Crépuscule, le temps évanoui...

T out était trouble, la tête me tournait. Tout autour de moi, le vent s’engouffrait dans les branchages de la forêt. Il faisait calme, il faisait frais, seul le tintement de la rivière me paraissait.
Je cligne des yeux, une fois, deux fois, de sorte que la vision me revienne. L’espace était noir mais à la fois totalement clair. Le ciel était parsemé d’étoiles et comme la plus grande des reines, la pleine lune trônait parmi elles. Je n’osais bouger, peur de rompre ce silence si plaisant mais à la fois si angoissent. Les arbres qui m’entouraient étaient tortueux, sombres, oppressants. Un hibou vint se pauser non loin, d’un hululement il réveilla les esprits de la forêt. Annonçant que la nuit allait bientôt se terminer. Des cailloux s’entrechoquaient derrière moi, il y avait quelqu’un ou quelque chose qui s’avançait vers moi. D’un pas lent et lourd, l’énergumène se rapprochait de moi. Doucement je saisi une flèche tombée de son carquois. J’attendais que l’être soit assez proche pour me retourner et lui enfoncer la flèche dans le premier endroit présenté. Il se rapprochait de plus en plus, j’écoutais son pas non challent. Puis j’entendis une respiration, sa respiration. Elle était forte, puissante, un souffle qui pouvait parcourir une longue distance à grande vitesse sans que celle-ci ne s’épuise… Cette force je la reconnaissais, doucement je me retournais. Il avait une grande silhouette, forte, imposante dans la brume du petit matin. Il stoppa net. Le nez à ras du sol, oreilles dressées, il fit vibrer ses naseaux dilatés. Une fois, deux fois puis avança vers moi. Doucement le puissant étalon s’approchait de mon corps étendu, un corps cassé, un corps délaissé… Bientôt ma main étendue sur le sol pourrait frôler la peau du bel animal. C’est à ce moment précis que l’ultime contacte doit se produire, là est ma seule chance, si le contact ne se produit pas, la vie je perdrais soit piétiné, soit affaiblie. Le farouche animal s’avança encore et encore… Me donnant petit à petit sa confiance, je sentais son souffle sur le bout des doigts et là… Sa y est… le contacte fut. J’eu à peine le temps d’entendre l’étalon hennir puis le sentir s’effondrer à mes côtés, le sol tremblent
Sous son poids.

Ce fut le vide.

Une armée d’orques avait pris la plaine de la cité des elfes, il fallait absolument repousser ceux-ci pour que la cité soit sauve. Maître elfe et les autres généraux avaient élaboré un plan pour repousser la troupe d’envahisseur qui y campait. Une horde d’archers devait être positionnée sur le flanc de la montagne ouest de sorte qu’aucun Orque ne puisse s’enfuir. Un groupe d’éclaireur viendrait de la brèche sud tandis que les cavaliers bloqueraient la partie nord ouest. Les deux groupes se rejoindraient, poussant ainsi les ennemis vers le montage sud ouest où étaient positionnés les archers qui les élimineraient avec flèches et catapultes. Le plan était simple, les orques peut nombreux, la bataille se finirait rapidement.
Dés le crépuscule, les elfes se paraient pour la confrontation. Du haut de la montagne, là où le vent du matin s’engouffrait entre mes oreilles et faisait flotter mes crins, maître elfe s’apprêtait à commander ses troupes. Le silence était totale, il faisait calme, trop calme ; comme le silence annonçant le tempête. Dans la plaine, le campement se faisait encercler. Il suffisait d’attendre…
La rosée du matin lustrait mes sabots, le petit vent froid remplissait les naseaux d’un air pure quand maître elfe, comme avant chaque combat, saisit un bout de ma crinière noir ébène, et me chuchotait ces quelques mots.

-trouve le men.

