de ses apparitions. Messieurs, je compte sur vous pour qu’elle ne quitte jamais cette cité.

/////////////

Lorsque j’ouvris les yeux j’avais horriblement mal à la tête. Je sentais la fine croûte de sang séché qui partait de ma tempe gauche et je grimaçais lorsque j’essayais de me redresser. J’avais les mains liées devant moi, ainsi que mes jambes, et je reposais à même le sol. Le tissu qui me recouvrait le visage avait disparu. Je tournais la tête vers mes geôliers qui discutaient sans me prêter la moindre attention.

- Nous devrions partir.

- Non pas tout de suite. Il faut d’abord que nous obtenions des informations.

- Je pense qu’elle nous a dit tout ce qu’elle savait.


Cette affirmation fût suivie du bruit sourd d’un corps qui s’écroule. Jovia était à terre et sanglotait doucement. Sa lèvre était fendue et elle arborait un énorme œil au beurre noir, probablement l’œuvre de Nérim qui avait l’air passablement furieux. J’en compris rapidement la raison à la vue du bain de sang qui m’entourait. Tous les hommes qui étaient venus avec moi étaient morts, aussi bien les trois traîtres que ceux qui m’étaient restés fidèles. Mais les haradrims avaient aussi subi de lourdes pertes car ils n’étaient plus qu’une dizaine et qu’Hassem n’était plus des leurs. Je souris un instant en voyant le cadavre de ce dernier. J’avais échoué mais je n’étais au moins pas ridicule dans la défaite.

- Mais nous n’avons plus d’informateur désormais. Nos assaillants auraient dus être plus nombreux. Les hommes de la maquerelle pourraient attaquer à tout moment. Et Jovia ne sait clairement rien à ce sujet.

- Nous avons quelqu’un d’autre qui pourrait nous renseigner,
sussura Nérim.

Les deux hommes se tournèrent vers moi et je soutins leur regard. S’ils espéraient me faire parler, ils risquaient fort d’être déçus. Et d’une car j’aurais préféré mourir que de leur révéler quoi que ce soit et de deux, car je n’avais pas la moindre idée de ce qui avait pu arriver à Emelyne et ses hommes. J’espérais toujours qu’ils allaient venir me délivrer mais s’ils avaient dus être là ce soir, ils se seraient déjà manifestés.

- Vous voulez me torturer ? Libre à vous. Mais ce temps sera perdu pour vous lorsque le reste de mes troupes débarquera.

- Il n’a pas tort Nérim. Nous ne savons pas pourquoi ils ne sont pas là. C’est peut être un piège.

- Ou alors son associée juge plus utile de se débarrasser de lui…

- Dans ce cas, elle attaquera bientôt et fera d’une pierre deux coups. Quoiqu’il se passe désormais, vous êtes condamnés.

- J’admire les fanfaronnades des désespérés. Mais vous marquez un point. Rester ici serait trop dangereux. Et vous torturer serait une perte de temps. Si vous mourrez ce soir, j’aurais déjà gagné la partie. Emelyne ne pourra rien faire sans vous et nous l’éliminerons en temps utile. Jhaz, tranche lui la gorge pendant que je me charge de la traitresse.


J’entendis à peine le cri que poussa Jovia à cette remarque, concentré uniquement sur le poignard que tendait le dénommé Jhaz qui se rapprochait de moi. Et alots que je pensais ma dernière heure arrivée, un grand fracas retentit en provenance de la porte principale et des hommes armés firent irruption dans la pièce. Je repris espoir un instant mais celui-ci disparut lorsque je reconnus l’uniforme des soldats de l’Arbre Blanc. Les haradrims se déportèrent vers cette nouvelle menace et deux d’entre eux foncèrent vers moi. J’avais déjà attrapé le poignard que je gardais caché, maintenu en place près de ma cheville, mais je n’aurais pas le temps de trancher mes liens.

Mais ce n’était pas moi qui les intéressai. Ils s’emparèrent de Jovia avec une rapidité déconcertante et lui firent quitter le bâtiment. Je profitais de ce court laps de temps pour couper les liens qui me retenaient prisonniers. Je ne fis pas l’erreur de chercher à me battre et tournai les talons en direction de la porte latérale. Jovia ne connaissait pas mon identité alors si je partais maintenant, elle ne pourrait m’incriminer. J’avais presque atteint la sortie lorsqu’un cri retentit derrière moi.

- MARDIL !!

Je reconnus la voix avant même de me retourner. Prentiss. J’avais enfin l’identité de la personne qui était après moi ces derniers temps mais il n’y avait nulle raison de s’en réjouir. Maintenant que les hommes présents m’avaient reconnu, je ne serais plus en sécurité nulle part. Je ne souhaitais pas pour autant abandonner le combat tout de suite mais pour tenter de me battre demain, il me fallait fuir tout de suite.

Je franchis la porte à tout va, conscient que les soldats du Gondor s’étaient lancés à ma poursuite. A chaque battement effréné de mon cœur, la douleur de ma tête devenait plus vivace mais si je ralentissais rien qu’un instant, c’était ma mort assurée. Mes poursuivants perdaient du terrain sur moi car j’avais l’avantage de ne pas porter d’armure mais ils étaient beaucoup plus nombreux et ils finiraient immanquablement par me barrer la route. Aussi, dès que j‘arrivais en vue de l’Anduin, je plongeais dans les eaux noires, me dissimulant ainsi aux yeux de mes poursuivants.

