A la poursuite des Masques de la Pierrelune [VOYAGE]

Senta et Etelion étaient sortis de Hobbitebourg quelques heures plus tôt. Bree était encore loin devant eux, et ils n'y passeraient surement pas. Ils quittèrent les routes principales trés tôt, en prenant la direction de Fornost. Les chemins de terre étaient bourrés de crevasses et de rochers de-ci de-là, mais ils écourteraient le voyage jusque la ville Arnoréene. Tout en avançant, les deux personnes discutaient de bon coeur sur des sujets divers, tout en évitant d'être trop personnels. Le hobbit répondit à la dernière question qui lui fut posé ainsi:

- Non, jamais. Et pourtant, il parait que ça vaut vraiment le coup d'oeil. Mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller, et le fait de voyager seul ne m'a jamais attiré. Or, trés peu de monde se rend en Moria, de nos jours ... Même si les mines ont été rénovées il y a quelques décennies. Tout comme vous, j'ose éspérer que nous pourrons y passer tel quel. L'idée d'abandonner mes biens m'est désagréable, et celle d'abandonner ma monture à je ne sais quel palefrenier me l'est aussi. M'enfin, comme vous l'avez si bien dit plus tôt, nous aviserons une fois là-bas. Je n'ai malheureusement pas la moindre idée d'un autre endroit où passer, si ce n'est contourner les monts brumeux, mais étant donné que c'est une question de temps ... On peut éliminer dés lors cette option.

Etonnament et malgré les nuages gris, il faisait chaud. Une chaleur étouffante, et épuisante. L'air était chargé d'eau, à cause de la température et des nuages. Il allait y avoir de l'orage et une averse d'ici la fin de la journée. Etelion éspérait fortement que ça n'allait pas être le cas, voyager sous la pluie est une chose qui ne mettait pas le hobbit en joie. A vrai dire, il n'aimait pas vraiment l'eau. Et il ne savait pas nager. Les pensées du semi-homme s'enchainaient, alors qu'un silence s'installait entre les deux compagnons de voyage. Le petit être essaya tant bien que mal de relancer la discussion, mais il sentait l'homme stressé, énervé. Etait-ce là une cause de la poursuite de ces Masques ? Ou peut-être un autre fait, totalement indépendant du dernier ?

- C'est un orage qui nous guette, j'ai l'impression ... Je n'ai pas pensé à prendre de bache en cuir fin. Ca nous aurait été utile, surtout si la pluie se met à tomber. J'en acheterai une à Fornost. Nos affaires seront au moins au sec, à défaut de l'être nous même.

Etelion coinça les rênes de sa monture sous sa cuisse, et sortit sa pipe et de l'herbe. Il en fourra dedans, tassa, enleva le surplus qu'il remit dans la boite contenant les feuilles d'Etoile du Sud, puis alluma sa pipe grâce à une allumette.

- Que cache donc votre mine sombre ? Êtes vous préoccupés par ce que nous allons rencontrer ? Ces Masques sont-ils de si terribles combattants ?

Il laissa sa question en suspend, donnant du temps à Senta pour répondre. Il tira une long trait de fumée qui arriva directement dans ses poumons et qui lui permit d'avoir l'impression d'être installé confortablement sur le devant de la charette de bois.

Senta tourna la tête vers Etelion et souria brièvement.

"À vrai dire, je ne sais simplement d'eux qu'ils sont de bons mercenaires. Ils font partie des derniers renégats ayant encore une once de morale. On m'a raconté qu'ils avaient été chassé d'Esgaroth, leur cité par le tyran en place à l'époque, il y a cinq ans maintenant. Un homme est ensuite parti à leur recherche jusqu'en Moria et les a convaincu de revenir pour faire tomber le tyran. Ce qu'ils ont fait d'ailleurs avec l'aide d'Erco Skaline et d'un certain Ibn-Lahad."

Au fur et à mesure de son récit, Senta observait l'horizon. D'épais nuages noirs s'amoncelaient à quelques lieues de leur position. L'orage et la pluie que redoutait le hobbit n'avaient pas que des défauts. La pluie effacerait rapidement leurs traces dans les chemins sinueux.

"Mais ce ne sont pas les Masques qui me tracassent, du moins pour l'instant. La situation de la Terre du Milieu me semble préoccupante. Cet Ordre mystérieux a frappé un grand coup en Rohan, d'après les dernières nouvelles que j'ai eu avant de partir vers la Comté, Aldburg a été attaqué et brûlée. Mais chose encore plus étrange, les assaillants se sont ensuite retirés de la ville, laissant cendres et désolation derrière eux."

