La Renaissance des Ombres...

Hrp : légende : noir/Balak marron/Khalid

L’air doux des soirées d’été commençait à envelopper la cité d’une brise bienveillante. Près du cimetière se tenait un petit cloaque, une ruine insalubre, que tous les citadins croyaient inhabité. Après avoir quitté l’auberge, Balak pénétra dans sa demeure.

Il n’y a pas eu grand changement, ici…

Marchant lentement dans la pièce, le mercenaire alla directement s’allonger dans un vieux lit grinçant. Une fois confortablement installé, et après avoir caressé la tête d’un visiteur félin, il dit calmement, tout en regardant le mur :

Heureux de te revoir, Khalid.

Une ombre se glissa hors du coin de la chambre et s’avança près du lit.

-Balak… Je me demande comment tu parviens à faire ça…

-A faire quoi ?

-En général, lorsque je m’applique à me cacher, les gens ne me voient pas. C’est d’ailleurs le but recherché. Tu es une exception.

Balak répondit par un sourire fugace.

-Pourquoi es-tu entré dans Minas Tirith, cette fois-ci ?

-J’avais besoin de te parler, Balak… te souviens-tu de ce que je t’ai dit il y a quelques semaines.

Balak grommela d’inaudibles paroles, puis reprit le fil de la conversation.

-Oui, je m’en rappelle.

Cela faisait plus d’un mois déjà. Lors d’une excursion dans les prairies du Rohan, au beau milieu de son entraînement pour maîtrisé au mieux « L’Instant », Balak avait rencontré son vieil ami, qui le suivait à la trace. Les joies des retrouvailles durèrent une journée, durant laquelle Khalid narra à Balak les malheurs des Ombres du Destin, juste après son départ. Ainsi, toute la guilde fut massacré par une horde d’Uruk survivants, et les seuls rescapés furent Khalid et Croc-noir, l’instructeur des ombres, ancien maître d’arme du mercenaire et de l’Haradrim, second de l’organisation. Khalid lui avait également dit qu’il contacterait le guerrier aux habits noirs lors de son retour dans Minas Tirith. C’était aujourd’hui chose faites.

-Laisse-moi tout de même clarifier les choses : les ombres sont toutes mortes comme je te l’avait expliqué et Croc-noir et moi furent les seuls survivants. Mais le groupe avait des contacts un peu partout dans la terre du milieu, et ces témoignages suffisaient à inscrire quelque chose dans les livres…

Balak grogna une fois de plus avant de reprendre la parole.

-Décidément je ne comprends pas…[/size]

-Quoi donc ?

-Pourquoi n’ais-j jamais connu le secret ? pourquoi n’ais-je jamais su ce qu était en réalité cette association de meurtriers que l’on appelait « les ombres du Destin » ?

-Ne te méprends pas Balak. Nous étions des meurtriers, certes, mais uniquement parc que Arkanos nous obligeait.

-Enfin quoi ! Pourquoi ne pas s’être rebellé ? Pourquoi ne pas avoir refusé de servir cet homme ?

-Tu y songeais, toi ?

-Non, mais moi, j’ai été conditionné, et je n’ai jamais connu le secret.

Khalid soupira quelques instants. Il pensa qu’il devait alors raconter à nouveau toute l’histoire des ombres à son camarade, et cette pensée n’était guère enthousiasmante.

-Je vais tout te raconter une nouvelle fois. Es-tu prêt à m’écouter attentivement, plus que ce que tu as fait lors de ton stupide entraînement ?

Balak grogna, puis hocha la tête.

-Bien. Je vais donc commencer par le début : Les ombres du Destin sont une organisation millénaire, qui survis depuis plus longtemps que de nombreux royaumes, et qui a vu la chute de bon nombre de fiefs. Tout commença lors de la bataille que mena Isildur et son père contre Sauron, le seigneur des Ténèbres. Une fois la bataille terminée, on entendait les clameurs de victoires retentir dans tout le pays. Mais tous ne partageaient pas cete joie.

