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Sujet: Tour et détours [Finrodel]
Aelyn

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Rechercher dans: Les Havres Gris   Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tour et détours [Finrodel]    Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 8 Jan 2015 - 20:48

Le temps passa pour Haerelon au bord de la mer. Si lentement qu'il fini par se laisser glisser dans une sorte de torpeur réparatrice, effaçant lentement la fatigue de son voyage aller. Ce trajet lui avait fait prendre conscience de la fragilité de la terre autant que de celle des mortels. Malgré la fin du Rude Hiver, les saisons et le calendrier des semailles avaient été fortement contrariés par ce trop long froid, entrainant à leur suite la famine et de très maigres provisions en attendant les nouvelles récoltes. Depuis le départ des anneaux de pouvoir pour les Terres Immortelles, il n'y avait plus rien pour épargner quelques parcelles de terre des ravages du temps. Et parfois le jeune elfe se demandait si cette fatalité ne finirait pas par toucher ceux de sa race qui demeurent encore ici. Mais c'était là une question qui resterait sans réponse avant bien des âges sans doute.
Le messager fut sortit de ses songes éveillés par une voix ferme et assurée en contrebas, à quelques pas de là. Finrodel se tenait là, un sac sur le dos, prêt à partir. Finalement, Haerelon se félicita de lui avoir laissé le bénéfice du doute... ou du moins d'avoir garder le mince espoir que son aîné changerait d'avis.

« Prenez vos affaires Haerelon, nous partons sur le champ! »

Un sourcil perplexe s'éleva sur le front du jeune elfe alors qu'il regardait alternativement le sage et le soleil qui baissait à l'horizon. Ce n'était guère une heure très raisonnable pour prendre la route, surtout pour traverser l'Arnor désormais jalonnée de coupe-gorge tandis que le gros des forces du pays sont employer à remettre de l'ordre à la capitale. Il avait échappé à de nombreux pièges durant sa première traversée, profitant de sa solitude pour glisser parmi les ombres et contourner des bandes peu amicales. D'un autre côté, plus vite ils auraient atteint Imladris, plus vite, Finrodel pourrait se pencher sur les vrais problèmes.
Finalement, Haerelon sauta souplement de la branche basse sur laquelle il était perché, récupéra son propre sac  et se hâta en quelques enjambées bondissantes de rejoindre l'elfe qu'il devait escorter. Son cœur se fit plus léger, il n'avait pas failli à sa mission, il allait ramener le maître de la Tour à la Clé d'Or à Imladris et peut-être arriverait-il à arranger ce qui avait été détruit...  Au moins n'avait-il pas étouffé cette étincelle d'espoir en lui. Il préférait rester optimiste.

A peine arrivé à hauteur, qu'il fut assaillit de maintes questions. Il ne comprit pas immédiatement l'objet de cet interrogatoire jusqu'à ce que la lumière se fasse dans son esprit. C'était un gigantesque quiproquo qui avait amené la situation là où elle en était. Finrodel n'avait en fait pas la moindre idée de ce qui c'était passé à Foncombe et avait visiblement confondu avec... avec quoi d'ailleurs ? Quelque chose de bénin sans doute. Et Haerelon se sentit honteux de sa réaction. Il s'était emporté de manière totalement excessive sans chercher à comprendre, envers un elfe dont le rang de devrait rien tolérer de se genre.

« - Veuillez d'abord accepter Maître Finrodel, pour mon attitude inconsidérée de toute à l'heure. Je me suis trompé sur votre compte et je le regrette sincèrement. » assura-t-il, la mine contrite, en inclinant la tête en signe de honte autant que de respect.

Il réfléchit un instant avant de reprendre.

« - Commençons par quitter Mithlond, après cela je tenterais au mieux de répondre à vos questions... mais je crains de ne pas avoir toutes les réponses que vous attendez... »

Tout était si compliqué et confus... comment expliquer l'Ordre de la Couronne de Fer ? Tellement de ramifications, de branches, de détails, d'incertitudes et de questions auquel lui-même n'avait aucune réponse... Il pouvait tenter d'expliquer... au mieux.

