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 Le Chant des Quatre Royaumes

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Drryz
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Le Chant des Quatre Royaumes EmptyMer 17 Nov 2010 - 20:33
Voici un livre que j'ai commencé à écrire. Pour m'amuser, je vous poste le prologue (fraîchement pondu) et le premier chapitre.
N'hésitez pas à poster des commentaires. Je sais que je dois BEAUCOUP retravailler mon premier chapitre... Enfin, je crois...

Attention pour les plus sensibles, certains passages pourront peut être vous choquer.


Enjoy! ^^




Livre I: Le Chant des Quatre Royaumes


Préambule


« Dis Mamie, tu me racontes une histoire? »

« D’accord ma petite chérie. Dis moi, quelle histoire veux tu entendre? »

« Parle moi de l’histoire des Royaumes s’il te plaît! »

« Encore? Allons, tu la connais par cœur à force… »

« Oui, mais c’est mon histoire préférée Mamie. »

« Ahah, c’est d’accord, tu as gagné! Alors, écoute bien…


Il y a longtemps, très longtemps, les Quatre Royaumes étaient au nombre de Cinq. Deux grands peuples y vivaient: Les Aymërs, le peuple-animal, résidaient dans chacun des Royaumes qui entouraient celui du peuple des Humains.


Tout au Nord se trouvait les vastes étendues, partagées entre monts enneigés et rivières tempérés, du Royaume de Calmes-Eaux, là où le savoir était aussi chérit que le plus sacré des trésors. Leurs terres gelées leurs convenaient à la perfection, permettant à chacun des enfants de l’eau de vivre en paix avec leur milieu. Ils étaient à l’image de leur pays: d’apparence parfois froide, leur calme était légendaire et, derrière la fine couche de glace qui entouraient leur esprit, se trouvait une rivière de paix et de joie.
A l’extrême Sud, le Royaume des Dunes-D‘or, le lieux de tout les arts, trônait. Rude mais chaleureux, la caresse du soleil sur les dunes et le sable était bénie par chacun des grands chasseurs que le feu avait enfanté. Les liens qu’ils avaient tissés avec les autres enfants des éléments leur avaient permis de vivre en paix. Leurs âmes étaient marqués par le sceau de leur empire: parfois rude dans leurs paroles ou leurs gestes, leurs caractères étaient aussi brillant et aimant que le Grand Astre.
A l’Ouest s’étendaient les bois touffus du Royaume de Verte-Feuille, le plus paisible de tout les lieux. Un endroit où tous ses habitants embrassaient la vie avec une passion et un amour pur. Les bois leurs offraient la protection contre le soleil, de quoi manger et gardaient claires les rivières qui s’agitaient en son sein. Le plus vil de tout les êtres, si ses pas l’avaient mené jusque là, aurait vu son esprit changer pour se remplir d’amour et de sérénité, comme pour tout fils et filles de la terre.
Vers l’Est se trouvaient les monts escarpés de Souffle-Brise, où les rêves et les idées prenaient vie. C’était d’immenses montagnes, aussi grandes que le Mont du Briseur-Brise voir même plus! Et tous ceux des êtres-oiseaux qui y résidaient portaient en leur seins la passion des fantaisies et des écrits. Ils paraient leurs plumes des plus belles couleurs, de perles et de fils afin de ressembler aux rêveries. Quel peuple joyeux et festifs qu’ils étaient!
Et enfin, au milieu de toutes les terres, était le Royaume des Hommes. Envoyés des Cinq Dieux, ils ne ressemblaient à aucun de ceux des Quatre Royaumes. Point de griffes, point de plumes, point de crocs chez eux. Nus et sans moyens de défenses, ils différaient de tous et pourtant ils possédaient un savoir-faire qu’aucun des génies des Royaumes Elémentaires n’avaient jamais eus. Alors, ils partagèrent leurs savoir avec les autres peuples, et en échange, eux leur apprirent à bénir la terre, aimer l’air, remercier l’eau et respecter le feu. Chacun appris à l’autre, et tous vécurent en paix.

Mais dans l’ombre, les Cinq Démons ne l’entendaient pas comme cela. Envie, Colère, Orgueil, Luxure et Paresse invitèrent les Dieux à un grand banquet, prétextant vouloir faire la paix avec eux. Mais les Dieux se méfièrent, et seuls les Quatre Premiers acceptèrent, désireux de faire régner l‘équilibre entre le Mal et le Bien, afin que perdure l‘harmonie. Mais dès qu’ils arrivèrent dans les Enfers, les Démons les capturèrent et les tuèrent. Alors, avant de mourir, ils décidèrent d’envoyer une part de leur âmes dans chacun des Royaumes, afin qu’ils puissent se réincarner. Les Démons prirent possession du monde, et corrompirent tous les Royaumes.

