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Sujet: Barbarie légale, ébahissement unilatéral...
Evart Praven

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Rechercher dans: Le Sanctuaire   Tag girion sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Barbarie légale, ébahissement unilatéral...    Tag girion sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 30 Aoû 2015, 14:31
~ Girion Vernon ~


Depuis ses folles aventures dans les montagnes, Girion profitait de la vie à un point qu'il ne saurait dire. Revenu richissime du Nord, il s'était solidement établi à Pelargir. Malgré son goût pour la dépense, il avait profité de sa nouvelle fortune pour investir et la faire fructifier. Ainsi il avait investi dans des biens immobiliers, dans des compagnies commerciales, des emprunts... A dire vrai, c'était moins par une volonté de préserver sa richesse que de l'impossibilité de tout dépenser rapidement. Il avait connu la pauvreté, il connaissait la richesse. Perdre l'un ou l'autre n'avait rien de grave … Il lui suffisait d'un épée et de ses divers membres pour vivre heureux. En tout cas, il commençait à s'ennuyer. Évidemment, au début, avoir beaucoup d'argent (et il en avait vraiment vraiment beaucoup) était plaisant voire même grisant mais rapidement, cela devenait ennuyeux. Il lui fallait trouver une nouvelle activité et il avait toujours eu un goût pour les affaires louches. Il s'y remettrait peut-être. La semaine passé, il avait visité plusieurs gros bâtiments où il espérait ouvrir un établissement de bains ou une maison des plaisirs voire les deux …

Cherchant désespérément des activités pour l'amuser, Girion était en train de trier ses papiers quand il trouva le fameux mot que sa petite expédition avait trouvé dans les montagnes. Décidément cette lettre était bien étrange. Déjà elle était très ancienne car elle datait d'au moins soixante dix ans. Ensuite il y avait le titre avec cette fraternité étrange dont il n'avait jamais entendu parlé. Après, les deux paragraphes en langue commune n'étaient pas très clairs voire un peu étrange mais ce n'était rien par rapport au dernier qui était tout simplement dans une langue inconnue. Cela ressemblait un peu à des runes naines mais il n'y connaissait, il lui faudrait certainement trouver un nain …

Tandis qu'il étudiant cette lettre, le jeune homme fit malencontreusement tomber un encrier. Entendant un bruit derrière lui, Girion se leva. C'était la jeune fille qu'il avait rencontré la veille. Elle était très belle. De taille plutôt petite, mince et bien formée, la poitrine abondante, les lèvres charnues, les yeux verts et une épaisse chevelure blonde, elle lui était tout autant désirable que durant la nuit. Malgré leur nuit courte, elle lui demanda :


- Qu'est ce qui se passe ?

- Rien, un encrier est tombé. Rendors toi Daria.
Répondit-il poliment.

- Comment ?!

Le ton de la jeune femme était passée de la douceur à une colère dès plus vive et on comprenait pourquoi. L'esprit quelque peu embrumé, Girion avait confondu la jeune fille avec une autre conquête qu'il avait eu quelques jours auparavant. Se levant, elle s'avança vers lui avec un air de furie. Voulant se protéger, l'homme fit un ou deux pas en arrière et se justifia :

- Ma chérie, je suis désolé. Que dirais-tu d'aller déjeuner ?

S'approchant délicatement d'elle, Girion lui fit son sourire le plus charmeur mais, en fait, elle le gifla avant de lui crier :

- Quel est mon nom, Girion ?!

L'homme se pinça la lèvre. Dans son emportement, il avait oublié de lui demander son nom. A moins que ce ne soit l'alcool qui lui ait fait l'oublier ? Il lui fallait trouver une solution et, prenant à nouveau son meilleur sourire, il l'attrapa par la taille et commença à la caresser en lui disant d'une voix sensuelle :

- Allons, ma douce, je connais ton nom mais ne voudrais tu pas que je fasse autre chose de ma langue ?

