Une expédition pour Esgaroth

Fréor secoua la tête de droite à gauche et de gauche à droite lorsqu'il entendit derrière les portes qu'ils venaient de passer, encore entrouvertes, des bruits et des cris. Il n'était en effet point besoin d'être devin pour avoir la certitude que Bèledin était la source de cette rixe.

Le membre de la Croix-de-Fer se retourna et fit quelques pas vers en direction de l'ouverture. Il ne souriait plus. Ce fut en langage commun et avec une certaine fermeté qu'il s'exprima en contemplant le Nain à terre:

- Tâchez de vous tenir correctement dans le Royaume que nous traversons, Bèledin, et cessez vos provocations: elles ne servent à rien sinon à faire empirer notre situation. Vous n'avez aucune raison de montrer tant d'animosité envers les habitants de ce pays. Alors venez avec nous ou retournez à la charrette, mais n'ouvrez plus la bouche.

Cette petite réprimande était surtout destinée à montrer que les autres membres du groupe ne cautionnaient pas les actes de Bèledin. Car une mauvaise image donnée maintenant pourrait se révéler désastreuse pour la décision du Seigneur Angrod.

Pourtant, Fréor parlerait à son compagnon une fois qu'ils seraient sortis de cette forêt. Il savait que Bèledin n'était pas réellement mauvais, simplement impulsif et un tantinet vulgaire, mais il faut dire que les heures de marches endurées dans la forêt obscure rendaient les nerfs un peu moins forts. La seule chose positive se trouvait dans la situation géographique du Palais des Elfes: il se trouvait au Nord-Est de Mirkwood, donc assez proche du mont Solitaire et d'Esgaroth. Si la décision des oreilles-pointues se révélait favorable, leur voyage tirerait à sa fin; mais cela n'était pas encore gagné...

Les couloirs et les escaliers défilaient tandis que le groupe s'enfonçait de plus en plus dans les dédales de l'édifice. Se trouvaient-ils légèrement sous terre ou bien au-dessus du niveau du sol, les deux jumeaux n'auraient su le dire... mais dans ce labyrinthe, il semblait impossible de s'échapper sans aide ni autorisation.

- Combien leur seigneur les a-t-il payé pour vivre dans pareil lieu? glissa discrètement Frehïn à son frère. Maintenant je commence vraiment à regretter notre bon Khazad-dûm.

Pourtant, le palais était plutôt beau. Des statues ornaient les salles qu'ils traversaient et les corridors qu'ils empruntaient. Des arbres semblaient pousser, par quelques magie ou un art inconnu des Nains, à l'intérieur de ce palais semi-souterrain. Des torches et des chandelles donnaient une ambiance aussi chaleureuse que le permettait la situation.

Les compagnons arrivèrent enfin devant de lourdes portes de bois ornées de splendides sculptures: elles représentaient deux hêtres, un sur chaque battant, et dont les branches se rejoignaient à hauteur de tête - d'Elfe. Elles s'ouvrirent, bien qu'aucun portier ne fut visible.

La salle était circulaire et moyennement spacieuses, mais richement décorée. Angrod était assis sur son trône, droit, fier, Seigneur des Elfes et de la Forêt.


"Bienvenue dans le Palais de Vert-Bois-le-Grand. Ou plutôt serez-vous bienvenus si la raison de votre venue me semble digne, étrangers et vagabonds qui empruntez les sentiers sans autorisation."

Son ton était froid, hautain, et mystérieux tout comme l'ensemble de cette terrible forêt.

#Angrod

Lorsque les paroles de Sirion furent achevées, celui-ci lança un regard discret vers Bèledin. Le sournois avait bien compris qu'il fallait qu'il se calme, s'il ne voulait pas qu'ils aient tous des problèmes. Bèledin marmonna alors une phrase dans sa barbe :

* Pff... quelle bande de cons ces nabots d'elfes. On doit être obliger de se prosterner et de leur baiser les pieds pour être en paix... Il veulent pas 10000£ et une bière tant qu'ils y sont ? Bah voyons... Maintenant va falloir que je m'excuse auprès de ces tapettes... Ils peuvent toujours rêver ! Non mais oh ! Un nain soumis à des elfes débiles ?! Çà n'existera jamais... *

Bèledin couru se placer aux côtés de ses compagnons, et regardait le seigneur Angrod dans les yeux. On aurait que ce seigneur attendait que le nain parle, mais il ne se passa rien...
Bèledin se garda alors d'insulter de tous les noms, et de brutaliser cet individu, par respect pour ses amis. Il les retardait, les empêchait de continuer leur route, et lança des regard provoquant au nain, qu'il semblait de pas apprécier (cela était réciproque bien évidemment).
La respiration de Bèledin devenait de plus en plus forte et bruyante, il arrivait à ce contrôler, mais si le seigneur continuait à le regarder ainsi, il aurait surement explosé...

- Avez-vous toujours pour habitude, mon seigneur, de traiter vos alliés de guerre ainsi ? De les provoquer, et de les retarder dans leurs affaires ?! Êtes-vous aussi bon qu'on l'entend dans toute la terre du milieu ? (Bèledin essayer de le convaincre d'être bon, et de les laisser continuer leur route) Ou aimez-vous juste prendre de haut les personnes plus faibles, plus petites et les embêter ?!

Le nain avait prononcé ces paroles avec une semblable provocation que celle du seigneur Angrod. Avec un air fier, il jouait le même jeu que cet elfe...

