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Et tous les Nains se trouvant dans la salle eurent bel et bien le récit, que cela leur plaise ou non, de ce qui s'était passé depuis que Rhîm, Grîm, et le coffre avaient quitté Tronjheim pour la dernière fois. Ce fut le frère à barbe rousse qui s'exprima, non qu'il eut le coeur pour conter des histoires, mais simplement pour rendre compte de la haute trahison de leurs ennemis et de la malhonnêteté du roi Gorth...

"Nous étions partis, mon frère et moi, chargés de ce coffre et de ces cinquante pièces d'or, ainsi que de cette tâche à accomplir: récupérer notre frère Khîm et, en échange, laisser le précieux butin au croisement des Trois Chemins..."

Jusque là rien de bien nouveau pour ceux des Naugrim qui tendaient l'oreille - et aussi pour ceux qui n'écoutaient pas, si peu devaient-ils être malgré leur déception. L'éclaireur continua:

"Longtemps avons-nous marché dans la montagne, dans le froid, vers le Nord, vers le lieu atypique où les routes du Sud, du Nord et de l'Est se retrouvent exactement en un même point, marqué par une haute pierre à l'allure sinistre. Tous a l'air sinistre, d'ailleurs, en ce lieu, mais les évènements qui allaient s'y dérouler le seraient tout autant. En effet, j'ai ma sacoche, épuisé, ainsi que le coffre. Grîm et moi avons attendu quelques temps, car nos ennemis semblaient en retard - sans doute quelques soucis pour guider Khîm jusqu'ici, pensais-je... mais je me trompais."

Il mit tellement de force et de conviction dans ce dernier mot que les plus réticents à l'idée d'un récit ne purent s'empêcher de prendre connaissance de la suite.

"Je me trompais, oui. Car nous avons alors aperçu deux émissaires, mais point de prisonnier.  Et après quelques tentatives de nous chiper le trésor sans preuve aucune de ce que nous demandions en retour, l'un d'eux à sonné du cor. En un instant, des dizaines de Gobelins étaient sur nous, et nous ne nous sommes échappé que par miracle, pourrait-il sembler. Ou peut-être était-ce le couvert de la nuit qui nous a permis de nous sauver..."

Cela ne semblait guère crédible, tout Khazad sait qu'un Gobelin à des yeux habitués à l'obscurité.

"La fin du récit ne consiste qu'en une course effrénée et ininterrompue jusqu'ici, afin de vous faire part au plus vite de la trahison et de l'indignation que nous avons subi, Monseigneur."

Rhîm eut un pas de recul. Il ne dit plus rien. Il avait fini.

#Rhîm #Khîm #Grîm

Rhîm avait bien ronchonné en apprenant que son frère allait boire tout seul et que lui-même serait privé d'un bonne bière à la taverne. Et tout ça pour cet Harvïn qui ne cessait d'aller et venir entre la grand'salle et la pièce.

"D'accord, vas-y, mais ne traîne pas trop, j'y irai tout seul aussi après ton retour. Rien ne vaut une bonne bière partagée entre frères, dit-on, mais une bière consommée en solitaire vaut toujours mieux que rien, et mon gosier est asséché!"

Lorsque Grîm revint de sa petite escapade, il put voir son frangin dormir et l'entendre ronfler bruyamment. Tout son cessa lorsque ce dernier se réveilla en sursaut. Il était à mille lieu de se douter que son parent venait de dessiner une copie presque conforme de leur Cité - à ceci près que les tunnels d'entrée et les corridors d'accès aux salles importantes avaient été soigneusement modifiés, selon le plan de Tahar.

"Bon! Et ben à mon tour maintenant! Garde bien ma sacoche, je viens de la remplir de victuailles nouvelles!"

Il prit deux sous et se rendit à l'auberge. Il y avait fort peu de monde, heureusement...

