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 La vie a une fin, pas le chagrin

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMar 26 Fév 2013 - 23:39

On aurait dit le bruit d'un millier de petits pas, un millier de petites personnes marchant en tous sens, sans s'arrêter. Et pourtant, cela n'avait rien de désagréable. C'était comme une mélodie apaisante, rassurante, rehaussée par un clapotis délicat, et par le bruit presque étouffé d'une multitude de rivières minuscules. Curieux paysage que celui-ci, songea Rokh qui émergeait de son sommeil, et dont l'ouïe s'était réveillée avant la vue. Il demeura un moment allongé sur le dos, à se délecter de ce son qu'il connaissait bien, et qui pourtant lui semblait étrangement lointain. Comme issu d'un souvenir perdu depuis longtemps. Il laissa les bribes affluer comme portées par un courant sinueux, puis les attrapa lorsqu'elles passèrent à la portée de son esprit. Il pleuvait dehors. Oui. Ce bruit incessant, c'était celui d'une pluie fine qui frappait contre une fenêtre comme si elle demandait la permission d'entrer, et puis qui, devant l'absence de réponse, se changeait en minces filets qui serpentaient le long de murs en pierre. Rokh avait entendu ce son tellement souvent dans sa jeunesse. Né sur une petite île de la mer de Rhûn, il avait passé de longues soirées à écouter la pluie tomber sur la petite maison qu'il habitait avec ses parents. Cela lui avait manqué plus qu'il ne l'aurait cru.

Il ouvrit tout doucement les yeux, et regarda dehors. Le ciel était gris, et le temps s'était réchauffé un peu. La neige était devenue pluie. Voilà qui nettoierait sans doute un peu le sang versé sur les plaines devant la cité du Maréchal. Le cavalier se souvint alors d'où il était. Il n'avait pas souvenir de s'être endormi. Peut-être qu'il s'était finalement évanoui, terrassé par ses blessures terribles, après avoir résisté plus longtemps que la raison l'autorisait. Oui...c'était la seule explication possible. Il avait alors été transporté ici, dans cette petite chambre qui donnait dehors, où il reposait dans un petit lit qui n'avait rien d'extraordinaire, mais qui le changeait des paillasses militaires sur lesquelles il avait l'habitude de se reposer. Le matelas lui semblait incroyablement moelleux, et les oreillers qui épousaient la forme de sa tête et de son cou étaient mille fois plus agréables que le barda qu'il glissait en général sous son oreille pour s'endormir. C'était ce genre de choses qui manquaient le plus à un soldat en campagne, ce qu'il était devenu depuis longtemps, maintenant. Mais malgré tout le confort dont il disposait, et dont il aurait aimé profiter, il ne pouvait pas faire abstraction du fait qu'il était encore chez ses ennemis. Même si on l'avait libéré de ses entraves, il ne pouvait pas se considérer comme en sécurité. Ici, il n'était rien de plus qu'un invité, qu'un prisonnier de luxe chargé de la sécurité de la femme du Maréchal.

Il rejeta précautionneusement les couvertures qui le recouvraient, pour découvrir qu'on avait bandé ses blessures. Son torse était enserré dans des bandages propres, et un pansement était fermement maintenu à l'arrière de sa tête, là où la lame du Maréchal avait pourfendu son heaume. Il était dans un piteux état, et l'idée même de s'approcher du miroir qui se trouvait de l'autre côté de la pièce ne l'inspirait guère. Il s'était vu resplendissant dans son armure sombre, impressionnant la piétaille rohirrim. Maintenant, il avait peur de passer pour un rustre mal élevé. Mais il se dit qu'il allait quand même rencontrer une dame, et qu'il ne pouvait pas se présenter à elle vêtu comme un gueux. Il se leva en grimaçant alors que ses blessures le tiraillaient. Il fut prit d'un violent vertige, et il se rassit contre son gré, le temps que le sentiment passât. Il avait perdu énormément de sang, et il lui faudrait du temps et du repos avant d'être totalement remis. Mais il était solide comme la montagne, et il en avait vu de dures dans sa vie. Beaucoup auraient succombé à de pareilles blessures, mais pas lui. Pas ici, et pas comme ça. Il se leva à nouveau, faisant abstraction de la pièce qui semblait danser autour de lui, et il s'appuya sur le mur, le temps de se stabiliser. Son cœur battait la chamade, et il sentait que ses doigts étaient agités de tremblements nerveux, conséquence du traitement infligé par ses geôliers. Il s'en remettrait aussi. Il fallait juste un peu de temps.

Sur une chaise posée à quelques pas se trouvaient des vêtements propres, à sa taille. Ce n'étaient pas des tissus précieux, mais ils étaient assez convenables pour lui permettre de se sentir habillé sans toutefois que ses hôtes aient eu à le gâter. Le cavalier enfila péniblement la tunique brune, remarquant au passage que son armure bosselée, son casque et ses armes étaient disposées juste derrière. Alors, Rokh se souvint des paroles du Maréchal.

"Une belle lame" avait-il dit en regardant Varvad d'un œil expert, avant d'ajouter "Tu trouveras mon épouse dans mes appartements, prends garde car j'ai de nombreux ennemis, Rokh".

Il lui avait effectivement rendu ses armes, et il avait été jusqu'à le laisser, lui un guerrier impitoyable et terrifiant, seul et armé dans son château, là où se trouvait sa femme. Rokh sourit pour lui-même. Ce Maréchal au nom imprononçable avait lu en lui comme dans un livre. Il avait compris ce qui motivait réellement le cavalier sombre, et c'était une chose assez rare pour être soulignée. Deux hommes a priori ennemis qui se comprenaient sur un champ de bataille ne finissaient jamais à deux pour en discuter. Il y en avait toujours un pour succomber sous les coups de l'autre. Cruelle tragédie. Le Rhûnien avait pour sa part éliminé un bon nombre d'hommes qu'il avait estimé valeureux. Aaron, le membre de l'Ordre, avait donné sa vie dans cet idéal. Ils étaient pourtant alliés, mais il avait fallu que le séide de l'OCF fût mortellement touché pour que Rokh comprît à quel point ils se ressemblaient. Mais Mortenneson...Mortonson...bref, le Maréchal. Ils n'avaient pas réussi à se tuer l'un l'autre quand ils le pouvaient. Etrangement. Les yeux perçants du Maréchal avaient-ils vu derrière le casque impassible du Rhûnien la fidélité au code d'honneur qui régissait sa vie ? Comment savoir ?

Tout en réfléchissant Rokh, avait ouvert la fenêtre, et tendu les mains pour recueillir un peu d'eau afin de se laver le visage. Elle était fraîche et pas désagréable, mais le vent qui s'engouffrait à l'intérieur l'incita à écourter sa toilette. Cependant il tenait à être propre, et à apparaître sous le meilleur jour possible, compte tenu de la situation. Suite à cela, il se dirigea vers le miroir, et entreprit de nouer ses cheveux d'un noir profond derrière sa tête, dans un style que l'on ne retrouvait pas en occident, mais qui était assez répandu au Rhûn. C'était une coiffure stricte que l'on pouvait employer aussi bien dans l'armée que dans les plus hautes fonctions de l'Etat. Rien de très extravagant là-dedans, donc. Le guerrier hésita longuement à prendre son épée avant de sortir. Il avait reçu du Maréchal la permission de la garder, ce qui impliquait très probablement la permission de la porter au côté quand bon lui semblerait. Mais il se doutait que sa première sortie en dehors de sa chambre risquait de soulever bien des questions. Il valait mieux éviter d'effrayer les gens qui se trouvaient là, d'autant qu'il n'avait pas réellement besoin d'armes pour s'en débarrasser.

Fort de cette conviction, il s'inspecta une dernière fois dans le miroir, ajusta une expression sévère et austère sur ses traits -sans avoir besoin de beaucoup forcer pour qu'elle apparaisse, cela dit - et sortit de la chambre qui lui était attribuée. Il se retrouva nez à nez avec un garde, un jeune factionnaire visiblement novice en la matière, qui bondit de surprise en portant la main à son épée. Rokh fut le plus rapide, et il bloqua le bras du soldat avant qu'il ait eu le temps de dégainer. Mais il n'y avait pas d'agressivité inutile chez le Rhûnien, qui se parla d'une voix autoritaire :

- La chambre de Dame Famra. Vite.

Le gamin, qui en fait avait probablement le même âge que Rokh, sinon plus, mais qui semblait en cet instant lui rendre au moins vingt ans, se mit à bafouiller :

- Elle...J'ai pour consigne de vous accompagner où que vous alliez ! Et elle s'appelle Farma. Dame Farma.

Le Rhûnien lâcha le bras de son interlocuteur avec un claquement de langue agacé. Ces noms occidentaux lui donnaient la migraine, avec leurs sonorités étranges :

- Farma, Farma... Soit. Conduis-moi, soldat.

Les deux hommes se mirent en route, relativement lentement compte tenu de l'état de fatigue de l'oriental. Il n'avait pas voulu apparaître aussi affaibli, mais il avait été obligé de s'arrêter à de nombreuses reprises pour reprendre son souffle. Pourtant, objectivement, la distance à parcourir n'était pas exceptionnelle. Il était si concentré sur l'idée de mettre un pied devant l'autre, qu'il ne parvint pas à noter quel chemin il avait pris pour aller et pour revenir. Il lui faudrait un peu de temps avant de s'y retrouver dans cet endroit. Il faisait frisquet dans les couloirs, et il avait hâte de gagner les appartements de la femme du Maréchal, Farma, sans quoi il risquait de prendre froid. Au bout d'un moment, et après avoir dépassé plusieurs portes, le garde s'arrêta devant deux autres vigiles, qui eux semblaient être moins novices. Ils lancèrent un regard peu amène à Rokh, qui le leur rendit avec la même intensité. Ils ne se permirent toutefois aucun commentaire. Peut-être avaient-ils entendu qu'il avait tenu tête au Maréchal ?

Le jeune guerrier toqua à la porte, et lança d'une voix claire :

- Le prisonnier est arrivé, Ma Dame.

L'intéressé fronça les sourcils. Ainsi, ils le considéraient toujours comme un prisonnier. Bah...C'était normal, après tout. Quelqu'un répondit à l'intérieur, et le soldat ouvrit la porte, invitant du geste le Rhûnien à rentrer le premier. Le guerrier oriental inspira profondément, bomba le torse, et s'avança d'un pas fier, comme s'il allait être passé en revue par la Reine Lyra en personne. Le factionnaire demeura derrière lui afin de mieux le surveiller, mais le guerrier de l'Est n'en tint pas compte. Regardant loin devant lui, comme l'exigeait le protocole militaire en son pays, il se mit au garde à vous, et annonça d'une voix forte, s'appliquant à ne pas buter sur le nom qu'il avait répété en chemin :

- Mes respects, Dame Farma. Je suis Rokh, à votre service.

Il garda les yeux rivés sur le mur, même s'il sentit que la femme du Maréchal bougeait en réponse à ses paroles. Il attendit qu'elle lui répondît pour enfin poser les yeux sur elle, comme l'exigeait le protocole militaire...le seul protocole qu'il avait jamais appris à suivre.


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"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMer 13 Mar 2013 - 11:42
La vie a une fin, pas le chagrin Farma210
#Farma

Farma était fièvreuse. Elle alternait entre sommeil agité et pleurs . Le départ de gallen n'arrangerait rien, elle avait besoin de lui et il était parti. Mais au fond d'elle même, elle savait que ce départ précipité avait un lein avec son état de santé. Déjà elle s'imaginait ne plus pouvoir chevaucher et surtout elle sentit le manque au creux de son corps: son enfant mort.

La rumeur colportée par Eothain était parvenue aux oreille de Dame Farma, le maréchal avait fait libérer un guerrier du camp ennemi pour protéger son épouse. Ridicule.

Seulement là comme sortant d'un cauchemard un jeune homme aux regard ténébreux est à son chevet. Farma cligna des yeux luttant contre le fièvre. Sa premèire pensée en découvrant le sombre guerrier fut:

"Mais à quoi penses tu donc Gallen
?"

La jeune femme tenta sans réussite à se redresser dans sa couche, elle se laissa retomber en poussant un petit cri de frustation.

Mais ses yeux verts émeraudes se posèrent sur le guerrier

"Ainsi c'est vous !! C'était donc vrai.... Gallen vous a donc vaincu "

Une première semonce

"Vous devez me protéger , Soldat.Je vous appellerai ainsi car vous êtes pour moi un silmple chien qui suit les ordres malgrè vos dons de bretteur"

Sans laisser l'oriental répondre elle poursuivit

"J'irai droit au but. Je n'ai cure de votre honneur froissé ou autre. Vous vivez car le maréchal le veut si cela ne tenait qu'à moi votre cadavre pourrirait sur les plaines du Roiddermark. Mais je connais des hommes de votre trempe, vous allez me servir l'honneur, la joie de combattre. Bref des inepties. je suis sûr que vous vous croyez unique mais j'ai rencontré des tas d'hommes comme vous, Soldat"

Elle ménagea un silence

"Bon vous êtes là. Allez me chercher de l'eau Soldat"


Elle le scruta un instant et d'un ton acerbe

"Vous n'avez pas d'épée au coté? Vous comptez me protéger avec vos ongles, Soldat"


La vie a une fin, pas le chagrin Gallen10
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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMer 13 Mar 2013 - 20:24
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10

Rokh baissa les yeux vers celle qu'il allait avoir la lourde tâche de protéger, lorsqu'il entendit celle-ci lâcher un petit cri indéchiffrable. C'était pour lui comme le signal qu'il avait le droit de poser les yeux sur elle, et ce qu'il découvrit le laissa un peu à court de mots. Il avait bien ressenti l'atmosphère étrange en entrant dans la pièce, mais il avait supposé qu'il s'agissait là d'une caractéristique propre à cet endroit peuplé d'occidentaux. Pourtant, en observant un peu les lieux, il avait compris qu'il n'en était rien. Il s'était attendu à trouver Farma assise, occupée à une quelconque activité en l'absence de son mari. Peut-être même qu'il aurait préféré la voir active ainsi, plutôt que de la découvrir étendue sur une couche, la mine terriblement affaiblie, dans un environnement qui manquait cruellement de vie. Son visage était fermé et dur, mais les sillons qui avaient marqué ses joues et ses yeux rougis trahissaient qu'elle avait pleuré peu de temps avant. Avait-elle pleuré le départ de son mari ? Difficile à dire à première vue, mais ce qui la touchait était de toute évidence quelque chose qui lui tenait à cœur.

Aux yeux de Rokh, qui pourtant avait plutôt tendance à comparer les gens à lui-même, elle paraissait épuisée. Elle clignait des yeux de manière étrange, comme quelqu'un qui n'aurait plus vraiment su dans quel état elle se trouvait, oscillant entre une réalité douloureusement étrangère, et des rêves bizarrement réalistes. Nul doute que le fait de voir un oriental à la peau cuivrée entrer dans ses appartements devait contribuer à la troubler. Malgré qu'il ait eu les yeux baissés, le rhûnien avait noté qu'elle avait tenté de se redresser, sans succès, ce qui en disait long sur son état de fatigue. Le guerrier inspira profondément, un peu désarçonné par cette vision. Il s'était attendu à voir une personne en pleine possession de ses moyens, et qu'il aurait dû suivre un peu partout dans la citadelle. Il s'était attendu à devoir répondre au moindre de ses caprices, et il avait déjà préparé son esprit à recevoir des critiques quant à son manque de pratique dans la servitude. Il s'imaginait déjà porteur de bagages, ouvreur de portes et porteur de repas. Mais là...C'était trop différent de ce à quoi il s'était attendu pour le laisser de marbre.

Tandis qu'il inspirait, une odeur étrange et désagréable parvint à ses narines. L'odeur caractéristique de la maladie...de la maladie et de la mort. Une odeur que l'on pouvait sentir dans les chambres des gens condamnés, qui avaient quelque part déjà renoncé à la vie. Le guerrier avisa la fenêtre fermée qui donnait sur l'extérieur. Là-dehors, le temps avait fraîchi quelque peu, et la neige qui tombait du ciel s'était pour l'heure transformée en pluie. Les nuages étaient toujours aussi gris, mais le cœur de l'oriental fut quelque peu soulagé de voir quelque chose de familier surgir du ciel. Ces petits flocons blancs lui déplaisaient souverainement, et il se réjouissait de voir la pluie venir chasser les dernières traces de sang qui restaient dans la forteresse. C'était la meilleure chose qui pouvait survenir pour l'instant. L'eau serait quelque peu teintée de rouge pendant un moment, mais cela passerait bien vite.

Le cavalier revint à la femme, dont les yeux verts émeraude rencontrèrent les siens. Il y devina une profonde tristesse, qui fut rapidement dissimulée derrière une foule de sentiments, tels que la colère, la frustration, et le mépris. Tout cela n'était pas entièrement dirigé vers lui, en réalité, car après tout elle ne le connaissait pas le moins du monde, mais il avait le malheur de se trouver là pour endurer la manifestation de ces émotions négatives qu'elle devait chasser à tout prix. En plus, il avait la bonne tête pour cela...le visage de l'ennemi. Tout ce qui lui tenait à cœur et qu'elle avait perdu, tout le chagrin qui en résultait, elle allait le répercuter sur lui sans ménagement. Etait-il prêt pour cela ? Rokh n'avait jamais connu cette situation, à dire vrai. Non pas qu'il ait jamais vu de veuve éplorée après la mort brutale de tous ceux qu'elle aimait. Mais il ne s'était jamais retrouvé dans une situation où celle-ci pouvait lui faire des reproches. Certaines avaient hurlé des choses horribles, mais quand on se trouve dans la posture du vainqueur, il est facile de laisser glisser les mots. Alors que là... Il n'avait jamais expérimenté la défaite, et même s'il lui avait déjà fallu accepter de battre en retraite aux côtés de ses compagnons, c'était toujours après avoir occis maints ennemis, et jamais sans protester vertement auprès de ses supérieurs. Mais se trouver là, en position de prisonnier asservi...c'était tout nouveau.