L'ex-gladiateur pesta. Il ne comprenait pas l'attitude de cette organisation, confrérie ou toute autre secte.

"Leur étendard était une couronne surmontée de plusieurs diamants noirs. On raconte que des oiseaux démoniaques leur ont porté secours durant leur retraite. Mais je ne me fis pas à ces ragots."

Et depuis cette attaque et l'enlèvement de Chaytann, l'Ordre s'était évaporé, volatilisé comme s'il ne s'était rien passé.

"Comme dit le dicton, je crois que c'est le calme avant la tempête sur la Terre du Milieu."

C'est alors qu'un éclair fendit le ciel, que le tonnerre ébranla l'air et que quelques gouttes se mirent à tomber alors que les deux compagnons approchaient de Bree.

- J’espère qu’ils nous aideront, je ne vais pas traverser la Terre du Milieu pour qu’ils me disent simplement « non ».

En réalité, Senta n’avait pas la moindre conviction dans ce qu’il venait de dire. Si les Masques refusaient, sa mission n’aboutirait jamais et l’Ordre mystérieux serait libre d’agir. À moins que d’autres résistants aient trouvé un moyen de mettre des bâtons dans les roues de Saemon et de ses alliés.

Les deux compagnons étaient enfin arrivés à Bree au soleil couchant. Le hobbit, une fois dans la ville, s’arrêta pour acheter une bache contre la pluie. À sa question, le guerrier réfléchit un instant avant de répondre.

- Non ça ira Etelion, je vais juste aller nous acheter des provisions supplémentaires, on ne sait jamais.

L’ancien gladiateur dirigea son hongre vers une petite épicerie non loin. Il s’y procura plusieurs pains de voyage, des gourdes d’eau pouvant contenir plusieurs litres, de la viande séchée et des fruits. Une fois, ces achats faits Senta ressortit de l’échoppe, les mains pleines et vînt tout déposer à l’arrière de la charrette d’Etelion.

- Nous devrions continuer d'avancer une partie de la nuit. Nous pourrions nous relayer, j'attacherai ma monture à la charrette et nous tiendrons les rennes chacun notre tour pendant que l'autre dormira. Qu'en dites-vous ?

Senta était déjà prêt à repartir; il était à nouveau en selle. Plus vite auraient-ils retrouvé les Masques de la Pierrelune, plus vite ils agiraient.

- Ibn-Lahad a placé pas mal d'espoirs dans cette petite force de frappe, ces mercenaires et lui ont semble-t-il un passé commun. Je n'en sais pas plus, Sirion ne m'en a pas dit davantage.

Plusieurs jours passèrent depuis l'arrêt rapide dans la ville de Bree, bourgade détruite et en reconstruction. Comme l'avait suggéré Senta, les rennes d'Estel changeaient de mains toutes le quatre ou cinq heures, et le cheval de l'homme sombre était attaché à l'arrière de la charrette.

Les deux compagnons de voyage avaient donc parcouru un long chemin, à présent, et cela faisait plus d'une semaine qu'ils avaient quitté ensemble la Comté. Ils avançaient relativement rapidement grâce à ce système de relais. Ils ne s'arrêtaient que pour manger, et parfois dormir lorsque la route était impraticable de nuit. Quant ce n'était pas le cas, ils avançaient à la lumière d'une torche.

Peu de monde utilisait la route menant vers le Sud qu'ils avaient pris quelques jours plus tôt. Les quelques personnes que le semi-homme et le grand homme croisèrent furent une caravane de marchand venant de Fornost composée de nains, d'humains, et d'un hobbit. Cette rencontre fut on-ne-peut-plus surprenante, et aussi éphèmère que peu commune.

Fornost était maintenant en vue. Ils y seraient avant la fin de la journée. Ce détour paraissait nécessaire, peut-être quelques marrauds auraient entendu parlé des Masques de la Pierrelune ou, mieux, de cet ordre mystérieux dont faisait partie ce Saemon, le prédécesseur de Sirion Ibn-Lahad.

La ville arnoréenne grossissait au fur et à mesure que les voyageurs avançaient. Quelques heures plus tard, ils attendaient devant les portes de la cité. Les gardes étaient aux aguets depuis les attaques récentes et multiples sur les villages d'Arnor. Après avoir jeté un coup d'œil à l'intérieur de la charrette, ils laissèrent Senta et Etelion rentrer dans les rues Fornostiennes. C'est Senta qui avait les rennes en mains, à ce moment.