Avec cette allusion salace, Girion était certain de remettre la jeune femme dans son lit. Si une femme séduite pouvait se manipuler aisément, une femme trompée voire trahie était un redoutable limier et, en fait, il était complètement piégé. Se dégageant violemment de lui, elle lui cria :

- Réponds !

- Oacilia.


Sa voix était sûre mais c'était bien entendu un coup de bluff qui ne marcha pas. Il prit une deuxième mandale et la jeune femme s'en alla récupérer ses vêtements avec son air de folle furieuse. Essayant un autre nom, il lui déclara :

- Thisael ? Aucune réponse ne lui vint. Liulan ?

Évidemment des noms pris au hasard n'avaient que peu de chances de fonctionner mais qui ne tente rien n'a rien. Il ne reçut donc aucune réponse jusqu'à que la jeune femme sorte de la garde robe. Testant un nouveau nom, Girion eut enfin une réponse. Un vase traversa la pièce et faillit le toucher. Comme une furie, elle passa devant lui et s'en alla. En fait, elle n'avait jamais été aussi désirable.

Délaissant ce problème, l'homme aux mœurs légères s'intéressa à cette lettre mystérieuse. Il avait toujours aimé les mystères, les énigmes et les affaires compliquées. On ne choisissait pas devenir Girion Vernon pour rien. Durant sa ,ournée, il tenta de trouver des nains à Pelargir pour l'aider avec le paragraphe mais tous lui affirmèrent qu'ils ne pouvaient traduire ce document. Certaines glyphes étaient, ou ressemblaient fortement, aux runes naines mais d'autres étaient complètement inconnues. Même sans cela, les mots n'avaient pas de sens. A mesure qu'ils cherchaient, il trouva un vieil homme qui tenait une boutique de curiosités, antiquités, vieux bouquins et parchemins « magiques ». Bref le genre d'homme qui pourraient certainement l'aider.

Après être rentré dans sa belle maison pour le déjeuner, Girion se toqua et partit. Depuis ses aventures et sa nouvelle fortune, il avait pu laisser aller son goût pour les couvre-chefs et en avait acheté un certain nombre. Pour aller et venir en ville, il choisit un splendide liripipion assez haut en tissu damassé bleu nuit aux motifs dorés. Il était tout simplement magnifique. La boutique du vieil homme était dans un quartier assez mal famé de la cité intérieure de Pelargir. Donnant sur un des petits canaux du port, le bâtiment étroit. Sans enseigne, il fallait connaître pour y venir. Poussant la lourde porte, Girion crut défaillir. C'était un véritable bric-à-brac avec des piles de livre allant jusqu'au plafond et une foule d'objets entassés les uns sur les autres qui prenaient la poussière. Examinant les divers objets qui trainaient un peu partout, Girion les trouva tout à fait intéressants.

Il y avait des espèces de mécanismes à engrenages complexes dont il se demandait bien quel serait l'utilité, une épée aux motifs étranges qui ne ressemblait à aucune culture qu'il ne connaissait, pourrait-elle venir du Rhun ou au delà ? Regardant les reliures d'une pile de livres, il constata des titres évocateurs « Mémoires du Comte d'Issendor », « Secrets et espions de l'Intendant Denethor I », « Compte rendu d'expédition – Découverte des plaines glacées », « Alchimie élémentaire – Le pouvoir des Potions » et d'autres encore qu'il n'eut guère le temps de lire car un vieil homme apparut. Malgré son habitude, il ne l'avait pas entendu arriver et s'étonna :


- Bonjour, monsieur Myrtillon, je vous prie de m'excuser.

- Que puis je faire pour vous, jeune homme ?

- J'ai en ma possession cette lettre et un passage y est mystérieux. Il est dans une langue que je ne connais pas et, malheureusement, aucune des personnes que j'ai pu interroger ne la connaissait. Je me suis dis qu'avec votre si grande expérience et votre intelligence déliée, vous étiez l'homme de la situation...
répondit-il dans une envolée lyrique.