L’eau glaça en le cœur des enfants de Calmes-Eaux; ils devinrent froid et arrogant. Fier de leur savoir, qui les plaçait selon eux au dessus de toutes les autres espèces, ils méprisèrent les autres et créèrent de hauts murs afin de se cloîtrer. Orgueil vint en leur pays et se plaça sur le trône. Il corrompu le Seigneur local et s’assura que ses descendants portent haut sa mémoire. Et Calmes-Eaux devint le Royaume de Glaces-Eaux.
Le feu brûla le pays des Dunes-d’Or par la haine. On délaissa les arts glorieux pour préférer celui de la guerre. Leur rudesse devint une colère brûlante. Ils saisirent les armes et marchèrent sur les terres de leur frères, qui les repoussèrent avec la même férocité. Alors, ils se retournèrent les uns contre les autres, grondants, et il fallut que le roi devint tyran pour faire cesser la guerre. Mais la haine ne les quitta pas, au grand bonheur de Colère, qui veillait. Alors, les Dunes-d’Or furent renommées en Royaume des Sables-Ardents.
L’ombre prit possession des bois verdoyants de Verte-Feuille. Elle s'empara de l'esprit des habitants, et leur sérénité devint paresse. Lasses de faire quoique ce soit, ils se laissèrent aller, et n'empêchèrent point le mal et la corruption de s'installer en leur pays. Ils préférèrent vaquer à de biens mal honnêtes occupations, en soumettant certains à leurs pouvoirs, car elles étaient plus enrichissantes et moins fatigantes. Cela plu beaucoup à Paresse, qui fit son lit sur les branches touffues des bois. Et Verte-Feuille modifia son nom pour devenir le Royaume de Sombre-Bois.
Les vents amenèrent le goût de l'or, du luxe et de la passion sur les hauts monts. Ils se couvrirent de bijoux par vanité, s'aimèrent les uns et les autres en passade et restèrent dans leurs montagnes, délaissant ceux qu'ils trouvaient trop laids ou trop pauvres. Ils ne descendaient que pour s'emparer de bijoux ou pour tromper des hommes ou des femmes des autres Royaumes. Et Luxure se fit sacrer Déesse, parée des plus beaux atours qui existaient. Souffle-Brise ne fut plus, laissant la place au Royaume du Vent-Changeant.
Restait le Royaume des Humains… Envie désira le pays, plus qu’on ne pouvait l’imaginer. Mais, contrairement aux Royaumes Elémentaires, le Cinquième Dieu restait, surveillant son attention avec peuple. Voyant la corruption qui se répandaient tout autour d’eux, voyant le combat titanesque et meurtrier qui s’annonçait, il décida de repartir dans le Haut-Monde. Il emmena avec lui ses ouailles, trop faibles pour se défendre contre les crocs et les griffes de leurs frères et sœurs Aymërs. Il ne resta plus aucun humain, et l’on renomma leurs ancien pays « La Lande Sans-Âmes », que nul désiraient posséder, pas même les habitants de Sable-Ardent. On la disait maudite; tout ceux qui s’y était aventuré, pour une raison ou une autre, n’était jamais revenu.



Et les années passèrent, et tous oublièrent l'âge d'or d'autrefois. Les humains devinrent un mythe, les Cinq Dieux, une vague notions à qui ont préféra les Dieux Mineurs, Pères et Mères de chaque race. On oublia la traîtrise des démons, l’amour de la connaissance, et tous ce qui avaient permis la gloire des Cinq Royaume.
Mais, flottant entre l'Entre-Monde, les âmes des Dieux veillaient, attendant patiemment que naissent les élus dans lesquels ils confieraient leurs espoirs et leurs rêves...





