Le Bourreau et le Roy

Le cortège arriva finalement devant le palais. Il avait entendu de drôles d'histoires sur le chemin. Malgré les hourras, un homme avait prétendu que le Roy s'était fait enlevé par les trolls. Un autre lui avait rétorqué qu'en fait c'étaient des poissons. Le bourreau n'avait pas cherché à comprendre. Si le Roy avait vraiment été enlevé, il n'y aurait pas tous ces cris de joie.

Il s'arrêta devant la bâtisse et mit pieds à terre. Un page emporta immédiatement sa monture. Il resta un moment à contempler le palais blanc. Le vent faisait trembler sa longue cape sombre, de même que la bannière ancienne de l'arbre.
Il était de retour.

Quittant ses pensées, Radamanthe avança. Il ne portait rien sur la tête, à son habitude, mais là, sa capucha était rabassée elle-aussi.
On pouvait voir son tein hâlé, son visage buriné par le soleil et marqué par les guerre. Ses yeux semblaient plus gris que d'habitude. Ses cheveux avaient poussés et étaient coupés grossièrement. Sa barbe était mal rasée. Il avait une allure brute et pourtant, son port de tête était tel qu'on voyait là un vainqueur.

Le garde le reconnu. Qui parmi la garde ne conaisait pas le Bourreau qui entrait et sortait presquer à sa guise, porteur de nouvelles souvent sinistres, et pourtant, un homme qui conaissait toutes les informations ou presque dont la Cité disposait.

"L'armée envoyée en Harad est de retour et vctorieuse. Je suis Radamanthe, qui fut général improvisé et qui tua le sultan du Harad en personne, et je demande à voir le Roy Méphisto."

L'homme le regarda avec de grands yeux. Le calme du bourreau, sa froideur, lui avait toujours paru un sujet de crainte, mais à présent, il comprenait que cet homme complexe était plus qu'un sadique. C'était une figure de la Cité.

On l'invita à entrer. Un messager prévint le Roy.

Une folle agitation régnait dans le Palais, et ses alentours. Les valets et autres pages s'exitaient dans les couloirs, une tension se faisait sentir.

"Radamanthe au Palais !" "Oui, le bourreau est revenu !" "Et avec l'armée de Gondor...Qu'est ce que cela signifie ?"

Ainsi, après de nombreux mois de combat, le bourreau et le Roy se recontrèrent à nouveau, cette fois-ci dans un des appartement du Seigneur où une bouteille de vin les attendait sur un petit tabouret, à l'écart. Le Roy se leva et son regard se posa sur le piètre état du bourreau. Murmurant quelque chose pour lui-même, il invita son interlocuteur à s'asseoir sur un fauteuil de nature luxueuse. De suite, un valet fit son apparition et vida deux verres sans un bruit, se contentant de hocher la tête en regardant le bourreau.

Une fois la porte refermée derrière eux, le Roy fit mine de vouloir s'informer. Après avoir ingurgiter une dernière gorgée de vin, il souffla d'un trait:

"Radamanthe..."

Leurs regards se croisèrent et le Roy put voir un regard vide chez l'autre, le regard d'un revenant.

"Je suis tellement heureux de te revoir, mon ami, mais j'ai tant de choses à savoir, tu as beaucoup à m'apprendre. C'est pourquoi je vais te laisser parler, en me demandant pour quelle raison tu es devant moi sans Silence et...mon fils."

Il se positionna sur son siège, les oreilles tendues et les mains crispées, il s'attendait à être noyé dans un torrent d'informations.

Tandis que le Roy l'invitait à s'asseoir, sans dire mot, Radamanthe contemplait la salle. C'était dans cette pièce qu'il avait, il y a des mois, annoncé son départ au Harad. Elle était alors remplie de nobles, du stratège, du prince, ainsi que de celui qui allait devenir souverain d'Harondor.
Mais aujourd'hui, il était eul avec le Roy. Les choses avaient changées, les choses avaient jouées en sa faveur. Il avait toujours été respecté, mais dans cette affaire, il avait joué un rôle important.

