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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
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Nathanael

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Forlong - Ardentes recherches EmptyVen 25 Sep 2009 - 16:31
Il avait parcouru lentement les différents niveaux le séparant du centre de la Cité. Se dirigeant vers l’Antique bibliothèque il s’était remémoré les visages des morts. Une dizaine. Une dizaine d’hommes mis en pièces pas quatre compagnons d’infortune. « Compagnons » le mot était peut-être un peu trop fort en soi. Il ne savait guère où tourner son esprit. « Et lorsque l’ont est perdu, mieux vaut retourner au point sur lequel on était encore sûr de se trouver sur la bonne voie » pensa-t-il.

Les seules indications claires qu’il possédait étaient à l’heure actuelle un nom et un visage qui pourrait lui correspondre, des surnoms étranges, presque poétiques, et des rumeurs contradictoires plein les poches. Sans oublier les informations moins claires : passé mystérieux de sa cible, groupe hétérogène, échauffourée surprise dans les ruelles des niveaux inférieurs, absence totale de milice officielle. Celle-ci ne fréquentait pas beaucoup les bas étages, lieu de pauvreté et de misère – il l’expérimentait lui-même quotidiennement – mais ces derniers temps elle passait pour totalement invisible. Seules les portes paraissaient mieux gardées – marchands et citoyens honnêtes devaient payer toutes les taxes à chaque passage. Quand il s’agissait d’argent…

Il se concentra sur ses recherches tout en contemplant la façade de la bibliothèque. Il n’était pas encore entré que l’odeur des parchemins, des vieilles pages et des reliures lui parvenaient aux narines. Il inspira profondément, se sentant plus en sécurité dans des lieux qu’il connaissait mieux – son monde familier. Il oublia un instant le stylet qui frottait contre sa hanche depuis qu’il était parti de son domicile. Il échangerait l’arme contre la plume du même nom. Il passa le seuil de la grande bâtisse un peu moins las. Les gardes attachés à la surveillance n’étaient pas aussi zélés que les gardes de la Fontaine et ne firent pas obstacle à son entrée, bien qu’il fût vêtu simplement. Il aimait à croire en ces instants que la connaissance pouvait appartenir à tous.

Il traversa le hall principal et s’enfila dans les premiers rayons des grandes étagères en bois sur lesquelles reposaient des milliers de livres. A une table des scribes recopiaient des parchemins vieillis et abîmés. Un petit seigneur veillait à l’éducation d’un probable jeune page. Il se souvint de ses premières leçons de lecture et d’écriture, une vingtaine d’années auparavant. Il avait rapidement saisi toute la complexité de la syntaxe et les multiples façons d’en jouer. Fingall s’était occupé d’aiguiser plus encore son esprit. Aujourd’hui ses requêtes étaient multiples. Il devait porter une lueur d’espoir dans le regard car un homme s’avança vers lui :

- Que cherchez-vous ?

Il y avait à la fois dans ses mots sympathie et ironie. Il semblait lui demander tout à la fois s’il pouvait lui venir en aide pour trouver un ouvrage particulier, tout comme il aurait pu poser la question à un petit garçon qui se serait perdu dans un lieu où il n’aurait pas du se trouver. Il eut un regard réprobateur pour cette forme d’approche un tantinet sarcastique.

- Et bien je souhaiterai améliorer mes connaissances en matière de langues. Ainsi qu’en histoire et en géographie. Je m’intéresse au royaume d’Arnor et à sa population. Ce sur la demande d’un marchand qui souhaiterait avoir plus d’informations sur ce pays avant d’y aller commercer.

La dernière indication n’était pas nécessaire, mais si jamais quelqu’un cherchait à savoir pourquoi il venait à la bibliothèque l’explication serait toute faite. Sa grande prudence le rendait un peu paranoïaque et il imaginait toujours toutes les possibilités :
« Soit toujours dans la mesure d’espérer le meilleur, mais attend toi toujours au pire ». Il sourit en repensant aux sages paroles du vieux prêtre. Il vivait selon ce principe.

L’homme qui lui avait adressé la parole prit un air plus sérieux lorsqu’il comprit qu’il avait à faire à quelqu’un de potentiellement cultivé. Son crâne dégarni se plissa lorsqu’il haussa les sourcils, ceux-ci ne formant plus qu’une barre unique, grisâtre, au dessus de ses yeux noirs.

