Au secours de l'Anòrien !

Tior scrutait les eaux limpides des Mithlond, faisant face à l'Ouest, et essayant de deviner où pouvaiut bien être l'Anòrien, le navire du Gondor qui avait fissuré sa coque dans la tempête, et qui ne pouvait rejoindre les Havres. Peut-être avait-il subi d'autres dégats... peut-être son mats avait-il cédé sous la force des vents... Tior ne pouvait le dire, il n'en savait rien.

Le Dunàdan détourna son regard de cette vue magnifique qu'offrait le Golfe de Lhûn, et il se dirigea vers le lieu où attendait plusieurs embarquations Elfiques, pressé de venir en aide aux hommes de Gondor.

Mais, à mi-chemin, il s'arrêta net sur le quai, et, regardant en arrière, il vit Laurelin qui était resté de marbre, avec un léger sourire aux lèvres. La même expression passa sur le visage de Tior...

*Pas plus vite que ton ombre, pensa le Dunàdan. Suis-je idiot? J'ignore tout de la marine des Elfes, et je me lance tête baissée dans la tâche à accomplir.*

Il revint sur ses pas et fut de nouveau aux côtés de Laurelin.

"Avec combien d'Elfes y iront-nous? Et combien seront envoyés chercher les gens échoués?" demanda-t-il.

"Partons-nous tout de suite? Car la situation l'exige, m'est avis."

Laurelin scruta le ciel et jaugea le sens du vent avant de rattraper Tior pour lui répondre :

- Manwë est avec nous, le vent souffle fort et dans le bon sens. Toutes les embarcations que vous voyez serviront à ramener vos hommes du Harlindon. Toute sauf celle ci, c' est celle que nous allons emprunter nous même pour rejoindre '' L' Anórien '' et les deux embarcation de la clef d' argent.

Il s' avança et fît signe au Dunàdan d' embarquer dans la nef blanche qui était déjà occupée par deux autres elfes.

- Nous ne serons que trois ici, il faut garder place pour ramener d' éventuels survivants. Voilà prenez place ...

Les bateaux blancs quittèrent tous ensemble le port de Forlong vers la rive sud, toutes voiles dehors, bannières des havres aux vent, tels des flèches scintillantes sur le bleu profond de l' océan.
Un seul dévia de la trajectoire pour s' élancer vers l' ouest à la recherche de '' L' Anórien '' .

Laurelin, regardait vers le large laissant le vent s' engouffrer dans sa grande tunique de la même couleur que l' océan qu' il contemplait. Elle était recouverte d' une broderie représentant une grande tour blanche barrée du grand E d' Elostirion.
Il se tourna vers Tior pour lui crier cherchant à couvrir le bruit du vent :

Tior ! Admirez la profondeur du bleu des eaux d' Ulmo ! Ecoutez la musique des vents de Manwë Sulimo!
La vélocité des nefs elfiques vous convient-elle ?

Tior et Laurelin voguaient à présent dans les eaux bleues du Golfe de Lhûn scintillantes au soleil.

"La rapidité de vos navires fait plus que me convenir! Je n'ai jamais vu pareil embarquation, d'autant plus que le vent est en poupe."

En effet, un fort vent d'Est les poussaient, cela était bien s'il y avait à secourir des survivants. Le voyage de retour serai quant à lui plus difficile, si Manwë ne modifiait pas la direction des courant aériens.

Tior admira, comme Laurelin l'invitait, la beauté des eaux et écouta le sifflement des vents du Nord.

"Les éléments paraissent si calmes, maintenant... Ici, dans le golfe, la beauté de l'eau est un regale pour les yeux, et la musique que jouent les vents du Seigneur des Valar est sujet de réjouissance et d'appaisement pour l'esprit. Cependant, il y a encore quelques jours, quand nous étions victimes des vagues déferlantes d'Ossë et des rafales effroyables de Manwë, j'aurait plus volontiers proféré des reproches que des louanges envers les Dieux."

Le soleil brillait à l'horizon Ouest, là-bas, le vaisseau de feu porté dans les cieux par Urwendi la Maia n'allait pas tarder à se coucher, au delà du Royamue Béni.

Il faudrait sûrement secourir l'équipage de nuit, et cela n'arrangeait rien à cette affaire. Les embarquations qui avaient pour but de ramener les guerriers échouées n'allait pas tarder à orienter son cap vers le Sud, tandis que la nef de Laurelin continuerait plein Ouest.

Il fallait espérer que l'Anòrien ne reposait pas déjà au fond des abysses d'Ulmo...

L' embarcation fendait les flots à grande vitesse et tenait son cap plein ouest. Celait faisait environ une heure qu' elle avait quittée le port des Havres gris lorsque Laurelin se releva subitement pour se précipiter à l' avant. Plissant les yeux, il tendait son bras du coté tribord et cria quelque chose en elfique au marin de Vonrowë. Le bateau changea de cap et l' elfe se tourna vers le Dunàdan pour s' adresser à lui en language commun :

- Nous l' avons localisé, il n' est plus qu' à quelques milles d' ici !! Il est fort possible qu' Ossé ne soit pas le seul responsable des difficultés de votre navire, tout l' arrière est en proie au flammes !!!

Tior regarda Laurelin sans comprendre, sa vue humaine ne lui permettait pas encore de percevoir l' incendie mais rapidement, grâce à la vitesse à laquelle ils allaient, ses yeux purent discerner une lointaine tache orange qui grossissait au fur et à mesure qu' ils se rapprochaient et bientôt, le nuage de fumée noire qui la surplombait.

- Voyez-vous les deux nefs de la clef d' argent ?? à l' avant de l' Anórien ! Des cordes sont tendues, ils tentent de faire passer vos marins et troupes entre les deux bateaux ! Et ..... Par les Valar !!! Un cordage vient de rompre, il y a des elfes et des humains qui tombent ...

Laurelin demanda au marin elfe d' aller plus vite mais celui ci lui fît signe qu' ils allaient déjà au maximum. L' elfe retourna à l' avant scrutant l' horizon indiquant à Tior ce qu' il se passait mais cela devint rapidement superflu car maintenant, le Dunadàn voyait parfaitement où en était la situation, la voile blanche de l' embarcation elfique arrivaient sur place mais la nuit venait de tomber ...

