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Sujet: Les Goûts et les Couleurs
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag orio sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Les Goûts et les Couleurs    Tag orio sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 21 Fév 2016 - 13:45
Une entrée qui n'était pas forcément de très bon goût, mais qui avait le mérite d'être haute en couleur. Entre vexation, admiration, et crainte de voir sa vie privée exposée, les sentiments des nobles étaient divers et variés, mais tous étaient bien obligés de s'avouer que cet assassin à la voix de miel et aux paroles caustiques était d'une habileté et d'une vivacité d'esprit hors pair. Le sieur Orio, propriétaire de la bâtisse, avait-il eu raison d'avoir recours à ce Paradoxe, ou à ce Schifo, ou quelque nom qu'il faille lui donner ? C'était de lui que venait l'idée, et c'est lui qui l'avait contacté par le biais de la lettre. Il s'en était tiré avec quelques critiques sur ses goûts picturaux, mais ce n'était pas le cas de tous... Que faudrait-il encore subir en contrepartie de l'aide de cet hurluberlu costumé ?

Et pourtant ils restaient là, hébétés, écoutant cet excentrique débiter ses vanités et ses conditions, comprenant avec horreur que non seulement ils étaient à la merci de sa connaissance de leur vie privée, mais que, cerise sur le gâteau, ils devraient le convaincre qu'ils étaient dignes de pouvoir faire appel à ses services. Tous les hommes étaient si abasourdis par ses tirades pléthoriques que nul n'osa répondre de suite à sa dernière question, chacun regardant les autres du coin de l’œil et espérant qu'un de ses homologues ait le courage ou l'audace d'en prendre l'initiative.

Mais il y en avait un, qui tout à l'heure n'avait ni tiré l'épée ni fui contre les murs, qui était resté assis à la table des pâtisseries sans toutefois en manger aucune. C'était un jeune noble auquel ses cheveux bruns mi-longs aux mèches désordonnées et sa manie de parler aux autres en tordant la tête d'un côté donnaient un air irrévérencieux et rebelle. Un coude sur la table, l'autre sur le dossier de sa chaise capitonnée, il se mit à battre lentement des mains comme pour applaudir l'assassin masqué, avec sur sa figure un sourire en coin qui en disait long sur l'ironie de son geste.

– Je dois dire... que je suis presque déçu de ne pas avoir été la cible de tes révélations. M'as-tu épargné par charité, par délicatesse, ou bien as-tu pensé que ma vie privée choquerait à ce point mes pairs qu'ils ne sauraient plus retrouver leurs coffres pour te payer ? C'est bien dommage, car il y a là autre chose qu'un penchant pour les sucreries ou un mari qui découche... Pourquoi n'as-tu pas dit que je fais venir le vin du Harad à prix d'or pour le boire à la bouteille jusqu'à en vomir, ou que j'invite tant de demoiselles à la fois dans ma chambre que je n'arrive pas à toute les faire tenir sur mon lit double à baldaquin ? Pourquoi as-tu omis ma manie de cracher à la figure des pauvres quand ils me demandent l'aumône, ou de faire abattre mes étalons quand je suis las du porc et du petit gibier ? Nous sommes des nobles, nom de dieu, nous pouvons nous le permettre ! Alors écoute-moi bien, tu n'as rien à révéler qui puisse me faire honte car je n'ai honte de rien.

Les regards que lui portèrent les autres nobles trahissaient leur malaise et leur crainte qu'il fasse capoter toute l'affaire. Ce n'était pas la première fois que ce jeune orphelin arrogant et imbu de lui-même, qui avait trop tôt hérité des richesses de feu ses parents, exposait ses lubies devant eux, mais en l’occurrence le moment était très mal choisi : si son but avait été de discréditer les valeurs de la noblesse de Dur'Zork aux yeux de Schifo, il n'aurait pas fait mieux ! Nullement décontenancé, l'enfant terrible continua...