Il se racla la gorge avant de reprendre le fil de son récit.[/size]

Darius, un capitaine du Gondor avait perdu dans cette bataille un Roi, un fils et tout un bataillon sous ses ordres, sacrifiés par les plans de bataille des chefs de guerres Gondoriens.Sa fureur et sa tristesse lui déchiraient le cœur en égal lors de sa retraite, jusqu’au jour où il rencontra Enromël, un savant elfe, avec qui il fit un pacte .
Ils jurèrent de raconter l’histoire des batailles, ne laissant donc pas aux vainqueurs le mérite de réécrire l’histoire. L’un dans ses livres, l’autre au cœur de la bataille, tout deux témoins de la guerre et de ses répercussions. Il n’y avait donc dans ces carnets pas uniquement des rapports de batailles, mais également les répercussions dans les populations civiles, les moyens mis en œuvre pour faire avancer les situations, les discours retranscrit des grands généraux…bref, une montagne d’informations, et un trésor de vérité. Cette vérité attirait beaucoup d’hommes, et rapidement, un groupe d’érudits ou de guerriers instruits se forma tout autour du duo à la célébrité montante.


Khalid pris ce qui ressemblait grossièrement à une chaise, et eu un frisson d’appréhension lorsqu’il entendit un léger craquement une fois son postérieur posé

Mais si la vérité attirait, elle faisait également peur. L’intendant Galerön, un homme dur et froid, se mis en tête de poursuivre Darius et Enromël, ainsi que toutes personnes leur jurant fidélité. C’est peu après cette sombre décision que Darius, sur son lit de mort, baptisa se groupe hétéroclite « les ombres du Destin », et qu’il inventa la devise de l’ordre :

" Je suis une ombre du Destin. Nous sommes les éternels témoins…

Balak se joignit à Khalid pour prononcer ces mots :[/size]

Qui meurent ou tuent, mais jamais ne faiblissent".

Bien, reprit Khalid, Je vois que tu l’as mémorisé. Très bien. Ce fut donc le fils de Darius qui reprit le flambeau de son père. C’es lui qui écrivit « la loi des ombres » , un manuel destiné aux générations futures, car il était certain que l’invention de son père défierait le temps. Il y décrivit ainsi que seul deux personnes avaient le droit de montrer les livres : le numéro un, le chef, le grand Témoin ; et le second le fidèle compagnon, le Chroniqueur. Les autres devaient une obéissance aveugle à leurs chefs en échange de l’accès à ce grand savoir.

Khalid se tut quelques instants. Balak savait pertinemment où il voulait en venir, mais il s’était promis de le laisser parler jusqu’au bout.


Il décida également que les ombres devaient être un groupe secret, pour ne plus éveiller la haine et la convoitise des hommes. Dès lors, Galerön n’entendit presque plus parler des ombres. Et au fur et à mesure du temps, la troupe s’agrandit, et même si il n’y avait pas plus d’une trentaine de membres « officiels », leurs contacts étaient partout et très nombreux. Ils changeaient souvent de chefs, et Enromël, surnommé le Chroniqueur éternel, désignait à chaque fois un dirigeant capable de remplacer le défunt. Puis l’elfe mourut lors d’une bataille, et un nouveau chroniqueur, humain, pris sa place. Dès lors, on décida que c’était au Grand Témoin de choisir son successeur, et de le former le plus tôt possible à la tâche qu’il l’attendait.

Les yeux de Khalid se firent plus perçants que jamais.

L’ordre a pu ainsi récolté de nombreux témoignages, et tout se déroulait plus ou moins bien. Il y eu certes des Grands Témoins tyranniques, mais rien d’alarmants cependant. Jusqu’au jour où...

Balak devina facilement les paroles de son vieil ami.

Jusqu’au jour ou Arkanos fut promu Grand Témoin…

Les mots semblèrent résonner dans toute la sombre pièce.

Son père, Arkos, était un bon dirigeant, malgré une naïveté décevante. Si Croc-noir n’avait pas été là, la guilde courait à sa perte. Il n’a cependant pas protesté lorsque ce chef, aveuglé par la force et la volonté de son jeune bambin, décida qu’il serait son successeur. Une journée après avoir prononcé ces paroles, il mourut dans d’intrigantes circonstances. Croc-noir conservait son titre de Chroniqueur, et à 19 ans seulement, Arkanos « le dément » prenait déjà la tête des Ombres du Destin.
Croc-noir tenta de lui montrer à quel point les livres et la culture pouvait être essentiel, mais le jeune chien fou décida de corrompre cet enseignement. Il se servit alors de ses pouvoirs de dirigeant pour pousser ceux qui voulaient avoir accès aux ouvrages à lui obéir aveuglément. Ainsi, pour pouvoir lire tel ou tel livre, il fallait tuer telle ou telle personne, et il coupait à tous l’accès à cela avant que ses troupes ne s’investissent dans l’un de ses Raids meurtriers, pour garantir leur motivation.

