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 La vie a une fin, pas le chagrin

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Taorin
Emir du Harondor Libre
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Taorin

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La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 EmptyMar 25 Juin 2013 - 12:26
La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 674585katiedesousarandomportrait

Le temps passait lentement dans les appartements froids du palais d’Aldburg. Enfin, de ce qu’il fallait appeler palais : le bâtiment, mal éclairé, glacial, écrasant, était plus une forteresse en ruines qu’un lieu de vie et de chaleur. Les pierres sans tentures n’isolaient que très difficilement du l’Hiver, obligeant à consumer bûche après bûche pour espérer réchauffer un tant soit peu les chambres. Anna parcourut du regard la sienne, attendant que les domestiques – quelques femmes de chambre et deux soldats appelés pour porter les lourdes malles – installent ses affaires : un grand lit double occupait le centre de la pièce, de lourdes fourrures disposées par-dessus les draps ; sur le côté droit, une fenêtre étroite laissait pénétrer un peu de lumière.

Ils étaient arrivés depuis une heure, et, déjà, l’ambassadeur, accompagné du comte, s’étaient attelés au travail. Anna n’était pas encore suffisamment liée aux divers amis d’Ægorn pour pouvoir assister à leurs discussions, mais elle se sentait prête à soutirer les informations une fois son mari couché à ses côtés. Si elle pouvait réussir à s’introduire peu à peu dans les cercles fermés de la haute aristocratie gondorienne… Peut-être pourrait-elle enfin remplir la tâche que ses maîtres souhaitaient la voir accomplir, et alors ils la libéreraient, et libéreraient Lena. Ah ! Lena ! Les maîtres la gardaient quelque part dans leurs geôles, l’utilisant comme levier pour manipuler Anna. Du moins était-ce ce qu’ils voulaient lui faire croire : la nouvelle comtesse n’était pas sotte, et se doutait bien qu’ils promettaient les mêmes choses à sa sœur ainée. Mais, si jamais les deux sœurs parvenaient à remplir leurs tâches, ils les relâcheraient, Anna en était sûre. Et s’était forcée à y croire, années après années. Elle n’avait désormais plus d’autre espoir.

Lorsque les serviteurs eurent terminé de disposer les affaires dans la chambre, la comtesse se tourna vers sa dame de compagnie (un bien grand mot pour désigner une fillette de treize ou quatorze ans de petite noblesse n’ayant jamais servie auparavant), et demanda un bain. Elle empestait le cheval, sa robe était froissée après des heures dans le coche. La jeune fille s’inclina, et, sortit demander aux serviteurs locaux d’apporter une bassine et de l’eau chaude.

Une fois propre, Anna congédia la jeune dame de compagnie et resta dans l’eau désormais tiède. Assise en tailleur dans la bassine de bois, elle posa sa tête sur le rebord, et, les muscles détendus, s’endormit…

Anna ouvrit les yeux. Les ténèbres étaient partout, elle n’y voyait goutte. Elle se redressa, sentit la toile grossière de la paillasse sous ses paumes. Sa tête heurta quelque chose. Une poutre, peut-être. Elle cria, plus par surprise que par réelle douleur. Se mettant à quatre pattes, tâtonnant, heurtant des parois invisibles, elle réussit à trouver un passage et s’y engouffra. Le lieu, bien que plongé dans les ténèbres, lui semblait familier. L’odeur, âcre, prenait à la gorge, comme si quelqu’un était resté enfermé dans une petite pièce plusieurs jours sans aérer.

Anna rampait vers ce qu’elle espérait être la sortie. Aucun bruit, nulle part, ne l’aidait à se repérer. Rien que le silence et les ténèbres. Soudain, une lumière éclatante surgit face à elle : ses yeux habitués à l’obscurité semblèrent s’enflammer. Elle se couvrit le visage de sa main droite, et, à travers des doigts légèrement écartés et des paupières presque closes, elle regarda : une porte s’était ouverte sur un couloir brillamment éclairé ; une silhouette informe se dressait, cachant la lumière des torches. Anna tressaillit, et recula, apeurée. Peu à peu, alors que ses yeux s’habituaient à la lumière, elle discerna mieux la forme sombre : il s’agissait d’un homme, d’un géant, qui, de sa main droite, tenait les cheveux d’une jeune femme. Qui n’avait guère plus de seize ans. Lena ! Anna tremblait. Elle se souvenait de cette scène, de la douleur, de la peur. L’homme semblait grandir, encore et encore, et la pièce s’étirer. Elle n’était plus qu’une minuscule créature dans une pièce aux proportions démentielles : l’homme faisait désormais trois ou quatre mètres de haut, ses mains rougies capable de briser sans effort la nuque de la jeune orpheline tremblante. Le visage du géant restait mystérieusement dissimulé par l’ombre.

