Même en pleine forêt, l’épaisseur de neige était conséquente. Le vent glacial s’infiltrait sous mes vêtements. La seule façon de rester un tant soit peu au chaud était de marcher, encore et toujours marcher. Plongé dans mes pensées j’avançais, confiant en nos chances d’arriver à Minas Tirith avant le lendemain soir. Après tout nous connaissions tous ces bois comme nos poches. Un gémissement puis le bruit d’une chute me fit tourner la tête. Feärnor était au sol.
- J’ai besoin d’une pause les gars !
Les trois rangers s’immobilisèrent et je les rejoignis au chevet du blessé.
- Comment va ta jambe ? demanda notre chef, le caporal Fenrir.
- Elle me lance sacrément, mon caporal.
- Tu ne voudrais pas y jeter un œil Mardil ?
Je m’approchais de Feänor et précautionneusement écartais les bandages que j’avais placés autour de sa blessure la veille. La morsure était toujours à vif et les herbes que j’avais appliquées pour accélérer la cicatrisation ne semblaient pas très utiles. Le plus inquiétant restaient les nervures noires qui partaient de la blessure et s’étendaient vers le bas de sa jambe. Le froid et l’humidité n’étaient pas vraiment les meilleures conditions de guérison.
- C’est pas brillant caporal. Il va falloir forcer l’allure.
- Je ne suis pas sûr qu’il en soit capable.
- Je ne peux pas faire grand chose de plus. Je ne suis pas guérisseur. Il nous faut le conduire aux maisons de guérison. Sinon la seule chose que l’on pourra faire c’est l’amputation.
- Nous ne sommes plus qu’à deux jours de marche de Minas Tirith. Je peux y arriver, intervînt Feänor.
- Très bien. Alors remettons nous en route, trancha le caporal Fenrir.
Il désigna les deux rangers restants.
- Aidez le à maintenir l’allure ! Mardil tu ouvres la voie.
Nous nous remîmes en route, luttant contre le vent qui soufflait en rafales dans les sous bois. Feänor pestait entre ses dents contre ce maudit loup qui l’avait mordu la veille.
- Et dire que ma mère a passé son temps à me répéter que les loups n’attaquaient pas l’Homme. Je donnerais cher pour qu’elle me voie en ce moment.
- Les temps sont rudes pour les animaux aussi, remarqua le caporal Fenrir.
- Elle devait chercher de quoi nourrir sa portée, fis je remarquer.
J’eus une pensé pour les louveteaux, quelque part dans cette forêt glaciale. Ils n’avaient pas la moindre chance de survie sans leur mère.
- En tous cas sa fourrure sera bien mieux sur moi que sur elle, dit Feänor.
Je préférais ne pas faire remarquer à mon compagnon qu’il n’avait ni la grâce ni le noble maintien de la grande louve et que je doutais fort que cette fourrure lui soit plus utile qu’à l’infortuné animal qui avait croisé notre chemin. C’avait été une honte de devoir tuer une bête aussi magnifique.
Après trois heures de marche à une allure bien trop rapide pour un blessé (et pour des hommes manifestement extenués), nous débouchâmes enfin sr les champs. Au loin nous apercevions Minas Tirith, pas plus grande qu’une pomme à cette distance. Même moi qui ne me plaignais jamais d’être en patrouille, je dus m’avouer que j’étais bien content de me dire que le lendemain je pourrais être au chaud dans mes quartiers de la caserne. J’aspirais à un peu de repos après cette épopée éreintante qui n’avait servi à rien d’autre que nous fatiguer inutilement.
Nous avions été envoyé à la poursuite d’un groupe de voleur qui s’étaient enfuis d’Osgiliath après leur larcin. Trois semaines de poursuite dans la forêt, malgré le temps innommable, et tout ça pour découvrir que le froid s’était chargé des malfaiteurs à notre place. Fenrir avait insisté pour les enterrer avant de repartir pour Minas Tirith. En ce qui me concernait, ils auraient aussi bien pu pourrir sur place. Le blizzard avait ensuite soufflé sans interruption pendant quatre jours, nous obligeant à nous réfugier dans une caverne, avec un maigre feu et le peu de gibier que nous croisions.
C’est donc peu dire que la seule chose que je souhaitais en ce moment était de trouver un peu de chaleur et de repos. J’étais loin de m’imaginer que le repos était loin d’être ce qui m’attendait dans la cité blanche. Bien au contraire de vieilles connaissances et des vieilles blessures étaient tout ce que j’y trouverais.
HRP La suite c'est
par ici