-Le principe de la carotte et du bâton… mais tous ça pour de simples bouquins…

-Ne sous-estime pas le pouvoir de ces écrits Balak ! La plupart des membres auraient tués père et mère pour pouvoir se gorger de secrets inscrits.

-Tu ne réponds toujours pas à ma question ! Pourquoi personne ne m’a jamais parlé de tout ça !

Khalid hésita quelques instant, avant de reprendre la parole, gêné

-Arkanos voyait en toi…un futur chef des Ombres, mais il était mortifié à l’idée que l’accès à cette culture te rende faible, ou moins malléable. Il défendit quiconque de t’en parler, sous peine de mort. Ainsi il t’éleva de façon à ce que tu sois totalement soumis à ses idées macabres. Tu ne peux t’imaginer à quel point sa fureur fut grande lorsqu’il apprit ta fugue.

L’homme à la peau sombre s’assit, en regardant attentivement le mercenaire.

-Mais ce qui est fait est fait. Aujourd’hui, les ombres ne sont plus que deux, toi et moi. De ta réponse dépendra le futur de notre organisation. Veux-tu devenir Grand Témoin ? et si oui, veux-tu bien de moi comme Chroniqueur ? je sais parler l’elfique, le numénorien, le…

Balak se leva brusquement.

-Ferme-là !! Je sais bien que tu es l’homme idéal pour cette fonction. Mais je ne sais pas si…je suis si loin de l’idée q’Arkanos se faisait de moi. Je vais devenir un Grand Témoin brutal qui ne s’attachera nullement aux écrits. N’est-ce pas ce qu’il voulait ?

-Arrête ! Tu n’es pas comme lui. Et toi tu as des alliés, je crois. Lui n’aurait jamais pu s’en faire. Et ces gens semblent bons et oeuvrent pour le salut des Terres du Milieu, je n’en doute pas. Balak, si nous ne sommes que des pions sur l’échiquier des Dieux, toi tu seras un cavalier !

-Un fou, veux-tu dire…As-tu vu la bataille contre les masques blancs ?

Khalid acquiesça.

-Tu les as donc vu là-bas… Oui je pense qu’ils sont justes et loyaux….

Etrangement, Balak sentit monté en lui une bouffée de chaleur d’origine inconnu. Il était près à vaincre tous les ennemis du monde, à affronter toutes les épreuves que lui réserve l’avenir. Cette nouvelle sensation le poussa à accepter. Lui, Balak le mercenaire, deviendrait chef des Ombres di Destin. Il aura enfin le pouvoir de faire avancer les choses.

-Et bien soit ! J’accepte ! Joie, Khalid, Joie ! Les Ombres viennent…

Il saisit alors sa Double-lame aux reflets d’un blanc immaculé.[/size]

…de Renaître !

Maurën s'étira longuement, avant de bondir sur le lit occupé. Il conaissait bien cette maison, on y rentrait comme on le désirait, le propriétaire n'y était pas opposé. On y était isolé du vent et du froid, on pouvait y rencontrer des femelles et il y avait assez de proies pour festoyer toute l'année. L'endroit était dangereux cependant, car le maître des lieux plongeait parfois dans un état de fureur incontrôlable, et malheur à celui qu se trouve sur son passage. Il fallait également faire fuir la plupart des profiteurs qui voudraient, au même titre que Maurën, s'accaparer ce somptueux territoire. Mais il ne se faisait pas beaucoup de soucis à ce propos. Il avait déjà vaincu le Gros gris, cet énorme matou borgne, qui inspirait ma terreur à toute la race féline du quartier. Maurën l'avait terrassé, c'était lui, désormais, qui faisait trembler les jeunes et troublait les femelles. C'était lui également que Père-terreur, cet humain aux muscles noueux qui dormait ici, affectionnait le plus. C'était qui l'avait baptisé Maurën, le chat guerrier.
Tiens, revoila le sac à puces...