– Bien, mais peut-être est-ce justement parce que tu savais que rien ne pouvait me faire honte, que tu n'as pas jugé utile de le crier haut et fort. Si c'est le cas, ce serait la preuve que tu as des capacités de recherche hors-du-commun, je dois bien le reconnaître. Ça te donne le droit d'entendre ce pourquoi nous t'avons fait venir ici, et de ma bouche, encore ! Comme tu peux le voir, je ne suis pas du genre à cacher les éléments les moins ragoûtants, ça devrait donc te plaire... Tout ceci a commencé il y a près de trois semaines. Une nuit, j'ai été interrompu par une série de cris sauvages, trop lointains pour que je puisse croire qu'ils provenaient de mon lit, mais assez proche pour être sûr de les avoir entendus. Ils venaient d'un autre quartier de la ville, c'était certain. J'habite dans la bordure, pas loin des murailles, mais tu dois sûrement le savoir. Ça ne m'a pas alarmé plus que ça sur le coup : sûrement une rafle perpétrée par les miliciens, c'est ce que je me suis dit, ils ne font pas dans la dentelle ceux-là quand il s'agit d'arrêter les nostalgiques et les idéalistes. Sauf que... les miliciens ne laissent pas les cadavres sur le lieu de leur arrestation ; non, ils les font disparaître quand ils ne veulent pas que ça s'ébruite, ou bien ils les mettent bien en évidence en place publique quand ils veulent en faire des exemples. Et ils ne dégustent pas des morceaux de leurs victimes, enfin pas que je sache, leur solde n'est peut-être pas mirobolante mais elle leur permet tout de même de manger décemment, dieu merci ! Hors le cadavre d'un marchand de charcuterie a été retrouvé dans les souks le lendemain matin, étendu sur le dos, la gorge en bouillie, le bras gauche rongé par endroit jusqu'à l'os, comme une pomme dans laquelle on aurait croqué goulûment avant de la jeter à moitié mangée.

Un peu plus loin, le seigneur Elituni ne pu retenir un bref gémissement de dégoût, bien que ce n'était pas la première fois qu'il entendait ce récit. Le seigneur Targni se sentit obligé de proférer à mi-voix quelque lamentation hypocrite au sujet de ce pauvre marchand. Le seigneur Orio, quant à lui, se contentait de suivre le monologue pour veiller à ce que le jeune seigneur Tezza ne s'éloigne pas de la réalité des faits.

– Tout autour de lui, reprit ce dernier, une énorme flaque de sang rouge, son propre sang, qui commençait de sécher là où les premiers rayons du soleil l'atteignait. Pourquoi je parle de sang rouge, car il y avait un autre sang dans cette scène. La macchabée avait encore en main un hachoir tâché d'un liquide noir, et des gouttes de ce liquide partaient du lieu du massacre et tâchaient la terre battue de la ruelle, proches les unes des autres au début, plus de plus en plus sporadiques jusqu'à ce qu'on en perde totalement la trace. Et c'en était resté là pour le moment, un marchand en plus ou en moins ça ne fait pas grande différence. Mais les boucheries n'ont pas cessé, bien au contraire. Depuis, six cadavres ont été comptabilisés, qui avec un mollet en moins, qui avec les tripes éparpillées, qui avec un sourire jusqu'aux oreilles après s'être fait subtiliser lèvres et joues... Et toujours de nuit, jamais en plein jour, note bien. Et on ne retrouve plus de sang noir à présent, notre bête semble agir avec plus de prudence et d'efficacité que lors de sa première fois. Pour sûr, il s'agit d'une de ces bestioles dressées au combat qu'on a pu voir, et entendre, lorsque la ville a été prise. De drôles de bêtes, et incontrôlables, sans doute une espèce de ces créatures qu'on appelle les orcs. Ils les ont amenés dans notre cité, et maintenant que ces monstres ont eu leur utilité, ils ne savent plus quoi en faire... et voilà ce qui arrive ! Résultat : un charcutier, une veuve et son jeune fils attaqués dans leur masure, un milicien qui patrouillait seul, à nouveau un commerçant, et enfin un de mes propres paysans qui rentrait de sa journée de travail. Sans parler de tous les saccages perpétrés dans les commerces et les entrepôts de nourriture, et sur le bétail à l'extérieur de la ville. La chose commence à s'ébruiter en-dehors des murs, et ça, c'est très mauvais pour les affaires. En outre, un servant en moins, paysan ou garde, bonne ou jardinier, aussi faillible qu'il puisse être, crois-moi ça fait tout un tas de paperasse quand il s'agit de trouver un remplaçant.

– Tezza, cessez ces inepties !

Orio ne pouvait plus contenir sa colère devant l'effronterie du jeune noble. Il réagissait, mais trop tard, la mal était fait.

– Schifo, je vous prie de ne pas tenir compte du raisonnement du seigneur Tezza, il n'est en rien représentatif des motivations altruistes qui nous ont poussé à faire appel...


– Voilà pourquoi nous avons fait appel à toi, coupa sèchement l'intéressé. Tu devras retrouver cet bête, rattraper cette bête, abattre cette bête et nous ramener la tête de cette bête sur un plateau d'argent pour qu'elle cesse de nous importuner.
#Orio
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