Si Laurelin avait peut-être quelque idée de la raison de ce soudain incendie à bord de l'Anòrien, Tior n'en avait quant à lui aucune idée. Toujours est-il qu'Elfes et humains étaient à l'eau -du moins pour certains-, et que les mariniers restés hors des vagues avaient bien du mal à repêcher le reste des troupes. Mais à plus tard les questions.

"Allons! Allons! Marin! Plus vite! Laurelin, essayons, vous et moi, de faire monter quelques-uns de ces gens en lieu sûr."

L'impatience de Tior et ses paroles au marin au sujet du manque de vitesse étaient bien sûr totalement inutiles, et il le savait très bien, car Laurelin avait eut la même réaction auparavant. Mais la panique provoque ce genre de propos, et le pauvre marin Elfe ne put que continuer à la même allure et donner à Tior la même réponse qu'auparavant.

Finalement, les trois passagers de la nef blanche arrivèrent sur les lieux du sinistre, quoique un peu tard... En effet, nombreux étaient ceux qui avaient sauté à la mer pour échapper au flammes, et qui à présent buvaient la tasse, où descendaient lentement, agonisant, dans les profondeurs de l'océan, voyant une dernière fois la lueur de la Lune au travers de la surface de l'eau, avant de disparaître...

Cependant, ceux qui pouvaient être sauvés devaient l'être, et les deux compagnons se mirent en devoir de faire cela. Déjà, un Hommes du Gondor était en vue droit devant... Une corde fut lancée...

Mais les flots rendaient le cordage glissant, et l'humain ne put grimper à bord. Il retomba, et la nef le dépassa sans pouvoir le reprendre. Un grand cri se fit entendre... on y pouvait rien.

Malgré l'horreur, il fallait se reconcentrer.

"En voilà un autre!" cria Tior.

Nouvelle tentative... Le guerrier avait saisi la corde, et il ne paraissait pas la lâcher. Petit à petit, la force de Tior et de Laurelin réussirent à le hisser jusqu'à bord.

Mais il fallait aussi se méfier des flammes toutes proches.

La nuit était totalement tombée à présent mais les flammes qui déchiraient les cieux donnaient une lumière vive et orangée à tout l' océan.
L' elfe et l' humain unissaient leurs efforts pour parvenir à hisser ceux qui se trouvaient à proximité à bord du bateau elfique.
La chaleur était presque insuportabe et la fumée les faisaient suffoquer, mais les trois nefs elfiques se remplissaient tant bien que mal des naufragés.
L' un des survivant agrippa le bras de Laurelin, sa jambe était brulée mais en serrant les dents il s' adressa à l' elfe :

- La foudre ... sur le mat ....... Comme une boule de feu .............le feu a pris tout de suite ..... A l' arrière, Harrrrggg .... J' ai mal !!! ........ Le ....... Le Capitaine !!! Il ......... Bloqué dans une cabine à l' avant et .... Et y' a aussi une ....... Femme ...... Dans la cabine d' à côté !! Faut y aller ...... Faut sauver le Capitaine ...... Bloqué ....... Poutre qui bloque ...... Bloqué ...... La poutr ..... tout seul ...... Pas assez de force pour la bouger ......... Le capit .........

L' homme venait de perdre connaissance et Laurelin regarda Tior à proximité, jaugeant de sa réaction sur ce qu' il venait d' entendre.

- Connaissez vous le Capitaine ? est-ce un de vos ami ?? et cette femme ?

L' elfe n' attendit pas la réponse du Dunàdan et enchaina :

- Ils sont à l' avant, en faisant vite ......... Tior, que décidez vous ? La corde qui nous relie à l' Anórien est encore tendue...

Laurelin avait déjà enjambé le rebord de la nef blanche et placé ses deux mains sur le cordage ses yeux bleus fixant le dunàdan ...

Ainsi la foudre était la cause des flammes. Cela avait du arriver après que le Simol et les autres aient rejoint les Havres, laissant les trois navires retardataires gagner les côtes. Hélas pour l'Anòrien! Sa fortune l'avait quitté, et tout ce que pouvaient faire Tior et Laurelin était d'aller secourir ce Capitaine et cette femme coincés à bord dont parlait avec difficulté et douleur le marin repêché.

"Je n'ai navigué que sur le Simol, cria Tior précipitamment. Les autres équipages me sont inconnus. J'ignore donc qui est cette femme, et le capitaine n'est pas un de mes amis!"

Le Dunàdan vit Laurelin s'aggriper à la corde afin d'aller sur le bateau en flammes, mais, alors que celui-ci le regardait de ses yeux perçants, Tior eut une seconde d'hésitation... Et si la corde se rompait? La mission deviendrait un désastre...

"J'y vais en premier! Et vous me suivrez une fois que je serai arrivé sur l'Anòrien! Ainsi, le poids sera diminué, et les risques aussi."

Mais l'Elfe, que rien ne faisait reculer, esquissa un bond,et, s'aggripant des mains et des jambes sur le cordage, commença sa périlleuse ascension. Tant bien que mal, et après maints efforts, Tior vit son ami arriver à l'autre bout, qui lui faisait signe, de là-haut, de venir à son tour.

Sans un mot, Tior Celebdîn fit de même. au début, la pente de la corde n'était pas si importante, et la montée n'était point très difficile. Mais arrivé au milieu, le Dunàdan s'arrêta, essouflé, et ne pouvant faire un mètre de plus. N'étant pas marin, les cordages étaient une nouveauté pour lui...

Du côté de la nef blanche, un homme à l'eau était hissé par l'Elfe resté là-bas. Mais le pauvre Gondorien, à bout de forces lui aussi, s'aggripa à la même corde que Tior. Celle-ci racla sur le bord de l'embarquation Elfique, et le bois dur rongea le cordage.


Il se rompit.

L'homme retomba à l'eau, et Tior, lui, tenait toujours la corde, qui n'était maintenant plus attachée, pendant verticalement, qu'au seul Anòrien. Le Dunàdan était donc pendu contre la coque du navire en flammes, sans possibilité de revenir en arrière, à la grande inquiétude de Laurelin.