La situation pouvait dégénérer à tout moment, Sirion le savait : ce nain pouvait tout faire rater. Au mieux, les elfes les renverraient à l'Est, au pire ils seraient enfermés dans des cachots, il ne pouvait en être ainsi. Le Fantôme s'approcha de Beledin, s'agenouilla devant lui de sorte qu'il soit sur la trajectoire du regard d'Angrod. Il parla alors à voix basse au Naugrim Beledin :

- Tu commences à m'agacer toi. Si tu continues à parler, c'est la fin de notre aventure que tu auras gagner ! Calme toi ou je te ferai passer l'envie d'ouvrir la bouche une nouvelle fois compris ?! Je n'ai rien contre toi mais là c'est ta mission comme la mienne que tu mets en péril. Et puis si ça te gêne de devoir implorer ces elfes, tu n'as qu'à retourner dans tes mines lugubres !

Se relevant et se retournant vers Angrod, le mercenaire prit un visage amical et sourit du mieux qu'il put.

- Il est encore perturbé, n'écoutez pas ses paroles, il divague. Quoiqu'il en soit, nous attendons votre décision quelle qu'elle soit.

Sirion avait été dur avec Beledin mais il avait fait ça pour le bien de sa compagnie...

Le Seigneur de Mirkwood observa la réaction de Bèledin de ses yeux froids, gris et profonds. Il ne parla pas durant quelques minutes, ne répondant pas aux provocations, ne souhaitant pas s'abaisser au niveau de ce nain irréfléchi, essayant simplement de jauger son vis-à-vis afin de savoir s'il était vraiment mauvais, vraiment ivre, ou bien s'il portait simplement l'habituelle haine des Naugrim envers les Elfes...

Le reste du groupe semblait lui en vouloir d'avoir prononcé ces phrases peu courtoises, voilà qui plaisait à Angrod. Il reprit enfin la parole, et sa voix résonna dans la salle sonore et circulaire:

"Soit, maître Nain, si vous souhaiter aggraver davantage votre cas, continuez donc de lancer vos railleries et vos sous-entendus. Sachez que si tous ici avaient le même tempérament que vous, votre groupe se trouverait déjà enfermé dans mes cachots les plus profonds et les plus sombres. Mais fort heureusement pour vous, ce n'est point le cas. Nous verrons donc ce que nous ferons de votre personne, mais plus tard... pour l'instant, j'ai d'autres questions en tête et d'autres choses à décider."

Il marqua une pause, toisant les autres étrangers du regards, et notamment Sirion. Si la chose était possible, un très léger sourire se dessina sur ses lèvres, avant de disparaître.

"Vous traversez mon Royaume afin d'atteindre Esgaroth, fit-il à l'attention de tout le groupe, mais vous passez habilement sous silence les raisons de votre voyage. Parlez-moi de vos buts, et j'espère qu'ils sont louables. Je jugerai alors par moi-même de la suite à donner aux évènements."

Fréor s'avança alors d'un pas, et parla d'une voix nette et articulée:

- Moi et mon compagnon Bèledin recherchons un voleur qui se serait échappé de la Moria en direction du Nord-Est, et nous pensons qu'il se cache ou se cachera prochainement dans la Ville du Lac. je vous prie d'excuser, Seigneur Angrod, la conduite de mon camarade, mais il n'est pas mauvais... simplement impulsif. Je me porte garant de lui. Voilà, à présent, d'autres vont prendre la parole pour expliquer leurs desseins, qui ne me concernent pas directement, et vous prendrez ensuite la décision qu'il vous plaira de prendre.

Et de reculer d'un pas, se replaçant au niveau de Sirion, de Bèledin et des jumeaux. Kivan, lui, restait silencieux: après tout, ce n'était pas sa quête, il était juste là pour aider... et pour renflouer ses caisses.

Lorsque le seigneur de ces lieux posa cette question, il s'empressa de répondre après Fréor :

- Et pour nos autres compagnons mon très cher seigneur adoré, … Quoi ? Je ne dois pas vous appeler ainsi ? Alors mon grand seigneur des nabots tireurs de flèches, d'après ce que je sais, ils nous accompagnent à Esgaroth pour mettre fin aux jours du comte de la cité, ainsi qu'à un de ces amis. Enfin bon, ce n'est pas nos affaires... Ni les votre d'ailleurs ! Et quoi qu'il arrive mon seigneur, vous nous laisserez passer... A moins que nous mettre dans un cachot, faire le beau devant nous, et nous humilier vous fasse tant plaisir... Et par pitié cher seigneur, enlevez ce sourire sournois et ce regard provoquant de votre visage ! Nous sommes des nain de Cavenain, je ne sais pas si vous le savez... Vous nous devez un minimum de respect !

Après que Bèledin eut achevé ces paroles, il sentait qu'il avait un peu trop parlé pour le moment. Et soudain le seigneur de Mirkwood grimaça avec un air de dégout envers le nain. Il ne semblait point apprécier les paroles qu'il venait d'entendre... Et là, Bèledin eut peur pour lui et ses compagnons...
Il avait envie de remettre cet elfe à sa place, mais ses compagnons le regardèrent méchamment et l'elfe fit de même. Il ne savait pas du tout s'il devait s'excuser auprès du seigneur ( Hein ??! Non, jamais...) et prendre sur lui, se taire et laisser ses compagnons gérer l'affaire, ou se faire respecter en regardant droit dans les yeux Angrod et respecter la race des nains (bafouée...) mais perdre , surement, l'estime de ces amis (qui lui importait tant...) et peut être la liberté avec.

Fréor leva les yeux au plafond lorsqu'il entendit le discours enflammé de Bèledin. Ce Nain-là n'allait-il jamais se taire, n'allait-il jamais comprendre qu'ils avaient une mission à mener à bien? Il semblait que non; des choses devaient être mises au clair...

- Qu'est-ce qui vous importe plus, Bèledin? lui murmura Fréor. D'avoir le dernier mot avec le Seigneur de Mirkwood ou de retrouver la Hache et d'avoir la reconnaissance de Hadhod Croix-de-Fer. Je ne vous impose rien, mais choisissez vite. Dans le cas contraire, si vous ne pouvez pas tenir votre langue, vous retournerez, au mieux, à la taverne de Khazad-dûm avec votre chien, pour le restant de vos jours... et au pire, dans une cellule de ce palais...

