Arrivés à Bree.

Je me levais. J'étais fatigué, car non-seulement ce voyage était long, mais en plus, je ne suis arrivé à m'endormir, tellement j'étais triste d'avoir tué des hommes. Je gardais une humeur assez triste bien que je fis tout pour ne pas la faire remarquer. Il était temps maintenant de prendre mon sac, de faire de mon mieux pour oublier ce qui c'est passé, et de partir pour Bree. Le voyage me permit de voir les paysages magnifiques de la Comté. J'en oubliais presque tout ce qui me tourmentait. J'aurais presque eu envie de vivre définitivement dans cet endroit paisible. Je me marrais tout seul, car je me disais que ce ne serait pas le cas pour Greag. Il se pleindrait tout le temps du manque d'action dans la comté. Je fûs très heureux de voir que les habitants n'étaient guères hostiles. Je ne pût me contrôler, et je dis sans m'empêcher de rire à Greag:


-Tu vois le contraire de ton caractère? C'est un habitant de la Comté! Calme, respectueux, et patient!

Je n'avais jamais autant ris. J'avais oublié toute mes péripéties, et pour la première fois, je fûs impatient d'arriver jusqu'à Bree. Lorsque je me trouvais juste devant son auberge, je dis:

-Nous voilà arriver à destination. Dépéchons-nous de trouver une place pour manger, et une chambre, car il ne manque pas de monde.

J'étais en effet inquiet, car il me parût que beaucoup de gens, étaient dans cette auberge. Soudain, une grêle s'abatit sur Bree. Je criais alors:

-Et dépéchons-nous de prendre place dans cette auberge, pour ne pas souffrir de la grêle!

Ça y est, ils y étaient! L'auberge du Poney Fringant, maintes fois renommée. Au comptoir, Kofur reconnût l'homme qui l'avait servi et logé à chaque fois qu'il s'était arrêté ici, mais, à chaque fois, ce dernier avait été trop affairé pour lui dire son nom. Le nain soupçonnait toutefois un lien de parenté lointain avec le légendaire Prosper Poiredebeurré, dont le portrait était accroché dans un petit cadre sur le mur de derrière.

« Nous voudrions passer la nuit ici, je vous prie. Heu... deux, trois... quatre lits, s'il vous plaît »dit Kofur tout en montrant ses compagnons.

« C'est que nous n'avons guère de place ce soir, répondit l'homme. Les intempéries ont fait venir un monde fou, et les chambres libres s'amenuisent. »

Il consulta un cahier qui devait contenir son planning et, relevant enfin la tête vers eux, leur déclara que la jeune femme pourrait obtenir une chambre séparée, mais que pour les trois Nains, il ne restait plus qu'une chambre avec quatre lits, dont l'un était déjà réservé par un Hobbit.

« Ça fera l'affaire, mon cher monsieur » assura aimablement l'ambassadeur.

Il espérait en son for intérieur que Greag n'y verrait pas d'inconvénient. Sur ces pensées inquiètes, le quatuor se rendit dans la salle commune après avoir commandé leurs boissons. À leur entrée, de nombreux yeux se tournèrent vers eux: si les Nains étaient monnaie courante ici, il n'en était pas de même pour les elfes. Indifférent à cela, les quatre camarades se dirigèrent vers une petite table libre dans un coin.

« Dites-moi, Borlin. Il nous reste encore de nombreuses lieues à parcourir d'ici la Moria: une distance longue à parcourir à pied, et nous sommes pressés par le temps. Je sais qu'ils vendent des poneys dans cette ville, et je voulais vous dire que si besoin était, le seigneur Hadhod rembourserait tout achat qui pourrait jouer en faveur de la guérison du capitaine Dänchpërln. Mais j'imagine que, de toute façon, nous n'avons pas de quoi nous payer ne serait-ce qu'une mule, j'imagine? »