Alors, il entendit la voix de son Roy, dans un simple souffle.

"Mon Roy..."

Il salua d'un signe de tête en prononçant ces mots, il ne pouvait faire plus, car il était assis. Le Bourreau tenait machinalement son verre dans lequel il n'avait presque pas bu. Il repose doucement.

Le temps était donc venu de relater toute cette histoire. Avec ses succès, ses peines, ses pertes.
Alors, il dit d'une voix morne, cassée.

"C'est une longue histoire, et je vais pour la première fois la résumer. Nous livrâmes bataille pour la première fois à Arzawa, qui est la ville la plus au nord de l'Harondor. Ce fut une énorme bataille avec son lot de trahison. Mais les stratégies de Silence et la vaillance des hommes nous firent vaincre. Malheureusement, le Prince Aleth y fut blessé."

Il avait prononcé ces mots d'une voix douce. Un silence s'en suivit.

"Les guérisseurs du sud s'en occupèrent. Aujourd'hui, il vit.
Mais je ne peux pas dire qu'il va bien, son voyage du retour se fit en litière. Peut-être les guérisseurs de la Cité pourront-ils l'aider..."

Radamanthe s'arrêta. La suite du récit suivrait, mais il avait le sentiment que le Roy allait réagir.

Le coeur du Roy fit un bond terrible dans sa poitrine. Son souffle se coupa comme si on lui avait donné un sale coup dans le dos. Comprenant les paroles douces du bourreau, il reposa à son tour son verre, vide, sur la petite table située entre eux deux.
Son regard échappa à Radamanthe et parti dans un méandre de pensées, où seul lui pouvait leur donner un sens.

*Aurais-je dû y aller à sa place ? Le pauvre, quelle idée de l'envoyer là-bas. C'est mon fils, il tiendra bon, j'en suis sûr. Mais si je le perdais...N'y pensons plus !*

Après un moment de silence plus ou moins long, Méphisto lâcha d'une voix assurée:

"J'ai confiance en à la capacité de guérison d'Aleth. Il s'en remettra, j'en suis certain "

Comme pour confirmer ses dires, il se reversa un verre de vin, et voyant que celui du bourreau était toujours plein, il dit :

"Allons, mon vin ne vous plait pas ?! Mais je vous en prie, continuez, continuez...y'a-t-il d'autres choses importantes que je devrais savoir ?"

Radamanthe tenta d'esquisser un sourire. Il savait que le Roy n'était pas vexé. Le Boureau, comme lui-même avait d'autres soucis en tête. Même si la confiance de Méphisto en la guérison de son fils lui enlevait un poids du coeur.

"En aucun cas, Sire. Ma gorge n'a connu que la poussière du voyage depuis trop de temps. Mais je rassemblais mes souvenirs de ce trop long voyage, et certains ne sont pas plus réjouissants."

Il reprit la coupe posée sur la table et la porta à ses lèvres. Le goût de ce breuvage lui fit plaisir, il n'en avait plus l'habitude.
Reposant son verre, à moitié vide à présent, le Roy put lire dans son regard que ce vin était bien un des meilleurs aux yeux du bourreau.

"Ainsi, nous vainquîmes à Arzawa. Ce fut la bataille la plus meutrière, car les armées étaient énormes.
Notre destination suivante fut Dur'Zork, ville dominée par un lointain ennemi de Meakil Duzingi. Grâces aux espions des Griffes d'Ammoth, nous rentrâmes par la porte qu'ils avaient conquise, et la bataille se déroula dans les rues de la ville. Ce fut une dure bataille car nous ne pûmes profiter de notre avantage numérique à cause de l'étroitesse des rues.
Mais encore nous vainquîmes et Jorkil, maître de la ville et fidèle au culte de Melkor, périt de la main même de Meakil, son ennemi juré.
C'est à ce moment qu'il prit le titre d'emir d'Harondor.
Immédiatements après, les troupes du sultan vinrent rechercher querelle aux portes mêmes de la ville."