Laurelin était penché au dessus du bastinguage regardant en contre bas la silhouette de Tior qui se balançait. Heureusement, le dunàdan n' avait pas laché prise lors du choc de sa rencontre avec la coque et ses mains était restées agrippées au cordage. Pour le moment, il tenait bon.
L' elfe regarda autour de lui et aperçut un attroupement de soldat Gondoréens qui attendaient pour s' élancer sur le dernier cordage encore tendu entre les nefs elfiques et le navire en feu.

- Attendez !! Deux avec moi, PAR ICI!!!!!

Les deux derniers, quittèrent la file et se précipitèrent pour venir prêter main forte à l' elfe qui tentait désespérement de remonter le dunàdan seul. Voyant la situation, les deux humains se saisirent immédiatement de la corde pour hisser l' infortuné. Grâce aux efforts combinés des trois tireurs, Tior, quelques mètres plus bas, se sentit soudain entrainé vers le haut et après quelques minutes d' effort, ses deux mains s' agrippaient au bastinguage.
Dans un dernier effort, aidé par Laurelin, Tior bascula enfin de l' autre côté du bastinguage et posa enfin le pied sur l' Anòrien.
Les deux soldat, le dunàdan et l' elfe s' écroulèrent alors sur le pont du bateau, épuisés, tentant de reprendre leur souffle ...
Soudain, un craquement sinistre, comme un avertissement, se fit entendre et Laurelin et Tior se regardèrent et eurent certainement la même pensée :

* C' est maintenant ou jamais si nous voulons sauver les deux malheureux ! *

Laurelin jeta un coup d' oeil vers la file de soldat qui attendaient là quelques minutes auparavant mais elle avait disparue. Ils étaient tous partis. Il s' adressa alors aux deux soldats qui étaient restés avec lui , car Tior était fatigué des efforts qu' il venait de déployer et reprenait encore son souffle.

- C' est votre tour Gondoréens, merci à vous !! Dites nous maintenant où se trouve la cabine de votre Capitaine et ensuite partez !! empruntez le dernier cordage qui reste mais prévenez les en bas, qu' il le garde tendu et qu' ils nous attendent tant que cela est possible !! ........... Que mes amis de la clef d' argent prie les Valar pour que nous revenions à temps !!

La fumée âcre piquait les yeux et rendait la respiration difficile, la chaleur était difficilement supportable et le craquement sinistre n' était pas de bon augure mais l' elfe et le dunàdan n' avaient plus le choix. Ils étaient les derniers à se tenir sur le pont de l' Anòrien et suivant les indications des deux soldats, Tior et Laurelin devaient à présent descendrent dans les entrailles du navire en perdition ...

Soit! Il fallait bien tenter ce sauvetage... Alors que l'arrière de la coque était sujet aux fissures et aux flammes qui avaient provoqué le craquement, Tior et Laurelin se dirigèrent vers l'escalier descendant dans les cabines et dans les cales. Comme le leur avait dit le marin à la jambe brûlée, le Capitaine de l'Anòrien devait se trouver vers l'avant du navire.

Le raide escalier les mena jusqu'à un long couloir, entouré de tout son long de dizaines de portes en bois. L'Elfe et le dunàdan se précipitèrent dans la direction qui leur semblait celle de la poupe.

"Il faudrait un temps fou pour vérifier chacune des cabines! s'écria Tior. Capitaine! Où êtes-vous?!!"

Pas de réponse... Laurelin et le messager d'Halbarad continuèrent leur course.

"Capitaine!!! Où êtes-v..."

"Au secours!"

Une voix lointaine mais nette s'était fait entendre, sur la droite, semblait-il. A toute vitesse, les deux compagnons accoururent en criant à tout va.

"A l'aide!!!"

La voix était toute proche maintenant. Cela provenait de cette cabine-ci... Tior ouvrit la porte en bois sombre d'un solide coup de botte. Là se trouvait effectivement le Capitaine de l'Anòrien, coincé sous deux énormes poutres qui avaient été renversée de la charpente de la coque lorsque le navire avait heurté un récif. Après cela était venu l'incendie, et nul n'avait pu délivrer l'homme des poinds qui le retenaient.

Il fallait faire vite, car les flammes gagnaient en puissance et en vélocité. Qui sait si la sortie du couloir n'était pas déjà condamnée?

Le crépitement étouffé des flammes avait accompagnés l' elfe et l' humain tout au long de leurs recherches dans le sombre couloirs à l' interieur du navire. Au moment même ou Tior défonçait la porte qui les séparait du Capitaine de l' Anórien, un nouveau craquement se fit entendre et le sol trembla légèrement sous les pieds des sauveteurs.
Laurelin couru jusqu' au prisonnier mais se rendit vite à l' évidence. La force de Tior et la sienne ne suffirait pas pour déplacer les deux énormes poutres qui emprisonnait le malheureux Capitaine. Il aurait fallu plusieurs trolls pour réussir à les faire bouger.
L' elfe constata rapidement que le Capitaine était certes bloqué, mais les poutres n' avaient dû faire que l' effleurer lorsqu' elles avaient chutées, le coinçant contre la paroi de la cabine et l' empêchant de bouger. Elles étaient si proche de lui qu' il en avait du mal à respirer.
Le Capitaine regardait ses deux sauveteurs avec des yeux implorant, tendant son seul bras de libre vers eux ...
Laurelin détourna les yeux de cette main qui se tendait et se tourna vers Tior ...
Là, dans la quasi obscurité, l' elfe et l' humain se regardèrent sans dire un mot. Une longue minute s' écoula qui sembla une éternité. Une minute silencieuse, une minute pour prendre la plus cruelle des décisions.
Le dernier voile d' espoir se déchira au moment où un troisième craquement sinistre rompit le silence. Les yeux du Capitaine se mirent alors à chercher de tout côté l' ultime chance, l' infime possibilité de rester en vie, mais il n' y en avait pas, le voile de l' espoir venait de se déchirer. Soudain, la respiration saccadée du Capitaine se transforma en suppliques. Il sentit que l' hésitation qui animait encore les yeux de Tior et Laurelin une seconde auparavant s' était évanouie et s' était transformer en froide résolution.
Une larme roula sur la joue de L' elfe ...
Un homme devait mourir pour que la femme dans la cabine à côté vive ...
Il sorti dans le couloir en prenant le dunàdan par les épaules :

- Seule une petite poutre empêche la femme d' ouvrir la porte de la cabine, aidez moi à la bouger ......... S' il vous plait ...