- Ne me flattez pas, jeune homme. J'ai passé l'âge de ces bêtises.

Quelque peu peiné de la réponse du vieillard, Girion lui donna quand même la lettre. La réponse ne se fit malheureusement pas attendre. Le vieil homme eut un soupir et lui rendit la lettre :

- Désolé, messire. J'ai déjà vu cette écriture mais je ne la connais pas. Peut-être devriez vous aller voir au Sanctuaire de Minas Tirith. Il y a là-bas un sage qui pourra certainement vous aider...

Intérieurement, Girion jura. Est ce que tous les vieux sages allaient l'envoyer vers un autre vieux sage jusqu'à la fin de sa vie ? Remerciant le marchand, il se laissa quand même tenter par les articles présentés et partit les bras chargés de biens. Il avait acheté quatre livres concernant l'alchimie, les mémoires d'un maître voleur, les voyages d'un aventurier dans l'extrême Sud et l'histoire des grands magiciens. Il avait également acheté des mécanismes dont il ne connaissait toujours pas l'utilité mais qui étaient assez jolis, une pièce à double face, un sablier étrange, une fourchette en or qu'on disait avoir appartenu au Roi Elassar, un système à lentilles pour regarder le ciel -à la vérité, Girion comptait surtout regarder une jeune femme qui était sa voisine et qui était fort jolie-, un fossile d'une espèce étrange, une tête momifiée et même une lettre d'amour d'un troubadour vieux de cinq cent ans à une princesse de Dale. Chargé de tous ses objets sans utilité aucune -à l'exception notable du système à lentilles et de la fourchette-, le petit homme rentra chez lui et prépara son départ...

Cela faisait moins de trois jours qu'il était parti de Pelargir pour Minas Tirith et, déjà, Girion profitait de la vie de la capitale. Le premier jour, il avait visité un peu la ville qui était si impressionnante. Verticale, elle avait un aspect saisissant mais elle était plutôt malcommode à parcourir. En fait il se demandait bien comment les gens d'ici pouvaient supporter un aussi fort dénivelé... Arrivé assez tard, il avait renoncé à visiter le sanctuaire immédiatement et avait préféré son hôtellerie. Il avait choisi une auberge au luxe d'un mauvais goût évident mais cela plaisait bien à Girion. Malheureusement pour lui, ses charmes ne firent pas l'effet escompté ce soir et aucune fille ne succomba à ceux-ci. Plein de philosophie, il renonça … et paya les services d'une prostituée tout à fait engageante.

Au petit matin, alors que la ville commençait à bruisser de son activité journalière, l'homme aux centaines de chapeaux partit pour le Sanctuaire. Déraisonnable sans être idiot, il avait mis des habits plus sobres pour ce lieu solennel. Plus sobres sur l'échelle de Girion n'était pas loin de signifier extravagant pour n'importe qui d'autre. Arrivé dans ce lieu plein de majesté, il commença par un don plutôt généreux aux chapelains pour les aider dans leurs tâches. Il avait toujours su être généreux et pas uniquement avec les filles qu'il avait culbuté. Ainsi on l'emmena voir le vieux prêtre dont il avait entendu parler. C'était encore une vieille baderne qui devait être à moitié sourd. S'approchant davantage, Girion prit une voix forte mais non dénué de sympathie et de bonhommie :


- Monsieur, je me présente. Girion Vernon de Pelargir. Je suis actuellement en possession d'une vieille lettre énigmatique avec, notamment, un paragraphe écrit dans une langue inconnue. Pourriez vous y jeter un œil ?