Il s'interrompit pour reboire une gorgée de vin. Décidemment, le fait de reboire quelquechose de bon lui plaisait.

"De cette armée, Majesté, je retiendrai surtout les énormes bêtes nommées Mumakils. J'en ai vu, Sire, et j'ai vu des affrontments entre eux. Il n'y a rien de plus impressionnant dans une armée..."

En entendant l'autre raconter ses aventures et ses histoires de Mumakils, le Roy fut prit dans le récit et écouta attentivement ce que le bourreau avait à dire. Il avait bien entendu parler de ces anciennes légendes, de ces Mumaks ou Oliphants, étranges animaux vivant au fond du Harad. Ses ancêtres en avaient vu, Elessar en avait même combattu dans les plaines de Pelennor, il y a des siècles.

Finallement, il se reconcentra sur le pourquoi de la venue de Radamanthe, sur le rapport de ce-dernier. Ses paroles furent accompagnées d'un regard perçant.

"Et qu'en est-il de mon armée ? Et du Stratège Silence ? Vous n'y avez pas encore fait référence, ami, et pourtant il me semble important d'en parler..."

Il remua dans son siège, comme un gamin prit dans une histoire dont il aimerait connaitre le dénouement. Il vit la bouteille de vin sur le tabouret, mais se ravisa, se contenant d'attendre la réponse de son interlocuteur.

Radamanthe s'avança lui aussi sur son fauteuil, de manière à ce que son dos ne touche plus le dossier.
Les visages des deux interlocuteurs étaient alors plus proches et les deux regards se croisèrent, signe que tous deux étaient pris par la discussion; le Roy par son attente des informations, Radamanthe par ses étranges souvenirs.

"C'est évident, les nouvelles de Silence sont importantes mais ne vous plairont pas."

Cette phrase sèche ne fit que renforcer l'attention du Roy.
Radamanthe but une autre gorgée de vin. Il ne tenait pas à faire attendre le Roy, mais voulait éviter de tout révéler d'une traite, pour que la confsuion ne gagne pas Méphisto.

"Après la bataille de Dur'Zork, et malgré l'aide qu'il nous avait apportée, Silence partit.
Non pas qu'il mourut, mais il s'en alla avec ses lieutenants principaux pour des raisons obscures. Je n'ai aucune nouvelle de lui.
Mais il ne faut pas considérer cela comme une grande trahison, car les Griffes étaient employées par Gondor, et nombre e ses hommes sont restés. Vous allez sans-doute recevoir la visite de son représentant bientôt..."

Radamanthe aurait pu continuer d'une traite, il restait une bataille, une dernière, à raconter, durant laquelle il s'était illustré face au sultan du Harad, mais il avait l'intuition que le Roy n'allait pas rester sans réactions face à cett perte.

Le poing du Roy se crispa lorsqu'il entendit la trahison de son Statège, le dénommé Silence. Trahison était un bien grand mot puisque nombreux sont ses hommes à être restés fidèles au Gondor, mais ce chien de guerre les avait bien bernés. Il hocha la tête, afin de montrer qu'il avait bien suivi.
Il attendrait donc la venue du représentant des Griffes d'Ammoth, mais la perte de son précieux stratège l'attristait, au fond de lui-même, il aurait été content de le revoir rentrer d'une campagne militaire à la tête de ses armées. C'est donc d'un ton sec qui railla:

"C'est dommage. Le pauvre...je me demande bien quelles sont ces raisons qui l'ont poussé à déserter notre armée ? Soit, il risque de se montrer plus vite qu'on ne le croit, s'il ne meurt pas déseché dans le désert !"

