À la recherche d'un trésor

Dwilidan se leva, prêt pour sa deuxième journée de recherches dans ces lieux sombres et malfaisants que sont les Galgals. Il était arrivé l'avant-veille et avait commencé ses recherches la veille, malheureusement pour lui cette première journée n'avait rien donnée et il était rentré bredouille. Mais le jeune homme ne se décourageait pas facilement et il partait motivé pour cette deuxième et, espérait il, dernière journée. Il ramassa ses affaires, effaça du mieux qu'il put les traces de son passage, question d'habitude, et repartit à la recherche de la précieuse carte qu'il cherchait depuis que le vieux marchand nommé Truyar lui avait donné quelques indications au sujet de cette carte et au trésor vers lequel elle conduisait.

S'enfonçant plus profondément dans les landes funestes que forment les Hauts, Dwilidan sentit une pointe d'appréhension l'envahir. Cet endroit était vraiment lugubre et Dwilidan ne se sentait vraiment pas rassuré, serrant étroitement la cape pourpre offerte par Truyar, il se répétait que le vieux marchand ne pouvait pas s'être avancé bien loin dans cet endroit maudit et qu'il trouverait bientôt la carte. Malheureusement pour lui les Galgals sont grand et le vieux marchand ne lui a donné que de maigres informations.

Le jeune homme s'accorda une petite pause pour souffler, il ne savait pas quelle heure il était étant donné que le soleil ne pouvait traverser l'impénétrable brume qui recouvrait ces landes maudites, les drapant d'un brouillard que rien ne pouvait traverser. On y voyait pas à cinq pas si bien que, sans son sens de l'orientation prodigieux, Dwilidan se serait déjà perdu. Mais le jeune guide, bien que tendu et légèrement nerveux, restait lucide et repérait des éléments qui lui permettait de mieux s'y retrouver.

Une fois sa pause terminée le jeune homme se remit en marche, s'enfonçant toujours plus profondément dans les Galgals, il escalada une petite colline afin de voir le mieux possible les environs. Arrivé en haut il dût se rendre à l'évidence, le brouillard cachait tout si bien que si il voulait trouver la carte il lui faudrait chercher encore et encore. Pourquoi le vieux marchand ne lui avait il pas donné de meilleurs indications? Tout en maudissant le marchand, Dwilidan descendit de la petite colline sur laquelle il était monté et se remit en route lorsque, soudainement, il crut apercevoir un mouvement dans le brouillard. Le jeune homme tressaillit, quelle était cette ombre furtive qu'il venait d'entrevoir? Il espérait que ce n'était que son imagination qui lui jouait des tours.

Une ombre passa au loin devant Dwilidan sans qu'il ne puisse dire clairement s'il s'agissait d'une réalité ou bien d'un songe. S'avançant davantage pour en avoir le coeur net, le jeune guide sentit alors une désagréable sensation de froid sur son coup nu, la pointe d'une lame aiguisée. La terrible sensation d'avoir été trouvé alors qu'on croyait être le chasseur et non la proie. La chaleur du souffle d'un homme juste au-dessus de son épaule lui murmurant quelques mots :

"Belle cape, brigand."

D'un geste prompt et franc, l'homme appuya de son pied derrière le genou de Dwilidan de sorte de le faire tomber au sol, genoux contre terre. L'individu avança jusqu'à être en face de l'Arnoréen, bras tendu, épée vers le menton de sa proie. Cet homme était mal rasé, le regard vif, des cheveux hirsutes, des vêtements fatigués mais le bras armé sûr.

"Où sont tes complices et où se trouve le trésor ? Où l'as-tu caché hein ?"

La lame vint à nouveau au contact avec la gorge de Dwilidan, la pression étant plus forte à chaque instant.

"Parle ou je t'égorge sur place !"

Dwilidan se maudit intérieurement, il s'était montré trop naïf et ce défaut le perdait maintenant, il était à la merci de cet homme qui le menaçait avec son arme. Il était arrivé dans un des endroits réputé les plus maudits de la Terre du Milieu et la seule chose qu'il rencontrait était un homme qui le menaçait avec son arme, pitoyable songea t'il. Le regard fou, cet homme semblait lui en vouloir, il l'avait appelé brigand après tout cette situation pouvait n'être qu'un malentendu mais le jeune homme n'y croyait que moyennement, son agresseur semblait vraiment avoir une dent contre lui.

Pour quelle raison, le jeune guide n'en savait rien mais il savait que si il voulait ressortir vivant il lui faudrait se servir de la seule arme qui lui restait et il devait se montrer convaincant et qu'il valait mieux jouer franc jeu, le jeune arnoréen n'aimait pas mentir:

-Je suis pas un brigand, je suis juste un guide qui, sur les conseils d'un vieux marchand nommé Truyar, est parti à la recherche de sa foutue carte et de son trésor. Mais je ne sais pas plus que vous où ils sont et c'est cela que je cherche depuis que je suis arrivé ici. Mais je vous jure sur tout ce qui m'est de plus cher que je ne suis pas un brigand ou voleur ou tout ce que vous voulez dans ce genre, je suis juste ici pour aider ce vieux marchand. Vous pourriez peut être me relâcher non maintenant, je pense que je ne représente pas une grande menace pour vous non?