Chapitre I



Du haut du Temple du Chat, Seika allait et venait, surveillant les rues qui s’étendaient en bas. Malgré la chaleur écrasante qui régnait presque tous les jours de l’année au Royaume des Sable-Ardents, les gens se baladaient entre les étals ou courraient d’une maison à une autre, portant des messages de ci et de là. Tantôt animaux, tantôt semi, ils utilisaient leur forme primaire ou humaine afin d’accomplir au mieux la tâche qui leur était alloué. Un grognement sauvage s’éleva doucement du somment du sanctuaire, loin au dessus des passant. Le son resta un moment dans les airs avant de se dissiper, chassé par un courant d’air. Mais le regard méprisant que la panthère lançait depuis son perchoir résistait. Neymes… C’était la cité-mère du pays, et le luxe et l’opulence qu’elle affichait était égale à la misère et le crime qui régnait dans l‘obscurité des hauts murs des palais et des temples. Evidemment, les milliers de touristes qui venaient des Quatre Royaumes ne voyaient jamais cette horreur, suivant docilement les conseils des gardes ou les avertissements des habitants qui les éloignaient des rues sombres. Et les rares qui ne les écoutaient pas, choisissant de jouer les aventuriers, finissaient rapidement par être tués, la gorge tranchée. Pour une fois, dans ce genre de cas, les gardes bougeaient, attrapant le premier gosse des rues ou voleurs de bas étage qui leur passait sous la main. S’en suivait un simulacre de procès dans lequel le malheureux était jugé coupable puis condamné, et ainsi on évitait une guerre. Mais si la victime de cette farce avait de l’argent il se faisait échanger par un des vieillards qui trainaient au fond des prisons. Ici tous pouvait être acheté, même la mort. Elle était bien placée pour le savoir…
Agacée, Seika frappa sa longue queue noire contre le sol avant de s’asseoir sur ses pattes arrières. Elle ressemblait désormais à l’une des statues en onyx qui ornaient le temple. Mais elle ne sembla pas s’en soucier et entreprit de lécher ses coussinets, enlevant méticuleusement la poussière qui les couvrait. Si une épine ou un caillou résistait, alors elle les délogeait à grand renfort de crocs. En apparence, elle semblait sereine, pareille à un chat s’apprêtant à s’endormir au soleil, mais dans son esprit, elle s’agitait, feulant et hurlant d’une rage sauvage. Elle aurait griffé la pierre avec plaisir, s’amusant à la lacérer pour chasser sa hargne, si elle ne se devait pas de garder une certaine réputation. La frappe rythmique qu’elle effectuait avec sa queue était le seul signe qui trahissait son trouble intérieur.

Après une heure qui lui sembla aussi longue que sept nuits, elle finit par entendre un grattement, léger, contre la pierre. Le soleil avait baissé, chassant la moitié des gens présent dans les rues. Le félin se redressa, affinant ses traits sauvage par une lueur de dignité au fond de ses yeux, puis se pencha légèrement en avant. Elle repéra rapidement la petite silhouette qui grimpait le long des murs. Son ascension ne lui prit qu’une minute et demi et son effort de rapidité fut accueillit par un reniflement presque méprisant. Il s’empêcha de grimacer et effectua une révérence maladroite avant de tripoter sa cape nerveusement.
La féline l’étudia un court moment. C’était un Yiierk, un homme-rat. Quand bien même elle le connaissait depuis toutes ses années, on pouvait facilement deviner sa race en le regardant. Des yeux globuleux, un nez pointu, des petites dents horribles et aussi court sur pattes (griffues) qu’à moitié chauve. Ses rares cheveux étaient gris. Il les avait rassemblé en fines mèches qu’il avait placé au travers de son crâne, tentant tant bien que mal de cacher sa calvitie.

Elle souffla, agacée, et le petit homme déglutit avec difficulté.

-Seika… Reine des nuits, je…

Un grognement sourd l’arrêta et il se replia un peu plus contre lui-même, cherchant des yeux un trou ou une large fissure qui pourrait lui être salvateur.

-Reine des nuits… Me prendrais-tu pour Pâa la fennec?! Je ne suis guère une courtisane, sale petit Chmeet’!
Tu n’es pas en position de faire de telles erreurs! Nous avions convenu de nous retrouver lorsque le soleil entamerait sa descente et tu t’es permis de venir en retard. Et en plus de cela, tu oses me prendre pour l’une de ses putains de bordel! Tu mériterais que je t’éventre de mes griffes, rat pestiféré!