Regardant à son tour le bourreau droit dans les yeux, le Roy lui fit savoir qu'il était prêt à entendre la fin du récit. Il reservit deux verres et manda à un de ses valets de ramener la bouteille vide aux cuisines. Leur entrevue toucherait bientôt à leur fin, mais le Roy ne savait pas encore tout...

Radamanthe retint un sourire. Le Roy était-il ironique ou furieux ? Il préféra ne pas essayer de le savoir. C'était bien vrai qu'on pouvait en rire actuellement, mais lui et les autres gondoriens ne souriaient pas autant quans ils avaient appris la nouvelle. Ce fut une grosse perte pour les rebelles. Le bourreau ne pouvait chasser la pensée que peut-être qu'avec Silence ce seraient plus de gondoriens qui seraient rentrés chez eux.

Il finit son verre, le reposa doucement, puis continua jusqu'à la fin.

"A ce moment, Meakil nomma Silinde Celebrindal, l'elfe étrange, aux commandes de son armée. La bataille se passa devant la ville, face aux troupes du sultan Florandor et de son conseiller sur qui circulent d'étranges rumeurs.
Je menai donc l'armée de Gondor."

Ces mots sonnaient étranges. Il avait accepté ce poste durant l'expédition, mais cela avait un côté bizarre devant son suzerain.

"La bataille commença par une charge de cavalerie. Celebrindal fit sa route jusqu'au-dit conseiller et je ne saurais expliquer le combat qui s'en suivit. Il y avait magie dans l'air. L'elfe vainquit mais était encore plongé dans un coma à l'heure de notre départ.
Au cours de la charge, je tombai et le sultan florandor vint me proposer un défi. Après un rude combat dont je garde encore des traces, je tuai le maître du Harad."

Radamanthe détacha bien ses mots pour que le Roy saisisse bien cela. Il n'en était pas peu fier.

"La bataille finit ainsi. Le lendemain, l'héritier du sultan faisait la paux avec Meakil Duzingi. L'Harondor est à lui..."

L’air vaguement dépiter, Ronfleur arriva le pas trainait et s’arrêta sur un banc blanc du couloir de réception. Il fit signe à un de ses deux hommes venu l’accompagner d’aller informer les gardes royaux de sa présence et par la même occasion de faire tout le bla-bla à sa place.
Il n’était pas d’humeur, et contrairement à n’importe quelle autre Griffe, lui avait du mal à ne pas laisser transparaitre ce genre d’émotion.

Le Seigneur Méphisto avait tout écouté attentivement et au moment où Radamanthe avait évoqué le duel et la mort du Sultan, les yeux du Roy pétillèrent comme si l'autre lui rappelait des souvenirs d'antan. Il siffla, l'air impressionné et déclara au bourreau :

"Je dois admettre que là, vous avez fait fort, bien que je vous en savais capable ! Personne ici n'oserait blâmer vos capacités martiales. Ainsi donc, vous aurez été le dernier adversaire de Florandor...Que de mérites, l'ami !"

Il souriait, sachant clairement l'audace et le talent de ses hommes et de leurs meneurs. Il en revint à regretter le départ de Silence mais il resta de marbre et ne parut en aucun cas destabilisé par cette perte. Conscient de ce qui se joua dans le désert, il posa calmement ses mots:

"Voilà une bonne chose de faite. Le Prince Meakil a triomphé, c'est un grand homme. Puisse maintenant les Dieux du Désert guider ses décisions et ses pas..."

C'est à ce moment là, où Radamanthe et son Roy se regardaient que la porte de l'appartement s'entrouvrit, laissant apparaitre un garde gêné d'interrompre la discussion. Il s'éxécuta devant les deux hommes et s'enquit:

"Monseigneur, il y a là un homme des Griffes d'Ammoth qui souhaiterait vous voir..."

Méphisto se ravit de l'arrivée de ceux-là, ils arrivaient à point nommé. Il se contenta de répondre calmement :

"Faite le entrer !"

Le garde royale revint vers Ronfleur et ses confrères.