Farma ne manqua pas de le lui rappeler. En dépit de sa fatigue évidente, elle se montrait encore combative et fière. Pas étonnant que le Maréchal ait trouvé en elle quelqu'un à aimer. Ils partageaient la même volonté inflexible. Cela se voyait dans leurs regards, qui se faisaient écho. Elle ne se trouvait pas sur un champ de bataille présentement, mais le rhûnien avait l'intuition qu'elle n'y aurait pas été mal à l'aise. Peut-être qu'elle ne maniait pas l'épée, mais elle avait sans doute ce qu'il fallait en elle pour espérer y survivre. La clé se trouvait davantage dans la tête que dans le bras, et d'instinct, elle aurait sans doute trouvé la force de s'en sortir. D'ailleurs, elle était tellement déterminée que ses paroles parvinrent à pourfendre la cuirasse de Rokh. Ce dernier encaissa le coup lorsqu'elle lui lança avec mépris qu'il avait été vaincu par son époux. Il ouvrit la bouche une première fois, se préparant à protester, à crier qu'il n'avait jamais été vaincu, que c'était plutôt un match nul, mais il se remémora ses blessures, il se remémora la torture dans les prisons, et il se souvint du regard du Maréchal lorsque celui-ci l'avait laissé en vie au champ d'honneur. D'une voix où transparût pendant un bref instant sa jeunesse, il rétorqua néanmoins :

- Il m'a dit que j'aurai ma revanche si je vous accompagne.

Il se trouva pitoyable, lui qui avait toujours su trouver les mots pour contrattaquer lorsqu'il se sentait blessé. Cela lui avait d'ailleurs joué des tours. Mais là, il se trouva bien incapable de répondre à la hauteur de sa propre frustration...et cela fit naître en lui une contrariété que son visage ne parvint pas à dissimuler. Il était sincèrement en colère contre lui-même de ne pas avoir réussi à tuer le Maréchal lorsqu'il en avait eu l'occasion. La victoire ou la défaite de l'Ordre comptait peu à côté de cette passe d'arme de laquelle il n'était pas sorti vainqueur. Il aurait préféré se retrouver isolé face à l'ensemble de l'armée ennemie pour avoir le simple plaisir de dire qu'il avait gagné. Il fut sèchement rappelé à l'ordre par Farma, qui lui notifia d'un ton qui n'appelait pas de contestation qu'il était là non pas seulement pour l'accompagner, mais également pour la protéger. Il fronça les sourcils, mais elle enfonça le clou en l'appelant soldat avec un mépris incroyable. Sur son regard, on pouvait sans peine lire tout le dégoût qu'elle éprouvait pour lui. Elle ne tenait même pas à le cacher. En fait, Rokh s'y attendait un peu. Après tout, il était son ennemi, et il aurait été surprenant qu'elle lui fît bon accueil alors qu'il avait combattu et tué nombre des siens.

Mais sans vraiment savoir pourquoi, cela le toucha plus que de raison. Il aurait peut-être été moins sensible à ses paroles si elle s'était fièrement tenue debout, si elle avait jeté des objets sur lui, ou si elle l'avait menacé d'une lame. Il aurait sans doute préféré la voir vivante et forte. Là, elle semblait aux portes de la mort, et ses mots sonnaient comme une malédiction funeste. Le rhûnien se demanda ce que fera Melkor de son âme s'il venait à mourir sans avoir lavé son honneur et tué le Maréchal. Il frissonna, chassant cette sombre pensée de son esprit, pour revenir à cette femme qui continuait à l'invectiver. Elle le traita de chien, et il tiqua à nouveau. Imperceptiblement, ses poings se serrèrent, tandis que l'insulte faisait remonter en lui l'instinct du guerrier qui sommeillait depuis que la bataille s'était terminée. Le fait était que dans d'autres circonstances, il aurait sans doute marché sur elle pour la faire taire de force. Femme ou non. Malade ou non. Mais il ne le pouvait pas.

Peu habitué à jouer avec les mots, il tenta de lui faire comprendre qu'il n'était pas qu'un bretteur doué, qu'il était un champion. Sans doute, d'après lui, un des meilleurs guerriers de la Terre du Milieu : le meilleur une fois qu'il aurait tué le Maréchal dans un duel honorable. Il voulut lui expliquer que le traiter de chien était à la fois inapproprié et mensonger. Mais elle ne lui laissa pas le temps de placer le moindre mot, poursuivant sans merci. Rokh avait l'impression qu'elle savait précisément où frapper pour passer outre l'armure, pourtant épaisse, qui cuirassait son esprit et sa fierté. Malgré sa fatigue, son esprit était encore vif, et il avait l'impression qu'elle avait un coup d'avance sur ses réactions, malgré tout ce qu'il essayait d'ériger comme défense. Il s'apprêtait à lui dire que s'il la servait, c'était uniquement pour prendre sa revanche sur le Maréchal, quand elle lui lança qu'il n'était encore envie que grâce à la volonté de ce dernier. Alors, il voulut lui dire que non, et que Morgenstern était un homme d'honneur tout comme lui. Que c'était pour cela qu'il l'avait épargné. Elle le contra avec une habileté prodigieuse. Vexé, il se retrancha derrière son ultime rempart : son égo. Il allait lui crier qu'il était un guerrier redoutable, exceptionnel, et que son mari avait failli y rester. Elle le descendit en flèche en lui disant qu'elle avait rencontré un grand nombre d'hommes comme lui. Peut-être la pire insulte qu'on pouvait lui faire.

Rokh était un guerrier plein de talents, et plein de bonne volonté lorsqu'il s'agissait de combattre. Tous ses supérieurs avaient loué son ardeur à la bataille, et son caractère déterminé. Mais s'il avait été renvoyé des Cataphractes de Rhûn, s'il avait été évincé des Miliciens d'Albyor, ce n'était pas parce qu'il était mieux dans les rangs de l'OCF. Non. Insubordination et insolence étaient les mots qui revenaient souvent dans la bouche de ses supérieurs. Il aurait probablement dû se taire. Après tout, il venait à peine de rencontrer cette dame du Rohan. Mais il ne pouvait pas la laisser prendre un ascendant psychologique sur lui. Son esprit de guerrier ne le lui permettait pas. Il ne rompit pas son garde-à-vous, mais plongea son regard noir dans les yeux de la femme du Maréchal. Toute jeunesse avait été chassée de ses traits, laissant place à l'âme d'un tueur, d'une machine sans émotions, conçue pour abattre des hommes comme on abat des arbres. Sans la moindre once de compassion, il cracha :

- Et moi, j'ai rencontré des tas de femmes comme vous ! Vous pleurez et vous soupirez votre amant perdu, parce que vous n'avez pas le cran de faire ce qu'il fait. Vous moquez l'honneur et la joie de combattre qui nous anime, mais je sais que vous donneriez tout pour chevaucher avec lui en cet instant ! Vous m'appelez "chien", ha ! Mais comment dois-je donc vous appeler, moi ? Impotente, peut-être ?

Rokh aurait bien continué, probablement avec grand plaisir d'ailleurs, ne fût-ce que pour voir son esprit, déjà atteint par ses paroles, se briser en mille morceaux. Pendant cet instant de folie, il n'était plus maître de lui-même, et piétiner les consignes du Maréchal pour rétablir son honneur ne lui aurait pas posé plus de soucis que cela. Il était plutôt du genre à agir avant de réfléchir. Mais une violente douleur dans le dos le coupa en plein monologue. Il tomba au sol, vaincu non pas par la douleur de cette attaque en traître, mais bien par le réveil pénible de toutes ses autres blessures. Il entendit une voix lui crier dessus, de toute évidence celle du soldat qui l'avait escorté, qui lui reprochait d'avoir insulté sa Dame. Rokh, courroucé par cet assaut, faillit se relever et lui sauter à la gorge, mais la voix de Farma lui parvint. Elle avait perdu un peu de sa verve. Etait-ce à cause des paroles du Rhûnien ? Impossible à savoir, car elle avait eu tout le loisir de se recomposer un visage.

Le soldat et le garde du corps s'immobilisèrent en entendant sa voix ferme, avant de s'exécuter. Rokh s'approcha d'une petite table où se trouvait une carafe d'eau, un verre et un plateau. Tandis qu'il remplissait le récipient, son regard fut attiré par un livre qui reposait sur la chaise où on l'avait laissé ouvert. Le guerrier regarda brièvement, et reconnut des croquis de plantes qu'il avait déjà vues dans son pays. Celle qui était représentée était assez rare, et on en tirait à la fois un puissant poison, et son remède, selon la préparation. Rokh le savait pour en avoir une fois vendu à un apothicaire, en revenant de voyage. Il laissa le livre en place, et se dirigea vers la femme de Motenstern, qui le regarda approcher sans la moindre sympathie. En lui posant la question de savoir s'il comptait la protéger avec ses ongles, il ne parvint pas à s'empêcher de sourire, et répondit d'une voix différente :

- Même désarmé, croyez-bien que vos hommes n'ont aucune chance contre moi.

Le regard du rhûnien glissa vers le soldat qui l'escortait toujours. Celui-ci, au souvenir de la vivacité qui l'avait empêché de dégainer son épée, déglutit perceptiblement, essayant de cacher ses inquiétudes derrière un masque d'assurance feinte. Au Rohan comme dans la plupart des pays de l'Ouest, l'Est restait une terre mystérieuse et exotique. Celui-là devait être un paysan pas forcément érudit, qui n'avait entendu parler des orientaux que dans la bouche de ceux qui les avaient affronté. Et le premier qu'il croisait n'était pas le moins talentueux. Le pauvre allait sans doute en faire des cauchemars s'il s'imaginait que tous les guerriers à l'Est de l'Anduin étaient aussi dangereux que le cavalier sombre. Rokh s'amusa de cette situation pendant une demi-seconde, avant de revenir à Farma et d'enchaîner :

- Mais vous avez raison. J'assurerai votre protection armé, si cela peut vous rassurer. Encore que savoir votre chien sans laisse, et armé de surcroît, ne devrait pas vous aider à vous reposer.

Il haussa les épaules, un demi-sourire flottant sur ses lèvres, et il se pencha vers la Dame d'Allbourg. Dans son état actuel, elle n'était pas en mesure de se redresser seule pour porter le verre à sa bouche sans en renverser. Avec une maladresse due à son manque d'expérience en la matière, Rokh fit de son mieux pour glisser une main sous sa tête et l'aider à se désaltérer. Il se surprit à être gêné par ce contact. C'était peut-être la première fois depuis des années qu'il avait un geste aussi...calme. D'ordinaire, il agissait de manière sèche, précise et militaire. Il passait ses journées à s'entraîner et à combattre, ou bien à chevaucher. Mais aider quelqu'un...cela ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps. Depuis qu'il était avec l'Ordre, ses relations avec ses compagnons d'armes avaient été très froides. Si l'un d'eux tombait, il ne se penchait pas pour l'épauler. Et si l'un d'eux, comme Aaron, était blessé à mort, il l'exhortait à aller embrasser son destin, l'épée à la main et le nom de ses ancêtres aux lèvres.

Farma termina de boire, et reposa la tête sur son oreiller. Rokh, sans penser à mal, écarta une mèche de cheveux de la femme, et posa une main sur son front. Il était brûlant. Une fièvre par ce temps n'avait rien d'inhabituel, mais de la voir aussi abattue...ça c'était surprenant. Le guerrier retira sa main et tourna la tête vers le livre qu'il avait observé un peu plus tôt. Il comprit alors avec horreur quelle était réellement la situation, et reporta son attention sur ces yeux verts émeraude qui le fixaient. Toujours agenouillé aux côtés de la femme du Maréchal, il lui lança :

- Vous avez été empoisonnée ! Mais pourquoi n'avez-vous rien dit ?

Son anxiété monta en flèche. Non pas parce qu'il s'inquiétait sincèrement pour elle...encore que. Mais plutôt parce qu'il avait juré au Maréchal de garder sa femme en vie tant qu'il serait absent. Si elle venait à mourir entre ses mains, quelle qu'en pût être la cause, il savait qu'il n'aurait pas le droit à un duel équitable, et qu'il serait exécuté sur le champ. Il avait lu dans les yeux bleus de cet homme qu'il ne plaisantait pas. Il comprenait mieux sa douleur à présent, et il savait que la mort de sa femme le briserait. Et dans sa chute, il ne se priverait pas pour faire exécuter Rokh. Le rhûnien, perturbé par cette révélation, se releva brutalement :

- Racontez-moi comment c'est arrivé. Comment l'avez-vous absorbé ?

Le soldat derrière l'oriental secoua la tête, et lança quelque chose comme quoi Farma était guérisseuse, et qu'elle était la meilleure, et qu'elle n'avait rien trouvé, etc... Le désormais garde-du-corps n'y prêta pas grande attention. Il avait entendu parler de guérisseurs dans son pays qui avaient voyagé à l'Ouest, et qui n'avaient jamais réussi à soigner qui que ce fût avec les plantes locales. Si le poison venait bel et bien de son pays, alors peut-être qu'il pouvait leur apporter un éclairage nouveau. Oh, certes, il n'était pas guérisseur, et il ne parviendrait pas à la guérir totalement du poison...mais il avait quelques notions de base, et il savait comment ralentir l'action de certains produits. S'il pouvait maintenir Farma en vie, c'était toujours ça de gagné.

Tandis que la guérisseuse l'observait, tout en préparant sa réponse, il se dirigea vers la fenêtre de la chambre, qu'il ouvrit en grand sans se faire prier. Un peu d'eau de pluie commença à couler à l'intérieur de la pièce, mais cela aurait au moins le mérite de rafraîchir l'atmosphère, et de chasser cette odeur de maladie qui empoisonnait l'air. Le soldat, inquiet de voir le comportement de l'homme de l'Est, s'approcha de lui avec la ferme intention de refermer les battants, et de préserver la chaleur de la chambre. Rokh s'interposa :

- Deux minutes seulement, ensuite je referme ! Et au lieu de rester à ne rien faire, va donc chercher des linges propres pour le lit, ainsi qu'une boîte en fer. Et du bois pour le feu aussi ! Et ramène aussi quelques tissus et un baquet rempli d'eau froide !

Ce disant, l'oriental avait presque repoussé le soldat dehors, coupant court à ses protestations avec une nouvelle requête à chaque fois. L'homme finit par se récrier, alors qu'il était sur le seuil de la porte :

- Mais je ne suis pas dame de compagnie, moi !

- Eh bien trouves-en une !

Et il claqua la porte. Désormais seul avec Farma, il s'approcha d'elle et s'agenouilla à côté de sa couche. Voulant lui communiquer un peu de réconfort, il attrapa sa main, et la cueillit entre les siennes. La regardant droit dans les yeux, où elle put lire sa sincérité, il souffla :

- Que ce soit entendu entre nous. Je ne vous laisserai pas mourir, quoi qu'il arrive... Et maintenant, racontez-moi tout.

Rokh était pleinement concentré, comme lorsqu'il était sur le champ de bataille. A tel point concentré qu'il ne se rendit pas compte à quel point il venait de changer.

____

Comme Rokh a quitté l'OCF, j'ai changé sa police noire et blanche Wink.


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMer 20 Mar 2013 - 14:57
La vie a une fin, pas le chagrin Farma210


Les sourcils blonds de dame Farma formaient un S interrogateur. Ce guerrier l'intriguait. Elle comprit rapidment ce qui avait plu chez lui à son époux. Si il était aussi bon qu'il en avait l'air c'était un brillant brettuer mais surtout il sembalit sortir d'une illustration d'un livre sur le Rhun: un homme sombre aux manières rustres. Mais la belle rohirrim distingua autre chose, il y avait de la rage alliée à une blessure, il y avait des félures.

L'épouse du Champion fut satisfaite d'avoir touché son adversaire avec sa verve. Puis le comportement du guerrier changea complétement. Sa voix claqua comme un fouet , il téit habitué à être obéi.

Puis il questionna Farma sur son état, il sembalit sincérement inquiet: un triste jeu? Une moquerie ?

Bien que n'en ayant pas spécialement envie, Farma eut la surprise d'nenetendre les mots franchir sa bouche. Elle avait un besoin viscéral de parler. Elle lutta pour ne pas sangloter.

"Je.... J'ai ...été empoisonnée....Une femme qui est morte depuis a versé dans ma boisson préférée, un breuvage à base de lavande, un liquide inconnu....Grace à mles connaissance de guerisseuse j'ai détecté la trace de poison mais j'étaius incapable de le stopper.... J'ai neutralisé les effets ... Puis Maitre Rihils de la maison du Roi m'a oscultée et m'a sauvé la vie. Hélas j'i perdu l'usage de mes jambes et mon....enfant"

Elle déglutit et ne put poursuivre un bref instant. Elle regarda de nouveau le rhunien avec fermeté se mordant la joue pour ne pas pleurer

"Maitre Rihils a parlé de plantes du Rhun..."

Puis elle hurla

"Mais par les valars, dites moi où est parti mon époux?"

Farma perdit un instant son calme, sa voix frisait l'hystérie...


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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyJeu 21 Mar 2013 - 16:55
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

Le feu crépitait doucement dans l'âtre, vacillant à cause de l'air froid qui pénétrait dans la pièce, chassant l'atmosphère pesante qui s'était installée. Ce n'était pas grand-chose, à vrai dire, mais l'air froid avait le mérite de redonner quelque énergie, chassant la fatigue surnaturelle, comme l'eau chasse l'impression de tension que l'on peut éprouver dans les muscles, après une rude bataille. Le guerrier se releva en grimaçant, à cause de ses propres blessures qui n'étaient pas encore cicatrisées. Il avait l'impression que celle à sa hanche s'était rouverte à cause du coup porté par cet idiot de soldat qui l'avait escorté. Il préférait cependant ne pas regarder, serrer les dents, et endiguer le flot de douleur que son esprit envoyait par vagues successives. D'un pas quelque peu boitillant, il se dirigea vers les battants de la fenêtre, et la referma avec soin. Il lui sembla que la chambre avait regagné en couleurs, en fraîcheur. C'était une bonne chose, mais qui n'allait aider que très superficiellement la femme du Maréchal. Rokh se prit à être impatient du retour du soldat. Etrange que ce sentiment, pour lui qui ne s'en était jamais vraiment fait pour les autres. Il avait toujours vécu en solitaire, et il se sentait gêné de faire preuve d'attention vis-à-vis de quelqu'un d'autre que son cheval. C'était une situation assez peu normale pour lui, et pourtant les gestes lui venaient avec une certaine facilité. Lorsqu'il se rendit compte qu'il s'agissait des gestes de sa mère, il sentit un sentiment parfaitement nouveau poindre en lui : la nostalgie.