Le chat de gouttière sauta sur le mercenaire, qui ne réagit pas, et se mit en boule sur son ventre chaud. Après quelques caresses, Maurën se mis à ronronner plus fort qu'un hurlement d'orque.

Forlong, Forlong... Ma proposition ne semble pas t'avoir vraiment intéressé. Mais je suis plus bête qu'un mumak! J'aurais du poser plus de questions à Khalid! Il a été beaucoup trop vague quand aux aspirations du groupe, et je m'en rend compte maintenant,que sans cela, je n'arriverai jamais à recruter qui que ce soit...


A l'instant où il allait s'endormir, une oreille du matou se leva, droite comme un pique, et il ouvrit un oeil curieux. Ses poils se hérissèrent, il émis une sorte de grognement typiquement félin, avant de partir de la chambre sans demander son reste.Devant la promptitude Maurën à prendre ses cliques et ses claques, Balak se leva et saisit fermement Renaissance.

Holà, de la maisonnée! Y-t-il quelqu'un dans ce trou pourri ?

Balak resta interdit pendant quelques instants.

Non...non ça ne peut être lui! Khalid m'a dit qu'ils étaient tous morts!

Balak se précipita vers la porte, et l'ouvrit en manquant de la défoncer sous l'excitation. Il vit alors son interlocuteur et manqua de lâcher Renaissance. Un homme grand, grisonnant, se tenait face à lui. Balak le reconnu en un instant.

Alderic "Oeil-Divin"...

-Ainsi donc, selon tes dires, j'ai été dupé ? Mais quel preuves m'apportes-tu ? Pourquoi te croirais-je toi, le misérable fourbe, et non Khalid, mon ami d'enfance. Explique-moi encore une fois Alderic...

Balak s'était assis sur le lit et caressait Maurën tout en écoutant son invité. ce dernier refusait de s'asseoir sur "les dangers de morts", nom dont il affectionnait les chaises de l'habitation. D'un ton indifférent, il répondit au mercenaire :

Balak, Balak, Balak... Pourquoi te voudrais-je du mal ? La fourberie que tu évoques n'est pas, je suis juste plus clairvoyant que certains! Tu ne peux m'en tenir rigueur!

Ne me prend pas pour un imbécile Archer! Selon toi, Khalid m'aurait menti : les ombres n'auraient jamais été à la recherche de connaissances, tous les membres seraient bels et bien en vie y compris Arkhanos...

Et Croc-noir...

Balak eut une légère réaction à l'évocation de ce nom, mais continua comme si de rien n'était.

...et Croc-noir, que Khalid serait devenu le favoris du Dément et que tout ce qu'il m'a raconté sur le passé des Ombres du Destin est faux ? Permet-moi d'en douter...

Balak, la vérité, c'est qu'Arkhanos te chérissait. Tu étais à l'égal de son fils, celui qu'il aurait voulu comme successeur. Il avait de grand projet pour toi, et en te conditionnant si jeune avec ce culte de la mort, il était certain de faire de toi un Tueur implacable et un Chef adoré par ses guerriers. Et tu l'as abandonné...

Le mercenaire eut une moue de dégoût.

Etre adulé par une clique de barbares sanguinaires...

Tu n'aurais pas dis ça il y a quelques années... Soit je vais te confier mes raisons : je veux tuer Arkhanos ainsi que toutes les ombres.

La phrase tomba, lourde et violente. Balak releva lentement la tête.

Peux-tu répéter, je te prie ?

Voyant qu'il avait réussit à arracher une bribe d'émotion à cet homme de glace, Alderic l'Archer eut un rictus triomphant.

-Tu as bien entendu. Je veux les tuer, car tant qu'une Ombre du Destin sera encore en vie, je serai en danger.

Balak semblait dubitatif mais également captivé par le discours de L'Ex-ombre.

-J'ai fais une faute grave, bien pire que la tienne Balak. J'en avais assez de cette vie de massacre, aussi suis-je parti avec la majeure partie des fonds de l'Organisation, et dans ma fuite, j'ai pris trois vies à ce monde. Ils ne me le pardonneront pas.

-As-tu une preuve de ce que tu avances ?