- Vous êtes attendus.

Le sous-officier Ronfleur se frotta les mains et profitant de l’éphémère magnétisme remit ses longs cheveux bruns en place, balayant par la même occasion ses quelques pensées noires. Il n’allait pas rater sa prestation de porte parole, sinon s’en serait vraiment finit de ses jours à la ligue. Il se releva péniblement, comme prit de crampes et prit un instant pour signaler à ses camarades de patienter, le temps de l’audience.

Il se dirigea vers la porte, tenu ouverte par le second garde royale, et pénétra dans le hall.
S’approchant du duo, il effectua un salut de rigueur arrivé à une dizaine de pas et attendit d’être relever et questionner.

Ainsi seul devant le Seigneur du Gondor, tout son paquetage d’idées noires disparurent et il redevint une Griffe d’autrefois, un homme battit par les années de dur besognes et combats livrés pour d’autres hommes que soit même. A cet instant, il faisait bel et bien face à un de ceux-ci : son employeur.

Radamanthe avait sourit lorsque le Roy l'avait félicité. Il est vrai que lui-même était plutôt fier de son coup. Au moins c'était là quelque chose qu'il pourrait raconter encore longtemps.
Il allait poursuivre par les quelques menus détails qui suivirent ces faits quand on annonça l'homme des Griffes. Même s'il n'avait rien à faire avec lui, et vu le silence de Méphisto, il conclut que ces derniers faits suffiraient à ce qu'il reste présent, profitant encore un peu de l'hospitalité et du vin du Roy.

Il reconnut l'autre de loin comme celui déjà présent lors du dernier débat en Harad. Il se permit de siffler à Méphisto, avant que Ronfleur ne oit vraiment rentré.

"En parlant de Meakil Duzingi, l'ambassade qu'il a envoyée vous rencontrera sûrement prochainement."

Il rendit doucement son salut à l'envoyé. Le fait que le sujet soit détournée ne lui plaisait pas. Il n'avait pas un poste pour être mêlés aux autres affaires; pour le moment.
Mais on ne prenait pas congé d'un roy de son iniative propre.

Meakil Duzingi sera reçu dans les plus brefs délais par le Roy. Voyant débarqué le dénommé Ronfleur, il le jugea vite fait, d'un regard appuyé et l'invita à s'asseoir. Etait-ce le successeur de Silence ? Possible, mais dans tous les cas, la ressemblance entre les deux hommes n'était guère frappante. Le bonhomme prit place sur un troisième siège, situé près des deux autres.

"Il ne me semble pas qu'on se soit déjà vu ?" sourit le Roy au représentant des Griffes d'Ammoth. Il le mettait dès le départ à l'aise, le fait d'être pour la première fois dans un palais n'étant pas toujours rassurant.

Retournant son attention vers le bourreau, le roy lui demande directement:

"Radamanthe, vous ne comptez tout de même pas finir votre vie en tant que bourreau ? L'échaffaud est loin derrière vous à présent...ne serait-il pas venu le temps de vous reconvertir en de nouvelles fonctions plus honorables ?"

Le bourreau équarquilla les yeux. L'honneur n'avait pourtant jamais été son but. Il avait toujours affirmé que sa battre pour la gloire était des plus stupide.Mais il devait avouer que depuis ces derniers temps, il n'avait en aucun cas agis en tant que bourreau, allant de participant à un conseil du Roy à général improvisé en Harad.
La dernière fois où il avait mis les pieds dans la salle des tortures remontait à bien longtemps.

Radamanthe se redressa sur son siège et plongea ses yeux dans le regard du Roy. Quel poste son souverain avait-il donc en tête ?

"Il est vrai, Sire, que j'ai rempli d'autres fonctions ces derniers temps. Mais la recherche et la gestion d'information restent mes fonctions premières. Je ne suis pas un militaire, à la base, pas plus qu'un économe."