Cuirassant son esprit pour ne pas donner davantage de prise à Farma, dont les mots étaient aussi douloureux que des épées. Il avait déjà noté qu'elle avait pris quelque plaisir à le voir désarçonné, décontenancé, et il ne voulait pas lui donner des raisons supplémentaires de s'en prendre à son passé. Elle s'était amusée à tester la solidité de ses convictions, et d'une chiquenaude, elle avait réussi à faire vaciller ce qu'il croyait être un rempart infranchissable. Il préférait ne pas lui laisser la possibilité de creuser par ailleurs. Il n'avait pas envie de savoir ce que son esprit avait à lui révéler.

Avec une douceur assez surprenante pour un guerrier plus habitué à manier l'épée qu'à distribuer des gestes de tendresse, il posa sa main sur son front, puis sur sa joue, puis il tâta son poignet pour prendre son pouls. Sa mère faisait toujours ça. Il secoua la tête, comme pour dissiper une fatigue passagère, alors qu'en réalité il combattait ses propres souvenirs. Comment expliquer qu'ils fussent en train de ressurgir de la sorte après toutes ces années ? Pendant un instant, il se demanda si Farma n'était pas magicienne. N'était-ce pas elle qui, grâce à de simples mots, parvenait à extraire de ses souvenirs les mieux dissimulés des choses qu'il aurait préféré voir disparaître ? Et pourtant, il peinait à croire qu'elle pût être à l'origine de tout cela. Elle semblait trop fragile, trop abattue pour être capable de l'ébranler ainsi. En vérité, elle était très probablement plus touchée que lui. Il n'avait sans doute pas mesuré à quel point avant qu'elle lui répondît.

Elle avait semblé hésiter pendant un instant, se demandant probablement pourquoi il s'intéressait tant à sa santé. Après tout, si on se fiait aux apparences, ils étaient ennemis. Lui, l'oriental lié à l'Ordre de la Couronne de Fer venu porter la guerre à Hallburg ; elle, la femme du Champion du Rohan, combattant pour défendre cette cité. Ce Maréchal devait être bien ironique pour avoir eu l'idée de les rassembler. Voulait-il punir quelqu'un ce faisant ? Et si oui, qui donc ? Probablement pas sa femme, car il aurait fallu être bien cruel pour punir quelqu'un qui venait de passer par tant d'épreuves. Empoisonnée d'abord, ce qui en soi n'avait rien d'agréable, elle avait ensuite été sauvée de justesse, avant de perdre ses jambes et son enfant. Lorsqu'elle lâcha cette dernière phrase, le sang quitta presque instantanément le visage de Rokh. Le guerrier, qui s'était agenouillé à côté de la couche de Farma, de sorte à ce qu'elle ne fût pas obligée de hausser la voix, eut un mouvement de recul si soudain, si violent et si incontrôlable qu'il s'en voulût presque tant cela paraissait de l'impolitesse. En réalité, ce n'était pas du dégoût, mais simplement une peur que peu pouvaient comprendre : la peur qu'éprouve un homme croyant en l'existence de Melkor, mais ne lui vouant pas de culte particulier. Or le Noir Ennemi n'était-il pas bon avec ses serviteurs, et impitoyable avec ses ennemis ? Seul un être tel que lui pouvait arracher la vie du corps d'une femme, et l'idée d'avoir pu défier un tel être, en tentant d'aider sa victime, avait de quoi terroriser même le plus arrogant des combattants.

Mais si Rokh craignait Melkor, il n'en demeurait pas moins libre de ses actes. En ne devant pas un melkorite convaincu, et en n'embrassant pas sa religion aveuglément, il avait déjà fait acte de rébellion. Il se dit alors qu'aider une femme de l'Ouest pour sauver son honneur de guerrier ne pouvait pas le condamner davantage. Retrouvant une contenance, il s'excusa platement de sa réaction, sans s'expliquer plus avant. Elle n'aurait de toutes façons pas pu comprendre. Elle n'aurait pas pu comprendre ce que cela faisait d'assister à une cérémonie melkorite, de sentir cette puissance sombre parcourir l'assistance, sonder le cœur de toutes et de tous. Rokh avait senti des doigts effleurer sa peau, un souffle à côté de son oreille. Des mots lui avaient été murmurés, qu'il n'avait pas compris. Peut-être que tout cela venait de son imagination, mais il avait depuis fait en sorte d'éviter autant que possible les temples dédiés à Melkor. Au cas où. Les valarites ne pouvaient décemment pas comprendre.

Rokh sursauta à nouveau lorsque Farma cria, au bord de la folie. Il se releva brusquement, et il sentit une vive douleur le tenailler. Sa hanche se rouvrit, et sous ses pansements, le sang se mit à couler. Il se plia en deux, levant une main pour implorer la femme du Maréchal de demeurer calme. Il inspira profondément, à plusieurs reprises, pour essayer de combattre la douleur, puis lui répondit en tentant de maîtriser sa voix, même si son souffle était plus rapide que la normale :

- Dame Farma...Je ne peux malheureusement pas vous répondre, car j'ignore tout de ses motivations. Vous en rirez peut-être, mais grâce à notre duel, j'ai l'impression d'avoir vu quel genre d'homme est votre mari. S'il ne vous a pas dit où il partait, c'est sans doute d'une grande importance. Une importance capitale. Vous avez épousé une âme noble. Il ne vous cache pas la vérité de gaieté de cœur, j'en suis certain.

Rokh avait l'impression que ses mots sonnaient faux. Après tout, ne venait-il pas d'affronter le Maréchal dans un duel à mort ? N'avait-il pas fracassé sa jambe d'un coup de masse ? Cela ne lui avait-il pas procuré du plaisir de le voir à terre, à sa merci, prêt à succomber ? Il ne pouvait pas se mentir à lui-même : il avait de toutes ses forces souhaité voir Morgensen vaincu, mort, étendu sur la plaine maculée de sang. Cela lui aurait probablement évité bien des peines. Mais la bataille était désormais terminée, et il fallait accepter cela. De fait, Rokh était sincère en essayant de réconforter Farma. Maladroit, peut-être présomptueux dans ses paroles, mais il n'était pas du genre à mentir pour rien. Il n'avait aucun intérêt à donner une fausse information à cette femme, surtout pas après ce qu'elle avait vécu. Malgré tout ce qui pouvait les séparer : lui était né à Rhûn, elle au Rohan, il était un guerrier issu du peuple, elle était une dame noble, il était prisonnier, elle était libre ; malgré tout ça, il éprouvait de la peine vis-à-vis d'elle.

Après avoir répondu à Farma, en espérant que ses mots pussent l'apaiser quelque peu, mais sans se faire trop d'illusions, il analysa ce qu'elle venait de lui dire quant à son empoisonnement. Il se serait volontiers lancé à la recherche du coupable de cet acte, mais visiblement les soldats avaient déjà débusqué la coupable, et l'avaient éliminée promptement. Ce n'était pas plus mal, car le temps de la trouver, elle aurait encore eu le temps de sévir, et Rokh ne souhaitait pas périr en se transformant en goûteur professionnel. D'autant que l'odeur de la lavande ne lui plaisait pas tant que ça. Alors, la lumière se fit dans son esprit :

- De la lavande, avez-vous dit ?

Un sourire s'afficha sur son visage, redonnant brutalement de la jeunesse à ses traits. Pour qui ne connaissait pas les poisons du Rhûn, il n'y avait pas de quoi rire, mais pour lui la situation semblait assez ironique pour mériter un sourire de circonstance. Afin de dissiper tout malentendu, il s'expliqua :

- Le poison que vous avez bu était dans un liquide à base de lavande. La personne qui vous a donné ça ne devait pas bien connaître les poisons qu'elle utilisait, car la lavande combat les toxines. Elle vous a administré le poison mélangé dans l'anti-poison. C'est une chance.

Se rendant compte de la profonde relativité de cette dernière phrase, il bafouilla quelque chose comme pour s'excuser, mais préférant éviter de s'enfoncer dans le ridicule, il choisit finalement de se taire. Une petite gêne s'installa entre eux deux, qu'il entreprit de dissiper avec toute la finesse dont un guerrier combattant à la masse pouvait être capable :

- Ecoutez, je... Je suis désolé pour votre enfant. C'est...

Il se rendit compte avec un peu de retard qu'il était idiot de s'excuser. S'excuser alors qu'il avait marché sur cette cité avec l'intention non dissimulée de la mettre à feu et à sang, de massacrer tous ceux qui n'auraient pas eu le temps de fuir ? Qu'aurait-il fait si, engoncé dans son épaisse armure sombre, il avait réussi à pénétrer la citadelle, et à entrer dans les appartements de Dame Farma ? Qu'aurait-il fait si la fièvre guerrière avait pris le dessus à ce moment-là ? Sans nul doute qu'il aurait abattu son épée avec une précision diabolique, tuant sa victime sur-le-champ, sans se soucier de ses tourments. Il l'avait déjà fait tant de fois que cela ne lui paraissait pas anormal de penser cela. Ce qui l'inquiétait davantage, c'était de savoir pourquoi, en imaginant la situation après coup, il éprouvait une hésitation. Oui il aurait tué Farma, mais la question qu'il ne s'était jamais posée : est-ce que c'était la bonne chose ? Il ferma les yeux et détourna la tête, comme si en arrêtant de la regarder, il pouvait aussi chasser ces interrogations inutiles qui le taraudaient. Après tout, il était un guerrier, et un guerrier était là pour tuer. On lui ordonnait de prendre une cité et tuer tout sur son passage, alors il avançait méthodiquement, et écrasait tous ceux qu'il voyait. Pourquoi chercher à savoir si cela était bien ou non. D'autres avaient la charge d'en décider.

- Pardon, lâcha-t-il presque sans s'en rendre compte.

Empli d'une honte venue d'il ne savait où, il se redressa en portant une main à son flanc, en entendant la porte s'ouvrir et le garde pénétrer dans la pièce avec tout ce qu'il lui avait été demandé de ramener. Il déposa tout en vrac, et s'installa dans un coin. Rokh jeta un coup d'oeil à Farma : à elle de décider s'il devait rester ou non. C'étaient ses appartements, après tout. Le rhûnien demanda au soldat de l'aider à déplacer la femme du Maréchal, le temps de changer ses draps trempés de sueur. Il fallut quelques minutes pour procéder à l'opération, car le guerrier n'était pas habitué de la manœuvre, et le résultat ne fut pas du grand art, mais au moins il serait plus agréable de dormir. Les deux hommes aidèrent Farma à se réinstaller, et ils rabattirent une couverture fraîche et qui sentait le propre sur elle. Ensuite, Rokh rapprocha le baquet d'eau froide, et il y trempa un linge pour l'imbiber. Il le sortit, l'essora, le plia, et le déposa soigneusement sur le front de sa patiente du moment, pour combattre sa fièvre. En la regardant ainsi allongée, il avait l'impression de voir un individu sur un champ de bataille. Cette comparaison lui fit froid dans le dos, tant il savait que parmi tous ceux que l'on soignait, très peu s'en sortaient en général. Après avoir mis Farma à l'aise, il se dirigea vers le feu qu'il attisa. Il plaça la boîte en métal - dans laquelle le soldat avait au préalable creusé un petit trou avec son épée - au cœur des flammes, tout en embrasant du bois à l'intérieur simultanément. Il se basait sur ses souvenirs, aussi n'était-il plus tout à fait certain de lui, mais il était convaincu d'être sur la bonne voie. Il y avait quelque chose d'étrange à voir le rhûnien se déplacer d'une activité à l'autre, car tout chez lui, dans sa gestuelle, respirait l'exotisme. Pas mieux, pas pire...simplement différent.

Tandis qu'il procédait, sous le regard suspicieux du soldat, et celui, indéchiffrable, de Farma, il s'était mis à chantonner dans sa propre langue. Il n'avait pas la voix d'un chanteur, certes, mais il y avait quelque chose de touchant à l'entendre. Les sonorités de son timbre étaient à la fois jeunes, tout comme lui, et anciennes, tout comme l'était ce chant. Il s'agissait d'un poème mis en musique, qui était déclamé sur un rythme lent et régulier, apaisant. En l'occurrence, les seuls instruments qui l'accompagnaient étaient le crépitement des flammes, et les gouttes de pluie qui frappaient la fenêtre, percussions étranges. Aux oreilles de Farma et du soldat, les mots n'étaient que des sons sans sens particulier, presque comme une incantation mystique. Pour Rokh, ils étaient comme des souvenirs surgis du passé. Ce poème parlait de la vie, des injustices, et des chagrins. Il le fredonnait sans y penser, absorbé par ses tâches, mais s'il avait dû le traduire à ses auditeurs, il en aurait été ainsi :

Citation :
++ Oui, j'ai de quoi me plaindre de ce monde qui tourne
Du bruit, de la clameur qui monte pendant qu'il tourne
Monde qui va de travers, monde trompeur, changeant
Qui tantôt monte et tantôt redescend
Que pourrais-je bien dire de ce monde voûté
Qui tantôt est si beau et tantôt est si laid
À l'un il donne la gloire et la fortune
Et l'élève plus haut encore que la lune
À l'autre, il donne le sang comme seule nourriture
La terre et la boue comme lit de fortune
Il donne à l'un la joie, la fête et le bonheur
Et il condamne l'autre au deuil et au malheur
Mais quelle est donc l'énigme de ce monde ancien
Qui fait gémir les hommes et les femmes aussi bien
Monde à l'envers, monde funeste
Monde destructeur qui fait que rien ne reste
Qui lacère le cœur de l'espace et du temps
Douleur en eux à l'œuvre incessamment 1 ++

Une fois la boîte placée, il se releva, un air assez satisfait sur le visage en voyant déjà de la fumée commencer à s'échapper par l'orifice de la prison métallique. Il se dirigea ensuite vers Farma, pour s'enquérir de sa santé, mais une voix derrière lui le héla :

- Euh...Prisonnier ! Vous avez vu votre flanc ?

Rokh baissa les yeux vers l'endroit indiqué, pour voir que son vêtement était en train de prendre une tâche brune. Le sang avait dû imbiber totalement son pansement, et il s'attaquait maintenant à la couche supérieure. Le guerrier aurait préféré ne pas voir cela, car prenant conscience du réveil de sa blessure, il était immédiatement plus attentif à la douleur et à sa faiblesse. Il s'appuya sur la table proche, et respira profondément, comme si ce faisant il allait faire cicatriser sa plaie. Une grimace de douleur s'afficha sur son visage, tandis qu'il essayait de se redresser, en vain.

- Vous savez recoudre une plaie ? Demanda-t-il à brûle pourpoint au soldat.

Ce dernier, qui avait tout l'air d'un novice, parut quelque peu effrayé à l'idée de devoir recoudre une plaie béante. Il avait peut-être déjà vu faire, avec de la chance, mais à voir sa réaction, il était certain qu'il n'avait jamais pratiqué lui-même. Alors, Rokh se tourna vers Farma :

- Y a-t-il un guérisseur dans les parages ? Non pas que je me plaigne, mais je préférerais éviter de maculer vos tapis.

Il voulut rire de sa propre boutade, mais cela lui arracha un grognement de douleur, et il se contint. Avec ironie, il se dit qu'il avait été stupide de croire que seul son amour propre avait été blessé dans ce combat. Souriant en dépit de la situation, il sentit sa vision s'obscurcir, les choses devenir floues autour de lui. Quelle drôle de situation.


_______

1 : Extraits du Shâhnâmeh-ye Haqiqat (Livre des Rois de la Vérité), "Infidélité du Monde"


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Dernière édition par Ryad Assad le Ven 17 Mai 2013 - 14:25, édité 1 fois
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyLun 15 Avr 2013 - 15:39
La vie a une fin, pas le chagrin Farma210

Les yeux de Farma s'agrandirent devent le manège et les paroles du guerrier.Cet homma typique était étrange, une forece, une rage, une cruauté suintaient émanaient de lui. Mais une élagance certaine l'accompagnait. S'en voulant, Farma fut soulagée de raconter ses malheurs. Ce roc avait une écoute assidue. Puis elle assista à l'effervescence du "prisonnier". Il lui révéla que la lavende était un agent bloquant du poison ingurgité.Quelle chance !! Enfin une once de chance dans son malheur. Elle doit bien avouer que le fait que ce guerrier lui dise que Gallen était parti pour de bonnes raisons la rassura.

Puis l'étranger s'escrima pour créer une sorte d'encens purificateur. L'oeil avisé de la guerisseuse observa les mains habiles de Rokh. Farma imposa le silence au soldat charger de sa sécurité.Elle comprit ce qui avait plu chez ce soldat à Gallen, ils se ressemblait beaucoup.

Le guerrier déposa la petite boite. Farma respira à plein poumons, l'odeur était âcre mais presque fascinante.

Suite à la remarque du soldat, Farma découvrit la plaie du "prisonnier". Puis elle se redressa sur son lit et d'un ton habitué à être obeié elle imposa


"Soldat, emmenez le à l'infirmerie sur le champ. Si necessaire allez quérir Maitre Rihils"


Puis ses yeux verts fixèrent les prunelles sombres de Rokh

"Merci et soignez vous, vous aurez besoin de vos forces pour accomplir votre mission, blessé vous m'êtes inutile....Guerrier

L'épouse du maréchal avait appuyé sur le terme "guerrier"


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMar 16 Avr 2013 - 14:34
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

Plus Rokh demeurait dans cette pièce, en compagnie de cette femme qu'il devait protéger, et de ce soldat silencieux mais terrifié qui devait le surveiller, plus il se rendait compte qu'entre son univers et celui des gens de l'Ouest, il existait un mur infranchissable. Il ne trouvait pas les mots pour l'expliquer, car il n'avait jamais été un homme de paroles, et formuler des idées était pour lui aussi utile que s'entraîner avec un branche. Lorsqu'il analysait les lieux, lorsqu'il posait les yeux sur le mobilier agencé avec goût, lorsqu'il examinait les broderies qui décoraient cette chambre, il se sentait cruellement étranger. Non pas par sa naissance, même si être né dans l'Est de la Terre du Milieu ne favorisait pas les liens amicaux, mais à cause de leurs chemins de vie. Ils avaient des parcours si différents qu'il était presque impossible que l'un pût comprendre l'autre.