Alors qu' ils s' approchaient de la cabine suivante il entendirent derrière eux un cri qui se voulait surement plus puissant mais, des poumons comprimés du Capitaine de l' Anórien ne s' échappa qu' un faible,

- Noooooooooooooooooooooooooooon ! ...

Jamais, jamais dans toute son expérience de guerrier et dans les batailles qu'il avait connu, jamais un cri de désespoir ne lui avait tant brisé le coeur. Tior aurait rebroussé chemin sans réfléchir, dut-il soulever à lui seul les immenses poutres ou périr dans la tâche, si la main ferme de Laurelin n'était pas venue aggriper le col de son armure de cuir.

"Lâchez! N'entendez-vous pas les cris de douleur du Capitaine? Lâchez-moi vous dis-je!"

D'un geste vif du bras droit, Tior fit lâcher prise la main de l'Elfe. Il courut vers la cabine du Capitaine...

Mais il ne put s'empêcher de se retourner. Et il aperçut le visage de son ami Laurelin, seul image de paix dans toute cette horreur. nulle colère envers le Dunàdan ne se voyait sur la figure de l'Elfe, nulle colère envers celui qui refusait de suivre le même chemin, seulement pitié et compassion.

Tior Celebdîn vit alors la sagesse de l'Elfe, et sa propre folie, pourtant portée par un sentiment juste... Le Capitaine ne pouvait être sauvé. Le Dunàdan courut vers la cabine de la femme, et quelques larmes perlaient sur ses joues. Mais sans hésiter, lui et Laurelin tentèrent de forcer la porte, coincée de l'intérieur par une poutre.

Rien ne s'entendait à l'intérieur... peut-être la femme était-elle si paralysée par la peur qu'aucun son n'arrivait à sortir de sa bouche. peut-être était-elle déjà morte, ou assommée par la chute soudaine du chevron de bois. Dans ce cas, Tior et Laurelin risquaient leur vie pour rien; mais il fallait en être sûr, il fallait défoncer l'entrée.

Les deux compagnons se ruèrent ensemble contre le battant.

Rien ne se passa... hormis un grand bruit.

Deux fois... Trois fois... rien n'y faisait.

Quatrième tentative... les gongs commencèrent à se rompre, tandis qu'à l'intérieur la poutre reculait légèrement. Les craquements du navire s'intensifiaient. Même en cas de sauvetage de la femme, une extrème vitesse serait requise pour échapper au naufrage.

Ensemble, le dunàdan et l' elfe s' élancèrent plusieurs fois vers la porte, épaules en avant. A la troisième tentative, le panneau de bois céda se brisant en plusieurs morceaux. Une poutre apparut alors aux yeux des deux sauveteurs, elle obstruait l' entrée de la cabine.
Tior et Laurelin, unissant à nouveau leurs efforts, mû par l' urgence et la rage, réussirent à déplacer légèrement la lourde pièce de bois. Le passage était suffisant pour accéder à l' interieur.
Le Seigneur elfe s' engouffra sous la poutre et pénétra enfin dans la cabine.
Des débris jonchaient le sol. La couchette était retournée au milieu de la pièce et plusieurs bagages, dont certains s' étaient ouvert sous le choc trônaient un peu partout.
A côté de la couchette gisait le corps d' une femme visiblement sans connaissance. De longs cheveux auburns lui cachaient le visage et seules, deux mains blanches dépassaient du grand châle noir qui la recouvrait.
Laurelin se précipitat vers la femme inanimée. Il écarta délicatement les longs cheveux emmèlés révélant un visage d' une blancheur d' ivoire, aux traits si fin que l' on aurait pu croire qu' il s' agissait d' une elfe. Pourtant, elle était humaine mais possédait les caractéristiques propres à ces grandes dames de jadis, à Numenor.
L' elfe se pencha et prononca quelques mots elfique à l' oreille de la malheureuse posant ses deux mains sur son front, mais rien ne se produisit. Il répéta plusieurs fois les même mots jusqu' à ce que la femme ouvre enfin les yeux et les plongent dans ceux de Laurelin qui lui dit dans un souffle, en langage commun cette fois :

- Ecoutez ma voix ......... Venez vers moi ......... Fuyez l' ombre qui encombre votre esprit ...... Quittez l' obscurité qui voile vos sens ........ Cherchez la lumière ........ Revenez ....... Revenez à présent .....

Elle passa alors ses deux bras autour du cou de l' elfe, laissant choir son long châle noir pour se laisser porter jusque dans le couloir ...

C' est à ce moment qu' un craquement sec se fît entendre, une nouvelle poutre venait de céder et une partie du plafond de la cabine s' écroula provoquant un nuage de poussière et inondant le plancher de débris divers. C' était le signal du départ, il fallait remonter sinon, plus personne ne sortirait vivant de l' Anòrien !!!
Mais soudain, à travers la poussière, la voix implorante du Capitaine se fît à nouveau entendre accompagnée d' un cri de douleurs ....
Le nuage opaque se dissipant, Tior et Laurelin n' en crurent pas leurs yeux.
Contre toute attente, la poutre qui venait de lâcher avait dans sa chute littéralement éventrée la paroi qui séparait la cabine de la femme à celle du Capitaine le libérant ainsi de ses entraves.
Lorsque le dunadàn et l' elfe se précipitèrent pour le secourir et tenter de le relever, ils constatèrent immédiatement qu' il n' était pas sorti d' affaire pour autant. Une des poutres qui bloquait l' officier, percutée par celle qui venait de s' effondrer avait été déplacée et libéré du support qui la retenait,
Chutant lourdement sur le plancher, écrasant au passage la main du malheureux, l' empêchant à nouveau de s' échapper de l' enfer.
La femme dans le couloir criait, affolée par les langues de flammes qui se rapprochaient .... Le Capitaine lui hurlait de douleurs cherchant à libérer sa main emprisonnée ....