!!!!!!!!!!!!!!

Je grelottais dans mes vêtements trempés mais je ne m’arrêterais que lorsque j’aurais trouvé un abri sûr. J’avais essayé de quitter la cité mais les accès étaient gardés. Je me réfugiais alors dans l’une de très nombreuses demeures abandonnées d’Osgilliath. C’était l’avantage majeur de la cité. La fouiller de fond en comble prendrait un temps considérable et de très nombreux hommes. Pour l’heure je voulais juste réfléchir à ma situation et aux choix qui s’offraient à moi.

J’avais été trahi deux fois ce soir. Si Lasseau avait eu ce qu’il méritait, je jurais de me venger de Jovia, qui nous avait doublé, aussi bien ses employeurs qu’Emelyne et moi. Je comprenais mieux maintenant l’absence des hommes de l’ancienne prostituée. Emelyne était soit morte soit en prison à l’heure actuelle. Quant à l’absence de Sinove, je ne pouvais l’expliquer. M’avait-elle vendu à Prentiss ? Ou était-elle aussi en danger ?
Ma couverture était désormais inutile. D’ici au lendemain, tous les soldats de l’Arbre Blanc seraient à ma poursuite. Je n’avais qu’un seul endroit où me rendre. Car si j’étais condamné, il me fallait le voir une dernière fois.
Sujet: Les alliés se monnayent à bon prix
Mardil

Réponses: 22
Vues: 1289

Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les alliés se monnayent à bon prix    Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 5 Oct 2014 - 12:18
Ma nervosité n’avait fait qu’empirer au fur et à mesure que la journée progressait. Mon travail d’espion m’avait rendu méfiant de nature mais cette fois ci j’avais une bonne raison de redouter le pire. Cette enfant qui s’était renseigné sur moi était la preuve que quelqu’un en avait après moi. Je n’avais bien sûr aucune cousine, aussi il était impossible qu’elle ait dit la vérité.

Ce ne pouvait signifier qu’une chose. Une personne connaissant mon nom cherchait à se renseigner sur moi. Je pouvais donc éliminer d’office les concurrents du Cercle qui ne me connaissaient que sous le nom de Vipère. De même, Emelyne n’aurait aucun intérêt à agir de la sorte puisqu’elle connaissait déjà mon identité. Le jeune âge de l’individu me poussait à croire que ce n’était pas une enquête officielle et qu’elle vendait ses services comme espionne. Après tout personne ne soupçonnerait une enfant.

Ce qui voulait dire que quelqu’un me soupçonnait, moi le rodeur sans histoire, d’être mêlé à quelque chose de louche. Je savais que ma récente blessure avait fait parler mais je ne pensais pas que ma couverture soit en danger. J’avais manifestement tort et c’était un risque que je ne pouvais me permettre de courir. Il y avait peu de chances que ce soit en rapport avec mes activités d’espion. Le moindre doute quant au fait que je puisse être un espion de l’Est et je me serais retrouvé en cellule. Quelqu’un avait-il fait le rapprochement entre Vipère et moi ? Ou simplement quelqu’un pensait que je menais des affaires pas tout à fait légales.

Il y avait de fortes chances pour que ce quelqu’un soit relativement proche de moi (puisqu’il connaissait mon nom). Autrement dit, c’était probablement un militaire. Le fait qu’il ne suive pas la route officielle voulait aussi dire qu’il n’avait pour le moment rien de sérieux contre moi. Et le fait qu’il puisse se payer les services d’une espionne voulait aussi dire qu’il s’agissait probablement d’un officier supérieur et nom d’un soldat de base. Cela ne réduisait pas beaucoup mon champ d’investigation malheureusement.

La seule chance qui me restait était que cette personne n’ait pas mon signalement. Ainsi il suffisait que je ne sorte pas à la fin de mon service mais que j’attende un peu plus tard et que je sorte en même temps que plusieurs autres soldats. En aucun cas je ne devais attendre devant la caserne comme l’espérait probablement l’enfant car il était certain qu’elle ne se montrerait pas et je lui donnerais ainsi mon signalement et l’occasion de me filer. Mais si elle avait déjà une description de moi (et surtout de ma blessure, bien trop aisément reconnaissable), cette stratégie serait inutile.

Le plus sage était alors de ne rien faire de compromettant. Mon rendez vous avec Sinove n’était pas prévu avant ce soir chez Mervine. Cela aurait pu être l’occasion de chasser avec Harékil mais je ne pouvais risquer d’être vu en sa compagnie si on me surveillait car je ne voulais pas l’exposer à un quelconque danger (et je ne voulais pas que celui qui souhaitait en savoir davantage sur moi apprenne mon attachement à l’adolescent et ne l’utilise à son avantage).