L’intéressé n’en menait plus large lorsqu’il vit une petite crevasse, assez large pour permettre à un rongeur de fuir un ennemi aussi féroce qu’une panthère hargneuse. Ni une ni deux, il se ratatina sur lui-même, perdant sa taille humaine pour devenir un rat. Il griffa frénétiquement ses vêtements, cherchant à fuir la prison de tissus que sa métamorphose avait créé. Il sentait le félin s’approcher; il redoubla d’effort. D’un bond, rendu puissant par le flux d’adrénaline qui coulait dans ses veines, il se propulsa hors d’une des manches. Il dérapa un instant sur le grès avant de courir comme un dératé vers le trou. Il allait y arriver! Ses moustaches n’étaient plus qu’à trois centimètre! Bientôt, il pourrait fuir jusqu’au centre du temple, puis il quitterait Neymes et se rendrait à Tombe-Être, la cité du Royaume de Sombre-Bois. Il se referait sa vie de voleur et de fouineur là-bas, et plus jamais il aurait à faire à ce genre de personne! Jamais!
Ses pattes effleurèrent l’entrée de la fissure et une cage de griffe s’abattit sur lui, brisant tous ses espoirs en même temps qu’elle fit le deuil de trois poils de son crâne. Il soupira, son cœur battant toujours la chamade après cette attaque surprise. Il aurait du s’en douter… Ca finissait toujours comme ça avec elle..

-Chmeet’, chmeet’, chmeet’… Rat de bas étage, tu vas finir par me vexer à la longue, tu le sais? Tu crois que je suis assez stupide pour ne pas connaître le moindre trou, la moindre fissure de cette ville? Me prendrais tu pour une lépreuse pour imaginer que je ne sois guère capable d’attraper un petit souriceau tel que toi?

Les griffes devinrent des ongles et Chmeet’ déglutit. Un rire cristallin s’éleva dans les airs et il sentit les doigts se refermer sur son cou. Il se débattit un temps, couinant de peur et de douleur avant de s’arrêter. Une femme-féline, une Myuu, se dressait désormais devant lui, splendide dans une semi-nudité parfaitement voulue. Un fin drap de lin, volé dans le temple, lui ceignait la taille. Sa poitrine avait été laissé nue et l’homme-rat déglutit en voyant la fine cicatrice qui se louvoyait entre les seins de la jeune féline. On racontait qu’elle était la marque de l’unique fois où quelqu’un avait réussi à la battre, brisant son cœur pour toujours, la faisant ainsi devenir le monstre sanguinaire qu’elle était aujourd’hui. Mais de celui qui avait réussi une telle chose, nul nouvelle, nul connaissance. Un éclat de soleil, timide, frappa la peau dorée. Celle-ci semblait désormais scintiller faiblement. Une déesse n’aurait pas été plus belle. Mais le regard glacé qu’elle lançait enlevait le moindre charme à la scène. Un mince sourire, froid et cruel, s’étira doucement sur ses lèvres tandis qu’elle serait d’avantage sa main, blessant le Yiierk.

-Chmeet’, je devrais vraiment te tuer parfois… Dommage que tu sois trop utile, vraiment! Maintenant, donne moi ce que je veux avant que je ne change d’avis…

Foudroyé par les pupilles fendus, l’homme hocha la tête en se métamorphosant, trop intelligent pour oser dire quoique ce soit. Il fut jeter sur le sol sans ménagement et il commença à couiner discrètement tout en rampant jusqu’à sa sacoche. Il fouilla dedans un court instant avant de sortir un collier en or massif. En son centre scintillait une émeraude. Le fouineur posa un genoux à terre et, tête baissé, le tendit à la Myuu.

-Voici le collier que vous m’aviez demandé, Reine de la Mort…

Les oreilles de chat de Seika s’agitèrent, semblant s’amuser de ce surnom. Une mèche rouge tomba de son front tandis qu’elle se penchait sur le bijoux. Elle pris un moment pour l’étudier sous toutes les coutures avant de hocher la tête, satisfaite. Elle se détourna, prête à partir, lorsque un toussotement l’arrêta. Elle lança un temps son trésor d’une main avant de le rattraper, ignorant la présence du fouineur qui tentait de se vêtir.

-Ton or, hein…? Il se trouve que je suis à demie nue. Où penses-tu que j’ai bien pu cacher ce que tu cherches?
Enlèves toutes pensées obscènes de ton esprit, petit rat, ou je te la coupe…

-Que… Seika! Tu vas me payer cette fois quand même!

Elle gloussa avant de se retourner, une lueur de malice perçant ses yeux d’or. Doucement, elle passa la langue sur ses lèvres, se délectant d’un plat qu’elle seule pouvait sentir. L’éclat devint rapidement lame tandis qu’elle fixait l’être pitoyable. Celui-ci se replia sur lui-même, lâchant un petit cri aigue. Le simple fait de voir de tels yeux était aussi douloureux qu’un coup de poignard. Il continua à trembler alors que l’assassine entrouvrit la bouche, dévoilant dés lors deux petites canines aussi blanche que l’ivoire.