"J'en ai assez entendu, coupa Angrod. Peu m'importe à présent de votre sort, Bèledin le Discourtois. Vous avez toutefois de la chance d'avoir un ami si dévoué à votre cause. Je ne vous aurait toutefois pas enfermé dans une de mes prisons, j'ai mieux à faire que cela. Partez maintenant, partez de cette forêt, je vous autorise le passage vers l'Est, à vous et à tout votre convoi. Adieu."

Un garde vêtu d'une grande cape bleu nuit et de vêtements bleu clairs ornés de dorure, resta aux côtés d'Angrod. Les autres raccompagnèrent le groupe vers l'extérieur, et ils retrouvèrent enfin un air un peu plus frais. Les deux jumeaux n'en revenaient toujours pas: ils s'étaient attendus à devoir se perdre en débats et en discussions pour pouvoir traverser a forêt, alors que quelques minutes avaient suffit.

- Trop facile... murmura Frehïn. Cela cache quelque chose.

Mais en vérité, il ne se passa rien d'anormal durant toute cette journée. Les gardes qui les escortaient devenaient plus clairsemés au fur et à mesure de l'avancée vers la lisière orientale. Et, lorsque le convoi retrouva enfin le soleil et le vent du monde extérieur, tous les Elfes avaient disparus.

Le long voyage des mercenaires et des Nains tirait à sa fin.

Erco avait chevauché à bonne allure dés qu'il avait vu le groupe devant lui. Il voulait parler, son voyage avait été bien trop solitaire à son goût, mais ça lui avait permit de comprendre certaines chose. Il avait trouver un nouveau but: il voulait apprendre à soigner, pas seulement tuer. Il voulait pouvoir aider avant et après la bataille, pas seulement pendant, puis être un poids mort. Le décès d'Alorn devait être en partie la raison de cette soudaine envie d'aider les blessés, car le brave chevalier était mort entre les mains du Rohirrim qui s'en voulait profondément de ne pas avoir put l'aider. Mais, cela Erco refusait de l'avouer, il était trop fier.
En arrivant à bonne distance du convoi, le chevalier Skaline ralentit sa monture. Il s'approcha de la tête du groupe. Il stoppa sa monture et lança avec joie:

-Bonjours noble voyageurs...Je me nomme Erco Skaline, chevalier au service des peuples libres.

Il fit une pause pour rependre son souffle.

-Je voulais savoir si je pouvais faire route avec vous quelques temps, je vais à Esgaroth et la solitude me pèse plus que tout en ces temps si sombre...

Il vit que Arka s'était approcher de son interlocuteur et que le renard roux commença à humer l'air, puis il avança vers le nain d'un pas lent et peu assuré. Son maître, Erco, siffla entre ses dents:

-Arka!

Voyant que son renard refusait de revenir, le chevalier se préparait à sauter de selle. Il ne voulait pas que sa créature n'aille embêter le petit homme.....

#Erco

Le convoi était enfin sorti de cette monstrueuse forêt, et Bèledin était pointé du bout du doigt. Ses compagnons n'avaient guère appréciés l'attitude à l'intérieur du palais d'Angrod et le regardaient avec un regard fusillant, surtout Sirion. Lorsqu'il voulu se lancer pour présenter ces excuses et s'expliquer, un dénommé Erco Skaline l'interrompit dans son élan.
Celui-ci se présenta, mais Bèledin n'avait rien écouté. Toute son attention c'était portée sur un renard étrange qui s'était posté devant eux. Il appréciait fort bien les animaux et bêtes .
Ils se retrouvèrent nez à nez. Bèledin sauta de la charrette, pour s'approcher et le caresser. Mais lorsque celui-ci s'approcha, l'animal le mordit par crainte. En effet le nain avait une haleine qui sentait l'alcool, et une allure de dégénéré, comme s'il s'était pris un coup de pied dans le postérieur par Angrod, de quoi inspiré la peur chez un annimal.

-Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Cria le nain en se recroquevillant et en pleurant. Saloperie de bête ! Ma main !! Putain çà fait un mal de chien ! Il est fou ou quoi ce renard ?!

Le nain, entendit dans la charrette, un chuchotement qui disait : « quelle chochotte celui-là alors ! » . il fit comme s'il n'avait rien entendu. Erco descendit de son cheval, et le convoi s'arrêta, pour prendre connaissance de ce voyageur.

- Si c'est pour qu'il emmène son foutu de renard, c'est même pas la peine qu'il nous accompagne dans notre voyage le grand, rétorqua Bèledin en marmonant, toutes les insultes qu'il connaissait, dans sa barbe. Frehïn, mon ami. Viens m'aider à me relever je t'en pris.

Fréhïn passa près du nain, comem s'il n'avait rien entendu. Il se demanda si son confrère lui en voulait pour son comportement dans le palais de Vertbois-le-grand, ou s'il n'avait vraiment pas entendu (la voix de Bèledin était presque inaudible [ce qui n'est pas le cas d'habitude, bien au contraire !] et bizzare lorsqu'il pleurait).

Sortir de cette forêt sinistre permis au groupe de fortune de respirer plus tranquillement. L'atmosphère avait été pesante dans ces bois et dans le palais du roi Angrod, le cas "Beledin" n'arrangeant rien à leur problème. Le soleil était à présent aux côtés de la Compagnie et celle-ci progressait vers le Nord-Ouest.

C'est alors qu'un cavalier rattrappa le groupe et se présenta comme un Chevalier des Peuples Libres, en somme inoffensif pour le groupe. Il discuta avec Beledin un instant puis Sirion s'avança vers lui :

- Salut à toi Erco. Joins toi à nous si cela te plait, nous nous rendons en effet à Esgaroth. Quel y est ton but une fois là-bas ?

