Une salle de classe dans l'antique bibliothèque

Le professeur Irvine affichait un grand sourire de satisfaction en regardant les enfants entrer dans la salle et s'installer autour de la table qui avait été spécialement préparée pour eux.
Depuis plusieurs mois, lui et son frère Erestor se battait avec l'administration de Minas Tirith pour mener à bien un projet. Obtenir un endroit dans la grande bibliothèque de la cité pour en faire une salle de classe et y enseigner.
Dès que l'autorisation était arrivée, Le directeur de la bibliothèque, Erestor et Irvine s'étaient mis à la recherche de la salle idéale. Leur choix s'était porté sur une petite salle du second étage, côté jardin, avec de haute fenêtre et une énorme cheminée. On y avait installé une grande table centrale pour les futurs élèves ainsi qu'une plus petite, à côté, qui servirait de bureau pour l'enseignant.



C'était le jour J, le jour de la rentrée en quelque sorte et le professeur Irvine s'apprêtait à dispenser son premier cours.
Il se leva de sa chaise et fit le tour de son bureau pour accueillir comme il se devait les petits écoliers :

- Bonjour les enfants ! Je vous en prie, asseyez vous !

Les enfants prirent place sur les deux bancs qui encadraient la grande table en admirant la belle décoration de la salle et surtout, la grande cheminée où crépitait un feu qui diffusait une chaleur douce et agréable :

- Voilà ! C'est parfait, nous pouvons commencer ... Je m'appelle Irvine, Célestin Irvine et je serais votre professeur. Je vous remercie d'être venu ... Vous n'êtes pas bien nombreux mais pour une première, c'est déjà pas si mal !

Il déposa un parchemin, un porte plume et un encrier devant chacun des élèves en continuant ses explications :

- Certain d'entre vous me connaisse puisque j'avais déjà eut le privilège de leur donner des cours de manière informelle à la tour de notre bien aimé mage Mithrandir. Ce fut un grand succès !! Grâce à cela, nous avons mon frère et moi, obtenu cette petite salle ainsi que les autorisations pour continuer notre enseignement mais de manière officielle cette fois ...

Une salve d'applaudissement et de ''hourras'' accompagnèrent l'annonce du professeur qui, rieur, leva les bras pour calmer tout se beau monde :

- Chuuuuuuuuuuut !! Chut les enfants !! Nous sommes dans une bibliothèque et beaucoup de gens travaillent ici ... Allons ... évitons de faire trop de bruit pour éviter de déranger nos voisins qui ont l'habitude d'étudier dans le calme et le silence ...

- Bien !! Comme je ne connais pas encore tout le monde, je vous demanderais de bien vouloir remplir le parchemin que je vous ais distribué en y indiquant vos nom, prénom, surnom pourquoi pas, vos âge ainsi qu'un peu de votre histoire ...

Un enfant interrompit le professeur Irvine qui répondit en riant :

- Oui, oui Marach, toi aussi, bien que nous nous connaissions déjà et, par la même occasion, tu aideras ton frère à remplir la sienne ... Toi Kalista, tu aideras la petite fille qui est à côtés de toi et Blandine, tu auras la gentillesse de ramasser les parchemins, merci ... Pendant que vous remplirez vos fiche, je rangerais tout ces livres que mon frère Erestor nous à gentiment récupéré ...
Si vous n'avez pas de questions, vous pouvez commencer ...

C'était la fin de l'automne et bien que ces derniers jours, un franc soleil inondait la fière cité de Minas Tirith, le froid se faisait plus vif de jour en jour.
Marach s'était placé au plus près de la cheminée et il poussa un soupir de contentement alors que la douce chaleur réchauffait ses mains.
Il trouvait très jolie la nouvelle salle de classe et regardais les enfants qui s'étaient présenté. Bien sur, il y avait Bahrin, son frère, Blandine et kalista, ses meilleures amies mais il y en avait quelques uns qu'il ne connaissait pas encore ...
Il empoigna son parchemin, et trempa sa plume dans l'encrier non sans râler un peu en murmurant ...

Pfffffh, une feuille de présentation ... On s'connait depuis un an avec Célestin !! Non mais z'te zure ... Bon ben, si y' a pas l'choix ...




Très content de lui, Marach reposa son porte plume et souffla sur le parchemin pour aider l'encre à sécher puis il s'interessa à son frère puisque le professeur lui avait demandé de l'aider :

- Alors ... Montre Babar !!! Ho regarde !!! t'as déza fait un gros pâté au milieu là ... Pffffffh, va pas être content Célestin ... Heu ... Le professeur Irvine qu'il a dit qu'on devait dire quand on est en classe ...
Donc, tu t'appelles Bahrin ...

Bahrin n'était pas très content de l'aide que lui apportait son grand frère ... Y savait très bien comment il s'appelait et si sa plume coulait, c'était pas sa faute !

Marach ragarda vers Blandine qui se trouvait juste en face de lui et qui était très concentrée sur sa rédaction. il lui donna un petit coup de pied par en dessous de la table avant de lui faire un clin d'oeil et ... Une grimace.
Kalista, de l'autre côté de la table, passait machinalement sa main dans ses longs cheveux noirs avant de remettre le nez dans sa fiche.
Le professeur Irvine en terminait de ranger les livres ...