- Par les Valar, le sort s' acharne contre nous, mon ami !! Nous ne pouvons plus attendre, il faut sortir, vite !!! Tior, il n' est qu' une solution pour sauver votre officier ! J' ai laissé mon épée à bord de notre embarcation .... Mais vous, vous avez la vôtre, il faut le faire !! ..... N' hésitez surtout pas !! Un coup, UN COUP SEC !!!

*De la folie! pensait le Dunàdan. C'est pure folie. Cet Elfe n'a pas d'autre chose à dire que de telles paroles? N'y a-t-il pas quelque moyen plus doux que de couper une main pour délivrer le Capitaine...*

Mais, semblant venir des abîmes les plus profonds de son esprit, Tior crut entendre une voix, faible et lointaine.

Il fallut une bonne dose de courage pour sortir l'épée du fourreau, et encore plus pour entendre les grands cris de désespoir du Capitaine. La chute de nouvelles poutres non loin et les craquements s'intensifiant fut la raison pour laquelle Tior put accomplir cet acte...

Prenant un débris de bois dur, il le glissa entre les mâchoires de l'officier, et lui dit de serrer très fort. C'était un moyen pour atténuer la douleur, ou du moins le disait-on. Mais en l'abscence d'alcool, nulle autre idée ne surgit dans l'esprit du messager d'Halbarad.

Le Capitaine fit se qu'on lui dit, mais quand Tior leva la lame de l'épée, l'autre le regarda d'un regard suppliant, oscillant la tête de droite à gauche en signe de négation.

C'était pourtant le seul moyen, et c'était à Tior de la faire, il ne devait pas tergiverser...


Un cri de douleur épouvantable fut arraché de la bouche de l'officier, et la Dame poussa elle aussi un cri d'horreur. La main sanglante restait compressée entre les poutres. C'était fait...

Relevant le Capitaine et l'aidant à marcher, tous les quatre sortirent de la cabine. le sang coulait à gros bouillons; il faudrait des soins d'urgence une fois arrivé en lieu sûr. Mais ce n'était pas le cas.

Des langues de feu venaient lécher les parois du corridor, et seule une petite issue était encore visible. Des planches consumées s'écroulaient des plafonds, mais le plancher semblait quand à lui devoir tenir quelques instants encore.

"Laurelin! Capitaine! Vite! Courrons avant que le Feu nous prenne!"

Le feu était partout. Tout s' écroulait autour du petit groupe et la panique était totale.
Laurelin s' était emparé du châle noir de la femme et avait commencé à le déchirer en longues bandelettes.
Dès que le '' Chlac '' se fit entendre, il s' était précipité pour enrouler les bandes de tissus autour de l' avant bras du Capitaine et les serras le plus fort qu' il le pouvait. Il distribua le reste au autres afin qu' ils se protègent des fumées qui commençaient à les asphyxier.
Tior avait repéré la seule issue qu' ils leur restaient. La femme qui avait repris tout ses esprits s' élança derrière lui, suivi de Laurelin qui soutenait le Capitaine au bord de l' évanouissement.
Ils progressaient le plus vite qu' ils le pouvaient dans le long couloirs en proie aux flammes. Tior du revenir sur ses pas plusieurs fois pour relever la femme et l' aider sur quelques mètres en lui tenant la main. Il criait des mots d' encouragements et sa volonté entrainait tout le reste du groupe.
Ils atteignirent enfin l' escalier qui leur permettait de rejoindre le pont supérieur. C' est la femme qui l' emprunta la première, Tior attendant que le Capitaine et Laurelin arrivent.
L' elfe et le dunàdan portèrent alors ensemble l' officier jusqu' en haut des marches et épuisés s' écroulèrent sur le pont pour reprendre leur souffle inspirant de grandes bouffées d' air frais.
Après quelques secondes, ils se relevèrent et levant les yeux, c' est une vision d' apocalypse qui s' offrait à eux. Tout n' était que flammes, certaines déchiraient le ciel jusque plusieurs mètres de hauteur et des pans entiers du pont commençaient à céder de partout, déclenchant des gerbes d' étincelles.
Le visage de Laurelin s' éclaira soudain et il fît un grand signe au dunàdan :

- LA CORDE !!! Tior, la corde est toujours là !!! Les valar veillent, la clef d' argent tient bon ...

C'était lui, la seule chance... un dernier cordage était tendu entre le bastinguage de l'Anòrien et la nef de la Clef d'argent. Là encore, la prudence voulait que le vide séparant les deux embarquation soit franchi par une seule personne à la fois...

Mais dans une telle situation, faillait-il vraiment se fier à ce que dictait la prudence, ou bien tenter le tout pour le tout? Déjà, le navire perdait d'énormes pièces du pont, consumées par les fammes, et il n'allait sûrement pas tarder à sombrer. De plus, le capitaine était bien incapable de s'aggrper à la corde avec son unique main... Tior prit des directives:

"Madame, passez la première! Vous êtes plus mince que nous. Ainsi, au moins une personne sera sauvée avant que la corde ne rende l'âme!"

La femme, quoique un peu tremblante, s'aggripa au cordage et se laissa descendre jusqu'au marin Elfe qui la réceptionna à son arrivée. Elle était leste: le passage avait été rapide et facile.

"Laurelin, à vous!"

L'Elfe fit ce que Tior lui dit de faire, non sans un regard en arrière. Pas qu'il eut peur de traverser, mais simplement parce qu'il craignait pour les deux qui restaient sur l'Anòrien.

L'agilité des Elfes est surprenante, et Laurelin fut bientôt sur la nef blanche avant que l'autre Elfe ne l'ai réceptionné. Restaient Tior et le Capitaine.

"Passez votre bras par dessus mon épaule, Capitaine! Et tenter de tenir le cordage avec la main de l'autre bras!"

L'officier s'executa avec douleur... Le Dunàdan serra la corde de toute ses forces, et, descendant une main après l'autre, la lente progression commença. Le capitaine commençait à sentir ses forces l'abandonner, et Tior était lui aussi près de lâcher, à cause du poids de l'officier. Le coprdage craquait à l'endroit où il était fixé, mais il tenait bon.