Le géant approchait, trainant Lena derrière lui. La jeune fille avait cessé de se débattre, du sang coulait de ses cheveux. Anna essaya de reculer, mais ses muscles étaient paralysés. Elle ne pouvait qu’assister, impuissante, à sa capture. Le géant tendit une main vers elle, ses doigts, énormes, ruisselant de sang. Il effleura la joue d’Anna : brusquement libérée, elle se précipita entre les jambes monumentales de l’homme, et courut vers la porte ouverte. La pièce semblait s’étirer : au lieu de se rapprocher, Anna s’écartait de plus en plus du salut. Ses jambes la faisait voler au-dessus du parquet abimé de la pièce, la faisant aller toujours plus vite, plus vite qu’un cheval au galop, mais la porte devenait de plus en plus petite, de plus en plus lointaine. Derrière elle, le sol tremblait sous les enjambées du géant. Elle le sentait se rapprocher.

Après ce qui sembla être une heure de course effrénée, la porte sembla enfin accessible : encore deux enjambées, et elle serait sauve ! Tout en continuant à courir, Anna se retourna, et vit le terrible visage de son oncle, du sang perlant du coin des lèvres, à la place de la tête du géant. Ses jambes se dérobèrent sous elle, et elle tomba, tomba dans un puits sans fond, dans les ténèbres…


Anna ouvrit les yeux, tremblante. Elle frissonna, tant à cause de l’eau désormais froide que du rêve qui venait de l’assaillir. Des coups résonnaient contre la porte. Elle se hâta de sortir de la bassine, attrapa une serviette et se sécha violemment dans la pénombre. Le feu s’était consumé : la dernière bûche, noircie, ne procurerait qu’une demi-heure de chaleur et de lumière. Le soleil d’hiver s’était déjà couché : il devait être près de six ou sept heures après la mi-journée.

La comtesse s’habilla rapidement et sortit. Sa dame de compagnie l’attendait à la porte. Anna était attendue pour le diner, en compagnie de mari et de l’ambassadeur. Mais pas de leur hôte. La jeune femme s’en étonna : elle apprit que Dame Farma était indisposée et ne pouvait sortir de sa chambre. Pourquoi, la fillette qui l’accompagnait ne pût lui répondre. Anna haussa les épaules, et se dit qu’elle irait se présenter à leur hôtesse le lendemain matin…

*** *** *** *** ***

Elle se leva quelques heures après l’aube. Ægorn était déjà parti, sans un bruit, n’emportant qu’une malle de voyage avec lui : il accompagnait en effet l’ambassadeur à Edoras à la rencontre du nouveau roi du Pays des Chevaux, et Anna n’avait pu obtenir le droit de les accompagner. Ils devaient en effet, selon leurs dires, voyager comme le vent, et une calèche les aurait trop ralenti, d’autant plus qu’ils auraient été bien en peine d’assurer sa sécurité. Balivernes ! s’était-elle exclamée. Mais Ægorn avait tranché, et elle devait rester ici à attendre leur retour.

Encore à moitié endormie, Anna se leva et appela la jeune fille chargée de la servir. Après une rapide collation, la comtesse s’habilla, et demanda le chemin des appartements de Dame Farma : il eut en effet été d’une impolitesse digne des rustres du Sud de ne pas aller la saluer. Elle congédia ensuite la jeune servante, et se mit en route.

Des bruits émanaient de là où elle se dirigeait. Une jeune femme élancée, aux cheveux bruns, se dressait face à un grand homme basané, au regard sévère, et visiblement blessé. L’homme bloquait une porte fermée. Celle menant aux appartements de Dame Farma, de toute évidence. Que se passait-il ici ? Ses chaussures, claquant contre la pierre, attirèrent l’attention des deux individus, les interrompant dans leur conversation. L’homme la transperçait de son regard noir. Qui était-il ? Pas un rohirrim, vraisemblablement. Il ressemblait plutôt à ces hommes de l’Est lointain. Mais pourquoi était-il ici, en cette place-forte du Rohan ? Anna dû tressaillir, car le guerrier fronça les sourcils. Elle reprit cependant très vite contenance, et s’avança, utilisant tout son mépris, tout son orgueil comme une muraille infranchissable entre ces individus et ses émotions. Plus rien ne transparaitrait de son visage, de son attitude. Elle serait pleinement cette Comtesse des Nimrais qui avait accompagné son mari en ces terres frappées par la guerre. Arrivée à leur hauteur, elle prit la parole :