- Faites ce que vous avez à faire, dit le hobbit. Peut-être aurons-nous nécessité d'interroger quelques personnes, de collecter des informations.

Un homme vêtu d'un doublet gris, une épée courte accrochée à sa ceinture, intercepta les deux voyageurs. Ses cheveux étaient blonds, et une courte barbe de la même couleur recouvrait ses joues et son menton. Ses yeux gris brillaient, mais la fatigue pouvait se voir dans ses gestes.
Il s'arrêta devant Etelion, et lui dit:

-Maître Etelion, je vous ai enfin trouvé. J'ai un message important pour vous. Il est destiné seulement à vos yeux...

Sur ces mots, il donna un petit rouleau de parchemin, puis s'assura que le contenu de celui ci était hors portée de la vue du dénommé Senta.

Lorsque Etelion déroula le parchemin, il put y lire les paroles suivantes:

Citation :

Maître Etelion,

Je suis désolé de vous interrompre dans votre voyage, mais il s'agît d'une matière de toute urgence...vous devrez éveiller en vous non seulement votre fidélité envers le royaume de l'Arnor, mais envers tous les Peuples Libres. Le moment est venu où nous devons assembler nos forces, pour lutter contre l'ordre obscur qui a déjà déplacé ses premiers pions. Vous avez été choisi pour faire parti de ceux qui défendront les Peuples Libres. Répondez à l'appel, il reste peu de temps. Suivez le messager...seul.
Lion

Le messager regarda le hobbit, et dit:

-J'espère que le contenu a suffit pour vous convaincre, il n'y a pas de temps à perdre...j'ai déjà perdu beaucoup de temps en essayant de vous trouver. On aurait pu croire qu'un hobbit se distinguerait de la foule, mais apparemment non. Je vous laisse faire vos adieux avec votre compagnon...je vais boire un peu d'eau dans la fontaine, là bas. Je reviens, maître Etelion.

L'homme blond s'éloigna, et bût dans la fontaine, regardant Etelion de loin. Il alla ensuite chercher un cheval gris, qui attendait non loin.

En effet, Senta n'eut pas le temps de donner de réponse à son compagnon. Et cette arrivée impromptue déplut à l'acolyte du Fantôme qui n'appréciait pas tellement cette intrusion dans leur mission. Cet inconnu venait à eux, comme s'il les connaissait ou du moins connaissait Etelion et en quelques instants, il demandait au hobbit de le suivre sur le champ on-ne-sait-où. Senta fit une grimace.

Il écouta alors Etelion qui lui proposait deux options. Le guerrier réfléchit à toute allure et finit par répondre au semi-homme.

" Je vais continuer la mission seul. Ne vous inquiétez pas pour moi, je me débrouillerai pour trouver les Masques au plus vite. Mais faîtes attention à vous, Etelion, on ne sait jamais où on met les pieds surtout à notre époque. J'espère que la prochaine fois que nous nous reverrons, ce sera en de plus heureux moments. "

Senta décrocha son hongre de l'arrière de la charette et récupéra une partie des provisions qu'ils s'étaient procurés auparavant. Alors que le cavalier revenait, l'ancien gladiateur ajouta :

" Heureux d'avoir fait votre connaissance, maître hobbit. Ibn-Lahad disait vrai à votre égard. Que les Valar veillent sur vous ! "

L'agent monta enfin en selle. Il attendrait que Etelion et le mystérieux messager repartent pour en faire de même, simple mesure de précaution. Ensuite, il irait dormir dans une auberge de Fornost et repartirait au matin, vers l'Est et les Masques de la Pierrelune avec de la chance.

Senta ne prit que trés peu de temps pour rélféchir, grâce, sans doute, à sa vivacité d'esprit. Il répondit donc au hobbit, alignant les mots, enchainant les phrases.

- " Je vais continuer la mission seul. Ne vous inquiétez pas pour moi, je me débrouillerai pour trouver les Masques au plus vite. Mais faîtes attention à vous, Etelion, on ne sait jamais où on met les pieds surtout à notre époque. J'espère que la prochaine fois que nous nous reverrons, ce sera en de plus heureux moments. "
- Bien. Faites attention vous aussi, ces Masques de la Pierrelune sont des mercenaires. En cela, tout est probable venant de leur part...

