Le souffle coupé. La salive gelée à son menton. Sa vilaine blessure qui le rappelle à son bon souvenir. Les cris derrière lui. Les jambes qui le brûlent. Les yeux embrumés. Le cœur frappant contre sa poitrine aussi vite que des tambours de guerre. La gorge sèche. La neige semblant comme vouloir l'agripper à chacun de ses pas saccadés.
Telle était la situation du fugitif. Du rescapé. Du survivant. De la proie.
***
"Il faut les retrouver ! Ne cessez pas les recherches tant que leurs têtes sont encore sur leurs épaules ! Allez !"Les ordres de
Lycos étaient limpides. Malgré les précautions prises par les Masques pour les traquer,
Lycos et ses hommes avaient fini par s'apercevoir qu'ils étaient suivis. Il avait alors décidé de diviser sa compagnie en deux groupes distincts, lui et ses cavaliers d'un côté, les Lefnuis les moins aguerris de l'autre.
Lycos avait interdit d'allumer quelque feu que ce soit dans leur base retranchée, tandis qu'il en avait intimé l'ordre au second groupe. Ces Lefnuis inconscients ne savaient pas encore qu'ils étaient donnés en pâture aux Masques. Cela ne chagrina pas un instant
Lycos qui jubilait même en repensant à ce plan. Nulle victoire sans sacrifices, leur répétait-on souvent au sein de l'Ordre.
Leurs poursuivants avaient mordu à l'appât. Il les laissa jouir de leur apparente victoire puis il ordonna la charge. Sa dizaine de cavaliers et lui s'élancèrent alors sur ces pauvres idiots. L'Ordre ne cessait de malmener ses ennemis, partout, tout le temps.
Plusieurs Masques esseulés, courant dans la neige furent atteints par les lames, piétinés par les sabots ou criblés de carreaux. Mais tous n'étaient pas encore morts. La nuit n'aidait pas mais lorsque la lune daignait se montrer, ils retrouvaient la piste d'un ou deux fuyards et finissaient par les tuer. Jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une poignée.
Une silhouette se dessina devant les yeux de
Lycos, là-bas, à quelques centaines de pas.
"Là ! Encore un !" lâcha-t-il à ses acolytes.
Il éperonna son étalon et commença sa course, devant se terminer par un nouveau présent pour les cavernes de Mandos. À la tête de la dizaine de cavaliers au galop,
Lycos savourait ce nouveau succès pour leur cause.
Mais son sourire disparut. Ses yeux se plissèrent et le mors rentra un peu plus dans la gueule de sa monture, ralentissant sa cadence -sans la stopper totalement. Deux cavaliers arrivaient au galop, se rapprochant de leur cible, porteuse d'une arbalète particulière.
Il aurait sa victime de plus. Pour seule instruction à l'encontre des deux inconnus allant dans leur direction, ses hommes n'eurent qu'un :
"Tout ce qui n'est pas Nous, doit mourir."#Lycos