« Je suis la Comtesse des Nimrais. Je viens saluer Dame Farma et la remercier pour son hospitalité. Veuillez me mener à elle, je vous prie. »

#Anna
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Eliah Tandoril
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La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 EmptyDim 30 Juin 2013 - 16:46
Eliah sentit son coeur se serrer lorsque le garde lui dit de le suivre. Il n'avait pu lui donner aucune réponse plausible, aucune information concernant son frère et cela l'angoissait. Pourrait-elle un jour obtenir la réponse à ses interrogations ?
D'un autre côté, l'ignorance valait peut-être mieux que d'avoir appris une mauvaise nouvelle. Comment aurait-elle réagit si on lui avait indiqué que celui-ci avait été torturé et tué dans d'atroces souffrances par des monstres sanguinaires ?
Une telle pensée lui déclencha des frissons dans tout le corps et elle resserra son manteau autour d'elle. Avec un signe de la tête, elle accepta de suivre le garde qui avait l'air d'avoir une solution pour elle. Après tout la brunette n'avait rien à perdre.
Eliah était reposée quoique un peu affamée, mais elle n'avait plus aucune fatigue dans son corps. Non son corps allait bien, c'était son âme qui souffrait. Elle était comme une jeune brebis qui venait de voir sa mère égorgée par une meute de loups sauvages. Elle ne pouvait pas décrire son sentiment autrement.

Elle était seule, livrée à elle-même et pourtant elle ne pouvait se résoudre à fuir en laissant derrière elle la dépouille ensanglantée de sa mère. Des larmes venues de nulle part lui montèrent aux yeux, larmes qu'elle ravala aussitôt. Elle se devait d'être forte à présent, elle n'était plus une enfant. Eliah avait choisit l'aventure et la découverte du monde, du vrai et elle devait assumer ses choix à présent.
D'autant plus qu'elle sentait que quelque chose d'étrange se tramait. Tout ceci n'avait pour le moment aucun sens pour elle. Soit elle n'avait pas assez d'expérience de la vie, soit les choses qui se passaient étaient réellement issues d'une entité maléfique. Ou encore pire, les deux !
Quoi qu'il en soit, elle ne pouvait plus être cette jeune fille innocente et naïve qu'elle avait toujours été. Elle avait comprit qu'il fallait se méfier de tout et de tous le monde. Même des soldats qui devaient protéger le peuple pouvaient se montrer terrible. Alors elle ne pouvait faire confiance à personne, personne !

Elle ne devait plus se laisser faire, se laisser influencer. Elle devait à tout prix garder la tête froide et les épaules droites. Être forte tout simplement. Si elle voulait s'en sortir dans ce monde de brutes, elle n'avait pas le choix. Et il s'était déjà passé tant de choses, elle avait déjà vu tellement de malheur en si peu de temps, qu'elle ne pouvait plus reculer. Plus maintenant.
Le trajet se déroula en silence. Ni elle, ni l'homme n'avait l'air d'avoir envie de parler, de quoi que ce soit d'ailleurs.
La faute à l’atmosphère pesante qui régnait dans la ville très certainement. Même dans cette demeure qui était belle et luxueuse à l'origine, la peur et la tristesse se faisait ressentir. Les murs ornés de belles œuvres n'était plus à présent qu'un mur terne et gris, reflétant la beauté d'un temps passé. Faute d'une négligence à peine perceptible. Les pas de la jeune femme pourtant légers retentissaient sur le sol en un claquement régulier, faisant peser encore plus le silence.

La traversée paraissait interminable mais ils finirent par débarquer dans un immense couloir qui ne paraissait pas en être un et continuèrent leur chemin jusqu'à la porte de ce qui semblait être une chambre. Mais très vite, elle remarqua que celle-ci semblait être gardée par un homme qui lui paraissait immense d'où elle était et qui n'en fut pas plus petit lorsqu'elle se rapprocha de lui. Sa curiosité fut piquée à vif, mais elle ne prononça toujours aucun mot. D'où venait cet homme étrange qui ne ressemblait à aucun autre par ici ?
Non elle savait reconnaître les hommes et les femmes de sa région, elle savait même faire la différence entre rohirrim et gondorien et lui n'était aucun des deux. Eliah avait posée ses yeux clairs sur cet homme immense qui lui fit penser à un roc, une immense falaise qu'il était impossible de franchir. Il paraissait aussi froid que la pierre et aussi indifférent que le marbre. Si elle était une vague, elle se briserait sur lui en milles éclats.