Comment pouvait-il sincèrement comprendre le déchirement qu'elle devait ressentir à savoir son mari au loin, quand lui-même n'avait jamais su s'attacher ? Comment pouvait-il appréhender la douleur qui devait la broyer de l'intérieur, lorsqu'elle repensait à cet enfant qui jamais ne naîtrait, alors qu'il avait par le passé exécuté des enfants sans le moindre état d'âme. Et elle, comment pourrait-elle comprendre le parcours d'un homme qui toute sa vie avait fait en sorte de suivre le chemin couvert de sang, de cadavres et les promesses de combat ? Pouvait-elle imaginer toutes les horreurs commises de sa main au nom, non pas d'un idéal, mais bien d'une passion personnelle. Rokh baissa la tête...

A voir son regard, il était évident qu'elle ne comprendrait pas. Il était évident que pour elle, il n'était qu'un monstre étranger dénué de la moindre compassion, une machine à tuer qui parcourait les champs de bataille pour assouvir ses pulsions. Et quant à lui, il la percevait toujours comme une inutile princesse occidentale, cloîtrée dans son donjon. D'après lui, elle aurait dû tout faire pour rejoindre les combattants qui défendaient sa cité, et faire couler le sang de l'envahisseur sans pitié. Différence de culture, sans doute.

Il n'était pas facile pour le cavalier de prendre conscience de tout cela. Il avait parcouru les terres de l'ouest plusieurs fois, mais sans jamais s'arrêter véritablement pour discuter avec qui que ce fût. Il en avait conçu l'idée que les occidentaux étaient des êtres inférieurs, misérables, tant dans leur vie quotidienne que sur le champ de bataille. Il avait craché sur leur manque évident de discipline, sur leur faible motivation, et sur l'absence de courage qui, croyait-il, les caractérisait. Il s'était moqué de leur manque de connaissances, et avait joué sur la peur que l'orient leur inspirait. Mais désormais qu'il se retrouvait suffisamment proche d'eux pour les examiner, il se rendait compte que les mêmes malheurs frappaient les occidentaux et les orientaux, et qu'ils ne réagissaient pas si différemment des gens de son peuple.

Il lui coûtait de l'admettre, mais en réalité, ce n'étaient pas les Hommes de l'Ouest, le problème. C'était lui. C'était lui qui n'avait jamais reçu une bonne éducation, qui n'avait jamais désiré se cultiver, apprendre, comprendre. Il était persuadé, alors qu'un noble de son pays aurait trouvé à converser avec Farma, pour en apprendre davantage sur son pays, sur le Rohan. Mais lui, sa vie tournait entièrement autour du combat, de la guerre, de la mort. Il ne partageait rien avec cette femme éduquée...sinon qu'il allait bientôt mettre son mari à mort, lorsque celui-ci reviendrait. Ce fut la seule pensée qui le rassura quelque peu, et qui l'empêcha de n'avoir que des idées noires.

Puis vint son accès de faiblesse. La blessure à son flanc, causée par le Maréchal, et qui ne semblait pas vouloir le laisser en paix. Elle avait été recousue par quelqu'un de professionnel, sans doute, mais ce dernier n'avait de toute évidence pas escompté que le blessé entendrait se lever immédiatement à son réveil. Rokh n'avait jamais été très doué pour les convalescence, et il attirait souvent l'exaspération des guérisseurs qui ne parvenaient pas à le tenir en place. Cependant, il avait rarement été aussi salement amoché, et il prenait douloureusement conscience de la nécessité de se reposer.

Farma, qui semblait avoir retrouvé quelques forces depuis que la chambre avait été aérée, se redressa quelque peu, et ordonna au Rhûnadan d'aller consulter un guérisseur. Elle avait parlé d'un ton qui n'admettait aucune contestation, et bien que Rokh eût désiré rester sur place pour pouvoir continuer à assurer sa mission de protection, quitte à se faire soigner là où il se trouvait, il ne trouva pas la force de s'opposer à ce regard qui dégageait une force absolument surprenante. Il n'était cependant pas d'accord avec elle, et n'ayant jamais été très doué pour dissimuler ses émotions, elle dut le lire sur ses traits, car elle ajouta une phrase destinée à le convaincre.

Une simple phrase, à dire vrai, qui n'avait en soi rien d'exceptionnel. Mais Rokh entendit derrière celle-ci quelque chose de plus profond. Il n'aurait su expliquer pourquoi, mais il était étonné de recevoir de sa part des remerciements. Oh, certes, elle n'avait pas particulièrement insisté dessus, mais elle avait quand même dit "merci". A un homme qui pouvait décemment être considéré comme son ennemi. Comment devait-il comprendre cela ? Acceptait-elle finalement son service, malgré tout ce qui pouvait les séparer ? Involontairement, un petit sourire lui monta aux lèvres, tandis que son cœur de militaire se gonflait de fierté. Ainsi, elle lui faisait confiance pour assumer cette mission. Voilà qui lui paraissait plus proche de son univers. Mais elle toucha la corde sensible de son âme lorsqu'elle insista sur le mot de guerrier.

Bien entendu, cela pouvait être perçu négativement, comme une insulte ou comme une critique à peine voilée. Mais ne l'avait-elle pas appelé "chien" ? Ne l'avait-elle pas appelé "soldat" ? Il n'avait rien en commun avec les sales créatures errant dans les rues en quête de nourriture, pas plus qu'avec les pathétiques gardes qui patrouillaient dans ce château, et sur les terres de l'Ouest. En disant cela, elle reconnaissait qu'il était différent. Qu'il était un guerrier. Il sentit une intense bouffée de satisfaction se répandre dans ses veines, et celle-ci lui donna suffisamment d'énergie pour se redresser de toute sa hauteur, chasser toute expression de son visage, et répondre d'une voix forte et claire :

- A vos ordres, madame !

Son petit accent exotique venait atténuer un peu l'aspect martial de cette réponse, mais c'était chez lui la manière la plus respectueuse qu'il connaissait de se placer au service de quelqu'un. Il n'aurait pas parlé différemment à la Reine Lyra si elle s'était tenue à la place de Farma. Le guerrier se tourna vers le soldat qui l'accompagnait, et il lui désigna la boîte qui se trouvait dans les flammes :

- Dans dix heures, sors la boîte des flammes et recueille le charbon précieusement. Une cuillère dans un verre, puis tu ajoutes de l'eau. Elle doit boire ce breuvage trois fois par jour... Je ne sais pas si cela lui fera du bien, mais en tous cas il est certain que cela ne lui fera pas de mal.

Malheureusement, il n'avait jamais été médecin, et il ignorait exactement quelles seraient les propriétés de ce remède de grand-mère que l'on utilisait parfois chez lui. Toutefois, il ne pouvait décemment pas rester sans rien faire, et il espérait de tout cœur que cela aurait un effet positif. Il jeta un dernier regard à la femme qu'il devait protéger, et lui adressa un signe de tête encourageant. La porte se referma derrière lui, et il se retrouva dans les couloirs de la forteresse. Alors, il se laissa aller à sa douleur, qui le plia en deux. Le soldat s'approcha de lui, quelque peu inquiet, et le soutint de toutes ses forces pour l'emmener chez le maître guérisseur.

Rokh, tout résistant qu'il fût, n'arriva pas conscient chez Rihils. Son corps n'était pas encore remis, et cette blessure était loin d'être bénigne. Il sombra malgré lui dans un sommeil dénué de rêves, dans lequel son corps puisait l'énergie de se reconstituer. Un repos qui pour une fois ne faisait suite à aucune tuerie.


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyLun 22 Avr 2013 - 16:45
La vie a une fin, pas le chagrin Farma210

Farma se mortifiait dans sa couche, la mal la rongeait. Elle en voulait à Gallen elle se sentait si faible et seule. Mais sa conversation avec ce guerrier oriental l'vait perturbée bein plus qu'elle ne l'avouait. Ses êtres étaient considérés au Rohan comme des bêtes sanguinaires et des pleutres.Mais ce Rokh agissait comme un vraie guerrier, ses gestes étaient preque raffinés et Farma avait détecté une félure malangée à de la rage chez lui comme chez Gallen d'ailleurs. Elle suivit les conseils de son garde du corps et oh Miracle elle put bouger son orteil gauche. Un léger sourire ourla les fines lèvres de la jeune femme, c'était bien dérisoire mais une once d'espoir gonflait en elle. Mais elle pensa aussitôt à son enfant perdu et s'enferma dans son malheur

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Rokh se reveilla avec un mal de chien. Il se redressa à moitié et il sentit que son corps avait été manipulé, il n'était que souffrance. Il passa une main fièvreuse sur sa blessure, un bandage neuf et frais maintenait les chairs et le guerrier sentit les onguents, pas les mêmes que ceux utilisés dans ses contrées mais des baumes à coup sûr. Il découvrit son "geolier" le soldat chargeait de sa garde. L'homme aux boucles blondes et aux bacchantes impressionantes le fixait d'un air surpris et il faut bien l'avouer de l'admiration suintée de ses yeux bleus profonds. Trois jours Rokh vait agonisé, il murmurait, cauchemardait dans sa langue étrange gutturale, mais il tenait bon. Maitre Rihils était incapable de se charger de cet hôte si encombrant, toujours affaibli par un malaise aviat on dit mais les rumeurs parlaient d'une altercation avec l'irascible maréchal voire le comte d'esgaroth en personne. Si les puissants commençaient à se déchirer, le Rohan était vraiment perdu.

Alors obéissant aux ordres de Farma il avait amener au chevet du blessé pas moins de trois guierisseurs qui étaient persuadés qu'il trépasserait dans la nuit. Eopir car c'est son nom, dut les menacer de son épée. Il le soignèrent à la va vite et l'homme à l'endurance et la vaillance incroyable avait survécu.

Rokh était dans la salle commune des gardes de la forteresse. Il entendit alors malgrè le coton qui emplissait ses oreilles , des rires gras

Il vit le regard furibond d'Eopir et ses machoires se crispaient, deux lieutenants étaient à quelques mètres et riant à gorges déployées. Des plaisanteries de taverne sur l'accession de Gallen mortensen et de la façon dont il aimerait s'occuper de la belle épouse du maréchal. Eopir ne pouvait rien dire c'étaient des officiers supérieurs.Mais ses propos reletaient ce qu'une partie des soldats pensaient, la révolte gronde, il y a dans l'armée des pro Orwen , des anciens fidèles d'Hogorwen cachés, des pro Fendor, des fidèles du maréchal, des fidèles d'Eoseld, un beau panier de crabes en somme....

Au tout cas ces deux officiers riaiaent à gorge déployée en lançant des coups d'oeil appuyés vers la civière. Ils provoquaient sciemmment. De toute façon que pourrait faire un estropié à fortiori un étranger incompétent.


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyVen 3 Mai 2013 - 13:24
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

++ Debout, Rokh ! ++

Le ciel était d'un bleu parfait, sans nuages, et le soleil écrasait quiconque osait sortir sous ses rayons mortels. Il fallait être fou pour ne fût-ce que mettre le nez dehors, et sans doute encore davantage pour s'entraîner au combat. Mais ce n'était pas pour rien que la famille de Rokh était depuis plusieurs générations à l'origine d'une souche de guerriers redoutables. Les seuls bruits qui venaient briser le silence oppressant étaient ceux du vent qui soufflait doucement sans vraiment apporter de réconfort, et celui des claquements secs du bois contre le bois, du bois contre la chair. Le jeune garçon se releva tant bien que mal.

Torse nu, son corps était luisant de sueur, et ses bras étaient agités de tremblements nerveux. Sa peau cuivrée, rougie ou bleuie par endroits, témoignait de la violence de cet entraînement auquel il était soumis. En face de lui, dans la même tenue, se trouvait son propre père. Il tenait un bâton entre ses mains. Rokh se retrouva sur ses pieds, serrant fermement le ridicule bouclier qu'il devait apprendre à manier. Vingt centimètres de diamètre, fixé sur l'avant-bras gauche. Il n'avait même pas d'armes pour riposter. Ses poumons brûlaient, et il avait l'impression de respirer de l'eau chaude. Le coup reçu dans l'estomac juste avant ne l'avait pas aidé.

Son père fit tourner le bâton avec une dextérité peu commune. L'arme vrombit en s'abattant telle une masse sur la tête du garçon. Rokh détourna ce premier assaut, et contra une seconde frappe, de taille cette fois-ci. Mais le bâton avait deux extrémités, et l'autre côté fusa en direction de ses côtes. Il bloqua douloureusement avec le bras, ce qui lui laissa une marque nette juste sous l'épaule. Il recula pour se placer hors de portée, mais son père le rappela à l'ordre :

++ Qui recule, Rokh !? ++

++ Les lâches, père. ++

Il avança d'un pas, et le combat reprit. Cruel, inégal et brutal, c'était la meilleure formation pour forger le caractère d'un jeune garçon, pour le transformer en guerrier impitoyable. Les coups, il les endurait depuis sa plus tendre enfance. D'abord avec des branches fines, puis avec des répliques d'armes, comme ce bâton. Bientôt, lorsqu'il attendrait treize ans, il pourrait s'entraîner avec de véritables armes émoussées, qui l'habitueraient au poids conséquent d'une lame. Mais il était encore trop jeune et trop inexpérimenté.

Après avoir combattu sans relâche pendant trois heures, Rokh fut libéré par son père. Il tenait à peine debout, mais il avait pour tâche d'aller chercher du bois pour le feu. Il faisait atrocement chaud, mais tant qu'il n'aurait pas effectué cette corvée, il ne serait pas autorisé à se laver ou à manger. La faim le tiraillait, mais il devait résister, souffrir en silence, car telle était la volonté de son père. Il alla ramasser une lourde charge de bois qu'il porta péniblement jusqu'à sa maison, où l'attendait sa mère. Celle-ci le regarda d'un œil critique, tandis qu'il approchait d'un pas hésitant. Elle avait déjà essayé de venir l'aider, mais il l'avait repoussée violemment, refusant sa pitié. Son père désirait le voir devenir un fier guerrier, pas quelqu'un qui dépendait des autres pour réussir.

Il déposa le tas de bois à l'entrée de la maison, et demanda à sa mère s'il pouvait entrer. Elle lui avait répété mille fois qu'il n'était pas nécessaire de demander la permission avant de rentrer chez lui, mais il ne l'écoutait pas, et suivait les ordres de son père qui lui avait ordonné de considérer le champ de bataille comme sa seule demeure. Il s'y employait avec ardeur. Il s'installa à table, et commença à manger goulûment le repas qu'elle avait préparé amoureusement. Tandis qu'il se restaurait, elle l'observait tristement. Elle avait l'impression que son fils était un étranger, qu'il était en train de devenir quelqu'un d'autre. On lui arrachait son enfant, et elle ne pouvait rien faire pour le retenir. Rokh ne voyait rien de tout ça, simplement concentré sur sa journée du lendemain, sur comment il pourrait s'améliorer. Son père n'était pas encore rentré, et sa mère en profita pour tenter de lui parler :

++ Rokh...Ne crois-tu pas que tu t'entraînes trop dur ? Regarde-toi, tu es tellement couvert de blessures qu'aucun guérisseur ne voudrait te soigner. ++

++ Père dit que seuls les lâches se plaignent. Je ne suis pas un lâche. ++

Elle soupira :

++ Je le sais bien, Rokh. Tu es le garçon le plus courageux du monde. Mais pourquoi n'acceptes-tu pas de te reposer un tout petit peu ? On pourrait passer du temps ensemble, et... ++

++ Je ne suis pas un lâche ! ++

Elle vit quelle colère son cœur recelait, et elle essaya de le calmer :