Enfin ce n'était pas tout à fait vrai, Dwilidan avait quelques notions du duel à l'épée et il avait même déjà tué mais seulement pour se défendre et jamais de sang froid de plus la lame dissimulée dans le cordage de son pantalon était toujours prête à servir, restait à savoir si cela allait être le cas.

Tout dépendrait de la réponse de l'homme qui le menaçait encore, son épée sur la gorge du jeune guide qui espérait s'en sortir.

L'homme écouta les paroles de Dwilidan ne relâchant pas l'emprise de sa lame pour autant. Il feignit un demi-sourire puis rabaissa son arme pour la ranger au côté dans un vif mouvement. L'étranger jeta ensuite quelques regards autour d'eux puis donna une petite tape amicale sur l'épaule de Dwilidan.

"Le coin n'est pas sûr, on ne peut se fier à personne. Tu as de la chance d'être tomber sur moi, mon gars. Si cette bande de racailles t'avait trouvé d'abord, tu serais déjà plus de ce monde !"

L'étranger tendit alors sa main vers Dwilidan :

"Je me nomme Ardanos, chasseur de primes. Je suis à la poursuite d'une bande de voleurs. Et toi qui es-tu ?"

Tout en attendant une réponse du jeune guide, Ardanos jeta un coup d'oeil autour d'eux puis posa de nouveau ses yeux sur l'homme à la cape pourpre.

"Ainsi tu connais le vieux Truyar ?"

Le jeune guide saisit la main que lui tendait Ardanos et la lui serra avec conviction. La poigne de son interlocuteur était ferme, une poigne d'homme. Alors cet homme était un tueur un gage, voilà qui n'était guère surprenant pensa le jeune homme, il n'avait jamais vu ce genre d'homme à l'action mais il savait ce qu'on disait d'eux: capables de tuer pères et mères pour avoir de l'argent mais de redoutables guerriers à ne jamais sous-estimer même si il avait déjà entendu parler de tueurs à gages qui n'étaient pas dénués de conscience et dont le respect ou l'amitié était possible. Il restait à savoir à quelle catégorie appartenait cet homme. Tout en gardant ses sens en éveil Dwilidan répondit à son ex-agresseur même si il restait toujours sur ses gardes.

"Je m'appelle Dwilidan et je suis guide. Je connais effectivement Truyar car c'est lui qui m'a dit qu'une carte se trouvait ici et il m'a envoyé la trouver ainsi que son trésor. Mais vous avez parlé d'une bande de brigands, de qui s'agit il? Ont ils un quelconque rapport avec Truyar et son trésor? Enfin qui me dit que vous n'êtes pas un brigand qui va m'éliminer dès que j'aurais le dos tourné? C'est pas que je n'ai pas confiance mais les temps sont difficiles voyez vous et la méfiance est de rigueur en ce bas monde."

Le jeune homme serra la main de l'homme tout en espérant que les mots qu'il avait pu prononcer ne l'offensait en rien et qu'il pourrait toujours s'en faire un allié car si une bande de brigand trainait véritablement dans le coin il valait mieux ne pas se promener seul par ici.

Un sourire fendit le visage d'Ardanos.

"Et vous auriez tort de ne pas faire preuve de prudence dans un tel lieu. Mais je t'assure que je ne suis pas là pour m'en prendre à toi. Moi je dois retrouver cette bande de brigands. J'ai entendu parler de ce trésor aussi ; beaucoup ont essayé de le trouver mais aucun n'a réussi. Tu dis que ce Truyar avait une carte et qu'elle est ici ? Intéressant, si ces bandits venaient à tomber dessus, je crois que ton trésor te passerait sous le nez !"

Au fur et à mesure qu'il parlait, Ardanos fit quelques pas ci-et-là comme s'il ne pouvait tenir en place, et Dwilidan s'il venait à poser les yeux sur ses pieds remarquerait qu'un bout de parchemin usé émergeait de la terre meuble. Le chasseur de primes ne l'avait sans doute pas senti sous ses bottes. Aussi fut-il étonné de voir le regard du guide se baissait jusqu'au sol.

Ce parchemin pouvait-il être ce à quoi Dwilidan pensait ?

Dwilidan faillit sauter de joie quand il aperçut le bout de papier qui dépassait du sol, puis il se ressaisit ce papier n'était peut être pas celui qu'il cherchait. Mais après tout, sont instinct lui disait que c'était ça, il ne pouvait en être autrement. Il se dirigea prestement vers l'endroit d'où dépassait le bout de papier. Ardanos l'observait d'un œil amusé il devait pensait que le jeune guide avait perdu la tête. Ce dernier tira sur le bout qui dépassait et un bout de papier vint à lui.

Il prit quelques minutes pour l'observer puis un sourire franc apparut sur son visage. C'était bien ce qu'il cherchait, la carte de Truyar était dans ses mains. Il jeta un coup d'œil vers Ardanos, il regardait Dwilidan d'un regard mi-amusé, mi-tendu. Le jeune guide lui tendit alors le bout de papier, il sentait qu'il pouvait avoir confiance dans le tueur à gage:

"Tenez, je pense que c'est bien la carte de Truyar que nous avons ici. Selon les indications qui figurent sur cette carte le trésor n'est pas loin d'ici, au pied d'un tumulus. Savez vous par hasard ce que contient ce trésor?"

Ardanos releva la tête et regarda Dwilidan, il semblait lui aussi réjoui d'avoir trouvé la carte et la retendit au jeune guide. Les deux hommes commencèrent alors à se diriger vers le point où devait se trouver le trésor selon la carte.