- Suivez-moi, je crois avoir ce qu’il vous faut. Un marchand dîtes-vous ? Je suppose que l’aspect économique de l’Arnor l’intéresse plus que la culture ou la philosophie qui peuvent s’y développer, n’est-ce pas ?
- Très certainement. Il voue aussi une profonde passion pour la politique ; l’économie y étant liée par ailleurs. Les alliances ne sont possibles que si le pouvoir en place se prête à les réaliser.
- Certes…

La voix de l’homme se fit chevrotante, dissimulant mal la malice qui put se glisser dans cet ultime mot. Sans doute le vieux bibliothécaire pensait-il à des exemples précis mais il ne pourrait jamais savoir lesquels.
Nathanael le suivit dans un dédale de couloirs formés par les étagères massives. Les livres les plus fréquemment consultés se démarquaient des autres en étant moins recouverts de poussières.

- Je suppose que les ouvrages linguistiques doivent concerner la région étudiée, n’est ce pas ?
- Bien évidemment… mais je souhaiterai dans le même temps consulter des dictionnaires elfiques : Sindarin, Eldarin commun et Quenya.
- Les marchands sont-ils donc si férus d’étymologie ?



Le bibliothécaire le gratifia une nouvelle fois d’un regard rieur et malicieux. Se pouvait-il qu’il cherche à deviner pourquoi Nathanael se trouvait là ou jouait-il simplement ; rare divertissement d’un homme en manque de liens sociaux ? Il répondit de sa voix grave :

- Je dois me rendre capable d’interpréter n’importe quelle parole pour ce marchand, sans quoi les quiproquos se multiplient et les maladresses en commerce n’ont rien de rentables, sans quoi les nigauds seraient riches …
- J’en connais pourtant quelques uns qui le sont …

Nouvelle boutade contre la richissime noblesse de la Cité, ou d’ailleurs. Peu lui importait tant qu’il ne remettait pas son identité fonctionnelle en cause.
Le vieil homme s’arrêta devant une pile de parchemins défraîchis et tapota de l’indexe sur le premier.

- Vous trouverez, il me semble, votre bonheur en ces lieux. Ces étagères sont dédiées au royaume de l’Arnor. Quant aux dictionnaires d’elfique, ils se situent dans la salle que nous avons précédemment traversée.

L’homme ne dit pas un mot de plus et reparti, silencieux. Nathanael s’assura que le bibliothécaire quitte réellement l’endroit. Il laissa glisser son regard sur l’ensemble des documents. Il y avait de quoi faire !
Il se saisit d’un livre sur l’histoire commune de l’Arnor, accessible à n’importe quel homme un tant soit peu cultivé. Il ne lui faudrait pas beaucoup remonter en arrière dans le temps. Lost Ore avait beau avoir les cheveux blancs, il ne devait pas avoir plus d’une vingtaine d’années que lui-même. Il fouina quelques temps encore avant de tomber sur un registre de l’armée arnorienne. Des listes de noms de soldats se succédaient les unes après les autres…
« Misère, pensa-t-il, je vais devoir passer ma journée à consulter ces foutus registres pour trouver un nom qui n’y figure peut-être même pas ! ».

Il prit deux ou trois autres parchemins reliés et s’installa à une table, sous une fenêtre. La lumière éclairait inégalement les traits fins. L’écriture variait presque à chaque page, les scribes avaient du se relayer. Il sauta les premiers chapitres où étaient relevés les noms des engagés volontaires, de mercenaires, etc … Il s’intéressa plus attentivement aux chapitres où apparaissaient les noms des officiers et des différents gradés. Il commença à lire la liste des noms concernés pour la Grande Bataille qui avait eu lieu dans le Nord, cinq ans auparavant …

« Sait-on jamais … »
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Forlong - Ardentes recherches EmptyLun 28 Sep 2009 - 11:07
Il soupira profondément et se frotta les yeux presque machinalement. Un coup d’œil par la fenêtre lui apprit qu’il avait passé déjà plus de deux heures dans l’antique bibliothèque. Le soleil était passé au dessus du toit de la bâtisse adjacente aux archives ; il était presque midi. Il n’avait toujours rien trouvé. Il ne s’était pas douté un instant que l’armée Arnorienne avait pu être aussi importante au temps de la Grande Bataille. Il avait rapidement délaissé le registre de l’armée pour se concentrer sur le déroulement de ce grand évènement historique. Si jamais Lost Ore avait été grand capitaine, son nom serait cité. Cependant il avait prit la lecture depuis les premières querelles politiques, les invasions ennemies et il n’était parvenu jusqu’à présent qu’au départ des différentes armées pour la bataille finale. Il espérait en apprendre plus sur le personnage en en apprenant plus sur le contexte social et géopolitique de l’époque ; l’un n’irait pas sans l’autre. Bien que la mission de Gilgamesh avait seulement pour but de ramener Lost Ore dans les bras du pouvoir officiel, il souhaitait à titre personnel en apprendre plus.