Alors qu'elle pensait que le soldat qui l'avait accompagné prendrait les choses en main et lui expliquerait la situation à elle ou à cet homme, il la laissa planter là sans plus d'explication et s'empressa de disparaître. Il n'adressa pas un seul mot au garde et tourna les talons rapidement. Avait-il peur de cette homme étrange lui aussi ?
Oui car Eliah était à la fois fascinée et effrayée par lui. Voyant le soldat s'éloigner, elle se trouva fort dépourvut et balbutia.

“Mais, je ... où...”

Elle se retrouva alors face à lui, sans savoir que dire, sans savoir que faire. Après tout, elle ne savait pas elle-même ce qu'elle faisait ici, comment elle était arrivée ici. La broche et la petite clé que le vieil homme lui avait offert quelques minutes auparavant semblaient peser lourd dans sa poche. Comment avait-elle pu se retrouver dans cette situation étrange et gênante ? Que devait-elle dire à cet homme immense et qui ne semblait pas prompt aux débats et au marchandage ?
Et encore une question, que faisait-il planté là devant cette porte ... après plusieurs minutes de longues réflexion personnelles qui lui parurent des heures, elle finit par se résoudre à ouvrir la bouche. D'une voix timide mais ferme elle annonça.

“Je suis venue voir ... euh Dame ... F... Farma”.

Elle avait hésité un moment sur le nom de cette dame, car elle ne l'avait entendu qu'une seule fois lorsque le garde l'avait prononcé avant de la mener jusqu'ici. La brunette ne savait pas si sa phrase suffirait à convaincre cet homme de la laisser entrer. Il fallait qu'elle trouve une explication plausible. Mais comment expliquer quelque chose à quelqu'un alors qu'elle ne savait pas elle-même ce pourquoi elle était venu !
Eliah se posa quelques secondes et osa croiser le regard de cet homme qui paraissait avoir tout les muscles du corps tendus et en alerte. Même son frère le plus âgé n'avait pas cette prestance ou cette musculature. Et pourtant il était l'un des hommes les plus forts de la région. Eliah se demanda si cet homme pourrait la tuer à une seule main s'il le désirait. Drôle de penser que celle-ci, mais elle ne pouvait s'empêcher de la tourner en boucle dans sa tête en voyant les mains immenses de ce roc abrupt. Elle prit une grande inspiration et se lança.

“Ce garde à l'entrée m'a dit qu'il me confierait à Dame Farma car elle saurait m'aider. C'est pour cette raison que je dois la voir. Puis-je entrer seigneur ?”

Ce mot lui avait échappé et lui paraissait tout naturel. On ne pouvait avoir cette prestance sans être une sorte de prince ou tout au moins un seigneur. Il avait du s'entrainer très dur pour être comme il était à présent et cela signifiait qu'il avait un sang noble. Du moins c'était ce que la jeune femme pensait. Elle se disait à juste titre qu'aucun autre homme n'aimerait tenir tête ou contrarier celui-là. Il n'avait certainement pas besoin d'épée pour se battre et tout cet attirail à ses pieds le prouvait bien. Quel soldat ne gardait pas sa panoplie armure et armes sur lui, prêt à l'emploi ?
Non celui-là préférait les avoir à ses pieds.
Une fois son père avait raconté une histoire à Eliah, qui l'avait fait rêver depuis toute petite. Dans une montagne très très lointaine, il existait des hommes de pierres qui pouvaient se déplacer et parler entre eux. Ils étaient invincibles et ne craignaient pas la mort. Cet homme lui faisait penser à ces géants de pierres.

Mais alors qu'elle était totalement perdue et décontenancée, elle entendit des pas arriver derrière elle, puis une voix se fit entendre. C'était une femme. L'espace de quelques secondes, Eliah pensa que c'était Dame Farma et s'apprêtait à accourir auprès d'elle, mais quand elle se présenta, la jeune femme fut envahit d'une vague de déception. Ce n'était pas elle, mais une visiteuse qui souhaitait également être conduite auprès de la maîtresse des lieux. Totalement mal à l'aise en présence de ces deux personnages, la jeune paysanne se mit un peu en retrait et attendit de voir ce qui allait se passait. Peut-être que si la porte s'ouvrait pour cette comtesse, elle pourrait s'y glisser furtivement telle une petite souris.