Lorsque Dwilidan lui tendit la carte, Ardanos la regarda avec attention. Il faut dire qu'il fut au moins aussi surpris que le guide de tomber par hasard sur cette carte. Une fois, à nouveau entre les mains de Dwilidan, le chasseur de primes ajouta :

"D'après la carte, le trésor devrait se trouver un peu plus au Nord. Je connais le coin comme ma poche, il y a un sentier qui remonte par là-bas, il nous y mènera directement. Par ici."

Les deux hommes prirent donc le chemin annoncé par le mercenaire. D'après lui, ils mettraient une grosse heure pour atteindre leur but, ne voulant rentrer dans un long silence, Ardanos engagea la conversation tout en scrutant les environs. Il répondit à la question que Dwilidan lui avait posé juste auparavant.

"J'ai entendu beaucoup de choses à propos de ce trésor, Dwilidan. Certains disent qu'il contiendrait des pierres précieuses, d'autres racontent qu'il renfermerait un puissant objet magique, d'autres encore prétendent qu'il n'est qu'une rumeur. Mais je dois avouer qu'avec cette carte, la théorie de la simple légende s'éloigne. J'aurais une question à te poser Dwilidan, pourquoi es-tu ici ? Tu es un guide non ? Pourquoi t'embêtes-tu à chercher un trésor pour un vieil homme ? La richesse ? Des sensations fortes ?"

Ardanos semblait vraiment intrigué par les motivations du jeun guide à mesure qu'ils avançaient dans les Hauts des Galgals.

Dwilidan suivait Ardanos, ce dernier marchait d'un pas sûr tout en guettant les environs. Le jeune homme se sentait en sécurité avec le chasseur de primes, même si il ne devait pas être un enfant de cœur. Ce personnage semblait plus mystérieux qu'aux premiers abords. Le jeune guide avait d'abord pensé que son nouveau compagnon n'était rien d'autre qu'un tueur sanguinaire de qui on ne pouvait se fier et qui allait le tuer dès qu'il aurait le dos tourné mais finalement il apparaissait que non, Ardanos semblait même sympathique après tout. Il avait déjà lié la conversation avec le jeune homme qui lui répondit après avoir esquissé un sourire discret:

"Je te mentirais si je te disais que je ne fait pas ça pour l'argent, après tout c'est un bien après lequel nous courrons tous, ne nous leurrons pas. Mais tu as très bien saisi Ardanos, ce sont aussi les sensations que je recherche, ma vocation de guide ne me permet pas trop de folies solitaire, les clients étant assez nombreux. Et toi Ardanos, que fais tu là, un contrat? Une vengeance ou juste une envie? Tu dois connaître pas mal de monde et avoir pas mal de relations non?"

Les deux hommes sentaient tout deux qu'ils étaient bientôt arrivés, que le trésor leur tendait la main. Espérons que le sort ne leur réserve pas de mauvaises surprises, Ardanos avait bien parlé de brigands après tout.

Le chasseur eut un rictus.

"Moi ? Je suis ici pour plusieurs choses. La première est effectivement un contrat. Je dois trouver et éliminer un homme nommé Darios, c'est le chef d'une bande de brigands plus pourris les uns que les autres. Ils se font appelés les 11 Déjantés, ils trainent souvent dans les environs. Normal, personne n'a envie de venir ici, hormis quelques inconscients comme nous hein ?"

Ardanos se tut alors, il jeta un regard sur sa droite puis sur sa gauche. Une fois rassuré, il reprit le cours de son monologue.

"Et la seconde raison, et bien celle-là tu ne la connaîtras pas. Du moins pour l'instant. Pour ce qui est de mes relations, je peux me vanter d'avoir quelques bons contacts, rien de bien important mais toujours utile en cas de problèmes."

Après plusieurs dizaines de minutes, les deux hommes parvinrent en haut d'une butte d'herbe assez haute, permettant de voir à quelques dizaines de mètres en contrebas. Un léger brouillard s'était levé. Ardanos stoppa Dwilidan un peu avant le sommet puis parla à voix basse.

"Derrière cette butte se trouve le tumulus en question plus bas. Vérifions d'abord qu'il n'y ait personne avant d'y aller."

Le chasseur se mit donc à ramper jusqu'au bord invitant le jeune guide à en faire de même. C'est alors qu'ils purent voir ce qu'ils pouvaient redouter. Trois hommes étaient assis sur le tumulus. Mais à cette distance, ni Ardanos, ni Dwilidan ne pouvaient être capables de les reconnaître. Ardanos lança à l'oreille de Dwilidan :

"Ecoute, je vais faire le tour et les prendre par surprise. S'il s'agit de bandits, quand ils m'auront repéré, ça sera à toi de jouer. J'espère que tu sais te battre mon gars."

Sans attendre, Ardanos le Chasseur se releva et disparut dans la brume, Dwilidan n'avait plus qu'à patienter. Jusqu'à ce que...

"Tiens, tiens. Que vois-je là ? Un inconscient avec une cape bien singulière apparemment ! Héhéhé !"

Si Dwilidan se retournait, il pourrait se rendre compte que plusieurs hommes étaient derrière lui, armés et la plupart avec un sourire malveillant sur les lèvres. Le plus proche de lui pointait sa lame courbe vers Dwilidan.

"Lève-toi, minot ! Tu as quelque chose à donner à Tonton Darios hm ?"

