A là rencontre d'une armée

Sombre-chêne avait quitté Minas Tirith sans tarder, entouré de ses trois garde et du héraut. Alors qu'ils atteignaient les murs des Champs du Pelennor, l'elfe repensa à la lettre qu'il avait laissée à l'Intendant. Dans la précipitation, il n'avait pas réfléchi, mais était-ce nécessaire? Si quelque chose arrivait à Sombre-chêne, les elfes en voudraient-ils à Rustor? Aussitôt, l'ambassadeur pensa à une machination des elfes rénégats pour monter ses frères contre les humains après l'incident, les accusant de négligence et de protection insuffisante. Mais Sombre-chêne chassa ces idées d'un mouvement de la tête. Peut-être que ce mot n'aurait aucune utilité, même si l'elfe était capturé ou pire, tué, mais ainsi Radamanthe pouvait être sûr d'être disculpé. L'ambassadeur se tourna vers les hommes et leur demanda s'ils étaient au courant de leur mission. Ils répondirent par l'affirmative. Sombre-chêne, satisfait, rrporta son attention sur son voyage et les manières dont il devrait procéder. Il dit à ses compagnons :

"Une fois sur place, faîtes en sorte de repérer tout ce qui pourrais nous être utile pour défendre Minas Tirith, sans vous faire remarquer bein sûr. Car je ne pense pas que nous puissions les convaincre de repartir. Bien sûr je vais faire tout mon possible, mais je n'ai rien à leur offrir. Et même si c'était le cas, il faudrait que je n'aie pas le choix pour accéder à leur demande qui sera, je n'en doute pas, extravagante."

A nouveau, les cavaliers aquiécèrent. Nul doute qu'ils comprenaient l'importance de la mission.

La cavalacade se continua dans le silence, l'ambassadeur trop absorber dans ses réflexions pour ouvrir la bouche et les gardes trop habitués à leur métier pour rester silencieux et conserver sur leur visage une expression de gravité.

Arrivé sur les berges de l'Anduin, le groupe s'arrêta quelques instants pour observer le paysage, à la recherche de l'armée. Mais même les yeux perçants de Sombre-chêne ne purent rien voir. Ils reprirent leur course vers le Sud, s'attendant à tout moment à voir un nuage de poussière s'élever. Ils ne devaient plus être loins.

Les trois hommes savaient parfaitement que leur mission principale n'était guère d'aider l'ambassadeur pour sa mission diplomatique, mais plutôt de le protéger du mieux qu'ils le pouvaient, et d'empêcher qu'il lui arrive quoi que ce soit.

Finalement, ils s'arrêtèrent nets. Au loin ils pouvaient distinguer une tache noire et rouge, entourée par tout le sable et la poussière qu'ils provoquaient. Une grimace d'anxiété se dessinna sur le visage des hommes de Gondor. L'instant de vérité approchait.
Finalement, ils purent les voir, et un des gardes accrocha un drap blanc à la hampe de sa lance.
Et ils s'approchèrent de façon à ce que leur drapeau soit bien visible, mais bien plus loin qu'une jet de flèche.

Alors le héraut cria d'une voix de tempête :

"Guerriers, nous désirerions parlementez avec des envoyés parmi les votres..."

La réponse se fit attendre, certains semblaient sur le point d'attaquer, d'autres firent passer le message jusque derrière, et attendirent.

Finalement, cinq hommes dont un dont les habits se distinguait se détachèrent lentement, pour venir à la rencontre de l'elfe. Ils ne prononcèren aucune formules de politesse en arrivant.

