Un prince à soutenir

Fendor et les nouveaux Chevaliers de sa Maison arrivèrent enfin à Annuminas, capitale de l’Arnor, après un long voyage depuis le village d’Upbourn. Ils n’avaient pas rencontré beaucoup de problèmes, si ce n’était la pluie presque incessante qui les avait accompagnés sur une bonne partie du chemin. Si elle avait cessé depuis deux jours, eux ne s’étaient pas réchauffés depuis et lorsqu’ils passèrent devant une auberge, la tentation d’y entrer fut grande, et plus difficile encore fut d’y résister mais ils avaient une mission et connaissaient l’importance de celle-ci. Ils passèrent donc leur chemin et continuèrent en direction du palais, grande bâtisse visible de n’importe quel endroit de la ville. Tandis que Fendor regardait avec curiosité l’architecture arnorienne, Martelong faisait part de ses interrogations à son chef, Eoseld.

-Quelle autre solution avons-nous mis à part le roi d’Arnor ? Je veux dire, précisa l’ancien capitaine, si Sa Majesté rejette notre demande.

L’oncle de Fendor soupira. À la vérité, il n’en savait rien lui-même. Il n'était déjà pas sûr que l’appui de Tar-Aldarion servirait à quelque chose. Le peuple Rohirrim n’accepterait jamais qu’un garçon inconnu monte sur le trône sur de simples prétentions. Il ne pouvait pas donner la couronne au premier venu et lui-même ne le ferait pas. C’était difficile en étant le seul à connaître la vérité de convaincre tout un royaume. Qui sait ? Peut-être qu’en convainquant personne après personne il arriverait à quelque chose. Il mettrait tout en œuvre en tout cas pour que le petit accède au titre qui lui était dévolu de par sa naissance, il le devait bien à son défunt père.

Eoseld sortit de ses pensées. Il se rappela la question de son compagnon pour enfin lui répondre.

-Il sera toujours temps d’y réfléchir à ce moment-là, mais je refuse d’y penser avant d’avoir eu un entretien avec le roi Aldarion. Je garde l’espoir qu’il se souvienne de l’aide apportée par l’ancien roi de Rohan Firion à son royaume lors de la guerre du Nord, ajouta-t-il dans une prière.

Martelong resta songeur. Il voyait bien qu’Eoseld ne savait pas plus que lui où ils allaient. Fendor, de son côté, toujours assis devant son oncle sur la même monture, n’avait pas suivi la conversation et pensait à la future rencontre avec le roi.

-Mon oncle, comment devrai-je me comporter en présence du roi ? demanda le garçon.
-Ah ! Oui, tu fais bien de poser la question. Il s’agirait de ne pas manquer de respect au roi, grand mal cela nous ferait, ajouta-t-il. Quand tu le rencontreras, tu devras poser un genou à terre et attendre qu’il te dise de te relever. Ensuite, c’est lui qui devra parler en premier. Enfin, si tu dois lui parler, il faudra lui donner du Tar-Aldarion, mais il vaudrait mieux que je sois le seul à parler. Quand tu partiras, ne lui tourne pas le dos, recule d’une dizaine de pas avant de te retourner. Le protocole pour voir le roi d’Arnor est très strict, mais le respecter à la lettre pourra être payant.
-Bien, oncle Eoseld, je m’en souviendrai, assura le jeune prince.

Fendor imagina la scène et la mémorisa afin de se rappeler ce qu’il devrait faire à ce moment-là. Il ne décevrait pas son oncle, le garçon n’était pas de ceux qui échouent ou même font simplement des erreurs. Après tout, il devait porter une couronne, il ne pouvait se permettre d’être au niveau des autres, au niveau de tout le monde, il se devait de leur être supérieur.

C’est ainsi qu’ils arrivèrent devant le palais d’Annuminas. Ils descendirent de leurs chevaux et les laissèrent à un palefrenier qui promit de leur donner à boire et à manger. La petite compagnie de Rohirrims montèrent les marches et franchirent les portes du palais en regardant les gardes qui ne bronchèrent pas à leur passage, ce qui étonna grandement Eoseld. À Meduseld, un huissier était chargé de faire déposer les armes de tous les étrangers à l’entrée. Apparemment, il s'agissait d'une coutume de chez eux puisque personne ici ne leur demanda. Ils étaient à présent dans un grand hall éclairé par lustres et bougies. Un homme vint à leur rencontre, bien habillé, la posture droite. Il devait s’occuper de l’accueil des visiteurs.