Décidément, le jeune guide n'en cesserait jamais d'être menacé par une épée... Quelle ironie, il avait fallu que Darios et ses hommes passent par là à ce moment précis.

Dwilidan commençait à en avoir marre de se faire surprendre comme un enfant. Ardanos parti, c'était au guide de prendre ses propres décisions, seul. Et de décision il en prit une, pas la plus intelligente ni la plus judicieuse mais la seule qui lui vint à l'esprit.

Il se releva rapidement, tira la courte épée qui pendait à sa ceinture et se jeta sur l'homme qui était face à lui. L'opposant fut jeté à terre et les deux hommes luttèrent durant une bonne dizaine de secondes, le temps que deux hommes se saisissent du jeune guide et que l'un des deux lui assène un violent coup de poing dans l'abdomen qui lui coupa la respiration durant quelques secondes qui lui semblèrent une éternité. Puis les étoiles qui dansaient devant ses yeux disparurent, laissant place à la vue peu ragoutante de l'homme qui lui faisait maintenant face: des cheveux gras encadraient son visage marqué par nombre de rixes où couraient de nombreuses cicatrices. Un sourire malsain apparut sur ce visage, dévoilant une rangée de chicots jaunis, manquants par endroits:

"Que fais un ptit gars com'toi dans le coin? Aurais tu perdu ta maman? Où aurait tu la carte que je cherche par hasard? Et ne t'avise pas de me mentir, je connais cette cape et je sais qui t'a envoyé!"

Alors comme ça Dwilidan ne pouvait mentir. Il leva donc la tête, regarda son interlocuteur dans les yeux et répondit avec une voix pleine d'agressivité:

"Mais va te faire! Tu m'a pris pour qui, c'est pas parce que j'ai l'air d'un pauvre guide que je peux rien te faire à toi ou à tes chiens! Et puis, qui te dis que je suis seul?"

Il finit sa phrase en crachant au sol, aux pieds de Darios. Ce dernier, énervé par la réaction du guide qu'il pensait plus faible que cela, leva son poing et l'écrasa sur la face de Dwilidan. Ce dernier ressentit une douleur intense au niveau de son nez, il devait sûrement l'avoir cassé.

Dwilidan regarda son agresseur dans les yeux, aucune peur apparente même si elle était bien présente mais cela fait bien longtemps que le jeune guide avait appris à camoufler ses émotions. Il se débattit une dernière fois mais les hommes le tenait fermement et il ne reçut qu'un coup de genou dans le dos qui le calma, il commençait à faiblir et les bandits ne serait plus patient longtemps. Mais où était Ardanos?

Darios cracha un caillot de sang mêlé à de la salive près de Dwilidan. Ce sale mioche avait réussi à le faire tomber et ce, devant ses propres hommes. Il lui fallait reprendre le contrôle avant d'être considéré comme un faible par les siens. Une fois fermement agrippé par deux autres brigands, Darios se saisit de Dwilidan à la gorge.

"Ah ouais, t'es pas seul ?! Alors ils sont où tes p'tits camarades qu'on s'occupe d'eux aussi ! A moins qu'ils aient détalé en nous voyant arriver ! Hahahahaha ! Emmenez-le au camp !"

Aussitôt le jeune guide fut traîné par deux colosses sur plusieurs dizaines de mètres et bientôt, Dwilidan comprit où était leur campement : autour du tumulus que lui et Ardanos avaient observé peu de temps avant. Le groupe de bandits avait entassé un tas de pelles, de pioches et de sacs vides sans doute prêts à les remplir avec un quelconque trésor.
Darios ordonna qu'on traîne Dwilidan jusqu'au pied du tumulus. Les brigands ne semblaient avides de creuser sous le monticule d'herbe et de terre.

"Alors ce vieux Truyar t'a envoyé toi. Tss, comment pouvait-il croire qu'un gamin comme toi pourrait retrouver cette fichue carte. Mes hommes et moi allons la retrouver nous-même ! Hahaha !"

L'un des sous-fifres de Darios s'approcha de lui et lança :

"Dites chef, où sont Barek, Karim et Melvan ? Ils étaient sensé garder le camp."

Ce fut un silence pesant qui s'installa aussitôt autour du tumulus. Chacun essayant d'apercevoir ces pseudo-gardes. Mais rien, personne. C'est alors qu'une flèche traversa les airs, frôla Darios et transperça le crâne d'un bandit.

"Un seul tir, il n'y a qu'un seul homme ! Trouvez-le ! Toi reste avec moi !"

L'intéressé était l'un des deux colosses. Taillé en V, un corps musculeux digne d'un géant, cet homme gardait toujours les mains du guide fermement. Les six hommes restant dégainèrent leurs épées et partirent en direction d'où était venue la flèche. Soudain un second projectile arriva de leur droite et tua un second brigand qui s'écroula au sol imbibant la terre meuble de son sang. Les autres changèrent de direction mais une troisième flèche fut décochée et la troisième victime fut instantanément jetée au sol. Malgré ces morts, les quatre hommes continuèrent leur progression et disparurent dans la nappe de brouillard épais.

Darios et son acolyte restés avec Dwilidan au tumulus attendaient patiemment. Bientôt, une silhouette apparut dans la brume. Une épée en main, la cape repliée sur son dos. Ardanos le Chasseur faisait face aux deux brigands.