Sans attendre, l'ex-compagnon de voyage d'Etelion descendit de la charrette. Il détacha son cheval de l'arrière de la machine à roues, prit ses affaires ainsi que quelques provisions et les balança sur son dos.
Finalement, il monta sur son déstrier. Le messager blond qui était arrivé deux minutes plus tôt s'était désaltéré et revenait vers les deux voyageurs. Avant que ce-dernier n'eut la possibilité d'entendre quoi que ce soit de la part des deux personnes, Senta dit au kuduk, d'un ton appuyant la force de ses propos:

- " Heureux d'avoir fait votre connaissance, maître hobbit. Ibn-Lahad disait vrai à votre égard. Que les Valar veillent sur vous ! "
- Moi de même, Senta. Vous fûtes un excellent compagnon de voyage. Puissent vos pas vous guider là où votre esprit veut aller. Nous nous reverrons, j'en suis sûr. Et que ma force soit avec vous dans cette quête.

Sur ces mots, l'homme s'éloigna, laissant le hobbit seul avec sa charrette, sa jument, et le nouvel arrivant. Lorsque celui-ci fut assez prés pour l'entendre, Etelion annonça, à haute voix:

- Nous pouvons y aller.

Le semi-homme fit claquer les rennes, et sa jument entama le nouveau voyage. Il se retourna, et aperçut Senta, sur sa selle, regardant le départ du hobbit. Ce-dernier lui fit un geste de la main, signifiant quelque chose entre "au revoir" et "bon courage".

Le messager devançait de quelques mètres le hobbit. Au moment où ils passèrent à côté d'un ruisselet, Etelion commença à questionner l'homme blond.

- J'attends de vous que vous répondiez à mes questions. Et, accessoirement, que vous me meniez à bon port. A ce propos, où allons-nous exactement ? Et quel est votre nom ? Qui est ce maître à qui vous obéissez ? Répondez, je vous prie.

Ces questions paraissaient, dans le coeur du hobbit, être des questions de vie ou de mort. Peut-être s'était-il jeté dans un piège absurde et sombre. Mais pour en avoir le coeur net, il fallait qu'il aille jusqu'au bout de ce voyage, qui venait tout juste de commencer.

Le voyage avait commencé...l'homme blond était satisfait du résultat de sa rencontre avec l'hobbit; ce dernier avait accepté de le suivre sans grands problèmes, abandonnant son compagnon, ce qui arrangeait beaucoup le messager, et naturellement ses maitres. Il ne restait pas beaucoup de temps...

Ce fut seulement lorsqu'ils s'éloignèrent de la cité que Etelion commença à poser les questions auxquelles le messager s'attendait naturellement.
Il dit, d'une voix calme; polie mais déterminée.

-Je ne peux malheureusement pas vous dévoiler la plupart de ces informations...Je me nomme Tell, même si ce nom n'évoque rien pour vous. Je vous guiderai jusqu'à notre destination, et vous n'avez rien à craindre, même si il est vrai que dans une situation comme la votre chaque personne devrait rester prudente. Mais je ne suis pas un tueur ni un brigand, maitre hobbit.
Pour la destination, et l'identité de mon maitre, je ne peux malheureusement vous les dévoiler...il le fera au moment qu'il jugera adéquat. Je peux juste vous dire qu'il s'agît d'un lieu de rencontre isolé.
Patientez, maître hobbit....bientôt vous aurez des réponses à toutes vos questions, même à celles que vous n'avez jamais posé.

Ces paroles mystérieuses furent les dernières évoquées par le dénommé Tell à ce sujet. Il était un compagnon de voyage agréable et souriant, partageant quelques anecdotes et blagues avec le Pair du Royaume de l'Arnor au cours de leur trajet.

Ce fut après deux jours environ qu'un petit château ou monastère apparut devant les yeux des deux voyageurs...le bâtiment était situé au bord d'un petit lac, et un aura de tranquillité en émanait.

-Nous voici donc à notre destination, maitre hobbit...ne vous posez pas trop de questions sur l'identité de ceux qui vont vous accueillir...reposez vous dans la chambre qui vous sera accordée, vous serez bientôt convoqués par mon maitre.

Lorsque l'homme et l'hobbit arrivèrent aux portes du monastère, des hommes et femmes vêtus d'habits bruns et encapuchonnés s'occupèrent de leurs chevaux, et guidèrent Etelion jusqu'à une petite chambre modeste mais accueillante. Un repas et la possibilité de se laver étant mis à sa disposition, il fut laissé à ses pensées...

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