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Il pleuvait ce matin à l'aube, une pluie lourde et frôlant la tempête qui se déversait sur le Rhovanion comme si les Valars déversaient toute leur larmes sur Rhor et Galarïn et leur malheur. Ils ne parlaient pas entre eux, chacun perdu dans leur pensée. C'était une ambiance glauque et vraiment triste. Les vêtements imbibés d'eau tombaient lourdement  sur leurs bras et jambe. Malgré le vent, leur cape ne volaient pas au vent. Elles étaient collés contre la peau et entravaient chaque mouvement. Les chevaux ne semblaient pourtant que très peu gêné par le mauvais temps et la lourdeur de leur cavalier.

Par moment, la pluie se changeait presque en neige et un durant les premiers heures de la journée un brouillard planait dans l'air. Rhor ne jeta pas le moindre regard derrière lui. Il était décidé, et savait ce qu'il avait à faire et comment le faire. C'était très clair dans sa tête, mais pour son frère cela semblait bien plus flou. Galarïn était le plus jeune des deux et avait toujours été dans l'ombre de son grand frère. Il avait donc pris l'habitude de le suivre, et encore une fois il suivait un peu "bêtement". Un peu en retrait, Galarïn regardait toute les cinq minutes en arrière comme s'il cherchait des fantômes. C'était même peut-être le cas...

Il s'en voulait d'avoir laissé derrière eux Erelion qui avait été pendant des années entières un compagnon devenu un frère et là, ils le laissaient seul. C'était un abandon pour lui, et il n'était vraiment pas sûr de prendre le bon choix... Ce qu'il cachait plus que bien à son frère qui de toute manière n'aurait rien remarqué tellement il était perdu dans ses pensées et ses plans pour rattraper leur absence et "sauver" Esgaroth de la criminalité. Le plus jeune des frères regarda une nouvelle fois derrière lui s'attendant à voir surgir Erelion d'un moment à un moment. Mais encore une fois rien...

Il se décida donc à briser le silence:

-Rhor... On va faire quoi à Esgaroth?

L'ainé sortit de sa tourpeur et stoppa son cheval d'un coup sec des rênes. Il baissa les yeux et les releva lentement pour fixer son frère. C'était un regard vague, comme s'il ne le voyait pas. Il parla doucement, lentement pesant chaque mot:

-Je pense utiliser les moyens que le Roi ne peut pas nous prendre... Les Ménestrels et les Espions nous aideront à purger la ville... En plus, j'ai un vieil ami qui peut nous trouver une aide précieuse si elle accepte de nous aider.

Le "elle" restait énigmatique, mais Galarïn comprit assez vite de qui voulait parler son frère. Ce n'était pas difficile car tous le monde à la ville du lac la connaissait. Elle représentait l'emblème du crime un peu et avait déjà aidé Erco et leur ordre par le passé. Ce serait peut-être encore le cas... Il l'espérait car si elle se mettait contre eux, leur croisade allait être bien plus hardu. Rhor reparla en fixant cette fois clairement son frère comme s'il était redescendu du terre:

-Tu sais on ne va faire aucune arrestation... Ce sera moche... Comme à la guerre peut-être. Tu es sûr de vouloir en être?

Ceci glaça le sans de Galarïn, bien sûr il s'en était douté que ça allait se passer sans la moindre pitié mais entendre son frère le dire comme cela sans la moindre émotion le refroidit d'un coup. Qu'était devenu son frère pour parler ainsi? Un de ces anciens soldats devenu antipathique ayant oublié l'importance d'une vie tellement, ils ont fréquenté cette mort et vu de chose horrible que pour eux c'est devenu normal. Non ce n'était pas possible, il ne pouvait croire que son frère avait déjà atteint ce stade... En tous cas il était sûr d'une chose qu'il dit à haute voix comme seul réponse:

-On fera ce qui doit être fait!!! Et j'en serais.


Fin de la discussion. Galarïn décida de garder ses doutes pour plus tard, il n'avait pas le droit d'abandonner son frère, pas maintenant.



Erelion avait bien plusieurs heures de retard sûr ses anciens camarades de chevalerie, il était prêt à tous pour les rattraper et les empêcher de passer la ligne rouge. Quitte à tuer son propre cheval. Il ne pouvait pas laisser cela se faire, c'était de son devoir de second d'Erco, enfin ancien-second d'un ancien-comte, de raisonner ses hommes.