"Tes hommes sont morts, Darios. Il n'y a plus que toi et moi."

L'arrivée de cet homme seul décontenança le chef des 11 Déjantés ainsi que son dernier acolyte qui, sous le choc, relâcha son emprise sur les bras de Dwilidan...

Une fois la première surprise passée Dwilidan remercia Ardanos du regard. Il avait tué tous les autres hommes après tout, ce qui n'était pas rien. C'était un grand guerrier et le jeune guide se disait qu'il valait mieux l'avoir dans son camp que en face de lui. 

Le combat était maintenant des plus égaux. Deux contre deux. Ardanos et Dwilidan contre Darios et son sbire. Un combat à mort. Le tueur à gages pointait son regard assassin vers Darios, c'était lui son contrat après tout. Le jeune homme toisa son adversaire du regard. Ce dernier mesurait une bonne tête de plus que lui et devait bien lui rendre une vingtaine de kilos. Une masse impressionnante qui devait malgré tout pêcher au niveau de son agilité et de sa vitesse. Nos deux héros se tournèrent l'un vers l'autre:

"Ardanos je te laisse notre ami Darios, c'est ton contrat après tout. Quand à moi je vais m'occuper de notre ami Bouboule."  

Provocation, arme première dans un duel. Énerver son adversaire pour lui faire perdre de sa lucidité en l'aveuglant de rage et de colère. Et cela ne loupa pas, notre ami Bouboule (comme nous l'appelleront dorénavant) commença à montrer des signes évidents d'énervement. Il sortit une lourde masse d'arme qu'il maniait manifestement d'une main experte et un sourire carnassier se dessina sur son visage. Dwilidan jeta un œil moqueur à son opposant avant d'ajouter:

"Mais c'est un beau joujou que tu as là mon cher Bouboule. J'imagine que tu t'en sers pour écraser ta nourriture."

C'en fut trop pour l'adversaire qui se jeta en beuglant sur le guide. Il abattit lourdement son arme là où était censé se trouver sa cible mais le jeune homme s'était adroitement esquivé de la trajectoire de la masse mortelle d'une adroite roulade. 

Mais à peine le temps de se remettre sur ses pieds que la masse se dirigeait à nouveau vers lui, l'obligeant à se jeter à terre une seconde fois. Bouboule était plus vif qu'il ne l'avait pensé et il maniait sa masse avec une dextérité impressionnante. Il savait aussi qu'il n'avait pas le droit à l'erreur, sa tête ne supporterait pas un choc aussi violent. Le coup suivant lui effleura le flanc, il devait trouver une solution. Qui plus est son nez cassé l'empêchait de se mouvoir avec son aisance habituelle, le sang qui coulait lui troublant quelque peu la vue. 

Il eut alors une idée qu'il devrait immédiatement mettre en œuvre, il prit donc son élan et glissa sur le sol boueux qui compose cette triste région et, conformément à son idée, il parvint à faucher son adversaire en pleine glissade qui s'écrasa de tout son long sur la terre boueuse. Satisfait de sa ruse le jeune guide dégaina son épée et la pointa sur sa victime prochaine:

"Dommage Bouboule, tu as joué et tu as perdu. Tu me semblait sympathique pourtant, c'est triste. Je vois que tu m'implores le pardon et je te pose une question, m'aurais tu épargné? Non bien sûr. Mais comme je suis grand seigneur je vais juste te livrer aux autorités."

À ce moment précis Bouboule se releva brusquement et saisit Dwilidan par la gorge, tentant de l'étrangler. Le jeune guide commençait à suffoquer, la prise du géant se faisant plus forte à chaque instant. Notre héros balança alors ses pieds dans le bas ventre -là où ça fait mal- de son agresseur, lui faisant lâcher sa prise. Sans plus réfléchir Dwilidan passa son épée dans le corps du grand guerrier, mettant un terme à sa vie. Ce n'était pas la première fois qu'il tuait et il n'en éprouvait aucun remords, il n'avait tué que pour se défendre.

Le jeune guide se tourna ensuite vers Ardanos dont le combat contre Darios semblait furieux, les deux adversaires se battaient avec acharnement et aucun vainqueur ne semblait se détacher de ce duel engagé. Ce ballet captivait Dwilidan au point qu'il ne pouvait détacher son regard de cet affrontement.

Bien aimable ce Dwilidan, de lui laisser Darios. Après tout, c'était bien ce pourquoi Ardanos était là non ? Peut-être bien, quoique...

Darios semblait légèrement crispé maintenant que ses hommes servaient de nourriture aux charognards. Ardanos avait le regard fixé sur son adversaire. Il était sûr de lui et la peur semblait être un mot ne faisant pas partie de son vocabulaire. Tout en avançant, le Chasseur détacha la broche par laquelle sa cape brune tenait sur ses épaules et pointa sa lame vers Darios.

"Affronte ton destin, l'ami."

Une soudaine bourrasque vint fouetter le visage des deux guerriers, faisant claquer les capes et glaçant le sang. Le renégat lança un sourire carnassier à son rival, il fronça les sourcils et dégaina sa rapière. Quelque chose dans les yeux de Darios fit comprendre au Chasseur qu'il avait à présent affaire à un véritable fou. Un Déjanté. Les deux hommes se ruèrent vers l'avant et vers la mort. La mort de l'un d'entre eux. Ce fut Darios qui le premier allongea son bras en un coup de taille terrifiant vers son ennemi. La parade fut rapide et retentit dans un bruit assourdissant de fers s'entrechoquant. Les jambes d'Ardanos firent alors un tour sur elles-mêmes, tournoyant ainsi autour de Darios, le Chasseur se retrouva sur sa gauche et jeta son poing gauche dans le visage décharné du chef des bandits.