Mais Radamanthe attendait venir. L'idée d'une promotion l'intéressait, même si avec toutes ces années sans dépenser grand chose, il avait déjà une petite fortune.

Ronfleur hocha la tête négativement. Lui l’avait vu de loin de nombreuses fois, étant donner son statu de chef d’information.

- Ronfleur à votre service Seigneur. J’ai commandé les Griffes d’Ammoth pendant la campagne au Harad en l’absence de Silence. Cependant… Depuis mon retour, les fonctions de la commanderie ont étés retransmises à autrui… Douleur, une jeune femme blonde que vous avez déjà croissez sur le champ de bataille…

Il finit sa phrase ainsi et laissa les deux camarades finir leur discussion. Il pouvait patienter.

En vérité, Radamanthe voyait que le Roy ne savait pas non plus très bien ce qui lui conviendrait. C'était donc à lui d'y réfléchir.
Ainsi, pendant que Méphisto échangeait les formules de bienséance avec le nouvel arrivant, ce Ronfleur, envoyé des Griffes dont on n'avait de nouvelles de leur chef Silence, le bourreau reposa son verre et se recala au fond de son fauteuil richement ouvragé.
Il passa sa main sur son menton, doucement, les yeux vides, l'esprit perdu dans ses propres méandres. D'ailleurs, il lui faudrait bien vite se raser un peu mieux. En effet, il avait beau ressortir entier de cette guerre, il avait une bien drôle d'allure, plus digne d'un vagabond que de même un bourreau, alors encore moins de quelqu'un qui pourrait assumer de nouvelles responsabilités.

Et ainsi, il réfléchissait. Il ne se rendit pas compte que le silence avait envahi la salle, le représentant des Griffes ayant laissé la première discussion se poursuivre. D'une certain façon, il appréciait le silence. Il lui permettait de ressentir plus pleinement les conséquences que cela allait avoir. C'est là que l'idée lui vint. Les mots sont-ils inutiles ? Parfois, mais depuis toujours c'était cela qu'il recherchait. Des mots. Des informations sur les mouvements, les projets de leurs ennemis. Parfois même leur identité. Et depuis longtemps, seule la torture lui permettait de les obtenir. Alors qu'il y avait d'autres moyens, bien d'autres moyens. Et de même, la milice n'avai pas de chef. Les services de la cité étaient sans ordres. Voilà ce qu'il pourrait occuper.

"Votre Altesse..."

Il marqua une pause pour bien attirer l'attention du Roy, lui aussi perdu dans ses pensées.

"Ce long voyage fut fort utile, voir enrichissant malgré ses circonstances. Mais il me semble que c'est dans la Cité que je dois rester, on y aura encore sans doute besoin de moi en tant que bourreau...Il n'y a pas tant de monde que ça qualifié dans ce domaine. Mais si vous y tenez, je pourrais m'occuper d'autres choses, peut-être toujours à propos d'informations, et ainsi de la sûreté de la ville. Donc, il pourrait y avoir un rapport avec la milice dans tout cela...Cela pourrait même vous faire des tâches en moins, vous semblez débordé..."

C'était volontairement qu'il ne donnait pas plus de précisions, laissant un peu de flou. Il ne tenait pas à vouloir en avoir trop, ce n'était pas son intention que de vexer le Roy et cela aurait été fort embêtant dans de telles circonstances.

"Je suis débordé, oui, en effet."

Le Roy affichait un sourire narquois. Son interlocuteur était peut être prudent mais il ne fallait pas se voiler la face, un homme de la trempe serait plus utile en étant proche de lui plutôt que s'il continuait à faire son sale boulot. Il enchaina d'une voix motivée:

"Excellent idée que vous avez eu là. Je vous encourage à y réfléchir de nouveau si vous doutez. La sureté de la ville passe avant tout, et je suis sûr que vous pourriez y contribuer fortement !"