Sortant la lettre de sa poche intérieur, il la déplia avec délicatesse et la tendit au vieillard. Cette fois-ci, il espérait qu'il n'aurait pas fait le déplacement pour rien. Parce qu'autant la dernière fois, il avait pu repartir les bras chargés de marchandises, il ne comptait pas, cette fois-ci, repartir les bras chargés d'enfants...
#Girion
Sujet: [Event Special] Une soirée pas comme les autres
Ryad Assad

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Rechercher dans: Annonces Role-Play   Tag girion sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Event Special] Une soirée pas comme les autres    Tag girion sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 21 Juil 2015, 10:25
Avec beaucoup de retard, voici le premier chapitre de cette soirée vraiment pas comme les autres que nous avons eu l'occasion de vivre. Merci d'ailleurs à Forlong pour avoir organisé cet événement particulier, ce qui était un gros travail ! Merci aussi à Nathanael, qui a incarné avec moi les concurrents de nos quatre aventuriers courageux.

Pour rappel, voici la liste des protagonistes dont vous allez suivre les aventures :

Girion Veron, aux surnoms innombrables, incarné par l'implacable Evart Praven, marchand Gondorien.

Carl Bolger, dont la taille ne reflète pas le courage, incarné par l'audacieuse Aelyn, guérisseuse du Rohan.

Thrôran, un Nain... pire que les autres, incarné par le stupéfiant Dwolin, combattant de la Moria.

Celian, une Elfe à la sagesse infinie, incarnée par la lumineuse Qewiel, mystérieuse voyageuse.

En chemin, ils affronteront maints dangers et maints obstacles, tous plus retors les uns que les autres. Mais je vous propose sans attendre de plonger dans le premier volet d'une très (trop ? ^^) longue série consacrée à leur quête, leurs victoires et surtout leurs déboires.

N'hésitez pas à laisser vos commentaires ci-après Wink.


_ _ _ _ _


Toc...Toc…To..AAAH COQUEFREDOUILLE DE FOT-EN-CUL ! Toc…

L’aubergiste descendit de l’échelle en suçant son pouce qu’il venait de frapper avec le marteau. Cependant lorsqu’il regarda vers le haut il soupira avec contentement, oubliant pendant un instant la douleur. Une enseigne toute fraîche était cloutée au-dessus de la porte, représentant un coffre fermé accompagné de lettres dorées qui formaient les mots suivants :

Auberge Sous la Montagne Au Trésor

Eh oui monsieur. Ce changement de nom de son établissement vieillissant allait être la source d’un véritable trésor aussi…qui irait tout droit dans sa bourse ! Il le sentait dans ses os. Et dans son pouce aussi d’ailleurs…


* * * *

Tag girion sur Bienvenue à Minas Tirith ! Tavern10


L'Auberge Sous la Montagne au Trésor n'avait jamais été aussi remplie, et le propriétaire des lieux savourait par avance les incroyables bénéfices qu'il allait pouvoir réaliser, après l'hiver difficile qui s'était abattu sur la Terre du Milieu. Son commerce avait durement souffert, et il comptait sur cette histoire de trésor et ces aventuriers audacieux pour venir lui apporter l'argent dont il avait cruellement besoin pour repartir. En réalité, il ignorait lui-même si les racontars étaient vrais, s'il y avait une seule chance pour que quelqu'un trouvât ledit trésor, mais il était le premier à inviter les passants et les hommes qui avaient l'air costauds et robustes à venir tenter l'aventure. L'Auberge Sous la Montagne au Trésor étant naturellement l'endroit où ils devaient séjourner pour obtenir les précieux renseignements qui les mèneraient sur les traces d'un trésor mirifique. En théorie. Les lieux étaient spacieux et agréables, réchauffés davantage par l'atmosphère festive que par le feu qui brûlait joyeusement dans un coin de la pièce, lequel réchauffait une marmite brûlante dans laquelle cuisait un ragoût, spécialité de la maison. Le propriétaire travaillait dur, récupérant les commandes qui affluaient avec une régularité effrayante, sans toutefois menacer l'incroyable stock de bière dont il avait fait l'acquisition récente. Sa femme travaillait à ses côtés, passant entre les tables en mémorisant tant bien que mal ce que désirait chacun, revenant quelques minutes après avec ici une chope d'hydromel, là une assiette du jour, un ragoût accompagné d'un morceau de pain et d'un peu de fromage. Personne ne se plaignait de la qualité tout à fait relative du festin, et chacun écoutait la musique jouée par un barde qui espérait bien récolter quelques piécettes pour ses talents de violoniste.