++ Ne t'énerve pas, Rokh... Je n'ai jamais insinué que... ++

Elle ne termina pas sa phrase. Une silhouette venait de faire son apparition dans l'encadrement de la porte. C'était son père, dont le regard sombre s'était posé sur son fils encore à table. Il n'eut pas besoin de mots pour se faire comprendre. Rokh avait pris trop de temps, selon lui, pour manger. Il assimilait cela à une forme de faiblesse. Le jeune garçon termina d'un trait son repas, et fila se délasser dans un bon bain frais, à l'eau de mer. C'était son seul véritable plaisir de la journée, avant qu'il n'ait à s'exercer à cheval tout l'après-midi durant. Il abandonna ses parents, fuyant le regard peiné de sa mère, et contrarié de son père.


~~~~

Rokh avait l'impression que son corps avait été passé à tabac pendant son sommeil. Chaque centimètre de son organisme semblait avoir été poussé dans ses retranchements, et il aurait préféré s'évanouir à nouveau plutôt que de rester conscient. Mais il n'était pas du genre à se laisser aller. Il se redressa quelque peu, et palpa la blessure qu'il avait au flanc. Elle était recouverte par un bandage bien serré, qui semblait ne plus saigner. Une odeur doucereuse lui parvint aux narines, et sans qu'il reconnût aucun des ingrédients, il comprit qu'il s'agissait des différentes plantes qu'on avait utilisé pour le préserver. Après avoir fait le tour de son corps, il étendit sa conscience à son environnement immédiat, pour y découvrir plusieurs personnes.

Juste à côté de lui, un rohirrim se tenait debout dans une position qui trahissait immédiatement sa fonction : il était chargé de le surveiller. Ses cheveux dorés et ses moustaches gigantesques lui donnaient un air étrange, sous son uniforme impeccable. Rokh accrocha son regard, et bien qu'affaibli, il y découvrit des émotions inattendues. Nulle haine viscérale chez ce guerrier d'âge mûr. Nulle colère froide à l'égard d'un ancien ennemi, non. Seulement du respect et un peu d'étonnement, à dire vrai. Le cavalier sombre se demanda bien pourquoi. Qu'avait-il pu faire pour s'attirer la sympathie de ce rohirrim ? L'écho de son duel épique contre le Maréchal était-il parvenu jusqu'aux oreilles des simples soldats ? Reconnaissait-on enfin sa bravoure et son talent ?

Il fut bien forcé de constater que non, en entendant des rires désagréables non loin. Visiblement, ici, on n'avait pas le même sens du mot respect. Rokh se redressa. Il avait la gorge sèche et il dut cligner des yeux à plusieurs reprises pour centrer sa vision, mais il finit par découvrir les deux hommes qui semblaient s'esclaffer sans retenue. L'homme aux côtés de l'oriental, étonnamment, paraissait tendu. Etrange, pensa le guerrier. Il tendit l'oreille, et comprit la raison de cette crispation. Les deux rohirrim étaient en train de s'échanger des plaisanteries d'un goût douteux qui tournaient autour de Farma et du Maréchal Morgenstern. Des plaisanteries qui ne plaisaient pas du tout à l'homme blond. Ni à Rokh, d'ailleurs.

L'oriental avait un sens de l'honneur assez développé, et il avait accepté de protéger la femme du Maréchal contre tous les dangers. Il devait donc assurer sa sécurité physique, mais il ne permettrait pas non plus qu'on se moquât d'elle, ou qu'on insultât son nom. Il avait lu dans ses yeux une telle douleur et une telle tristesse que ces moqueries lui paraissaient ignobles et odieuses. Même à lui. Il ne comprenait pas pourquoi des hommes portant cet uniforme osaient ainsi critiquer d'une telle manière leur suzeraine, alors qu'ils sortaient tout juste d'une bataille désastreuse qui avait coûté de nombreuses vies. Rokh n'était évidemment pas au courant de tous les troubles liés à la succession de Hogorwen : il n'était qu'un simple soldat chargé de tuer sur le champ de bataille. Mais même à cette place, il ne pouvait pas s'empêcher de trouver cela étonnant.

Il avait la bouche pâteuse, et il n'aurait pas refusé un verre d'eau, mais il héla tout de même les deux hommes dans sa langue. Il ne se souvenait pas véritablement de son rêve, mais il était certain que celui-ci était lié à son enfance, et il avait retrouvé l'habitude de s'exprimer dans la langue de son pays assez naturellement. Les deux hommes se turent, et s'approchèrent quelque peu. Peut-être croyaient-ils avoir mal compris, et désiraient-ils savoir de quoi il retournait. Rokh décida de reprendre en commun :

- Ça vous dérangerait de la fermer ? Le prochain que j'entends l'un de vous parler ainsi de Dame Farma ou du Maréchal, je l'égorge, c'est compris ? Même blessé, je peux encore vous faire regretter vos paroles...

Afin de donner plus de poids à ses paroles, et malgré la douleur qui le déchirait, il se leva en faisant en sorte de ne pas afficher sa souffrance sur son visage. Il attrapa son épée, posée non loin de lui, et que Farma lui avait ordonné de porter au côté. Il se tourna vers les deux rohirrim qui visiblement hésitaient sur la marche à suivre, et leur siffla dans sa langue :

++ Car je ne suis pas un lâche. ++


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptySam 11 Mai 2013 - 12:50
Les deux officiers se tournèrent vers l'oriental. Un silence de plomb tomba car les autres soldats présents se tournèrent vers la scène . Les propos de Rokh s'étaient répercutés sur les murs grossiers de la forteresse. Les deux lieutenants se regardèrent un instant. Ils ne pouvaient pas laisser un affront pareil impuni. Les deux gaillards avancèrent donc. Eopir s'interposa

"Laissez le tranquille, il est sous ma protection"

Le premier officier poussa violemment le geôlier de Rpkh

"Quand tu t'adresses à moi tu nommes mon rang;Lieutenant. Ce prisonnier nous insultent . Tu es responsable de ce comportement. Tu en payeras les conséquences"


Le guerrier de l'Est put voir la mâchoire d'Eopir se crisper mais il s'effaça. l'autre lieutenant se plaça de l'autre coté du lit de fortune de Rokh

Il eut un sourire malsain

"Alors on fait le malin, pourriture. Je vais t'apprendre à jouer"

Et avec lenteur il dégaine une longue lame effilée

Eopir tenta

"Arrêtez je vous dis"

Le premier lieutenant frappa lourdement Eopir qui s'effondra.Des soldats s'approchèrent non pas pour prendre la défense de Rokh mais pour assister à un spectacle; il ne viendrait jamais à l'esprit des rohirrim d'intervenir tant bien même que c officiers étaient des sinistres sires prompts aux représailles.

Le regard sombre de Rokh croisa un bref instant celui plus clair d'Eopir. Le guerrier put remarquer un scapel qui se situait à portée de main, il avait du servir à ses soins. La violence suintait des murs.Le sang allait reprendre sa place en ce lieu de malheur.


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyVen 17 Mai 2013 - 14:22
HRP : Désolé du retard, ton message m'avait échappé Wink
__________

La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

La situation était tendue, plus que jamais, mais l'Oriental aimait cela. Il ne pouvait pas vraiment l'expliquer, et il savait que cela allait à l'opposé du sentiment de la plupart des individus, mais il se sentait particulièrement bien dans cet état de tension qui précédait la bataille, et qui lui permettait d'avoir les idées claires, le souffle régulier et détendu, ainsi que l'esprit alerte. La situation pouvait apparaître défavorable à un observateur extérieur, car seul contre autant de lames, blessé de surcroît, il semblait n'avoir aucune chance de s'en tirer vivant. Et le cas échéant, il paraissait impossible qu'il sortît vainqueur de ce duel inégal. Pourtant, et c'était là l'erreur qu'étaient en train de commettre les rohirrim, il ne fallait pas sous-estimer le guerrier de l'Est. Son endurance n'avait d'égale que sa fierté et sa férocité au combat. Une combinaison dangereuse, autant pour lui-même que pour ceux qui se dressaient en travers de sa route. Le Maréchal avait eu l'occasion d'en faire l'expérience, et sa jambe meurtrie devait encore le lancer, pour lui rappeler à quel point son adversaire était passé prêt de le tuer. Rokh laissa un sourire étirer ses lèvres, tandis qu'il observait les hommes qui se tenaient en face de lui, et ce lieutenant qui venait de dégainer son arme. Ils n'avaient rien de commun avec le glorieux Maréchal d'Alldurg.

Le guerrier était particulièrement décidé à leur donner une bonne correction, mais il se doutait que les tuer ne lui apporterait que des ennuis. Pourtant, en son for intérieur, une pulsion de rage le poussait à se jeter sur eux pour les anéantir sans la moindre pitié. Il devait faire un effort de volonté particulièrement intense pour ne pas laisser libre court à ses nombreuses années d'entraînement. Combattre sans avoir à tuer, il n'avait plus fait ça depuis bien longtemps, désormais. S'il voulait vraiment réussir cet exploit, il allait devoir considérer cette situation comme un exercice banal, tels que ceux qu'il avait appris lorsqu'il était encore en service. Rares étaient les combattants qui réussissaient à affronter plusieurs adversaires à la fois, parmi son unité. Malgré son âge, il en faisait partie. Il n'avait pas la grâce et la vivacité de certains qui, tels des serpents insaisissables, semblaient éviter toutes les tentatives pour les tuer. Cependant, il disposait d'une volonté de fer, et tant qu'il n'acceptait pas la défaite, il pouvait continuer.

Il baissa les yeux un instant vers le rohirrim chargé de sa protection. Il avait visiblement failli à sa mission, puisqu'il avait été incapable d'empêcher que la situation ne dérapât. Il fallait dire qu'en cela, Rokh ne l'avait pas aidé. Ses provocations n'avaient fait qu'attiser l'animosité de ceux qui se présentaient désormais comme ses ennemis.

"Non", se reprit-il "pas mes ennemis...mes adversaires !"

Cette correction apportée, il considéra plus prudent de déposer son épée sur son lit. Il ferait en sorte de ne tuer personne présentement, ne fût que pour éviter de s'attirer les foudres de Dame Farma lorsqu'elle apprendrait ce qu'il s'était passé. Rokh regardait toujours Eopir, et dans ses yeux luisait une confiance immodérée dans ses propres capacités. L'Oriental paraissait ne pas éprouver la moindre peur. Son petit sourire s'élargit, découvrant ses dents pendant une fraction de seconde, avant de disparaître pour de bon. Son visage enfantin se transforma soudainement, comme si une autre personne avait pris place dans ce corps blessé. Désormais, nulle bravade, nulle provocation. Seulement le calme et la détermination d'un guerrier qui s'apprêtait à mettre en application avec grand soin ce qu'il avait eu l'occasion d'apprendre durant toutes ces années. Sa mâchoire était fermement serrée, et il respirait profondément par le nez, comme un prédateur à l'affût. Son regard était acéré, et il s'attardait tranquillement sur les menaces potentielles. La lame de son adversaire, la présence des autres rohirrims. Il mémorisait mentalement la distance qui les séparait les uns des autres, calculait le temps qu'il leur faudrait pour attaquer à leur tour. Son esprit raisonnait plus que jamais, et envisageait les problèmes selon un angle presque mathématique.

Sans le regarder, il attrapa le petit scalpel qu'il avait aperçu du coin de l'œil quelques secondes plus tôt. Ce serait une arme de fortune, loin d'être capable de bloquer un coup d'épée, ou même d'infliger des blessures mortelles - encore que... - mais cela lui permettrait au moins de disposer d'un objet précis et efficace pour faire lâcher prise à ses assaillants. Malheureusement pour lui, ce geste fut interprété comme une menace, et les rohirrim, qui jusqu'alors étaient demeurés immobiles, commencèrent à bouger. Impossible de savoir si c'était là le fait de l'anxiété, d'une volonté manifeste d'attaquer, ou bien simplement une réaction incontrôlée de leur corps soumis à la tension qui précédait l'action. Rokh ne s'embarrassa pas de questions. Ils avaient bougé, même imperceptiblement, ce qui signifiait qu'ils représentaient un danger potentiel. Un danger qu'il allait annihiler. Rapide comme la mort, il fondit sur le lieutenant qui tenait toujours son arme entre ses mains. L'épée, lourde et longue, était fort peu maniable dans un espace aussi confiné. Le Rhûnadan s'approcha à toute vitesse, à une distance où l'arme devenait absolument inefficace. Du tranchant de la main, il frappa son adversaire à la gorge, suffisamment fort pour lui couper le souffle, mais pas assez pour le neutraliser définitivement. De sa main droite, qui tenait le scalpel, il repoussa les bras qui tenaient l'épée, désormais privés de force, vers les autres rohirrim. Ceux-ci bondirent en arrière pour esquiver l'arc décrit par la lame, qui échappa à son propriétaire, et alla s'écraser par terre avec fracas. Le tout n'avait pas duré plus de deux secondes.

Le lieutenant se retrouva au sol, la main pressée contre sa gorge qui peinait à laisser l'air passer jusqu'à ses poumons. Il soufflait comme un bœuf, devant le regard surpris de ses compagnons qui avaient subitement changé d'attitude. Curieux ou moqueurs au départ, ils étaient devenus soit rageurs soit inquiets. Ce qui devait apparaître comme un simple règlement de compte, au départ, paraissait pouvoir se transformer en un carnage sans nom. Les officiers qui espéraient pouvoir rouer de coups un prisonnier blessé se rendaient peut-être enfin compte qu'ils risquaient de perdre bien plus que des plumes dans la bataille. Difficile de dire quelle allait être leur réaction, à présent que l'un des leurs était à terre. Il n'était pas mort, ce qui était un point à mettre au crédit de l'Oriental. S'il n'avait pas passé le scalpel dans sa main droite, au lieu d'un souffle coupé, le lieutenant aurait écopé d'une gorge tranchée. Il pouvait donc s'estimer chanceux.

Mais Rokh n'était pas ressorti totalement indemne de cet assaut. Bref et incroyablement violent, il avait sollicité des muscles que le guerrier aurait dû laisser au repos. Il fit un pas en arrière, comme pour reprendre sa position initiale et signifier à ses adversaires qu'il ne désirait pas davantage de combat. Mais en réalité, il leur présentait simplement son flanc gauche, celui qui n'avait pas été touché par l'acier du Maréchal, et qui ne venait pas d'être soigné par les guérisseurs. Cette estocade avait étiré les chairs, et les pansements avaient été soumis à rude épreuve. Peut-être ne supporteraient-ils pas un nouvel assaut de la part de l'ancien de l'OCF. Cependant, l'intéressé était dur au mal, et même s'il souffrait, il faisait en sorte que son visage ne trahît point sa faiblesse. Il n'était pas question de donner une raison à ces hommes de reprendre confiance. S'ils le pensaient sans faille, ils battraient peut-être en retraite. S'ils constataient qu'il s'épuisait, ils redoubleraient d'efforts.

L'Oriental se tourna un bref instant vers Eopir, qui le dévisageait toujours. Il aurait voulu lui dire d'aller chercher quelqu'un, que la situation risquait de dégénérer si personne n'intervenait. Des hommes extérieurs au problème pouvaient fort bien entrer et maîtriser les assaillants et le prisonnier. Rokh accepterait même de se laisser faire, pour éviter des ennuis inutiles. Mais si les autres l'attaquaient à nouveau, il n'aurait d'autre choix que de se servir de son arme. Et aussi petite fût-elle, il savait pouvoir infliger de gros dégâts avec. Ce qu'il ne pouvait pas dire dans de longues phrases, de longues explications qui auraient donné tout le loisir aux autres de l'attaquer, il le condensa en un seul mot :

- Farma.

Après tout, elle disposait encore d'une certaine autorité, ici, et même convalescente, elle pouvait mettre fin à ce qui s'annonçait, sinon, comme un joyeux bain de sang. Rokh reporta son attention sur ses adversaires. La Dame qu'il avait la charge de protéger allait devoir agir, si elle ne voulait pas perdre ses lieutenants. Car oui, même armé d'un scalpel, en infériorité numérique, il n'imaginait pas pouvoir perdre...


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyVen 24 Mai 2013 - 17:28
La vie a une fin, pas le chagrin Farma210

Comme piqué par un serpent Eopir bondit, il traversa la foule des soldats qui s'étaient agglutinés pour asister à la rixe. L'oriental pouvait apercevoir des regards mêlés de peur, et de rage. Il n'était pas le bienvenu en ces lieux , mais les deux lieutenants n'étaient pas aimés et avaient combattu dans les rangs du roi vaincu et donc dêchu.

Eopir fonça donc vers la chambre de l'épouse du Maréchal, il oublia de frapper . Essoufflé il balbutia

"Dame Farma, votre garde... Il se bat"

Il stoppa sa diatribe car il découvrit les fines jambes fuselées de Frama au dessus de sa couche. La belle tenatit de faire fonctionner ses memebres elle s'était donc mis à l'aise dirons nous. Eopir devint pivoine. Farma se redressa avec un rictus de douleur.Elle était satisfaite ses doigts de pied avaient bougé légèrement.

Puis sa voix claqua comme un fouet

"Emméne moi"

Eopir déglutit

"Porte moi par les valars !!" hurla farma

Le garde s'exécuta maladroitement. L'épouse de Gallen prit soin de lisser sa robe et de bien recouvrir ses jambes. L'étrange cortège arriva enfin dans la bastion. Une nouvelle chape de plomb tomba. Farma comprit immédiatement la rancoeur des hommes présents contre Rokh, contre Gallen contre les nobles, contre la guerre. Elle devait être forte. Elle respira lentement pour calmer son coeur. Elle dirigea sa "monture" près des trois hommes. Les deux lieutenants étaient des ordures tout le monde le savait.

Farma ferma un instant les yeux sa décision était prise. Il lui sembla que c'était la voix d'une autre qui s'échappa de sa bouche.

Le regard enflammé elle lança

"Tue les, guerrier"




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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptySam 25 Mai 2013 - 15:18
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

Comprenant que l'issue de la situation résidait peut-être dans la mission qui lui était confiée, le rohirrim chargé de la garde de Rokh quitta la pièce aussi rapidement que le lui permettait son encombrante armure. Les hommes s'écartèrent de son chemin, trop concentrés sur le duel qui allait avoir lieu pour considérer que son départ était important. Il ne prit pas le temps de fermer la porte, et le bruit de sa course résonna longtemps dans les oreilles de l'oriental, jusqu'à ce que le grondement sourd de la foule avide de sang ne finît par emplir suffisamment l'air pour étouffer tout le reste. Le rhûnadan était calme, confiant dans ses capacités même si sa blessure l'inquiétait. En face, les deux rohirrim étaient de nouveau armés. Le premier avait récupéré son épée tombée au sol, et s'il se massait encore la gorge de temps en temps, il paraissait avoir totalement récupéré. Et il se méfierait beaucoup plus, la prochaine fois. Ils avaient d'ailleurs préféré être prudents, et ils essayaient de se placer côte à côte pour optimiser leur assaut, même si l'exigüité des lieux ne leur permettait pas d'y parvenir comme ils le souhaitaient. Rokh se déplaça sur sa gauche, forçant les deux hommes à suivre son mouvement. Comme s'ils avaient toujours réalisé une chorégraphie préparée à l'avance, la foule se mit elle aussi à bouger pour ne pas perdre une miette du spectacle, s'adaptant à la progression des protagonistes.