Enfin, centimètre par centimètre, la corde fut bientôt toute franchie, et le capitaine fut hissé sur le pont. Tior le suivit mais... "Clac"... La corde céda, et il fallut toute la vigilance de Laurelin pour aggriper le Dunàdan et le mettre lui-aussi en lieu sûr.

Le gros cordage plongea dans l'eau, et se retrouverait bientôt au fond des abysses avec tout le reste du navire du Gondor...

Cela arriverait d'une minutes à l'autre, maintenant. Il fallait s'éloigner de l'Anòrien en flammes afin de ne pas être emporté par le tourbillon qui secouerait les eaux lors de sa submersion...

Au moment où la corde céda, l' embarcation de la clef d' argent, libérée d' un coup, fût terriblement secouée mais finalement, ce fut un mal pour un bien car la nef blanche s' éloigna rapidement du navire en feu.
Tior et Laurelin voyaient s' éloigner l' Anórien. Le fier navire du Gondor, n' était plus qu' une torchère fumante et crépitante.
L' elfe passa son bras autour des épaules du Dunàdan :

- Vous avez fait preuve d' un courage admirable mon ami. La femme vivra ... Et le Capitaine aussi. Je ... Je n' ose imaginer le tourment qui fut vôtre alors que vous éleviez votre épée pour le libérer.

Alors que Laurelin terminait sa phrase, la proue de l' Anórien s' élevait au loin, traversant l' épais nuage de fumée noire. Elle brilla un court instant sous la lumière argentée de la lune. Puis lentement elle s' affaissa pour rejoindre les profondeurs. C' en était fini ...

Laurelin s' assit alors, épuisé mais heureux. Les nefs elfiques étaient chargées au maximum.
Les survivants, malgré la perte de leur navire, lançaient des '' Hourra '' en direction des elfes qui étaient venus à leurs secours.
Les trois bateaux blancs filaient vers le port de Harlond en Harlindon.
Les blessés seraient pris en charge par les guérisseurs de la tour de la clef d' argent. Les autres repartiraient aussitôt aux Havres ...

* Pour la première fois, des blessés autres que ceux de mon peuple vont pénétrer à la clef d' argent .... N' est-ce point folie que cette ouverture aux autres peuples ?
Maintenant que cela arrive, le doute m' assaille à nouveau ... Il est des humains plus courageux qu' une armée entière d' elfes comme ce dunàdan, mais il en est tant dont le coeur peut se montrer aussi fourbes que ceux des plus vils créatures du mal parfois ... *

Laurelin regardait autour de lui, son visage reflétait détresse et incertitude alors que tout les autres étaient empreint de joie ...
La femme au châle, assises à ses côtés, posa sa tête sur son épaule et le regarda, les yeux pleins de reconnaissance ... Tior lui, avait perçut le trouble du Seigneur elfe ...

Il est vrai que le tourment pour l'esprit de Tior avait été grand au moment d'élever l'épée, et de libérer le capitaine.

"Que pouvais-je faire d'autre, de toute façon... C'était bien là le seul moyen... Et il me point le coeur à la pensée des mauvaises haures et des mauvais jours que va passer cet homme. Mais croyez-moi, Laurelin, c'est un mal pour un grand bien, et mourir par noyade conicé sous un poutre n'aurait pas été agréable non plus. Je ne regrette pas ce que j'ai fait. Beaucoup ont été sauvés; notre mission est une réussite. Et je vous le dit, ça n'était pas gagné d'avance. Maintenant! Rentrons au port!"

Ce qui restait de l'Anòrien reposait maintenant en compagnie des étranges créatures du fin fond des mers, hormis quelques planches, tonneaux, et lambeaux de voiles qui flottaient paisiblement à la surface.

C'était fini... et malgré la souffrance de quelques uns qui avaient perdu des êtres proches, l'ambiance parmi les hommes sauvés était plutôt à l'apaisement et à la joie. Les majestueux Elfes laissaient moins éclater leur contentement, mais au fond d'eux, un sentiment de satisfaction apparaissait.

Cependant, Laurelin, dont l'épaule soutenait la tête de cette étrange femme au visage pâle, semblait troublé: il regardait de ça, de là, presque dans le vide... Tior s'approcha:

"Quelque chose ne va pas, Laurelin? Vous avez une humeur étrange, à présent, non?"

Le Dunàdan était à mille lieues d'imaginer que ce doute était causé par tous ces hommes, qu'ils venaient pourtant de sauver. Pourtant, quoi qu'en puisse penser Laurelin, ces Hommes-là, ces fiers Hommes du Gondor, n'étaient ni foubes, ni vils, ni mauvais. Ils étaient venus du Sud à leurs risques et périls pour aider leurs frères du Nord, et nombre d'entre eux se trouvaient au fond de l'Océan à cause de leur bravoure et de leur dévouement... Les survivants avaient bien droit aux soins de la Clef d'Argent.

Les trois nefs progressaient rapidement sur les eaux du golfe de Lhûn et le jour pointait alors qu' elles atteignaient le port de Harlond. Il leur avait fallu la nuit entière pour mener à bien le sauvetage des membres de l' Anòrien.
Laurelin regarda Tior de ses yeux las et répondit :

- Ne vous inquiétez pas, la fatigue est mauvaise conseillère et il semblerait qu' elle cherche à m' empêcher d' apprécier ce moment à sa juste valeur ...

Il sourit au dunàdan ...

- Les blessés de votre peuple entreront dans la tour clef d' argent car tel est le dessein qui lui est dévolu désormais ... Mais ... c' est une grande nouveauté pour notre peuple de s' ouvrir ainsi, voyez vous ... Et la nouveauté apporte toujours avec elle appréhension et questions ...

Les plages blanches du Harlindon étaient toute proche et en haut, sur le port de Harlond, des elfes attendaient pour accueillir les survivants. Leurs longues capes flottaient au gré des vents marins et la plupart arboraient l' emblème de la clef d' argent. Il y avait quelques humains aussi, reste des troupes de la flotte du cygne et de l' arbre blanc qui n' avaient pas encore rejoins les Havres.