-Soyez les bienvenus au palais d’Annuminas, demeure de Sa Seigneurie Tar-Aldarion. Que puis-je pour vous ? s’enquit-il aimablement.
-Nous souhaiterions avoir une audience avec le roi, répondit Eoseld.
-Très bien, je m’en vais L’informer de votre demande. Qui dois-je annoncer ? demanda-t-il.
-Eoseld, ambassadeur de Rohan, accompagné de ses gardes.
-Et l’enfant ? insista l’homme.
-Mon fils, mentit le Rohirrim.

L’homme inclina la tête et se déroba à ses hôtes par une porte au bout du hall. Eoseld trouva l’accueil des plus chaleureux ce qui le laissa assez désemparé, plus habitué généralement à deviser avec des gardes. Des serviteurs passaient de temps à autres par le hall, parfois des gens s’arrêtaient discuter. Il nota qu’ils étaient tous bien habillés et quand il regarda ses propres habits et ceux de ses compagnons, il eut un peu honte. Ils étaient crottés, humides et ne devaient pas sentir spécialement bons. Il passa la main dans ses cheveux pour se recoiffer, même si cela restait sommaire. Ils n’avaient de toute façon pas le choix, s’ils n’étaient pas présentables, ils essaieraient au moins de faire bonne impression par le reste. C’est ainsi qu’ils attendirent, dans le silence, que revienne l’homme avec une réponse, qu'ils espérèrent bien évidemment positive.

L'homme s'éloigna alors à travers les couloirs du palais d'Annuminàs. Il s'approcha d'une petite porte à côté de la salle du trône. Il toqua doucement, sans réponse. Un homme qui passait derrière lui l'apostropha.

" Si vous cherchez Hrotgar, il est dans la salle du trône."

Le portier le remercia et s'approcha de la porte juste à côté, grande et imposante elle donnait l'accès à la salle du trône. Il toqua, sans réponse. Il hésita un instant puis se décida : les visiteurs semblaient pressés, il ne pouvait les laisser à l'entrée ainsi. Il ouvrit la porte et entra doucement dans la salle.

" Cette situation n'a que trop duré... Il faut en finir avec eux. Préviens Saemon ! "

L'homme qui parlait avec le roi lui fit un signe, il se retourna et vit le portier. Il lui jeta un regard noir.

" On ne vous à jamais appris à frapper Semelin ?"

Semelin baissa la tête..

" Bien sur Messire... Je l'ai fait, mais je n'ai point reçu de réponse... et cela semblait urgent.."

L'homme voulu répliquer, mais Aldarion lui fit signe de s'abstenir.

" Parlez alors... "
" Merci mon Roi. Il y a un homme à la porte qui désire vous parler. Un certain Eoseld du Rohan, et son fils.. "

Aldarion fronça les sourcils, il tachait de se souvenir de cet homme. Cela venait d'un passé lointain, très loitain.

" Ce nom ne m'évoque que de rares souvenirs... Cependant, s'il vient du Rohan, cela pourrait faire nos affaires... Hrotgar, va voir. "

Hrotgar s'inclina et se dirigea vers la sortie, accompagné de Semelin.




Hrotgar s'approcha de la délégation Rohirrim. Au contraire de Semelin, il n'avait pas été engagé pour sa chaleur de vivre et sa sympathie. Il fixa Eoseld dans les yeux.

" Vous devez être Eoseld... Je suis Hrotgar, nouveau Chambellan du Roi Aldarion. Suivez moi, vous m'expliquerez en chemin ce que vous voulez à mon Seigneur."

Il pivota sur lui même et reparti à grand pas vers la salle du trône.