Il était donc temps de refaire mes stocks de plantes et je décidai de passer le reste de l’après midi dans la forêt. Mon fileur ne pourrait pas me suivre là bas car il serait à découvert entre la cité et le couvert des arbres. De plus je connaissais tellement bien ces bois que j’y aurais semé n’importe qui. Il y avait tant de monde qui entrait et sortait de la cité que je pourrais revenir dans la soirée sans être aperçu et me rendre à mon rendez vous avec Sinove. J’avais hâte d’entendre ce que la tueuse avait découvert.

Je pris donc mon arc et mes flèches (en tant que rôdeur, j’avais le droit de porter des armes dans la cité) et me dirigeais vers le proche Ithilien. Il était plus prudent de prétendre me rendre à la chasse. Et d’un, mes camarades appréciaient toujours le gibier que j’apportais et qui agrémentait fort bien notre repas habituel et de deux, il valait mieux ne pas attirer les regards sur les importants stocks de plantes que je faisais. S’il n’était pas surprenant pour un rôdeur de posséder ce genre de plantes et bien que mes compétences de guérisseur soient utiles à mes supérieurs, il me fallait réapprovisionner mes différentes cachettes secrètes, ce qui faisait tout de même bien trop pour un seul homme.

La foule était toujours aussi compacte et je ne réussis pas à voir si j’avais été suivi ou non mais, comme je l’avais prévu, personne ne se risqua à ma suite vers la forêt.

/////////////

L’officier Prentiss sortit de la salle d’interrogatoire. En tant que responsable de la traque des trafiquants de drogue dans la cité, il avait été prévenu immédiatement qu’un coursier s’était fait arrêter la veille. Manifestement l’homme était un débutant et il n’avait pas mis bien longtemps avant de se mettre à table. Cependant, ce qu’il avait appris au militaire le laissait bien songeur.

La première chose était cette mystérieuse femme qui l’avait agressé la veille et dont les questions avaient été proches de celles que l’officier avait également posées. La description était clairement celle de la femme qu’il avait lui-même engagée. La silhouette et la voix correspondait. L’homme n’avait fait qu’entrapercevoir le visage de la femme (elle portait une capuche et il faisait sombre) mais il avait distingué une cicatrice sur le bas du visage (il n’avait pu voir le haut). Cicatrice qui se trouvait sur le côté droit.

Etait-il possible que l’enquête sur Mardil l’ait déjà mené du côté du trafic de drogue ? Mais pourquoi auprès des haradrims et non du côté du Cercle comme il le pensait ? Ou alors il était possible qu’elle travaillât également sur une autre mission qui n’avait rien à voir. Sauf que cette dernière était également liée au trafic de drogues. Tout cela ne lui plaisait guère et il espérait avoir des réponses rapidement. Le fait de recourir aux services de cette jeune femme était totalement illégal et il lui fallait des preuves solides avant de prévenir ses supérieurs.

Il n’était pas particulièrement heureux d’avoir fait appel à cette criminelle. Il ne se souvenait que trop bien qu’elle avait fait parti de ceux qui travaillaient pour Mirallan et qu’elle avait probablement fait parti de l’attaque contre les Dunarion. Il ne serait que trop ravi de la mettre dans une cellule en attendant son exécution. Cependant il lui répugnait encore plus qu’un représentant de la justice du roi comme Mardil mène des activités illégales. Au contraire, il croyait dur comme fer que ses camarades et lui devaient se montrer exemplaires. Pour l’heure il avait donc besoin des services de cette femme, elle lui était donc plus utile vivante que morte. Enfin, à condition qu’elle lui donne des informations rapidement.

Mais cela ne devait pas éclipser la nouvelle la plus importante qu’il avait tirée du coursier: les trafiquants du Sud étaient de retour dans la cité. Ils avaient été chassés plusieurs mois auparavant par le Cercle et la politique générale avait été de laisser faire puisque les violences avaient cessé. De plus, Prentiss savait bien que plusieurs nobles influents étaient friands des produits que proposait le Cercle. Mais si les haradrims étaient de retour, cela voulait dire que le Cercle avait perdu de sa puissance et que ses concurrents étaient prêts à réagir. Cela pouvait être un motif suffisant pour lancer une enquête officielle.

Cela pouvait aussi être l’occasion qu’il attendait pour faire tomber le Cercle et leurs concurrents. Si la guerre reprenait entre les deux trafiquants, ils seraient plus vulnérables. Sa hiérarchie ne pourrait que l’encourager à mettre un terme définitif aux trafics s’il parvenait à détruire les deux principales organisations criminelles de la cité en matière de vente de drogues. Et il disposait d’un atout non négligeable. Il ne restait plus qu’à découvrir si elle était également de retour en ville.

////////////


Si elle n’en laissait rien paraître, Emelyne n’en menait pas large. Son plan de génie avait manifestement quelques failles qu’il lui fallait régler au plus vite. La plupart des hommes de Méneï s’étaient ralliés à elle, comme elle l’espérait (après tout ce genre d’hommes servait toujours quiconque était prêt à les rémunérer), néanmoins plusieurs avaient préféré s’engager auprès de Vipère. Ce dernier n’était pourtant pas des plus sympathiques. Chacun savait qu’il attendait de ses hommes une loyauté absolue et qu’ils exécutent ses ordres à la lettre. Ceux qui avaient contrevenus à ces points l’avaient payé de leur vie.