Laurelin réveilla la femme qui s' était endormie sur son épaule puis l' aida à se relever et la confia à un elfe tout proche. Se retournant vers le dunàdan il lui dit :

- Tior, je vous souhaite la bienvenue en Harlindon. Notre séjour ici sera bref car nous sommes tout deux attendu et nous repartirons je l' espère dans moins d' une heure vers les Havres.

Il y eut maints cris de joie, et quelques pleures aussi... Les Gondoriens qui n'avaient pas commencer le voyage jusqu'aux Havres Gris sluèrent ceux qui avaient été sauvés des flots, mais certains demeuraient dans la tristesse et la douleur, car il ne voyait pas revenir un proche qu'ils attendaient... un parent, un ami, ou un simple compagnon de route...

Le Capitaine de l'Anòrien reçut les premiers soins, ainsi que tous ceux qui avaient été brûlés, blessé, ou dans un état de grand épuisement. Laurelin, quand à lui, saluaient les Elfes de harlond, et échangeait quelques mots avec eux.

Le soleil du matin montait dans le ciel, et rechauffait les corps tremblants et les coeurs en peine. Tior regarda vers l'est, tentant de discerner les tours des Mithlond, car il lui pressait de retrouver l'armée et de se rendre enfin dans son propre Royaume, après une si longue abscence.

La jeune femme se trouvait auprès des Elfes, et elle épprouvait la plus grande joie à la sensation des rayons du Soleil sur son visage.

Tior s'approcha lentement d'elle, et , le voyant, cette dame aux cheveux noirs et au teint si pâle lui sourit, car elle reconnaissait là un de ses sauveurs. Après un long moment de silence, Tior ne put retenir plus longtemps une question qui l'avait tracassé à partir du moment où il l'avait vu, là-bas à bord de l'Anòrien:

"Bonjour, gente Dame. Je me nomme Tior... Tior Celebdîn. Et, si je puis me permettre de vous demander votre nom, et ce que pouvait bien faire une aussi belle femme sur un navire de guerre qu'est l'Anòrien... Je ne veux pas paraître discourtois, mais cette question me trotte dans la tête depuis un bout de temps."

La femme s' éloigna sans pouvoir répondre car un guérisseur la pris en charge pour l'
emmener vers la tour de la clef d' argent recevoir soins et repos.
Néanmoins, elle fit un signe au dunàdan pour lui indiquer qu' il devait demander à l' elfe avec qui elle venait de s' entretenir ...
Namirïë se rapprocha donc de Tior et lui indiqua :

- Puisse qu' elle m' y a invité,je puis répondre à votre question cher dunàdan.
Mais permettez moi tout d' abord de vous féliciter pour votre sauvetage. Le récit que la dame m' a fait de vos exploits est tout simplement impressionant ...

Il s' inclina avant de continuer :

- Elle m' a dit se nommer Maïrwen, c' est une amie du Capitaine du navire qui a sombré. Ilsemblerait qu' il lui rendait le service de l' éloigner de la cité blanche pour des raisons personnelles. Je n' en sais pas plus ... Cependant, mon coeur me dit que cette dame cherche à fuir un passé douloureux , le chagrin et la peur l' accompagne. Puisse-t-elle trouver sur nos rivages un peu de réconfort ...

En s' inclinant une nouvelle fois,Namirië tourna les talons et se dépécha de rattraper le guérisseur et la femme qui se dirigeaient vers la tour un peu plus loin. Laurelin lui avait demandé de prendre particulièrement soin du Capitaine et de la femme ...

Tior vit la jeune femme s'éloigner, mais Namirië, l'elfe de Harlond vint donner quelque réponse aux interrogations du Dunàdan.

"Tout d'abord, répondit le messager d'Halbarad, je vous remercie de vos compliments, maître Elfe. J'ignore si l'on peut parler d'exploits, mais sachez que je n'ai fait que suivre ce que me dictait mon coeur, et que j'ai fait du mieux que j'ai pu dans les difficultés. Et si l'on peut nommer mes actions des "exploits", je dois vous dire que le Seigneur Laurelin n'en a pas moins fait, et qu'il mérite aussi maintes louanges!"

Ainsi, selon les dires de Namirië, cette femme était poursuivie par la tristesse depuis qu'elle eut quitté Gondor, il y a de cela maintes semaines.

"Maïrwen... Maïrwen... se répétait le Dunàdan. Cela ne me dit rien... Quoi qu'il en soit, je suis persuadé que les rivages ensoleillés et le vent maritime du Golfe de Lhûn lui sera salutaire. Car je ne pense pas qu'elle soit venu dans le nord pour se battre."

Mais au fond de lui, Tior pensait:

*Qui sait? Après tout, peut-être que cette fragilité n'est qu'une apparence...*

Le port de Harlond se vidait peu à peu. Les blessée de L' Anorien se dirigeaient vers la tour de la clef d' Argent pour y être soignés. Les autres prenaient place dans les nefs mises à disposition par le Maître des Havres et ainsi leur permettre de rejoindre leur armée rapidement.
Laurelin venait de quitter les responsables guérisseurs avec lesquel il s' était entretenu pour organiser la prise en charge des rescapés et se rapprochait à présent de Tior qui regardait s' éloigner Namirië et sa patiente :

- Une femme bien mystérieuse n' est-il pas ? Embarquer sur un navire de guerre de la sorte, Il faut qu' elle soit bien téméraire ou ... Totalement désespérée. Ne vous inquiétez pas pour elle, j' ai demandé à Namirië une attention toute particulière pour ce qui la concerne.

Il regarda alors vers le ciel où les pinacles blancs de la grande tour d' Elostirion scintillaient sous le clair soleil du matin :

- Cela aurait été une grande joie pour moi de rester ici quelques heures en votre compagnie. La vue sur la mer du haut de la grande tour est réellement magnifique. Malheureusement, le moment de quitter la Harlindon est venu, le temps nous presse. J' espère toutefois que vos pas vous mènerons un jour prochain à nouveau en Harlindon. N ' hésitez pas alors à faire une petite visite en nos tours, vous y serez reçu avec grand honneur.