Ainsi firent-ils route en silence jusqu'à la demeure du Seigneur des lieux. Peut-être Finrodel voulait-il l'avertir de son départ ? Haerelon avait essayé d'obtenir une audience auprès du seigneur avant d'aller trouver le sage, pour lui expliquer la requête d'Imladris et l'informer de son intention d'escorter Finrodel à Foncombe. Mais Laurelin était absent et nulle d'avait pu lui dire quand il serait de retour.

« - Maître, j'ignore si votre Seigneur est de retour, mais si vous le permettez, je vais vous laisser régler vos dernières affaires. Je profiterai de votre absence pour emprunter un cheval, acheter quelques provisions supplémentaires et me renseigner sur la meilleure route à prendre. Rejoignez-moi au pont de la Lhûn quand vous en aurez terminé. »

Le jeune elfe fit volte-face et prit la direction des écuries d'un ami qui vivait non loin, laissant derrière lui le maître se casser les dents devant la porte close du seigneur des lieux. Cela ne lui prit qu'une petite demi-heure. Et au bout de trois-quarts d'heure il était au point de rendez-vous, à cru sur une jument grise, les fontes pleines de vivres et un itinéraire relativement sûr en tête. Finrodel l'y attendait déjà, monté sur un magnifique cheval couleur d'or sombre. L'horizon entre temps avait pris les teintes orange et pourpre de la fin du crépuscule. La nuit allait bientôt étendre son voile sur le monde.

« - Nous allons prendre vers le sud-est pour longer les frontières de la Comté, traverser le Baranduin par le pont des semi-hommes en Pays de Bouc, puis contourner la Vieille Forêt jusqu'à Bree. Il faudra avant tout éviter de s'enfoncer dans les Landes du Nord, d'aussi près d'Annùminas que ce soit, ces terres grouillent de bandits qui n'hésiteront pas à s'attaquer à deux voyageurs seuls. Là-bas nous pourront nous reposer dans une auberge et prendre le temps de nous renseigner sur le reste du trajet. Amon Sûl et la Grande Route de l'Est attirent les détrousseurs mais c'est le chemin le plus court. Pour le moment commençons par avancer jusqu'à ce que les nuages ne nous cachent définitivement la lune pour cette nuit. »

Sur ces mots il poussa sa jument en avant et partit au petit galop dans la direction prévue...
Ce ne fut que lorsque les dernières habituations eurent disparu derrière eux, qu'Haerelon revint sur les premières question de l'autre elfe. Il refit passer son cheval au pas et attendit que Finrodel soit à sa hauteur.

« - Vos questions Maître, me mettent dans l'embarras. Trop de réponses bien peu satisfaisantes me viennent en tête... Depuis plusieurs années un groupe de melkorites se faisant appelé l'Ordre de la Couronne de Fer, s'est agrandi de manière anormale. Ce sont pour la plupart des Orientaux ou des Suderons car c'est là-bas que se cultive encore le culte de Melkor. Mais ils ont ralliés tant d'hommes de tout horizons et... des elfes aussi... Leur étendard représentait une couronne d'argent et un M sur fond de sable... Il y a deux ans, ils ont commencé à frapper à chaque place où leurs bras portaient : Rohan, Gondor...Les Royaumes des Hommes ont souffert mais nous nous croyions à l'abri... Mais l'année dernière... »

Le jeune elfe s'interrompit et regarda autour de lui pour contenir son émotion. Le paysage prenait les teintes sombres de la nuit et le ciel avait viré au bleu profond constellé d'étoiles. Le croissant de lune qui éclairait leur route dispersait son halo de lumière au milieu d'elles.