Si ces hommes préféraient travailler avec ce serpent, cela ne pouvait être que par loyauté envers leur ancien maître. Et donc cela voulait dire qu’ils se méfiaient d’elle et pensaient qu’elle avait trempé dans la mort de Méneï. Alors combien de temps faudrait-il pour que Vipère arrive aux mêmes conclusions ? A vrai dire, il l’avait quasiment accusé dès lors qu’il avait vu le corps de leur ancien associé. Mais peut être était-elle paranoïaque.

Elle avait des raisons de l’être puisqu’elle était coupable. Cependant Vipère ne pouvait le prouver et même si cela avait été le cas, elle était devenue bien trop influente pour qu’il puisse se passer d’elle. Malgré tout l’ancienne prostituée n’était pas tranquille. Manifestement il croyait qu’elle ne l’avait fait tuer que par opportunisme. Même s’il était vrai qu’elle n’avait jamais caché son antipathie pour Méneï et que sa mort renforçait sa position, la réalité était bien plus complexe que cela. Leur partenaire ne serait jamais mort s’il avait négocié avec elle mais il avait refusé. Elle n’avait eu d’autre choix que de couvrir ses traces pour que Vipère n’apprenne jamais les véritables raisons du retour de leurs concurrents.

Cependant le simple fait que son associé enquête sur les trafiquants haradrims pouvait se révéler dangereux pour elle. Seuls les chefs étaient au courant de son implication dans les récents évènements mais si jamais ils tombaient entre les mains de Vipère, ils lui dévoileraient tout ce qu’ils savaient. D’autant que l’enquêtrice de Vipère savait comment faire pour arracher une confession. Mervine avait bien entendu prévenu sa patronne de la rencontre entre Sinove et Vipère. Ce dernier avait-il vraiment pensé qu’elle ne serait pas au courant d’une telle chose se passant dans son propre établissement ? Beaucoup de ses filles se souvenaient bien de sa « pensionnaire particulière » du printemps dernier.

Il était plus vraisemblable que Vipère souhaitait lui faire passer un message. Mais, si tel était le cas, Emelyne ne voyait pas vraiment ce que ce dernier était. Etait-ce une mise en garde ? Elle ne savait pas et cela n’avait que peu d’importance. Elle avait d’abord pensé que Sinove avait été engagée afin de la surveiller mais Vipère n’aurait pas tenu conversation avec elle dans son ancien établissement si tel avait été le cas. Puis il avait mentionné qu’il avait quelqu’un qui travaillait sur la drogue sudiste et elle avait fait le rapprochement. Mais, même si la jeune tueuse n’enquêtait pas sur elle directement, elle risquait fort de trop se rapprocher de ce qu’Emelyne voulait tant cacher. Que ferait Vipère lorsqu’il saurait la vérité ? Comptait-il demander à Sinove de finir le travail ?

Quoi qu’il en soit, la maquerelle ne souhaitait pas en arriver là et c’était pour cette raison qu’elle avait demandé à Mervine de faire passer un message à Sinove la prochaine fois qu’elle se rendrait dans son établissement. Ce dernier était fort simple : Emelyne demandait à la jeune femme de venir la voir le plus vite possible afin de discuter d’un travail qu’elle aimerait lui confier. Elle ne pouvait se permettre que Sinove fasse le lien entre elle et les trafiquants haradrim. Et si c’était le cas, elle devait penser à couvrir ses arrières en engageant la jeune femme au plus vite afin qu’elle ne puisse dévoiler ses secrets.

Et justement, elle était sur le point de mettre de l’ordre dans ses affaires. Elle pénétra dans un petit salon qu’elle utilisait lorsqu’elle recevait quelqu’un chez elle en toute discrétion. La jeune femme qui l’attendait n’aurait pas dépareillé dans un de ses bordels. Si ses vêtements n’étaient pas ceux de la prostituée type, ils n’en restaient pas moins des plus affriolants pour ne pas dire vulgaires. Emelyne reconnaissait que cette femme avait la beauté pour elle et qu’elle savait parfaitement en jouer. Seulement l’ancienne prostituée avait elle même usé de ses charmes pendant assez longtemps pour connaître toutes les manigances de ce genre d’individu.

Elle ne connaissait pas grand chose sur son interlocutrice à part qu’elle se nommait Jovia et qu’elle était originaire du Harondor. Et qu’elle occupait une position intermédiaire dans la hiérarchie de leurs concurrents directs. Elle n’avait eu affaire qu’à elle depuis que les négociations avaient commencé et elle commençait à en avoir assez. Elle aurait préféré s’expliquer directement avec les supérieurs de la jeune femme mais ces derniers semblaient déterminés à rester hors de sa portée. Ce qui était plutôt une sage décision elle devait l’admettre.

Emelyne ne s’embarrassa pas de politesse et jeta un petit paquet sur le sol à peine fût-elle rentrée dans la pièce.

- Qu’est ce que ceci ?