Tout devînt flou dans l'esprit de Darios, la tête lui tournait, il tituba et recula de plusieurs pas, restant debout simplement grâce à ce qui lui restait d'encore intact dans son crâne -c'est à dire pas grand chose.
Ardanos n'avait guère besoin de plus pour prendre un avantage définitif sur son ennemi. Dans un élan puissant, le Chasseur se rua vers Darios, épée en avant.

Un bruit désagréable monta alors aux oreilles du dernier rescapé des 11 Déjantés. Un bruit de fer transperçant la chair, brisant les os et plongeant dans les organes. La douleur fut si intense qu'elle força Darios à fermer les yeux et à ouvrir sa gueule pleine de chicots pour hurler sa souffrance. Mais rien ne sortit de sa bouche... Il est parfois des blessures si douloureuses qu'aucun son ne peut les couvrir. La lame d'Ardanos avait transpercé de part en part Darios, tranchant le coeur et un poumon au passage. Le Chasseur plongea son regard dans celui du mourant dont les yeux semblaient devenir plus livides à chaque instant.

"Tu étais tellement pourri que personne ne voulait que je te ramène vif. La prime disait juste : 2000 pièces, mort. Mais si je te tue aujourd'hui, c'est pour avoir tuer cet homme, brûler ses enfants et violer sa femme. Rejoins tes hommes maintenant et maudit sois-tu."

Ardanos retira son épée du corps sans vie et le cadavre chuta lourdement en arrière sonnant ainsi la fin de cette bande de brigands et de cette quête pour le moins surprenante.
L'épée ensanglantée, le regard noir, Ardanos se tourna vers Dwilidan qui en avait terminé avec le colosse. Il lui fit un salut de la tête. Ce jeune homme savait se battre. Tant mieux pour lui.

Et tant mieux pour Eux.

Le Chasseur s'assit sur le tumulus, et commença à nettoyer sa lame devenue pourpre.

"Voilà une bonne chose de faite. Merci de ton aide. Que comptes-tu faire à présent ? Tu vas prendre ce trésor, je supp...."

"Vous supposez bien étranger ! Héhé !"

Dwilidan et Ardanos tournèrent alors leur regard dans la direction d'où venait la voix. À quelques dizaines de mètres, un homme de petite stature. Une silhouette que le jeune guide devait reconnaître... le vieux Truyar était là face à eux. Arbalète en main, braquée sur lui et le Chasseur.

"Ces crétins étaient sensés attendre celui que j'enverrais chercher cette maudite carte... que je n'ai jamais eu au passage ! Héhé ! Une fois la carte en sa possession, ces débiles devaient le tuer et me ramener ce trésor... Ils devaient tuer 'l'homme à la cape pourpre'."

Ainsi ce vieil homme n'était pas ce qu'il semblait être au départ. Et il tenait dans sa main, la vie des deux hommes.

"Vous allez prendre les pelles de ces crétins et déterrer ce trésor pour moi. Ensuite peut-être que je vous laisserai vivre héhéhé ! Excuse-moi gamin si je me suis payé ta tronche mais tu sais l'argent... c'est le plus important comme disait feu mon pè... Haaahh !"

Le couteau avait traversé l'espace en quelques instants venant se figer dans le buste de Truyar dans le silence le plus absolu.
Une nouvelle silhouette apparut un peu plus loin. Une silhouette qui donna le sourire à Ardanos...

"Je pense que tu peux t'occuper de ton trésor Dwilidan." lança Ardanos d'un air enjoué.

Spoiler:

"Sacré Ardi' toujours dans de belles situations quand on se rencontre, hein ?

L'homme s'approcha du Chasseur et de Dwilidan. Et tout en regardant le guide.

"Serais-tu celui dont Ardanos m'a parlé lorsque je l'ai aidé à se débarasser de ces Déjantés ?"

Trois fois! Par trois fois Dwilidan s'était retrouvé démuni face à une arme en ce jour. Mais par trois fois il s'en était sortit, les Valars devaient vraiment apprécier le jeune homme. Ce dernier jeta un œil au nouveau protagoniste, celui qui avait tué Truyar. Il darda son regard acier dans les yeux de son sauveur et répondit d'une voix calme mais empreinte d'une certaine reconnaissance:

"Je suis sûrement celui dont vous parlez même si je ne vous ai pas beaucoup aidé aujourd'hui, vous avez l'air de très bien vous débrouiller seuls. Bon c'est pas tout mais nous avons un trésor à trouver. Disant ceci il jeta un œil sur la carte que tenait encore Ardanos entre ses mains. Selon la carte le trésor se trouve sous nos pieds, creusons donc chers amis!"

Joignant le geste à la parole le jeune guide se saisit d'une pelle qui reposait dans un coin, sûrement déposée par un des bandits, invitant ses nouveaux compagnons à faire de même. Les trois hommes se mirent à creuser, le trésor ne sortirait pas seul du sol.


Toc!