-Un…. Deux…

-Seika… tu ne vas quand même pas faire ça? Pas à moi, ton vieux pote? Je n’ai jamais rien dit à personne, j’ai toujours…

-Six…. Sept…

-Iiiiirk!

Ce décompte si particulier, il savait ce que cela signifiait. Elle voulait chasser, traquer sa proie jusqu’à ce que ses gémissements ne l’intéresse plus et qu’elle se décide de l’achever. Si possible de la façon la plus brutale qui existe...
Pris au piège, il décida de tenter le tout pour le tout: il agrippa sa cape d’une main fébrile et se lança du haut du toit, jurant à la face de la femme comme un dernier défi, une dernière occasion de faire enfin preuve d‘un courage qui jusque la le fuyait. Il fit une chute de quelques mètres avant de se rattraper à une statue. Il poussa un petit cri perçant lorsque la douleur du choc remonta le long de son poignet mais tint bon. Ce coup-ci Seika était sérieuse, il le savait parfaitement. Elle le tuerait sans hésiter dés qu’elle lui mettrait la main dessus. Enfin, plutôt les griffes… Il jura un bon coup et entreprit de descendre le mur. Il eu plus de difficulté qu’à l’aller. Quand bien même ses pattes extra-sensible lui permettait d’identifier la moindre petite aspérité qui pouvait lui servir de point d’appui, y aller en marche arrière était un exercice périlleux auquel il n’était que trop peu rodé. Pourtant, tandis qu’il regardait en haut pour savoir si la féline pestait ou tentait de le suivre, il ne vit rien. Était-elle en train de chercher un autre moyen pour le rattraper? Lui laissait elle plus de temps pour mieux le surprendre? Il ne le savait pas et, à vrai dire, ne voulait même pas tenter de connaître la réponse. Il tenait trop à sa vieille peau de rat pour ça.
Il finit par se jeter des trois mètres qui lui restaient encore à parcourir jusqu’au sol. La réception se fit sans trop de problème et il profita du nuage de poussière qui s’élevait pour détaler, espérant que le maigre écran de fumée tiendrait assez longtemps pour lui laisser le temps de mettre de la distance entre lui et la Myu. Il devint rat et abandonna sans regret ses vieux vêtements en toile de jute et son sac. Quelques piécettes de bronze était un sacrifice bien mince comparé à sa propre vie. Il fila, collé contre le mur d’une maison, puis s’enfonça dans une des ruelles sombres qui s’étendaient non loin de l’allée marchande de Neymes. Les Rues Noires étaient son foyer, son monde. C’était là que vivaient la quasi-totalité des familles de Yiierk du pays depuis des années et rien ne l’empêcherait de trouver un abri! Pas même Seika, la Reine de la Mort, l’Ombre Tueuse. Quand bien même elle fut la meilleure de tous les assassins du Royaume des Sables-Ardents et peut être même des Quatre Royaumes! Il serait bientôt à son nid et la, tous irait pour le mieux…

Il tourna encore trois fois avant de freiner de toutes ses pattes. L’horreur même semblait se dresser devant lui. Il tenta de dire quelque chose, mais sa gorge était trop serré pour exprimer quoique ce soit. Il laissa échapper une sorte de demi cri étranglé qu’Elle entendit… Cette ombre noire et gigantesque. Elle se tourna à demi devant lui et il faillit s’étrangler en reconnaissant l’une des pires créature qu’il puisse exister. La peau bleue et écailleuse ne le trompait pas, ni même les dents pointues et les cheveux bleus. Un Skar, l’un des terribles représentants des hommes-requins, le toisait, une moitié de rat dépassant de sa gueule. Dans sa main, les corps broyés de plusieurs Yiierk, qu’il serrait avec un lent plaisir. Un œil blanc se posa sur Chmeet’ et une sorte de rire guttural s’échappa de la gorge de ce monstre. Avec un cri d’effroi, le rat dérapa dans une flaque qui n’était pas la un instant plus tôt et tenta de fuir. Il fut arrêté soudainement lorsqu’un pied s’abattit sur son corps, le blessant cruellement. Il sentit son être se briser et son hurlement mourut entre ses babines ensanglantée. Faible, il tenta de lever les yeux vers la personne qui l’avait écrasé. Il faillit faire un arrêt cardiaque en croisant le regard de Seika. Cette dernière avait apparemment pris tous son temps; elle portait désormais la tenue de cuir usé réglementaire des gardes. Il ne comprenait plus rien et celle-ci sembla prendre un malin plaisir de l’affaire.