" Je me dois de vous signaler que le Roi est fort... irritable... ces temps ci. Veillez à respecter le protocole. Ne le touchez pas, ne lui tournez pas le dos, ne parlez pas avant lui, agenouillez vous en arrivant et ne vous relevez que quand il vous l'autorise, appellez par ses titres avant toute discussion : Tar-Aldarion Anglareb, Roi d'Arnor, Duc d'Annuminàs, Duc de Fornost,Prince de Gondor, Généralissime de l'armée d'Arnor. Enfin, si vous venez à lui parler de choses militaires, baisez le pommeau de son épée avant. Mais au fait, de quoi voulez vous lui parler ? "

Hrotgar avait déballé tout cela sur un ton froid, presque monocorde, il n'avait quasi pas regardé ses visiteurs sur ce temps là, mais il semblait désormais attendre une réponse.

Fendor soupira. Las, il ne rêvait que d’une chose : un bon lit qui lui procurerait le sommeil réparateur dont il avait tant besoin. Il n’était pourtant pas temps de dormir. Leur hôte revenait déjà accompagné d’un autre homme, au visage plus sévère que son compatriote. Fendor vit Eoseld saluer à son tour Hrotgar après qu’il se fut lui-même présenté. Il suivit les trois hommes, tout comme les autres Rohirrim.

Eoseld écouta soigneusement les paroles du Chambellan du Roi et acquiesça à chaque consigne qu’il leur donnait. Mais à la question de savoir de quoi ils comptaient entretenir le Roi, il dut refuser.

-Je suis désolé mais je crains devoir ne point vous accéder sur cette demande. Savoir que nous venons requérir l’aide de votre monarque devrait vous contenter. Si point est le cas, je ne puis faire autrement, il en va de notre sécurité, et j’ose présumer que vous n’êtes pas homme à vouloir malheur à ses invités, discourra Eoseld de telle sorte que le Chambellan n’insista pas.

Eoseld s’arrêta là et regarda son hôte mais le visage de celui-ci resta impassible. Ils continuèrent ainsi à marcher jusqu’à la porte qui donnait sur la salle du trône sans plus de bruits que ceux que faisaient leurs pas. Prêt à ouvrir la porte, le chef des Rohirrims arrêta Hrotgar en lui agrippant le bras. Il le relâcha aussitôt mais cela avait suffit à arrêter le Chambellan.

-Excusez-moi, avant d’entrer, j’aimerais que vous demandiez à votre roi que l’entretien reste privé. Si cela peut vous rassurer quant à la sécurité de votre souverain, mes hommes et mes armes pourront restés à l’extérieur. Cependant, mon fils restera avec moi. Merci de transmettre ma demande, ajouta-t-il en s’inclinant légèrement.

Sur ces paroles, les portes s’ouvrirent et la délégation Rohirrim entra. Ils avancèrent de quelques pas et tous s’agenouillèrent comme un seul homme devant le Roi d’Arnor Tar Aldarion, assis sur son trône au bout de la salle.

Hrotgar, qui ne s'était pas agenouillé pour avoir déjà parlé au souverain ce jour là, s'approcha du trône d'Aldarion, qui n'avait au demeurant toujours pas offert aux rohirrims de se relever.
Il glissa quelques mots à l'oreille d'Aldarion qui se releva alors.

" Ainsi... vous me dérangez en pleine après-midi... refusez de mentionner la raison de votre venue... ne prenez même pas la peine de vous rendre présentable et demandez, enfin, à être reçu en privé. "

Nombreux furent les rohirrims à baisser encore plus la tête.

" Votre... histoire... à sérieusement intérêt à être intéressante pour justifier un tel chambardement. Cependant, si je peux accepter que vous gardiez une forme de mystère autour de votre "récit", il me faudra néanmoins vous imposer la présence de Hrotgar, sécurité oblige. Je serais intransigeant sur ce point. C'est à prendre ou à laisser."

Aldarion était en position de force et il le savait. L'urgence qui semblait avoir pris Eoseld ne devait pas lui laisser beaucoup de choix. Il devait parler à un puissant, et ne pourrait pas se permettre de refuser. Il accentuait sa domination en laissant ces hotes agenouillés, et ne les autoriserait à se relever que quand ils auraient accepté sa proposition.