La jeune femme laissa ses yeux dérivés vers le paquet un court instant mais ne fît pas le moindre geste pour le ramasser. Après tout, elle avait parfaitement connaissance du contenu de ce dernier. Loin de disparaître, le sourire sur ses lèvres s’élargit encore, ce qui eût le don d’énerver un peu plus la maquerelle.

- C’était une question rhétorique ?

- Ne soyez pas insolente avec moi. De quel droit vous pensez vous autorisée à vendre vos marchandises sans passer par moi et sans même me mettre au courant ?


Le sourire disparut sur le visage de Jovia et son regard se fît plus dur et froid.

- Et de quel droit pensez-vous avoir votre mot à dire sur notre façon de gérer notre commerce ? Notre association, que nous espérons toujours fructueuse, ne vous autorise cependant pas à commettre une ingérence dans nos affaires.

- Notre association, je vous le rappelle, était de faire un essai afin de voir si je pouvais me charger de distribuer votre marchandise et non de vous laisser commercer librement dans la cité.

- Mes supérieurs ont jugé que vous n’étiez pas en position de décider d’une telle chose. A moins que vous ne préfériez que nous en discutions avec vos associés ? Il nous semble curieux de ne toujours pas les avoir vus. Quoi qu’il en soit, nous serions ravis que vous travailliez pour nous à l’avenir.


Pour nous. Pas avec nous. La nuance n’avait pas échappé à Emelyne. Il était hors de question qu’elle se laisse marcher sur les pieds de cette façon. S’ils cherchaient l’affrontement, ils ne savaient pas à qui ils s’attaquaient. Elle n’avait qu’une envie : faire disparaître ce sourire suffisant du visage de son interlocutrice. Aussi elle choisit sa réponse avec soin.

- Je vous remercie grandement de votre proposition mais je travaille déjà avec des prostituées.

Le sourire de Jovia se figea et elle tourna les talons sans même un mot pour Emelyne. Alors qu’elle allait quitter la pièce, un garde du corps d’Emelyne s’interposa afin de la bloquer. Elle se tourna, furieuse, vers Emelyne.

- Je vous autorise maintenant à quitter cette conversation. Au plaisir de vous revoir.

- Soyez assurée que nous nous reverrons très bientôt.


La menace planait encore dans l’air longtemps après que Jovia ait quitté la demeure d’Emelyne.
Sujet: Qui paie ses dettes...
Mardil

Réponses: 32
Vues: 2168

Rechercher dans: Les Ruelles du Premier Cercle   Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Qui paie ses dettes...    Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 8 Jan 2014 - 23:35



Emelyne ne pouvait s’empêcher de se demander dans quoi elle s’était embarquée. S’il était vrai qu’Elgyn lui avait tout d’abord forcé la main, elle devait bien admettre que c’était l’appât du gain qui avait motivé son choix avant toute chose. Mais pour la première fois depuis des années, elle était de nouveau au contrôle de sa vie. Elle en avait plus qu’assez de dépendre des autres.

Elle jeta un coup d’œil sur les hommes présents autour d’elles. A l’exception d’Ihra et de Mira, ses protégées, elle était la seule femme présente. Ces dernières encadraient leur maîtresse et n’avaient pas ouvert la bouche durant toute la réunion. Malgré la présence d’autant d’hommes armés dans l’entrepôt, Emelyne se sentait en sécurité, entourée de ses protectrices.

Le regard d’Emelyne jaugeait les hommes qui l’entouraient et avec qui elle devrait faire affaire pendant les prochains mois, voire même les prochaines années. La plupart d’entre eux n’étaient que des pions mais elle savait parfaitement lesquels dirigeaient les opérations.

A commencer par Elgyn, celui qu’elle connaissait le mieux. Et celui en qui elle avait le plus confiance. Après tout, il était le seul, avec elle, qui avait beaucoup à perdre. La mort de Mirallan était pour eux deux une nécessité et elle se surprenait à éprouver de la reconnaissance envers le jeune homme qui s’était toujours montré respectueux. Il était clairement bien élevé et jusqu’à présent il avait fait en sorte de la protéger le plus possible. Elle était quelque peu déçue que l’accord qu’ils venaient de passer l’exclût de toute fonction dans leur partenariat. Mais de toute évidence, le jeune homme ne souhaitait que la mort de Mirallan et n’était pas intéressé par récupérer son fond de commerce.

Son regard glissa ensuite vers son nouvel associé. Elle n’éprouvait que peu d’empathie pour Méneï et ses hommes. Si elle reconnaissait volontiers qu’elle aurait besoin de lui et de ses compétences afin de revendre la drogue, elle n’était pas sûre de jamais le considérer autrement que comme un malfrat de bas niveau. Mais, après tout, elle était bien contente de lui laisser les bas fonds. Elle avait toujours été habituée à plus de classe que ces bandits crasseux et grossiers, même lorsqu’elle avait débuté dans le métier. Ainsi donc, cet homme serait son partenaire à parts égales, selon l’accord qu’ils venaient de passer. Elle était plutôt satisfaite de la manière dont les choses avaient tournées. Toucher 50% des bénéfices pour simplement distribuer le produit aux clients fortunés n’était pas une mauvaise opération. Ainsi elle n’aurait pas à s’occuper des défauts de paiement ni de récupérer la marchandise auprès de leur fournisseur.