« … [les armées] prirent la suite de leur roi respectif dans les différents pays concernés. Les troupes avaient le moral. Partout il est rapporté que les soldats quittèrent leur logis en chantant la victoire future. Femmes et enfants, contre toutes craintes, suivaient leur mari et père en leur lançant des gerbes de fleurs, symboles de chance. Les cors du Gondor se répondaient, semblant entamer de longs discours encourageants… »

Il ne se souvenait pas de telles manifestations de joie lors du départ des soldats pour la guerre. Si effectivement les guerriers avaient pu se montrer hardis et volontaires, il n’en demeurait pas moins que tout un chacun savait ce qui les attendait : une longue marche fatigante et lassante et pourtant, une forme de répit, avant la réalité des combats. Il vilipenda intérieurement la propagande supportée par les historiens officiels des différents royaumes.

Il délaisse ce parchemin et prit le suivant qui traitait plus en détails le déroulement des premiers combats et les premiers changements manifestes du moral des soldats. Au registre élégiaque succédait une forme épique de narration qui le rebuta quelque peu. Il mit ce parchemin-ci de côté également.

Hasard ou destin, sur l’instant il ne s’en préoccupa aucunement, ses yeux tombèrent sur ce nom qu’il avait entendu de la bouche d’un soldat démobilisé : Forlong. Son attention en fut émoustillée et il s’attacha plus calmement à lire l’ensemble du document. Suivant le nom du roi, Aldarion, une liste des différentes sections de l’armée et le nom des capitaines qui les dirigeaient. Parmi ceux-ci : Forlong Neldoreth.
Le jeune soldat ne lui avait pas menti. Cet homme avait réellement existé. Il devait exister encore, s’il portait aujourd’hui le nom de Lost Ore.

Il reprit fébrilement le registre de l’armée de l’Arnor et parcourut rapidement les différentes pages qui regroupaient les noms des officiers gradés. Il en lut deux ou trois avant de tomber une fois encore sur le nom de Forlong Neldoreth. En dessous de ce patronyme était indiqué : Seigneur de Dol Amroth, capitaine de l’Arnor. Il retint les indications complémentaires, d’aucune utilité réelle en cet instant.
Pris d’un doute, il se leva et chercha le registre de l’armée arnorienne de l’année succédant à la Grande Bataille. Le livre était moins épais, sans doute les morts et les démobilisations avaient-elles affectées les effectifs. Il sauta les premières pages, et de nouveau chercha uniquement le nom des capitaines et autres gradés. La liste était presque la même, l’ordre des noms avait été préservé, marque d’une forme de continuité dans l’administration anorienne. Cependant Forlong Neldoreth n’apparaissait plus. Mort, disparition, démission ? Rien n’était indiqué. Il maudit une fois de plus le manque d’esprit des copieurs et la mainmise du pouvoir officiel sur les registres administratifs.
Une confirmation cependant, Forlong disparaissait des registres courants après la guerre. Ceci aussi correspondait aux dires du soldat qu’il avait rencontré. Forlong devenait en cet instant un personnage mystérieux, délaissant ces titres officiels pour agir officieusement. Parallèlement, les parchemins narrant l’histoire de la Grande Bataille n’en disaient pas plus. Le brouillard s’installait à partir de cette date : mois d’avril de l’an 294 du Quatrième Âge ; l’homme disparaissait de la circulation.

Nathanael prit une profonde inspiration, signe que débutait une intense réflexion. Son regard se perdit dans le vague, le menton appuyé sur la paume de sa main. Il manquait encore trop d’informations à son goût. Il avançait pas à pas dans un vide informatif, presque palpable.
Le vrombissement d’une abeille et le cliquetis qu’elle réalisait en tapant contre la vitre le fit sortir de ses brèves pensées. Il lui fallait encore découvrir ce que signifiait Lost Ore.  Sans s’y connaître parfaitement en langues étrangères, le nom avait quelques consonances elfiques certaines. Il embrassa du regard les parchemins étalés sur la table et les trois ou quatre livres reliés. Il n’avancerait pas plus loin aujourd’hui de ce côté-là. Il s’empara des manuscrits et se leva pour aller les poser sur une étagère : il laissait le soin au bibliothécaire de les ranger plus tard. Celui-ci n’était d’ailleurs toujours pas réapparu.