C’est donc comme ça que le roi d’ici reçoit ses visiteurs... Ainsi pensa le jeune Fendor quelque peu troublé par l’accueil reçu. Préférait-il nous recevoir au réveil, en pleine nuit ou lors d’un repas ? Le visage crispé, il jeta un coup d’œil du côté de son oncle, mais celui-ci restait impassible, son visage ne traduisait aucune émotion. Les autres baissèrent cependant un peu plus la tête encore, ce que le garçon se refusa, il jugeait indigne d’un prince de s’écraser de la sorte. S’incliner oui, pas s’écraser. Je jure que s’il ne nous aide pas, il pourra toujours implorer le secours du Rohan qu’il l’attendra encore à sa mort !

Aldarion imposa une condition au groupe de Rohirrim en échange du secret de leur entrevu. Si le jeune prince trouva à y redire, cela n’avait pas l’air d’être le cas d’Eoseld qui n’hésita pas une seule seconde et releva la tête pour accepter la condition du roi.

-Tar-Aldarion Anglareb, Roi d'Arnor, Duc d'Annuminàs, Duc de Fornost, Prince de Gondor, Généralissime de l'armée d'Arnor, énonça le Rohirrim. Si Sa Majesté a entière confiance en son chambellan, qui suis-je pour mettre en doute son intégrité ? Nous acceptons donc votre condition et vous remercions de nous recevoir.

Il baissa à nouveau la tête en attendant la conclusion du monarque. Fendor trouva l’attente insoutenable, d’autant que son estomac commençait à gémir fortement. Du sommeil ou de la faim, il ne savait pas ce qu’était le pire. Peut-être cet entretien...

Aldarion lança un regard amusé à Hrotgar. Son chambellan prenait vraiment à coeur que le protocole soit scrupuleusement respecté. Le respect, voilà ce qui était nécessaire à tout entrevue. Sans respect, il n'y avait pas de communication possible.

Il se leva et adopta un ton plus enjoué. Néanmoins, il ressemblait plus à un ogre terrible s'apprètant à prendre son repas qu'à un bienveillant grand père prêt à faire sauter ses petits enfants sur ses genoux.

" Parfait parfait ! Relevez vous donc. Que vos hommes aillent se restaurer au poste de garde, nous allons pouvoir parler. "

Il tapa dans les mains et un valet apparut fort à propos.

" Emmenez ces hommes au poste de garde. Qu'il leur soit servi un repas. Je ne veux être dérangé qu'en cas d’extrême urgence. Est-ce clair ? "

Le serviteur s'inclina respectueusement et s'éloigna jusqu'à la porte suivi par l'escorte d'Eoseld. Sur le même temps, le Chambellan s'était dirigé vers un coin de la pièce et avait amené face au trône deux sièges pour les rohirrims.

" Je dois être honnète avec vous Eoseld.. Je n'ai que de rares souvenirs vous concernant. Les dernières années furent à la fois éprouvantes et mouvementées... Peu idéal pour favoriser la mémorisation. Mais nous avons de légitimes inquiétudes concernant le Rohan. Aussi, nous vous écouterons avec attention... "

L’Ours mal léché, comme l’appelait pour lui-même Fendor, se leva et, moins irascible, envoya les Rohirrim se restaurer. Enfin debout, le jeune garçon suivit son oncle jusqu’aux sièges apportés pour eux où ils s’assirent de bonne grâce.

-Je comprends Votre Majesté. Nous ne nous étions vu qu’une seule fois, lorsque j’étais personnellement venu vous annoncer, à vous et aux seigneurs de la Terre du Milieu présents, la mort du roi Firion. La peine m’avait empêché de rester plus longtemps.

Fendor écouta attentivement. La mort de son père ne lui avait que brièvement été raconté. Mort au combat lors de la guerre du nord. Voilà en tout et pour tout ce qu’il savait. Un grand roi, à ce qu’Eoseld disait. Rien de plus qu’un père qui avait abandonné son fils, pensait Fendor. Il avait beau connaître les raisons, on avait beau lui avoir dit qu’il n’avait pas été abandonné mais mis en sécurité quelques années, au final il n’avait connu ni père, ni mère, ni frère et ça, il ne l’acceptait pas. Fendor bouillait rien que d’y penser. Il préféra donc écouter son oncle reprendre.

