Une avidité sans limite

Bolrah montait les marches quatres par quatres, ses longues jambes commençaient à fatiguer devant leur nombre si impresionnant. Orthanc fut bâtie très haut, mais le géant en avait là la preuve irréfutable. Ses pieds butaient par moment sur des cadavres, laissés dans les marches dans la position où ils moururent, certains avaient le visage marqués par la douleur, d'autres avaient encore les doigts tenant fermement leur épée.

L'escalier était maintenant presque terminé lorsque Bolrah tomba nez à nez avec un défenseur en piteux état: ses yeux étaient rouges sang, et donnaient l'impression que l'homme n'avait pas dormi depuis des lustres. Une longue et profonde entaille parcourait son bras droit, deversant des flaques de sang sur les dernières marches. Le défenseur avait l'air décidé à ne pas laisser entrer le colosse dans Orthanc. Ce dernier ne put retenir une raillerie:

"Je croyais que tous ces rats avaient été exterminés.. Malheur à toi !"

Il se jeta sur lui en un bond, mais l'autre para le coup, difficilement certes, mais son bras ne flancha pas. L'homme de Dûn rattaqua alors de plus belle, alliant revers et coup de haut en bas. L'homme résista un temps mais finit par se fatiguer, il devait être atteint de la maladie qui avait eut raison de ses compagnons. Il mit un genoux à terre, le bras tout tremblotant, ne tenant la lame que grâce à une détermination honorable. Bolrah leva son sabre bien haut, s'appretant à achever le misérable lorsque le défenseur souffla, le regard rougeoyant:

"Bande d'imbéciles. Orthanc n'est pas à vous, et elle ne le sera jamais .. Combien de temps tiendrez-vous ? Pauvres fous .. votre folie et votre avidité vous perdra. Et vous pourriez même être étonnés. Votre bourreau ne sera peut-être pas celui que vous croyez .."

Il eut un sursaut, l'homme faillit s'etouffer et tomba la tête contre les marches,son corps sans vie les dévalant une à une. Bolrah, lui, pesa ses mots quelques instants et parut troubler. Quelques instans plus tard, cependant, il poussait les lourdes portes de fer qui le séparaient d'Orthanc, une lueur ravivée au plus profond de ses yeux ..