« - Ils ont frappé vite et fort, nous n'avons rien pu faire. C'était des elfes à leur tête, des elfes pleins de haine et de rancœur. Et ils ont tué et tué encore jusqu'à ce que nous leur abandonnions notre demeure. Et Imladris a été perdue. A partir de cette place forte, ils ont semé le chaos dans tous les villages alentours, toujours aussi assoiffés de sang et de massacre... Notre Seigneur Sombre-Chêne a payé le prix fort pour avoir échoué à protéger Imladris... Il nous a fallu trois long mois pour pouvoir récupérer ce qui était nôtre grâce au Seigneur Calion Palantir et tout ceux qui l'ont accompagnés. Nous avons payé cher cette victoire  et récupéré la Dernière Maison Simple saccagée, et souillée... »

L'émotion faisait trembler sa voix. Il aurait aimé oublié et ne se souvenir que du temps de sa splendeur. Non pas les cadavres qui jonchaient les allées autrefois fleuries, maintenant piétinées et boueuses. Non pas des plaies béantes dans le bois finement sculpté, pleines d'échardes et de lambeaux. Non pas des tâches lie-de-vin, incrustées irrémédiablement dans les pores de la pierres là où le sang de ses camarades et amis étaient tombés. Non pas l'armurerie dévastée, les sépultures profanées, les sculptures défigurées, la bibliothèque perdue, les instruments détruits... Ses doigts se resserrèrent sur la crinière cendrée de sa jument.

« - De cet Ordre il ne reste que des vestiges, du moins est-ce ce que tout le monde espère. Traqués, pourchassés par tous les peuples libres. Certains disent qu'un groupe de héros lui a coupé la tête. Je ne saurais dire si c'est vrai, nous avons tous été très occupés... »

Haerelon laissa sa phrase en suspens et jeta un coup d'œil en direction de son compagnon de voyage. Cela faisait beaucoup à digérer, il en avait bien conscience. Peu de mots pour beaucoup trop d'implications, de terribles conséquences. Il avait conscience que ce n'était pas très charitable de sa part de l'avoir annoncé aussi crument, mais c'était égoïste, il ne voulait s'attarder plus longtemps que nécessaire sur ces souvenirs atroces.
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Rechercher dans: Les Havres Gris   Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tour et détours [Finrodel]    Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 22 Nov 2014 - 18:00


La réponse de l'ermite sembla frapper de foudre Haerelon. Ses yeux étaient écarquillés, sa mâchoire aurait pu tomber au sol. Il avait mal entendu, forcément. Forcément...
Il était à Imladris quand les choses avaient commencé. Il avait vu... Il avait vu le chaos s'abattre sur la Dernière Maison Simple et sur tous les alentours. Il avait vu la fuite de ses habitants lorsque l'Ordre avait déferlé sur eux comme une nuée de sauterelles noires et corrompues, et avait brisé toutes leurs défenses. Il avait vu les morts, les blessés. Il avait vu des elfes affronter des elfes comme dans les temps immémoriaux. Il avait tendu son arc contre eux et laissé son épée mordre leurs chairs. Il avait assisté au carnage jusqu'à ce que le sol antique de la cité elfe ne ressemble plus qu'au Marais des Morts, jonché de mares de sang, de cadavres, de têtes tranchées et d'entrailles d'amis et de frères. Et tout ce qui avait été abimé ou détruit, des chef-œuvres inestimables, des livres plus anciens que la somme des âges de ses habitants, des vestiges restés jusqu'alors immuables. Comme les vies de ceux qui étaient tombés, tout cela était perdu à jamais.
Alors non, il ne pouvait tolérer une telle insouciance, un tel... désintérêt. Il avait reçu les paroles du maître elfe comme un coup de poignard dans le dos. Rien de moins. Il ne s'attendait pas... Il n'aurait jamais pu s'attendre à... ça.

D'un mouvement vif, il fut sur ses jambes. Il attrapa le poignet du sage avant que la plume ne puisse toucher le parchemin. Une goutte d'encre roula lentement jusqu'à la pointe avant de s'écraser sur le papier.