Le bruit sourd avait résonné dans la froide campagne, un bruit mat, le bruit du fer contre le bois, le bruit du trésor! Dwilidan baissa ses yeux, n'en revenant pas. Il l'avait enfin trouvé après avoir risqué sa vie il avait enfin trouvé ce qu'il cherchait.  Il entreprit d'élargir le trou afin de dégager au mieux le coffre. Ardanos et son compagnon joignirent leurs efforts afin de rendre la tache la plus aisée possible. 

Au bout d'une quinzaine de minutes il parvinrent à creuser suffisamment pour sortir la lourde caisse en bois qui servait de coffre au trésor. Lourd d'une dizaine de livres ce coffre semblait receler des trésors des temps anciens. Le jeune guide se tourna, une excitation à peine voilée dans la voix:

"Bon les gars, que fais t'on? Je vous laisse l'ouvrir et on partage le plus équitablement possible, on mérite tous notre part du gâteau après tout non? Ou alors on se bat tous les trois et le vainqueur prend tout?"

La dernière phrase avait été prononcée sur le ton de la plaisanterie, mais le jeune homme pourrait enfin juger de la valeur des hommes avec lesquels il avait affronté la mort. Soit ils se montraient avides et éliminait le guide pour agrandir leur propre pactole, soit ils étaient des hommes d'honneur et laissait le guide prendre sa part et repartir vivant.

"Quel humour il a, ton compagnon Ardi !" lança l'inconnu.

Pendant ce temps, Ardanos était déjà entrain d'ouvrir le coffre avec une lame ciselée. C'est durant cette opération minutieuse, que l'inconnu se décida à briser la glace avec Dwilidan.

"Ardanos m'a dit que tu étais plutôt malin même si pour le coup, tu t'es bien fait avoir par ce vieillard. Il m'a dit aussi que tu étais plutôt débrouillard comme gars. Quoiqu'il en soit, nous pourrions nous entendre ... Dwilidan, c'est bien ça ?"

Un bruit de serrure qui s'ouvrait se fit entendre, Ardanos avait terminé son oeuvre. Mais il n'ouvrit pas le coffre de suite. Il s'asseya dessus et se joignit à la conversation.

"Si je me suis joins à toi dans les Galgals, Dwilidan. C'était pour une raison précise : te jauger. Et le fait, continua Ardanos, que mon ami soit ici est en quelque sorte le signe que tu as réussi ton examen d'entrée. Ah oui, au fait mon ami s'appelle Du..."

"Lièvre. Tu m'appelleras Lièvre, coupa l'inconnu.

Ardanos sourit comme s'il avait failli commettre une erreur de débutant. Le dénommé Lièvre continua alors.

"Ce que je te propose c'est de devenir plus qu'un simple guide renommé en Arnor, Dwilidan. Ce que je te propose, c'est de protéger la Terre du Milieu en agissant dans l'ombre. Mais si tu veux continuer ta route comme tu l'avais prévu, je ne te retiens pas, tu es libre de partir avec ton 'trésor', Dwilidan."

Le ton sérieux de Lièvre serait le seul argument tendant à prouver que ses paroles n'étaient pas de simples bêtises...

Dwilidan commençait presque à en avoir marre de tous ces retournements de situation. Menacé par trois il se retrouvait maintenant en passe de rejoindre une organisation secrète qui avait pour but de lutter contre le Mal qui ronge les Terres du Milieu. Une opportunité extraordinaire, unique même pourtant, chose inexplicable, le guide doutait. Pas de lui mais plutôt de ceux qui lui demandait de les rejoindre, comment savoir si ils disaient la vérité, qu'il n'étaient pas à la solde d'une quelconque personne qui voulait la mort du pauvre Dwilidan. 

Pourtant ce dernier voulait croire au bien fondé de l'organisation, juste pour pouvoir faire pour une fois quelquechose  d'important dans sa vie, y donner un sens.

Au plus profond de son être pourtant il sentait comme un instinct qui lui disait qu'il devait accepter la proposition de Lièvre, que Eru lui même avait interféré dans la rencontre de ces hommes. Depuis toujours Dwilidan sentait qu'il était voué à un destin différent de ceux pris habituellement. Il était un solitaire qui allait et venait au gré de ses envies, presque sans famille. Et pour une fois il pouvait faire un choix décisif dans sa vie. Agir ou subir tel était le choix. Le guide prit une profonde inspiration, la réplique qu'il allait lancer changerait sûrement sa vie pour toujours et pourtant il se lança, un pointe de fierté dans sa voix:

"Très bien, je sais qu'on ne doit pas faire confiance aux premiers venus mais je dois saisir cette opportunité unique. De plus vous me semblez de confiance, quelle aurait été l'utilité de me laisser en vie maintenant que le trésor est sortit de terre. Donc c'est avec un grand honneur que je me joins à vous dans votre lutte monsieur Lièvre. J'imagine que c'est un nom de code utilisé dans l'organisation."

Toute cette réplique avait été prononcée dans un seul souffle, comme si le guide parlait pour la dernière fois de sa vie. Puis toute la pression retomba subitement, il avait fait son choix et il ne reviendrait pas dessus, même s'il devait en pâtir.

Il se dirigea finalement vers le trésor, il en avait tellement bavé qu'il méritait amplement cette récompense. Il remercia Ardanos du regard qui s'écarta respectueusement du coffre. Le jeune guide tira le loquet vers lui et fit jouer le mécanisme. Lentement, avec respect, il ouvrit le trésor, s'attendant à tout, même à rien.

