La garnison fantôme

Gondoriens et Rohirrims, de retour victorieux de la bataille du grand nord, voyaient les paysages les entourant se faire plus familier lorsque s'effacèrent brusquement les montagnes qu'ils suivaient depuis des semaines pour laisser place à une large brèche donnant accès à l'est de la terre du milieu ...

La Trouée de Rohan, Enfin !!

Des chants s'élevaient au sein des deux armées tandis qu'elles traversaient la large brèche pour emprunter la route menant vers Isengard et rejoindre la garnison qui stationnait là de façon permanente. Des chants de victoire bien sûr mais aussi, des chants funèbres en l'honneur de leurs frères, soldats de l'Arbre Blanc et cavalier du Rohan, tombés au cours des effrayants combats menés dans le nord et prisonniers à jamais des froides glaces du Forodwaith.

Les derniers milles furent rapidement avalés et c'est avec un soupir de soulagement que les premiers cavaliers mirent pied à terre au niveau des premiers baraquements de garnison, bientôt suivit par le reste des troupes.

Cependant, les sourires de satisfactions affichés par les arrivants ne tardèrent pas à s'effacer pour laisser place à des rictus d'incompréhension ...

Un silence de cathédrale, à peine contrarié par le léger sifflement du vent qui s'engouffrait dans les allées vides, régnait sur les lieux ... Les bâtiments semblaient inoccupés ... Aucune bannière ne flottait sur le mât du baraquement principal ...

Il n'y avait alentours nulles âmes qui vivent ! Aucune trace de l'importante garnison d'Isengard !

L'Intendant Radamanthe était dans la ^tete de la colonne lorsque celle-ci arriva à hauteur d'Isengard déserté. Il fut prévenu rapidemment, donc, et arriva parmi les premiers en haut de la file. Mis à part un capitaine ou l'autre ouvrant la marche, il était le seul dignitaire de la Cité Blanche présent à cet endroit là. Immédiatement, il fit envoyer des hérauts et des messagers pour prévenir les notables des autres contrées représentées, tous ceux qui avaient de l'autorité au sein de l'armée, sans mettre les soldats au courant, cela ne ferait que les inquiéter, mais il savait que les rumeurs coureraient vite...

Il rassembla avec lui une troupe conséquante pour entrer dans le cercle d'Isengard dans la porte n'était même pas fermée. Les barricades qui la complétait, car la porte n'était pas l'originale mais une construction postérieure, étaient laissées là, parfois même renversées.
La troupe, constituée d'environ cent-cinquante soldats, de quoi voir venir, d'un capitaine, d'un lieutenant et de Radamanthe s'engagea dans Isengard, aux aguets. Tous étaient sous tention, ils n'avaient pas oublié les images de cette bataille dnas le Nord où tout pouvait se jouer sur nimporte quoi et que n'importe quoi pouvait surgir n'importe quand à n'importe quel endroit. Ils tenaient leurs armes prêts à l'emploi...

Néanmoins, il s'avéra que l'endroit, la cour en tout cas, était parfaitement vide. Il n'y avait rien. Rien. Pas même la moindre trace de lutte, par le moindre débris de lance ou de trace de sang, pas lem oindre corps abandonné et rien qui puisse laisser penser qu'il y ait jamais eu une garnison à Orthanc... La porte de la tour était ouverte, mais personne ne répondit à leurs appels. Seul l'écho de leur voix se répétait indéfiniment, sans que même le moindre frémissement, la moindre bruit de pas ne puisse laisser penser qu'il y avait autre chose ici...

La garnison d'Isengard avait disparu.

"Il nous faut découvrir ce qui s'est passé ici, fit Radamanthe. L'armée ne peut continuer, nous ne pouvons avancer tant que nous n'avons pas découvert ce qui est arrivé dans cet endroit, et ce, pour notre sécurité à tous..."

Les craintes de l'intendant de Minas Tirith se révélèrent fondées. Malgré toutes les précautions prises, ses dernières paroles firent rapidement le tour des troupes.