Un des hommes feinta une attaque de taille, et Rokh recula brutalement, tout comme la foule. Ce genre de coups pouvait se révéler mortels ici, mais il avait autant de chances de toucher l'oriental que de blesser un des spectateurs, s'il ne contrôlait pas bien son assaut. Il se mit alors à approcher sournoisement, gardant son épée tendue, menace permanente. Face à lui, le Rhûnadan continuait à tourner, toujours du même côté. Le côté qui ne permettait pas au second rohirrim de lancer un assaut. Grâce à cette manœuvre, de son point de vue, les deux hommes se trouvaient toujours l'un derrière l'autre. Avantage tactique non négligeable pour la suite, et surtout seul moyen de survivre à deux assaillants : faire en sorte qu'ils ne puissent pas frapper simultanément. Avec un bouclier et une épée, il ne se serait pas véritablement posé la question, et il aurait apprécié un défi à deux contre un. Mais sans armes et sans armures, c'était suicidaire que de se surestimer.

Enfin...il n'était pas totalement désarmé. Il serra le poing autour du scalpel qu'il tenait toujours en main, sans trop savoir comment il allait l'utiliser. A dire vrai, l'arme était tranchante et efficace, mais elle ne lui permettrait pas de venir à bout d'une cotte de maille, d'une plaque de cuir ou de métal. Il ne pouvait viser que le visage, et éventuellement les jambes s'il y allait suffisamment fort. Mais cela impliquait de graves blessures chez ses adversaires, ce qu'il ne souhaitait pas particulièrement. Il n'avait pas prévu de faire couler le sang outre mesure, et il préférait se contenter de se défendre, même s'il savait sa position précaire. Il était en moins grande forme que les hommes qui lui faisaient face, et ils ne tarderaient pas à se positionner de sorte à le coincer. Peut-être que la foule y jouerait un rôle particulier, en l'empêchant de bouger. Il ne pouvait savoir d'où viendrait la menace. Tous autour de lui semblaient fous : ils criaient, lançaient des quolibets ou des insultes, et attendaient du sang, du sang et encore du sang. A croire que la bataille qui venait de se dérouler sous leurs murs n'avait pas apporté suffisamment de carnage et de désolation à ces barbares. Mais là, la situation était différente : ils n'affrontaient pas leurs frères de sang, ils se battaient contre un étranger qui avait revêtu les couleurs de l'ennemi. Un étranger venu de l'Est, de surcroît. Rokh avait l'impression d'être une bête de foire, un animal en cage que l'on défiait pour le sport et le spectacle, avant de le mettre à mort sans la moindre pitié. Une chasse bien ignoble.

De la foule, les cris continuaient à parvenir : "crevez-le" criaient certains, "attaquez, attaquez !" lançaient d'autres. Rokh essayait de les ignorer, de se focaliser sur les lames de ses adversaires, qui dansaient devant lui tels des serpents aux crocs d'acier, dont le venin serait mortel à coup sûr. Il bougeait lentement, comme les charmeurs, pour ne pas donner l'impression qu'il était dangereux. Il tournait tranquillement, calmement, pour tenter d'imposer le rythme du combat. Et si les hommes en face de lui feintaient, comme le serpent qui feinte d'attaquer la flute, ils demeuraient pris dans le tempo de sa mélodie propre. Autour d'eux trois, un silence surnaturel tomba, alors que tous les soldats qui composaient la foule s'arrêtaient en un ensemble parfait de crier, de huer et de haranguer. Sans cesser de tourner, Rokh découvrit Dame Farma, portée maladroitement par le garde qu'il avait envoyé. Les choses allaient enfin cesser.

Le Rhûnadan demeura concentré, néanmoins. Il n'était pas à l'abri d'une attaque en traître. Toutefois, il détourna une partie de son attention vers la femme qu'il devait protéger, pour découvrir dans ses yeux une sorte de dégoût de la situation. Rokh savait ce qu'elle pensait. Comment pouvait-il en être autrement ? Lui, l'oriental, face à deux de ses frères à elle. Elle croirait leurs mensonges lorsqu'ils rapporteraient qu'il les avait provoqués. Elle ignorerait ses paroles lorsqu'il tenterait de lui expliquer qu'il n'avait pas fait autre chose que de la protéger. Irait-elle jusqu'à l'empêcher de respecter sa promesse faite au Maréchal ? Irait-elle jusqu'à le mettre aux fers pour cela ? Devrait-il endurer davantage de tourments, de tortures, comme même les pires animaux n'en méritent pas ? Il l'ignorait, et cela le mettait dans un état d'esprit étrange. Une sorte d'acceptation passive, mêlée d'une profonde déception. Il regarda Farma droit dans les yeux, cherchant à lire en elle les signes avant-coureur de l'ordre qu'elle allait donner.

Elle était apparue essoufflée, et elle avait pris quelques secondes pour se redonner une contenance, pour être capable de prendre la parole d'une voix forte et claire. Les deux rohirrim souriaient de toutes leurs dents, conscients que l'arrivée de la Dame d'Hallebourg ne pouvait signifier que leur victoire. Peut-être même, se disaient-ils, auraient-ils le privilège de s'occuper personnellement du prisonnier. Ils étaient déjà en train de réfléchir aux supplices qu'ils allaient lui infliger, lorsque Farma, d'une voix froide et cassante, donna un ordre que seuls les cœurs les plus courageux ou les plus meurtris peuvent donner. Les deux lieutenants, pendant une fraction de seconde qui sembla durer une éternité, virent leur visage se décomposer, leur sourire disparaître, englouti par une surprise non feinte. Leurs yeux s'agrandirent, leur bras retombèrent quelque peu.

Rokh était une machine à tuer, un guerrier entraîné dès son plus jeune âge pour écraser sous ses bottes tout ce qui se trouvait en travers de sa route. Cet ordre l'électrisa comme si la foudre elle-même l'avait frappé, et avait réveillé tous ses sens. Ses yeux s'assombrirent, et il fondit tel une bête sur le premier guerrier. Non pas tel une bête, en réalité. Dans ses mouvements, dans ses déplacements, dans ses assauts, il y avait à la fois la brutalité bestiale des plus sauvages animaux, des ours ou des taureaux, mais on pouvait également y lire la grâce et la beauté des plus majestueux félins, sublimées par son agressivité sans limite. Le premier guerrier, surpris et toujours ralentis par le faux-rythme imposé, tenta une attaque maladroite que l'oriental esquiva sans peine. Il saisit la main qui tenait l'épée, seule véritable menace, et d'une torsion brutale brisa net le poignet. L'épée tomba au sol avec fracas, tandis que le rohirrim lâchait un cri de souffrance à glacer le sang. Mais Rokh ne s'arrêta pas en si bon chemin. Ses ordres étaient clairs, et il entendait bien y obéir à la lettre. Le rohirrim était déjà largement déstabilisé, et un coup de genou au niveau des côtes vint le mettre pratiquement totalement hors combat. Le souffle coupé et le poignet brisé, il ne pouvait presque rien faire. Plié en deux, Rokh lui attrapa les cheveux et le fit pivoter, de sorte à le faire regarder en l'air. D'une main experte, il leva son scalpel, et le planta dans l'œil de l'infortuné, jusqu'à la garde.

Un silence pesant s'abattit sur l'ensemble des présents, seulement interrompu par le bruit mat d'un corps heurtant le sol, et par celui, fort peu ragoûtant, du sang qui s'écoule. Rokh ne s'autorisa même pas un sourire : Farma l'avait souhaité ainsi, il lui obéissait. Il ne savait pas trop si elle était satisfaite de sa méthode, mais puisqu'elle ne disait rien, il lui fallait continuer. Il avait abandonné son arme dans le crâne de son adversaire redevenu ennemi, et s'approchait donc du second lieutenant les mains vides, mais armé d'une aura terrifiante. Le redoutable guerrier oriental avait démontré qu'il était en mesure de mettre ses menaces à exécution. Face à lui, le rohirrim tenta de reculer, mais il se heurta bien vite à la foule compacte, et il fut contraint de demeurer dans le cercle jusqu'à l'issue du combat. Une issue qui serait de toute évidence fatale pour lui, et il le savait. Dans cette situation, le Rhûnadan avait l'avantage psychologique, et la perception que les combattants avaient de l'environnement était conditionnée par cet avantage. Lui voyait de nombreux espaces pour éviter la lame de son adversaire, de nombreuses failles à exploiter, et de nombreux angles pour attaquer. Le lieutenant, lui, avait l'impression d'être prisonnier, entouré qu'il était par la foule, mis face à son destin. Il ne percevait plus les distances de la même manière, et il lui paraissait que la seule solution était l'attaque d'estoc.

Rokh la vit venir au moment où le soldat armait son bras, dans un mouvement caractéristique plein de désespoir. Au moment où la lame filait en sifflant, il tourna sur lui-même. La lame passa juste à côté de son corps, ce qui n'était pas un exploit en soi, mais qui paraissait impossible au rohirrim convaincu de l'étroitesse des lieux. La vitesse accumulée par cette rotation permit à l'oriental d'adresser une frappe du tranchant de la main sur la mâchoire de son ennemi, suivie immédiatement par un crochet du droit au même endroit. Même pour un homme solidement charpenté comme le lieutenant, recevoir deux frappes quasi-simultanées au même endroit et avec une telle force avait de quoi déstabiliser. Tandis qu'il mobilisait toute son énergie à rester debout, Rokh se glissa derrière lui, et lui attrapa la tête. Un craquement sec retentit lorsque l'oriental lui brisa prestement la nuque, juste avant qu'il ne le projetât en l'air pour l'envoyer fracasser le lit qui occupait la pièce.

S'il y avait un degré en-dessous du silence, alors ils venaient tout juste de le découvrir. Il semblait que tous retenaient leur souffle, que les cœurs avaient cessé de battre, les mouches de voler, le monde de tourner. Et le pire, dans tout cela, c'était que Rokh n'était pas véritablement à l'origine de tout cela. Les hommes l'avaient certes regardé avec effarement, devant sa démonstration de force. Mais ce qui avait surtout surpris, choqué, interloqué, cela avait été la réaction brutale de Farma. Désormais, les regards étaient tournés vers elle, interrogateurs. Il semblait que personne ne comprenait son geste. Ou bien que personne ne l'expliquait vraiment, même s'ils savaient les raisons qui avaient pu la pousser à donner cet ordre. Bientôt, la rumeur se répandrait dans les rues, et l'on raconterait de manière déformée comment la femme du Maréchal avait lâché son chien oriental sur deux de ses propres lieutenants. Déjà, les hommes commençaient à murmurer entre eux, lui jetant des regards en coin.

Rokh s'approcha de Farma, et les rohirrim s'écartèrent de sa route, craignant vraisemblablement un nouvel ordre fatal. Le guerrier, indifférent à la douleur qui lui traversait le corps, s'approcha d'Eopir, qui tenait toujours la Dame d'Hellburg dans ses bras :

- Bon travail. Je me charge du reste. Occupez-vous de mes armes, je vous les confie.

Sans rien ajouter, il prit Farma dans ses bras. Elle était bien plus légère qu'il ne l'aurait pensé au départ, et pourtant il ne l'imaginait pas lourde. Avait-elle perdu tant de forces que ça dans sa convalescence ? L'inquiétude de l'oriental transparut un bref instant sur ses traits, avant de disparaître, cédant place à un professionnalisme empreint de dignité. Il adressa un dernier regard à Eopir, avant de quitter les lieux sans un mot. Le soldat pouvait se sentir blessé, voire même humilié d'avoir à transporter les affaires du Rhûnadan, mais dans l'esprit de Rokh, il pouvait difficilement lui faire plus grand honneur que lui confier la garde de ses armes : la prunelle de ses yeux. Alors qu'il marchait dans le couloir, tenant toujours la femme du Maréchal dans ses bras, le guerrier ne put s'empêcher de demander :

- J'espère vous avoir impressionné, Ma Dame...

Son orgueil et sa grande bouche l'avaient toujours conduit à ce genre de réflexions. Il aimait être flatté, et dans la circonstance, il savait avoir rempli sa mission avec brio. Avait-elle apprécié la démonstration ? Cela restait à voir...


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMer 5 Juin 2013 - 19:24
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En réponse à sa remarque, le guerrier oriental reçut une gifle monumentale Le regard rempli de larmes , l'épouse du maréchal fixait les yeux noirs de Rokh.

Farma était proche de l'hystérie mais elle conservait une voix claire néanmoins

"Que crois tu??? Que c'est un jeu ? Crois tu qu'il me plait de tuer des hommes; tu n'es donc qu'une arme. Tu me déçois je pensais avoir perçu une âme derrière tous ces muscles. Mais tu n'es qu'un tueur un exécutant. Très bien, je te considérerai donc ainsi.....Serviteur. amène moi"

Farma était déçue par cet homme elle doit bien se l'avouer . D'où cette violence déversée aussi rapidement. Elle avait cru percer cet homme à jour.

Arrivée à la pote de sa chambre elle intima d'un claquement de doigts presque insultant au guerrier de stopper et d'un hochement de tête elle ordonna à Cassandre d'ouvrir ses appartements. Elle demanda à Cassandre de la porter dans son lit. Elle laissa au seuil de sa porte Rokh et lui lança

"Sans âme, tu mourras contre mon époux, pauvre petit guerrier"


Cassandre suait énormément mais elle tint bon. Puis Farma éclata en sanglots, emportée par la peine et la frustration.Mais o`u était donc son Gallen ?


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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyJeu 6 Juin 2013 - 15:35
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10 La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

Rokh resta interdit lorsque la main de Farma s'écrasa sur sa joue. Non pas que le coup ait été particulièrement puissant, encore que pour une convalescente, elle avait une sacrée force, mais il était surtout surpris car il s'attendait à tout sauf à cela. Pendant un instant, ses yeux affichèrent son incompréhension, tandis qu'il essayait de trouver ce qu'il avait bien pu dire ou faire de si horrible pour mériter pareil traitement. Après tout, c'était elle qui lui avait demandé de tuer ces deux hommes. Elle lui avait lancé ça sur un ton sans équivoque, et il s'était immédiatement exécuté, comme tout bon soldat l'aurait fait à sa place. Et désormais qu'il lui demandait s'il avait bien obéi, elle se permettait de le frapper en retour. Où était la logique derrière ce manège ? Cherchait-elle à le vexer ou à l'humilier ? Si elle n'avait pas eu le regard aussi triste, il l'aurait peut-être cru, et l'aurait lâchée sur le champ - parce qu'il se contrôlait, sans quoi il aurait plutôt pris le parti de la jeter par la fenêtre. Mais il lut dans ses yeux une douleur innommable qu'il aurait eu bien du mal à ne pas prendre en compte. Toutefois, elle s'attaqua à lui avec une violence qui ne le laissa pas de marbre.

Elle s'en prenait à lui, pour une décision qu'elle avait prise en son âme en conscience, et elle lui reprochait d'avoir obéi, de s'être comporté comme une "arme". Mais que croyait-elle donc, cette donzelle ? Qu'il était un animal de compagnie dressé pour montrer les crocs, mais sans plus ? Il était Rokh, du clan Visuni, entraîné dès son plus jeune âge pour tuer, tuer et tuer encore. Toute son éducation, d'aussi loin qu'il pût se souvenir, avait été tournée autour de la guerre. Elle croyait que le traiter comme une arme était l'insulter ? Mais ne comprenait-elle pas qu'il n'était ni plus ni moins que cela ? Qu'aurait-il pu être d'autre ? Qu'aurait-il voulu être d'autre ? Il ne voyait pas la nécessité pour lui d'avoir une âme, ou même d'avoir un cœur. Ce n'étaient que des freins à la victoire, que des émotions inutiles qui pouvaient le déconcentrer, lui faire perdre le fil de ses pensées au moment crucial. Il avait tué quantité d'ennemis impliqués émotionnellement, simplement parce que leur cœur avait pris le dessus sur leur instinct de guerrier, ce qui les avait laissé sans défense face à l'implacable lame du guerrier oriental.

Avec une méchanceté empreinte d'amertume, elle lui parla comme à un vulgaire page qu'elle aurait pu congédier ou convoquer sans y penser. "Serviteur", l'appela-t-elle, comme s'il n'était là que pour obéir à ses moindres désirs. Mais combien parmi ceux qui la servaient étaient capables d'exploits martiaux tels que ceux qu'il venait de réaliser ? Combien auraient pu tenir tête à dix hommes sans sourciller ? Combien pouvaient espérer tenir plus de cinq minutes en combat singulier contre lui ? Rokh s'arrêta un instant, après qu'elle eût terminé sa tirade. Il ne pouvait pas repartir, il ne pouvait pas obéir. Sa fierté le poussait à refuser un ordre formulé sans le respect qui lui était dû. Même s'il était prisonnier, ici, il n'en demeurait pas moins un guerrier de talent, et en tant que garde du corps, il savait qu'il avait le droit au respect. Il fronça les sourcils, et son expression se fit sombre...comme celle qu'il avait eue lorsqu'il avait tué froidement les deux lieutenants :

- Vous ne comprenez rien ! Vous ne comprendrez jamais rien avec votre vision étriquée ! Je suis une arme, même si cela vous écœure. Je suis l'arme la plus dangereuse que vous pouviez rêver d'avoir, et j'en retire une grande fierté. A quoi peuvent bien servir vos guerriers s'ils agissent selon leurs émotions ? A quoi servirait un poignard s'il refusait de tuer vos ennemis, selon son bon plaisir ? Ha ! Je suis l'épée placée dans votre main, et je tue à volonté...selon votre volonté ! Il n'y a pas d'âme derrière mon visage, ni de cœur dans ma poitrine : je suis aussi froid que cette pierre, mais aussi solide ! J'ai été façonné ainsi...

Le guerrier s'interrompit brutalement, et sur son visage se lut sa cruelle désillusion. Il aurait vraiment cru qu'elle pourrait comprendre. Il ne voyait pas comment lui expliquer qu'il n'y avait pas manière d'être plus heureux. Que pouvait espérer le marteau sinon taper sur le clou ? Il était une épée, et sa vocation était de tuer. Où était le mal ? Il faisait ce pour quoi on l'avait formé, entraîné, éduqué. Il remplissait son devoir à merveille, et il en tirait une satisfaction toute personnelle. Chercher plus, cela serait revenu à vouloir voler sans ailes, à vouloir respirer sous l'eau sans branchies. Ce n'était qu'un rêve, une illusion de plus.

Rokh s'immobilisa devant la chambre de Farma, lorsque celle-ci claqua des doigts. Il laissa l'insulte passer, mais son visage trahissait son sentiment du moment, et il était certain qu'il n'avait pas apprécié. Etait-ce ainsi que l'on traitait les guerriers, ici ? Décidément...il avait l'impression qu'il ne comprendrait jamais ces occidentaux. Leur conception de la guerre était bien trop différente de la sienne. D'abord, il y avait eu ce maréchal, qui l'avait épargné alors qu'il aurait dû le tuer. Et puis maintenant, cette femme qui lui reprochait d'avoir obéi aux ordres. A ses ordres. Il ne comprenait pas : elle lui avait bien demandé de tuer ces deux lieutenants ! Elle ne lui avait pas dit de les assommer, ou de les neutraliser. Elle avait dit "tue-les". Il ne s'était pas mépris, et il s'était exécuté avec célérité et efficacité. Pourquoi lui reprochait-elle désormais ce comportement ? Pourquoi ?