*Doivent nous prendre pour des fous... Autant rester discret sur les raisons de notre bizarrerie.*

Mais on semblait pourtant fort peu s'intéresser à sa présence: à la table d'à côté, un Nain à cape orange discutait avec un autre au sujet d'orfèvres et de voyages. Au fond, quelques Naugrims solitaires fumaient en silence. C'était une heure creuse...

Une chope vint claquer sur le bois de la table.

"Merci."

Rhîm remit les deux pièces au tavernier.

"Merci à vous!"

Il sortit sa pipe et sa blague et se mit lui-aussi à fumer, chose absurde en ces temps sombres, mais nécessaires pour évacuer le stress et lui permettre de voir les choses différemment et de bien les juger.

#Rhîm #Grîm #Khîm

Ils étaient trois à marcher sur le sentier tortueux qui menait à leur logis, à leur cité, à leurs compatriotes de la ville-forteresse de Tronjheim. Trois frères, trois éclaieurs, trois solides frères d'armes que rien ni personne, semblait-il, ne pourrait séparer.

On les avait envoyé pour une banale mission de reconnaissance non loin des ruines de l'ancienne cité de Belegost, et comme à l'habitude, il n'y avait presque rien à signaler: la routine, la monotonie, le calme. Rien ne semblait troubler ces trois choses, à part peut-être un ou deux Orques entr'aperçus parmis les pierres, tout à l'heure. Car en règle générale, les Gobelins se tenaient tranquilles et ne songeaient guère à chercher les ennuis. En vérité, ils avaient renoncé depuis longtemps à une attaque sur Tronjheim... trop secrète, trop à l'écart, trop inexpugnable: la Cité Naine des montagnes Bleues n'avait rien à craindre.

Or donc ces trois acolytes gravissaient le chemin qui franchissait le dernier col à passer avant de revoir le feu chaleureux des mines des Khazad et de leur Seigneur. L'étroitesse du passage et l'escarpement les avaient obligé à progresser en file indienne; à leur droite, la paroi du rocher était presque à pique, haute, froide, infranchissable. De l'autre côté s'étandaient les plages de l'Ouest et la Grande Mer. A leur gauche, c'était un précipice de plusieurs centaines de pieds, qui ne laissait aucune chance lorsqu'on trébuchait et qui donnait une mauvaise impression dès qu'on regardait en bas.

En premier venait Khîm, le plus impétueux et le plus téméraire des trois. Il portait une solide hache de guerre, bien que la situation ne s'y prêtait pas vraiment. Elle servait plus souvent à couper du bois pour le feu qu'à batailler. Sa démarche ferme et assurée ne laissait aucun doute: il était le chef du trio et le plus âge des trois frères. Sur sa tête ne se voyait ni couvre chef ni capuche; ses habits tournaient tous autour des tons bruns.


Derrière lui marchait Rhîm, un Nain réservé mais fidèle, le plus attaché à l'honneur et au mérite. Il était vêtu d'un capuchon vert et ne portait d'autre arme qu'un arc court de fabrication Naine, attaché dans son dos. Son expression était aussi ferme que celle de son frère, qu'il suivrait sans hésiter jusque dans la mort, s'il le fallait...

Et en dernier venait Grîm, un Nain intelligent et habile qui était aussi doué au combat que connaisseur dans les traditions et les histoires d'autrefois.

Les trois frères arrivèrent après maintes peines en haut du col et dévallèrent les pentes de l'autre côté comme des chiens de chasse sentant le gibier. Ce fut Khîm qui les arrêta:

"Le soleil se couche derrière les montagnes, à l'Ouest. Il ne va pas tarder à faire nuit. Arrêtons-nous et passons la nuit ici, maintenant que le terrain est plus favorable."

Nul autre ne fit d'objection, et tous furent bientôt assis. Mais Rhîm semblait maugréer:

"Il fait frisquet, dit-il, et les flocons de neige tombent, quoique très fins et éparses. Allumons un feu! Les risques sont minimes: nous ne sont tombés que sur deux Orques durant toute la mission, et encore... ils se sont carapatés en nous voyant... Tirons à la courte paille celui qui iront chercher le bois."

#Khîm #Grîm #Rhîm