Les mines de soldats se renfrognèrent et des commentaires acerbes s'élevèrent au sein de l'armée. Tous en avaient assez, assez de combats, assez de sang, assez de morts. Ils n'avaient qu'une idée en tête, rejoindre au plus vite la cité blanche.
Mais alors que la dernière étape de ce long et harassant voyage, depuis les terres du grand nord, se profilait, alors qu'ils s'attendaient tous à recevoir les honneurs dû à leur magnifique victoire sur les forces ténébreuses et retrouver pour un temps la chaleur de leurs foyers, les mots de l'intendant tombèrent comme un couperet :



Retardée, l'armée était retardée ... Quelle mauvaise fortune !!

Las, les soldats défirent leur paquetage. Certains prenaient place dans les baraquement laissé à l'abandon par ce qu'ils appelaient entre eux : " La garnison fantôme" tandis que les autres montaient les tentes pour s'installer au mieux dans le cercle d'Isengard ...

Que s'était-il passé ici ? Où donc pouvait bien être passés les soldats censé constituer la garnison ? Combien de temps serait nécessaire pour mener à bien les investigations permettant de comprendre ce mystère ? Quand allaient-ils enfin rentrer en Gondor ?

Autant de questions ressassées par les troupes tandis que le soleil déclinait lentement, embrasant le ciel d'une lumière rougeâtre ...

Ils allaient passer leur première nuit ici ... Cela risquait de ne pas être la dernière ...

Daren arrêta sa charrette, il se leva sur son siège. Autour de lui tout soldat tendait la tête vers la tour de l'Isengard, étrangement vide et inhabitée. Cela fit grincer les dents de Daren. Il avait beaucoup parler avec Nârwel, et il savait donc que lors de leur dernier passage, l'Isengard était dans une situation très inconfortable. Nârwel, à l'époque éclaireur, lui avait raconté le dénuement de la garnison.

Au loin, Daren vit le sergent Flariel rassemblé son unité. L'unité de Daren avait été décimée, et il ne s'en était pas trop préoccupé jusque là. Il jeta un regard dans sa charrette, Maïrwen dormait. Il reviendrait et lui raconterait tout dès qu'il saurait ce qui se passait.

Se faufilant entre les tentes, les charrettes, les feux qui s'allumaient déjà, Daren arriva près du sergent. Et l'écouta parler.

Au final, il n'en savait pas beaucoup plus qu'eux. Et il leur remonterait les informations dès qu'il en aurait. Bredouille, Daren retourna à sa charrette alors que l'armée fourmillait.

Plusieurs petites patrouilles étaient en cours de formation. Elles allaient prospecter aux alentours afin de découvrir la ou les raisons de la disparition de la garnison établie en Isengard ...

''Car enfin !! Une garnison, ça ne disparait pas comme ça !!''

C'était la phrase préférée des responsables de l'armée victorieuse du grand nord.
Riven, le lieutenant Riven, revenait justement d'une réunion organisée à la hâte par ses supérieurs. Les ordres qu'il venait de recevoir étaient précis: A charge pour lui de réunir quelques hommes avant de partir immédiatement vers l'est afin de dépasser la trouée puis de remonter vers le nord et voir ...

D'autres patrouilles partiraient dans plusieurs directions ...

Quatre hommes avaient déjà rejoins le capitaine qui progressait dans le campement improvisé. Il lui en manquait deux pour terminer de former son groupe ...

A la lueur des feux, il aperçut un jeune soldat affalé dans une charrette, le regard dans le vide. Il soupira ...

- Daren !! Tu es fort occupé mon ami semble-t-il !!

Il sourit à sa phrase ironique avant de lui indiquer :

- Je vais mettre un terme à ton ennui. Allons, prend quelques affaires, nous partons ...

Il avisa un autre soldat au pied de la charrette et qui semblait tout aussi occupé que Daren (il dormait à point fermé dans un tas d'herbes hautes). Il tendit le bras dans sa direction et cria en s'approchant :

Hé toi !! La sieste est terminée. Il nous faut savoir ce qu'il s'est passé ici ... Car enfin, une garnison, ça ne disparait pas comme ça !!

Il sourit à sa dernière phrase, même lui s'y mettait ...

