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L'incident qui s'était déroule il y a une quinzaine de minutes avait suffit pour enlever à
Gyrden toute envie de se promener dans les quartiers les plus peuplés de la Cité Blanche. Il avait besoin de calme et de sobriété...c'est pour ca qu'il s'était faufilé dans une petite ruelle menant vers une partie plus sombre de la ville, où les pierres ne brillaient pas d'une blancheur immaculée, et les passants étaient rares et méfiants.
C'est dans une petite ruelle sale qu'une bâtisse attira son attention. Le bâtiment n'avait rien d'impressionnant en soi, au contraire, il semblait mal entretenu voire abandonné. Mais la porte était entrouverte, et le flair marchand de l'homme de l'Est lui indiquait que cet endroit méritait bien une visite. Après tout, ce n'était pas dans les grandes boutiques aux vitrines décorées sur les rues principales des capitales que l'on trouvait les marchandises les plus intéressantes aux prix les plus avantageux.
Gyrden pénétra dans la boutique juste au moment où le maitre assassin achevait son monologue. Jetant un coup d'oeil sur l'arme, certes d'une grande beauté, il dit avec un petit sourire:
-
A votre place je ne payerais pas plus de quatre mille pièces pour le poignard, fourreau inclus...C'est une belle arme, mais reste un produit de mains humaines, fait en simple acier. Mais pardonnez moi cette interruption...La porte de la boutique s'ouvrit à nouveau, cette fois bien plus brusquement, et cinq hommes se faufilèrent à l'intérieur. Leurs vêtements, faits de tissus précieux, étaient bien taillés et brillaient de mille couleurs. Deux d'entre eux avaient des coiffures extravagantes, et tous portaient une multitude de bijoux en or et pierres précieuses. Tels des oiseaux exotiques. Mais les dagues à leurs ceintures, les sabres et épées dans leurs mains, et les poings orientaux sur leurs doigts prouvaient qu'il ne s'agissait pas là d'un groupe de comédiens. Des oiseaux exotiques peut être...mais des prédateurs.
L'homme qui s'avança en premier portait un bandeau pourpre sur la tête, et tenait un sabre oriental dans sa main droite; une fine moustache noire ornait ses lèvres.
-Gyrden...Gyrden...j'étais très heureux de reconnaitre ta tête cet après midi dans les rues de la Cité Blanche. Oui, ta tête qui, après tout, vaut une jolie fortune. Manfred a pris la peine d'envoyer ta description dans la plupart des villes des Terres du Milieu. Beaucoup d'hommes s'attendaient à te voir à Pelargir, mais c'est dans la Cité Blanche qu'on te retrouve enfin. L'on me surnomme Rubis, car ma lame prend souvent un teint écarlate.
Manfred...le Tyran avait donc envoyé des hommes jusqu'ici pour l'attraper. Oui, il n'était pas passé par Pelargir. Une fois qu'il avait fui les assassins dans la cité pirate d'Umbar, il avait choisi de ne pas s'enfuir par la mer; il s'était douté que les hommes du Tyran l'attendraient dans les docks. Il avait voyagé pendant plusieurs jours à travers les déserts dangereux du Proche Harad, jusqu'à un petit village de pêcheurs quelques part près de l'océan...il était monté à bord d'un petit vaisseau de contrebandiers, payant son passage avec des pépites d'argent. Si l'équipage apprenait qu'il avait de l'or et des pierres précieuses sur lui, ils n'hésiteraient pas à le piller et jeter son corps par dessus bord. Il fut déposé sur une plage Gondorienne pendant la nuit, et, après avoir acheté un cheval dans un fief voisinant, il voyagea jusqu'à la Cité Blanche. Et tout ca pour rien...les assassins ne renonceraient t-ils donc jamais?
Ces pensées traversèrent l'esprit de
Gyrden avec la rapidité d'un éclair. Ils étaient cinq. Il était seul, et il n'avait pas le temps de sortir son arbalète et la charger. Il n'était pas un lâche, mais il savait très bien qu'un contre cinq au corps à corps ne promettait rien de bon. Il lui fallait fuir...encore et toujours. Il lança un bref regard autour de lui. Il y avait surement une porte arrière quelque part...
-
Tuez le. Et les deux autres aussi...nous n'avons pas besoin de témoins. D'ailleurs pour la femme, faites en ce que vous voulez avant de la tuer.
La dernière phrase de Rubis fut accueillie par les sourires vicieux de ses compagnons. Les lames furent sorties, et les mercenaires se placèrent en demi cercle autour de leurs trois victimes. Leurs positions et la façon dont ils tenaient leurs armes montraient qu'il ne s'agissait pas là de novices.
Gyrden soupira lourdement. Il pouvait accepter de fuir plutôt que combattre, mais pas de laisser deux personnes, dont une femme, payer le prix de sa fuite. Ses doigts se serrèrent sur le pommeau de son épée courte. Non. Manfred avait déjà tué une femme à cause de lui. Cela ne se reproduira pas. Voyant qu'un des tueurs tenait une arbalète, l'homme de l'Est fit une roulade par terre, un quart de seconde avant que le carreau ne se plante dans une étagère derrière lui. Il se releva et sortit son épée et sa dague. Les assassins s'approchaient déjà d'eux, faisant virevolter leurs lames dans l'air...