Talonnant son cheval plus que nécessaire, pour le pousser à son maximum. Nul repos pour les braves comme on dit. Le vent rabattait toute la pluie sur son visage et il avait sa vision qui se brouillait par moment tellement l'eau ruisselait sur ses yeux.

-Maudite pluie!!! Maudit hivers.

Lâcha-t-il en essuyant d'un revers de la main son visage. Geste inutile, car quelques secondes après, ce fut comme s'il n'avait rien fait.

Il devait les rattraper.

Ses pensées étaient totalement chaotique, il pensait à tous, à rien. Par moment son humeur passait du désespoir à l'haîne puis il ne ressentait plus rien. C'était un peu la guerre dans sa tête.

Encore une.

Par chance le temps se calma vers midi, et le brouillard se dissipa avec l'arrivée d'une éclairci ou le soleil montra le bout de son nez, mais de manière que très courte. A peine une dizaine de minute, et l'astre se cacha de nouveau et la pluie reprit, mais moins forte de sorte que la chevauché s'améliora quelque peu et Erelion eut l'impression d'accélérer légèrement.

Il les vit!

Enfin, il aperçu surtout deux cavaliers devant lui qui avançaient au galop. Cela ne pouvait que être Rhor et Galarïn. Il en était presque sûr. Ses talons s'enfoncèrent une nouvelle fois dans les flancs de son destrier qui réagit au quart de tour et piqua un galop sur une dizaine de mètre avant de ralentir un peu.

L'homme d'Esgaroth jura silencieusement, et du ralentir le rythme s'il ne voulait pas tuer son cheval et voir toute ses chances de les rejoindre avant Esgaroth anéanties à zero.

Elfrûth, lui, ne savait encore rien sûr toute cette histoire. Il était encore entre la vie et la mort. Un guérisseur passait toute les heures changer les bandages, mais rien n'y faisait. Il ne parlait pas, et ouvrait néanmoins de temps en temps les yeux. Regard vide, injecté de sang. Il semblait savoir ce qui allait lui arriver...

Une mort lente et douloureuse sans se douter qu'il n'était plus chevalier, mais juste un agonisant sans blason reconnu.

#Erelion #Galarin #Rhor #Elfrûth

Rhor passa la soirée à profiter de la vie, et bu moulte chopes à l'honneur de son compagnon agonisant, mais ceci dans le plus grand secret préférant garder cela pour lui. Arborant un large sourire il parla à beaucoup de chevalier sans la moindre gêne. La bière coula à flot dans son gosier de telle sorte que ce fut son frère qui le persuada de rentrer avant qu'il ne puisse plus marcher. Ce qui était déjà presque le cas. Le coucher ne fut pas une mince affaire. Surtout lorsque Rhor défia armée d'une bougie allumée son propre frère qui du gérer pour éviter que toute l'auberge ne brûle. L'oublie semblait avoir gagné le chevalier de la Flèche Noir, car il s'écroula au final comme une masse sur son lit et s'endormi en 3petites secondes. Un ronflement brutal sortit bientôt de sa bouche empestant l'alcool, mais pourtant un visage de bébé était peint sur son visage.

Le réveil fut encore plus dur que le réveil. La gueule de bois cingla le pauvre Rhor comme un fouet heurtant le dos d'un esclave. Bouche pâteuse, mal de tête, le foie qui réclame de l'eau mais la gorge qui  refuse d'avaler la moindre chose sous peine de vomir. L'esprit pas clair et désorienté, l'ainé des frère se dirigea vers un baquet d'eau et y enfouit sa tête d'un coup et la secoua mollement une vingtaine de seconde avant de la ressortir à bout de souffle et d'aspirer une grande bouffée d'air. Se secouant la tête comme un chien et replongea alors. Il n'était pas encore guéris et apte à se battre. Il ré-itéra six fois la chose. L'eau glacé le réveilla de plus en plus, jusqu'à ce que l'eau lui brûle à moitié le visage déjà ravagé par des semaines de voyage. Il regarda son frère et lâcha d'un air presque vigoureux:

-Allons-y. On a des combats à mener.