-J’espère ne pas vous offenser, Sire, en vous avouant avoir menti à l’homme qui nous a accueilli. Je ne suis point ambassadeur du Rohan, ni ce garçon mon fils. Le secret devant être gardé, je ne pouvais révéler nos véritables identités. Je vous présente le second fils de Firion, ancien roi de Rohan. Il est à ce jour l’héritier légitime au trône, en lieu et place de cet usurpateur de Hogorwen.

Fendor écouta d’une oreille distraite Eoseld raconter son histoire, de sa naissance, de son exil, de ses tuteurs, de la mort de son père, de son frère puis de sa mère et surtout des raisons de tout ceci. Le jeune garçon connaissait cette histoire par cœur, et cela ne changeait rien à sa condition de prince sans royaume.

-Cependant, ajouta Eoseld, je pense savoir à présent qui était derrière cet enlèvement. Mes compagnons m’ont informé de cet Ordre de la Couronne de Fer, dit OCF, qui agite le monde. Même si cela ne change hélas pas grand-chose.

Eoseld se tut. Fendor réfléchissait lui. Pourquoi cet Ordre voudrait de lui ? Après tout, il n’était que le prince d’un royaume qui ne lui appartenait plus. Que pourrait-il faire de lui ?

Aldarion resta impassible pendant le discours d'Eoseld. L'histoire était crédible, mais il manquait cruellement de la moindre petite trace de preuve. Plongé dans ses réflexions, le monarque avait cessé d'écouter la conclusion d'Eoseld. Il entendit pourtant distinctement trois lettres : OCF. Il releva brusquement la tête.. Se rendant compte qu'il s'était quelque peu trahit, il fit son possible pour cacher sa surprise.

Ainsi, le petit Fendor faisait partie du plan... Saemon s'était bien gardé de lui en parler. Peut être parce qu'on lui avait caché à lui aussi. Tout le monde connaissait la haine que vouait Aldarion à Hogorwen, mais certains liens l'empêchaient de le toucher sans se mettre lui même sur la sellette. Et si ce Fendor était un moyen détourné d'arriver à ses fins ? S'il n'avait pas été un habile dissimulateur, il aurait alors affiché un petit sourire satisfait.

" Sachez petit Fendor... "

Il avait délibérément choisi de s'adresser non plus à Eoseld, mais à son protégé, le seul directement concerné par cette affaire.

" Qu'il est risqué et particulièrement délicat, de se présenter auprès d'un Roi en lui demandant de l'aide pour en destituer un autre. Même si Hogorwen est la pire des raclure... il a été couronné. Toucher à sa tête reviendrait à briser un tabou, il ne faudrait pas que cela donne des idées à mes sujets ou à ceux de mon oncle... "

Aldarion fit un sourire bienveillant. C'était une mise en garde, mais un principe auquel le petit devrait se tenir : aucun roi ne soutiendrait une rebellion... Ouvertement du moins.

" Néanmoins... je crois en toi, en ta légitimité et en ton bon droit. Maintenant... entre croire et soutenir... Il y a un pas qui me semble complexe à franchir. Et avant que je ne puisse le faire, il faut que ton peuple le fasse."

Le roi se leva et s'approcha d'une fenêtre de l'autre côté de la pièce. D'un petit mouvement il invita Fendor à le rejoindre.

" Vois tu... Etre Roi, c'est être au sommet... Il est difficile d'y arriver, et encore plus dur de s'y maintenir. Je pourrais... par la force te faire nommer Roi du Rohan demain. Mon oncle me suivra, et tu n'auras aucun souci à te faire sur tes frontières. Mais comment combattras-tu les supporters d'Hogorwen ? Et son fils Orwen ? Sans parler des militaires qui ne te reconnaîtrons pas... "

Il sourit doucement, comme s'il tentait de contrebalancer ses paroles pleines de danger.