- Henri, j'ai besoin de toi ! Je ne m'en sors plus toute seule !

Le patron leva la tête vers sa femme, qui effectivement peinait à faire tenir en équilibre les cinq assiettes et les deux pichets qu'elle portait. Il la débarrassa rapidement, et s'empressa de servir la table qu'elle lui indiquait, avant de prendre la commande d'un groupe tout à fait étonnant qui se trouvait dans un coin de la pièce. Ceux-là, se dit Henri, c'étaient forcément des aventuriers. Pourquoi pouvait-il être si catégorique ? Parce qu'il n'avait jamais vu compagnie aussi hétéroclite. Le premier était un Homme, la seconde une Elfe, et il y avait aussi un Nain et un drôle de petit homme aux oreilles pointues qui devait être un Hobbit. Mais surtout, ils étaient habillés de manière absolument horrible. Leurs vêtements bariolés et le chapeau du seul humain de ce quatuor étaient parfaitement ridicules, et nul autre qu'un groupe d'aventuriers émérites aurait accepté de rentrer dans une auberge avec une tenue aussi grotesque. Ce devaient être de puissants guerriers qui n'avaient pas peur des moqueries, et qui savaient faire taire ceux qui leur faisaient la moindre remarque à ce sujet. Henri ravala le sourire qui menaçait de s'installer sur son visage, et il vint prendre leur commande :

- Alors, messieurs, madame, que puis-je vous servir ?

Les quatre invités se regardèrent avec des yeux étonnés, comme s'ils ne s'étaient jamais trouvé dans cette situation auparavant. Aurait-il été difficile de dire « quatre bière et des renseignements ? ». Assurément non. Toutefois, ils commencèrent à se chamailler, occultant tout à fait la présence de l'aubergiste à leurs côtés. Deux d'entre eux voulaient des renseignements, tandis que le Nain tempêtait pour qu'on lui servît une bière en premier lieu :

- Une bière naine, je veux une bière naine ! Criait-il en tapant du poing.

Il se penchait en avant, sa barbe traînant largement sur la table, tandis que les autres faisaient de même. Le Hobbit se leva sur son siège pour être au même niveau que les autres, et ils continuèrent d'argumenter si longtemps et si inutilement que l'aubergiste finit par s'éclipser pour aller s'occuper de clients qui, eux, savaient passer une commande dignement. Alors qu'il s'éloignait, les membres du groupe se rendirent compte qu'ils avaient perdu l'opportunité d'être servis rapidement, et ils se décidèrent enfin – trop tard cela étant – à boire quelque chose pour désaltérer leurs gosiers bien secs d'avoir tant parlé. Girion, l'humain, se leva pour aller au comptoir essayer d'interroger la serveuse qui travaillait là, et il traversa la pièce avec une grande dignité, sans se soucier des regards stupéfaits qu'on lançait à son chapeau fantasque. De toute évidence, il aimait être vu. Il marcha en droite ligne vers la serveuse – qui n'était autre que la fille de l'aubergiste – et commença de lui faire la conversation en lui lançant son sourire le plus charmant :

- Alors ma belle, vous travaillez là depuis longtemps ? Je suis à la recherche d'informations… particulières...

Satisfait de l'originalité de son approche, il ne comprit pas vraiment lorsqu'elle lui répondit :

- Je suis déjà promise à quelqu'un. Un… un chapelier !