Annaelle attendait patiemment que Kalista termine sa fiche. Sur la feuille de sa voisine les écritures se mélangeaient en gribouillis in compréhensible pour la petite fille. Elle soupira. Elle aurait tant préféré être dehors pour jouer avec Pépite, mais sa tante Edith l'avait obligé à venir ici. Pour son bien et pour faire plaisir a son papa. Elle caressa machinalement son petit sac.
Kalista releva bientôt la tête, sa feuille barbouillée de lettres. La petite fille tira doucement sur sa manche et murmura:

- Dis tu veux bien m'aider? je sais pas écrire

Annaelle fit une petite moue, contrariée de ne pas savoir faire aussi bien que les autres. Sa voisine trempa consciencieusement sa plume dans l'encrier, et inscrivit méticuleusement sur le parchemin ce que la fillette lui dictait

- Je m'appelle Annaelle, j'ai 6 ans et demi. Papa dis que je suis une grande fille maintenant. Il dit aussi que je suis aussi jolie que maman! Maman elle est morte quand j'étais bébé. Mais Papa a un collier avec son portrait!! Papa il est partie à la guerre.

Elle hésita un peu, visiblement attristé par l'éloignement de son Père, mais son sourire revint en même temps que le petit sac qu'elle tenait tendrement contre elle remua.

- Mais j'ai Pépite pour me faire des câlins. Pépite il est tout doux. Il habite avec moi et Tante Edith. Tante Edith, c'est elle qui m'a fait venir ici. mais je préfère m'amuser avec Pépite.

Elle glissa sa main sans son sac et se tut, laissant Kalista finir d'écrire. Silencieuse, elle attendais sagement que le professeur commence son cours, et ne jetait, en attendant que quelques coups d'œil curieux vers les garçons.

Bahrin serait bientot assez grand pour que ses pieds touchent le sol, en attendant, ils balançaient gaiement sous la chaise. Après avoir émis quelques grognements suite aux remarques de Marach, le pti garçon de tout juste 6 ans tendit la feuille à son frère en lui tirant la langue. Au moins lui il n'avait pas fait de fautes en écrivant son prénom. Enfin, le grand-frère a toujours raison, l'écriture de Bahrin était illisible.

Blandine était triste, il le voyait bien, et il lui sourit pour essayer de la reconforter, mais elle ne le regardait pas. Toujours motivé, Bahrin lui envoya une petite boule de papier sur la tête alors que Marach venait de rammasser sa feuille. Soudain alors que son amie venait se rendre compte quelle venait d'être victime d'un tireur embusqué Bahrin, avec l'air innocent qui lui va si bien observa les autres élève de la classe. Bien sur il y avait Kalista, à côté d'elle un garçon que Bahrin ne connaissait pas. Et,à côté de Blandine il semblait y avoir, oui. Miracle, enfin quelqu'un de son âge!

Kalista Nogard rêvassait devant la feuille de sa petite voisine.
Dès qu'elle était entrée dans la classe, la fille du Capitaine avait tout de suite remarqué qu'elle était la plus âgée des enfants présents. Ce qui ne l'enchantait pas, c'est toujours aux grands qu'on demande de montrer l'exemple.
Il faut le dire, aussi étonnant que sa puisse paraître avec comme père l'homme le plus sévère et tyrannique de la Cité, mais Kalista était une rebelle. Elle préférait lire en cachette le récit de la Guerre de l'Anneau et l'histoire d'Elessar et Arwen plutôt que le déroulement des-très-ennuyants-et-inutiles-troubles-en-Comté-entre-hommes-et-hobbits-de-113 ( à dire d'une seule traite en faisant la grimace). Elle avait aussi essayé la pipe de papa - ce qui l'avait rendu malade pendant deux jours - et elle allait parfois dormir deux heures après que le Capitaine Nogard l'ait envoyée au lit.
Mais plus que tout, ce qui mettrait son "papounet" dans une colère noire si il l'apprenait, c'était qu'elle avait continué à fréquenter ces "gosses insolents" que sont Marach, Bahin et Blandine.

Un regard insistant de monsieur Irvine lui fit prendre conscience qu'à force de rester immobile perdue dans ses pensées, une grosse tache d'encre s'était formée sur la feuille d'Annaelle.
Pourquoi fallait-il que tous les professeurs soient vieux et séniles ? Elle abandonnait son raseur de précepteur particulier, et voilà qu'elle se retrouvait avec un type encore plus âgé.
Evidemment, c'était surtout pour retrouver ses amis qu'elle était venue, mais si elle pouvait tomber sur un enseignant moins embêtant... (pas emmerdant, papa dit que ce n'est pas bien de dire ça)

Elle jeta distraitement un bref coup d'oeil sur sa propre fiche déjà complétée de sa belle écriture, sur le côté.

Citation :

Je m'appelle Kalista Nogard. Mon père c'est le Capitaine, Romuald Nogard. Il a l'air méchant, vous savez, mais en fait, c'est plutôt un gros nounours qui ne mord pas, quand on le connait. J'aurai bientôt 14 ans, et j'ai toujours vécu à Minas Tirith, etc, etc...

Elle devait sans doute avoir laissé quelques fautes sur la feuille, mais comme elle le dit souvent, elle sait très bien où elles sont, mais elle ne corrige pas, ça ferait des ratures et c'est pas beau.

"Oh mince..." fit-elle en avisant la tache sur le parchemin. Elle retourna ce dernier, et continua d'écrire.
"6 ans et demi... grande fille... papa portait..."

Finalement elle reposa la plume et lança un "Voilà, Annaelle." en la gratifiant d'un large sourire pendant qu'elle tendait les deux feuilles à Blandine.

Qu'il était beau se plafond. Les poutres cirées et irrégulières courraient parallèlement d'un mur à l'autre où elles disparaissaient mystérieusement. Etaient-ce vraiment elle qui soutenaient plafond? Etaient-elles assez solides? N'allaient-elles pas à tout moment ployer sous leur propre poids? Et puis non, des gens intelligents avaient du réfléchir pour que tout tienne. Il n'y avait pas de souci à se faire.