A peine eut-il revêtu des habits convenables pour un tournoi qu'il sortait de la chambre. Simple tunique blanche ou une une flèche y était tracée en noir. L'habillement simple des membres de la Flèche Noir était connu par ici, mais de toute évidence par réellement aimer. Les deux frères se frayèrent un chemin jusqu'au tournoi ou ils s'annoncèrent. Rhor commençait par un combat à l'épée. Le sourire aux lèvres il alla revêtir son armure qui était toute aussi simple que sa tunique. Un acier froid et des plus pur la rendait d'un poids acceptable pour un combat à pied. Il soupesa une épée et la pris avec dédain de sa main gauche avant de la faire sauter à la droite. Un maniement basique s'ensuivit pour vérifier sa vivacité. Il hocha de la tête pour lui-même et s'avança dans le cercle. Devant lui son adversaire était déjà prêt à en découdre.

Armure mauve, casque orné de corne avec plumet. Rhor failli perdre son sourire en voyant à quel point son adversaire était imposant. De son côté, il ne valait pas les six pieds de hauts. Qui plus est il y vit un vétéran, et était sûr de l'avoir vu combattre à Aldburg. Intérieurement il se sentit mal à l'aise. La gueule de bois avait légèrement passé, mais il la sentait toujours. Il secoua tous son corps pour le faire "revivre et en reprendre une dernière fois le contrôle" avant le combat. Il entra dans l'arène.

Avait-il une moindre chance? Oui dut-il décider en caressant la flèche noir peinte sur son plastron car ce fut lui qui lança le combat. Son bouclier fermement accroché à son bras gauche sentit la vibration de la riposte de Orys. Rhor avait vécu assez de combat pour ne pas se démonter. Plus petit que son adversaire, il était le plus faible, mais pouvait jouer avec ça et essayer de passer sous la garde de son adversaire. C'était le seul moyen qu'il voyait. La lame de l'homme du Lac re-décrivit un chemin inverse et rencontra le fer de l'autre.

Entre les étincelles, Rhor chercha le regard de son adversaire. Voir s'il doutait, s'il avait peur, s'il était confiant, s'il était arrogant ou s'il était plutôt timide.

#Rhor

Rhor sourit. Il avait tout d'abord porté la main à la garde de son épée lorsque le renard avait réagi aux bruits, puis avait franchement tiré l'épée à l'apparition de l'homme encapuchonné de noir. Mais, à présent, la lame avait regagné tranquillement son fourreau: il n'y avait pas d'ennemi à abattre pour l'instant, juste un adolescent et un ami. Le chevalier regarda Erco...

"Finalement, ce n'était pas juste votre renard!" dit-il...

Puis, se retournant vers les deux autres, il les accueillit chaleureusement:

"Pour sûr, le camp est assez grand pour deux personnes de plus, et il est vrai que vos armes pourront être utiles contre les Gobelins, où tout autre ennemi! Mais - et il se tourna vers le jeune homme - dis-moi, je ne crois pas te connaître, encore que ton visage ne me soit pas totalement étranger. Je me présent: Rhor de la Garde, mais si tu es d'Esgaroth comme je le présume, tu dois déjà le savoir, non?"

Rhor n'attendait guère de réponse, à part le nom du nouveau venu. En vérité, cela lui était égal que ce dernier connaisse ou pas son nom et sa fonction... Rhor était de nature humble, et peu lui importait la renommée. De plus, il avait d'autres questions à poser, mais pas à la même personne...

"Eh bien, mercenaire Sirion, je dois dire que je suis pour le moins surpris de vous voir ici. A vrai dire, ce titre vous définie mal si vous souhaitez nous aider sans contrepartie. D'habitude, les mercenaires sont intéressés par l'argent et l'or, même si leurs actions peuvent être louables, je pense aux Masques. Mais se battre gratuitement pour une cause correspondrait plus à un chevalier qu'à un mercenaire. Moi qui vous croyais partis pour de bon... Votre nom est déjà tenu en bonne estime dans notre ville, mais si vous continuez à nous aider, vous y serez loué! Quoi qu'il en soit, je suis heureux d'accomplir la suite du voyage en votre compagnie!"

#Rhor