Le mercenaire semblait tout de même méfiant envers le nouvel arrivant : un chevalier tout gentil, tout beau...pas le genre de typà trainer avec des nains et des mercenaires de tous horizons...
Et puis apres tout, une question n'allait pas le tuer nan ?

Erco se mordit la lèvre en voyant que son renard venait de mordre le nain dont il ignorait toujours le nom. Il sauta de sa selle et attrapa Arka par la peau du cou et lui dit avec fermeté en plongeant son regard dans celui du canin, il parla en sa langue maternel: le rohirric:

-Plus jamais! File!

Le renard roux dû prendre peur car une fois libérer, il partit à toute jambe. Le chevalier espérait ne pas en avoir trop fait. C'était du reste la première fois que son renard attaquait quelqu'un sans y avoir été inviter et il savait qu'un animal ne mord jamais pour le plaisir de mordre. Il allait devoir être méfiant avec ce nain. Il se tourna vers le blessé et s'excusa:

-Je suis vraiment navré de l'attitude de mon renard, mais je reviens de la bataille final et les choses étaient dur au nord. Tout ceux qui en sont revenu sont désormais changé à jamais, croyez-moi....

Il tendit sa main au nain, toujours à se geindre par terre. Il entendit une voix derrière lui et se retourna pour se retrouver face à un homme à l'apparence robuste. La franchise de ce dernier lui plaisait bien. Le chevalier Skaline répondit donc sans hésiter:

-J'y vais pour une tâche bien macabre...Je ramène la chevalière d'un chevalier mort, ainsi que son épée à sa famille...

Une larme se forma au coin de ses joues. Il revoyait tous ces mort, tous ce sang, tous ces cris insupportable, ces ordres pleuvant de toute part tentant d'organiser les combats...Il en faisait souvent des cauchemars.

Si Fréor le Nain accueillit le nouveau venu avec une sourire et une bonne humeur non dissimulée, son jumeau Frehïn resta plus réservé. Car, si pour le premier des deux frères, il ne s'agissait que d'une chasse au voleur, pour le second, les choses étaient tout autres: il était davantage lié à la mission principale, la plus sérieuse, la plus dangereuse et risquée. Faire tomber un dirigeant était une tâche qui ne se prenait pas à la légère, aussi le fait de rencontrer un inconnu augmentait le risque d'imprévu.

Pourtant, il fallait faire avec, et on ne pourrait pas longtemps cacher au nouveau venu l'objet de leur long voyage: ils auraient, dans peu de temps, à s'entretenir au sujet de la suite des évènements, et leur secret serait trahis. Pour parer à toute éventualité, Frehïn prit les devants. Se penchant par-dessus le bastingage de la charrette dans laquelle lui et ses compagnons étaient installés, il parla à Erco Skaline:

- Chevalier, je ne vois pas pourquoi nous vous cacherions le but de notre quête, puisque vous nous avec révélé le vôtre. En réalité, nous comptons soutenir une rébellion contre le Comte tyrannique d'Esgaroth, qui accable la population et le fait crouler sous les taxes. La Garde de la ville, et son chef Baradur, sont les principaux instigateurs de ce dessein: ils ont rencontré Sirion, à ce que j'ai entendu dire, qui lui même est venu à Khazad-dûm pour quérir l'aide des Masques de la Pierrelune qui s'y trouvaient. Et quelques Nains ont, comme vous le voyez, suivi le convoi.

Le cœur de Frehïn battait la chamade... qu'allait être la réaction du Chevalier Skaline? Allait-il partir au galop, prendre les devants et prévenir le Comte en arrivant le premier dans la ville du lac? Tout avait été prévu: un des mercenaires, dans un chariot proche, était embusqué et prêt à décocher un carreau de son arbalète au cas où les choses tourneraient mal. Il ne fallait, en effet, surtout pas prendre le risque de compromettre l'ensemble de leur tâche.

- Erco Skaline si vous servez vraiment les Peuples Libres comme vous le dites, reprit gravement Frehïn, vous serez contraint de ne pas nous quitter jusqu'à ce que la prise de pouvoir ait eu lieu. Nous ne pouvons risquer, hélas, de vous perdre de vue, maintenant que vous nous avez trouvé. Mais, que l'issue nous soit favorable ou non à la population d'Esgaroth, je pense que ce ne sera pas long.

Voilà, tout était dit. Restait à voir la réaction du Chevalier.

Erco fut apostropher par un des nains assit sur le chariot. Il semblait méfiant, mais le chevalier n'aurait vu s'il n'y avait pas un autre nain souriant à côté. Ce qui rendait le contraste flagrant. Le rohirrim soupira en entendant le discours du nain. Encore un tyran, encore des affrontements, encore des morts. Cela n'avait pas de fin? Sûrement pas... A peine venait-il de sortir d'une bataille dévastatrice que déjà il se voyait entraîner dans un autre combat bien qu'il soit noble, ça restait un combat. Il resta muet plusieurs minutes, réfléchissant à se qu'il allait répondre. Son côté sanguin lui ordonnait d'aider ces rebelles, mais son côté lucide lui disait de partir à tire d'aile. Il rejeta la deuxième solution étant sûr que s'il essayait de fuir, il mourrait. les nains sont des gens prévoyant, quand ils ne se battent pas, et donc il devait y avoir un tireur embusquer et même s'il n'y avait pas ces mercenaires devaient toujours être prêt au combat...
Il respira, puis répondit:

-Vous m'envoyez embarrasser, non pas que votre but me dérange car si comme vous le dites ce Comte est un tyran, sa mort est souhaitable, mais j'ai vu beaucoup de chose, j'ai subit plusieurs blessures et l'idée de devoir être le spectateur d'une petit guerre civil ne m'enchante guère, tout comme le faite d'y participer activement d'un côté comme de l'autre....Mais, comme je l'ai dit avant, je suis au service des peuples libres et ne pas vous aidez serait un manquement en mes principes...J'espère que vous accepterez mon épée...