Encore une fois, elle se demanda ce qu'elle pouvait bien faire là, mais après tout, elle ne savait pas où aller ou que faire d'autre. Si elle quittait cet endroit, elle pourrait retourner dans la maison de ces personnes qui devaient à cette heure être déjà partie. Mais elle n'aurait aucune piste, aucun moyen pour avoir plus d'information et avancer dans ses investigations. Et c'était un étrange hasard que de se retrouver là alors qu'elle n'avait rien demander. Elle prit donc son mal en patiente, son regard faisant l'aller-retour entre l'homme de pierre et la comtesse de porcelaine. Qu'était-elle entre ces deux personnages ?
#Eliah
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Ryad Assad
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La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 EmptyLun 1 Juil 2013 - 16:49
La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 Rokh10   La vie a une fin, pas le chagrin - Page 2 Rokh_c10

Être de garde. Y avait-il mission plus abrutissante et fatigante ? On confiait d'ordinaire cette mission aux soldats de classe inférieure, ou bien en guise de punition lorsqu'un homme s'était montré insolent, et qu'il n'était pas possible de le sanctionner autrement qu'en lui ordonnant de demeurer immobile pendant plusieurs heures. Rokh, présentement, se sentait puni pour quelque chose qu'il estimait ne pas avoir commis. Il ne comprenait pas, et cela le frustrait au plus haut point. N'avait-il donc pas fait ce qu'elle lui avait demandé, quand elle le lui avait demandé ? "Tue-les", avait-elle lâché. Sans la moindre once de pitié, il avait supprimé ces deux indésirables, et cela avec une efficacité redoutable. Est-ce que lorsqu'un occidental demandait de tuer, cela signifiait en réalité qu'il fallait épargner l'adversaire ? Pourtant, lorsqu'il avait servi avec l'Ordre, personne ne s'était insurgé lorsqu'il avait appliqué les consignes à la lettre. "Tue cet enfant", lui avait-on dit. Il avait levé son épée, et alors qu'il fauchait la vie à l'aide de son grand sabre, il n'y avait pas plus d'émotions sur son visage que sur le casque qui le recouvrait. Et nul ne lui en avait tenu rigueur.

Les bras croisés, il demeurait droit comme un "i", attentif aux moindres mouvements dans son champ de vision, et au-delà. Les bruits de pas l'alertaient le plus souvent bien avant qu'il ne vît de ses yeux la personne qui approchait. Plusieurs serviteurs étaient affairés, et ils passèrent aussi loin de lui qu'ils le pouvaient, lorsqu'ils devaient emprunter le couloir. Ils ne cessaient de lui jeter des coups d'œil terrifiés, comme s'il allait sortir de sa torpeur pour les massacrer sur-le-champ. Il était vrai qu'il pouvait paraître impressionnant, à les suivre du regard tandis qu'ils pressaient le pas. Chaque fois qu'ils levaient la tête, ils se retrouvaient face à ses yeux d'un noir profond, qui semblaient dégager une aura menaçante. Quelques soldats passèrent, le plus souvent par groupes de deux. Ils bombèrent le torse en le voyant, s'arrêtant subitement de parler pour laisser place à une grande concentration. Puis, quand ils l'avaient enfin dépassé, ils se retournaient vers lui, croyant qu'il ne les voyait pas, et faisaient des commentaires sur l'échauffourée qui avait eu lieu un peu plus tôt, croyant qu'il ne les entendait pas. Visiblement, la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre, et le "chien de Farma", comme certains l'appelèrent, risquait de ne laisser personne indifférent à présent. Mais la Dame d'Hellbourg n'était pas en reste, et lorsque les hommes en parlaient, certains le faisaient toujours avec un grand respect, tandis que d'autres, peut-être d'anciens fidèles de Horoweng, la critiquaient. C'était à ceux-là que le garde du corps lançait les œillades les plus meurtrières.

