Une intervention radicale

C'était une bâtisse délabrée dans laquelle personne n'aurait voulu habiter, sauf eux. Eux, c'était des bandits. Des malfrats qui n'étaient pas gênés par les murs fissurés ni par le toit dont il manquait plusieurs tuiles. Il n'avait que faire du fait que les fenêtres soient brisées, car ils les avaient condamnées avec des planches, pour éviter qu'on puisse voir à l'intérieur de leur planque. Et si ni la porte avant donnant sur la rue ni la porte arrière donnant sur la cour ne fermaient pas, ils n'en avaient que faire, car en ces temps troublés, la milice était trop occupées, les malfrats pouvaient se balader ouvertement, ou presque, et ils ne craignaient pas les voleurs : les méchants c'étaient eux.

Ils étaient tous réunis là, ce jour-ci. Ils étaient là tous les six. Six malfrats d'une bande bien organisée qui s'était déjà fait une jolie fortune aux dépens des commerçants et des riches bourgeois de la Cité. Ils venaient à l'instant de réussir un gros coup qui leur avait rapporté un joli pactole. Mais la mécanique n'était pas si bien huilée que ça. Un gros moustachu et un petit teigneux étaient en pleine crise de bec, pas d'accord s'il fallait oui ou non tuer ce milicien qui avait mis lesp ieds au mauvais endroit.

Soudain, tous s'arrêtèrent. On venait de frapper à la porte. Tous les six se levèrent comme un seul homme, et déjà ils avaient leurs armes en main.

"Ca ne peut pas être la milice, ils ne se donneraient pas la peine de frapper." souffla le gros moustachu, un poignard à la main. "J'vais voir, tenez vous prêts..."

Le bandit ouvrit violemment la porte pour demander immédiatement qui c'était dans un aboiement. Il se trouvait nez à nez avec un seul homme. Ouf, pas de milice, se dit-il. Mais ce n'était pas mieux. Car l'homme était grand et droit, si son crâne était un peu dégarni, il avait un visage sévère et ses yeux brillaient d'un feu comme on n'en voit plus de nos jours.


"Bandits !" fit Warin, car c'était lui, "Votre présence souille la Cité Blanche. Vos actes malsains nous insultent. Pour cela vous allez être punis. Et je ne connais qu'une seule sentence : la mort."

Malgré que Warin ait saisit une lourde épée batârde, la gros moustachu ricana. Ses compères étaient peu être moins bien armés, mais ils étaient six en tout. Mais ses compères ne riaient pas, eux. La porte de derrière avait été défoncée. Des hommes en arme vêtus de pourpre et d'or entraient, brandissant des épées aussi mençantes que celle de leur chef.

Le lendemain, un passant, entraîné là par son chien, lui même attiré par l'odeur de sang, trouva six corps, et leur tête un peu plus loin.

#Warin