Voilà à quoi pensait le jeune Mikhaïl, neuf ans, assis sur le long tabouret, la tête posée sur sa paume gauche ouverte, la main droite sur sa plume toujours dans l'encrier, les yeux levés vers le haut. Une bonne bouille, des joues à croquer, un teint légèrement basané, des grands yeux marrons, des cheveux de jais : toute la fierté de se parents!

Combien d'hommes avait-il fallu pour couper les arbres qui avaient servi à faire ses poutres? Combien pour les façonner? Pour les mettre en place? Et cette difformité, était-ce voulu?

Le menton du garçonnet glissa subitement de sa main, le ramenant aussitôt à son devoir présent : un parchemin blanc, de l'encre et une plume. Il sortit cette dernière du petit récipient et la laissa en suspension au-dessus, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir écrire. Que dire? En fait, il pensait pouvoir raconter sa vie en une seule phrase, mais se doutait bien que le professeur désirait plus que quelques mots. Cherchant des ressources au plus profond de son courage et de son imagination, il retrempa la plume sur laquelle l'encre avait séchée dans l'encrier, et commença :

Je m'appelle Mikhaïl Mikoyan, j'ai neuf ans. J'habite dans le premier niveau de la cité, dans une maison avec mon père et ma mère. Je n'ai pas de frère et de sœur, mais le ventre de maman a grossi beaucoup depuis deux mois... Moi je suis né à Minas Ti...

L'enfant hésita. Il devait toujours réfléchir pour savoir ou mettre le "h" à ce mot compliqué. Au bout de quelques secondes, il se décida.

...Ti Tirhit, mais mes parent ils viennent d'un pays très loin : le Rhûn. Ils m'ont jamais dit pourquoi ils étaient partis, mais en tout cas quand ils me parlent de la ville où ils étaient (Vieille-Tombe je crois), ça me donne envie d'y aller. Quand je serai grand, j'irai vivre là-bas.

Mikhaïl reposa la plume et relut sa petite présentation. Finalement, peut-être que le "h" se mettait autre part? De toute façon, le professeur comprendrait bien. Ce n'était pas pour rien qu'il était si important! C'était ses parents qui avaient voulus qu'il vienne dans cette classe. mais à lui, ça lui était plutôt égal. A force, il finissait par connaitre par cœur les ruelles de son quartier, et ses amis aussi. Alors comme tous connaissaient toutes les cachettes, les parties de cache-cache devenaient ennuyeuses. Mais s'il n'avait pas pu venir ici, ce n'était pas grave. Ses parents étaient de très bons maîtres aussi.

Oui, peut-être que le "h" irait mieux après le "t"...

A proximité une porte s'ouvrit à la volée, et le son du bois frappant contre le mur résonna dans toute la bibliothèque. Ce curieux évènement fut imédiatement suivi par les pas pressés d'un vieil homme.

Erestor jaillit à l'angle d'une étagère remplie de livres plus précieux les uns que les autres. D'un rapide coup d'oeil il obliqua vers son frère et ses jeunes élèves qui pour le coup, avait échappé à sa vue défaillante.

Remettant en place les fragiles lunettes en demi-lune qui tombait sur son nez, le viel historiens brandit un petit livret à Irvine.

"Je le savais!!! Je le savais!!! Valdel a connu ce bougre de Nârwel à Osgiliath! Et pas en temps de guerre. Il connaissait ce maudit Rusk-Îar bien avant de faire parti de l'Armée! RAAAAAH, J'ENRAGE!"

Remarquant l'absence de réaction de la part de son frère, et le regard indicatif qu'il posait sur la multitude de petites mirettes qui fixait Erestor, ce dernier leva enfin la tête et aperçu les enfants, parmis lesquelles il reconnaissait Marach, Blandine et même la fille du Capitaine qui dirigeait la cité. Comment s'appellait t-il déjà, Novard, Norgad un truc comme ça...

"Tu fais cours là?" demanda t-il tout en connaissant la réponse.

Irvine poussa un long soupir en regardant son frère mais il arbora très vite un franc sourire :

- Si je fais cours mon frère ? Je ne vois pas du tout ce qui pourrait te faire dire ça ... Les livres peut être ou ... cette grande table où sont réunis des enfants ... Les plumes et les portes plumes ... Les craies près du mur où j'ai écris mon nom en grosses lettres ... Non ... Je sais, les parchemins !! oui, ce sont certainement les parchemins ...

Puis approchant sa bouche de l'oreille de son frère, il dit à voix basse :

- J'ai toujours été impressionné par ta vivacité d'esprit Erestor !!


Il partit d'un grand rire avant de reprendre son sérieux ...

- Ainsi Valdel connaissait ce Nârwel .... Étaient-ils amis ?? Je ....

Irvine s'interrompit et se saisit du petit tas de parchemin avant de dire :

- Nous allons sortir pour parler de cela mon frère ... mais avant, permet moi de te présenter nos élèves ... Alors :

- Lui c'est Bahrin, que tu connais et son frère Marach ...

Il tendait les parchemins remplis au fur et à mesure :

- Là c'est Blandine et Kalista ... Que tu connais aussi ... Et ici c'est la petite Annaëlle ... Voici sa fiche ... Et ho ho ! Un petit Mikhaïl, d'origine Rhûnienne ... Vieille Tombe ... Vieille Tombe ... Jamais entendu parler ! Mais nul doute que cela dois être une jolie ville, bien que, il faut bien l'avouer, son nom ne soit guère engageant de prime abord ...

Il sourit au dénommé Mikhaïl en passant sa main dans ses cheveux puis il remarqua que le dernier des enfants n'avait pas encore rempli son parchemin. D'ailleurs, il n'avait pas même trempé sa plume dans l'encrier ...

- Les enfants, voulez vous bien aider notre dernier petit invité à faire sa petite fiche ...

