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 Il n'y a pas de feu sans Fumée

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Alcide d'Illicis
Intendant du Gondor
Alcide d'Illicis

Nombre de messages : 8
Rôle : Comte de Linhir

~ GRIMOIRE ~
- -: Homme de Gondor
- -: 41 ans
- -:

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Il n'y a pas de feu sans Fumée EmptyMar 15 Déc 2015 - 0:47
On frappa à la porte. Il leva le nez de la feuille sur laquelle il était en train de coucher quelques mots soigneusement choisis, et déposa la plume dans l'encrier prévu à cet effet. D'une voix claire, il lança un « entrez ! » courtois, et son visiteur fit son apparition sans attendre. Traînant derrière lui sa longue cape brodée aux armes du Roi, le Général Cartogan pénétra dans la pièce, majestueux comme d'habitude. Il avait cette raideur caractéristique des hommes de guerre, qui paraissait déteindre sur tout ce qu'il était, ce qu'il faisait, de sa démarche à sa manière de parler, voire même au ton qu'il employait quand il écrivait une lettre. Alcide trouvait qu'il manquait un peu de souplesse, pour ne pas dire de tolérance, mais c'était un homme efficace, déterminé, qui administrait très bien l'armée de Minas Tirith. Grâce à lui, on pouvait enfin dire que la Cité Blanche était sous contrôle, ce qui n'avait pas été le cas depuis longtemps…


L'Intendant se leva de son secrétaire, et lui serra la main avec sérieux. Alcide aurait bien voulu pouvoir amener le sujet délicatement, mais Cartogan était un homme d'action, pressé d'en venir au fait, et il ne lui laissa pas le temps de déployer l'arsenal de formules de courtoisie que son éducation lui commandait pourtant d'employer. Abruptement, il lança :

- J'ai reçu votre message, de quoi s'agit-il ? D'une farce ?

Il était un peu terre à terre, et sa réaction n'avait rien d'étonnant. Au contraire, même, elle était absolument normale, et nul doute que bien des gens auraient la même en apprenant ce qu'il se tramait. Alcide fit « non » de la tête, et répondit tout en invitant le Général à prendre un fauteuil :

- Je crains que ce soit tout ce qu'il y a de plus réel, Général. Vous avez vu qui sont les signataires, je suppose.

- Je me suis renseigné, oui. Uniquement des gens à qui on confierait sa femme sans confession. Mais je ne crois pas à leurs balivernes. Allons bon, avec leurs histoires, ne croyez-vous pas qu'ils vont semer un vent de panique ? Je serais d'avis de ne rien faire. Cela ne ferait que créer de la confusion… du désordre.

L'Intendant sourit légèrement. Le « désordre ». Cartogan en avait horreur. Il préférait de loin quand les choses étaient à leur place, les soldats à patrouiller, les criminels derrière les barreaux. Il manquait certainement de subtilité, et n'avait aucun don pour la politique, ce qui le rendait extrêmement précieux dès lors qu'il s'agissait de renforcer l'autorité royale par des mesures d'exception, mais parallèlement il était difficile de converser avec lui de politiques complexes. Etait-ce pour cela qu'ils se complétaient si bien ? Le Comte d'Illicis, bien plus calculateur et stratège que son interlocuteur, croisa ses mains fines :

- Et que se passerait-il, Général, s'ils disaient vrai ? Que se passerait-il si cette chose existait vraiment ? Ne devrait-elle pas revenir au Gondor, de plein droit ?

- Certainement. Il serait trop dangereux de la laisser tomber entre de mauvaises mains. Mais je ne vois pas en quoi rendre cette information publique nous donnerait davantage de chances de nous emparer de cet artefact… Nous avons des hommes compétents, qui pourraient faire ce travail de la meilleure des manières.

Il soulevait une question intéressante. Toutefois, il lui manquait une variable importante, qu'Alcide n'avait pas voulu lui communiquer dans le mot qu'il lui avait envoyé pour le faire venir dans son bureau. Il ne s'agissait plus d'une histoire propre au Gondor, désormais :

- L'information n'est plus secrète, Général. Niklas Makiaveel en personne m'a apporté cette missive, et nous avons eu une conversation très intéressante. Les têtes pensantes de ce groupe ont envoyé des messagers chez nos alliés, et des rumeurs commencent à courir depuis Tharbad. Il se murmure que des gens influents recherchent un objet de grande valeur. D'aucuns parlent même d'un trésor. Vous vous souvenez sans doute de l'engouement populaire autour de cette petite auberge… l'Auberge Sous la Montagne Au Trésor ? Un groupe d'aventuriers a trouvé le trésor, alors que tout le monde pensait que c'était tout bonnement impossible. Que se passerait-il si des idiots du même acabit mettaient la main sur une arme si puissante qu'elle menacerait le Gondor ? A qui croyez-vous qu'ils la remettraient ?

Cartogan fronça les sourcils. Il n'aimait pas trop le scénario – certes catastrophiste – que lui présentait Alcide. Il n'avait pas vu les choses sous cet angle, mais maintenant que l'Intendant lui en parlait, il fallait bien dire qu'il marquait des points. Si quelqu'un de mal intentionné mettait la main dessus, le Gondor risquait d'en pâtir sévèrement. Surtout que le grand royaume des Hommes avait beaucoup d'ennemis latents, qui n'attendaient qu'une opportunité pour le faire vaciller. Les gens du Sud et de l'Est, pour commencer, mais plus généralement tous ceux qui jalousaient la puissance du Haut-Roy. Ils n'hésiteraient pas longtemps avant de faire usage d'un atout en leur faveur, assurément. Contrairement aux idéalistes qui croyaient dans l'amitié entre les peuples, Cartogan se méfiait facilement des autres royaumes, dont les intérêts n'étaient pas toujours très clairs vis-à-vis du Gondor. La paix ne signifiait pas l'amitié, l'amitié ne signifiait en rien la confiance, et la confiance n'excluait pas la vigilance. Il en connaissait un rayon en matière de trahison fratricide, et savait qu'aucun lien, même le plus fort, ne pouvait protéger contre un coup de poignard.

- Au plus offrant… C'est toujours comme ça avec les mercenaires… Que proposez-vous ?

- De faire la meilleure offre. Inciter les gens à travailler pour nous plutôt que pour nos voisins. Exalter l'amour pour le Gondor auprès de ceux qui sont les plus honorables, et combler les désirs de richesse chez ceux qui ont prêté allégeance à l'or et à l'argent.

Le Général comprenait. Il n'appréciait pas la manœuvre, car il n'appréciait pas particulièrement la loyauté changeante des mercenaires. Ils manquaient cruellement de professionnalisme, étaient capables de tout pour arriver à leurs fins et on ne pouvait jamais garantir qu'ils allaient être un investissement rentable. D'une voix un peu désabusée, il demanda :

- Est-ce que cela va fonctionner ?

- A-t-on le choix ? Répondit Alcide.

Ils regardèrent tous les deux par la fenêtre, vers la Cité Blanche baignée de lumière. Un soupir s'échappa de leurs lèvres, alors qu'ils sentaient plus que jamais peser sur leurs épaules le poids des responsabilités. Ils s'embarquaient dans une drôle d'affaire, assurément.

#Alcide
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