« - On m'a demandé de vous ramener. Vous, pas quelques recommandations couchées sur le papier. Imladris a bien failli être rasée, détruite. Elle a été profanée, mutilée et souillée par les adorateurs de Melkor. Les villages ont été ravagés... et c'est là toute votre réaction ?!... Ça ne partira pas. Ça ne s'effacera pas. Tout a changé... à jamais... »

Le plus jeune n'avait pas haussé le ton, sa voix était juste amer, déçue mais égale. Sa colère était plus profonde que ce que pourrait exprimer ses mots ou ses gestes. Sa voix dévia malgré tout légèrement vers les aiguës. La poigne qui retenait le bras de Finrodel tremblait imperceptiblement. Mais ses yeux noirs eux étaient profondément ancrés dans ceux de l'aîné, animés d'une détermination sans faille et presque aussi froids que ceux des sylvains à l'époque où Vertbois-Le-Grand portait le nom de Forêt Noire. Puis, finalement, il relâcha sa prise, se redressa et s'éloigna d'un pas. Il avait outrepassé ses droits en agissant de la sorte, en parlant de la sorte, son rang ne le lui permettait pas mais il ne regrettait pas un mot de ce qu'il avait dit ni son geste. Le maître des lieux semblait... surpris ? choqué ? Qu'importe !
Il avait rapidement compris que Finrodel voulait se débarrasser de lui au plus vite. Son test avait été concluant, bien qu'il n'ait jamais pu s'attendre à ce résultat. Le Maître de la Tour à la Clé d'Or ne l'avait pas interrogé. Il ne s'était montré ni intéressé, ni même curieux. Il n'agissait pas comme quelqu'un qui ne savait rien du monde autour de lui mais comme quelqu'un qui n'en avait cure. Comme s'il s'en fichait éperdument. Et grande était la déception du messager.

Haerelon se mordit l'intérieur de la joue avant de s'incliner respectueusement.

« - Bien... Si vous voulez bien m'excuser. Je n'ai visiblement que trop abusé de votre hospitalité. J'ai un rapport à remettre à mes supérieurs. Ils se trompaient à votre sujet Maître, vous m'en voyez navré. Je m'assurerais que personne ne vous dérange plus, soyez-en assuré. »

Sur ces mots, il tourna le dos et se dirigea vers la sortie. A quoi bon s'attarder. Il allait sérieusement se faire rabrouer pour avoir faillit à sa mission.  Mais ceux qui avaient cru que cet elfe pouvait les aider à restaurer la Cité n'avait pas dû le voir depuis bien longtemps pour s'être autant fourvoyé sur lui.
Il réarrangea sa tenue, ses armes et son maigre paquetage, prêt à passer la porte. Cependant, mû par un étrange espoir, il se retourna pour ajouter.

« - Si vous changez d'avis, je vais rester quelques heures au port avant de repartir. »

Ce à quoi il ajouta une formule de politesse dans sa langue natale avant de sortir sans laisser la moindre chance au sage d'ouvrir la bouche. Il avait besoin d'air, de sentir la mer et les arbres. Quel fiasco !

Comme il l'avait dit à Finrodel, il se dirigea vers le port. Il grippa sur un grand arbre qui poussait là. Assis sur une épaisse branche basse, le dos appuyé contre le tronc noueux, il tourna son regard vers le large. Simplement tout oublier quelques instants. Il ne voulait pas se demander si le sage retrouverait la raison ou si ses trop longues années ne lui pesaient finalement pas trop pour sortir de sa demeure. Il ne concevait pas le savoir sans partage. C'est le refus de partager ses connaissances qui avaient déclenché de nombreuses guerres par le passé et puis quel intérêt de tout savoir et de n'en faire profiter personne, de n'en tirer des leçons que pour soi-même et de délaisser le monde. Peut-être était-il trop jeune pour comprendre ?
Sujet: Tour et détours [Finrodel]
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Rechercher dans: Les Havres Gris   Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tour et détours [Finrodel]    Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 9 Nov 2014 - 1:12