Tior et Laurelin furent les dernier à embarquer avant que les nefs ne quittent le rivage sud pour s' en retourner vers le port de Forlong.
Des armées se rassemblaient, des conseils de guerre s' organisaient. Le dunàdan et l' elfe s' en allaient vers des temps bien troubles.

Galathor venait de négocier le départ des Sénateurs pour Fondcombe et allait désormais retrouver son camarade Tior, qui revenait de son sauvetage de l'Anorien.
Il le vit de loin et accourra vers lui.
Alors, il lui demanda:

*Tior! Comment s'est passé votre sauvetage périlleux? Y a t-il des Laissés sur Place?
Des morts?
Excusez mon ardeur, mais je suis énormément attiré par le sort des occupants.
Je n'aime pas savoir qu'il y a eu des morts, et je veux être sûr qu'il n'y en a pas eu.
Mais je pense qu'il dut y en avoir, car nulle victoire n'est parfaite et il n'y a donc aucune victoire sans pertes ni sacrifices.

Elostirion, la tour où jadis un palantir fut tourné vers Eressëa.
D'ailleurs en y repensant, peut-être qu'avec l'autorisation de votre maître Halbarad, vous pourriez m'accompagner jusque dans ma demeure à Minas Tirith, car je sens que cette chose que je me dois de vous offrir est d'une grande importance.

J'espère que notre départ sera prompt car l'Arnor ne peut attendre, d'autant plus que les Héros d'Annuminas s'en vont vers les Terres d'Angmar.
Sans ceux-ci, Annuminas sera en désordre si elle se fait attaquer, car je ne pense pas qu'un Intendant eut été nommé et si tel est le cas, la cité sera en proie aux Assaillants, encore inconnus.

En outre, si nous restons ici trop longtemps, l'effet de surprise de notre arrivée sera vain.
Aussi, j'ai une question à vous poser.
Les Robes Grises ont décidé de partir à Imladris, et par conséquent, ils lèguent leur armée au Gondor.
Malheuresement, ils ne veulent en aucun cas que leur armée soit sous le Commandement d'Eaque.
Ils m'ont donc charger de trouver un Homme compétent en matière de combat, sage quant aux décisions de guerre, mais aussi d'esprit.
Voudriez-vous endosser le rôle de Commandant des Troupes Grises du Cygne telles qu'on les nomme?
Où peut-être connaissez-vous quelqu'un capable de prendre ce rôle.*

Alors, Le Noble se tut, et attendit que le Dunadan lui réponde, regardant le Soleil au loin, qui allait se coucher sur Aman, avant que la Lune ne prenne le Relais.

Tior se tenait sur les quais des Mithlond, regardant la mer, et se reposant après la mission risquée qu'ils venaient d'accomplir, lui et Laurelin. Alors vint Galathor, qui vint lui poser mille questions et même lui proposer une place de Commandant temporaire.

"Une seule chose à la fois, mon ami, voulez-vous! Tout d'abord, comme vous le dites, il n'y a aucune victoire sans pertes ni sacrifices; et notre mission n'a point dérogé à ce dicton. Nous n'avont pas pas sauvé tous les occupants de l'Anòrien... D'une part, beaucoup avaient sauté du navire en flamme avant notre arrivée, et quelques-uns qui n'ont pas pu être hissé sur nos embarquations reposent à présent au plus profond des abysses d'Ulmo, avec les restes du navire Gondorien.
Hélas, nulle action n'est parfaite... Mais nous en avons tout de même sauvé un grand nombre, et plus particulièrement une étrange Dame, ainsi que le Capitaine de l'Anòrien, qui étaient bloqués sur le bâtiment en feu à cause des poutre de la coque. Cette femme, que le flou entoure encore quant à ses raisons d'embarquer sur un navire de guerre, est saine et sauve, quoique choquée. Et ce malheureux Capitaine, sa main a du être tranchée pour le libérer des poutres qui le bloquaient. Nous étions deux à avoir pénétré dans l'Anòrien: moi-même et l'Elfe Laurelin; mais moi seul avait une épée, et il m'a fallu lever l'épée pour libérer cet homme. Cela a vraiment été un tourment pour l'esprit, mais au moins, il est maintenant hors de danger.

Quant à votre demande de vous accompagner chez vous... cela me ferait grand plaisir. Mais il me faut l'autorisation du Capitaine; dommage que je ne vous ait pas rencontré plus tôt, lorsque je me trouvais à la tour de Mithrandir. Mais la fortune en a décidé ainsi...

Commandant des Troupes Grises du Cygne... Ce serait vraiment un grand honneur pour moi, et j'accepterais avec joie d'endosser ce rôle. Quant à connaître quelqu'un capable de remplir cette haute fonction, une personne à la fois courageuse et charismatique, je ne voyais qu'Eaque, les autres, je ne les connaît pas. Eaque... ou vous, Galathor... mais je ne me souvient plus, partez-vous à Imladris pour ce conseil?"

Alors Galathor répondit à Tior en le regardant dans les yeux, voyant la profondeur du domaine d'Ulmo:

*Cela m'aurait étonné qu'il n'y eut aucun blessé, ou mort.
C'est malheuresement un triste destin qui en a poussé certains à se jeter à la mer.
Quant à l'enigmatique Dame, cela est vraiment étrange, car nulle femme n'est, en temps normaux, autorisée à pénétrer sur un navire depuis le début de la guerre, surtout si celui-ci est un navire de guerre.

Eh bien, si vous souhaitez m'accompagner jusque dans ma demeure après mon départ d'Arnor, je pense pouvoir trouver un arrangement avec Halbarad.

Et non, je ne pars pas au conseil d'Imladris, seuls les Sénateurs y vont et j'avoue que je serais moi-même honoré de pouvoir prendre la tête de troupes, comme je le fis jadis à maintes reprises.
Je devrais peut-être demander l'autorisation à Eaque avant d'en prendre le Commandement, si j'en ai l'autorisation.
Vous devriez aller à Elostirion sans plus attendre Tior, car la lumière d'Avallonë est plus que rayonnante.*
Alors, il se tut une seconde fois, voyant la lumière d'Avallonë plus blanche qu'elle ne le fut.