Cela faisait un moment qu'il n'avait plus croisé personne, et il commençait à s'ennuyer ferme, quand des bruits de pas se firent soudainement entendre. Il commençait à s'habituer aux lieux, et il pouvait dire qu'il s'agissait d'un soldat, à en juger par le cliquetis de son armure, le choc régulier de l'épée sur sa cotte de mailles, et le bruit de ses lourdes bottes sur les dalles. Mais sur ses talons, se trouvait une jeune femme qui, apparemment, ignorait ce qu'elle faisait ici. Elle regardait autour d'elle d'un air aussi triste qu'effrayé, et Rokh se demanda un instant si elle n'était pas prisonnière, transférée d'une cellule à une autre. Mais si elle en avait l'attitude, elle avait apparemment les mains libres, et il était difficile d'imaginer quel crime eût pu commettre un visage aussi juvénile et désespérément candide. Rokh et elle devaient avoir approximativement le même âge, mais le guerrier paraissait plus vieux, avec son air las, sa mine sombre et effrayante. La souffrance due à ses blessures avait laissé des traces visibles sur son visage : ses yeux étaient cernés, et il paraissait en permanence en colère, les sourcils froncés, les poings serrés.

La jeune femme et le soldat approchèrent, et le garde du corps les détailla chacun des pieds à la tête, cherchant à évaluer quelle menace potentielle ils pouvaient constituer. A peu près aucune : le rohirrim était un militaire, donc il n'était pas véritablement dangereux. Il avait l'épée au côté, et même s'il semblait nerveux, il n'avait fait aucun geste suspect qui eût pu inciter le Rhûnadan à se méfier davantage. La femme, elle, paraissait n'avoir aucune arme, et quand bien même elle en aurait dissimulé une, il aurait fallu qu'elle cachât prodigieusement bien son jeu pour réussir à surprendre l'oriental. En effet, elle paraissait effrayée rien que de le voir debout, à moins que ce ne fût parce qu'elle avait entendu parler de sa démonstration. Quoi qu'il en fût, elle demeura devant lui, tandis que le soldat tournait précipitamment les talons, pour retourner à ses occupations. Rokh fronça les sourcils devant cette attitude : il était évident que le rohirrim la conduisait, aussi pourquoi ne l'avait-il pas annoncée ? Etait-il muet ? Impoli ? Désirait-il montrer toute l'étendue de son irrespect ? Un moment, le guerrier songea à rappeler le soldat, pour tirer cette histoire au clair, mais il restait la jeune femme, qui n'avait pas bougé d'un pouce, et qui paraissait ne pas trop savoir quoi faire. Elle ouvrit la bouche, et tenta plusieurs approches, en vain. Elle semblait incapable de faire une phrase cohérente, et l'agacement de l'oriental se peignit sur ses traits. Il n'était pas du genre patient.

- Quoi ? Tu veux quoi ?

Il avait lancé ça sur un ton abrupt, cassant, pour bien lui signifier qu'il n'appréciait pas qu'elle lui fît perdre son temps, même si en réalité, il n'avait pas grand-chose d'autre à faire. Cela étant, il n'était pas portier, ni majordome, et il reportait sa frustration sur elle à défaut de pouvoir fracasser la porte dans son dos, pour aller cracher ses quatre vérités à Farma, et éventuellement briser quelques meubles. Depuis le temps, il avait ruminé la situation, et il avait trouvé quelques bonnes répliques cinglantes à lui lancer à la figure. Il s'y essaierait en temps utile. Revenant à la jeune femme, qui avait enfin trouvé le courage de lui répondre, il grommela dans sa propre langue sur l'étrangeté des gens de l'Ouest. En substance, il se plaignait de les voir toujours dire des choses évidentes. Qui d'autre que Farma aurait-elle pu vouloir voir, si elle avait été conduite devant ses appartements ? Il relégua ces pensées au second plan, s'interrogeant quant à savoir la raison pour laquelle elle désirait la rencontrer. Morgenstern n'avait-il pas dit que sa femme risquait d'être menacée ? Il n'imaginait pas que la petite créature qui se trouvait en face de lui pût attenter à la vie de la Dame qu'il avait la charge de protéger, mais elle aurait justement pu être recrutée précisément parce qu'elle avait l'air inoffensive. Les gens d'ici étaient retors, et ils ne reculaient devant aucun subterfuge pour tromper l'ennemi.

- La voir ? Interrogea Rokh brutalement.