Elle se mordit la lèvre en regardant son couvre-chef, et s'empressa de s'esquiver derrière le comptoir pour, comme pour se protéger de lui :

- Je cherche des informations sur le trésor, mademoiselle.

Elle lui jeta un regard suspicieux, et lui indiqua du doigt un Hobbit qui se trouvait de l'autre côté de la pièce, attablé seul face à un repas conséquent qu'il paraissait savourer sans se soucier du reste des clients.

- On dit qu'il sait des choses. Allez lui demander.

- Merci bien, ma belle. Oh… est-ce que c'est sérieux entre vous et ce chapelier, ou est-ce que vous et moi… Je veux dire, j'ai toute une collection de chapeaux chez-moi si vous…

- C'est très sérieux, oui. Très très sérieux.

Elle tourna les talons pour aller vers un habitué des lieux, terrifiée par ce client étrange. Girion, lui, paraissait ne pas se soucier de ce premier refus, reluquant sans vergogne une prostituée qui se trouvait de l'autre côté de la salle, et qui lui lançait en retour des regards flambants. De toute évidence, elle se disait que pour oser porter un tel accoutrement, il fallait être prodigieusement riche, et elle entendait bien gagner sa nuit sur ce seul client en lui faisant payer plein tarif. Elle eut une moue désolée en voyant qu'il préférait aller avec ses compagnons, qui de toute évidence étaient en pleine discussion. Elle nota qu'il s'asseyait non loin de l'Elfe, et elle détourna le regard, jalouse. Girion garderait son épée au fourreau ce soir. En s'asseyant, l'homme au chapeau s'attira les sourires de ses compagnons, qui l'indifféraient, et il préféra se concentrer sur la suite : essayer d'en savoir davantage sur ce fameux trésor. Car c'était bien pour cela qu'ils étaient là. Ils avaient tous leurs raisons de se trouver ici, de s'être constitué en une compagnie, et ils avaient bien l'intention de mettre la main sur le pactole, quels que fussent les risques. Pour l'heure, ils avaient conservé le secret sur leurs motivations, sauf le Hobbit naturellement qui avait pris sur lui de raconter l'entièreté de sa vie à ses compagnons de route. Avec maints détails, le doux Carl Bolger leur avait conté comment il était tombé amoureux, et comment sa promise lui demeurerait inaccessible tant qu'il n'aurait pas accompli quelque chose de suffisamment impressionnant pour son père. Plus amoureux que courageux, il s'était embarqué dans cette aventure avec l'espoir de revenir suffisamment riche pour payer la dot, et prendre enfin la main de sa chère et tendre devant le maire. Il n'avait que cela en tête, et on pouvait même dire qu'il ne parlait que de ça. De ça, et du prochain repas, naturellement.

Girion revint à la table de ses compagnons, en leur portant les nouvelles de ce qu'il avait entendu. Le Hobbit solitaire semblait être l'individu à qui s'adresser pour avoir des renseignements, et tout le monde se décida à aller lui poser quelques questions. Tout le monde, sauf le Nain, naturellement, qui n'avait toujours pas eu sa bière. Bougonnant pour lui-même sur le sens des priorités des grandes gens, un peu déçu de ne pas être suivi par le Hobbit, il fendit la foule, poussant de l'épaule et du coude les hanches et les cuisses qui lui barraient le passage, pour finir par approcher du comptoir. Trop petit, il fut contraint de taper dessus avec son casque pour attirer l'attention du patron qui arriva rapidement :

- Oui, Maître Nain ? Vous avez enfin choisi ?

- Je voudrais une bière, une bière Naine si vous avez. Une bière forte. Une bière qui cogne, une bière qui…

- J'ai compris, j'ai compris. Je reviens de suite.