Enfin presque 50% des recettes, l’homme qui les avait mis en contact se réservant 10% des futurs bénéfices sur la première année. Elle avait beau faire, elle n’arrivait pas à comprendre qui était ce Vipère. Et elle ne pouvait faire confiance à un homme dont elle ne voyait même pas le visage. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il n’était pas un tueur aux pouvoirs surnaturels comme le prétendait la rumeur. Bien qu’elle aurait aimé savoir comment il avait pu déjouer la surveillance de ses gardes et pénétrer chez elle la veille. Elle avait eu la peur de sa vie mais ce dernier ne lui voulait pas de mal. Il avait simplement confirmé la tenue de cette réunion et lui avait demandé une faveur. Elle avait surtout acceptée car elle avait préféré le savoir hors de sa propriété.

Si le dénommé Vipère était apparemment d’un calme absolu, ce n’était pas le cas d’Elgyn. Celui-ci semblait bien plus nerveux qu’en début de soirée et jetait des fréquents coups d’œil vers les gardes qui guettaient que personne ne les dérangerait pendant la réunion. Il semblait craindre une attaque et sa nervosité déteignait sur Emelyne, qui avait déjà dû se faire violence pour refreiner sa propre panique. Mais après presque une heure de discussion, leur petite conspiration touchait à sa fin. Il ne restait qu’un point à éclaircir et ce fût Méneï qui se dévoua :

- Nous ne savons toujours pas qui nous fournira la marchandise. Ni où, ni quand, ni comment.

- Ces détails ne sont pas encore réglés mais je vous le ferai savoir dès que possible. En attendant vous n’avez qu’une chose à faire l’un comme l’autre : faire profil bas.


Emelyne hocha la tête en signe d’assentiment. C’était exactement ce qu’elle espérait. Si elle pouvait se terrer chez elle jusqu’à avoir la confirmation de la mort de Mirallan, alors tout irait pour le mieux. Cela concluait la réunion et elle sortit, accompagnées des deux sœurs et d’Elgyn. Elle se demandait juste ce qu’il était advenu de ses hommes, ces derniers n’étant pas présents lors de la réunion comme elle le croyait.

//////////////////

Tag emelyne sur Bienvenue à Minas Tirith ! 463f1e10


Dans la litière qui raccompagnait Emelyne chez elle, Elgyn était bien silencieux. Pourtant la réunion s’était passée de la meilleure des façons possibles mais il ne pouvait s’empêcher d’avoir un mauvais pressentiment. Tout allait justement trop bien et c’était dans des moments comme celui-là que Mirallan avait une fâcheuse tendance à frapper. Il sentait bien qu’Emelyne avait de nombreuses questions mais il savait aussi qu’il ne pourrait pas répondre à toutes. Car il ignorait lui-même les détails du plan de ce soir. Et être laissé ainsi dans l’ignorance l’exaspérait.

Il savait bien que Mardil avait dû agir en urgence après les informations qu’il lui avait données mais il aurait aimé pouvoir lui faire confiance. Plus le temps passait, et plus il sentait que ce ne serait plus jamais le cas. Il se demanderait toujours ce que son amant faisait ou pensait réellement. Et pourtant il avait beau s’exhorter à passer à autre chose, il se savait toujours amoureux du jeune rôdeur. Ou plutôt du jeune espion.

Voir Mardil dans son rôle de Vipère avait été un plus grand choc qu’il ne l’avait cru. Se rendre compte de la facilité avec laquelle il pouvait tromper son monde et du respect que lui témoignaient des criminels était effrayant. Car il avait bien senti que ces hommes avaient peur de Vipère. Il se demandait maintenant si Mardil n’avait fait qu’espionner ses compatriotes ou s’il était bien plus que ça. Il avait d’abord cru que seuls les sentiments du jeune homme pour lui l’avaient poussé à l’aider mais apparemment Mardil y avait vu une occasion de s’enrichir grâce à la vente de drogues. Il ne le connaissait décidemment pas aussi bien qu’il le croyait. Qu’est ce que son ancien amant lui avait caché d’autre ? Se pouvait-il qu’il soit également un assassin ?

Quelque part au fond de sa conscience, une voix lui rappela qu’il était lui aussi un assassin. Même s’il savait qu’il ne pouvait revenir en arrière, il regrettait la mort du jeune soldat qui les avait accompagnés, lui et Moren. Mais ils n’avaient pu prévoir que ce dernier était un idéaliste borné. Elgyn ne voyait pas comment il aurait pu gérer la situation autrement mais cela ne l’empêchait pas d’avoir des remords. Il fût tiré de ses sombres pensées par Emelyne :

- Allez vous vous décider à me dire ce qui vous tracasse tant ? La réunion m’a semble t’il porté ses fruits pourtant.

- Oui mais vous savez comme moi que Mirallan ne se laissera pas faire facilement. Il n’est pas encore mort.

- J’aimerais pouvoir vous dire que je vous aiderai dans cette tâche mais je me suis suffisamment mise en danger comme ça. Il est heureux que Nester Dambros ait accepté de nous aider mais il pourrait nous trahir à tout moment. Pour l’instant, il espère la chute de Mirallan mais si ce dernier tardait à mourir, il n’hésiterait pas à retourner sa veste.