Son visage ne gagna pas une seule seconde en sympathie, ce qui n'aidait pas son interlocutrice à se mettre à l'aise. Il ne la plaignait pourtant pas. Le cavalier méprisait la faiblesse autant qu'il méprisait ses ennemis, et il ne pouvait pas tolérer l'indécision. Sa propre doctrine le poussait à avancer, même s'il était dans l'erreur. L'immobilisme était le premier pas vers la déchéance. Voilà ce qui entravait la glorieuse marche de son pays vers la domination, voilà ce qui rendait les guerres ouvertes si rares. Voilà ce qui faisait mourir à petit feu les hommes tels que lui. Les gens attendaient, hésitaient, ne prenaient pas les décisions qui s'imposaient, et au final, les hommes de guerre se retrouvaient trahis par leurs propres dirigeants. Lorsqu'ils tuaient comme on le leur ordonnait, ils enfreignaient sans le savoir les règles fixées par les têtes pensantes. Le visage de Farma s'imposa à lui, et ses mâchoires se serrèrent, tandis que la crispation le gagnait peu à peu. Il ignorait si la jeune femme allait prendre ce signe supplémentaire d'irritation pour elle, mais à vrai dire, la colère qui menaçait de le submerger à nouveau était telle qu'il se fichait éperdument de ses réactions, de son état d'esprit, de son chagrin.

Après avoir longuement cherché ses mots, elle trouva finalement le courage de lui donner une explication à peu près cohérente, ce qui ne signifiait pas pour autant qu'elle avait un sens aux yeux du guerrier. Quelle aide pouvait-elle attendre de la part d'une personne incapable de tenir sur ses jambes ? Il ne releva pas lorsqu'elle l'appela "seigneur", mais il trouva étonnant d'être ainsi nommé. Avait-il vraiment l'air d'un noble, ainsi planté devant la porte des appartements de la Dame d'Hellbourg ? Il ressemblait bien davantage à un idiot, muni d'une épée, condamné à la pire des humiliations. Un pli contrarié déforma le coin de sa bouche, alors qu'il se demandait si, en l'appelant ainsi, elle n'était pas en train de se ficher de lui. En temps normal, il lui aurait brusquement demandé des explications, de dire où elle voulait en venir, mais il ne le pouvait pas. Farma ne lui avait pas encore pardonné son efficacité létale, et il craignait de devoir affronter à nouveau son courroux s'il se comportait mal avec une femme du Rohan. Surtout si celle-ci était attendue. Elle n'avait pas précisé que la femme du Maréchal était au courant de sa venue, mais sinon, pourquoi un soldat aurait accompagné la jeune femme juste devant la porte des appartements de Farma, pour l'abandonner aussitôt sa mission accomplie ? N'était-ce pas là une raison suffisante pour la laisser passer ? Avait-il une quelconque autorité en ces lieux pour l'en empêcher ? Pendant un instant, il se dit que non, et qu'il n'était pas plus un garde du corps qu'un bibliothécaire. Décider qui devait entrer, et qui ne le devait pas était une tâche bien trop compliquée pour lui. Il obéissait aux ordres, point final. On lui disait de combattre, il combattait, on lui disait de tuer, il tuait, on lui disait de rester devant la porte, il le faisait bon gré mal gré. Les choses compliquées n'étaient pas de sa compétence. Mais dans le même temps, en quoi pouvait bien consister sa mission s'il ne pouvait pas trier les gens qui devaient avoir accès à Farma ? Devait-il laisser rentrer tous les inconnus qui demandaient à la voir ? Comment savoir, alors, qu'il n'y aurait pas un assassin déguisé parmi eux ? S'il souhaitait accomplir sa mission, et protéger la femme du Maréchal, il devait faire preuve d'une grande vigilance, et d'une grande méfiance.

Alors qu'il s'apprêtait à congédier la jeune femme, et qu'il choisissait soigneusement ses mots pour s'assurer qu'elle n'allait pas avoir envie de revenir de sitôt, il fut interrompu dans ses réflexions par des bruits de pas provenant du couloir. "Encore ?" pensa-t-il avec une exaspération de plus en plus perceptible. Il détailla l'arrivante, qui n'avait que peu de points communs avec la première. C'étaient toutes les deux des femmes, certes, mais autant la première semblait de basse extraction, autant la seconde affichait sur son visage le mépris teinté d'orgueil des gens aisés, de la noblesse. Un trait que Rokh n'appréciait guère en son pays, et qu'il était contrarié de retrouver ici, à l'Ouest. Il dévisagea la femme sans se cacher, et elle tressaillit quelque peu. Il fronça les sourcils, en se demandant quelle pouvait bien être la cause de cette réaction. La peur, peut-être. La peur de croiser un oriental armé en plein milieu d'une forteresse rohirrim ? La plupart des gens de l'Ouest ne connaissaient pas bien les terres par-delà la mer de Rhûn, et ils en avaient conçu des légendes, des contes, des histoires à dormir debout. Certains y dépeignaient les guerriers Rhûnedain comme des monstres impitoyables, assoiffés de sang, possédés par des esprits mauvais, corrompus par Sauron ou Melkor. De Mauvais Hommes, comme on les appelait, alors qu'ils n'avaient rien de pire en eux que ceux qui naissaient à l'Ouest. Etait-ce cela qu'elle lisait en lui ? Etaient-ce ces légendes, ces contes, ces histoires à dormir debout qui la dérangeaient ? Intérieurement, il sourit, satisfait de savoir qu'il la mettait mal à l'aise. Extérieurement, il demeura de marbre, bien conscient que l'absence de réaction pouvait la déstabiliser encore davantage.