S'exécutant, l'aubergiste en vint à se demander si cette histoire de trésor ne risquait pas d'attirer les types les plus bizarres et les plus dérangés de la Terre du Milieu. Il avait déjà une belle brochette avec ceux-là, qui lui paraissaient sévèrement atteints mentalement. Mais bon, tant qu'ils payaient en espèces sonnantes et trébuchantes, et qu'ils ne cassaient rien, il était satisfait. Quelques pièces furent rapidement échangées contre le précieux breuvage, mais alors qu'Henri s'apprêtait à repartir, le Naugrim qui répondait au nom de Thrôran le héla :

- Il me faudrait autre chose. Que savez-vous du trésor ?

- Pas grand-chose, hélas. On dit que c'est un trésor magnifique, enterré sous la montagne. Le Hobbit là-bas en sait davantage : il a découvert le trésor, mais personne ne l'a encore convaincu de céder sa carte au trésor.

- Vous n'auriez pas une idée, par hasard ?

Henri réfléchit, avant de souffler :

- Pourquoi ne commenceriez-vous pas par lui offrir une bière hobbite ? Je suis certain que cela le mettrait dans les meilleures dispositions pour vous écouter.

Il se retint d'ajouter que cela faisait toujours une bière de plus consommée ce soir. Le Nain n'hésita pas un instant – ce qui était bizarre pour un Nain, eux qui d'ordinaire étaient toujours réticents à dépenser quoi que ce fût pour quelqu'un d'autre – et acheta la fameuse bière hobbite qu'il alla joyeusement porter à ses compagnons qui se trouvaient déjà avec leur homme. L'Elfe, qui s'était présentée comme étant Celian, paraissait lasse de tout ceci. Cette petite compagnie sans ordre et sans discipline n'irait jamais très loin, selon ses critères. Elle n'avait pas particulièrement confiance dans le Nain, qui comme tous les représentants de sa race était avide et cupide. Le semi-homme lui paraissait honnête, mais trop chétif et trop fragile pour aller au bout de cette aventure. Il succomberait le premier. Cela augmenterait sa part du trésor à la fin. Quant à l'Homme, elle le trouvait plutôt sympathique. Peut-être était-ce parce qu'ils parce qu'ils avaient tous deux les mêmes goûts vestimentaires, et que sa tenue d'un joli bleu clair trouvait un écho dans le chapeau qu'elle trouvait splendide de Girion. Ces deux-là étaient faits pour s'entendre. Assise face au reste de la salle, Celian suivait à la fois la conversation autour du Hobbit, et ce qu'il se passait chez les autres clients. Elle repéra un individu étrange qui s'était levé, et qui s'était rapproché de leur table. Il paraissait les écouter, et de temps en temps, il jetait un regard dans leur direction. Au départ, elle crut qu'il était tombé sous le charme du bleu de sa tunique, mais elle supposa rapidement que quelque chose d'autre l'intéressait…

- Ma carte contre la bière ?

Le Hobbit partit d'un rire léger, et la proposition du Nain tomba immédiatement à l'eau, sans mauvais jeu de mot. De toute évidence, le semi-homme n'était pas du genre à se laisser avoir si facilement, même s'il avait derrière lui plusieurs chopes vides qui auraient pu brouiller son jugement. Peut-être fallait-il attendre qu'il eût descendu une chope supplémentaire pour le laisser s'endormir et lui dérober subrepticement la carte, mais les aventuriers étaient pressés et pas particulièrement diplomates. Alors que le Hobbit leur offrait une opportunité unique de récupérer la carte s'ils arrivaient à le battre aux cartes, Girion décida de se pencher en avant pour le convaincre par les mots :

- Ecoutez, ami Hobbit. Regardez notre fière compagnie, regardez votre compatriote Hobbit ici présent. Nous sommes vos amis, et si vous acceptez de nous faire confiance, nous partagerons notre butin avec vous.