La discussion avec Radamanthe était probablement terminée; c'est pourquoi le Roy se tourna vers Ronfleur avant de l'inviter à faire son rapport sur les Griffes d'Ammoth lors de la campagne du sud. Elles avaient sans doute participer de très près à la victoire de ses troupes.

Radamanthe esquissa un petit rictus satisfait, presque inperceptible. Alors, ça y était, pour cette promotion. Il prit dix secondes pour analyser la situation. Finalement, ces responsabilités n'étaient pas si grandes, si le Roy n'en rajoutait pas. Mais malgré cela, il disposait d'une juste récompense pour ses années de service pour la Cité. Ainsi, il était donc plutôt satisfait de cette entrevue, au moins avec un tel poste, il n'aurait plus à faire d'aussi grandes expéditions. En effet, c'était toujours dans la Cité qu'il avait le plus d'affaires à régler.

La discussion ne le concernait donc plus, à présent, aussi, après avoir finit son verre et fait sentir une nouvelle fois au Roy que celui-ci était très bon, il se releva, s'apprêtant à prendre congé.

"Je vous remercie fortement de votre proposition, je suppose que vous avez eu tous les détails que vous vouliez connaître. Mais il me smeble aussi que nous devrons nous revoir un instant pour quelques détails techniques et l'officialisation de cela."

Il marqua une petite pause, affichant un sourire mi-gêné, mi railleur.

"Quand vous aurez plus de temps, evidemment..."

Sur ce, il le gratifia des formules de bienséance en vigueur pour un monarque et, tandis qu'un garde ouvrait la porte, Radamanthe s'apprêtait à prendre celle-ci, à moins que le Roy n'aie quoi que ce soit à dire...

Ronfleur toussa poliment pour faire acte de présence.
Pendant que le roy discutait avec le bourreau, le discret personnage avait soigneusement prit le temps de sortir un morceau de papaper et d'y cribouiller un semblant de carte du Nord-Harad. Le dessin était fort bien réaliser, bien qu'il semblait évident qu'aux yeux de la griffe, il aurait pu jeter le morceau de papier sans vergogne.
A l'aide de sa plume désormais sèche d'encre, il désigna la route que prit l'armée, relatant chaque halte et événement notoire pendant leur campagne. Il fit quelques pauses pour souligner sa propre implication et celle de sa ligue concernant leur infiltration éclair dans les rangs ennemis et le retour d'information qui, grace à leur réseau, permit à l'armée de n'être jamais en retard et ne jamais être surpris par des manoeuvres ennemis. Allié à cela l'expertise de Silence pour son talent d'organisation et tout sembla rouler sur des roulettes. Dumoins, et cela il le souligna quelques fois, même si les victoires n'étaient jamais majeurs, ils évitaient le désastre grace à leur talents couplés.
Après leurs plus grandes victoires, une fois Dur'Zork sur le point d'être défait paru l'étape où Silence déserta et l'affectation au commandement de Ronfleur. Il resta modeste sur ses prestations, hésitant visiblement entre garder pour lui ses érreurs sans pour autant se glorifié.

- Et nous voici désormais de retour... Douleur est désormais commandante, elle passera suite à mon entretien vous voir pour la suite de notre relation...

[ Désolé du retard ]

Le Roy écouta tout sans broncher, il resta impassible lorsque Ronfleur évoqua la fuite de Silence, se contentant de le fixer fermement des yeux. Un scribe, dissimulé derrière une pile de parchemins, était occupé à prendre des notes, après avoir jeté un rapide coup d'oeil sur la carte hâtivement dessinée par le mercenaire. Le Roy se leva enfin, comme pour clore leur entrevue.

"La perte de votre commandant est déplorable mais j'ose espérer que la relève se fera dans de bonnes conditions et que nous continuerons à entretenir nos anciens liens..."

*Je vous souhaite une bonne journée*

Par la suite, le scribe attrapa une lettre et la marqua du sceau administratif. Elle était destinée au bourreau et celui-ci ne tarderait pas à la recevoir.