Finalement le trésor contenait........des cartes! Mais pas n'importe quelles cartes, des cartes fabuleuses, un trésor inestimable, surtout pour le jeune guide. Il vit furtivement une signature dans un coin: "Grand-Pas". Ces cartes avaient été dessinées par le roi des rois en plus, le jeune guide sentit un immense sentiment de respect l'envahir. Il tenait sûrement un trésor unique entre ses mains.

Il rangea avec soin les cartes dans sa besace, il aurait plus le loisir de les étudier plus tard, pour le moment il avait une organisation à rejoindre. Il se tourna à nouveau vers Lièvre, l'oeil pétillant d'une joie à peine voilée:

"Si vous voulez une part du gâteau n'hésitez pas, vous la méritez au moins autant que moi si ce n'est plus. Bon que fait on maintenant, je dois passer un rite ou un tric dans ce style? J'espère que je ne dois pas me scarifier ou faire un pacte du sang, j'ai assez souffert pour aujourd'hui."

Dwilidan sourit furtivement puis repris son visage sérieux, la situation était des plus sérieuses et il ne devait pas laisser son esprit s'égarer.

"Bien en route alors."

Lièvre n'avait aucunement envie de se perdre dans un acte cupide. Il leur fallait quitter cet endroit au plus vite, ce lieu n'était que très peu rassurant et inapproprié pour discuter de choses comme celles dont Lièvre avait à aborder avec le jeune guide.
Les trois hommes marchèrent d'un même pas, Lièvre en tête. Après avoir dépassé une colline, Dwilidan put apercevoir trois montures sellées en contrebas. Ardanos sauta tel un oiseau sur son hongre noir, tandis que Lièvre était déjà sur son étalon couleur isabelle, un troisième destrier attendait Dwilidan. Il était aussi noir que la nuit et pourtant sa crinière et sa queue étaient de couleur beige, presque blanc. Une magnifique monture avec un quelque chose de terrifiant.

"C'était le cheval de Darios, annonça Ardanos, une bête puissante et hargneuse. C'est le seul à ne pas être parti au galop parmi tous ceux des Déjantés apparemment. Méfie-toi de lui, il te faudra le dompter au fil du temps."

Une fois les présentations faites, le petit groupe put alors se mettre en route pour leur destination -que ni Lièvre, ni Ardanos n'avaient énoncé à Dwilidan.

Alors au galop, Ardanos se retourna sur sa selle en direction du guide et haussa la voix pour être entendu entre les bruits de sabots :

"J'ai hâte d'être assis autour d'une table pour boire une bonne chopine et manger à ma faim ! On devrait arriver avant la nuit !"

Voilà donc où se rendaient les trois compères...

#Dwilidan #Ardanos

Les trois hommes marchèrent quelques temps qui permirent à Dwilidan de cacher le butin supplémentaire qu'il avait trouvé dans le coffre; le trésor n'était pas réduit à des cartes, aussi inestimables soit elles, elles étaient accompagnées d'une pierre précieuse de la taille d'un œuf qui permettrait certainement au guide de s'acheter des choses de valeur par la suite.
Pour le moment il avait autre chose en tête et notamment les deux hommes qui se tenaient face à lui, se joindre à eux pour sauver la Terre du Milieu était une chose mais encore fallait il qu'ils soient sincères; ce qu'il avaient étés jusqu'à maintenant.

Le guide allait poser une question lorsque les chevaux apparurent dans son champ de vision; trois belle bêtes, en forme et sellés attendaient les trois aventuriers. Lièvre lui indiqua sa monture qui était celle de Darios, sa robe noire contrastait avec sa crinière d'une couleur beige très claire qui lui donnait un air surnaturel qui plut tout de suite au guide, habitué à ces braves bêtes que sont les équidés de par ses origines rohirrims. Malgré ce qu'il avait pu voir de Darios, Dwilidan fut surpris de voir que la bête semblait bien traitée; le bandit devait mieux la traiter que la plupart des hommes à qui il avait eu affaire.

Se hissant assez aisément sur la bête le guide fut rassuré de voir qu'il savait toujours chevaucher même après plusieurs années sans le faire. La bête semblait réticente à l'idée d'avoir un nouveau cavalier mais Dwilidan lui flatta bravement l'encolure et lui murmura quelques mots à l'oreille et la monture redevint paisible même si elle restait un peu nerveuse; le cavalier et la monture devrait apprendre à se connaitre. Il attacha avec précaution sa besace qui contenant maintenant ses nouvelles cartes en plus de ses provisions au flanc de la bête.

Les trois hommes partirent ensuite au galop; quittant ainsi ce lieu de malheur qui avait été le théâtre de tant d'actions cette après-midi. Ardanos se tourna vers Dwilidan, lui annonçant qu'ils arriveraient à leur point de chute dans la soirée, avant la nuit en tout cas. Le guide sourit puis forcit légèrement l'allure de sa monture pour se mettre au niveau du chasseur de primes. Tant de questions le taraudait mais le lieu sans doute pas le mieux choisi pour les poser; qui plus est une bonne chopine n'était jamais de refus!




L'astre solaire déclinait tranquillement lorsque les trois hommes arrivèrent devant une vieille mais solide bâtisse. Ce devait être la taverne où devaient se rendre les hommes. Dwilidan se réjouit d'arriver enfin, chevaucher ainsi n'était plus dans ses habitudes et la faim comme la soif commençait à le tenailler.