Lorsque Sombre-chênevit l'armée il ferma simplement les yeux, espérant que la Cité pourrait tenir. Le héraut lança son appel, et l'ambassadeur douta un instant de la réponse. Finalement, un petit groupe se détacha de la masse rouge. L'elfe, soulagé, se redressa sur sa selle et fit quitter de son visage tout vestige d'une expression. Lorsque les cinq hommes s'arrêtèrent sans dire un mot, Sombre-chêne les examina silencieusement lui-aussi. Son regard s'arrêta sur celui qui semblait être le chef de la troupe. Sombre-chêne le regardait sans le jauger, le fixait simplement dans les yeux. Le silence dura plusieurs minutes et Sombre-chêne, même s'il savait que ce serait à lui de le briser, prenait son temps. Engager la conversation tout de suite aurait donné une impression de superiorité aux autres hommes. En effet, cela aurait pu paraître aux yeux des envahisseurs comme une preuve d'empressement, et pas conséquent de peur. Mais c'était ces étrangers qui étaient en faute, ils entraient en Gondor sans raison, la venue de Sombre-chêne devait paraître seulement officiel et se devait d'être intimidante, pas suppliante. Finalement, Sombre-chêne dit :

"Des éclaireurs nous ont informés qu'une armée venant du Sud remontait le cours de l'Anduin. Apparament ils avaient raison. Sachez que vous entrez en territoire de Gondor illégalement. Il est en mon devoir de vous demander de vous en demander la raison, et si elle ne justifie pas votre présence ici, vous devrez faire demi-tour. je suis sûr que vous comprendrez."

L'elfe se tut et attendit la réponse de l'autre ambassadeur.

L'autre, celui qui portait une longue cape rouge, bordée de dorures, et recouvert d'une sorte d'écharpe noire sur laquelle étaient cousus d'étranges symboles.
Finalement, il éclata d'un rire âpre, dévoilant ses dents jaunâtres.
Après s'être calmé, il plongeant son regard sombre où brillait une once de cruauté dans les yeux de Sombre-Chêne, et déclara dans un parler Commun meutri par son fort accent :

"Ah vraiment... Et depuis quand les elfes se mêlent-ils des affaires des gens du Gondor ? Quelle importance si nous notre raison ne vous conviens pas. Evidemment, qu'elle ne vous conviendra pas, sinon nous ne serions pas venu avec autant de d'hommes d'armes... Si vous voulez tous savoir, nous allons chercher quelque chose à Minas Tirith, et nous le prendrons par tous les moyens...Pourquoi-vous révélez cela ? Car cela n'a aucune importance."

Il leva son bras couvert de bracelets et de breloques. Les gardes comprient immédiatement ce que gestes signifait, et le mouvement amorcé par les haradrims le confirma. Le plus jeune prit le premier coup d'épée en pleine, tandis que les deux autres parèrent et tentèrent de répliquer.
Le Héraut, dégainant son épée qu'il n'était pas habitué à manier, déclara, d'une voix brisée :

"Partez ! Fuyez au galop !"

Derrière, un autre garde tombait.

Sombre-chêne hésita un instant, acceptant mal le fait d'abandonner ses gardes. Mais il n'avait pas le choix. Il fit faire volte face à Niphredil, puis cria au Haradrim :

"Cet acte ne restera pas impuni!"

Alors que la jument prenait de la vitesse, l'elfe prit son arc, encocha une flèche et se retourna pour tirer sur l'homme habillé de riches étoffes. La flèche siffla et se planta dans l'épaule droite du Haradrim. Celui-ci hurla et d'un geste appela un médecin.

L'ambassadeur s'attendait à être suivi, mais aucun cavalier ne sortit de la masse pour le poursuivre. Sombre-chêne en fut étonné quelques instants, mais comprit rapidement. Il fallait aux envahisseurs un messager pour dire aux Gondoriens de quoi ils étaient capables. De plus, qu'était-il? Ce n'était pas ce misérable elfe qui allait les empêcher d'agir.

Sombre-chêne eut le sentiment d'avoir abandonné lâchement les quatres hommes qui s'étaient sacrifiés pour lui. Il comprenait que son propre sacrifice aurait été inutile, qu'il devait rapporter ce qu'il avait entendu à Radamanthe, qu'il aurait peu être séquestré et gardé comme otage pour s'en servir plus tard pour avoir une rançon, l'elfe ne pouvait écarter la pointe de culpabilité qui subsitait en lui.

L'ambassadeur se souvint d'une des dernière phrases de l'homme : nous allons chercher quelque chose à Minas Tirith. Qu'est ce que cela pouvait être?