Son visage s'éclaira d'un sourire, puis il reprit un air sérieux et dur:

-Mais pensez qu'un marchand n'est pas un combattant et que si nous perdons, sa ne sera pas nous qui payerons le prix, mais les citoyens, hommes, femmes ou enfants...Et si dans le cas ou nous avons survécut et que nous voulions réessayer, personne ne nous suivra une nouvelle fois... Vous devez me prendre pour quelqu'un de bien pessimiste, n'est pas?...Mais je n'ai connus que le pire....

Il se tût et attendit la réponse de la personne qui semblait être le chef de ce convois. Il espérait qu'il prendrait en compte ses remarques. Erco se souvenait trop bien de l'assaut de Dol-Amroth...

Tandis que les frères jumeaux discutaient sérieusement avec le chevalier Skaline, Sirion décida de changer de charrette. Il sauta de la sienne et s'agrippa à celle où étaient Kivan et ses acolytes les plus proches. Il monta à l'arrière et salua furtivement les mercenaires. Il s'approcha de l'un d'eux et lui dit :

- Je pense que vous êtes venu avec des équipements de rechange et des armes. J'aimerais savoir si vous aviez une arbalète parmi vos armes ? Si vous en possédez une dont vous ne savez que faire, je pourrais peut-être la prendre.

S'arrêtant un instant il examina la réaction des Masques puis reprit :

- Si vous voulez savoir, j'ai déjà eu une telle arme en possession il y a quelques années mais une cible plus coriace que les autres l'a détruite.

L'envie du Fantôme de posséder une arbalète lui trottait déjà dans la tête depuis un moment et lorsqu'il avait aperçu l'un des Masques mettre en joug Skaline au cas où, cette idée avait refait surface dans son esprit. Cette arme lui serait de plus très utile pour atteindre une cible de loin sans être repéré....une cible portant le nom d'Himling sentirait peut-être un carreau lui caressait le coeur d'ici peu...

- En effet, maître Skaline, répondit Frehïn, si nous échouons, les représailles seront inévitables. Néanmoins, cela me semble préférable que de laisser un peuple sans espoir dans la misère. Il ne peut y avoir de victoire sans pertes, ni d'améliorations sans risques. quoi qu'il en soit, nous acceptons votre épée avec plaisir, je vous en remercie.

L'arbalétrier de la Pierrelune avait toutefois reçu l'ordre de garder en permanence un œil sur le nouveau venu, juste au cas où. C'est ce qu'il fit. Ses camarades, eux aussi pourvus d'armes similaires, eurent la visite de Sirion, qui manifesta son intérêt pour ces objets précis et efficaces.

"Les mercenaires ont toujours de bonnes quantités d'armes en réserve, surtout une guilde comme la nôtre, dit l'un des Masques."

Il saisit une arbalète posée à côté de lui, et la tendit au Fantôme.

"Tenez, je vous la prête pour le combat à venir, mais attention elle s'appelle "revient". Elle appartenait à l'un des nôtres... qui malheureusement n'est plus des nôtres à présent. Eh oui, nous avons un métier risqué. Puisse cette arme vous apporter meilleure fortune qu'à son dernier possesseur!"

A la nuit tombée, le convoi fit halte, n'allumant cependant aucun feu révélateur. De toute façon, la pleine lune produisait une lueur assez forte pour y voir. Bèledin, Sirion, Frehïn, Fréor, et Erco furent mandés près de la charrette de Kivan, le chef des Masques de la Pierrelune, afin de définir les directives et les préparatifs. Le mercenaire parla:

"Nous sommes à moins d'une heure d'Esgaroth, il est temps de régler certains détails. Tout d'abord, le moment où nous passerons à l'action. Il serait préférable d'agir vers minuit, heure où l'effet de surprise sera le plus efficace. Puisque il est environ dix heure du soir, nous partirons d'ici dans une heure."

Il y eu une pause, durant laquelle personne ne parla, écoutant avec impatience les prochaines instructions. Elles ne tardèrent pas à venir:

"Étant originaire d'Esgaroth et connaissant bien la ville et sa population, je pense qu'il serait préférable de mener une attaque ciblée contre le Comte et ses principaux conseillers. Si les têtes tombent, le reste de l'armée devrait capituler sans trop de résistance. Les soldats d'Esgaroth ne sont pas nombreux, mais menés par ce tyran, ils pourraient nous opposer une belle résistance. Dans ce cas de figure, si nous arrivons à éliminer les chefs, il n'y aura même pas besoin de faire se soulever la population, et nous éviterons beaucoup de sang."

Il est vrai que les habitants, quoique étant bien plus nombreux que les militaires d'Esgaroth, ne disposaient, pour toutes armes, que de pioches, de couteaux de cuisine, de marteaux et de fourches, rien de bien meurtrier...

"Voilà donc ce que nous ferons. Arrivés à quelques milles de la ville, nous abandonneront chariots et bêtes, que nous ferons garder par un ou deux de mes hommes. Ainsi, nous arriverons silencieusement aux abords de la cité, et là, il nous faudra faire très vite, car des sentinelles seront postées ça et là. Vous Sirion, et vous Erco, vous viendrez avec moi, et nous courrons vers le lac afin d'entrer le plus vite et le plus furtivement possible dans le château du Comte, avec quelques un de mes guerriers les plus agiles. Le reste de mes troupes restera sous le commandement de mon lieutenant et tentera d'éliminer les éventuels gardes pour éviter qu'ils ne donnent l'alerte. Erco, Sirion, et moi, nous serons, si tout se passe bien, infiltrés dans la forteresse. Là, il nous faudra trouver Baradur et les membres de l'Ordre de la Flèche Noire pour qu'ils nous prêtent main forte, mais, le cas échéant, nous devrons assassiner le Comte de nous-même. Si les évènements à l'intérieur des murs venaient à mal tourner, je lancerai deux brefs coups de cor, et les Masques restés à l'extérieur abandonneront toute idée de discrétion, investissant le château les plus vite possible. Quand à vous Frehïn, Fréor et Bèledin, vous resterez sur le qui-vive, et si vous entendez mon appel d'urgence, vous devrez parcourir Esgaroth, frapper aux portes, appeler les habitants et leur expliquer la situation pour rallier la population, puis mener la révolte pour nous prêter main forte. Ce serait la pire tournure, mais il faut bien l'envisager."