Elle faisait référence à un autre homme endetté auprès de Mirallan, gérant d’une auberge de luxe. Ce dernier n’avait pas vraiment décidé de les aider mais il n’était pas nécessaire que l’ancienne prostituée connût tous les détails. Elgyn se tourna vers elle et lui fit un sourire qu’il espérait convaincant.

- Vous n’avez pas besoin de vous inquiéter. Tout sera réglé très bientôt.

- J’ose l’espérer. Néanmoins, je suis curieuse de savoir pourquoi vous aviez besoin des mercenaires que j’avais engagé pour ma sécurité. Je pensais qu’ils allaient sécuriser le lieu de la réunion ce soir et je ne les ai vus nulle part.

- Ils attiraient trop l’attention sur vous. Contentez-vous de ces charmantes demoiselles et restez à l’abri.

- Qu’est ce que vous avez fait ?

- Ils ont prouvé leur utilité, croyez moi.


////////////////

La montagne de cadavres était des plus impressionnante. Qui que soient les hommes de main de Mirallan, ils ne faisaient pas dans la dentelle. Ces hommes avaient été littéralement massacrés. Méneï et moi pataugions dans un immonde mélange de sang et de viscères. Personne ne s’était soucié de faire le ménage mais si nous voulions éviter d’attirer l’attention, il valait mieux faire le grand nettoyage. Je me tournais vers Méneï pour m’assurer que ce serait fait mais il devança ma question.

- Tout aura disparu ce soir. En voyant ce bain de sang, je pense que je vais suivre votre conseil et faire profil bas.

- Si vous tenez à la vie, ça me paraît être une bonne idée. Mis à part les hommes d’Emelyne, qui sont les autres ?

- Des gêneurs pour l’essentiel. Je me suis dis que c’était l’occasion idéale de faire un peu le tri autour de moi.

- Et que leur avez vous dit pour les convaincre ?

- La seule chose qu’ils savaient était qu’ils travaillaient pour vous.


Il me fit un large sourire et je réprimais l’envie de lui faire sauter toutes ses dents.

- Vous avez donné mon nom ?

- Votre pseudonyme plutôt. Après tout vous êtes un homme bien plus difficile à trouver que moi. Cela me semblait plus sage.


Je m’approchais de lui et lui murmurais doucement :

- La prochaine fois qu’il vous vient l’idée de prendre une telle initiative, vous feriez bien de me demander mon avis auparavant.

Je vis un éclair de peur passer dans ses yeux et il détourna le regard. Je fis de même, évaluant le danger qui pesait sur moi en comptant le nombre de cadavres. Même pour 12 hommes, c’était là un carnage qu’on ne voyait que très rarement. Enfin s’ils étaient vraiment 12. Elgyn avait été attaqué par 12 de ces êtres mais rien ne garantissait qu’ils ne fussent pas plus nombreux.

Mirallan avait fait preuve de bien peu de discrétion en envoyant ses sbires dans toute la ville. Il n’avait pas pensé à surveiller les allées et venues d’Elgyn. C’est lui qui m’avait prévenu que la résidence d’Emelyne était surveillée. Je m’étais alors rendu là moi-même et lui avait demandé deux choses : le nom d’un autre débiteur de Mirallan susceptible d’avoir assez d’influence pour gêner le marchand et qu’elle envoie ses mercenaires à une adresse précise.

C’est Elgyn qui avait vu juste. Au moindre mouvement suspect d’un de ses grands débiteurs Mirallan avait mobilisé ses troupes. Il s’était montré peu prudent et il allait nous falloir utiliser cette information à notre avantage. Dans le même temps j’avais fait parvenir à Dambros une lettre pour qu’il me retrouve à l’adresse où j’avais envoyé les mercenaires d’Emelyne. Ces derniers lui avaient proposés les drogues de Ménéi, ce qu’il avait bien entendu refusé. Il avait dû rentrer chez lui de fort mauvaise humeur, sa présence sur place n’ayant pas excédé les dix minutes.

Mais cela avait suffi à faire diversion et dès que la surveillance chez Emelyne avait été interrompue, Elgyn et cette dernière nous avaient rejoins à notre vrai point de rendez vous. Avec un peu de chance, ils étaient rentrés avant que la surveillance ne reprenne. J’avais conscience que nous avions eu énormément de chance que Mirallan ne maintienne pas la surveillance tout en envoyant ses troupes faire le ménage ici. Peut être ne disposait-il que de 12 hommes en fin de compte ?

Si tel était le cas alors ces hommes étaient vraiment redoutables. Les mercenaires d’Emelyne et les « gêneurs » de Méneï n’avaient pas eu la moindre chance face à eux. Il valait mieux maintenant que mes nouveaux associés se tiennent tranquille car nous ne pouvions pas avoir autant de chance à chaque fois. Si nous voulions nous débarrasser du trafiquant le plus vite possible, il me fallait mettre la dernière phase du plan à exécution dès ce soir.