Le soleil palissait sur Isengard tandis que la soirée s'installait sur Isengard. Les soldats, harrassés par la longue marche effectué durant la journée s'installait dans les baraquements vides. Des feux s'élevaient un peu partout et les hommes se réunissaient autour pour se réchauffer, manger un bout et converser sur les derniers évènements …

Ils y allaient de leurs commentaires sur les raisons de la disparition de la garnison. Ils déploraient le retard que ne manquerait pas d'engendrer les recherches. Ils espéraient que les patrouilles désignées pour recueillir des renseignements reviendraient rapidement. Mais rien n'était moins sûr …

A l'écart, le lieutenant Riven attendait que la petite compagnie avec laquelle il se trouvait en termine de se préparer. Avec lui irait le jeune Daren, tout juste promu au rang de Caporal, eut égard à ses exploit durant la bataille du grand nord ainsi que Mirdal, un solide gaillard de Minas Tirith. Uldorin l'ancien, qui ne se séparait jamais de son cor de chasse et enfin Hyndir, un archer reconnu pour son habileté.
Pour eux, point de repos …

Au loin, d'autres petites patrouilles, toutes composées de cinq hommes s'en allaient déjà dans toutes les directions.

- Allons, dépêchons nous un peu ? Il faut nous mettre en route sinon nous allons démarrer les derniers ! La lune est pleine, la nuit est claire … Idéal pour une petite ballade …

Le lieutenant Riven jeta un dernier coup d'oeil à son paquetage avant de la hisser sur son dos. Il accrocha une dague supplémentaire à sa ceinture et s'empara de son épée …

- Hyndir vous prendrez la tête avec le caporal … Il parait que vous disposez d'une excellente vision. Uldorin et Mirdal vous suivront, je fermerais la marche.

Soudain, le son d'un cor résonna dans la nuit tombante …

- Uldorin !! Mais qu'est ce qu'il te prend ???

L'ancien regarda Riven sans comprendre :

- Heu … Hem … Je ne pars jamais sans faire résonner mon cor de chasse lieutenant !!!

Riven soupira avant de dire sévère :

- Que cela ne se reproduise plus !! Quand je parle de ballade au clair de lune, c'est une image !! L'on ne sait ce qu'il s'est passé ici alors évitez à l'avenir d'ameuter les lieux merci !

Le lieutenant regarda ses compagnons, tout le monde semblait enfin prêt pour se mettre en route :

- Bien, des questions ? C'est bon pour toi Hyndir ? On peut se mettre en route ?

Le lieutenant ne tarda pas à donner l'ordre du départ, Hyndir jeta un dernier coup d'oeil sur le morceau de viande qui était en train de cuire lentement au dessus du feu puis se mit en marche, ouvrant la voie avec un jeune caporal à ses cotés. L'incident du cor passé, tout devient silencieux, il fallut quelques minutes avant de quitter la route principale, la petite patrouille marchait maintenant sur un sentier caillouteux qui montait lentement.

Le jeune archer avait posé la main droite sur le manche de son épée afin de pouvoir s'en saisir rapidement en cas d'attaque au corps à corps mais il pouvait tout aussi rapidement dégainer son arc afin d'éliminer toute menace éloignée. Le silence du lieu n'était brisé temporairement par les pas des hommes, parfois par un juron lorsque l'un d'eux glissait sur un caillou ou se tordait la cheville mais ils progrèssèrent à bonne allure. Hyndir était habituellement un bon marcheur mais les hommes de Gondor avaient déjà endurés une longue marche et là il devait de nouveau aligner les pas les uns après les autres, sentant à chaque fois le cuir lui irriatait un peu plus les pieds.

Au bout d'un bon moment, Hyndir leva rapidement sa main afin de stopper les autres avant de rester immobile, le regard fixe devant lui. Rapidement Riven arriva à ses cotés afin d'avoir des nouvelles.

"Que vois tu ?"
"Un homme portant les armes de Gondor là bas."

D'un geste de la main, Hyndir montra la direction à son chef de patrouille puis sa main droite revient se poser sur son arc, il ne l'avait pas encore sorti mais il était près à le faire. Lentement le groupe se mit en marche, se tenant prêt à une intervention musclée, l'homme leur tournait le dos installé contre le tronc d'un arbre mais son casque et son armure étaient gravés de l'arbre blanc.

Arrivés derrière lui, le soldat ne bougea toujorus pas c'était étrange, trop étrange, l'archer le contourna tout en sortant son arme mais il le rangea bien vite envoyant le regard vide de l'homme ainsi que la blessure sanglante de son ventre.

Le Lieutenant Riven l'avait prit à part, et l'avait promu Caporal. Il lui avait dit que ses faits d'armes à la bataille du Nord ne seraient pas oubliés, et que l'on le destinait à être plus qu'un simple Caporal. Mais que contenu de son jeune âge, et de son esprit pour le moment tourmenté par le fait d'avoir donner la mort. Le jeune Daren servirait sous les ordres du Lieutenant Riven que ferait son éducation militaire, car malgré leur amitié, Nârwel ne pouvait assumer cette responsabilité. Et certains capitaine, proche d'un certains Olion serait même pour l'écarter définitivement du sombre personnage qu'était à leur yeux le nouvel agent de l'Intendant.

Il connaissait certains membre de cette unité, et l'Otharrimon dans laquelle servait le Lieutenant était l'une des plus réputée de cette dernière campagne. Mais cela lui faisait bizarre d'incorporer une nouvelle unité. Lui qui avait toujours été timide et introverti. Il avait eu du mal à s'adapter à ses anciens compagnons, aujourd'hui tous morts. Alors se retrouver soudain couper de Nârwel, ou même de Dame Maïrwenn, le dérangeait. Mais c'était les ordres, et Maïrwenn comprendrait, peu être même s'inquièterait t'elle un peu. Mais c'était une femme de soldat et elle même aurait du pain sur la planche. Ses talents étaient toujours plus utiles depuis le départ des guérisseurs Elfes.

Daren avait écouté longuement le Lieutenant, et il pensait encore à ses paroles quand Hyndir lui montra un homme de Gondor appuyé à un arbre. Alors que l'archer fixait l'homme, Daren, faisait signe au Lieutenant qui se hâta de les rejoindre. Et quand il découvrirent le cadavre Daren ne rangea pas son arme, et il fit signe au Lieutenant d'approcher.

"Depuis combien de temps penses-tu qu'il est là?" dit-il en se tournant vers Hyndir l'archer.

Le lieutenant s'approcha et posa sa main sur l'épaule de l'archer. Il avait perçut le léger tremblement dans sa voix, signe du trouble qui l'agitait. Il n'avait pas beaucoup de mal à imaginer ce qui causait son émotion. Les images de la bataille du grand nord n'avait pas encore quittées les esprits. Les corps des soldats du Gondor, alignés les uns à côtés des autres formant comme une route sinistre vers l'enfer. Les visages figés pour l'éternité, les yeux fixes des combattants de la liberté …

Riven soupira. Son esprit renvoyait les mêmes images. La victoire sur le plateau gelé du Forodwaith avait été chèrement acquise …

Son frère était resté là bas … Son corps déchiqueté par la hache d'un semi troll … Il était quasi méconnaissable lorsqu'il fut découvert … Une tache rouge sur la neige immaculée, une masse informe couverte de lambeaux où l'on pouvait deviner l'emblème de l'arbre blanc. Seule la petite broderie argentée portant son nom avait permis de l'identifié … Son frère, son jeune frère, mort trop tôt comme beaucoup au nord …

Il réprima le sanglot qui ne manquerait pas de nouer sa gorge, soupira une nouvelle fois avant de se pencher à son tour sur le cadavre qu'ils venaient de découvrir …

- Ne soyons pas trop prompt Hyndir, il ne faudrait pas manquer un indice … Tu as raison, les hautes herbes qui le recouvre montre qu'il est là depuis longtemps. Bien que l'odeur soit désagréable, elle est toutefois légère pour un corps en décomposition … L'effluence tire à sa fin …

Riven avança sa main pour se saisir du vêtement du cadavre. Il tira légèrement et le corps s'effondra sur lui même … Le reste d'une flèche noire fit son apparition …

Il fit signe que oui de la tête comme si il commençait à comprendre. Il indiqua :

- C'est ce trait qui à fait tombé le soldat … Probablement a-t-il rampé sur quelques mètres avant d'être rattraper par ses agresseurs … De là, ils l'on retourné et lui ont ouvert le ventre … Du travail de gobelin ou je n'y connait rien ! Un acte isolé certainement, il n'y a pas d'autre corps alentours.

Il saisit le col de la brigantine du soldat :

- Regardez, ces marques indique qu'il s'agit d'un éclaireur …

Le lieutenant Riven continua son inspection … Il se saisit de l'autre côté du col. Une petite broderie argentée se dévoila sous la lumière dorée de la lune :

- Caleau …. Caleau Gerro. Tel était son nom …

Riven se releva et proposa :

- Il nous faut l'enterrer … Nous ne pouvons le laisser ainsi ...

Daren suait sous ses plaques d'armures, et le cuir de ses gants était percé par les pierres qui recouvraient désormais la tombe de Caleau Gerro, le caporal se demanda quelle voix avait pu avoir cet homme, un homme de la troupe avait trouvé une cythare fabriqué par le Luthier Elfique Ën Ape Santör avec son paquetage à une vingtaine de mètre dans les bois.

Quand Hyndir et lui le trouvèrent, son visage était figé, et sa bouche ouverte. Et quand il virent son paquetage, il eurent l'impression de revoir vivre l'homme. Tristement l'illusion passa, et ils se remirent en marche, laissant ce qui leur semblait inutile sur place. Mais avec l'homme, il avait enterré la cythare.

Hyndir et lui occupait désormais l'arrière-garde. Et Daren était au moins aussi nerveux que l'archer. Ils sursautaient au moindre bruit, et les milles et une mélodie de la forêt leur hérissèrent les poils sur la tête. Et l'épée de Daren était aussi souvent mise à nue que remise au fourreau.

Enfin, le Lieutenant Riven les faisait marcher depuis quelques heures déjà quand soudain...

HRP: Classique :HRP

Nârwel arriva avec le Lieutenant Riven et le reste de la troupe. Il se déployèrent une nouvelle fois autour d'un cadavre.

"Funeste marche, noir et froide seront nos nuits..." maugréa Uldorin en serrant la poigne de son épée un peu plus.

Daren ne dit rien, il passa en jetant un regard discret à Hyndir et à l'homme mort. Il se détourna quand il aperçut la plaie irrégulière dans la gorge du soldat. Il prit une profonde inspiration, il repéra sa position dans la formation. Et alors qu'il s'y rendait, il marcha sur un objet métallique.

"Mon Lieutenant!!" appela t-il alors qu'il revenait vers Hyndir et le cadavre.

Il tenait dans ses mains le poignard qu'ils portaient tous à leur ceinture. Frappé de l'Arbre Blanc, le symbole gravé sur la garde était noyé sous le sang vermeil. D'un regard, Daren compara l'entaille et la longueur de la lame.

"Est-ce qu'il a son poignard?" demanda t-il.

Uldorin baissât les yeux sur le ceinturon, et nia da la tête.

"Il s'est suicidé?"

Daren sursauta, effrayé par ce qui venait de lui traverser l'esprit il poussa Hyndir et Uldorin en arrière. L'archer tomba en arrière et le vétéran grogna plus fort qu'un ours.

"Attendez!" fit Daren à travers le col de son veston qui venait lui masquer la bouche et le nez.

Il tira son poignard et souleva la main de l'homme. Les veines étaient saillantes, et la peau craquelée. Daren se pencha au dessus de l'homme. Ses yeux avaient perdus leur couleur, et le blanc avait jaunit. Alors qu'il cherchait d'autre symptôme il vit que la main droite du soldat était couverte de sang. Il n'y avait plus un doute possible sur ce qui était arrivé au malheureux.

Il se tourna vers le Lieutenant et les autres qui commençaient à comprendre, et à s'écarter du cadavre.

"Mon Lieutenant, cet homme était gravement malade. Il a mis fin à ses jours."

Le lieutenant Riven s'écarta à son tour et grimaça de dépit devant le cadavre encore chaud du soldat Gondorien. Il regarda un à un ses compagnons de route en terminant par Daren auquel il s'adressa :

- Il ne nous faudrait pas tirer de conclusions trop hâtive mais ce type était visiblement très malade et souffrais tellement qu'il en est arrivé à mettre fin à ses jours ... Cela n'augure rien de bon ! Et je crois bien que nous pensons à la même chose Caporal Daren.

Il soupira longuemement avant de reprendre :

- Pauvre gars ........
- Il nous faut en savoir plus ! Bien que j'en doute fortement, il peut tout de même s'agir d'un cas isolé. Bon sang ! Qu'est ce qu'il se passe ici !

Le lieutenant se tut un moment. De toute évidence, il priait pour le soldat qui venait de pousser son dernier soupir.

Après quelques instants, il ramassa son épée et se remit en route. La petite troupe marchait lentement, à l'affût du moindre mouvement suspect. Le lieutenant Riven restait silencieux, plongé dans ses pensées, lorsqu'une nouvelle forme sombre se détacha un peu plus loin sous les généreux rais de lumière de la pleine lune. Uldorin "l'ancien" se mit à courir dans sa direction mais le lieutenant le rappela :

- Hé, attend Uldorin, pas si vite bon sang ! Couvre toi la bouche et ne touche à rien surtout ...

Puis son regard fut attiré sur la gauche par une forme semblable à celle qui gisait sur le chemin. Soudain, Mirdal tendit son bras vers la droite et s'élança immédiatement en criant :

- Là, y'en a un autre !

Le lieutenant Riven se tourna vers Daren et lui fit signe de le suivre. Ils s'approchèrent de la forme qui se trouvait sur leur gauche, laissant leurs compagnons s'intéresser aux autres.

Un cadavre de soldat Gondorien s'étalait à nouveau sous leurs yeux. Le corps portait les même marques de maladie que celui qu'ils avaient laissé une demie heure avant contre le tronc d'arbre.

Riven, visiblement affecté par cette nouvelle découverte macabre regarda Daren et murmura :

- Que penses-tu de tout ça Daren ?

Ils avaient continué, pour finalement tomber sur le gros de la troupe. Partout les cadavres des soldats des Hommes de gondor germaient aux pieds des arbres. Devant ce spectacle, nombre étaient ceux que cela perturbaient, quoi de plus normal. Mais Daren ne jeta qu'un regard triste aux dépouilles. Il ne répondit pas tout de suite au Lieutenant. Riven qui faisait son éducation militaire. Concentré, il finit par émettre une hypothèse.

"Nous devrions envoyer un message au camps. Sans entrer en contact avec eux. Nous portons peut être déjà la maladie. Aussi nous ne devrions plus boire aucune eau de la région, ni manger ce quelle nous donne... Ensuite nous devrions continuer notre route. Et remonter à la source."

Il regarda autour de lui. Et tendit la main vers le Nord-Est.

"Par là."

Uldorin leva un sourcil curieux, mais Daren ne le laissa pas poser la question.

"Il y a de plus en plus de corps de ce-côté." dit-il en se tournant vers le Lieutenant.

Comme le caporal Daren, Riven regardait de tout côtés. Le même constat, la même vision d'horreur ... Des corps sans vie couchés aux pieds des arbres.
Des soldats qui, visiblement, avaient succombés à la même maladie, à la même horreur ...

Citation :

Nous portons peut être déjà la maladie

L'écho de la phrase de Daren résonna comme un couperet.

Le lieutenant Riven approuva Daren et appela ses autres compagnons. Quand tous furent réunis, il s'adressa à Mirdal :

- Tu as entendu ce qu'a dit le Caporal ? Retourne au camp et informe qui de droit sur ce que nous avons trouvé ici ... Parle leur de loin, ne te mêle pas à eux ... Il nous faudra rester à l'écart quelques jours pour être sûr que nous ne sommes pas porteur de cette maladie et éviter une propagation ...

Sans Mirdal qui venait de s'élancer dans la direction opposée, le groupe se remit en route vers le nord-est comme indiqué par le caporal Daren.

Ils n'eurent pas à marcher longtemps. Après quelques minutes à peine, ils débouchèrent dans une étroite clairière surplombée par une pente escarpée.
Au sommet, une ouverture comme une bouche sinistre se dessinait. Sans doute l'ouverture d'une grotte. L'entrée était encombrée de nombreux cadavres portant le blason de l'arbre blanc.
Il n'y avait pas le moindre bruit alors que le petit groupe, Daren et Riven en tête s'approchait ...