Kivan attendit alors quelques instants, silencieux, scrutant les regards de ses orateurs dans l'attente d'éventuelles questions ou remarques.

La nuit était belle, la lune éclairait les visages et les étoiles veillaient au-dessus de la Compagnie. Avant la "réunion" visant à préparer l'infiltration, Sirion était adossé à une roue de leur charrette et nettoyait son arbalète. Bien que n'étant pas à lui, il tâcha de l'entretenir le mieux possible afin de n'avoir aucune mauvaise surprise lors de leur attaque. Le mécanisme ne devait surtout pas se bloquer au moment crucial, non Himling n'aurait pas cette chance.

Après une dizaine de minutes où chacun put se nourrir et se reposer quelque peu, la discussion s'engagea avec Kivan qui prit la parole en premier expliquant son plan à l'ensemble du groupe. Sirion écoutait attentivement, un genou au sol et se grattant la joue de temps à autre. Le plan du chef des Masques lui paraissait intéressant et bien approprié, Erco ne semblait pas être un froussard et Kivan étant semble-t-il un bon tacticien, à eux trois l'opération devrait se passer sans trop d'embûche. Il ne fallait certes pas négliger la défense du Comte et le fait d'avoir avec eux toute la guilde des Masques rassurait encore plus Sirion.

Le Fantôme se releva alors et regardant Kivan dans les yeux, il prit à son tour la parole :

- Ce plan me semble bon. Mieux vaut ne pas pénétrer tous à l'intérieur du Chateau. Seulement, sans Baradur, il nous sera difficile de trouver la chambre du Comte et de plus comment allons-nous le prévenir de notre arrivée ?

Le Fantôme stoppa ses questions et resta muet quelques instants, auparavant, il ne se serait jamais posé toutes ses questions...il le savait il changeait mais il refit surface et continua :

- Je tiens à vous dire qu'une fois le Comte hors-jeu, je me chargerai d'Himling, l'un de ses amis, celui pour qui je suis venu ici. Je m'en chargerai...Seul.

Ses poings se ressèrent et le visage de Sirion arborait un sentiment de certitude et de sérieux. Himling ne verrait pas le soleil se lever...

Kivan se gratta machinalement le menton lorsque Sirion lui posa sa question... Ce dernier avait raison, il serait fort judicieux de rencontrer rapidement Baradur et ses gardes, pour qu'ils puissent débusquer le Comte sans tarder. Car il est vrai que, même originaire d'Esgaroth, le chef des Masques avait rarement foulé les couloirs du fort, et encore moins eu la chance de connaître l'emplacement de la chambre du Comte.

"Je suppose - et j'espère - qu'étant les instigateurs de cette rébellion, les membres de l'Ordre de la Flèche Noire se tiendront aux aguets. Cela fait des lustres que je n'ai pas vu la mine affreuse de ce cher Baradur, et il ne me manque guère... Mais vous qui les avez rencontré dernièrement, Sirion, et qui vous êtes entretenus avec eux, vous auriez pu définir ensemble un moyen de reconnaissance, afin qu'ils soient prévenus de notre arrivée. Enfin... nous ne pouvons pas revenir en arrière, et peut-être qu'il en est mieux ainsi. Car tout moyen de communication, oiseau, messager, appel de cor, ne réussiraient qu'à attirer les soupçons. Nous les trouverons donc par l'ancienne méthode: en cherchant."

Le comportement de Sirion amusait Kivan: c'était un vrai mercenaire, celui-là! Avait-il cure de la population de la ville du Lac et de sa misère? Peut-être que oui, peut-être que non... il était là pour une vengeance personnelle. Les Masques, eux, prenaient part à ce projet pour la récompense, Frehïn pour la curiosité de son Seigneur, Fréor et Bèledin pour retrouver un hache, et Erco parce qu'il y était quasiment contraint. Quelle drôle d'équipe...

"Très bien, si vous arrivez à trouver cet Himling avant moi, vous pourrez en disposer. Mais je ne me laisserai pas tuer par lui simplement pour que vous puissiez accomplir votre vengeance. A présent, si personne d'autre n'a d'objection, eh bien profitez de ces quelques instants de paix et de repos comme bon vous semble."

Fréor, assis contre la roue du chariot, n'avait guère prêté oreille à cette histoire de vengeance. Il connaissait son rôle dans l'histoire - qui d'ailleurs était très simple - et chuchota plutôt quelques mots à son camarade Bèledin:

- Nous nous occuperons de retrouver notre voleur et notre Hache après la bataille, je pense que vous ne direz pas le contraire? A moins que vous ne désiriez vous trouver entre les soldats du Comte et les Masques quand les combats éclateront. Et puis ce Kivan nous a attribué une fonction dans toutes ces intrigues compliquées, alors si nous pouvons les aider en quelque façon, mieux vaut le faire. Qu'est-ce que vous en dites?

Il sortit une pipe et de l'herbe de Longoulet et se mit à fumer.

Bèledin écouta attentivement Kivan, puis vint s'assoir près de Fréor. Il regarda son confrère dans les yeux, pendant qu'il lui parlait. Puis il lui répondit très enthousiaste :

- Oui ! Il faut les aider. Et puis il est vrai que ma hache n'a pas servit depuis des lustres, de plus, ça ne me fera aucun mal de trancher quelques tête de morveux qui se prennent pour les plus forts. Ils vont gouter à l'acier tranchant de ma louloute (nom qu'il donnait à son arme fétiche)...
Quand j'pense qu'il y a des jours de cela, j'étais complétement soul dans la taverne du Khazad. Mon cœur était rempli de désespoir, et je n'avais aucun avenir... Mais là, mon destin va vraiment changer. Je veux prendre ma vie en main, et connaître l'autre partie de cette brute sans cœur que je suis. Je veux faire ressortir l'aspect sensible, l'émotion qui est en moi. Lorsque je chantais durant notre voyage, j'avais les larmes aux yeux... Je n'avais jamais fait une telle chose auparavant... Il faudra que je fasse entendre çà à tous les nains de la Moria ! Il le faut absolument. Je dois prouver à tout le monde de quoi je suis capable, et montrer que je ne suis pas (en tout cas plus...) un morveux.
Et ma nouvelle vie commence en sauvant ces pauvres gens, qui souffrent à cause du tyran qui règne sur eux.

En disant ces mots, Bèledin souriait à s'en arracher les joues. Son regard était illuminé et il était très excité. Cette nuit allait être très mouvementée, et rien qu'en s'imaginant là bas, il bavait.
Il repensa aussi à son attitude chez Angrod, dont il n'avait pas pu s'excuser.

- Au faites, mon ami. Je tenais vraiment à m'excuser pour mon attitude chez les elfes. Mais tu sais, on a chacun son égaux, qu'il soit gros ou non. Et le mien n'accepte pas le fait d'être soumis à un roi elfe qui préfère mettre un nain à genoux que de l'aider... Si je ne tenais pas à vous, je lui aurais déjà arraché les yeux et pissé dans le trou à ce sale nul !

Dans les paroles de Bèledin, on entendait qu'il tenait vraiment à se faire pardonner.


Le temps passait, et ce fut bientôt l'heure de partir pour Esgaroth... Bèledin était déjà installé dans la charrette à coté de Fréor, qui était à coté de Fréhïn. Ils attendaient que Sirion et Erco prennent place eux aussi, ainsi que l'accord de Kivan pour le départ. Ils étaient prêt partir pour une longue route, où ils allaient devoir, plus tard, continuer à pieds...

Erco écouta le plan avec attention. Une seul chose le dérangeait vraiment: tout reposait sur le faite que l'on trouve les Flèches Noir, hors si l'on ne les trouve pas à temps, Sirion, Kivan et lui devraient faire du porte à porte et la probabilité qu'il trouve leur cible du premier coup était faible, quasi inexistante. mais il ne dit rien, peut-être parce qu'il était un soldat, peut-être parce qu'il n'avait rien d'autre à proposer ou tout simplement parce qu'il s'enfichait. Ce combat n'était pas le sien, pourtant il y jouerait un rôle important. Quel drôle de destin peut avoir un simple fils de paysan....
Le chevalier sortit d'une des besaces qui bordaient le flanc de son cheval et en sortit un bout de pain, ainsi qu'une gourde d'eau. Il mangea son maigre repas, fixant un point vague dans les alentours. Puis, il se leva et accrocha sa gourde à sa ceinture, comme avant chaque combat. Puis, il alla chercher son armement qui se composait d'Amdir son épée, d'une très belle épée gagné à la bataille final, d'un arc arnorien de belle facture, d'un carquois remplit à raz-bord, d'un vieux poignard usé, de sa lance, de Curon son bouclier. Il agrafa au-dessus de son cœur, sur son armure, la médaille qu'il avait reçut lors de son dernier combat. Il n'y avait dans ce geste aucune fierté, mais la simple envie de faire bonne impression lors de cette assaut.
Sur toute ces armes, deux furent misent de côté: sa lance et la belle épée. il alla les remettre proche de son cheval et quand il revint il vérifia que ses autres armes étaient fin prête au combat. Il vérifia la tension de son arc, la fine de son poignard et d'Amdir et ajusta le plumages de ses flèches. Il exécuta tout ces contrôles minutions dans un silence complet, puis il demanda à Sirion au brûle pour point:

-Pourquoi vouloir le tuer?

Il ajouta en voyant que Sirion ne comprenait pas vraiment le sens de la question vu qu'il venait de dire qu'il voulait se venger.

-Le tuer ainsi se résumer au même acte qui te pousse à vouloir sa mort.

Sirion acquieça après que Kivan est fini de donner son opinion sur la façon de trouver Baradur et les siens. Il faudrait les chercher et vite les trouver car le temps leur était compté. Une fois la discussion terminée, Sirion fît comme bon nombre des combattants figurant dans leur groupe : il s'occupa de ses armes. Ses deux épées courtes étincelaient à la lueur de la lune et leur tranchant était le plus aiguisé possible après que leur propriétaire les ait aiguiser au silex.

Une fois rengainées, ce fût au tour de la dague antique offerte par Himlad au Khand. La lame était belle et quelques inscriptions avaient été gravé dessus, il y a sûrement longtemps car à certains endroits elles étaient illisibles. Sirion la remit dans son étui puis l'attacha à sa ceinture dans son dos tandis que les lames jumelles étaient placées sur les côtés du mercenaire.

Le Fantôme avait l'esprit égaré pendant tous ces préparatifs et il ne pensait à rien en particulier. Il se saisit d'une gourde d'eau dans l'une des charrettes et se rafraichît son visage poussiéreux. Il grignota un peu puis sentit une présence dans son dos : le chevalier blanc, comme l'avait surnommé Sirion pour lui-même, était là juste à côté de lui. Ce dernier lui posa une question :

-Pourquoi vouloir le tuer?

Sirion se retourna et regarda Erco dans les yeux, ce chevalier lui posait la question que personne avant lui n'avait posé.

- C'est une longue histoire. Pour faire court, il a trahi ma confiance et s'est joué de moi pour s'évader de prison en Khand et moi bêtement je l'ai cru. Je ne ferai pas deux fois la même erreur, croyez-moi en ce moment la peur grandit en lui. Baradur m'a affirmé qu'il était venu à Esgaroth pour être protégé de moi.

Puis le mercenaire posa son regard sur la cité d'Esgaroth au loin :

- Je crains que ce ne soit inutile. Tout comme ma vengeance par la même occasion mais je ne peux pas laisser cette fripouille s'en tirait. Et comme il était en prison, ça ne fera pas une grande perte, pas vrai ?

N'attendant pas la réponse de Erco, Sirion se dirigea vers la charrette et y monta. Il regarda une dernière fois le chevalier et s'adressa une nouvelle fois à lui :

- Mais peut-être que vous ne pouvez comprendre mon geste.

Alors que tous se préparaient, l'heure du départ approchait...

La lune les éclairait à présent de sa seul lueur et la tension montait petit à petit, tous savait ce qu'il devait faire, mais surtout tous savait qu'il pouvait mourir cette nuit. Pour les uns cela n'avait aucune importance, pour d'autre c'était une peur et enfin pour certain une délivrance. Erco, lui, n'y pensait pas. Cela n'avait aucune importance car l'on meurt tous un jours...
Il répondit simplement à la demi question du mercenaire:

-Il est certes un escroc, mais qu'aurais-tu fait si tu étais à sa place enfermé entre quatre murs et une personnes crédule venait à toi?....La plupart tenterait leur chance, il a réussit....Mais je te conseil une chose n'aille confiance en personne lors d'une rébellion, car si ça échoue toute les têtes pensantes vont rejeté la responsabilité sur d'autre et tu es la personne idéale. Tu veux tuer ce conseiller, tu étais lors d'une entrevue pour préparer la rébellion, tu n'as aucun allié dans cette ville vu que tu es un étranger pour eux...Et je ne pense pas qu'un conseiller, tel Himling, dise qu'il aille peur à quiconque...En général l'être humain n'aime pas montrer ses faiblesses....

Erco fit une pause, et observa Sirion monter sur la charrette. Il dit comme parole de fin:

-Mais au final je comprend ton geste, mais laisse moi te dire une dernier conseil avant cette bataille, que tu dois déjà connaître, ne laisse jamais un sentiment guider ta lame.

Le chevalier Skaline lança un sourire au mercenaire. Il ne savait pas pourquoi avait-il dit tout cela. D'habitude il ne se permettait jamais de tel commentaire. Ces derniers semaines l'avaient vraiment changé, en bien comme en pire...

- Je suis très heureux pour vous de ce changement, répondit Fréor à Bèledin. Hadhod en sera tenu au courant, croyez-moi!

Toutefois, la dernière phrase de l'ancien ivrogne lui fit se poser quelques questions au sujet de ce changement de mentalité.

Alors qu'Erco Skaline et Sirion finissaient de discuter au sujet de vengeance et de sentiments, Kivan s'avança au centre de ses Masques. A côté de lui, tous pouvaient voir ses plus fidèles et plus proches compagnons: Montaron, Xzar, Valygar, Bil, tous tatoués au visage, ce qui justifiait le nom de leur guilde. Kivan prit la parole, mais n'éleva pas trop la voix, de peur de se faire entendre. Même à bonne distance d'Esgaroth, les pierres avaient des oreilles. On n'était jamais trop prudent...

"Il est temps de partir. Montez dans vos chariots mais ne menez pas les bêtes trop rapidement, la discrétion est notre espoir. De plus, rien ne nous presse, la nuit est encore longue, l'aube ne viendra pas de sitôt. Allons camarades!"

Tous les membres du groupe rassemblèrent leurs affaires et montèrent en silence à bord de leurs moyens de locomotion. Fréor dut ranger à regret sa pipe pour prendre les rênes.

Ils voyagèrent prudemment dans la nuit, environ pendant une heure, avant de s'arrêter tout près d'un bosquet d'arbres et d'une petite mare. Les lumières d'Esgaroth, se reflétant dans les eaux calmes du Long Lac étaient alors très proches.

"Continuons à pied. Erad, Azaïr, gardez les chevaux et les chars! Les autres, regroupez-vous. Nous marcherons en silence. Mettez vos épées dans leurs fourreaux, leur éclat sous la lune nous trahirait."

C'était la dernière ligne droite.

Le dernier voyage commença donc. Le chevalier chercha de ses yeux Arka, mais il ne le vit pas. Il devait être partit chassé. Il reviendrait quand il en aura marre de se promener. Le cavalier talonna doucement sa monture pour se mettre au niveau du chariot ou était Sirion. Il vérifia une nouvelle fois tout son attirail. En premier il fit coulisser ses lames dans leurs fourreaux et fut satisfait en n'entendant aucun bruit.
Le trajet s'effectua sans le moindre bruit, puis Kivan ordonna que l'on abandonne les montures pour continuer à pied. Erco grimaça, mais sauta à terre et amortit le choc avec souplesse. Il se releva et enfila son casque qu'il avait gardé jusqu'à maintenant accroché à sa selle. Il sortit son arc ainsi qu'une flèche qu'il tint par la pointe pour que l'éclat de l'acier ne se fisse pas voir. Il se rapprocha du chef des mercenaire et de Sirion sachant qu'il allait faire équiper ensemble. C'était lancé, ils ne pouvaient plus revenir en arrière, même s'ils le voulaient.
Le rohirrim déglutina en se rendant compte qu'ils approchaient à présent de la porte. Tout allait ce jouer à cette instant ou ils la franchiront.
La froid se faisait plus fort à présent comme s'il essayait d'anticiper la suite des événements. Erco resserra sa cape autour de son corps pour se préserver de ce froid engourdissant.
Bientôt, les reflets du lac étaient clairement visible. Ils y étaient presque....