Alderic sortit d'une petite bourse en cuir quelques diamants et autres pierres précieuses qu'il exhiba.

Il n'y a là qu'un dixième de ce que j'ai volé.

Il les rangea, puis scruta le visage de Balak, attendant une réaction de sa part. Elle ne tarda pas :

Bien. Donne-moi ta version des faits, une nouvelle fois, s'il te plaît.

Tout sourire, Alderic se racla la gorge, s'apprêtant à relater une seconde fois son récit. il devait le convaincre. Ou mourir.

edit : petite correction des fautes, et suite demain.

Tout ce qu'avait dit Khalid n'était pas erronné, aussi le Capitaine Darius a bel et bien existé. Là où mon récit diffère, c'est que cet homme était un misérable traître, et lui et sa compagnie fuyèrent les champs de batailles. Ils furent par la suite pourchassés pour cet acte gravissime, mais de tous temps, ils réussirent à éviter la peine mortelle prévue à leur égard. Mais un jour, on leur proposa une autre alternative que la fuite. Un elfe sombre du nom D'Enromël fit une proposition au groupe de soldats déchus : on leur offrit un gîte pour échapper à la surveillance des Hommes, et en échange, ils se battraient pour le sombre Seigneur.

-Ainsi nous aurions pactisé avec la plus monstrueuses des créatures...

Pour toute réponse, un sourire mauvais se dessina sur la face de l'Archer.

Et Darius accepta. Les Ombres du Destin, car tel serait désormais leur nom, seront à jamais liées aux forces obscures. Enromël était le garant du respect de ce pacte, et certains disent qu'il vit encore... Moi j'en suis persuadé.

Le mercenaire fronça légeremment les sourcils devant cette affirmation.

D'arpès toi, qui a des connaissances sur presque tout et n'importe quoi, qui se tient toujours dans l'ombre du Chef des Ombres, et surtout, qui assiste à ses Messes noires dont Arkhanos était friand ?

Cette fois-ci, Balak parut complètement déboussolé. Il regarda son invité, et ses yeux lui priaient de réfuter son hypothèse :

-Cr...Croc-Noir ?

Tout juste. Ton maître d'arme préféré, la deuxième Ombre que tu chérissais le plus, après Khalid.

Sans que le conteur ne puisse réagir, Balak se jeta sur lui en poussant un grognement sourd.

TU MENS! TU NE SAIS RIEN! JE VAIS TE...

Tu vas sourtant attendre la fin de mon récit, avant de me trancher en je ne sais combien de morceaux.

Le ton impératif et froid du vétéran eut raison de l'impétuosité de Balak, qui se rassit aussitôt.

-Alors...il y aurait un serviteur du Mal Pur au sein des Ombres ?

Alderic hocha légeremment la tête.

Ce ne sont que de simples déductions, rien de concret à ce propos. De plus tout ce que je te racontes, c'est ce que j'ai entendu de la bouche d'Arkhanos, entre deux portes. Mais je les tiens pour vrai et ...

Alors qui reprit le cours de son récit, il eut à peine le temps de voir le poing serré qui le percuta de plein fouet, l'envoyant valser contre le mur.

MAIS TU ES MALADE ! QU'EST-CE QUI TE PREND!

Sans donner de plus amples explications, le mercenaire lui assena un violent coup de pied dans les côte, ce qui lui fit mettre un genoux à terre. Lorsqu'Alderic releva la tête, le visage crispé par la douleur, il sentit la froideur du métal contre sa nuque.

B...Balak...arr...arrête, par pitié.

Balak gratifia son ancien camarade d'un large sourire, avant de lui entailler légeremment les chaires.

Tu m'as avancé ta théorie. Bien, mainteant prouve-moi tout ça.

J...Je peux le prouver! Il existe près d'ici une cache des Ombres assez récentes, son aménagement date d'il y a quelques années, bien après ton départ! Là-bas, il y a ce que tu cherches!

Le mercenaire rengaina Renaissance puis aida Alderic l'Archer à se relver.

Fort bien. Va, et montre-moi le chemin. Et pas de coups fourrés. J'ai bien changé depuis ces treize dernières années.

Et les deux compères sortirent de la maison sans ajouter un seul mot, suivit uniquement de leurs ombres et de Maurën, le matou curieux.