Pour un jeune elfe comme Haerelon, il était toujours très impressionnant de se retrouver face à un être si vieux et vénérable. Il ressentait le même respect teinté d'admiration pour les Seigneurs, Maîtres et Anciens qui vivaient à Fondcombe, mais, face à Finrodel, qui avait consacré un pan de son existence à la sagesse et au savoir... il se sentait étrangement petit, comme un enfant. Instinctivement, il salua une deuxième fois d'un mouvement gracieux de la tête.
Etait-ce cette admiration qui provoqua ce haussement de sourcil surpris quand le Maître de la Tour à la Clé d'Or se définit lui-même comme un "vieil ermite délabré" ? Oui, évidement ! Drôle d'expression pour se décrire soi-même. Drôle d'expression dans la bouche d'un elfe... surtout quand on est habitué au parlé d'Imladris. Drôle d'expression en cette période si particulière qui suit les temps sombres. Mais que répondre à ça ? "Non non maître, vous n'êtes pas délabré" ? La conversation deviendrait vite surréaliste et stérile.

Il suivit pourtant docilement le vieil elfe vers les étages inférieurs, tentant de trouver les meilleurs mots pour exposer les raisons de sa visite. De toute évidence, Finrodel pensait qu'Haerelon était venu le consulter personnellement et, devant cette étrange insouciance dont faisait preuve son hôte, le jeune elfe commençait à craindre que ses inquiétudes, qu'il avait prises pour des suppositions fantasques ne soient en fait avérée. Mieux valait dans ce cas tâter le terrain pour ne pas avoir à annoncer trop violement certaines nouvelles dramatiques.
Il laissa errer son regard quelques temps sur les rayonnages que leur descente leur permettait de traverser, gagnant un temps précieux pour réfléchir à ses mots. Puis enfin, pratiquement arrivés à leur destination, il ouvrit la bouche. Sa voix était posée et sûre. Il parvenait à dissimuler avec un brio incontestable ses angoisses.

« - Je ne suis pas ici pour moi, Maître Findorel. Je ne suis qu'un messager, si je puis dire. Je viens à la demande de certains maîtres d'Imladris qui souhaiteraient vous inviter à demeurer quelques temps avec eux. Après les... »
Il chercha un temps une formulation assez neutre.
« - ... évènements récents qui ont agités la région, ils ont tenu conseil. Et il en est ressortit qu'ils souhaiteraient vivement s'entretenir avec vous de plusieurs problèmes. Ils ont estimé que votre grand savoir leur serait précieux en ces heures de renouveau. »

Un peu sibyllin mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé pour savoir véritablement jusqu'à quel point l'elfe avait vécu en "ermite" comme il se décrivait lui-même. Suivant les questions qu'il ne manquerait immanquablement pas de lui poser, il saurait à quoi s'en tenir. Son instinct lui hurlait qu'il ne devrait pas se faire trop d'illusions sur le sujet. A l'instant où leurs regards s'étaient croisés, il avait sentit une chose étrange, l'impression que cet elfe vivait totalement hors du temps. L'image qui lui avait traversé la tête lui disait que le monde aurait pu s'écrouler tout autour de Finrodel, qu'il n'en aurait ressentit aucun frémissement, absorbé à son ouvrage. Sur le moment, il avait mis ça sur le coup de l'inquiétude, une simple transposition de ses angoisses au moment inopportun, rien de bien méchant. Mais maintenant, il priait pour qu'un fois dans sa vie, son instinct ait fait fausse route.  