L'intéressé fixa d'abord son regard sur les yeux de Girion, qui était envoûtant, captivant. Il parlait avec une telle éloquence, un tel charisme qu'il était difficile de lui résister, difficile de ne pas succomber à ses belles paroles. Le Hobbit essaya de résister, toutefois, mais l'alcool engourdissait ses sens, et il ne se sentait pas en mesure de trouver quoi que ce fût à redire. Après tout, oui, ce groupe paraissait honnête et sympathique, et on ne pouvait que leur faire confiance. Il leva les yeux au ciel, presque résigné, et posa le regard sur le chapeau de l'humain. Cette vision d'horreur rompit la magie presque instantanément, et ce style… flamboyant… fit froncer les sourcils du semi-homme qui secoua légèrement la tête comme s'il revenait à lui. Girion prit cela pour un refus, et il se pencha encore un peu plus en avant, accentuant sa pression, sans se rendre compte que son bras s'était dangereusement rapproché d'un verre de vin qui traînait là. Ce qui devait arriver arriva, et dans une nouvelle envolée presque convaincante, le liquide couleur sang vint se renverser sur la tunique du Hobbit qui couina de surprise et de frustration. C'était sa chemise préférée. Outré, il adressa une gifle humiliante à Girion, qui resta sans réponse, pétrifié. Thrôran prit alors la parole, plein de tendresse et de poésie :

- Mec, t'as chié là… Bouge tes fesses loin d'ici, laisse-nous régler ça…

Honteux, l'Homme se leva et traversa la pièce, essayant de reconquérir la prostituée qui entre temps avait jeté son dévolu sur quelqu'un d'autre. Pendant ce temps, les trois compagnons s'excusèrent auprès du Hobbit, et acceptèrent de jouer aux cartes avec lui. Cette promesse le rendit un peu moins bougon, et il sortit un paquet de cartes qui fort heureusement avait échappé au vin assassin qui donnait l'impression qu'il était couvert de sang. Carl, qui était lui-aussi un Hobbit et qui connaissait les règles du jeu, accepta de s'installer en face de son concurrent qui lui proposa un jeu de hasard, comme s'il laissait le destin décider de qui aurait le privilège d'emporter cette carte. Carl piocha deux cartes, et vérifia si elles correspondaient à une des trois qui étaient étalées sur la table. Malheureusement pour lui, ce n'était pas le cas. Il laissa son adversaire piocher deux cartes à son tour, et celui-ci leva les bras triomphalement, avant de révéler sa main. Il avait gagné, indubitablement, avec une paire de dix.

- Hahaha, le destin n'est pas avec vous, vous n'êtes pas ceux qui méritez d'avoir cette carte, désolé. Mais vous êtes sympathiques, et vous êtes venus m'offrir une bière. Si vous voulez trouver le trésor, vous devrez trouver l'entrée qui se trouve à flanc de montagne, et éviter les nombreux pièges qui se trouvent dans la grotte. Si vous y arrivez, alors vous pourrez mettre la main sur le trésor. Bon courage !

Les aventuriers retournèrent à leur table, quelque peu dépités. Au moins ils ne repartaient pas les mains vides, mais ils n'avaient pas la carte qui leur aurait évité bien des difficultés. Ils songèrent un instant à la récupérer de force, mais ils n'avaient aucun moyen d'y parvenir discrètement, et de toute façon leur temps était compté. Chaque heure qu'ils perdaient à attendre et à concevoir un nouveau plan donnait plus de chances à un autre groupe de récupérer la carte et de trouver le magot avant eux. Non, ils devaient faire vite. Ils s'empressèrent de rejoindre leurs chambres, de rassembler leur matériel, et de se mettre en route pour partir. Cette fois, ils n'avaient plus le choix : en dépit des informations lacunaires à leur disposition, ils devaient se mettre en route, et surtout faire confiance à leurs talents. Un Elfe, un Homme, un Nain et un Hobbit : rien ne pouvait les arrêter…


To be continued...

#Girion #Celian #Carl #Thrôran
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