D'un signe de tête, Farma fit signe au factionnaire d'ouvrir la porte, et elle ordonna à Rokh de la confier à celui-ci. L'oriental s'exécuta sans dire mot, confiant la femme au frêle soldat qui semblait sur le point de tomber. Ses jeunes bras n'étaient pas encore formés, de toute évidence. Il devait même peiner à tenir son épée. Le Rhûnadan demeura sur le seuil, se demandant s'il devait entrer, mais avant d'avoir eu le temps de trouver une réponse, Farma lui lança une pique acérée. Il aurait voulu répondre quelque chose de spirituel, mais rien ne lui vint, et la porte se referma devant son nez, le laissa face à son propre manque de répartie.

Le guerrier inspira profondément pour apaiser la colère qui menaçait de le faire exploser, ce qu'il ne parvint à faire totalement qu'après une bonne minute, durant laquelle il était demeuré planté comme un piquet, face à la porte. Des pas sur sa gauche l'alertèrent, et il se retourna à demi, prêt à affronter un quelconque ennemi. A vrai dire, il aurait été ravi de pouvoir passer ses nerfs sur quelqu'un, et lancer deux ou trois soldats par la plus proche fenêtre lui aurait procuré un grand plaisir, ne fût-ce que pour énerver Farma. Mais ce n'était qu'Eopir, qui accourait, encombré des armes de l'oriental. Il s'arrêta à une distance respectable de Rokh, et observa autour d'eux, comme à la recherche de quelque chose :

- J'ai cru entendre des cris, lança-t-il enfin.

Le Rhûnadan haussa les épaules, et, tout en passant son épée à sa ceinture, il répondit :

- Votre suzeraine n'a vraisemblablement pas apprécié ma façon d'obéir à ses ordres. Pas assez de sang, je suppose.

Il avait lancé ça de manière anodine, mais le regard d'Eopir lui fit comprendre qu'il y croyait sincèrement, et qu'il était étonné que sa Dame pût avoir ce genre de désirs. L'oriental dissipa ses doutes d'un geste de la main qui lui fit comprendre qu'il ne s'agissait que d'une plaisanterie de mauvais goût, et changea de sujet :

- Si vous voulez que Farma se remette, il lui faut quelqu'un pour s'occuper d'elle. Là d'où je viens, les femmes ont des...comment appelez-vous ça ? des dames de compagnie, je crois. Est-ce que cela existe ici aussi ?

Eopir approuva d'un signe de tête, et Rokh reprit :

- Bien. Trouvez une personne capable de remplir ce rôle. Mais surtout n'oubliez pas de me la présenter avant. Si je trouve un - ou une - inconnu dans la chambre de Farma, je risque d'être contrarié.

Lorsqu'il prononça le mot "contrarié", sa main s'égara sur le pommeau de son sabre de cavalerie, ce qui ne laissait pas véritablement de place à l'interprétation. Il ne semblait pas véritablement être du genre à aimer les surprises, et l'infortuné qui se trouverait dans les appartements de la femme du Maréchal sans avoir subi son contrôle préalable risquait de passer un mauvais quart d'heure. Il congédia finalement Eopir, et se retrouva seul, comme un idiot, planté devant la porte de Farma, ses affaires posées à ses pieds. Ne sachant pas vraiment où aller, et préférant obéir aux ordres de Morgenstern plutôt que de flâner, il demeura auprès de la porte, la mine sévère et l'œil aux aguets.


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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyMar 25 Juin 2013 - 12:26
La vie a une fin, pas le chagrin 674585katiedesousarandomportrait

Le temps passait lentement dans les appartements froids du palais d’Aldburg. Enfin, de ce qu’il fallait appeler palais : le bâtiment, mal éclairé, glacial, écrasant, était plus une forteresse en ruines qu’un lieu de vie et de chaleur. Les pierres sans tentures n’isolaient que très difficilement du l’Hiver, obligeant à consumer bûche après bûche pour espérer réchauffer un tant soit peu les chambres. Anna parcourut du regard la sienne, attendant que les domestiques – quelques femmes de chambre et deux soldats appelés pour porter les lourdes malles – installent ses affaires : un grand lit double occupait le centre de la pièce, de lourdes fourrures disposées par-dessus les draps ; sur le côté droit, une fenêtre étroite laissait pénétrer un peu de lumière.

Ils étaient arrivés depuis une heure, et, déjà, l’ambassadeur, accompagné du comte, s’étaient attelés au travail. Anna n’était pas encore suffisamment liée aux divers amis d’Ægorn pour pouvoir assister à leurs discussions, mais elle se sentait prête à soutirer les informations une fois son mari couché à ses côtés. Si elle pouvait réussir à s’introduire peu à peu dans les cercles fermés de la haute aristocratie gondorienne… Peut-être pourrait-elle enfin remplir la tâche que ses maîtres souhaitaient la voir accomplir, et alors ils la libéreraient, et libéreraient Lena. Ah ! Lena ! Les maîtres la gardaient quelque part dans leurs geôles, l’utilisant comme levier pour manipuler Anna. Du moins était-ce ce qu’ils voulaient lui faire croire : la nouvelle comtesse n’était pas sotte, et se doutait bien qu’ils promettaient les mêmes choses à sa sœur ainée. Mais, si jamais les deux sœurs parvenaient à remplir leurs tâches, ils les relâcheraient, Anna en était sûre. Et s’était forcée à y croire, années après années. Elle n’avait désormais plus d’autre espoir.

Lorsque les serviteurs eurent terminé de disposer les affaires dans la chambre, la comtesse se tourna vers sa dame de compagnie (un bien grand mot pour désigner une fillette de treize ou quatorze ans de petite noblesse n’ayant jamais servie auparavant), et demanda un bain. Elle empestait le cheval, sa robe était froissée après des heures dans le coche. La jeune fille s’inclina, et, sortit demander aux serviteurs locaux d’apporter une bassine et de l’eau chaude.

Une fois propre, Anna congédia la jeune dame de compagnie et resta dans l’eau désormais tiède. Assise en tailleur dans la bassine de bois, elle posa sa tête sur le rebord, et, les muscles détendus, s’endormit…

Anna ouvrit les yeux. Les ténèbres étaient partout, elle n’y voyait goutte. Elle se redressa, sentit la toile grossière de la paillasse sous ses paumes. Sa tête heurta quelque chose. Une poutre, peut-être. Elle cria, plus par surprise que par réelle douleur. Se mettant à quatre pattes, tâtonnant, heurtant des parois invisibles, elle réussit à trouver un passage et s’y engouffra. Le lieu, bien que plongé dans les ténèbres, lui semblait familier. L’odeur, âcre, prenait à la gorge, comme si quelqu’un était resté enfermé dans une petite pièce plusieurs jours sans aérer.

Anna rampait vers ce qu’elle espérait être la sortie. Aucun bruit, nulle part, ne l’aidait à se repérer. Rien que le silence et les ténèbres. Soudain, une lumière éclatante surgit face à elle : ses yeux habitués à l’obscurité semblèrent s’enflammer. Elle se couvrit le visage de sa main droite, et, à travers des doigts légèrement écartés et des paupières presque closes, elle regarda : une porte s’était ouverte sur un couloir brillamment éclairé ; une silhouette informe se dressait, cachant la lumière des torches. Anna tressaillit, et recula, apeurée. Peu à peu, alors que ses yeux s’habituaient à la lumière, elle discerna mieux la forme sombre : il s’agissait d’un homme, d’un géant, qui, de sa main droite, tenait les cheveux d’une jeune femme. Qui n’avait guère plus de seize ans. Lena ! Anna tremblait. Elle se souvenait de cette scène, de la douleur, de la peur. L’homme semblait grandir, encore et encore, et la pièce s’étirer. Elle n’était plus qu’une minuscule créature dans une pièce aux proportions démentielles : l’homme faisait désormais trois ou quatre mètres de haut, ses mains rougies capable de briser sans effort la nuque de la jeune orpheline tremblante. Le visage du géant restait mystérieusement dissimulé par l’ombre.

Le géant approchait, trainant Lena derrière lui. La jeune fille avait cessé de se débattre, du sang coulait de ses cheveux. Anna essaya de reculer, mais ses muscles étaient paralysés. Elle ne pouvait qu’assister, impuissante, à sa capture. Le géant tendit une main vers elle, ses doigts, énormes, ruisselant de sang. Il effleura la joue d’Anna : brusquement libérée, elle se précipita entre les jambes monumentales de l’homme, et courut vers la porte ouverte. La pièce semblait s’étirer : au lieu de se rapprocher, Anna s’écartait de plus en plus du salut. Ses jambes la faisait voler au-dessus du parquet abimé de la pièce, la faisant aller toujours plus vite, plus vite qu’un cheval au galop, mais la porte devenait de plus en plus petite, de plus en plus lointaine. Derrière elle, le sol tremblait sous les enjambées du géant. Elle le sentait se rapprocher.

Après ce qui sembla être une heure de course effrénée, la porte sembla enfin accessible : encore deux enjambées, et elle serait sauve ! Tout en continuant à courir, Anna se retourna, et vit le terrible visage de son oncle, du sang perlant du coin des lèvres, à la place de la tête du géant. Ses jambes se dérobèrent sous elle, et elle tomba, tomba dans un puits sans fond, dans les ténèbres…


Anna ouvrit les yeux, tremblante. Elle frissonna, tant à cause de l’eau désormais froide que du rêve qui venait de l’assaillir. Des coups résonnaient contre la porte. Elle se hâta de sortir de la bassine, attrapa une serviette et se sécha violemment dans la pénombre. Le feu s’était consumé : la dernière bûche, noircie, ne procurerait qu’une demi-heure de chaleur et de lumière. Le soleil d’hiver s’était déjà couché : il devait être près de six ou sept heures après la mi-journée.

La comtesse s’habilla rapidement et sortit. Sa dame de compagnie l’attendait à la porte. Anna était attendue pour le diner, en compagnie de mari et de l’ambassadeur. Mais pas de leur hôte. La jeune femme s’en étonna : elle apprit que Dame Farma était indisposée et ne pouvait sortir de sa chambre. Pourquoi, la fillette qui l’accompagnait ne pût lui répondre. Anna haussa les épaules, et se dit qu’elle irait se présenter à leur hôtesse le lendemain matin…

*** *** *** *** ***

Elle se leva quelques heures après l’aube. Ægorn était déjà parti, sans un bruit, n’emportant qu’une malle de voyage avec lui : il accompagnait en effet l’ambassadeur à Edoras à la rencontre du nouveau roi du Pays des Chevaux, et Anna n’avait pu obtenir le droit de les accompagner. Ils devaient en effet, selon leurs dires, voyager comme le vent, et une calèche les aurait trop ralenti, d’autant plus qu’ils auraient été bien en peine d’assurer sa sécurité. Balivernes ! s’était-elle exclamée. Mais Ægorn avait tranché, et elle devait rester ici à attendre leur retour.

Encore à moitié endormie, Anna se leva et appela la jeune fille chargée de la servir. Après une rapide collation, la comtesse s’habilla, et demanda le chemin des appartements de Dame Farma : il eut en effet été d’une impolitesse digne des rustres du Sud de ne pas aller la saluer. Elle congédia ensuite la jeune servante, et se mit en route.

Des bruits émanaient de là où elle se dirigeait. Une jeune femme élancée, aux cheveux bruns, se dressait face à un grand homme basané, au regard sévère, et visiblement blessé. L’homme bloquait une porte fermée. Celle menant aux appartements de Dame Farma, de toute évidence. Que se passait-il ici ? Ses chaussures, claquant contre la pierre, attirèrent l’attention des deux individus, les interrompant dans leur conversation. L’homme la transperçait de son regard noir. Qui était-il ? Pas un rohirrim, vraisemblablement. Il ressemblait plutôt à ces hommes de l’Est lointain. Mais pourquoi était-il ici, en cette place-forte du Rohan ? Anna dû tressaillir, car le guerrier fronça les sourcils. Elle reprit cependant très vite contenance, et s’avança, utilisant tout son mépris, tout son orgueil comme une muraille infranchissable entre ces individus et ses émotions. Plus rien ne transparaitrait de son visage, de son attitude. Elle serait pleinement cette Comtesse des Nimrais qui avait accompagné son mari en ces terres frappées par la guerre. Arrivée à leur hauteur, elle prit la parole :

« Je suis la Comtesse des Nimrais. Je viens saluer Dame Farma et la remercier pour son hospitalité. Veuillez me mener à elle, je vous prie. »

#Anna
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Eliah Tandoril
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyDim 30 Juin 2013 - 16:46
Eliah sentit son coeur se serrer lorsque le garde lui dit de le suivre. Il n'avait pu lui donner aucune réponse plausible, aucune information concernant son frère et cela l'angoissait. Pourrait-elle un jour obtenir la réponse à ses interrogations ?
D'un autre côté, l'ignorance valait peut-être mieux que d'avoir appris une mauvaise nouvelle. Comment aurait-elle réagit si on lui avait indiqué que celui-ci avait été torturé et tué dans d'atroces souffrances par des monstres sanguinaires ?
Une telle pensée lui déclencha des frissons dans tout le corps et elle resserra son manteau autour d'elle. Avec un signe de la tête, elle accepta de suivre le garde qui avait l'air d'avoir une solution pour elle. Après tout la brunette n'avait rien à perdre.
Eliah était reposée quoique un peu affamée, mais elle n'avait plus aucune fatigue dans son corps. Non son corps allait bien, c'était son âme qui souffrait. Elle était comme une jeune brebis qui venait de voir sa mère égorgée par une meute de loups sauvages. Elle ne pouvait pas décrire son sentiment autrement.

Elle était seule, livrée à elle-même et pourtant elle ne pouvait se résoudre à fuir en laissant derrière elle la dépouille ensanglantée de sa mère. Des larmes venues de nulle part lui montèrent aux yeux, larmes qu'elle ravala aussitôt. Elle se devait d'être forte à présent, elle n'était plus une enfant. Eliah avait choisit l'aventure et la découverte du monde, du vrai et elle devait assumer ses choix à présent.
D'autant plus qu'elle sentait que quelque chose d'étrange se tramait. Tout ceci n'avait pour le moment aucun sens pour elle. Soit elle n'avait pas assez d'expérience de la vie, soit les choses qui se passaient étaient réellement issues d'une entité maléfique. Ou encore pire, les deux !
Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait plus être cette jeune fille innocente et naïve qu'elle avait toujours été. Elle avait comprit qu'il fallait se méfier de tout et de tous le monde. Même des soldats qui devaient protéger le peuple pouvaient se montrer terrible. Alors elle ne pouvait faire confiance à personne, personne !

Elle ne devait plus se laisser faire, se laisser influencer. Elle devait à tout prix garder la tête froide et les épaules droites. Être forte tout simplement. Si elle voulait s'en sortir dans ce monde de brutes, elle n'avait pas le choix. Et il s'était déjà passé tant de choses, elle avait déjà vu tellement de malheur en si peu de temps, qu'elle ne pouvait plus reculer. Plus maintenant.
Le trajet se déroula en silence. Ni elle, ni l'homme n'avait l'air d'avoir envie de parler, de quoi que ce soit d'ailleurs.
La faute à l’atmosphère pesante qui régnait dans la ville très certainement. Même dans cette demeure qui était belle et luxueuse à l'origine, la peur et la tristesse se faisait ressentir. Les murs ornés de belles œuvres n'était plus à présent qu'un mur terne et gris, reflétant la beauté d'un temps passé. Faute d'une négligence à peine perceptible. Les pas de la jeune femme pourtant légers retentissaient sur le sol en un claquement régulier, faisant peser encore plus le silence.

La traversée paraissait interminable mais ils finirent par débarquer dans un immense couloir qui ne paraissait pas en être un et continuèrent leur chemin jusqu'à la porte de ce qui semblait être une chambre. Mais très vite, elle remarqua que celle-ci semblait être gardée par un homme qui lui paraissait immense d'où elle était et qui n'en fut pas plus petit lorsqu'elle se rapprocha de lui. Sa curiosité fut piquée à vif, mais elle ne prononça toujours aucun mot. D'où venait cet homme étrange qui ne ressemblait à aucun autre par ici ?
Non elle savait reconnaître les hommes et les femmes de sa région, elle savait même faire la différence entre rohirrim et gondorien et lui n'était aucun des deux. Eliah avait posée ses yeux clairs sur cet homme immense qui lui fit penser à un roc, une immense falaise qu'il était impossible de franchir. Il paraissait aussi froid que la pierre et aussi indifférent que le marbre. Si elle était une vague, elle se briserait sur lui en milles éclats.

Alors qu'elle pensait que le soldat qui l'avait accompagné prendrait les choses en main et lui expliquerait la situation à elle ou à cet homme, il la laissa planter là sans plus d'explication et s'empressa de disparaître. Il n'adressa pas un seul mot au garde et tourna les talons rapidement. Avait-il peur de cette homme étrange lui aussi ?
Oui car Eliah était à la fois fascinée et effrayée par lui. Voyant le soldat s'éloigner, elle se trouva fort dépourvut et balbutia.

“Mais, je ... où...”

Elle se retrouva alors face à lui, sans savoir que dire, sans savoir que faire. Après tout, elle ne savait pas elle-même ce qu'elle faisait ici, comment elle était arrivée ici. La broche et la petite clé que le vieil homme lui avait offert quelques minutes auparavant semblaient peser lourd dans sa poche. Comment avait-elle pu se retrouver dans cette situation étrange et gênante ? Que devait-elle dire à cet homme immense et qui ne semblait pas prompt aux débats et au marchandage ?
Et encore une question, que faisait-il planté là devant cette porte ... après plusieurs minutes de longues réflexion personnelles qui lui parurent des heures, elle finit par se résoudre à ouvrir la bouche. D'une voix timide mais ferme elle annonça.

“Je suis venue voir ... euh Dame ... F... Farma”.

Elle avait hésité un moment sur le nom de cette dame, car elle ne l'avait entendu qu'une seule fois lorsque le garde l'avait prononcé avant de la mener jusqu'ici. La brunette ne savait pas si sa phrase suffirait à convaincre cet homme de la laisser entrer. Il fallait qu'elle trouve une explication plausible. Mais comment expliquer quelque chose à quelqu'un alors qu'elle ne savait pas elle-même ce pourquoi elle était venu !
Eliah se posa quelques secondes et osa croiser le regard de cet homme qui paraissait avoir tout les muscles du corps tendus et en alerte. Même son frère le plus âgé n'avait pas cette prestance ou cette musculature. Et pourtant il était l'un des hommes les plus forts de la région. Eliah se demanda si cet homme pourrait la tuer à une seule main s'il le désirait. Drôle de penser que celle-ci, mais elle ne pouvait s'empêcher de la tourner en boucle dans sa tête en voyant les mains immenses de ce roc abrupt. Elle prit une grande inspiration et se lança.