Il se dirigea vers la pièce jouxtant celle dans laquelle il travaillait. Là, les étagères portaient tout autant d’ouvrages, mais d’une autre sorte. Ce bureau devait être réservé aux ressources linguistiques de toute la cité. Il n’avait que rarement mis les pieds en cet endroit. Une inscription lui indiqua que les dictionnaires et les publications en langues étrangères se trouvaient au troisième couloir. Dix étagères étaient seules concernées par les différentes langues elfiques. Il soupira, une fois encore – les investigations dans les bibliothèques étaient toujours fastidieuses.
Il parvint après un bon quart d’heure de recherches à trouver les trois dictionnaires qui lui fallaient : Sindarin, Eldarin commun et Quenya. Il retourna s’asseoir à sa table de travail.

Il ne savait pas s’il devait prendre en compte le fait que Lost Ore soit un surnom d’origine elfique. Forlong avait-il un lien avec les elfes ? Après l’avoir vu combattre en présence de nains, fait totalement inattendu en la Cité Blanche, il ne s’étonnerait plus de rien. On aurait pu lui dire l’instant d’après que le roi Méphisto était un proche membre de sa famille, il n’en aurait même pas été surpris. Il sourit bêtement, en pensant aux inepties que ses réflexions pouvaient parfois lui apporter.

Une nouvelle fois assis devant différents livres, il se saisit du dictionnaire Quenya. La recherche des noms fut plus simple cette fois. L’organisation alphabétique des ouvrages lui simplifia grandement la tâche. Cependant il ne fut qu’à moitié satisfait.
Point de « Lost » en quenya, mais simplement « losta » dont la signification lui parut incongrue en rapport avec le personnage étudié : « fleurir » en langage commun … Il se retint de rire entre les murs silencieux de la bibliothèque. Si jamais il apprenait que ce surnom avait un rapport avec la floraison il ne pourrait plus jamais s’empêcher de rigoler à chaque évocation du nom ou à chaque fois qu’il rencontrerait Forlong.

Il mit un certain temps à se ressaisir. La fatigue des recherches pesait un peu sur lui et ses nerfs se détendaient à travers ces petites crises d’hilarité. La quête fut plus fructueuse avec le terme « Orë », signifiant « coeur » en Quenya. Il retint mentalement sa petite découverte avant de poursuivre ses recherches dans le dictionnaire de Sindarin.
« Lost » trouvait son équivalent en langage commun : « vide », tandis que rien ne correspondait en Sindarin à « Ore ». Décidemment, cet homme avait quelque peu l’esprit torturé. Non seulement il n’utilisait pas le langage commun, mais en plus il était allé chercher son surnom dans deux branches différentes de la langue elfique.

Il se massa les tempes un bref instant. Le surnom « Lost  Ore » ne figurait pas dans les registres officiels. Et le soldat avec lequel il avait conversé lui avait indiqué que ce surnom était plus connu aujourd’hui que le véritable nom de l’ancien capitaine. Il se l’était donc donné, ou bien le lui avait-on attribué, après la Grande Bataille. Indications complémentaires : un évènement important, inconnu, avait du se produire et faire en sorte que l’homme choisisse l’ombre à la lumière. Mais lequel ? Il n’en savait rien.
«  Et franchement, je n’ai pas envie de le savoir aujourd’hui … »

Il regarda une dernière fois les dictionnaires avant de se lever. Le soleil avait encore prit de la hauteur et dépassait son zénith. Son ventre gargouillait et les fourmis dans les jambes lui indiquaient qu’il n’était plus temps de se préoccuper de détails historiques et patronymiques. Il ne prit pas même la peine cette fois de ranger les ouvrages linguistiques et quitta la pièce dans laquelle il se trouvait pour regagner l’extérieur.

Une fois sous les rayons du bénéfique astre solaire, il s’étira nonchalamment, sans prendre la peine de remettre son capuchon. Il n’en aurait pas besoin. Il reprit conscience de l’arme à son côté et de la mission qui l’attendait à présent. Ces quelques heures écoulées, Lost Ore et ses compagnons avaient du prendre la fuite, ou plus sûrement, chercher un endroit dans lequel il pourrait trouvé sécurité et soins. Il lui faudrait repérer et indiquer un tel endroit à Gilgamesh.

En attendant il irait prendre de quoi se restaurer puis se dégourdirait les jambes entre les différents niveaux. Lost Ore n’irait pas bien loin avec des blessures sur tout le corps…

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