" Non... Il faut d'abord que tu sois reconnu par ton peuple. Et pour ça je peux t'aider... Propagande, rumeurs, protection... Je peux t'offrir tout ça. Et quand le pays sera prêt, alors tu auras tout mon soutien. "

Avant qu'il ne puisse répondre, la porte s'ouvrit à la volée. Aldarion fit volte face, le regard noir.

" Majesté ! Comme vous l'aviez prédit... ils deviennent fou au sénat ! "

Aldarion se radoucit, étrangement. En face, l'Intendant d'Arnor, Aleth Enon, semblait complètement hors de lui.

" Bien... Avez vous prévenu Rousnou ? Et les Capitaines ? "

" Oui, tout est en place.. Comme vous l'aviez demandé. Rousnou se tient prêt à entrer dans le sénat, et les Capitaines savent dans quels fiefs ils doivent se rendre, et de quels Sénateurs il doivent diriger les armées. "

Il reprenait le controle, enfin... Les fiefs seraient rassemblés en Capitainerie, et chaque Capitaine aurait les pleins pouvoirs sur les choses militaires... Il devait se maintenir.

" Bien... Prince Fendor, je me dois de vous laisser, des affaires urgentes.... Je vais ordonner qu'on vous fasse donner des appartements, je vous y rejoindrais dès que la situation le permettra. "

Hrotgar salua rapidement et s'éloigna dans le sillage de son Roi. Une fois enfoncés dans les couloirs, il s'approcha de lui.

" Pensez vous qu'il peut vraiment prendre la place d'Hogorwen ? "
" Ce que je pense n'a que peu d'importance... si l'ordre le pense. "
" Et que comptez vous faire pour son... 'protecteur' ? "
" Nous verrons.. "

Fendor soupira, l’entretien était terminé. Il se tourna vers son oncle pour comprendre ce qui s’était dit.

-Mon oncle, qu’a dis le roi Aldarion ?
-Ne l’as-tu pas entendu, alors qu’il s’est adressé directement à toi ? sourit Eoseld.
-Non, j’aimerais savoir ce qu’il a réellement dit.
-Beaucoup de choses. Et pas grand choses... Je suis au moins satisfait de te savoir lucide, Fendor.
-Oncle Eoseld, insista le garçon.
-Patience, jeune homme. Je pense déjà qu’il est au courant pour l’OCF, mais j’ai senti plus que ça, peut-être une implication. De quelle manière et jusqu’où ? Ça, je ne le sais pas. Pour le reste, il devrait nous soutenir, mais il attend quelque chose de nous en échange. De nous ou de la situation, nous le saurons bien assez vite.

Arriva alors sur ces paroles un valet qui leur proposa de les conduire à leurs appartements, ce qu’acceptèrent bien volontiers les deux Rohirrims.

Tandis qu’ils marchèrent derrière le serviteur, Eoseld brisa le silence qui régnait.

-Pourriez-vous faire appeler nos hommes quand nous serons arrivés ? Et nous faire apporter un repas je vous prie ?
-Tout cela est déjà fait, répondit d’un ton monocorde le valet.
-Une baignoire pour se laver ? ajouta le Rohirrim.
-Préparée.
-Nos armes ?
-Rapportées.

Fendor vit son oncle faire la moue, il devait s’avouer vaincu face à ce valet, ce qui l’amusa grandement. Ils arrivèrent bientôt aux appartements qui leurs étaient alloués. Le valet leur ouvrit la porte en les laissant entrer.

-Si vous avez besoin d’autre chose, je reste à votre disposition durant tout votre séjour.

Il s’inclina et repartit comme il était venu. Fendor et son oncle trouvèrent leurs compagnons en train de discuter en les attendant. Mesald s’approcha d’eux.

-Alors, il va nous aider ?
-Du calme, répondit Eoseld. Plus tard. Pour le moment, rien n’est fait, et j’aimerais manger, me laver et me reposer, idem pour Fendor. Je veux un homme devant la porte et un autre derrière, vous vous relaierez toutes les deux heures. Mereorn et Felarel, vous serez les premiers. Les autres, vous êtes libres.

Les hommes obéirent. Eoseld et Fendor eurent enfin le temps de manger, puis de se laver. Ils finirent par s’endormir avant la visite du roi.


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