- Oui c'est cela, vous êtes gentils ... Merci pour lui ! Mon frère et moi sortons un instant. Soyez sage ...

Erestor se laissa entraîner par son frère derrière une large étagère. Dès qu'ils eurent disparut entre les manuscrits, les murmures amusé des enfants s'élevèrent.

Se tournant vers Irvine, Erestor semblait bouder.

"Tu ne m'avais pas dit que tu ferais cours en classe! Euuh c'était dans la lettre que j'ai pas lut?"

Il sembla que le regard amusé de son petit frère suffit comme réponse.

"Mmmh bon. Tu en profiteras pour demander à Marach son dernier devoir sur "Allée et Retour". Il me semble que la littérature Hobbite est facilement abordable avec les enfants. Du moins, la première partie du livre rouge... Qu'en penses tu?"

Se gratant le bout de sa barbe, le viel historien pensait bien entendu à la seconde partie du Livre Rouge, qui depuis son écriture avait rarement été recopié. Heureusement que le récit avait fait son bout de voyage parmis les conteurs. Mais Erestor et Irvine avait eu le privilège d'accéder à une copie qui était jalousement gardée au coeur de la Bibliothèque Royale. Aaah, ils avaient 20 ans de moins... Et ils n'avaient pas ce foutu journal dans les mains!

"Oui! Nârwel!! Il connaissait Valdel avant l'Armée, ils se sont connus lors de la reconstruction d'Osgiliath. Nârwel venait d'Ithilien avec son père... Apperement, il a épousé une fille d'Osgiliath, ou des environs. Valdel devait sans doute la connaître. Notre pauvre neveu était l'un des meilleurs amis de celui qui a appeller sa mort..."

Kalista Nogard esquissa un petit sourire malicieux en voyant l'échange ironique entre les deux vieillards, deux frères apparement. Mais elle du réprimer un soupir en même temps qu'elle chassait ces pensées :

*J'avais raison, ils sont séniles...*

Dès l'instant d'après, elle, comme tous les autres, se tourna vers leur camarade qui n'avait pas encore rempli sa fiche, et qui semblait manifestement gêné d'être au centre de tous les regards.
Bon est bien personne ne voulait aider notre jeune inconnu ? Kalista fit la grimace, en tant qu'aînée c'était logiquement à elle de le faire. Pas qu'elle fut spécialement ennuyée à l'idée de devoir aider quelqu'un, mais l'irruption du frère de leur professeur avec force cris l'intriguait.

Et Kalista était une jeune fille très, très curieuse. C'était d'ailleurs ce petit défaut qui 'avait poussée à suivre Marach et Bahrin alors que son père le lui avait interdit, et qu'elle avait du faire face aux méchants acolytes de Mazarbul.
Néanmoins, elle prit son mal en patience, consciente que cela ferait très mauvais genre si elle était prise à pesionner dès le premier jour, et se leva jour se diriger vers l'inconnu.

"Tu as du mal à écrire ?" demanda t-elle gentiment. "Je peux t'aider... Comment tu t'appelles ?"

[je remercie le bon professeur qui a bien voulut accepté un retardataire]

Un jeune enfant de quatorze ans (et demie s'il vous plait), mais paressant un peu plus jeune , arriva en trombe dans le couloir juste devant la classe. Il s'arrêta à quelques mètres des deux vieilles personnes, sans les voire, il se pencha, mi ses mains sur les genoux, essoufflé, il se dit à lui même, d'un langage apprit dans les rues de la citée blanche:

-Ah Bordel! Jamais couru aussi vite d'toute ma foutue vie. Même quand ces foutus molosses m'avaient poursuivi, après avoir...

Il laissa sa phrase en suspend quand enfin il remarqua les deux vieillards le regardant d'un regard bizarre. Il passa la main dans son dos, avec un immense sourire gêné :

-Oups! Excusez moi, j'suis Link, un des nouveaux élèves du professeur Irvine... Pitié dîtes moi que je ne suis pas en retard. Si ma mère apprends que je l'ai été, elle m'égorgera.

Un des hommes se présenta en tant que Irvine. Il le rassura en lui disant qu'il n'était pas si en retard que ça, à peine une heure. Link soupçonna que s'était de l'ironie.
Le garçon entra dans la salle de classe, laissant les deux vieux croutons parler de choses de vieux croutons. A son entrée tous les regards se portèrent sur lui.

-Lut tout l'monde, moi c'est Link.

Il s'installa le plus loin possible du tableau, tout au bout de la table. Et se vautra sur quelques feuilles qu'il froissa. Mais il s'en fichait comme de sa première fessée.

-Alors que foutez-vous de beau?

[Eh oui mon Link n'est pas aussi sage que dans ses jeux]

Irvine et Erestor s'étaient lancé dans une conversation passionnée essayant d'établir la profondeur du lien qui unissait Valdel au sergent Rusk-Iâr lorsq'un enfant arriva en trombe dans le couloir et se planta devant eux tout essoufflé. Visiblement, il était en retard et cherchait le professeur Irvine dans toute la bibliothèque ...

Irvine eut à peine le temps de lui répondre qu'il était déjà reparti rejoindre les autres élèves ... Le professeur leva les yeux au ciel en s'adressant à son frère :

- Haaaa, les jeunes ! ... Une heure de retard !!

Puis il eut un petit sourire avant de continuer :

- Je sais ce que tu vas me dire mon frère ! Je suis moi aussi souvent en retard, alors excusons le ... Bien, si nous allions retrouver nos petits chenapans ?

Les deux professeurs reprirent le chemin de la classe ...

L'heure était déjà bien avancée et Irvine eut la satisfaction de constater que les enfants n'avaient pas mis la classe sens dessus dessous ...

- Ha Kalista, tu es une perle !! Je te donne un bon point pour avoir aidé notre petit mystérieux à remplir sa fiche ... Tiens !

Il tendit un carton de couleur jaune à la fillette ...

- Lorsque tu auras trois bon point, tu auras le droit de choisir un de ces livres là haut sur l'étagère ... Et c'est pareil pour vous tous !!!

Les titres des livres n'avait rien d'engageant et les enfants, apercevant les titres des ouvrages, accueillir la nouvelle d'un air plutôt circonspect :



Nul doute que la course au bon point ne serait pas très disputée ...

Il eut beaucoup plus de succès lorsqu'il annonça que c'était temps de faire une pause et que les enfants pouvaient se rendre dans la salle d'à côté où les attendaient un gouter ...

Marach pouffait de rire en voyant Kalista recevoir son bon point. Le petit garçon qu'elle avait aidé n'avait toujours pas dit un mot. Surement qu'il était timide ...
Il s'approcha de Kalista pour lui dire à voix basse :

- Dis donc, bravo !!! Un bon point !!! Tu dois être pressée d'avoir les deux autres pas vrai ?? T'auras un zoli livre ... Heu ... quand tu l'auras, tu me l'prêtes surtout pas hein !!

Il entendit soudain le mot ''Goûter'' et se leva comme si il était assis sur un ressort. Il se précipita vers la porte et sortit ... Il avait une faim de loup ... Avant de revenir l'air penaud ...

- Heu ... Professeur ... L'est où la salle pour gouter paske là, y'a au moins trente porte dans le couloir ...

Le professeur indiqua la bonne porte au jeune garçon en donnant les consignes d'usages qui se résumaient en un seul mot : SILENCE ...

Marach cheminait dans le couloir à côté du petit Mikhaïl :

- Hé, vieille tombe, c'est quand même un nom bizarre pour un villaze ... T'es sur que c'est pas un cimetière ???

Puis se tournant vers Bahrin :

- T'habiterais un endroit qui s'nommerait Vieille tombe toi Bahrin ?? Brrrrrrrrh ça doit être vachement lugubre comme truc !! Moi z'aurais peur ... Vielle tombe ... Non mais z'te zure !!! Pourquoi pas ''Pierre tombale'' ou tiens : ''Cadavre'' tant qu'on y est ...

Les enfant arrivaient en vue de la porte indiquée par le professeur ...

Annaëlle fit une jolie petite grimace à l'idée que ses bons points lui vaudraient un de ces livres poussiéreux dont elle ne comprenait même pas les titres. Elle se retint de justesse de tirer la langue , de peur de se faire disputer par le professeur. Par chance, l'arrivée propice du gouter lui fit oublier momentanément le tas de parchemins recouverts de gribouillis illisibles.

Le gouter étalé sur une large table, dévoilait ses pains tartinés de confitures aux fraises ou abricots ainsi que des verres de lait bien remplis. La petite fille en eu l'eau à la bouche et sans demander son reste s'assit rapidement sur les bancs. Le petit garçon la bouscula légèrement en s'installant à son tour, mais elle n'y fit pas attention, occupée à dévorer sa tartine. Ses doigts collaient, et le pourtour de sa bouche avait inévitablement viré au rouge. Tout était délicieux. Même le lait qu'elle avalait à petites gorgées.
Soudain son sac remua faiblement, et un miaulement plaintif étouffé se fit entendre.
Pépite par l'odeur alléché, sauta maladroitement hors des bras de la fillette, renversant allègrement son verre de lait. Le liquide se répandit sur la table, et le chaton s'empressa de le lécher du bout de sa petite langue rose.
Annaëlle venait de virer au rouge, Bahrin et Marach riaient. Mais Pépite vexé d'être rester autant de temps enfermé décida qu'il était temps pour lui de jouer.Sautant de part et d'autre, échappant à sa maitresse qui tentait vainement de l'attraper, il dérapa et fit choir une statuette d'une étagère. Elle se fracassa sur les dalles dans un tintement sinistre.

Mikhaïl, ses quelques lignes de présentation écrites, avait reposé son menton sur sa paume, et s'était repris à rêver, les yeux résolument fixés dur la tranche abimée d'un volume. De quoi pouvait-il bien parler? Que pouvaient bien vouloir dire les étranges caractères à moitié effacés qui formaient ce qui devait être le titre de l'ouvrage. Une langue inconnue. Ca devait sûrement parler d'un pays très loin. Un pays très loin... le Harad peut-être? Il connaissait ce pays de ce qu'on lui avait raconté : d'après un vieux monsieur qui passait souvent chez lui, ça se résumait à "du sable, du sable et... des dunes". Des dunes... Qu'est ce que c'était déjà? Peut-être un autre mot pour "sable"? Il avait une amie qui s'appelait "Dune". Mais ça n'avait sûrement rien à voir. En tout cas, il l'aimait bien, elle était pas comme toutes les autres qui pensent qu'à jouer ou qui se moquent tout le temps de garçons et puis qui s'enfuient quand il s'approchent. Non, elle, elle était calme, ne disait pas de choses idiotes. Et elle ne parlait pas tout le temps non plus, le silence ne la gênait pas. Parfois, ils restaient tous les deux assis sur les remparts, sans rien dire, à regarder. Les autres disaient qu'ils étaient amoureux, Mikhaïl s'en fichait bien, ne sachant pas vraiment ce que ça voulait dire. Les adultes aussi disaient ça. De toute façon ils disaient beaucoup de choses les adultes, et la plupart du temps le jeune garçon ne comprenait pas, même en essayant, tant il y avait de mots compliqués. Parfois, le petit Rhûnien aurait bien aimé...

...goûter.

Vraiment? Etonné, Mikhaïl regarda autour de lui, hagard. Ce mot lui était-il destiné, achevant sa phrase informulée. Mais voyant que tous ses compagnons quittaient la pièce avec précipitation, il comprit qu'il en était tout autrement. Il se retourna et partit à la suite du groupe., sans manquer de remarquer que les signes cabalistiques sur la tranche du livre qui avait monopolisé son attention étaient en fait des chiffre. Et tout petit, en bas, on pouvait lire dans des caractères qui avaient autrefois du briller : Livre de comptes.

Des comptes... il connaissait bien les contes auxquels il avait droit chaque fois le soir avant de dormir... Mais étaient-ce les mêmes? Il avait également souvenir des comtes dans les châteaux froids et sombres. Ca aurait pu correspondre. Peut-être un livre de gé...né...alogie (oui, c'était bien ce mot). C'était l'un des rares mots compliqués qu'il connaissait, et il en faisait toute sa fierté. Un autre qu'il appréciait particulièrement, l'ayant entendu une fois, mais sans en comprendre le sens : hypocondriaque. Ca sonnait bien à l'oreille. Déjà le garçonnet imaginait des figures compliquées sur des livres d'algèbre ou de science. Il n'avait aucun désir d'en savoir plus.

-...cimetière?

Une fois de plus il fut ramené à la réalité, trop brusquement, d'après ses yeux perdus. Mais la deuxième réplique de l'enfant dont il ignorait le nom lui fit comprendre ce qu'il avait tantôt manqué. Malgré la grossierté de Marach pour les choses dont il ne savait rien et l'attachement de Mikhaïl à cette ville qu'il ne connaissait après tout que par les récits de ses parents, il se contenta de hausser les épaules :

C'est un nom comme un autre, moi il me plait. Et toi elle s'appelle comment la ville ou t'habites?

Une ombre passa sur le visage de Marach et son petit sourire malicieux s'effaça d'un coup à la question du garçon. Il poussa un long soupir avant de dire tout doucement d'un air triste :

- Habitais ... Le villaze où z'habitais ... Aucune importance ... Il existe plus t'façon ...

Puis il tendit sa main au garçon en indiquant :

- Z'm'appelle Marach de ... De ... De Minas Tirith. Et Toi ? ... Tu viens avec nous, y reste de la place au bout de la table ? ...

Il empoigna la main de son petit frère pour le diriger vers son grand bol de lait puis il tenta de chasser les souvenirs de Greenstock dans la grande tartine de beurre qu'il s'était servi. Plus personne ne disait mot. Les autres étaient affairés sur leur bol de lait et le silence le replongea dans son soudain marasme.
Il regardait par la fenêtre et se revoyait, trois ans plus tôt écosser des petits pois avec sa maman ... Elle portait un petit tablier de flanelle beige et bleu. C'était son préféré. Il voyait ses longs doigts blancs et délicats retirer la petite tige avant d'ouvrir la cosse, laissant apparaître une ligne de petites boules vertes qu'elle faisait doucement glisser dans la grande bassine.
Elle lui souriait tendrement quand il venait l'aider et, elle riait franchement lorsque maladroitement, une cosse lui échappait et que son précieux contenu s'en allait rouler sur le plancher de bois.

- Ne t'inquiète pas Marach, Ceux là seront pour les poils de mon balai ...

Quand le paquet était terminé, elle se levait en se tenant le bas du dos et il se précipitait pour l'aider à se redresser puis tout deux portaient la bassine remplie à ras bord dans la pièce d'à côté, là où les petits pois seraient conservés. Sa maman allait alors dans une petite armoire, empoignait une boite en fer et sortait un gateau pour le remercier et le récompenser ...

Marach ferma les yeux un instant et les rouvrit pour s'adresser à Bahrin :

- Tu sais combien zé horreur des p'tits pois hein Babar ? ... Mais là, z'donnerais n'importe quoi pour en manzé une grosse gamelle ...

Bahrin le regarda sans comprendre ... C'était l'heure du gouter, pourquoi parler de petits pois ?

Soudain, Marach vit une forme sortir de dessous la table, bondir vers lui, avant de disparaitre aussi vite dans le sens inverse pour finalement aller renverser un truc sur l'étagère d'en face.
Le garçonnet regardait les morceaux de poterie qui s'étaient éparpillés un peu partout en s'écriant :

- Houlalalalalala, z'crois bien qu'on va s'faire enguirlander par le professeur Irvine nous z'autre ...

Il regardait Kalista, elle était la plus grande. Surement qu'elle allait trouver un truc pour les sortir du pétrin ...

Kalista Nogard esquissa à Marach un de ces sourires insolents qui étaient sans doute la seule chose capable de désarmer son père, le sinistre Capitaine Nogard.

"Mais ça peut être marrant d'avoir un de ces livres... Je suis certain que le professeur Irvine m'encouragerait à te faire faire des dictées de trois pages au moins..."

S'amusant du regard dégoûté du jeune garçon, elle suivi les autres dans la salle de goûter, où ils avaient commencé à débattre du nom de la ville d'origine du petit Mikhaïl.
Cest vrai que c'est sinistre, comme nom, se dit Kalista, mais au moins c'est autre part que Minas Tirith. C'est vrai quoi ! Elle était née à Minas Tirith, elle avait grandit à Minas Tirith, et elle n'avait pour ainsi dire jamais vu que Minas Tirith.
C'est vrai que ce n'était pas mal comme ville, bien sûr, mais à part avoir été deux fois jusqu'à Lossarnach, la fille du capitaine n'avait jamais quitté la Cité Blanche...

Elle allait répondre quand un grand fracas retentit et hop, une statuette de potterie en milles morceaux.
Et elle voyait déjà le regard suppliant de Marach, qui compterait sur elle pour arranger ça, immanquablement, parce qu'elle était la plus grande... Pff, c'est pas juste. Aider les plus petits à écrire, d'accord, mais réparer les pots cassés -ou les statuettes en l'occurence - ça, ça commençait à faire beaucoup...

"Dis Marach, commença t-elle d'une voix peu assurée. Le prof Irvine, il est vieux et...très vieux, non ? Donc, euh, il se souvient pas forcément des vieilleries qui traînent, non ? Si on nettoyait, peut-être qu'il remarquerait rien..."

Bahrin ne comprenait plus grand chose. A vrai dire comme Mikhaïl il avait la tête particulièrement en l'air. Les étagères étaient tellements haute dans cet endroit...

Et quand son grand-frère se mit à débattre des petit pois, ça ne l'aida pas beaucoup. Mais le meilleur était à venir. Un monstre tout velu avait sauté sur Marach avant de s'envoler pour renverser toute une commode. Et ça c'était poîlant. Mais Marach n'avait pas vraiment envire de rire.

"Marach j'parie que t'as trop eu la trouille! Hé"

Disant celà Bahrin se pencha pour regarder sous la commode, derrière lui Annaëlle l'aidait à traquer le maléfique monstre que Bahrin attraperait pour sauver tout le monde.

Deux grand yeux jaunes brillaient sous la commode. Et quand il disparurent, le jeune garçon se retrouva, il ne sut comment, sur le dos. Il sentit les griffes du prédateur s'enfoncer à demi dans sa peau. Son armure de velours que lui avait donné Amandil à la tour le protégeait encore. Mais c'était la fin, avant de sauter à la gorge du Chevalier Bahrin, l'immense félin émit un long ronronement.

Une langue râpeuse goûta le menton du petit garçon, qui était la risée de tout ces amis. Le rire jaune il se releva en tendan, à bout de bras, son chat à Annaëlle.

Son regard devait éviter à tout prix celui de son grand frère. Bah oui, à six ans, on a sa fierté.

"Pffff je savais qu'c'était un chat. Même pas peur."

Des dizaines de morceaux de poteries étaient éparpillés sur le plancher ciré de la salle de la bibliothèque. Par chance, aucune grande personne n'était encore entré dans la salle du goûter et les enfants se regardaient ne sachant trop que faire.
Bahrin avait réussi à attraper Pépite, le chat d'Annaëlle enfin, à vrai dire, on ne savait pas trop qui avait attrapé l'autre ...
Puis, tout les regards s'étaient lentement tournés vers Kalista et le rictus affolé qu'affichait Marach s'effaça d'un coup. Il était sur qu'elle aurait une bonne idée ...
Quand elle lui eut fait sa proposition, Marach répondit :

- C'est vrai ça, y'en à plein des statues t'façon !! Une de plus ou une de moins hein ! ... Célestin ... heu fin, le professeur Irvine, y s'en rendra surement pas compte ... Haaaaa Kalista !...

Il empoigna Kalista et lui fit un gros bisou sonore sur la joue :

- ... T'es une chef !!!!!

Puis il se mit à quatre pattes pour rassembler les morceaux de la statuette :

- Hey, vous zautr' V'nez nous aider siou plait !! Allez, Link, Bahrin et les autres ... Tiens Mikhaïl, y'a un gros morceau juste à tes pieds ... et là aussi, cuila, qu'a glissé jusqu'à la porte, tu veux bien t'en occuper Blandine ?

Marach avait déjà réuni plusieurs fragments lorsqu'il remarqua quelque chose qui dépassait d'un gros morceau que Kalista avait dans sa main :

- Hé Kali' ! T'as vu ça ??? Y'a un truc là ... Non pas là ... Là ! ... Dans le gros bout qu'on dirait la zambe ... Qu'est ce que c'est ?

Mikhaïl en était à sa son premier quart de la deuxième moitié de sa première tartine. Ou, pour lui, à la première bouchée après les quatre première. C'était toujours de cette manière qu'il mangeait les tartines. Ses préférées, c'était beurre et miel. Bien sûr, il n'avait pas tous les jours l'occasion d'en manger, ses parents ne le voulaient pas. Il avait droit à une tartine beurre miel une fois par semaine le dimanche au matin, et il la savourait bien! Tout cela pour dire qu'aujourd'hui, où il avait droit à une deuxième tartine beurre miel, il était plus que content. Impossible de le voir sur son visage, mais quiconque le connaissait l'aurait tout de suite vu : il mangeait certes lentement, mais sans s'interrompre. Si par exemple il manquait un des deux ingrédients, les enfants l'auraient vu les yeux fixés dans le vague, la tartine oubliée dans les mains.

Ainsi, lorsque Marach lui demanda de ramasser le morceau de statuette (est-il utile de préciser que, captivé par sa tartine, il n'avait rien remarqué du petit drame?), il ne s'en aperçut que car son nom fut prononcé. Il regarda pensivement l'éclat de poterie à ses pieds, puis détourna les yeux pour finir tranquillement ses trois derniers quarts de la deuxième moitié de sa première tartine. Lorsque enfin sa besogne fut finie, la demande de Marach avait disparu de ses pensées.

C'est à cet instant seulement qu'il remarqua le chat sur les genoux de Annaëlle et comprit la raison du remue-ménage de tantôt. Il aimait beaucoup les chats. Celui-là était n'était pas le plus beau qu'il eût jamais vu, mais comme il semblait ne demander qu'à être caressé, il plut tout de suite au petit Rhûnien. Il se leva de son tabouret et s'approcha de la fillette. Il passa sa petite main entre les deux oreilles du félin qui eut un mouvement de recul qui se mua en un ronronnement de plaisir lorsque Mikhaïl le gratta sous le museau. Il avait remarqué qu'en général, les chats aimaient beaucoup cela. D'une voix innocente, il questionna :

Comment il s'appelle?

Hirlon était resté tout discret au bout de la table le plus loin possible d'Irvine et son frère. Il faut dire qu'Hirlon n'avait que sept ans et qu'il avait peur de la plus part des étranger de part sa timidité et aussi de part la mort de son père...
Il prit un bout de parchemin et commença à écrire avec une main tremblante.

Citation :

J'm'appel Hirlon. J'ai cinq ans et jsuis né dans le bas de la cité. Je suis timide, j'aime pa les nouveaux. On me surnome Hirl, moi sa m'dérange pas. Mon père est mort, y a vingt et deux jour. Il me manque et c'est pourr ça que je suis issi. Ma maman veu ke je me change lé idées et que je panse à otre chose.
Moi j'adore les paticerie, c'est bon et en plusse sa cole. Qant jserai gran, je serai un grand chavlier qui sera aimé par tout le monde. Mais en atendan je doi travaillé car ma maman di qu'u chvalier doi apprendre plein de truc. Mais jl'a croit pas. Pi voilà, je sai plu koi dire.
Ha oui, j'si un grend reiveure

Hirlon, une fois son parchemin remplit posa sa plume et regarda ses mains. Il fut très content car il n'avait fait qu'un deux tâches sa main et que son veston était toujours propre. Sa maman sera fier de lui ce soir. Hirlon balaya la pièce de ses petits yeux noisettes, ils s'arrêtèrent sur le feu qui brûlait avec gaieté et on pouvait entendre ses crépitement à condition de tendre l'oreille. Hirlon resta fixé sur l'âtre qui le fascinait. Il avait déjà vu des flammes, mais des comme ça jamais ou du moins c'est ce qui semblait au jeune enfant. Dans ces yeux pépiaient de bonheur, pour un peu il rirait. Il voyait dans ce feu un bal ou les danseurs se balançaient s'envolaient et disparaissaient pour réapparaître ailleurs. Ce fut le mot goûté qui le fit revenir à la réalité.
Hirlon sortit une tartine de sa poche, c'était à la confiture de fraise, sa préférée.Ila avait le droit à cette confiture tout les goûtés, ça lui redonnait courage et à ne pas trop penser à son papa. Il morda dedans à belle dent et avala presque tout rond sa premier bouchée. C'est là qu'il entendit un bruit, il se retourna et vit que les autres enfants avaient cassés une assiette ou un truc du genre. Il se dit que c'était vraiment maladroit de leur part et reprit une grosse bouche de sa tartine qu'il mâcha cette fois tout en posant le reste de son goûté sur la table et se leva pour aller aider les autres enfants à ramasser les débris de porcelaines. Il demanda à Marachd ont une ignorait encore le nom:

-C'est koi ton nom? Moi c'est Hirlon.

Tout en parlant, il s'était baissé et avait prit un bout de verre. Il ajouta:

-On va planqué ou lé bou d'verre?

Hrp je m'inscuste, j'espère ne pas avoir dit n'importe quoi^^Hrp

Kalista s'était aussitôt penchée pour ramasser les morceaux les plus près d'elle, tout en cherchant une solution pour les plus peits débris qu'ils auraient bien du mal à attrapper. Mais la solution était toute simple, il suffirait de les pousser en-dessous de l'étagère la plus basse et le tour serait joué.
Elle sursauta presque juste après qu'elle ait ramassé la jambe de l'infortunée statue qui avait fini là sa carrière, quand Marach là héla.

Kalista jeta immédiatement un coup d'oeil et, en effet, décela une sorte de rouleau à l'intérieur de la poterie, qui était creuse.

"Hé, qu'est-ce que c'est ?" dit-elle plus pour elle-même que pour les autres. "Oh, mais c'est un parchemin !"

Elle déroula la vieux papier froissé.



"Où pour l'éternité fane la bouquet de rose.. Entre les doigts de la mort le grimoire repose.. Sur ses pages jaunies par les années qui passent, renaît l'ordre secret qui jamais ne trépasse.. Trouve parmi les pierres une dalle de nacre, réunis les reliques et pur sera le sacre... Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?"

Annaëlle n’en menait pas large, ses joues empourprées de honte. Elle sauta à la suite de Pépite aidée par Bahrin pour rattraper le petit monstre à quatre pattes, qui se faufilait en douce sous les meubles. La capture ne fut pas aisée, le chaton estimant qu’il avait suffisamment dormi et patienté dans le sac de la fillette, et qu’il était grand temps de se dégourdir les coussinets. Finalement, suite à une attaque de câlins ayant pour objectif le pauvre Bahrin, il fut bel et bien prit, rendu prestement à sa maitresse, qui pour remercier son « héro » appliqua un bisou sur sa joue.

Annaëlle s’assit de nouveau, tenant bien l’affreux pour qu’il ne se sauve de nouveau en faisant d’autres bêtises. Les morceaux de la statuette gisaient sur le sol mais les plus grands s’affairaient déjà à tout ramasser, si bien qu’elle préféra rester assise à caresser Pépite.

-Comment il s'appelle?

-Il s’appelle Pépite. C’est papa qui me l’a donné. Tu veux le porter ?

Sans attendre la réponse de Mikhail, elle lui glissa dans les bras la petite boule de poils rousse tigrée. Tout en continuant de parler au garçon, de la vie passionnante et surtout des nombreuses betises de son petit compagnon, elle le gratouillait vers les oreilles, lui arrachant des ronrons de plaisir. Aussi n'écouta t elle que d'une oreille les paroles de Kalista qui s'etonnait sur un parchemin.