A l’horizon se levait le soleil rouge annonçant une grande coulée de sang, il était temps… D’un geste maître elfe donna le signal. Les guerriers de la plaine prirent d’assaut le campement ennemis, le silence qui régnait il y a encore quelque instants n’était plus ; il avait laissé place aux lames, chevaux lancé au galop et corps transpercés. La guerre avait commencée.
Du haut de la crête, j’observais le massacre. Le sol tremblait, les orques étaient pris au piège face à la montagne. Les archers tiraient pendant que plus bas, les cavaliers maintenaient les rangs. Au fur et à mesure que le soleil poursuivait sa course dans le ciel, le sang coulait à flot et bientôt une odeur nauséabonde de sang coagulé se répandait. L’air était devenu lourd, mal saint, c’est cette odeur dont je me souviens quand un core d’orque retenti dans l’embuscade. La panique monta, il fallait que la troupe d’orque soit anéantie avant que les renforts arrivent. Il fallait agir, il fallait se battre. Je m’élançai au grand galop, dévalai la montagne pour venir en aide aux miens. J’allais de plus en plus vite, mes sabots frôlaient le sol, ma respiration était courte et forte. A la sime de la bataille, maître elfe brandi son épée. Tout un groupe de cavaliers nous suivirent et telle une lionne bondissant sur sa proie, nous nous jetions sur l’armée d’orques. Mon regard était fixe, en aucun cas je dévierai de ma route. Rien ne pouvait m’atteindre ; en ligne de mire, un orque massacrait un elfe à coup de massue maître elfe décapitait tout sur notre passage. L’orque n’était plus qu’à quelques foulées, tête dressée, j’entrepris un saut ; sabotes ferrés lui fracassèrent le crâne tendis qu’un autre se jetant sur nous se fit transpercer de part et d’autre par la lame affilée de mon cavalier. Arrivé face à la montagne, je fis un demi-tour en cabrant et repris le galop à travers l’armée. Je m’en allai vers le nord-ouest quand les renforts adverses arriverent.ils étaient nombreux et enragés. Maître elfe appela ses troupes et nous chargions sur l’armée d’orque. Je me souviens de cet endroit, de ce moment précis où dans une légère côte parsemée de roches glissantes et acérées ; là exactement où mes congénères se découpèrent et cassèrent leur membres.je les voyais encore tomber, essayant de se relever, se faire renverser par d’autre tentant de sauter par-dessus…nous étions entrain de perdre… je me souviens de cette légère côte positionnée plein est, ce soleil rouge sang qui m’éblouissais, ce soleil même qui engendra la mort de maître elfe.
En effet, ma vision n’était plus, et par mégarde, je m’empalai sur une roche sortant de terre ; nous chutions tout deux. J’essayai de me relever mais mon poitrail déchiré et ensanglanté m’en empêchait. J’essayai encore et encore, mais à chaque fois, la douleur était plus forte et j’échouais. Maître elfe s’étant dégagé avec peine de mon corps si lourd, s’enquit de m’aider mais il était trop tard, entre la horde d’orques et les cavaliers se démenant sur les roches, nous fûmes entourés. Luttant pour notre survie, maître elfe esquivait, frappait et détournait tout armes adverses quand l’une d’elle vint se planter dans son dot, transperçant cage thoracique et poumons, Suffoquant, dans son dernier souffle, me dit « trouve le men Arod, trouve le men »puis il tombait devant moi, moi incapable de bouger, incapable d’avoir défendu sa vie comme il avait défendu la mienne, j’avais déchu a ma tâche…
Le soleil avait traversé le ciel, la cité elfe fut prise, les orques avaient quitté la plaine laissant derrière eux corps inanimés, désarticulés, dépourvu de vie. Toujours allongé sur le sol, je me souvenu que cette phrase dans le dernier souffle de maître elfe, trouve le men Arod, trouve ton chemin. Cette phrase queme disait maître elfe avant chaque bataille, aujourd’hui seulement j’en compris réellement le sens. Il fallait que je trouve mon chemin, que je m’en aille vers un nouveau destin. Une pluie battante vint s’étendre sur le champ de bataille, recouvrant les corps de boues et de sang, recouvrant mon corps de boue et de son sang… Il fallait que je me lève, que je parte avant que le bataillon revienne. De mes dernières forces, je mis un sabot devant moi, puis un autre, la plaie s’écartant de plus en plus, laissant le sang s’écouler à torant mais j’insistais, il fallait que je me lève. Balançant mon encolure vers l’avant, poussant sur mes postérieurs, je me relevai dans une atroce souffrance et parti vers la forêt noire, jurant que plus jamais je ne me laisserais surprendre par la lueur du crépuscule…

Il était là, allongé sur le sol naseaux dilatés, poitrail balafré, arrière main puissante, membres solides, robe couleur cuivre aux crins noirs ébènes ; oui il était bien là, celui qui portait le nom de l’ancien roi, le nom des plus beaux chevaux de la terre du milieu,

-Arod…

L’être puissant sursauta et ouvrit les yeux. Le contacte avait été fait, je savais tout de lui tandis qu’il savait tout de moi. De moi, mais qui étais-je finalement ? Quel était mon nom ? Comment étais-je arrivé là ? Doucement je m’assis, regardais autour de moi, c’était le crépuscule
*Le crépuscule, comme sans le passé d’Arod*
Une lueur rougeâtre s’imposait dans la brume et les arbres sinueux. Derrière moi, s’étendait Arod, il avait le regard si sombre, si profond, si s’incèrent…
D’un coup, il se relevait, me faisant revenir à moi, l’étalon semblait que je face de même mais mes jambes n’en furent pas du même avis, brisées elles étaient incapable de me porter. Néanmoins j’essayais, m’accrochant l’arbre juste à côté de moi, je hissais mon corps comme je pu. L’étalon vint à mon côté, je m’agrippais à son encolure lorsqu’il souleva mon corps avec sa tête. Je me retrouvai sur son dot. J’eu à peine le temps de comprendre pourquoi il avait fait ça qu’il parti au grand galop esquivant chaque arbres. Bras enlacés autour de sa puissante encolure, nous filâmes vers l’horizon quand enfin, nous passions le dernier arbre. Le soleil réchauffais ma peau blanche et se reflétait sur sa robe cuivre, le vent sec me piquait les yeux et ébouriffait sa crinière, la vitesse me faisait souffrir et le faisait jouir mais dans le fond… nous n’étions plus seule, nous étions plus que ça, nous somme ensemble, nous somme vivant ! Alors je compris à mon tour, trouve le men ! Trace ton chemin à travers le crépuscule, nous sommes à présent libre, traçant notre route ensemble, tout deux ; Arod et Crépuscule…