Sur ces considérations, les deux elfes arrivèrent enfin à l'étage qu'ils cherchaient. Et, effectivement, Finrodel ne lui avait pas mentit, l'endroit était des plus confortables. Dans un coin se tenait des fauteuils, des bancs et des chaises de formes diverses mais parfaitement harmonieuses entre elles, comme le seraient ensemble toutes les branches d'un vieil arbre. De confortables coussins en tissus délicats y étaient placés. Ça et là étaient disséminés des petits guéridons pour poser du matériel, de la nourriture ou des livres, des tables de lectures pour les ouvrages plus volumineux ou fragiles, des bureaux pour écrire. Le tout encerclé d'immense bibliothèque remplies jusqu'aux limites du plafond de papyrus, de vélins, de parchemins et de papiers parfois volants, parfois enfermés dans de solides couvertures de bois, de cuir, de tissus ou de métaux précieux, parfois sous forme de rouleaux, de manuscrits, de codex,... Il y avait de toutes sortes sous toutes ses formes. Il y régnait une odeur de vieil ouvrage, d'encre et de paix.
C'était un vrai plaisir d'y prendre un siège et Haerelon s'installa face à son hôte. Il se laissa un instant aller contre le dossier, profitant d'un confort qu'il n'avait que trop peu goûté durant son voyage à travers l'Arnor. L'atmosphère des lieux avait pratiquement faillit lui faire oublier pourquoi il était venu et surtout, surtout, ce qu'il attendait avec tant d'angoisse : les questions de Finrodel.

Face à bien trop de mauvaises nouvelles, il y avait deux types de personnes : celles qui finissaient par relativiser, accepter les mauvais coups du sort comme inévitable quand la vie s'étire à l'infinie, et celles qui, à force d'en entendre, finissaient par ne plus en supporter. Haerelon savait qu'il était de cette deuxième catégorie. Pour le moment il était jeune et encaissait, mais elles le minaient progressivement et le mineraient encore de très longues années, décennies, siècles, millénaires... Ainsi était-il du genre à savamment les éviter. C'était une attitude d'auto-préservation un peu lâche, il voulait bien l'avouer, mais à quoi donc pouvait servir une éternité si c'était pour regarder les ans passer en se courbant un peu plus sous le poids de la tristesse jusqu'à n'être plus qu'un fantôme. Il ne voulait pas devenir comme sa sœur. Alors se faire le messager des pires moments de ces longues et pénibles années... Il espérait que Maître Finrodel était de la première catégorie de personne, cela lui faciliterait grandement la tâche... A condition qu'il ne soit au courant de rien, voilà qu'il mettait la charrue avant les bœufs. Il se faisait peut-être - sans doute - du mauvais sang pour rien !
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Rechercher dans: Les Havres Gris   Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Tour et détours [Finrodel]    Tag haerelon sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 29 Oct 2014 - 17:46
[J'invite ceux qui veulent se joindre à nous à venir s'il le veulent, je ne mange personne... enfin je crois ^^]


Haerelon se tenait désormais sur les hauteurs des Havres Gris, observant la mer qui s'étendait bien au delà de l'horizon où son regard portait. Il songeait à Aman, les lointaines Terres Immortelles de l'Ouest et à sa sœur qui avait fait le voyage sans retour quelques siècles auparavant. L'odeur de l'iode, le cri des oiseaux marins, les sons qui montaient du port... Il se demandait comment les elfes qui vivaient ici pouvaient regarder chaque jour la mer et chaque jour accepter de ne pas prendre le navire, renoncer à ce projet, se détourner de cet appel impérieux et reprendre leurs activités. Comme ceux de sa race, Haerelon portait en lui la nostalgie d'un passé lointain et ressentait l'appel de la mer. Pourtant il n'était pas assez vieux pour avoir connu cette époque où les elfes avaient quitté la Terre des Valar, il n'avait aucune idée de ce que pouvait être cet endroit, seulement qu'il n'en existait nul pareil, qu'on y trouvait la beauté et la paix. Mais il était jeune, il aimait Endor et ses habitants, s'y sentait chez lui. Et malgré les évènements qu'avaient déclenchés l'Ordre à la Couronne de Fer, il n'aurait jamais voulu être ailleurs.