-Je.. Tu es… je croyais que je t’étais utile et…

-Tu l’étais, en effet… Il se trouve que cette mission est la dernière que j’ai à faire à Neymes… Une fois cet homme mort, je partirais pour le Royaume du Vent-Changeant… Peut être à Noir-Tempête… Ou Souyetch, la capitale… A voir… Tombe-Être me semblait aussi un bon choix tu me diras, mais je pense que le parrain local ne serait pas très content de me voir… Et hors de question de mettre une simple patte à Yumer…

-Et pourquoi pas Lao, à Glaces-Eaux?

La voix grave et gutturale qui retentit ne l’intrigua nullement. Elle se tourna vers le Skar qui venait de parler, accentuant un peu plus la pression qu’effectuait son pied sur le corps de son ancien associé. Ce dernier couina faiblement.

-Glaces-Eaux? Il n’y a pas une seule organisation souterraine là-bas Reylk, que ce soit à la capitale, à Eaux-troubles, Lac-Rouge, Fleuve-blanc ou que sais-je encore! Le roi y a veillé personnellement, et je ne suis pas folle… Yael me ferait tuer à l‘instant même où je poserais une de mes pattes là bas.
Et puis, je suis tout de même des Sables-Ardents… J’y ai vécu, j’y ai été entraîné…Ca me fait quand même mal de m’imaginer là bas…

Le dénommé Reylk se remit à rire de bon cœur et se redressa, lâchant les corps ensanglanté qu’il tenait un peu plus tôt. Comme si de rien était, il se mit à essuyer ses mains sur sa cape, puis il la laissa choir au milieu des cadavres.

-Et moi alors? Je viens de ce Royaume et pourtant me voici, au cœur même du pays du feu! Ne vas quand même pas me faire croire que ça te pose un problème!

Ce fut au tour de la féline d’éclater de son rire cristallin si charmant tandis qu’elle achevait le Yiierk qui mourut sans obtenir la moindre explication. Elle secoua doucement la tête, faisant tinter les grelots attachés à ses oreilles noires. Insignes d’or pour les grands pontes de la garde, grelot d’argent pour les officiers, plaque de bronze pour les autres. Ceci provoqua un grognement de la part de son compagnon qui semblait assez contrarié.

-Par les écailles du Dieu-Dragon, explique moi encore une fois pourquoi un être tel que toi est obligé de porter cette saloperie de déguisement! Je déteste les gardes! Un jour ou l’autre je vais finir par te frapper sans même le vouloir! Tu vas voir, tu me parleras tranquillement et là PAF! Le coup partira tous seul.

-Rassure toi Reylk, je te tuerais avant même que tu ne me touches.

-Toujours le mot pour rire, ça fait plaisir à voir! Surtout après ça.

Il jeta un rapide regard à la scène qui les entourait, à la façon d’un lecteur prenant connaissance d’un article de journal inintéressant. La Myuu grimaça, ne semblant pas partager la joie de son compagnon.

-Tu sais, je n’y ai pas vraiment pris beaucoup de plaisir… Je trouve ça un peu dommage même… C’était un sale rat fouineur et pestiféré, certes, mais bon… il était doué quand même. Il a carrément réussit à me dégotter le médaillon du Temple du Chacal, c’est pas rien. Et c’est vraiment difficile de trouver du bon personnel ces derniers temps… Sans oublier qu’il a fallut que je le forme en partie merde! Tu m’imagines vraiment reformer un mec comme ça? Jamais! A la limite, je formerais bien un successeur à mon art, mais pas un voleur! Je me rabaisserais de nouveau en faisant ça et j’ai un honneur qui est précieux!

Son comparse haussa les épaules avant de tourner les talons, s’apprêtant à emprunter les chemins tortueux qui le ramènerait jusqu’au Chien noir, la taverne où se trouvait leur « bureau ».

-Tu sais bien que le principal défaut de ses saloperies c’est que ça trahit tous le temps…

Elle soupira et le suivit, agitant sa queue longiligne avec déception.

-Ouais… Mais il s’est pas trop débattu quand même… C’était pas marrant…
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