Elle s'avança encore, mais s'arrêta à bonne distance, avant de s'annoncer. Ainsi, elle était comtesse des Mirais...des Nimais...des Marais...Bref, elle était comtesse. Une noble donc. Et elle demandait à être conduite devant Farma, qu'elle était venue saluer. Etait-il vraiment nécessaire de tant en rajouter pour une simple visite ? Autant la petite brune semblait ne pas trouver les mots adéquats pour énoncer une chose apparemment simple, autant la noble semblait réciter un discours appris par cœur, une formule peut-être magique qui lui aurait ouvert toutes les portes, qui aurait fait tomber toutes les barrières. Rokh demeura un instant silencieux, la fixant dans les yeux, faisant délibérément monter la tension qui s'était installée entre eux trois. Il savait qu'il avait le pouvoir, et il appréciait cette sensation de contrôle. Il inspira profondément, et lâcha d'une voix grave et calme, rendue chantante par l'accent exotique qui enveloppait chaque mot :

- Ca ne va pas être possible. Vous, vous voulez lui parler pour je ne sais quelle aide ; vous, vous voulez la saluer, lui dire merci... Tout ça ne me paraît pas très urgent, ni très vital. Revenez plus tard.

Il n'attendait pas de réponse de la part des deux femmes, mais il lut dans leurs yeux leur indignation d'être ainsi congédiées, et elles s'apprêtaient à parler quand il ajouta, coupant court à leurs velléités protestataires :

- Je ne me répéterai pas. Je suis garant de sa sécurité, et je ne tolérerai pas qu'on conteste mes directives.

Alors qu'il parlait, il s'était légèrement avancé, les dominant de toute sa taille, et de toute l'aura de force brutale qui l'entourait. Même s'il n'était pas le plus costaud des combattants, même s'il n'exhibait pas une musculature de titan, il n'en demeurait pas moins un bretteur redoutable et effrayant. Son visage fermé, ses yeux noirs, et sa main qui s'était rapprochée de son sabre avaient de quoi dissuader quiconque de lui tenir tête. Il lut dans le regard des deux femmes qu'elles hésitaient quant à la conduite à tenir : obéir et céder, ou bien désobéir et résister ? Elles devaient probablement se demander jusqu'où il était capable d'aller. Ses menaces n'étaient-elles que pur bluff, ou bien son intolérance risquait-elle de le pousser à l'agression physique ? Son regard aussi dur et aussi noir que l'acier de son armure ne laissait pas de place au doute, quant à la réponse. Après tout, il venait de l'Est. Alors que la tension atteignait son paroxysme, elle fut brusquement évacuée quand la porte des appartements de Farma s'ouvrit. Le soldat à qui Rokh avait confié la Dame passa la tête par l'entrebâillement, et dit :

- Excusez-moi, mais Dame Farma souhaiterait vous parler.

Ce ne fut qu'alors qu'il se rendît compte que l'oriental n'était pas seul. Il croisa le regard de tous les individus présents, qui le dévisageaient avec des sentiments différents : là la colère, là l'espoir, là la surprise. Peut-être un peu désarçonné par autant de présence devant la porte, autant de personnes qui dardaient sur lui des regards pénétrants, il ouvrit un peu plus grand le battant, et les deux femmes ainsi que le garde du corps croisèrent le regard de Farma, étendue dans son lit, fragile statue de porcelaine reposant sur un linceul immaculé. Elle tourna la tête dans leur direction, et nota probablement la présence des deux inconnues, avant de revenir brièvement à son factionnaire, qui la regardait en face. Rokh ignorait pourquoi elle avait voulu lui parler, mais il se dit qu'avoir tenté de congédier des invitées risquait de lui valoir une réprimande cinglante de plus. Il serra les mâchoires, attendant de savoir ce qu'elle allait leur dire...


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