Dans la pièce sombre et froide, une masse de chair et de poil se déplaceait silencieusement, le regard froid et implacable du prédateur. Un merle s'était posé sur le rebord de la fenêtre depuis longtemps brisée, et se pavanait de toute son aérienne prestance devant le matou aux aguets.

Encore quelques pas...

La respiration du félin était inaudible, réduite à on maximum, et le velour de ses pattes étouffait tout son alarmant pour l'oiseau. C'était un chasseur, un véritable tueur qui ne boudait jamais un éventuel bain de sang lorsqu'il savait que le repas qui précèderait serait grandiose. Cette fois, l'implacable bête s'apprêta à bondir sur sa proie innocente, lorsque celle-ci s'enfuya brusquement. L'ouverture de la vieille porte de bois avait effrayé l'animal, provoquant l'ire du chat de gouttière. Prêt à mordre ses impudents visiteurs, il se détendit dès qu'il vit le visage du seul humain qu'il appréciait : le propriétaire des lieux.

En pénétrant dans la vieille bicoque, Balak fut assailli par son locataire préféré qui ne fut pas avare en démonstration d'affection.

Eyh, Maurën, vieux filou, qu'est-ce que tu deviens ? Allez file, j'ai besoin de tranquillité.

Se retourant vers le porche d'entrée, le mercenaire invita de la main une autre personne à entrer dans la pièce. L'odeur de moisi souleva le coeur de l'invité, qui se plaqua instinctivement une main à la bouche.

J'ai connu bien des charniers où l'on ne pouvait plus respirer, mais ça... Tu as planqué des cadavres dans ce fourre-tout, camarade ?

Ignorant sa remarque, Balak s'assit sur l'une des rares chaises encore valide du lieu, avant de déclarer solennement :

Ainsi, on l'a vu voyager en Arda. Dis-moi tout ce que tu sais, Alderic. Si il s'est séparé des Ombres, il est désormais vulnérable. Nous devons en profiter pour le trouver... et le vaincre !

Prenant un air grave, Alderic dévoila à son ami les rares informations qu'il avait récolté auprès ses contacts. Elles étaient dependant d'une importance capitale pour le mercenaire comme pour l'archer, qui n'aurait le repos qu'une fois les Ombres du Destin anéantis. Et il semblait que ce même Destin est joué un bien vilain tour à ses adeptes...

Croc-Noir et les Ombres ont rejoins le Mordor il y a plusieurs mois pour la passation de Nirrenraug. J'ignore quel chef a été désigné, mais selon mes sources, ils ne sont pas retournés au domaine comme à chaque décades...Ils ne sont toujours pas revenus. c'est presque par hasard qu'Al...qu'un ami a retrouvé la trace de Croc-Noir. Il semble se diriger vers l'Arnor à pied. je n'en sais pas plus.

Balak prit quelques instant pour réfléchir aux paroles du vétéran. Il y avait donc un Seigneur ténébreux qui se promenait seul dans Arda, laissant près de 250 soldats livrés à eux-même en Mordor. Tout cela n'avait aucun sens...qu'était-il advenu de tous ces guerriers assoiffés de sang ? Après que Nirrenraug soit donnée au vainqueur du tournoi des Suzerains, l'armée aurait dû se mettre en branle pour piller et semer la mort à travers les contrées, telle était la coutume. Alors pourquoi cet immobilisme ?

Prépares tes affaires, mon ami. Nous irons voir nous même ce qu'il en est.

Alderic "Oeil-Divin" observa son compagnon quelque instants, le teint soudainement devenu pâle.

Tu veux retourner au Domaine de l'Arnor ? Balak, tu es sûr de ce que tu fais ?

On ne peut plus sûr. Nous partons demain, à l'aube. repose-toi bien cette nuit, car demain, la route sera longue, et nous pourrions bien ne plus jamais revenir de ce voyage.

Congédiant ainsi le vétéran, Balak demeura seul le reste de la soirée à penser à ce qui l'attendait. Il le savait désormais, et il avait accepté ce choix : il chevaucherait dès demain vers la gloire ou le trépas. Il s'endormit sans craintes, et Maurën vint alors se glisser à ses côtés, nullement dérangé par les ronflements du mercenaire.