“Ce garde à l'entrée m'a dit qu'il me confierait à Dame Farma car elle saurait m'aider. C'est pour cette raison que je dois la voir. Puis-je entrer seigneur ?”

Ce mot lui avait échappé et lui paraissait tout naturel. On ne pouvait avoir cette prestance sans être une sorte de prince ou tout au moins un seigneur. Il avait du s'entrainer très dur pour être comme il était à présent et cela signifiait qu'il avait un sang noble. Du moins c'était ce que la jeune femme pensait. Elle se disait à juste titre qu'aucun autre homme n'aimerait tenir tête ou contrarier celui-là. Il n'avait certainement pas besoin d'épée pour se battre et tout cet attirail à ses pieds le prouvait bien. Quel soldat ne gardait pas sa panoplie armure et armes sur lui, prêt à l'emploi ?
Non celui-là préférait les avoir à ses pieds.
Une fois son père avait raconté une histoire à Eliah, qui l'avait fait rêver depuis toute petite. Dans une montagne très très lointaine, il existait des hommes de pierres qui pouvaient se déplacer et parler entre eux. Ils étaient invincibles et ne craignaient pas la mort. Cet homme lui faisait penser à ces géants de pierres.

Mais alors qu'elle était totalement perdue et décontenancée, elle entendit des pas arriver derrière elle, puis une voix se fit entendre. C'était une femme. L'espace de quelques secondes, Eliah pensa que c'était Dame Farma et s'apprêtait à accourir auprès d'elle, mais quand elle se présenta, la jeune femme fut envahit d'une vague de déception. Ce n'était pas elle, mais une visiteuse qui souhaitait également être conduite auprès de la maîtresse des lieux. Totalement mal à l'aise en présence de ces deux personnages, la jeune paysanne se mit un peu en retrait et attendit de voir ce qui allait se passait. Peut-être que si la porte s'ouvrait pour cette comtesse, elle pourrait s'y glisser furtivement telle une petite souris.

Encore une fois, elle se demanda ce qu'elle pouvait bien faire là, mais après tout, elle ne savait pas où aller ou que faire d'autre. Si elle quittait cet endroit, elle pourrait retourner dans la maison de ces personnes qui devaient à cette heure être déjà partie. Mais elle n'aurait aucune piste, aucun moyen pour avoir plus d'information et avancer dans ses investigations. Et c'était un étrange hasard que de se retrouver là alors qu'elle n'avait rien demander. Elle prit donc son mal en patiente, son regard faisant l'aller-retour entre l'homme de pierre et la comtesse de porcelaine. Qu'était-elle entre ces deux personnages ?
#Eliah
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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin EmptyLun 1 Juil 2013 - 16:49
La vie a une fin, pas le chagrin Rokh10   La vie a une fin, pas le chagrin Rokh_c10

Être de garde. Y avait-il mission plus abrutissante et fatigante ? On confiait d'ordinaire cette mission aux soldats de classe inférieure, ou bien en guise de punition lorsqu'un homme s'était montré insolent, et qu'il n'était pas possible de le sanctionner autrement qu'en lui ordonnant de demeurer immobile pendant plusieurs heures. Rokh, présentement, se sentait puni pour quelque chose qu'il estimait ne pas avoir commis. Il ne comprenait pas, et cela le frustrait au plus haut point. N'avait-il donc pas fait ce qu'elle lui avait demandé, quand elle le lui avait demandé ? "Tue-les", avait-elle lâché. Sans la moindre once de pitié, il avait supprimé ces deux indésirables, et cela avec une efficacité redoutable. Est-ce que lorsqu'un occidental demandait de tuer, cela signifiait en réalité qu'il fallait épargner l'adversaire ? Pourtant, lorsqu'il avait servi avec l'Ordre, personne ne s'était insurgé lorsqu'il avait appliqué les consignes à la lettre. "Tue cet enfant", lui avait-on dit. Il avait levé son épée, et alors qu'il fauchait la vie à l'aide de son grand sabre, il n'y avait pas plus d'émotions sur son visage que sur le casque qui le recouvrait. Et nul ne lui en avait tenu rigueur.

Les bras croisés, il demeurait droit comme un "i", attentif aux moindres mouvements dans son champ de vision, et au-delà. Les bruits de pas l'alertaient le plus souvent bien avant qu'il ne vît de ses yeux la personne qui approchait. Plusieurs serviteurs étaient affairés, et ils passèrent aussi loin de lui qu'ils le pouvaient, lorsqu'ils devaient emprunter le couloir. Ils ne cessaient de lui jeter des coups d'œil terrifiés, comme s'il allait sortir de sa torpeur pour les massacrer sur-le-champ. Il était vrai qu'il pouvait paraître impressionnant, à les suivre du regard tandis qu'ils pressaient le pas. Chaque fois qu'ils levaient la tête, ils se retrouvaient face à ses yeux d'un noir profond, qui semblaient dégager une aura menaçante. Quelques soldats passèrent, le plus souvent par groupes de deux. Ils bombèrent le torse en le voyant, s'arrêtant subitement de parler pour laisser place à une grande concentration. Puis, quand ils l'avaient enfin dépassé, ils se retournaient vers lui, croyant qu'il ne les voyait pas, et faisaient des commentaires sur l'échauffourée qui avait eu lieu un peu plus tôt, croyant qu'il ne les entendait pas. Visiblement, la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre, et le "chien de Farma", comme certains l'appelèrent, risquait de ne laisser personne indifférent à présent. Mais la Dame d'Hellbourg n'était pas en reste, et lorsque les hommes en parlaient, certains le faisaient toujours avec un grand respect, tandis que d'autres, peut-être d'anciens fidèles de Horoweng, la critiquaient. C'était à ceux-là que le garde du corps lançait les œillades les plus meurtrières.

Cela faisait un moment qu'il n'avait plus croisé personne, et il commençait à s'ennuyer ferme, quand des bruits de pas se firent soudainement entendre. Il commençait à s'habituer aux lieux, et il pouvait dire qu'il s'agissait d'un soldat, à en juger par le cliquetis de son armure, le choc régulier de l'épée sur sa cotte de mailles, et le bruit de ses lourdes bottes sur les dalles. Mais sur ses talons, se trouvait une jeune femme qui, apparemment, ignorait ce qu'elle faisait ici. Elle regardait autour d'elle d'un air aussi triste qu'effrayé, et Rokh se demanda un instant si elle n'était pas prisonnière, transférée d'une cellule à une autre. Mais si elle en avait l'attitude, elle avait apparemment les mains libres, et il était difficile d'imaginer quel crime eût pu commettre un visage aussi juvénile et désespérément candide. Rokh et elle devaient avoir approximativement le même âge, mais le guerrier paraissait plus vieux, avec son air las, sa mine sombre et effrayante. La souffrance due à ses blessures avait laissé des traces visibles sur son visage : ses yeux étaient cernés, et il paraissait en permanence en colère, les sourcils froncés, les poings serrés.

La jeune femme et le soldat approchèrent, et le garde du corps les détailla chacun des pieds à la tête, cherchant à évaluer quelle menace potentielle ils pouvaient constituer. A peu près aucune : le rohirrim était un militaire, donc il n'était pas véritablement dangereux. Il avait l'épée au côté, et même s'il semblait nerveux, il n'avait fait aucun geste suspect qui eût pu inciter le Rhûnadan à se méfier davantage. La femme, elle, paraissait n'avoir aucune arme, et quand bien même elle en aurait dissimulé une, il aurait fallu qu'elle cachât prodigieusement bien son jeu pour réussir à surprendre l'oriental. En effet, elle paraissait effrayée rien que de le voir debout, à moins que ce ne fût parce qu'elle avait entendu parler de sa démonstration. Quoi qu'il en fût, elle demeura devant lui, tandis que le soldat tournait précipitamment les talons, pour retourner à ses occupations. Rokh fronça les sourcils devant cette attitude : il était évident que le rohirrim la conduisait, aussi pourquoi ne l'avait-il pas annoncée ? Etait-il muet ? Impoli ? Désirait-il montrer toute l'étendue de son irrespect ? Un moment, le guerrier songea à rappeler le soldat, pour tirer cette histoire au clair, mais il restait la jeune femme, qui n'avait pas bougé d'un pouce, et qui paraissait ne pas trop savoir quoi faire. Elle ouvrit la bouche, et tenta plusieurs approches, en vain. Elle semblait incapable de faire une phrase cohérente, et l'agacement de l'oriental se peignit sur ses traits. Il n'était pas du genre patient.

- Quoi ? Tu veux quoi ?

Il avait lancé ça sur un ton abrupt, cassant, pour bien lui signifier qu'il n'appréciait pas qu'elle lui fît perdre son temps, même si en réalité, il n'avait pas grand-chose d'autre à faire. Cela étant, il n'était pas portier, ni majordome, et il reportait sa frustration sur elle à défaut de pouvoir fracasser la porte dans son dos, pour aller cracher ses quatre vérités à Farma, et éventuellement briser quelques meubles. Depuis le temps, il avait ruminé la situation, et il avait trouvé quelques bonnes répliques cinglantes à lui lancer à la figure. Il s'y essaierait en temps utile. Revenant à la jeune femme, qui avait enfin trouvé le courage de lui répondre, il grommela dans sa propre langue sur l'étrangeté des gens de l'Ouest. En substance, il se plaignait de les voir toujours dire des choses évidentes. Qui d'autre que Farma aurait-elle pu vouloir voir, si elle avait été conduite devant ses appartements ? Il relégua ces pensées au second plan, s'interrogeant quant à savoir la raison pour laquelle elle désirait la rencontrer. Morgenstern n'avait-il pas dit que sa femme risquait d'être menacée ? Il n'imaginait pas que la petite créature qui se trouvait en face de lui pût attenter à la vie de la Dame qu'il avait la charge de protéger, mais elle aurait justement pu être recrutée précisément parce qu'elle avait l'air inoffensive. Les gens d'ici étaient retors, et ils ne reculaient devant aucun subterfuge pour tromper l'ennemi.

- La voir ? Interrogea Rokh brutalement.

Son visage ne gagna pas une seule seconde en sympathie, ce qui n'aidait pas son interlocutrice à se mettre à l'aise. Il ne la plaignait pourtant pas. Le cavalier méprisait la faiblesse autant qu'il méprisait ses ennemis, et il ne pouvait pas tolérer l'indécision. Sa propre doctrine le poussait à avancer, même s'il était dans l'erreur. L'immobilisme était le premier pas vers la déchéance. Voilà ce qui entravait la glorieuse marche de son pays vers la domination, voilà ce qui rendait les guerres ouvertes si rares. Voilà ce qui faisait mourir à petit feu les hommes tels que lui. Les gens attendaient, hésitaient, ne prenaient pas les décisions qui s'imposaient, et au final, les hommes de guerre se retrouvaient trahis par leurs propres dirigeants. Lorsqu'ils tuaient comme on le leur ordonnait, ils enfreignaient sans le savoir les règles fixées par les têtes pensantes. Le visage de Farma s'imposa à lui, et ses mâchoires se serrèrent, tandis que la crispation le gagnait peu à peu. Il ignorait si la jeune femme allait prendre ce signe supplémentaire d'irritation pour elle, mais à vrai dire, la colère qui menaçait de le submerger à nouveau était telle qu'il se fichait éperdument de ses réactions, de son état d'esprit, de son chagrin.

Après avoir longuement cherché ses mots, elle trouva finalement le courage de lui donner une explication à peu près cohérente, ce qui ne signifiait pas pour autant qu'elle avait un sens aux yeux du guerrier. Quelle aide pouvait-elle attendre de la part d'une personne incapable de tenir sur ses jambes ? Il ne releva pas lorsqu'elle l'appela "seigneur", mais il trouva étonnant d'être ainsi nommé. Avait-il vraiment l'air d'un noble, ainsi planté devant la porte des appartements de la Dame d'Hellbourg ? Il ressemblait bien davantage à un idiot, muni d'une épée, condamné à la pire des humiliations. Un pli contrarié déforma le coin de sa bouche, alors qu'il se demandait si, en l'appelant ainsi, elle n'était pas en train de se ficher de lui. En temps normal, il lui aurait brusquement demandé des explications, de dire où elle voulait en venir, mais il ne le pouvait pas. Farma ne lui avait pas encore pardonné son efficacité létale, et il craignait de devoir affronter à nouveau son courroux s'il se comportait mal avec une femme du Rohan. Surtout si celle-ci était attendue. Elle n'avait pas précisé que la femme du Maréchal était au courant de sa venue, mais sinon, pourquoi un soldat aurait accompagné la jeune femme juste devant la porte des appartements de Farma, pour l'abandonner aussitôt sa mission accomplie ? N'était-ce pas là une raison suffisante pour la laisser passer ? Avait-il une quelconque autorité en ces lieux pour l'en empêcher ? Pendant un instant, il se dit que non, et qu'il n'était pas plus un garde du corps qu'un bibliothécaire. Décider qui devait entrer, et qui ne le devait pas était une tâche bien trop compliquée pour lui. Il obéissait aux ordres, point final. On lui disait de combattre, il combattait, on lui disait de tuer, il tuait, on lui disait de rester devant la porte, il le faisait bon gré mal gré. Les choses compliquées n'étaient pas de sa compétence. Mais dans le même temps, en quoi pouvait bien consister sa mission s'il ne pouvait pas trier les gens qui devaient avoir accès à Farma ? Devait-il laisser rentrer tous les inconnus qui demandaient à la voir ? Comment savoir, alors, qu'il n'y aurait pas un assassin déguisé parmi eux ? S'il souhaitait accomplir sa mission, et protéger la femme du Maréchal, il devait faire preuve d'une grande vigilance, et d'une grande méfiance.

Alors qu'il s'apprêtait à congédier la jeune femme, et qu'il choisissait soigneusement ses mots pour s'assurer qu'elle n'allait pas avoir envie de revenir de sitôt, il fut interrompu dans ses réflexions par des bruits de pas provenant du couloir. "Encore ?" pensa-t-il avec une exaspération de plus en plus perceptible. Il détailla l'arrivante, qui n'avait que peu de points communs avec la première. C'étaient toutes les deux des femmes, certes, mais autant la première semblait de basse extraction, autant la seconde affichait sur son visage le mépris teinté d'orgueil des gens aisés, de la noblesse. Un trait que Rokh n'appréciait guère en son pays, et qu'il était contrarié de retrouver ici, à l'Ouest. Il dévisagea la femme sans se cacher, et elle tressaillit quelque peu. Il fronça les sourcils, en se demandant quelle pouvait bien être la cause de cette réaction. La peur, peut-être. La peur de croiser un oriental armé en plein milieu d'une forteresse rohirrim ? La plupart des gens de l'Ouest ne connaissaient pas bien les terres par-delà la mer de Rhûn, et ils en avaient conçu des légendes, des contes, des histoires à dormir debout. Certains y dépeignaient les guerriers Rhûnedain comme des monstres impitoyables, assoiffés de sang, possédés par des esprits mauvais, corrompus par Sauron ou Melkor. De Mauvais Hommes, comme on les appelait, alors qu'ils n'avaient rien de pire en eux que ceux qui naissaient à l'Ouest. Etait-ce cela qu'elle lisait en lui ? Etaient-ce ces légendes, ces contes, ces histoires à dormir debout qui la dérangeaient ? Intérieurement, il sourit, satisfait de savoir qu'il la mettait mal à l'aise. Extérieurement, il demeura de marbre, bien conscient que l'absence de réaction pouvait la déstabiliser encore davantage.

Elle s'avança encore, mais s'arrêta à bonne distance, avant de s'annoncer. Ainsi, elle était comtesse des Mirais...des Nimais...des Marais...Bref, elle était comtesse. Une noble donc. Et elle demandait à être conduite devant Farma, qu'elle était venue saluer. Etait-il vraiment nécessaire de tant en rajouter pour une simple visite ? Autant la petite brune semblait ne pas trouver les mots adéquats pour énoncer une chose apparemment simple, autant la noble semblait réciter un discours appris par cœur, une formule peut-être magique qui lui aurait ouvert toutes les portes, qui aurait fait tomber toutes les barrières. Rokh demeura un instant silencieux, la fixant dans les yeux, faisant délibérément monter la tension qui s'était installée entre eux trois. Il savait qu'il avait le pouvoir, et il appréciait cette sensation de contrôle. Il inspira profondément, et lâcha d'une voix grave et calme, rendue chantante par l'accent exotique qui enveloppait chaque mot :

- Ca ne va pas être possible. Vous, vous voulez lui parler pour je ne sais quelle aide ; vous, vous voulez la saluer, lui dire merci... Tout ça ne me paraît pas très urgent, ni très vital. Revenez plus tard.

Il n'attendait pas de réponse de la part des deux femmes, mais il lut dans leurs yeux leur indignation d'être ainsi congédiées, et elles s'apprêtaient à parler quand il ajouta, coupant court à leurs velléités protestataires :

- Je ne me répéterai pas. Je suis garant de sa sécurité, et je ne tolérerai pas qu'on conteste mes directives.

Alors qu'il parlait, il s'était légèrement avancé, les dominant de toute sa taille, et de toute l'aura de force brutale qui l'entourait. Même s'il n'était pas le plus costaud des combattants, même s'il n'exhibait pas une musculature de titan, il n'en demeurait pas moins un bretteur redoutable et effrayant. Son visage fermé, ses yeux noirs, et sa main qui s'était rapprochée de son sabre avaient de quoi dissuader quiconque de lui tenir tête. Il lut dans le regard des deux femmes qu'elles hésitaient quant à la conduite à tenir : obéir et céder, ou bien désobéir et résister ? Elles devaient probablement se demander jusqu'où il était capable d'aller. Ses menaces n'étaient-elles que pur bluff, ou bien son intolérance risquait-elle de le pousser à l'agression physique ? Son regard aussi dur et aussi noir que l'acier de son armure ne laissait pas de place au doute, quant à la réponse. Après tout, il venait de l'Est. Alors que la tension atteignait son paroxysme, elle fut brusquement évacuée quand la porte des appartements de Farma s'ouvrit. Le soldat à qui Rokh avait confié la Dame passa la tête par l'entrebâillement, et dit :

- Excusez-moi, mais Dame Farma souhaiterait vous parler.

Ce ne fut qu'alors qu'il se rendît compte que l'oriental n'était pas seul. Il croisa le regard de tous les individus présents, qui le dévisageaient avec des sentiments différents : là la colère, là l'espoir, là la surprise. Peut-être un peu désarçonné par autant de présence devant la porte, autant de personnes qui dardaient sur lui des regards pénétrants, il ouvrit un peu plus grand le battant, et les deux femmes ainsi que le garde du corps croisèrent le regard de Farma, étendue dans son lit, fragile statue de porcelaine reposant sur un linceul immaculé. Elle tourna la tête dans leur direction, et nota probablement la présence des deux inconnues, avant de revenir brièvement à son factionnaire, qui la regardait en face. Rokh ignorait pourquoi elle avait voulu lui parler, mais il se dit qu'avoir tenté de congédier des invitées risquait de lui valoir une réprimande cinglante de plus. Il serra les mâchoires, attendant de savoir ce qu'elle allait leur dire...


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
La vie a une fin, pas le chagrin Signry10
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