Haerelon était un elfe de Fondcombe, cheveux sombres et yeux de charbon, avec encore l'entrain de la jeunesse qui n'a pas encore eut à mesurer le poids des ans. On le traite encore parfois comme un enfant malgré ses siècles, quelques faits d'armes notables et nombres de qualités qui lui valent les louanges de ses supérieurs. Et aujourd'hui il allait enfin pouvoir prouver qu'il était digne de la confiance qu'on avait placé en lui. Sa première mission en solitaire. Ô, il ne se faisait pas d'illusion sur la raison pour laquelle on l'avait envoyé lui plutôt qu'un autre. De tous ceux qui étaient susceptibles de mener à bien cette mission, de tous ceux qui pouvaient retracer de mémoires les chemins d'Arnor, il était le seul à déjà connaitre la morsure de la mer. Il le comprenait et l'acceptait. C'était une logique qu'il partageait sans réserve.

Détournant les yeux de sa rêverie, il descendit de son promontoire et accéléra le pas en direction des Tours. Il avait fait tout le voyage d'Imladris d'une traite, dormant peu, mangeant peu et avançant à bon train. On lui avait demandé de profiter de l'absence des Seigneurs, partis au mariage du Roi Aldarion à Minas Tirith, pour tenter de faire sortir le Maître Finrodel de sa tour. D'après ce qu'il avait entendu dire, cela faisait bien longtemps que l'elfe n'avait pas mis le nez dehors et certains doutaient même qu'il ait été au courant de nombres des terribles évènements de l'année écoulée. Etait-ce vrai ? Haerelon espérait bien que non. Il ne tenait pas véritablement à être celui qui annoncerait la longue liste de pertes et de destructions à cet elfe sage et respecté.

Il traversa le port, avança entre les maisons qui regardaient face à la mer au milieu d'autres elfes affairés à leurs tâches, et arriva enfin au pied de la Tour à la Clé d'Or. Elle était aussi magnifique que dans son souvenir, plus belle encore si cela fut possible. Il la regardait désormais d'un œil neuf. Au départ de sa sœur, Mithlond lui avait paru triste et grise, désormais elle lui semblait lumineuse et vivante. Il fit lentement le tour du bâtiment pour en trouver l'entrée, dissimulée par une grande lyre de bois sculpté et l'anneau de la connaissance. Jamais encore il n'avait dépassé le seuil de l'immense bâtisse. Pas que le savoir qui y était enfermé ne l'intéressait pas, c'était un habitué des immenses bibliothèques de Fondcombe, mais chaque fois qu'il avait dû se rendre à Mithlond, son cœur était triste et mélancolique. E rien n'aurait pu le forcer à faire autre chose que fixer l'horizon jusqu'à ce que le soleil ait totalement disparu derrière l'immense miroir d'eau, s'endormir sans en bouger et se réveiller pour continuer à fixer le lointain.

L'envoyé d'Imladris poussa le battant de la grande porte qui s'ouvrit sans un bruit. Il régnait dans la tour un silence méditatif tel que l'on aurait pu y entendre une souris traverser les étages. L'atmosphère était sereine, paisible, et le jeune elfe comprit ce qui pouvait pousser quelqu'un à rester ici, coupé de tout, pendant une éternité. D'ailleurs qu'était-ce qu'une éternité pour les elfes ? Aussi silencieux que peuvent l'être les elfes, Haerelon traversa étage après étage, laissant son regard s’égarer sur les trésors qu'ils recelaient. Il savait que pour trouver le Maître Elfe qu'il était venu chercher, il devait monter tout en haut, là où personne d'autre ne serait venu le déranger que pour lui apporter quelques provisions et de nouvelles lectures.
Enfin, il trouva une porte close. Ça ne pouvait être qu'ici. Soudain étrangement nerveux, le jeune elfe remit de l'ordre dans sa chevelure, replaça correctement son plastron de cuir à plaques d'acier et enfin toqua. Il n'avait pas frappé fort mais, dans le silence, son appel sembla faire écho dans toute la Tour.

« - Maître Finrodel ? Je... je me nomme Haerelon Feramath. J'ai voyagé depuis Imladris pour pouvoir vous trouver. »

Sitôt la porte fut-elle ouverte qu'il s'inclina avec grâce et respect comme il sied à un représentant de sa race.
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