!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Mon contact m’attendait dans la taverne où nous nous étions rencontré quelques mois auparavant. Il n’avait donc pas été difficile à trouver, ce qui voulait dire qu’il attendait ma venue. Nous n’avions pas échangé une parole et je l’avais suivi à l’extérieur. Très vite, nous étions arrivés vers l’auberge où Elgyn et moi avions nos habitudes et ma nervosité s’était accrue. Au moment où nous passions devant sans nous arrêter, il se tourna vers moi et releva sa capuche. Le sourire qu’il me fît, totalement incongru au milieu de son visage couvert de cicatrices, ne laissa aucune place à l’interprétation. Il savait parfaitement où était Elgyn. Que savait-il d’autre de mes rapports avec lui ? Je ne pouvais que faire des suppositions mais aucune n’était particulièrement encourageante.

Nous finîmes par nous arrêter dans  une impasse et nous reculâmes tous les deux dans l’ombre. L’entrevue serait courte.
Je l’informais des déconvenues de Mirallan avec les autorités, ce qu’il savait déjà bien évidemment. Je décidais alors de lui révéler l’existence du nouveau réseau dirigé par Emelyne et Méneï. De ça il n’était pas au courant (comment l’aurait-il pu de toute façon ?) et son attitude changea du tout au tout. Il releva de nouveau sa capuche et me dévoila son hideux visage. Les cicatrices, autant d’auto mutilations réalisées pour la gloire de Melkor, me mettaient toujours aussi mal à l’aise. Mais il était probablement au courant de mon court passage au temple Sharaman et des souvenirs atroces qui m’assaillaient à la seule mention des melkorites. Je me demandais bien quel aspect de ma vie il pouvait bien ignorer. Rezlak ne lui avait apparemment rien caché de mon passé.

- Ainsi donc, les vautours se regroupent déjà autour de Mirallan ? Il est loin d’être mort pourtant.

- Cela vaudrait mieux. Il est devenu un danger excessif et rien ne nous empêcherait de nous appuyer sur ce nouveau réseau.


Il ne répondit pas dans l’immédiat mais se contenta de me dévisager. Son expression ne laissait rien entrevoir de ses émotions et j’avais l’impression qu’il connaissait tous mes secrets, à commencer par mon implication dans les derniers évènements.

- Non. Laissons encore une chance à Mirallan de se racheter. Je t’ordonne de ne rien tenter contre lui. De plus je te rappelle que tu as toi aussi une mission à accomplir. L’aurais-tu oublié ?

- Justement j’ai parlé avec lui. Je voulais savoir s’il m’avait percé à jour avant de faire quoi que ce soit. Et il m’a révélé que Mirallan lui avait ordonné de me tuer. Cette trahison ne peut rester impunie.


Pour la première fois, je vis une expression de surprise se peindre sur les traits de mon contact. Puis de colère. Mais il se reprit bien vite et sa froideur était d’autant plus terrifiante. Pour Mirallan ? Ou pour moi-même ? Pour le premier qui se mettrait en travers de son chemin assurément.

- Une trahison ? Très certainement. Mais comment qualifier le fait qu’Elgyn Gretide soit toujours en vie ? Pourquoi ne pas avoir obéi aux ordres après avoir obtenu tes renseignements ?

Ainsi il connaissait également l’identité d’Elgyn. Je l’avais sous estimé. Une erreur que je me promis de ne jamais refaire. Mais pour l’heure, il fallait me justifier auprès de lui.

- J’ai pensé qu’il pourrait nous être utile afin de tendre un piège à Mirallan. Cela serait plus facile si nous devions en arriver là.

Il fit une nouvelle pause, ne cessant pas de me dévisager. J’aurais souhaité être n’importe où plutôt que coincé dans cette impasse déserte avec cet homme. Je ne m’étais pas senti aussi en danger, aussi démuni depuis ce jour dans les geôles du temple.

- Tu as raison. Il pourrait bien nous être utile un jour ou l’autre. Mais cela ne change pas mes ordres. Tu ne dois rien faire contre Mirallan pour le moment. Que ton ami reste en vie si tel est ton souhait. J’ai entendu ta proposition.

Je n’aimais pas vraiment la façon dont il avait accentué le terme ami mais je préférais faire comme si de rien n’était.

- Le fait que Mirallan ait voulu se débarrasser de moi est donc sans importance ?

- Il est toujours une importante source de revenus pour notre employeur. Mais tu as raison sur un point. La trahison ne peut rester impunie. Seulement la mort n’est jamais éducatrice. Laisse moi m’occuper de Mirallan comme je le souhaite. Il n’est pas utile qu’il meure tant qu’il nous reste fidèle. C’est moi qui te contacterai lorsque j’aurais à nouveau besoin de toi.


Il était évident que ces dernières paroles concluaient notre entretien. Ce dernier était loin de m’avoir satisfait. Non seulement, mon contact ne nous aiderait pas à nous débarrasser de Mirallan mais si jamais le marchand venait à mourir maintenant, cela me serait sûrement reproché. Sans compter que mon supérieur n’ignorait rien d’Elgyn et qu’il était au courant du nouveau réseau grâce à moi. La situation n’avait fait que se compliquer davantage et je commençais à être sérieusement à court d’option.
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
Sauter vers: