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 Qui suis tue ?

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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Qui suis tue ? EmptyLun 20 Mai 2013 - 23:39
Une pluie glaciale s'abattait inlassablement sur les terres sauvages, et sur tous ceux qui avaient trouvé le courage de les arpenter par ce temps détestable. Le pire était toutefois de se dire que cette averse était une amélioration : au moins, il avait arrêté de neiger, et le vent semblait s'être quelque peu calmé. Et pourtant, il était certain que les hommes qui chevauchaient dans ces vastes plaines, trempés jusqu'aux os, alourdis par l'eau qui semblait s'accrocher à leurs vêtements comme les chacals à leur repas. Ils avaient chevauché en droite ligne, droit vers le Nord, se demandant probablement pourquoi ils avaient accepté de quitter la chaleur douillette de leurs lits, pour se lancer sur les routes afin d'accomplir une mission que d'autres auraient certainement pu accomplir à leur place.

Le capitaine les avait reçu dans son bureau à Minas Tirith, où il assignait les missions à ses hommes. Il leur laissait d'ordinaire des permissions plus longues, surtout avec le froid qui s'était installé, mais parmi ses hommes, il y en avait qui n'avaient guère d'attaches en ville, et qui préféraient repartir rapidement. Il avait reconnu Mardil, un bon gars qui faisait bien son travail, en silence et avec efficacité. Il avait de l'avenir chez les Rangers, s'il continuait à aussi bien se comporter. Lorsque le jeune homme lui avait fait part de son désir de reprendre du service aussi rapidement que possible, le capitaine avait lu dans son attitude l'enthousiasme de la jeunesse. Il s'était revu dans ses jeunes années, lorsqu'il harcelait lui-même les officiers pour satisfaire son besoin d'aventure et d'air neuf. C'était cette vie qui avait forgé son caractère intrépide, et même s'il appréciait son travail, il regrettait de ne plus pouvoir être aussi souvent sur le terrain. Trop de paperasse le retenait à la capitale, et il bénissait les missions qui nécessitaient sa présence. D'une voix chaude et agréable, mais non dépourvue d'autorité, il lança à Mardil :

- Tu tombes bien, fiston ! J'ai justement une mission sur les bras, et il me manquait un volontaire. Ce n'est pas très emballant, et la plupart des gars préfère se reposer plutôt que de battre la campagne. Mais puisque tu es là, autant te rendre utile, hein ?

Il avait souri sous sa barbe épaisse, et s'était assis sur le siège face à son bureau. Le seul de la pièce, par ailleurs. D'un air détaché, il avait attrapé un document officiel, et l'avait parcouru brièvement, avant de revenir au soldat :

- On a attrapé un criminel dans le Nord du pays...dans un trou perdu qui n'apparaît sur aucune carte...Rougefer. C'est à un peu plus d'une semaine de cheval d'ici. La mission est simple : vous vous rendez là-bas, vous récupérez le prisonnier, et vous le ramenez ici, c'est clair ? Si c'est bon pour vous, départ demain matin à l'aube. Rompez !

Le capitaine n'avait pas donné d'autres indications quant à la nature du prisonnier, se contentant simplement d'ajouter alors que Mardil s'apprêtait à prendre congé :

- Au fait, vous serez sous les ordres du caporal Fenrir. Faites bonne route !

Voilà qui avait lancé le voyage du jeune soldat du Gondor. Celui-ci s'était déroulé sans encombres, car il aurait fallu être très doué pour pister et prendre par surprise des rôdeurs. En outre, il fallait être fou pour s'attaquer à quatre soldats de Sa Majesté Mephisto, sur son territoire. Quatre, en effet, car en plus du caporal Fenrir, deux hommes avaient été affectés à cette mission. Belegor, un guerrier taciturne d'une trentaine d'années qui parlait peu mais qui n'était pas pour autant inamical, et Nari, un jeune et fougueux rôdeur, qui n'avait pas encore de barbe, mais qui compensait par un enthousiasme débordant et communicatif.

Le petit groupe avait voyagé à bonne allure, et était arrivé au bout d'une semaine en vue de Rougefer. Ils avaient depuis longtemps quitté les paysages familiers de l'Ithilien, qui constituaient pour eux une seconde maison, et étaient arrivés dans les terres sauvages, où les arbres étaient plus rares, et où un observateur attentif pouvait repérer un village à des lieues. Leur destination était loin d'atteindre la taille des hameaux les plus modestes des abords de Minas Tirith. Il n'y avait qu'une poignée de maisons, dont une auberge. Mais visiblement, il y avait du monde à y résider, car de toutes les habitations, de la fumée s'élevait. Probablement pour combattre le froid qui ne manquerait pas de s'installer avant la nuit.

Les chevaux sentaient qu'ils approchaient de la fin de leur voyage, et leurs jambes lasses ne demandaient qu'à se reposer, tout comme leurs cavaliers visiblement exténués. Malgré la pluie qui continuait à tomber, les rôdeurs sentirent flotter jusqu'à leurs narines une odeur qui était loin d'être naturelle dans cet endroit...Celle du bois brûlé. Alors qu'ils approchaient, ils découvrirent que ce n'étaient pas des cheminées qui dégageaient de la fumée, mais bien les restes d'un brasier. Le village entier avait été incendié, et si de loin les silhouettes paraissaient intactes, de près, seuls les murs et quelques rares poutres avaient tenu. Le reste avait été dévoré par les flammes, qui s'étaient éteintes progressivement sous les assauts incessants de la pluie.


~~~~


La nuit était sur le point de tomber sur le village, et les ombres perturbaient la vue de la seule créature animée du village. La silhouette était assise plus ou moins à l'abri d'un morceau de toit qui menaçait de s'effondrer, mais qui pour l'heure constituait la meilleure protection contre la pluie qui semblait ne pas vouloir cesser de tomber. La personne qui se tenait là avait adopté une position étrange. Ses poignets emprisonnés dans des fers étaient posés sur le sol. Contorsionnée d'une bien étonnante façon, elle avait passé sa jambe par-dessus son bras, et donnait des coups de talon sur ses entraves, avec l'espoir de les briser. Le bruit sourd qui en résultait était étouffé par les jurons qui s'échappaient de la bouche de cette drôle de créature, et par ses grognements de douleur lorsque sa botte manquait sa cible, et allait s'écraser contre son pouce.

Après plusieurs essais infructueux, la silhouette s'immobilisa, en laissant échapper un soupir résigné. Ce bref moment de silence lui permit de percevoir le bruit de pas. Des chevaux, de toute évidence. Avec une vivacité étonnante, la personne changea de position, et se glissa sous une armoire qui n'était pas totalement consumée, d'où elle pouvait observer sans être vue. Elle jeta un coup d'œil autour d'elle, et jura à voix basse. En vérité, il y avait un autre survivant à ce massacre : un jeune soldat, chargé de la protection du village et, accessoirement, de la surveillance du prisonnier. Il avait reçu un mauvais coup sur l'arrière du crâne, lorsque la personne qu'il était chargée de surveiller avait décidé de l'assommer pour essayer de se libérer, avec l'espoir de prendre la fuite avant que les bandits ne revinssent. Oh, ce n'était pas un coup méchant, et il s'en remettrait à coup sûr. Mais ces nouveaux cavaliers qui arrivaient pouvaient ruiner les plans d'évasion mis en place, et condamner à la mort deux âmes de plus. Tout dépendrait de l'identité des nouveaux venus.

A l'abri sous une armoire, en tendant bien l'oreille pour faire abstraction du bruit de la pluie, on pouvait entendre des conversations étouffées. Des hommes mirent pied à terre, et se déployèrent dans tout le village, probablement à la recherche de survivants. Mais c'était ce qu'ils comptaient faire des survivants qui était inquiétant. Des bottes frappèrent le bois, et la silhouette se recroquevilla pour être certaine de ne pas être vue. Les nouveaux arrivants ne manqueraient pas de repérer le garde étendu par terre, mais en demeurant immobile, il n'y avait aucun risque. Il suffisait d'attendre, tapi dans l'ombre. D'attendre le bon moment.


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Mardil
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Qui suis tue ? EmptyMar 21 Mai 2013 - 20:31
J’avais le sentiment que je ne serais jamais sec à nouveau. Lé déluge n’avait pas faibli depuis notre départ de Minas Tirith. Je sentais mon cheval tremblait sous mes cuisses. Il nous faudrait prendre soin des animaux lorsque nous nous arrêterions car c’est là qu’ils risquaient de tomber malades. J’en venais presque à regretter la neige de ces derniers mois.

Nous chevauchions du matin au soir, sans interruption et la plupart du temps en silence. Les hommes étaient à l’image du temps : maussades. Non pas que je sois un grand bavard en temps normal mais je regrettais que notre voyage ne se rapproche pas plus d’une joyeuse chevauchée. Bien sûr les raisons qui nous amenaient sur ces terres étaient rien moins que joyeuses.

Je repensais à ma conversation avec le capitaine des rangers. Je n’avais eu que peu de contact avec lui ces deux dernières années mais c’était un homme tout ce qu’il y avait de plus honnête et efficace. Il ne m’avait pas questionné sur mes raisons de repartir si tôt après mon retour d’Ithilien et la mission qu’il m’avait confiée, bien que plutôt banale, me convenait parfaitement.

Mais je devrais plutôt dire la mission qu’il nous avait confiée. Nous étions quatre hommes sous cette pluie qui décidemment ne semblait jamais vouloir finir. Je connaissais bien sûr les trois hommes qui chevauchaient avec moi pour avoir patrouiller avec eux à un moment ou un autre. Juste derrière moi se tenait Belegor, un ranger expérimenté avec qui j’avais déjà eu le plaisir de travailler. Nous nous entendions plutôt bien, en grande partie car nous n’avions pas besoin de converser sans arrêt. Nous partagions de plus une même façon d’appréhender nos missions et formions une bonne équipe.

Mon second camarade, en revanche, ne m’inspirait qu’une sympathie limitée. Il ne manquait certes pas de talent ni d’enthousiasme néanmoins il était un peu trop tête brulée. Et si ces qualités de bretteur n’étaient déjà plus à prouver, il manquait de discrétion et de patience, ce qui était un handicap certain lorsqu’il nous fallait passer inaperçu. Etant tous les deux les plus jeunes membres de l’équipée, il semblait rechercher ma compagnie mais jusqu’à présent je n’avais guère été plus loquace qu’à mon habitude.

La bonne surprise restait la présence du caporal Fenrir. J’étais plus que ravi de sa décision de repartir en mission avec moi si tôt après notre précédent assignement. Il était de loin le caporal avec lequel j’avais le plus patrouillé depuis que j’avais rejoint les rangers. Il était l’un des rares à arriver à me faire parler et l’estime entre nous était réciproque. Il semblait me faire confiance et de mon côté j’avais une foi totale en ses connaissances et son expérience.

Je ne pouvais pas me défaire d’un sentiment de culpabilité à l’idée que je trahirais ces hommes sans la moindre hésitation. D’un point de vue purement pratique, je l’avais déjà fait à maints reprises, ne serait ce qu’en divulguant nos itinéraires de patrouille et les informations que nous avions obtenues. J’étais un peu nerveux à l’idée de me rapprocher ainsi des frontières de Rhûn mais je restais beaucoup repérable ici que dans la capitale.

Après une semaine de chevauchée nous arrivâmes enfin en vue de Rougefer. Les quelques maisons rassemblées méritaient à peine l’appellation de village. A mesure que nous nous rapprochions, nous sentions que quelque chose n’était pas normal. Lorsque nous fûmes suffisamment proches, nous comprîmes que le village avait quasiment entièrement brulé. Il ne restait pas grand chose des quelques maisons qui le composaient. Nous mîmes pied à terre et explorâmes les ruines.

De nombreux cadavres jonchaient le sol. La plupart semblaient morts à cause de l’incendie mais certains portaient des traces de blessure dues à une épée ou un poignard. Il était dès lors peu probable que l’incendie soit d’origine accidentelle. Imperceptiblement nous nous regroupâmes en cercle, le visage tourné vers l’extérieur. Celui ou ceux qui avaient fait ça pouvaient très bien revenir.

Soudain Nari attira notre attention.

- Mon caporal, il y a un survivant !

Fenrir et lui se dirigèrent vers l’homme étendu sur le sol. Belegor et moi les suivîmes mais nous gardions le visage tourné vers l’extérieur. Nous pouvions sentir nos deux compagnons qui faisaient de leur mieux pour ranimer ce qui semblait être l’unique survivant du carnage. Nous nous plaçâmes chacun d’un côté des trois hommes, le regard porté vers l’horizon, cherchant n’importe quel indice de la présence d’une ou plusieurs personnes autour de nous. Nous étions néanmoins suffisamment prêts pour entendre tout ce qu’il se disait.

Tandis que l’inconnu reprenait peu à peu ses esprits, je ne pouvais m’empêcher de penser que quelque chose ou quelqu’un nous observait.
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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyMer 22 Mai 2013 - 16:25
Au dehors, si l'on pouvait toujours considérer qu'il existait un "dedans" et un "dehors" en l'absence de toit, les éléments continuaient de se déchaîner. A la faveur de la nuit, le vent mordant avait redoublé d'intensité, toujours accompagné par cette pluie diluvienne qui paraissait ne pas vouloir se calmer. Dans ce qui avait été une rue, le sol s'était liquéfié, et il se constituait désormais d'une immense flaque de boue immonde, qui charriait avec une lenteur accablante les poutres et les plinthes carbonisées. Le vacarme de la pluie contre les charpentes délabrées était proprement assourdissant, et il était vain d'essayer de tenir une conversation par-dessus cette cacophonie. Pourtant, à l'intérieur de la maison, soit entre les murs qui tenaient péniblement debout, il semblait régner un silence de cathédrale qui permettait au prisonnier dissimulé sous son armoire de percevoir clairement les paroles échangées par les nouveaux arrivants.

De là où il se trouvait, il ne pouvait guère qu'apercevoir leurs bottes, en vérité, mais il y avait quelque chose dans leur voix qui trahissait leur profession : c'étaient des hommes de guerre, disciplinés et obéissants. Probablement pas des assassins, car ceux-ci étaient la plupart du temps solitaires. Ils ne seraient pas venus à quatre pour un seul homme. En outre, ceux-ci étaient placés sous les ordres d'un caporal. Un grade de l'armée...des soldats réguliers ? Déjà ? Les gardes de la petite ville avaient bien dit que des hommes du Roi allaient venir, mais penser qu'ils allaient arriver si vite...ce n'était pas prévu. Voilà qui compliquait quelque peu la situation présente, qui n'était déjà pas bien simple. Le captif, toujours enchaîné, étudia ses possibilités avec soin. Rester ici avait de bonnes chances de le conduire à une mort certaine, surtout s'il ne parvenait pas à trouver le moyen de se libérer de ses entraves. Si les hommes qui avaient incendié le village revenaient, il risquait de finir comme les habitants qui n'avaient pas eu le temps de s'échapper. Dans le même temps, s'il se rendait aux soldats, il finirait dans une prison jusqu'à la fin de ses jours...avec de la chance. Dans le pire des cas, il terminerait pendu haut et court, ce qui n'était guère plus enviable au final. Néanmoins, il savait qu'il vivrait un peu plus longtemps avec les soldats, et c'était sa seule chance de pouvoir s'éloigner du village dévasté sans prendre trop de risques.

Alors qu'il considérait les différentes options qui se présentaient à lui, le garde chargé de sa surveillance se réveilla, émergeant d'un sommeil douloureux dans lequel son captif l'avait plongé sans douceur. Il se massa l'arrière du crâne, et se redressa en gémissant, essayant très naturellement de se souvenir de ce qu'il s'était passé. Alors seulement il se rendit compte qu'il n'était pas seul. Ses yeux inquiets se posèrent sur les quatre hommes qui le dominaient, et qui ne devaient pas paraître commodes, à en juger par la réaction à la fois surprise et pleine de crainte de celui qui venait de voir son village dévasté par les flammes. De là où il était, le détenu commença à se dire que les nouveaux arrivants n'étaient peut-être pas des soldats, finalement. Il avait bien fait de demeurer caché. Ce stupide garde lui permettrait d'en savoir davantage sans avoir à se mouiller...au sens propre comme au sens figuré.

Ce que le prisonnier ne vit pas, ce fut que son geôlier aperçut la marque de l'arbre blanc, apposée sur les armures des soldats. Il comprit alors que, malgré leur apparence étrange, ils appartenaient bien à l'armée. C'étaient des rôdeurs de l'Ithilien : des alliés. Se relevant précipitamment, il se mit au garde-à-vous et lança :

- Mon caporal ! Soldat Taran au rapport !

Le prisonnier toujours dissimulé secoua la tête, se retenant de soupirer bruyamment pour marquer son effarement devant ce protocole ridicule. Malgré la gravité de la situation, cet idiot trouvait encore à se donner en spectacle, pour bien montrer, tel un chien bien dressé, qu'il savait encore tendre la patte. Revenant brutalement aux priorités qui n'auraient jamais dû quitter son esprit, il se retourna soudain, à la recherche de quelque chose qui avait disparu. Quelque chose d'environ un mètre quatre vingt dix, intelligent et menotté.

- Le prisonnier ! Je...Il était là !

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Ce fut le moment que choisit l'intéressé pour faire son entrée, comme s'il avait été appelé par la foule dans un théâtre de renom. Son sens de la mise en scène l'aurait presque poussé à lancer un "tadaa !" tonitruant pour la forme, mais il préférait éviter de faire trop de bruit, pour l'heure. Tel un diable, il sortit de sa cachette, provoquant une réaction de surprise chez les cinq militaires. Se redressant de toute sa taille, il paraissait impressionnant. Ses vêtements haradrim, composés de tissus soyeux d'une cherté indéniable, lui donnaient un air noble, malgré qu'ils fussent tâchés de boue et de cendres. Les bijoux qu'il portait aux bras, aux doigts et au front tintinnabulaient lorsqu'il bougeait, produisant un son aussi mélodieux que surprenant dans cet endroit chaotique. Mais ce qui frappait surtout, c'était sa peau pâle, son teint de malade, ses traits tirés et son air las. Un visage qui contrastait avec la détermination sauvage que l'on pouvait lire dans ses yeux. Relevant le menton, il partit d'une voix claire et assurée :

- Je suis toujours là, mes amis ! Nul besoin de sortir vos armes acérées de vos fourreaux, je suis toujours attaché ! (il leva ses mains effectivement entravées) Mais quelle mine horrible vous avez, Taran, auriez-vous par mégarde flirté avec une de ces poutres ?

Le garde en question se renfrogna, et le prisonnier recula d'un pas pour se protéger d'un éventuel coup de poing. De toute évidence, cette provocation n'était pas la première :

- Allons, allons, nul besoin de nous échauffer ainsi, n'est-ce pas ? Je suppose que vos amis campagnards ne sont pas venus jusqu'ici pour assister à vos coups de sang, me trompé-je ?

Son sourire narquois, dans la situation présente, avait de quoi énerver quiconque. Cependant, frapper un prisonnier pour avoir fait preuve d'insolence n'était pas l'attitude la plus mature. D'autant que ce prisonnier-là avait quelque chose d'étrange. On discernait une lueur de folie dans son regard, et dans le ton de sa voix, mais il avait l'air si calme et si posé qu'il semblait en train de comploter quelque chose. On aurait dit qu'il ourdissait un plan sombre et dangereusement mortel pour ceux qui l'entouraient. De quoi susciter l'inquiétude et la méfiance, naturellement. Taran se fit violence pour retrouver une contenance, et il se tourna vers les rangers dont l'arrivée était presque providentielle :

- Voici l'homme que nous avons capturé, mon caporal. Il s'appelle Eden...Eken...

- Ezendirakban, voyons. Que vos parents vous aient doté d'un nom d'une simplicité affligeante pour que votre pathétique intellect vous permette de le retenir à peu près correctement ne vous autorise pas à écorcher celui des autres, mon ami.

Le garde haussa les épaules et se détourna. Ce nom lui paraissait trop étrange, et il n'avait pas envie de faire l'effort de le prononcer correctement, ne fût-ce que pour contrarier le détenu. Il s'approcha d'une fenêtre, qui était en réalité un trou béant dans le mur et observa, à travers le rideau de pluie qui s'abattait depuis les cieux, les maisons noires, calcinées, qui avaient constitué son seul horizon pendant de nombreuses années. Il éprouvait de toute évidence une grande peine, mais il la cachait admirablement derrière son professionnalisme. Il devait mener sa mission à bien : ensuite, il pourrait pleurer les siens. Il se tourna néanmoins vers les rangers :

- Savez-vous si quelqu'un d'autre a survécu ? Je vous en conjure, répondez ! Avez-vous vu quelqu'un en arrivant ?

- Pas l'aubergiste, de grâce ! Avec lui, la viande est toujours...trop cuite.

Ils se tenaient présentement dans l'auberge. Le prisonnier adressa un clin d'œil malicieux à l'un des soldats qui l'observait, derrière l'épaule de son caporal. Il accrocha le regard gris pâle du ranger, et malgré sa fatigue notable, le sourire du détenu s'élargit, dévoilant des dents blanches, impeccables. Son sourire comme tout le reste de sa personne avait quelque chose d'inquiétant. Qui était donc cet homme ?

#Mardil


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Qui suis tue ? EmptyMer 22 Mai 2013 - 22:00
Le garde finit par émerger totalement et sembla s’apercevoir que le prisonnier avait disparu. Il devait probablement être chargé de le surveiller. Alors que le caporal Fenrir s’apprêtait à prendre la parole, le dit prisonnier fît une apparition tonitruante. Il était très grand et vêtu avec grand soin. Je remarquais la présence de nombreux bijoux ce qui indiquait sûrement un homme riche ou de haute naissance. Il aurait pu voler ces bijoux bien sûr mais quelque chose dans son attitude indiquait qu’il était naturel pour lui d’être ainsi paré.

Cependant son état général était loin d’égaler l’élégance de sa tenue. Il semblait exténué, voire maladif. Ce qui était assez surprenant vu que son attitude reflétait une parfaite confiance en soi et en ses capacités. Il entama un jeu de provocation plutôt badin avec son geôlier. Alors qu’il était enchaîné, il semblait avoir le dessus sur son garde qui, s’il tentait de rester stoïque, était manifestement totalement dépassé par la situation et la personnalité de son prisonnier.

Belegor et moi mêmes avions toujours une flèche encochée même si nous ne visions pas le prisonnier qui était pour le moment inoffensif bien que tout dans son attitude démentait cela. Mais puisque Ezendirakban, puisque tel était son nom, était toujours attaché, cela signifiait que ceux qui avaient incendié le village pouvaient surgir d’un instant à l’autre.

Les chevaux étaient nerveux, à moins qu’ils ne réagissent tout simplement à la nervosité des hommes. Mon regard balayait l’horizon mais tenter d’apercevoir quelque chose par un temps pareil était une gageure. D’ailleurs que je le veuille ou non mes yeux ne cessaient de revenir sur le captif. Qu’on le reconnaisse ou non cet homme n’était pas seulement inquiétant, il était aussi fascinant.

Il nous gratifia d’une nouvelle sortie comique aux dépens de l’aubergiste cette fois-ci, plaisanterie qui m’aurait amusée en temps normal mais qui sonnait sinistre dans une telle situation. Il m’adressa un clin d’œil dont je ne sus déchiffrer la signification. C’était à se demander lequel d’entre nous portait des chaines.

Je n’avais aucune envie de m’éterniser dans ce village en ruines et sous cette pluie battante, encombré de cet homme étrange. J’avais le sentiment que plus nous restions ici et plus nos chances de s’en sortir indemnes diminuaient. Mais il nous fallait des réponses à des questions urgentes.

Le caporal Fenrir choisit de s’adresser au garde :

- Que s’est-il passé ici exactement ?

Pour ma part, je me posais plus de questions sur ce qu’avait fait le prisonnier mais le bon sens du caporal était tout à son honneur. Le prisonnier semblait sous contrôle alors que les incendiaires étaient susceptibles de faire leur apparition à tout moment. Malgré tout je n’allais pas commettre l’erreur de sous estimer Ezendirakban. Il semblait être le genre d’homme qui vous poignardait dans le dos à la moindre occasion.
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Qui suis tue ? EmptyJeu 23 Mai 2013 - 18:59
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Ezendirakban, d'un élégant mouvement de la tête, rejeta en arrière une mèche de cheveux qui lui barrait la vue. Il ne paraissait pas éprouver la moindre gêne ni la moindre inquiétude, alors que pourtant ses interlocuteurs se montraient incroyablement méfiants. Deux d'entre eux tenaient un arc à la main, et pouvaient le cribler de flèches avant qu'il n'ait eu le temps d'esquisser un mouvement pour s'échapper. Il avait un air satisfait sur le visage, presque amusé par la situation qui se déroulait sous ses yeux. Avec une lenteur calculée, il se dirigea vers l'armoire sous laquelle il était caché quelques secondes plus tôt, et la poussa du pied pour tester sa solidité. De toute évidence, elle tiendrait le choc. Il s'assit dessus, en tailleur, non sans lâcher un soupir d'aise qui paraissait déplacé à l'heure actuelle. Il s'adossa contre le mur, ses mains entravées soutenant son menton, une moue impatiente sur le visage. Afin de tuer le temps, il observa les hommes qui se tenaient là, et qui de toute évidence cherchaient quelle était la meilleure chose à faire pour parer aux dangers qui menaçaient.

C'étaient des soldats, et ils devaient avoir compris que dans un lieu tel que Rougefer, il était difficile de parler de coïncidence lorsque quelques jours seulement après la capture d'un prisonnier, l'ensemble du village était incendié sans pitié aucune. De toute évidence, les hommes qui avaient fait ça étaient venus pour le prisonnier, et comme il était toujours là, leurs ennuis ne faisaient que commencer. Les quatre rangers venaient, sans même s'en rendre compte, de sauter à pieds joints dans les ennuis, sans même en comprendre les tenants et les aboutissants. De toutes façons, ils n'avaient pas vraiment besoin de saisir l'ensemble de la situation pour comprendre qu'ils risquaient désormais leur vie, et qu'ils allaient devoir batailler pour ramener leur prisonnier à destination. Ezendirakban avait entendu qu'il devait être conduit à Minas Tirith. Il n'avait pas véritablement envie d'y aller, et il espérait sincèrement que les évènements tourneraient en sa faveur. Avec un peu de chance, les choses évolueraient d'une manière inattendue, et il disparaîtrait avant d'avoir eu le temps de faire connaissance avec les Gondoriens.

A l'évidence, la dangerosité et l'étrangeté de la situation rendaient les soldats mal à l'aise. Ils paraissaient tendus, et ils regardaient partout autour d'eux, à l'affût du moindre bruit suspect. Mais avec le vacarme du vent et de la pluie, il paraissait difficile de ne pas considérer tout bruit comme anormal. Les chevaux au dehors qui piaffaient, les poutres qui grinçaient, les volets qui claquaient...le village paraissait prêt à refermer des crocs invisibles sur les chairs trempées des soldats, avide de les dévorer comme un prédateur patient dévore une proie sans défense. Néanmoins, c'étaient des hommes entraînés, formés pour résister au stress dans de telles situations, et nul ne parla, nul ne supplia son chef de repartir immédiatement, même si aucun d'entre eux ne semblait avoir particulièrement envie de dormir au milieu des cadavres calcinés qui jonchaient le sol, sous les débris, et dont il était possible d'apercevoir là un pied, là un bras, quand on regardait un peu plus attentivement. Il était impossible de creuser une tombe pour les malheureux, car le temps était si exécrable qu'il aurait fallu de longues et inutiles heures de travail pour pas grand-chose. La terre était devenue boue, et à moins de vouloir patauger dans la fange, ils devaient se résoudre à laisser les villageois là où ils étaient. D'autres viendraient bientôt : des habitants des villages proches, ou bien une patrouille de passage, qui s'occuperait bien malgré elle de la mise en terre des infortunés. Pour l'heure, ils devaient analyser la situation et établir un plan. C'étaient ce que faisaient les militaires, non ?

Afin de faire ce qu'ils faisaient le mieux, les soldats avaient besoin d'informations, que le caporal décida d'obtenir par une interrogation à la fois pertinente et bienvenue. Sa question, aussi vague qu'étrange en la circonstance, tira un sourire au prisonnier, qui regarda autour de lui d'un air curieux. Mais qu'avait-il bien pu se passer ici ? Voyons-voir... Tout un village avait été calciné, plusieurs dizaines de personnes étaient mortes, et il ne restait aucune trace des responsables qui visiblement avaient décidé de filer. De filer sans avoir mis la main sur la seule personne qui présentait un véritable intérêt à des lieues à la ronde...le prisonnier. Satisfait de cette conclusion rapide à laquelle son esprit agile était parvenue, il écouta tout de même le garde du village faire son rapport. C'était une manière de se rassurer, de répéter des gestes familiers pour se raccrocher à quelque chose. Amusant.

- Tout est allé très vite, mon caporal... Nous avons entendu des bruits de sabots, et des cris. Des hommes approchaient, armés, et visiblement menaçants. Les autres gardes, dont le capitaine, sont allés à leur rencontre. On m'a confié la tâche d'emmener le prisonnier en lieu sûr. Dans une des mines abandonnée, pas très loin du village.

Ezendirakban se souvenait parfaitement de l'épisode qui lui était conté. Les cavaliers avaient surgi de nulle part, avec l'intention évidente de terroriser les habitants qui s'étaient terré chez eux. La dernière vision qu'il avait eue de la scène avant que son geôlier ne l'éloignât de ce qui allait devenir un chaos sans nom, ça avait été le visage du chef de la bande. Un visage qu'il ne connaissait pas, et qu'il n'avait pas particulièrement envie de revoir. Puis ils avaient couru, et s'étaient abrité dans la mine, non loin de l'entrée. Ils étaient resté dissimulés ainsi pendant deux longues heures, avant de voir les premières flammes. Le garde avait voulu partir aider ses compagnons, mais le captif l'avait retenu, lui faisant comprendre qu'il n'était pas nécessaire de mettre leurs vies en jeu alors qu'il n'y avait plus d'espoir. Arraché à ses pensées par la pause dans son récit marquée par le garde, Ezendirakban se montra attentif à la suite :

- Tout le village était en flamme, et nous n'avons rien pu faire. Nous avons attendu longtemps, la pluie est arrivée et a éteint le brasier. Peu après, les cavaliers sont partis, et nous avons pu sortir de notre cachette, pour voir s'il restait des survivants. La dernière chose dont je me souviens, c'est que j'étais en train d'examiner les lieux. Et puis plus rien.

Son regard se tourna vers le prisonnier qui se mit à siffloter un air guilleret. Celui-ci n'avait pas du tout honte de son acte. Après tout, il était dans la nature des non-libres d'aspirer à la liberté, et il aurait pu s'enfuir pour de bon avec ses poings liés. Or il était resté. Cela méritait d'être pris en compte dans son procès, et il insisterait pour que le garde soit présent à l'audience, afin de témoigner en sa faveur. Ou pas, pensa-t-il en voyant le regard noir que lui jeta l'intéressé. Il lui sourit avec insolence, et tourna la tête en direction de la fenêtre la plus proche, pour observer au dehors. Taran revint aux rangers, qui avaient son attention :

- Je suis à vos ordres, mon caporal. Je n'ai plus de chez-moi, et la seule chose que je puisse faire pour le moment, c'est de vous aider à mener cette mission à son terme. Qu'attendez-vous de moi ?

La pluie avait quelque chose de fascinant, en ce qu'elle tombait encore et encore, sans interruption. C'était à se demander comment les nuages faisaient pour ne pas s'écraser alors qu'ils transportaient autant d'eau. Tout à ses observations, Ezendirakban entendit des bruits qu'il aurait voulu pouvoir qualifier de providentiels, mais qui pour l'heure étaient simplement étranges et alarmants. D'une voix posée et calme, il déclara :

- Je crois que nous ne devrions pas rester ici.

Le garde se tourna vers lui, et lui répondit d'une voix tranchante :

- Comment ça ? Tu ne vois pas qu'il pleut et que la nuit ne va pas tarder à tomber ?

L'intéressé haussa les épaules, et se leva :

- Croyez-moi, je le vois aussi bien que vous. Peut-être même mieux. Mais je pense quand même que nous ne devrions pas...

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, qu'un hennissement puissant retentit, fendant l'air comme un coup de tonnerre. Le bruit caractéristique d'une cavalcade s'en suivit, tandis que sous leurs pieds, la terre avait, semble-t-il, commencé à trembler. Des cavaliers surgirent de toutes parts, silhouettes fugitives apparaissant et disparaissant dans l'ombre, se cachant derrière les colonnes d'eau qui tombaient du ciel. Il était impossible de les atteindre avec un arc, ni même de les repérer au bruit. Mais de toute évidence, ils étaient nombreux. Les nouveaux arrivants poussaient des cris qui avaient de quoi effrayer, déformés qu'ils étaient par les éléments déchaînés.

Ils tournèrent dans le village pendant une longue minute, avant de finalement s'arrêter, plongeant les lieux dans un silence tout relatif. Parmi les hommes, tous s'étaient déplacés pour éviter d'éventuels tirs, et retenaient désormais leur souffle dans l'attente de la suite. Une voix désincarnée leur parvint, sans qu'il leur fût possible d'établir avec certitude sa provenance :

- Qui que vous soyez, écoutez-moi bien ! Je ne me répéterai pas ! Vous savez où se trouve le prisonnier, et vous allez nous le livrer immédiatement, ou bien nous fondrons sur vous et nous vous massacrerons. Nous n'avons pas d'intérêt à vous tuer si vous coopérez, et vous serez libres de rentrer chez vous ! Si vous tentez de fuir, nous vous suivrons et nous vous tuerons, soyez-en assurés ! Décidez-vous !

La balle était dans le camp des rangers, qui étaient les seuls à même de décider de la suite à donner aux évènements. Ce qui risquait d'arriver au prisonnier n'était pas clair, car ils n'avaient ni parlé de le tuer, ni parlé de le libérer. Le doute était permis. Ezendirakban, lui, savait très bien comment les choses allaient se terminer, et il préférait rester avec ses amis du moment, plutôt que de rejoindre les autres, plus nombreux mais moins prévenants avec sa santé. Il se tourna vers le caporal, et intervint dans le conciliabule que tenaient les rangers :

- Hmm...Si vous permettez, je vous suggérerais de leur répondre une de vos phrases militaires bien senties, et de tous mourir en héros pour me permettre d'échapper au funeste destin qui m'est promis s'ils me mettent la main dessus. Je suis sûr que vous êtes tous de bons, fidèles et loyaux soldats, n'est-ce pas ? Faites ce que commande votre honneur.

Ce disant, il avait regardé Mardil droit dans les yeux. Son sourire s'était agrandi à nouveau, comme s'il lisait quelque chose dans les yeux gris pâles du ranger.

Pendant ce temps, quelque part, les bandits attendaient pour passer à l'offensive...


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Dernière édition par Ryad Assad le Ven 24 Mai 2013 - 14:27, édité 1 fois
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Qui suis tue ? EmptyJeu 23 Mai 2013 - 21:23
Tandis que le garde nous expliquait ce qu’il s’était passé dans le village, le prisonnier s’installa tranquillement sur une armoire, miraculeusement à peu près intacte. Il semblait ne pas se soucier autre mesure de la tournure que prenaient les événements. Tant de désinvolture me laissait perplexe mais, tout en surveillant Ezendirakban du coin de l’œil, j’écoutais les éclaircissements de Taran.

Cela ne nous apprît pas grand chose si ce n’était que les bandits qui avaient incendié le village allaient de toute évidence revenir tôt ou tard. Et mon intuition me disait que cela risquait d’être plus tôt que plus tard. Il fallait nous décider au plus vite sur la marche à suivre.

Bientôt nos oreilles aiguisées surprirent une rumeur à travers le grondement sourd et régulier du déluge. Même si il était difficile d’être catégorique avec cette pluie torrentielle, tout semblait indiquer qu’un important groupe de cavaliers approchait du village. Il était évident que nous étions en infériorité numérique. Pour la première fois depuis le début de cette aventure, je crus décerner quelque chose dans le regard d’Ezendirakban. Non pas de la peur, pas encore tout du moins, mais il avait perdu son air nonchalant.

Nous étions muets et absolument immobiles, attendant de savoir si notre présence avait été découverte. Nous n’eûmes pas longtemps à attendre cela dit avant qu’une voix ne s’élève de l’extérieur :

- Qui que vous soyez, écoutez-moi bien ! Je ne me répéterai pas ! Vous savez où se trouve le prisonnier, et vous allez nous le livrer immédiatement, ou bien nous fondrons sur vous et nous vous massacrerons. Nous n'avons pas d'intérêt à vous tuer si vous coopérez, et vous serez libres de rentrer chez vous ! Si vous tentez de fuir, nous vous suivrons et nous vous tuerons, soyez-en assurés ! Décidez-vous !

Il faut dire que les circonstances jouaient en notre défaveur. Entre le temps qui ne permettait guère de voir à plus de quelques mètres et le fait que nous étions encerclés par les ennemis, notre marge de manœuvre était plus que limitée. En fait elle se limitait à deux choix plutôt simples : combattre (et donc probablement y passer) ou livrer le prisonnier aux bandits.

Belegor et moi échangeâmes un regard inquiet. Je savais exactement ce à quoi pensait mon compagnon. Pourquoi devrions nous périr pour sauver la vie d’un prisonnier qui serait exécuté ou jeté au cachot ? Celui ci nous fît d’ailleurs part, non sans se départir de son sens de l’humour, qu’il verrait plutôt d’un bon œil que nous nous sacrifiions pour lui. Décidemment cet homme n’était pas des plus doués pour aspirer de la sympathie chez les autres. Et malgré cela je ne pouvais pas m’empêcher de le trouver fascinant à sa manière.

Le caporal Fenrir se tourna vers nous, dans l’attente de notre avis. Même si la décision finale lui revenait, nous risquions de mourir d’ici quelques minutes. Il n’était pas homme à nous envoyer à la mort sans avoir au moins écouter nos conseils. Ce fût Nari qui parla le premier :

- Je pense que nous devrions nous battre. Nous sommes peut être encerclés mais le mauvais temps les gêne tout autant que nous.

- Il n’a pas tort, remarquais je. Il leur est impossible de nous avoir à distance. Ils seront obligés d’entrer. Or l’espace n’est pas grand, ils ne pourront entrer que deux ou trois à la fois.

- Ce qui nous donne une chance, compléta Taran.

- Mais mince, rétorqua Belegor. Je ne vois pas de raison de ne pas le leur livrer.

Il planta son regard dans celui du prisonnier pour bien appuyer le fait qu’il n’hésiterait pas à mettre sa menace à exécution. Mon bon sens me disait que Belegor avait probablement raison néanmoins une partie de moi se refusait à baisser les bras si facilement. Ou bien était ce seulement que j’étais intrigué par cet homme étrange et que je ne souhaitais pas que les choses finissent de cette façon.

Fenrir baissa les yeux un moment, semblant plonger dans ses réflexions. Après un moment qui sembla durer une éternité (mais qui n’avait probablement duré que quelques secondes) il rendit sa décision :

- Quoi que cet homme ait fait, il mérite une justice équitable. Ces brigands ont assassiné tout un village pour lui mettre la main dessus. Je ne vois pas pourquoi nous devrions nous abaisser à accepter leurs termes sans résistance de notre part.

Sur ce, il se rapprocha de l’entrée et, tout en restant à couvert, lança d’une voix forte :

- Nous sommes des soldats du Gondor. Nous avons ordre de ramener ce prisonnier à Minas Tirith. Je vous conseille de ne pas vous mettre en travers de notre chemin. Néanmoins je suis prêt à négocier avec vous. Que votre chef s’avance pour parlementer, je vous garantis sur mon honneur qu’il ne lui sera fait aucun mal.

Je doutais fort que les bandits soient impressionnés par nos menaces et qu’ils tentent de négocier avec nous. Cela dit ils devaient se douter, du fait de l’étroitesse de ce qui risquait de devenir bientôt notre champs de bataille, que leurs pertes seraient nombreuses même en cas de victoire. Prudemment je me déplaçais vers le fond de l’auberge, me rapprochant d’Ezendirakban. Le temps semblait suspendu.

Nous attendions tous fébrilement la décision du chef des bandits, se préparant mentalement au déferlement de violence qui risquait de nous emporter sous peu.
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Qui suis tue ? EmptyVen 24 Mai 2013 - 15:33
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La situation avait pris une drôle de tournure en quelques minutes à peine, sans qu'il fut possible de savoir précisément à quel moment les choses avaient dérapé. Pour le prisonnier accroupi, plaqué contre le mur pour se protéger d'éventuels traits que leurs assaillants auraient eu l'idée de tirer au jugé, tout avait commencé quand il s'était fait bêtement capturer dans ce maudit village. Il n'avait prévu d'y rester que pour quelques jours, afin d'effectuer des...des prélèvements. Il avait prévu de repartir immédiatement après, ni vu ni connu, et tout le monde oublierait son visage bien vite. Mais il avait été surpris alors qu'il chargeait une jeune femme ligotée sur son cheval, prestement arrêté et mis aux fers. Pris en flagrant délit, il était difficile de trouver une excuse tenant la route, et la pauvre prisonnière qu'il n'avait pas eu la bonne idée d'égorger auparavant avait raconté tout ce qu'elle savait de lui. Il était fait comme un rat. Elle n'en avait pas appris assez pour le compromettre définitivement, mais suffisamment pour que la prison parût douce à côté du supplice qu'on allait lui infliger. Mais par un caprice du destin, l'attaque de ces hommes avait eu pour effet de faire disparaître tous les témoins gênants, et tous ceux qui savaient quelque chose.

Ezendirakban tourna un regard sombre vers Taran, qui observait au dehors en se faisant discret. Presque tous les témoins, en fait. Il faudrait régler ce problème rapidement. Mais pour l'heure, se sortir vivant de ce traquenard était la priorité absolue. Au départ, le détenu avait cru que c'étaient des amis à lui qui étaient venus lui prêter main-forte. Il n'avait pas protesté lorsque les gardes avaient voulu l'éloigner de la ville, car il était persuadé que si c'étaient des alliés, ils ne tarderaient pas à le trouver. Mais lorsqu'il avait vu les flammes, il avait commencé à s'interroger. Les choses ne tournaient pas comme ça, d'habitude. Il avait alors compris qu'il avait des ennemis plus déterminés qu'il ne le croyait, et que ceux-ci voulaient le voir mort, ou pire. Et désormais, il était là, retranché comme un animal traqué, prêt à être écrasé sous le poids du nombre par une horde de bandits sanguinaires, qui n'avaient même pas de vêtements sur-mesure...

- Ecoutez...commença-t-il à l'attention de ses geôliers. Si nous devons mourir...

Taran intervint d'une voix abrupte :

- Pas de sentimentalisme, prisonnier. Gardez vos états d'âme pour vous.

Ezendirakban haussa les épaules avec dédain, et un soupçon d'indignation, comme si le fait qu'on eût pu douter de sa sincérité le retournait véritablement. Il secoua la tête, faisant cliqueter les bijoux qui ceignaient son front, et répondit d'une voix hautaine, pleine de dignité :

- Je voulais simplement dire que si nous devions mourir, j'aimerais autant le faire l'arme à la main.

Le garde lui jeta un regard en coin, n'en revenant visiblement pas de ce qu'il entendait. Il lança cependant un sourire carnassier au captif, et répliqua :

- Bien essayé, vraiment.

- Merci.

Pendant ce bref échange, les rangers avaient continué à discuter, pour savoir ce qu'il convenait de faire. La proposition était honnête, si d'aventure on pouvait considérer que ceux qui l'avaient émise étaient honnêtes. Après tout, les soldats pouvaient toujours rentrer chez eux, en déclarant que le village avait été incendié, et que le prisonnier avait disparu au moment où ils étaient arrivés. Personne ne viendrait contredire leur version. Personne ne viendrait pleurer la mort d'un vieux marchand féru de science. Sauf peut-être sa fille. Chassant cette pensée de son esprit en même temps qu'il chassait une mèche de son visage, il prêta l'oreille à la conversation qui, après tout, le concernait quand même un peu. Parmi les rangers, deux étaient favorables au combat, et Ezendirakban les encouragea d'un signe de tête affirmatif, sans oser prononcer une parole pour éviter de rompre leur concentration. Il avait davantage besoin d'eux qu'il ne lui plaisait, mais les choses étaient ainsi, et il devait s'en accommoder. Cependant, il restait un homme plutôt favorable à le livrer, auquel le détenu jeta un regard affligé :

- Je vois plein de raisons de ne pas me livrer, si vous n'en trouvez pas, lança-t-il à qui voulait l'écouter.

Mais il semblait bien que l'esprit de combattant qui habitait ces soldats était plus fort que leur crainte de la mort, et dans leur attitude résolue, dans leur posture presque sereine, il paraissait évident qu'ils avaient déjà fait leur choix. Ils aimaient les défis, et ils avaient fait serment de ne jamais s'incliner devant l'ennemi. "Ah...l'honneur, quelle belle chose, pensa Ezendirakban. Surtout quand ça me sauve la vie." Comme pour confirmer cette pensée pleine d'espoir alors que la situation ne s'y prêtait pas véritablement, le caporal énonça sa décision à voix haute. Il acceptait le risque de mourir, en échange d'une justice équitable pour l'homme qu'il avait pour mission d'escorter. C'était très noble de sa part. Bon, il y avait peu de chances qu'une justice équitable jugeât du sort du captif, qui de toutes façons n'avait pas véritablement envie d'être condamné, mais il ne fallait pas critiquer les bonnes intentions. Pas tout de suite, au moins.

Avec un grand courage, le caporal s'approcha d'une ouverture dans le mur, et répondit au silence opaque qui se dressait tout autour de la maison, d'une voix forte et assurée. Sa stratégie était simple : impressionner les brigands, en leur montrant qu'ils n'étaient pas de simples aventuriers en vadrouille, mais bien des combattants entraînés, bien équipés, et déterminés. Si les bandits voulaient attaquer frontalement, ils prenaient le risque de se heurter à des hommes acculés, qui vendraient chèrement leur peau. Ezendirakban applaudit cette sortie magistrale - ce qui ne produisit qu'un faible son à peine audible, puisqu'il ne pouvait pas vraiment écarter les mains -, même si la partie négociation ne lui paraissait pas des plus positives. Il se demandait ce que le caporal entendait négocier. Ces hommes avaient massacré tout un village pour le trouver. Que pouvait-il leur offrir d'intéressant, qui pût les pousser à partir ? Le prisonnier demeura silencieux, attendant de voir comment les choses allaient évoluer par la suite, mais il lui semblait que l'on jouait un peu trop avec sa vie sans qu'il ait la possibilité de donner son avis. Il soupira, et tendit l'oreille, pour capter la réponse qui tardait à venir.


~ ~ ~ ~


Pendant ce temps, dans une maison proche, cinq combattants attendaient en une rangée parfaite, l'arc en main une flèche encochée. Ils demeuraient silencieux, et même la pluie qui coulait sur leurs visages ne parvenait pas à perturber leur concentration. Ils respiraient tranquillement, calmement, comme la situation était parfaitement sous contrôle. Après tout, ils n'étaient pas seuls. L'auberge était encerclée, et plusieurs autres groupes tout aussi nombreux se tenaient en position, prêts à cribler de flèches ceux qui essaieraient de s'échapper. Mais ce groupe-là avait la particularité d'être accompagné par deux autres hommes, qui discutaient à voix basse, quelques pas en avant. Le premier s'avança et commença respectueusement :

- Capitaine, nos éclaireurs ont compté quatre chevaux. D'après mes estimations, nous risquons de perdre six ou sept hommes dans l'assaut, si nous attaquons de front.

Son interlocuteur fronça les sourcils :

- Vous sous-estimez les soldats du Gondor, mon ami. Et même ainsi, ce serait trop cher payé pour un résultat mitigé. Nous devrions plutôt...

L'homme marqua une pause, et se mit à réfléchir. Son second demeura silencieux, habitué à ces intenses séances d'introspection qui permettaient au Capitaine d'analyser une situation avec soin. Au bout de quelques secondes, l'homme leva la tête, et mit sa main en porte-voix, afin d'être sûr d'être entendu :

- Je vous crois, soldats du Gondor ! Vous êtes des braves, et nous avons le même objectif : mettre ce prisonnier hors d'état de nuire ! Il est inutile de faire couler le sang aujourd'hui. Contentez-vous d'amener cet homme à Minas Tirith. Le jugement du Roi sera sans doute moins rapide que ma lame, mais tout aussi définitif !

Puis il se tourna vers son second, et donna l'ordre de dégager. Les cavaliers, dans un mouvement parfaitement synchronisé, débandèrent leurs arcs, et se hissèrent en selle, avant de reformer la colonne d'une vingtaine d'individus qui vint se placer derrière leur supérieur. Celui-ci se tourna vers son second, et lui glissa à voix basse :

- Nous rejoignons le campement : postez des hommes tous les cent mètres, avec ordre de rapporter tout mouvement suspect. Dès qu'ils partiront, nous lancerons la chasse.

- Devons-nous abattre leurs chevaux ?

- Non. Laissons-les croire que nous sommes vraiment partis. C'est celui qui suit qui tue. Ils ne nous poseront aucun problème, montés ou non.


~ ~ ~ ~


Dans la maison, les rangers, le garde et le prisonnier purent à nouveau respirer lorsqu'ils entendirent les cavaliers s'éloigner. Les choses paraissaient prendre une tournure assez sympathique finalement, même si Ezendirakban n'était pas tout à fait content de savoir qu'il risquait d'être conduit à Minas Tirith sans espoir de s'enfuir en route. Ces gaillards lui auraient fourni une excellente diversion, et il était probable qu'il n'aurait pas d'autre opportunité avant la fin de son voyage, qui coïnciderait peu ou prou à la fin de sa vie.

Mais de toute évidence, il était bien le seul à croire que les bandits étaient partis, car l'inquiétude se lisait encore sur le visage des rangers et du garde. Taran brisa le premier le silence pesant qui s'était installé :

- Vous croyez qu'ils ont dit vrai, mon caporal ? Je veux dire...vous croyez vraiment qu'ils nous laissent partir, comme ça ?

Pendant que les interrogations sur la suite des évènements fusaient, Ezendirakban s'approcha de Belegor, qui n'avait pas hésité à suggérer de le livrer aux hommes qui a priori lui en voulaient. Le prisonnier n'était pas particulièrement rancunier, mais il savait être profondément insupportable. Il lui tapota sur l'épaule pour attirer son attention, et désigna son paquetage. L'intéressé ne comprit pas, aussi le détenu se pencha-t-il pour s'emparer de la couverture qui le surmontait. Il s'emmitoufla dedans, et recula prestement pour éviter la main tendue de la victime du larcin qui tentait de reprendre son bien :

- J'ai cru comprendre, messire, que cela ne vous faisait ni chaud ni froid de vendre la vie des autres. Moi, ça me glace. Permettez-vous donc que je me réchauffe ? Oui ? Oh merci, vraiment ! J'ai toujours adoré les gens...chaleureux.

L'homme voulut s'avancer pour la retirer de force au prisonnier, mais celui-ci recula encore, tout en faisant les gros yeux. Il inclina la tête d'une drôle de manière, et son attitude à la limite du ridicule avait de quoi énerver encore plus le soldat. Il se tourna vers ses compagnons, pour quémander de l'aide. Profitant de la diversion, Ezendirakban s'écria d'une voix forte :

- C'est l'heure de manger mes amis ! Faisons bonne chère avec bon appétit ! La plus grosse part au plus âgé !

Avec un sourire malicieux mais fatigué, il se hissa sur l'armoire qu'il semblait affectionner tout particulièrement, et s'installa en tailleurs, attendant que ses compagnons commençassent à cuisiner. La cheminée de pierre avait été épargnée par les flammes, et pouvait encore servir, même si tout le bois était trempé. Toutefois, il appartenait aux soldats de décider s'il était prudent ou non de faire un feu ce soir...


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Qui suis tue ? EmptyVen 24 Mai 2013 - 20:28
Le temps semblait s’être suspendu dans l’auberge en ruines. Nous retenions tous notre souffle dans l’attente de la décision de nos ennemis. L’odeur prégnante du bois brûlé disparaissait progressivement, comme lavée par la pluie qui n’avait pas faiblie le moins du monde. Enfin la réponse des brigands tomba et nous recommençâmes à respirer. L’assaut n’aurait pas lieu. En tous cas pas dans l’immédiat. Aucun d’entre nous n’était vraiment dupe. On ne fait pas disparaître un village entier afin de trouver un homme pour l’abandonner aux premiers venus, fussent-ils des soldats du Gondor.

Taran posa à voix haute la question que d’autres se posaient tout bas, mais il n’était nul besoin de répondre. Nous n’avions fait que gagner un peu de répit. Dès que nous quitterions cette auberge ou peu de temps après, il fallait nous attendre à être attaqués. Et cette fois ci le terrain nous serait beaucoup moins favorable. Rien que des plaines à perte de vue. Autant il m’était naturel de me cacher en forêt, autant ce type d’environnement nous rendait aussi repérables qu’un mûmak dans une ruelle de Minas Tirith.

Alors que nous nous demandions s’il fallait rester ici ou non, le prisonnier s’empara de la couverture de Belegor et sans se départir de son humour habituel (et de plus en plus insupportable) nous fît connaître son opinion sur le sujet.

- Tu t’occuperas de ça plus tard Belegor, nous avons plus urgent pour l’instant, dit le caporal Fenrir.

- Je pense qu’il n’est pas prudent de rester ici. Ils pourraient revenir n’importe quand.

- Tu n’as pas tort Nari mais de toute façon nous sommes probablement surveillés. Je ne vois pas l’intérêt de sortir par un temps pareil. Au moins ici, nous sommes à l’abri, enfin autant à l’abri que nous pouvons l’être en tous cas,
fis je remarquer.

- Je suis du même avis, trancha le caporal Fenrir. Nous restons ici pour la nuit. Nous nous relayerons pour monter la garde. Mardil et Belegor vous prendrez le premier tour de garde puis vous nous réveillerez Nari et moi. Taran reposez vous cette nuit, vous assurerez la garde demain soir. De cette façon l’un d’entre nous aura une nuit de sommeil complète chaque soir.

- En attendant, le prisonnier n’a pas tort,
dit Nari. Un feu ne serait pas de trop.

- Et tu comptes faire partir le feu avec quoi ? Tout est détrempé ici.

- Nous avons suffisamment de viande cuite de ces derniers jours pour ce soir. Nous nous passerons de feu ce soir. En espérant que les conditions climatiques s’améliorent rapidement,
décida Fenrir.

Nous nous mîmes à préparer le repas et nous divisâmes équitablement les provisions en six (bien que je ne pus m’empêcher de remarquer que la part échue à Ezendirakban fut légèrement plus petite que celle des autres). Belegor récupéra sa couverture de manière fort peu délicate et revînt s’asseoir auprès de nous, laissant le détenu seul de son côté de la pièce. Celui-ci restait néanmoins sous surveillance constante, Fenrir s’étant placé de façon à toujours pouvoir le voir. Quant à moi, j’évitais soigneusement le regard du captif, tant celui ci me mettait mal à l’aise.

Pendant toute la durée du repas Taran jetait des coups d’œil assassins à son prisonnier. Il n’était pas difficile de voir qu’il cherchait la bonne occasion de rendre la monnaie de sa pièce à celui-ci.

Afin de faire diversion et d’assouvir ma curiosité je me tournais vers le garde et entamais la conversation. Nous parlâmes de choses et d’autres pendant quelques minutes avant que je me risque à poser la question qui me démangeait depuis le début de notre périple.

- Vous ne nous avez toujours pas dit pourquoi cet homme est votre prisonnier…

Le silence se fît autour de nous, étant tous désireux de comprendre la raison pour laquelle nous étions tellement en danger. Cinq paires d’yeux se braquèrent sur Taran dans l’attente de sa réponse.
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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyLun 27 Mai 2013 - 14:22
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Même la pluie qui continuait à tomber ne pouvait pas atténuer le soulagement des soldats qui se trouvaient dans la maison. Ils avaient un peu de répit. Oh, certes, ils n'étaient pas idiots au point de croire que les brigands allaient les laisser en paix. Ils savaient très bien que revenir à Minas Tirith serait extrêmement difficile, d'autant qu'ils devraient voyager pendant un long moment à découvert. Leur seule chance était de rejoindre le couvert des forêts, mais cela signifiait de pousser les chevaux au maximum de leur vitesse et de leur endurance pour semer des poursuivants probablement plus nombreux. Or, se posait un autre problème qu'ils devraient considérer à un moment ou à un autre : ils avaient quatre montures, mais ils étaient six, en comptant le prisonnier. Les chances qu'ils pussent s'enfuir étaient déjà minces, mais elles devenaient infinitésimale si l'on surchargeait les chevaux.

Toutefois, l'heure n'était pas à ces considérations défaitistes, et il valait mieux profiter pleinement d'un peu de repos dans les rares espaces au sec, pour tenir le choc le lendemain. Prudent, le caporal avait décidé d'établir des tours de garde. Il n'avait pas véritablement confiance dans les paroles du chef des bandits, et il préférait de toute évidence se prémunir contre une attaque nocturne. Si les conditions climatiques ne s'amélioraient pas, il faudrait redoubler de vigilance pour ne pas être surpris. Avec le bruit de la pluie, des hommes discrets pouvaient s'approcher très près sans être perçus. Deux hommes ne seraient pas de trop pour garder un œil et sur le prisonnier, et sur les environs.

Après avoir décidé de comment se répartiraient les tours de garde, le caporal décida qu'il faudrait se passer de feu pour la soirée. Ezendirakban, emmitouflé dans sa couverture, ne put s'empêcher de faire une grimace contrariée. Les nuits étaient terribles ces temps-ci, et si la neige décidait de revenir, il faudrait bien plus qu'une épaisseur de tissu sur les épaules pour ne serait-ce que survivre dans de telles conditions. Mais il était vrai que pour l'heure, le bois était humide, et qu'il aurait été long et fastidieux de faire démarrer un feu, qui de toutes façons n'aurait pas pu être alimenté très longtemps. Enfin...Au moins, ils auraient eu un peu de lumière et de chaleur. Pour couper court aux éventuelles protestations, et pour éviter de songer à la nuit difficile qui les attendait, les hommes se lancèrent dans la préparation du repas. Ce n'était pas grand-chose, guère plus que des réserves de nourriture dans lesquelles ils piochaient faute de mieux, mais c'était toujours ça.

Le prisonnier remercia d'un élégant signe de tête le soldat qui lui tendait son assiette, non sans remarquer que sa portion était moindre que celle des autres. D'une voix morne, il lança :

- Je pensais pourtant qu'on avait dit "la plus grosse part au plus âgé"...

Il haussa les épaules, et sentit à ce moment-là qu'on se glissait dans son dos. Avant qu'il ait pu se retourner ou faire quoi que ce fût, la couverture fut arrachée de ses épaules, et il se retrouva méchamment bousculé par Belegor, le propriétaire de l'objet de discorde. Il lâcha un "hé !" plaintif, mais personne ne prit sa défense. Après tout, il n'était qu'un vulgaire prisonnier, qui n'avait pas véritablement de droits, et qui n'était pas à égalité avec les soldats. Ezendirakban soupira pour lui-même, sentant le froid s'insinuer sous ses vêtements haradrim, et donc bien moins chauds que ceux des Gondoriens. La soirée s'annonçait difficile. Il chercha à s'asseoir près des militaires, mais visiblement, personne ne désirait sa présence, aussi s'éloigna-t-il vers l'armoire de son cœur, sur laquelle il prit place aussi confortablement que possible. Eloigné des soldats, il n'en demeurait pas moins perpétuellement dans leur champ de vision, de sorte que s'il esquissait le moindre geste prouvant qu'il essayait de s'enfuir, il finirait avec une flèche entre les épaules avant d'avoir eu le temps de passer une jambe par-dessus le rebord de la fenêtre. Conscient de cela, il décida qu'il valait mieux profiter de la nuit de sommeil qui s'annonçait. Au moins, lui, il n'aurait pas à monter la garde.

Ezendirakban était plongé dans ses pensées, les mains occupées à piocher dans le bol qu'on lui avait donné, tandis que l'obscurité s'installait de plus en plus dans le petit village de Rougefer, qui ressemblait à s'y méprendre à un champ de bataille. Les lieux avaient quelque chose d'inquiétant, et à la faveur de la nuit, il semblait que l'on entendait plus distinctement encore le hurlement du vent, et la pluie qui frappait contre les pans encore intacts du toit. Le détenu était conscient de tout cela, mais son esprit était ailleurs, occupé à analyser la situation, évaluant ses chances. Il sentait ses forces décliner bien plus vite que d'ordinaire, dans cet environnement hostile, et il avait l'intuition que les prochains jours seraient compliqués...s'ils survivaient jusque là. Cependant, il était d'un naturel optimiste, et il ne se laissait pas facilement démonter par les difficultés. Il avait encore de l'espoir, et des amis qui pouvaient l'aider à se sortir de ce mauvais pas. Il lui fallait simplement rester en vie, et espérer que le vent tournerait en sa faveur. Alors, il devrait saisir sa chance, ne pas la laisser filer, car les opportunités ne se présenteraient pas souvent. Ce fut avec un sourire inquiétant qu'il s'installa pour dormir, aussi confortablement que le lui permettaient ses mains entravées.

Dans le même temps, Mardil avait commencé à discuter avec Taran. Ils avaient parlé de tout et de rien, et le ranger avait pu apprendre que son compagnon d'infortune était né dans ce village, et qu'il y avait tout ce qu'il considérait comme le plus précieux : sa famille, la femme qu'il aimait, ses amis et ses proches. Il n'avait jamais imaginé que les choses pouvaient évoluer ainsi, et il rejetait assez logiquement la faute sur le prisonnier caustique qui tournait cette situation en ridicule, alors qu'elle ne l'était pas. Au cours de la conversation, il s'était à plusieurs reprises tourné vers Ezendirakban, et son regard en disait long sur ce qu'il lui ferait si le détenu venait à tenter de s'échapper. Alors qu'il songeait à lui tordre le cou pour coincer définitivement dans sa gorge ses plaisanteries de mauvais goût, Mardil posa la question que nul n'avait encore osé formuler à haute voix.

Même le captif, qui pourtant s'était allongé pour dormir, ouvrit les yeux à cet instant. Il n'avait pas véritablement suivi la conversation, mais la question posée le concernait au premier plan, et il préférait surveiller que ce que l'on disait de lui n'était pas calomnieux ou mensonger. Même s'il savait que les avis de recherche avaient tendance à noircir le portrait. Le garde s'éclaircit la gorge, comme s'il s'apprêtait à se lancer dans un long récit, mais lâcha simplement :

- C'est un sorcier...

Devant la réaction des autres hommes, il ajouta :

- Enfin c'est comme ça que je le qualifie, moi. Mais j'ai lu l'avis de recherche le concernant, et j'ai entendu les rumeurs que les gens ont raconté après sa capture. On raconte qu'il n'est pas humain...qu'il ensorcèle des jeunes femmes, et qu'il les conduit dans son antre. Là, il absorbe leur vie, pour prolonger la sienne. Il y en a qui pensent qu'il les mange, car d'après ce que j'ai entendu...quand on retrouve les corps, il manque parfois des morceaux...

Il s'interrompit un bref instant, pour jeter un regard en coin au prisonnier, qui avait les yeux grands ouverts, et qui vraisemblablement ne perdait pas une miette de cette présentation. Pour autant, son visage n'affichait aucune expression, et il ne confirmait ni n'infirmait ce qui était dit de lui, ni du geste ni de la parole. Ce à quoi il pouvait bien penser en cet instant, lui seul pouvait le savoir. Le garde sourit sans joie, face à ce qu'il considérait comme des aveux, et reprit :

- On l'a arrêté alors qu'il s'apprêtait à enlever une autre femme du village, et quand on a découvert qui c'était, on s'est dit qu'on avait vraiment une grosse prise. Mais visiblement, il n'y a pas que le Gondor qui le recherche...(il se tourna vers le prisonnier) Hein ? Il semblerait que ta sorcellerie ait contrarié quelques personnes, et si elles te retrouvent, tu vas faire quoi ? Les amuser avec tes plaisanteries ?

- Et toi ? Tu vas faire quoi quand ils te trouveront avec moi ?

Ezendirakban avait répondu d'une voix sèche et cassante, sans qu'aucun sourire ne vînt atténuer la dureté de ses paroles. Cette fois, la question était sérieuse, et n'était pas que pure provocation. Ses yeux ambrés, à la lueur des étoiles, paraissaient effrayants. Il se retourna sur le dos, et fixa le ciel immense, le regard dans le vague, comme s'il réfléchissait à quelque chose de très important. Plus important que le danger qui les menaçait. Il finit par déclarer :

- Ce qu'il vous a raconté est vrai, et ces hommes vont venir pour moi. Ils me suivront et me tueront quoi qu'il arrive. Si vous partez, vous aurez probablement la vie sauve, car vous n'avez rien qui les intéresse. Laissez-moi tenter ma chance de mon côté...peut-être ne s'attendent-ils pas à ce que je vous échappe...

Dans la voix du prisonnier, on pouvait discerner des accents de vérité, mais il était impossible de savoir dans quelle mesure on pouvait lui faire confiance. Etait-il, pour la toute première fois, sincère avec les soldats qui l'entouraient, ou bien était-ce là une manœuvre de plus pour s'évader ? Car qui pouvait dire que les cavaliers n'allaient pas poursuivre tous les témoins pour tous les tuer ? Ezendirakban ferma les yeux, et pour la première fois depuis qu'il était arrivé dans ce maudit village, il songea à sa fille, demeurée à des lieues de là, inquiète de le voir un jour revenir. Il détourna le visage des rangers et de Taran, pour dissimuler l'affliction qui se peignit sur ses traits, alors qu'il se rendait compte qu'il pouvait ne jamais la revoir.


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Dernière édition par Ryad Assad le Mer 29 Mai 2013 - 17:13, édité 1 fois
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Mardil
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Qui suis tue ? EmptyLun 27 Mai 2013 - 20:41
Un sorcier, rien que ça ! Décidemment les gens dans les villages avaient toujours tendance à tout exagérer. Non pas que je ne croyais pas que la magie existait en ce monde. Si les récits de la chute de Sauron n’avaient pas suffit à m’édifier, mes visites chez les melkorites m’avaient, elles, complètement convaincu sur ce point.

Comme d’habitude lorsque mes pensées dérivaient vers ces jours sombres, je ne pus réprimer un frisson, qui aurait pu passer pour une réaction due au froid si ce n’est l’expression de culpabilité dévorante qui passa dans mes yeux. Je me forçais à chasser ces images de mon esprit et me concentrais sur le récit de Taran.

Même si cet homme n’était probablement pas un sorcier, il restait un meurtrier. Je ne devais pas laisser ma curiosité pour lui me faire oublier qu’il était sûrement très dangereux. Certes il n’avait pas l’air en grande forme, mais je ne ferai pas l’erreur de le sous-estimer.

Alors que Taran lui fît remarquer qu’il avait froissé des gens bien plus dangereux que nous, le prisonnier nous proposa de le laisser partir afin de sauver nos vies. Pas un seul d’entre nous ne se donna la peine de répondre à cette suggestion. Notre décision était prise et nous ramènerions le captif à Minas Tirith quoi qu’il en coûte, même s’il s’agissait de nos vies.

Nous finîmes de manger en silence, et le caporal Fenrir, Nari et Taran allèrent se coucher. Belegor alla se placer le plus près possible de l’ouverture afin de surveiller les environs. Je me plaçais de façon à voir le prisonnier même si j’évitais de le fixer du regard. D’une part car il ne servait à rien de le mettre mal à l’aise et d’autre part car je voulais pouvoir le sortir de mon esprit afin de penser à la journée du lendemain.

Quoi qu’il se passerait, il faudrait nous mettre en route. Or j’étais prêt à parier que les bandits nous attendraient sur le chemin de la capitale.

Je m’étais dit tout d’abord que cette pluie causerait notre perte mais elle gênerait nos poursuivants tout autant que nous. Il était certain qu’à cause du mauvais temps nous aurions du mal à repérer nos ennemis, néanmoins l’inverse était vrai. De plus tant que la pluie s’abattrait avec une telle force, elle recouvrirait nos traces instantanément. Si nous arrivions à distancer nos poursuivants, ils avaient peu de chances de nous retrouver. Et c’est sur le chemin de la capitale qu’ils nous attendaient.

Et si certains d’entre nous faisaient diversion en partant plein sud vers Minas Tirith alors que le prisonnier et les autres partiraient en direction de l’ouest pour seulement ensuite bifurquer vers le Gondor. Nous pourrions arriver à Minas Tirith en passant par Cair Andros.

Bien sûr cela signifierait que nous serions moins nombreux pour surveiller le détenu mais cela valait peut être le coup. Ma seule crainte était que les bandits ne massacrent ceux qui feraient diversion en se rendant compte que leur cible s’était échappée. Je n’avais pas grand chose d’autre à faire que d’échafauder des plans cela dit et l’inquiétude me maintenait éveillé. Cette idée était la seule qui risquait de fonctionner mais il faudrait que la pluie ne faiblisse pas d’ici au lendemain.

Il semblait ironique de compter sur cette même pluie que nous avions passé notre temps à maudire ces derniers jours. Au fur et à mesure que le temps passait, je me surpris à me demander ce que le captif pouvait bien faire des morceaux de corps qu’il prélevait sur ces victimes. J’aurais probablement dû chasser ces réflexions morbides de mon esprit mais je ne semblais pas capable d’y arriver.

Je finis par me lever et m’approchais d’Ezendirakban. Il semblait transi de froid et d’un geste lent je lui tendis ma couverture. Il la prit sans hésiter et je crus lire de la gratitude dans son regard. Je m’installais à côté de lui afin de pouvoir parler à voix basse pour ne pas déranger les dormeurs et afin de nous réchauffer mutuellement.

Je restais quelques minutes silencieux me demandant de quelle manière entamer la conversation et je finis par me dire qu’il n’y avait pas de façon polie de demander à un meurtrier pourquoi il mutilait ses victimes. Je décidais donc d’être franc et demandais sans détours :

- Que faîtes vous des organes que vous récupérez sur les cadavres de vos victimes ?
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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyMer 29 Mai 2013 - 18:11
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La nuit était tombée brusquement sur le petit village, prenant presque par surprise les rangers, le garde le prisonnier. Occupés qu'ils étaient à manger, ils s'étaient rendus compte qu'il faisait noir quand plisser les yeux pour distinguer leur assiette commença à leur faire mal. Les hommes terminèrent de manger, sans échanger plus de deux mots. Ils n'avaient de toute évidence pas la tête aux badineries, et même le captif comprit qu'il vaudrait mieux garder le silence, et éviter de s'attirer des ennuis. Qui plus est, il valait mieux se taire, et faire le moins de bruit possible, pour être en mesure de détecter l'approche éventuelle des ennemis. Un groupe nombreux aurait du mal à se glisser jusqu'à la maison sans faire le moindre bruit suspect, mais une poignée d'hommes pouvait y parvenir, avec de la chance.

L'ambiance était pesante, et pour parvenir à trouver le sommeil avant leur tour, le caporal, un des rangers et le garde allèrent s'allonger. Ils fermèrent les yeux, et tentèrent de se détendre. Néanmoins, il était évident qu'ils ressassaient la journée passée, qu'ils anticipaient sur celle à venir, et qu'ils n'étaient pas véritablement à leur aise. Ils dormaient tous avec leur arme en main, de sorte à pouvoir la dégainer rapidement en cas d'alerte. Il valait mieux être trop prudent que pas assez. Ezendirakban, le seul qui n'avait ni arme ni couverture, se sentait affreusement nu dans cette froide soirée. Installé relativement confortablement sur l'armoire, il essayait de réfréner les tremblements de son corps gelé. Chaque nouveau souffle de vent semblait réussir à s'infiltrer dans ses vêtements, jusqu'à sa peau. Il serrait les dents pour les empêcher de claquer, et fermait les yeux obstinément, désireux de plonger dans un sommeil qui s'il n'était pas réparateur, lui permettrait au moins d'échapper temporairement à ces tourments.

Mais il n'arrivait pas à se détendre suffisamment pour parvenir à cet état de calme qui précède l'endormissement. Lui aussi, même s'il se montrait désinvolte, réfléchissait à ce qu'il adviendrait le lendemain, quand il faudrait partir. Il avait maudit cette maison branlante, et avait pesté lorsqu'il avait été contraint de se cacher sous l'armoire, mais maintenant qu'il devait quitter ce refuge providentiel, il se disait que finalement, ce n'était pas si mal. Oh, il n'était pas irréaliste, et il savait qu'ils ne pouvaient rester ici indéfiniment. Leurs vivres finiraient par s'épuiser, et il faudrait de toutes façons sortir pour en chercher. Ils risquaient de mourir de faim, de froid ou d'épuisement avant même d'avoir croisé les lames de leurs ennemis, ce qui serait vraiment ridicule, pour des soldats entraînés. Le détenu trouvait que ce n'était pas une mauvaise idée, mais il avait l'intuition qu'attendre passivement une mort certaine n'aurait pas été pour plaire à ses compagnons de route. Ils lui auraient jeté un regard noir, et l'auraient ignoré à nouveau, pour bien lui montrer à quel point son avis avait de l'importance.

Tandis qu'il était en train de réfléchir, il ne cessait de s'agiter, à intervalle régulier, changeant de position à chaque fois que la précédente se révélait par trop inconfortable. Il espérait qu'ainsi, il finirait par trouver une posture qui lui permît de se protéger du froid dans toutes les directions, mais il semblait que cela relevait de l'impossible. Son corps n'avait visiblement pas été conçu pour se protéger des éléments, et il regrettait amèrement le confort luxueux de ses appartements, loin dans le Sud, dans les terres chaudes et agréables, où l'eau était un trésor et non une malédiction. Sur cette pensée, il se redressa et lança un regard contrarié au ciel nocturne. Les nuages continuaient de déverser des litres d'eau, comme un pied de nez mesquin aux hommes et aux femmes qui, à des lieues de là, mouraient de soif dans le désert. Le monde était-il injuste naturellement, ou bien les dieux avaient-ils décidé de jouer avec les petites créatures qui peuplaient la Terre du Milieu en les torturant ainsi ? N'aurait-il pas été plus simple de faire pleuvoir sans excès sur l'ensemble du monde connu, plutôt que d'instaurer de tels déséquilibres ? Cela aurait été plus malin. Ezendirakban soupira. S'il avait été un dieu, les choses auraient été bien différentes.

Alors qu'il était en train d'imaginer comment il aurait reconfiguré la géographie de la Terre du Milieu, balayant le Gondor d'un revers de main pour des raisons puériles mais qui lui tenaient à cœur, il entendit des pas derrière lui. Il se retourna, et avisa un des rangers qui s'approchait de lui. Il aurait voulu sourire, mais il avait tellement froid que ce seul geste lui aurait coûté bien trop d'énergie. Il se contenta d'un signe de tête presque imperceptible, qui pouvait tout à la fois signifier "vous êtes le bienvenu" et "allez voir ailleurs". Visiblement, le soldat comprit la première proposition, et tant mieux car il offrit gracieusement sa couverture de voyage à Ezendirakban, qui s'emmitoufla dedans avant même de trouver l'énergie de dire merci. Il était cependant reconnaissant, et accepta de fait que le soldat vînt s'asseoir à côté de lui. Il n'aurait pas pu lui dire non, de toutes façons, mais qu'il l'acceptât était comme une manière pour lui de se dire qu'il n'y avait que ses mains qui étaient entravées, et que sa volonté demeurait libre.

Le ranger était assez jeune, de toute évidence, et le détenu avait remarqué qu'il semblait relativement mal à l'aise. Il s'en était amusé au départ, mais par la suite, il était venu à éprouver une sorte de curiosité malsaine vis-à-vis des raisons qui pouvaient être à l'origine de ce malaise. Il n'était cependant pas du genre à poser la question directement, et il préférait titiller encore et encore la conscience de ce jeunot, pour voir quel fruit tomberait du haut de l'arbre. Il espérait simplement ne rien prendre sur la tête au passage. Il aurait voulu entamer la conversation, pour ensuite pour l'amener vers le sujet qui l'intéressait, mais il préférait formuler une phrase cohérente, sans tremblements dus au froid, et il attendit de fait plusieurs minutes que la chaleur revînt dans ses doigts, ses orteils, et globalement dans tout son corps. Alors qu'il allait parler, il fut pris de vitesse.

Il n'en fut certainement pas contrarié, encore moins déçu, bien au contraire. Le jeune homme savait si peu de choses de sa vie qu'il aurait pu poser n'importe quelle question : "pourquoi tuez-vous des gens ?", ou "avez-vous une famille ?" ou encore "savez-vous qui sont ces hommes qui vous pourchassent ?". Mais non, il avait choisi quelque chose de différent, et de très révélateur. Ce garçon était un curieux, qui ne se fichait pas éperdument de savoir ce qui motivait un crime. Il n'était pas comme ces brutes épaisses que l'on envoyait en général couper des têtes, et qui ne se souciaient pas plus du mobile d'un meurtre que de la dernière fois qu'ils avaient pris un bain. Il était plus fin, peut-être plus instruit, aussi. Ezendirakban sourit discrètement :

- Vous n'êtes pas banal, vous...Est-ce que vous cherchez toujours à comprendre les gens, ou est-ce juste parce qu'il paraît que je suis un sorcier ?

Il avait posé la question innocemment, sans attendre de réponse particulière, aussi reprit-il à voix basse, en s'assurant au préalable que personne ne pouvait les entendre :

- N'écoutez pas ce que raconte cet empoté, de grâce. Vous me voyez, moi, tuer des gens et arracher leurs organes pour les manger ? Allons bon...Ne comprenez-vous pas que c'est une belle mascarade ? Certes, certes, je suis peut-être un peu excentrique, et il se peut que j'aie des tendances...déviantes. Vous savez, les esclaves du Gondor se vendent à un bon prix là d'où je viens. Surtout les belles femmes. Mais je ne suis pas un tueur, ça non. Que gagnerais-je à tuer quelqu'un qui pourrait me rapporter une jolie somme ?

Il adressa un clin d'œil malicieux au ranger, comme s'il le mettait dans la confidence de ses affaires. Il observa à nouveau autour de lui, pour être certain que tous dormaient. Il était difficile d'en avoir la confirmation avec l'obscurité qui régnait dans la maison, aussi choisit-il de parler encore plus bas, d'une voix à peine audible :

- Ecoutez-moi...Je suis peut-être un bandit selon vos lois, mais je ne suis certainement pas un monstre. Ces hommes qui me traquent, ou le bourreau de Minas Tirith si je suis conduit devant lui, me supplicieront avant de m'achever. Ils vont sans doute m'écorcher, m'écarteler, me rouer de coups, ou encore m'ébouillanter, pour des crimes que je n'ai pas commis.

Sa voix se fit suppliante :

- Je suis riche. Très riche. Beaucoup plus riche que vous ne pouvez oser l'imaginer. Votre prix sera le mien si vous me laissez partir. Je vous en supplie, je ne mérite pas le sort qui m'est promis...

La sincérité qui se lisait sur ses traits, à la faveur de la lueur timide des étoiles, était soit bien réelle, soit très bien simulée. Le doute était instauré dans l'esprit du jeune ranger, qui devait désormais affronter le regard ambré du prisonnier, à la fois suppliant et déterminé.


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Qui suis tue ? EmptyMer 29 Mai 2013 - 22:14
Oui, sans doute ma question n’était pas banale. Cela dit la personne à qui je la posais et les circonstances ne l’étaient pas plus. Ezendirakban ne me laissa pas le temps de répondre (qu’y aurait-il eu à répondre de toute façon) et m’expliqua sa version des faits. Sa voix s’était faite presque enjôleuse. La sincérité de ses paroles était palpable et je me fis la réflexion qu’il était un excellent comédien.

Ainsi donc il n’était pas un meurtrier mais un marchand d’esclaves. Bien sûr son histoire était suffisamment crédible pour être véridique mais cela n’expliquait pas les cadavres ni qu’on le poursuivît avec tant de hargne. Mais au delà de ces considérations qui aurait sûrement trouvé des réponses logiques en cherchant un peu, j’avais l’intime conviction que cet homme était bien un meurtrier. Peut être fallait-il un assassin pour en reconnaître un autre.

Et voilà à présent qu’il se prétendait innocent. Je m’étais toujours étonné du nombre d’innocents parmi les prisonniers. C’était la rengaine classique que j’avais déjà entendue milles fois. A sa décharge, il savait comment plaider sa cause. Cet homme avait beau rester un mystère, il était intelligent et bien instruit. Je doutais qu’il vienne du peuple et il me semblait plutôt avoir affaire à un noble. Comment expliquer alors qu’il se retrouvât dans une situation pareille ?

Je ne me donnais pas la peine de lui expliquer que, outre le fait que je ne le croyais pas plus que je n’adhérais à la version déformée de Taran, l’explication qu’il m’avait fournie n’aurait pas pu être plus mal choisie. De mon point de vue, quelqu’un qui marchandait une vie humaine méritait de mourir. Mais comment aurait il pu se douter que le ranger apparemment sans histoire auquel il s’adressait avait été esclave durant la plus grande partie de sa vie ?

L’offre de corruption me laissa de marbre tant je n’étais pas surpris de la tournure qu’avait pris la discussion. Pourquoi un homme si riche (si c’était bien le commerce d’esclaves qui l’avait enrichi) se déplacerait lui même pour trouver ses marchandises ? Il n’avait qu’à payer quelqu’un d’autre pour faire le sale travail. Et je ne pouvais me départir de mon impression première. Cet homme avait toujours été riche. Sa façon de parler et de se comporter trahissait ses origines. Son histoire avait beau se tenir, elle n’était pas suffisamment crédible à mes yeux.

J’étais assez déçu de ne pas obtenir des réponses à mes questions mais je ne pouvais m’attendre à ce qu’un homme dans sa situation se montre honnête avec moi.

Je me tournais vers lui et pour la première fois depuis que je l’avais rencontré, je le regardais de longues secondes yeux dans les yeux. Un sourire mi-amusé, mi-blasé apparu sur mes lèvres et je me décidais à parler.

- Ne m’insultez pas s’il vous plaît. Ni la corruption, ni les mensonges n’auront de prise sur moi. Je ne suis pas là pour vous juger mais pour vous amener à bon port sain et sauf. Ce qui se passera ensuite ne dépend pas de moi et c’est tout aussi bien ainsi. Si vraiment j’étais votre juge, et que vous étiez coupable des crimes que vous venez de m’avouer, vous seriez déjà mort. Cela n’empêche pas que je sois curieux des raisons qui ont pu pousser un homme tel que vous à commettre ces crimes.

Je me levais et me retournais vers le prisonnier.

- La route est longue jusqu’à Minas Tirith. Peut être aurons nous une nouvelle opportunité de discuter. Enfin si nous ne sommes pas morts d’ici là…

Je me dirigeais ensuite vers Belegor et lui proposais de le relayer pour observer l’extérieur, lui laissant la surveillance de notre captif. Il ne restait qu’une ou deux heures avant de pouvoir prendre un peu de repos et j’avais besoin de faire le vide dans mon esprit si je voulais parvenir à une solution qui pourrait sauver notre vie avant notre départ le lendemain.
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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyJeu 30 Mai 2013 - 22:48
Qui suis tue ? Ezendi10

Ezendirakban ouvrit les yeux précautionneusement, en se faisant la réflexion qu'il avait rarement aussi mal dormi de toute sa vie. Il n'était certes pas le plus à plaindre du groupe, puisque l'armoire lui avait fourni un emplacement à peu près plat pour se reposer, tandis que les autres avaient dû se contenter d'un sol inégal, jonché d'objets calcinés qu'il était impossible de reconnaître. Cette forme noirâtre était-elle un pichet en métal ? Cette bosse avait-elle été le pied d'une table ? Ce qui ressemblait à une branche brûlée avait-il été la main d'un être vivant ? L'homme haussa les épaules, en s'étirant bruyamment. Après, tout, il avait d'autres choses à penser. D'abord, il était en vie, ce qui signifiait que rien ni personne n'avait tenté de les attaquer la veille au soir. Cela ne signifiait pas pour autant que les brigands avaient tenu parole et s'en étaient allés, mais personne ne crachait sur une journée supplémentaire à vivre. Le prisonnier observa brièvement ses compagnons, qui émergeaient à peu près en même temps que lui, et qui commençaient à se lever, le dos probablement endolori, pour aller vaquer à leurs occupations. Le regard d'Ezendirakban accrocha un bref instant celui du ranger aux yeux gris, et il lui adressa un sourire inquiétant.

Le même sourire que celui qu'il lui avait lancé la veille au soir, à l'issue de la conversation. En y repensant, le détenu se demandait comment il avait pu être assez bête pour miser sur lui pour ses plans d'évasion. Il avait considéré qu'un homme qui refusait de le regarder dans les yeux, et qui était mal à l'aise en sa présence, pouvait faire un candidat parfait pour une sortie remarquable et de préférence pas remarquée. Mais il s'était trompé de cheval. La loyauté de ce ranger était bien plus grande qu'il ne le pensait, et l'argent n'était pas un moteur suffisant pour le faire trahir ses compagnons. Dommage. Après avoir essuyé une réplique cinglante lui faisant comprendre sans détour qu'il n'était plus nécessaire d'essayer ce genre de manœuvres, Ezendirakban s'était penché en avant vers le ranger, et lui avait adressé ce fameux sourire dont il avait le secret. Un sourire absolument indéchiffrable, qui avait de quoi inquiéter. Il s'était alors permis une seule phrase, prononcée suffisamment haut pour être perçue même par le deuxième factionnaire :

- Je n'ai besoin que d'un seul d'entre vous pour m'échapper, ranger... Ma proposition tient toujours, mais ne tardez pas trop. Vous n'êtes pas seul ici.

Il avait alors plongé ses yeux ambrés dans ceux de Belegor, qui n'avait pas perdu une miette de cette phrase, et qui s'empressa de détourner le regard. Le sourire d'Ezendirakban s'était élargi, découvrant ses dents d'un blanc de nacre. Dans l'obscurité, les ombres envahissaient son visage, et lui donnaient un air presque...démoniaque. Il ne quitta pas des yeux Mardil tandis qu'il s'éloignait, et attendit qu'il fût installé pour porter son regard vers Belegor. Le ranger semblait gêné, et il n'osait pas s'approcher de trop du prisonnier. Ses gestes étaient mal assurés, et il préféra garder le silence plutôt que de dire quelque chose qui pût le trahir. Le captif s'allongea sur le dos, aussi confortablement que le lui permettaient ses mains entravées, et ferma les yeux tranquillement. La graine était plantée. Restait à voir lequel craquerait le premier.

Au réveil, Belegor semblait toujours mal à l'aise, et il évitait soigneusement tout contact visuel avec le détenu, mais aussi avec Mardil. Il était absorbé dans ses tâches, mais ses pensées étaient visiblement ailleurs. Songeait-il à accepter la proposition dont il ignorait tout ? De toute évidence, il se posait sérieusement la question. Il n'en avait pas parlé au caporal, ni aux deux autres, qui semblaient davantage concentrés sur la suite des évènements. En quelques minutes, les affaires furent rangées, et tout le monde fut prêt pour le départ. Le prisonnier attendait, un peu à l'écart, tandis que les soldats discutaient entre eux sur la meilleure stratégie à adopter. Tous avaient réfléchi dans leur coin, et avaient profité des quelques heures de sommeil qui leur avaient été accordées pour prendre du recul, et essayer de noter les failles dans leur plan. Le caporal avait rassemblé ses troupes, et leur exposait ses premières conclusions :

- S'ils nous tendent un piège, je suppose qu'ils sont sur la route ralliant Minas Tirith, aussi le plus logique serait d'aller vers l'Ouest, de rallier l'Anduin, et de là, de gagner Osgiliath. Mais nos ennemis ne sont pas idiots, et ils ont sûrement envisagé ce cas de figure. Je crois qu'ils ont divisé leurs forces, et qu'ils nous attendent sur les deux seules voies que nous pouvons emprunter.

Il inspira un bref instant, comme s'ils étaient déjà tombés dans le piège qu'il était en train de décrire. Son regard se perdit dans le lointain, observant la pluie qui continuait à tomber, un peu moins fort que la veille :

- Je propose de passer par le Sud, et de gagner les forêts aussi rapidement que possible. C'est le plan le plus risqué, mais il présente plusieurs avantages : l'Ithilien est plus proche qu'Osgiliath, et nous fournira un abri sûr avant que nos chevaux soient épuisés. En plus de cela, nous évitons le risque d'être poussés vers l'Emyn Muil, où nous serions contraints d'abandonner nos chevaux, et de continuer à pied. Nous n'avons ni les vivres ni la connaissance du terrain suffisante pour nous en sortir. C'est pour cela que je propose de tout miser sur un passage en force vers le Sud. Si nous les prenons de vitesse là, nous pouvons espérer nous en sortir.

Ezendirakban hocha la tête. Il ne faisait pas spécialement partie de la conversation, mais il trouvait que le plan était bon. Bien entendu, il y avait quelques failles, comme le fait qu'ils pouvaient tout aussi bien être poursuivis par des idiots finis, qui auraient massé leurs forces sur la route du Sud, et les massacrer dès qu'ils les verraient. Mais quelle que fût que la solution, le risque demeurait, et il fallait prendre une solution. Celle-ci avait l'avantage d'être simple, potentiellement viable, et surtout elle n'impliquait pas de se perdre dans les contreforts rocheux de l'Emyn Muil, dont la sinistre réputation avait de quoi inquiéter. L'idée d'être perdu dans ce labyrinthe n'enchantait guère le prisonnier, qui aurait en plus d'un très mauvais œil de devoir abandonner leurs montures pour pouvoir progresser sur le relief escarpé de l'endroit. S'il fallait mourir, autant éviter de le faire douloureusement et dans un environnement oppressant.

S'il avait eu voix au chapitre, il aurait sans doute dit qu'il votait pour ce plan, mais comme il n'était pas véritablement invité à la fête, il préféra garder le silence, de peur que parce qu'il avait soutenu l'idée, on la rejetât. Le caporal, pendant ce temps, avait demandé à ses hommes s'ils avaient d'autres idées, ou des objections à faire valoir. Ils s'étaient tous tu un instant, comme s'ils visualisaient la situation dans leur esprit, pour en déceler les failles. Finalement, ce fut Belegor qui rompit le silence. Le ranger s'éclaircit la gorge, avant de dire :

- Je pense que nous pouvons passer en force si nous sommes chanceux, mon caporal. Mais pour ce qui est de les distancer après, c'est une autre histoire. N'oublions pas que nous sommes six, et que nous n'avons que quatre chevaux. Ils se fatigueront bien rapidement, et j'ai peur qu'ils ne tiennent pas le rythme jusqu'aux bois de l'Ithilien. Ils s'attendent à voir partir quatre chevaux...peut-être pensent-ils que nous sommes trois, plus le prisonnier. Si nous tentions de les semer avec quatre chevaux, l'un de nous pourrait...eh bien...demeurer avec le détenu et le ramener à Minas Tirith par un autre chemin.

Belegor dut se rendre compte de ce qu'il proposait, car il tourna vivement la tête vers Mardil. Il était difficile de savoir s'il s'excusait d'avoir pondu une idée aussi saugrenue - et pourtant intéressante -, ou s'il demandait à son compagnon ranger de ne pas intervenir dans cette histoire. Ezendirakban, de là où il était, ne put s'empêcher de sourire. Les choses évoluaient selon une tournure assez étrange, et il préférait demeurer en retrait, et observer le spectacle. Il avait hâte de voir l'opportunité se dessiner. L'avis de quel membre du groupe allait-on suivre ?


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Qui suis tue ? EmptyDim 2 Juin 2013 - 19:57
Le réveil fût pénible. Cela aurait été un euphémisme de dire que j’avais mal dormi sur ce sol inégal et dur comme la pierre. Mes muscles étaient endoloris et une longue chevauchée nous attendait. Mon premier réflexe fût de regarder dehors pour voir l’évolution du temps. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, il pleuvait toujours quoique légèrement moins fort. Mais la pluie était suffisamment soutenue pour brouiller nos traces rapidement.

Je n’avais cessé de repenser à mon plan mais je doutais fort de sa réalisation. L’issue était incertaine et ferait courir un risque non négligeable à ceux qui s’occuperaient de la diversion. Un bruit sur ma gauche m’indiqua que le prisonnier se réveillait lui aussi. La façon désagréable dont s’était terminée notre petite discussion la veille m’avait laissé un goût amer dans la bouche.

C’était surtout le malaise évident de Belegor qui me préoccupait. A force de patrouiller avec lui, je connaissais par cœur tous ses gestes, le moindre mouvement, la moindre expression de son visage et je savais que la proposition d’Ezendirakban était tentante pour un ranger. Après tout il était plus âgé que Nari ou moi et peut être une somme confortable était suffisante pour le détourner de son devoir. Il était évident pour qui avait assisté à ce qui s’était passé la veille que cette proposition avait fait route dans l’esprit de mon compagnon et qu’elle le mettait au supplice.

Je me tournais vers le captif et je surpris son air auto satisfait. Cela me hérissa au plus haut point et je me détournais. Il était temps de prendre une décision sur ce que nous allions faire. Une décision qui pouvait le cas échéant mettre fin à de nombreuses vies.

Le caporal Fenrir nous fît part de son plan qui s’il avait le mérite d’être simple, n’en était pas moins risqué. Je n’étais guère enthousiasmé par ce plan car j’aurais préféré évité une bataille en plaine, et j’étais certain que les bandits nous attaqueraient bien avant que nous ayons atteint l’Ithilien, mais il était également vrai que ceux d’entre nous qui s’en sortiraient auraient plus de chances de survivre une fois à couvert dans la forêt.

Bien évidemment ce plan avait une faille. Compter sur la rapidité des chevaux alors que nous étions six hommes pour quatre montures relevait plus du miracle que de l’espoir. Et je ne fus pas le seul à y penser car Belegor émit à haute voix les réserves dont je me faisais la réflexion. Il proposa alors son propre plan, qui n’était pas si différent de ce à quoi j’avais moi-même pensé durant la nuit. Néanmoins l’hésitation dont il fît preuve était pour moi la preuve qu’il comptait libérer le prisonnier contre rançon une fois seul avec lui.

Nous échangeâmes un regard et je vis qu’il savait très bien que j’avais compris ce qu’il comptait faire. Comptait-il sur moi pour me taire et le laisser mener sa petite affaire tranquillement ? Pourquoi devrais-je l’en empêcher après tout ? Ce n’est pas parce que la proposition du détenu ne m’intéressait pas que je devais me mettre en travers de sa probable future richesse.

On pourrait arguer que le sens de l’honneur et du devoir aurait dû me pousser à le dénoncer ou alors à me proposer pour rester avec le prisonnier. Il y avait fort à parier que si je suivais cette voie, le caporal Fenrir me confierait la surveillance du captif. Mais c’est une toute autre raison qui me poussa à intervenir : le simple instinct de survie.

- Mon caporal, j’ai également pensé à une telle solution pendant la nuit mais de quel côté celui d’entre nous qui resterait avec le prisonnier se rendra t’il ? Si les bandits les trouvent, ils sont sûrs d’être massacrés. De plus ceux qui partiraient sans le prisonnier risquent aussi d’y passer si jamais les bandits se rendent compte qu’ils ont été trompés. Je ne crois pas un instant qu’ils nous épargneraient.

- Je suis de l’avis du caporal en ce qui me concerne, ajouta Nari. La bataille est peut être l’option la pus risquée mais nous sommes plus forts ensemble.

- Nous suivrons donc le plan initial,
trancha le caporal Fenrir.

- Si je puis me permettre caporal. Je suis prêt à me battre bien sûr mais en cas de bataille rangée je ne suis pas sûr que nous fassions long feu. D’une part le prisonnier peut difficilement se défendre avec les mains attachées et ni Taran ni moi ne possédons d’épée.

- Vous ne suggérez quand même pas de le détacher,
s’indigna Taran.

- Il a tout autant intérêt que nous à rester en vie, et si l’un de nous doit le prendre sur son cheval, ce ne sera pas pratique s’il est enchaîné.

- Ca ne règle pas le problème. Même non entravé il n’y a toujours que trois épées pour six hommes,
rajouta Nari.

Belegor n’avait rien ajouté. Peut être ressassait-il la perte d’un argent facilement gagné. Il savait pourtant que nos objections étaient légitimes et que si bataille il y avait, ce serait difficile d’espérer gagner avec deux hommes sans arme et un seulement équipé d’un arc. Il me regarda longuement et je crus lire une nouvelle résignation dans ses yeux.

Puis il se tourna vers le caporal Fenrir et demanda :

- Alors, que faisons nous mon caporal ?

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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyMar 4 Juin 2013 - 1:16
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Dans toutes les histoires qu'Ezendirakban avait entendues, qu'elles fussent racontées par un ivrogne dans une taverne, ou bien récitées par un conteur talentueux, on ne faisait jamais état de la difficulté qu'il y avait à prendre une décision dont l'issue pouvait potentiellement se révéler mortelle. On disait souvent : "et là, nous eûmes à choisir entre éviter nos ennemis, et les affronter de face". Et comme les gens qui écrivent ou qui inventent ces histoires sont amateurs d'héroïsme, les braves chevaliers impliqués finissent toujours par choisir l'affrontement face à face, quitte à risquer leur vie. Mais dans la situation présente, il n'y avait nul héroïsme chez les rangers, ni même chez le prisonnier ou le garde de la ville. Tous étaient en train de réfléchir à comment sauver leur vie, et non pas à comment ils envisageaient de mourir. S'ils se sortaient de cette mauvaise passe, ils pourraient toujours raconter à qui voudrait l'entendre que seul leur courage les avait guidé, et qu'ils avaient affronté le danger sans sourciller. Si et seulement si ils s'en sortaient.

Alors que tous réfléchissaient intensément, pour trouver une solution digne de ce nom, Ezendirakban ne pouvait pas s'empêcher de fixer du regard Belegor. Le ranger avait montré de l'intérêt vis-à-vis de la proposition de relâcher le prisonnier contre une récompense, et il paraissait évident que la nuit passée n'avait pas réussi à lui sortir cette idée de la tête, bien au contraire. Il paraissait plus hésitant que jamais. Il s'était d'ailleurs permis de tenter sa chance au vu et au su de son compagnon aux yeux gris, tout en sachant parfaitement que celui-ci pouvait le trahir immédiatement s'il le voulait. Etait-il si désespéré, avait-il tant besoin d'or qu'il était prêt à courir ce risque ? Le sourire du détenu s'était considérablement élargi, comme s'il était en train de réussir quelque plan diabolique. En vérité, il était peut-être en train de créer une faille dans la cohésion des soldats, qu'il pouvait espérer utiliser pour s'échapper. La voir s'ouvrir littéralement sous ses yeux ne pouvait pas le laisser de marbre.

Les choses auraient peut-être pu tourner selon le plan de Belegor, sans l'intervention de Mardil. Le ranger avait de toute évidence compris le manège de son compagnon, et même s'il ne souhaitait pas véritablement le trahir en révélant toute la vérité, il n'entendait pas le laisser faire aussi facilement. Contrant la cupidité par la force implacable de la logique, il exposa les arguments qu'il avait réfléchis pour empêcher quiconque de demeurer seul avec le prisonnier. A dire vrai, ils étaient assez logiques. Il suffirait que les bandits commençassent par fouiller le village pour se rendre compte que leur cible leur avait échappée. Et alors, ils risquaient effectivement de ne pas être de très bonne humeur. Massacrer tous ceux qu'ils trouveraient serait un bon début pour assouvir leur soif de sang.

Restait alors la solution proposée à l'origine par le caporal, qui constituait à foncer droit devant, à se frayer un chemin au fil de l'épée, et à rentrer glorieusement à Minas Tirith. Mais le souci était que des épées, ils n'en avaient pas assez pour livrer une véritable bataille. Mardil était équipé d'un arc, pratique pour prendre quelqu'un par surprise, mais beaucoup moins efficace lorsqu'on était soi-même susceptible d'être attaqué n'importe quand. Les arcs du Gondor étaient bien trop grands pour pouvoir tirer confortablement à cheval, et les rangers n'étaient pas aussi habiles que les cavaliers haradrim, qui pouvaient tirer avec précision depuis le dos de leurs montures. Mais visiblement, le ranger aux yeux gris était du genre à prendre des risques, car il suggérait à demi-mot de libérer le prisonnier qu'ils devaient convoyer, pour qu'il prisse les armes à leurs côtés. Ce n'était pas pour déplaire à Ezendirakban, qui préférait de loin voyager les mains libres plutôt qu'avec ces fers inconfortables. Mais de là à imaginer que ce fussent ses propres geôliers qui acceptassent de le détacher, c'était autre chose. D'ailleurs, la réaction de Taran ne se fit pas attendre. Il était de toute évidence contre, et la dent qu'il avait contre le détenu le poussait à refuser cette option qui, effectivement, présentait un risque non négligeable.

Dans cette situation, la décision revenait pleinement au caporal, qui était le plus à même de juger du danger que pouvait représenter le captif. Jusqu'alors, il ne s'était pas montré très féroce, et il n'avait pas vraiment de tentative pour s'échapper, même s'il était évident qu'il aurait préféré se trouver ailleurs, très loin. Cela dit, le récit de ses crimes avait peut-être suffisamment inquiété les hommes pour qu'ils fussent sur leurs gardes en sa présence. Mais devant l'air maladif du prisonnier, son apparente faiblesse, et son accoutrement qui le faisait davantage ressembler à un acteur de théâtre plutôt qu'à un mercenaire, il paraissait difficile de le prendre au sérieux. Ezendirakban, qui ne souhaitait pas véritablement s'éterniser ici, et qui estimait qu'en prêtant son concours aux soldats, il ne pouvait que se faire bien voir, décida de prendre la parole :

- Mes amis, j'ai peut-être une solution pour vous. Lors de ma capture, je n'étais pas...eh bien...aussi démuni que j'apparais actuellement. J'avais sur moi une épée, un bâton en bois que j'utilise pour marcher...

- Mais oui ! S'exclama Taran, en lui coupant la parole. Ses affaires ont été placées dans un coffre en métal. Peut-être qu'il n'a pas brûlé !

Sans vraiment attendre l'autorisation de sortir, il s'élança sous la pluie, et revint quelques minutes plus tard, avec un sac de voyage, un bâton de marche, un arc long, une dague courbe, et un sabre. Si l'arc était très proche de celui que portaient les rangers, la dague était indéniablement haradrim, ornée de motifs complexes et d'inscriptions que les soldats ne pouvaient déchiffrer. Le sabre, quant à lui, était assez similaire à celui que l'on trouvait sur les navires pirates. Assez court, sa lame était large et son tranchant affûté. Sans ornements, on aurait davantage dit un outil qu'une véritable arme, mais il était certain que cet objet avait déjà été utilisé, et qu'il pouvait tuer sans difficulté. Taran ne cachait pas son étonnement devant cet attirail pour le moins hétéroclite, car il arrivait assez peu souvent que des hommes s'équipassent dans autant de contrées différentes. Pourquoi un homme sensé aurait-il préféré un sabre pirate, s'il avait eu l'occasion de voir une épée longue du Gondor ? Pourquoi prenait-il un arc du même pays, s'il avait été en contact avec les arcs courts haradrim ? Cela n'avait pas véritablement de sens pour le garde, à moins que le détenu qu'ils transportaient n'ait eu l'occasion d'être à la fois pirate, guerrier haradrim, voyager au Gondor, et se constituer une fortune. Ce qui était proprement impossible selon les critères de Taran, au regard de l'âge apparent d'Ezendirakban.

Ce dernier était fort heureux de voir ses armes et ses affaires préservées des flammes. Il avait eu peur qu'elles fussent perdues à jamais, et il aurait été bien incapable de les remplacer, car elles avaient davantage une valeur sentimentale qu'autre chose. Il approcha la main de la dague, comme pour en caresser les motifs, mais Taran le repoussa vivement, inquiet de le voir si près d'une arme. Le prisonnier recula et s'excusa du geste :

- Je ne voulais pas m'en emparer, soyez-en certain. Allons, ne soyons pas idiots : laissez-moi simplement le sac et le bâton, pour marcher. Pour le reste, je vous les laisse. Vous les utiliserez sans doute mieux que moi, de toutes façons.

Il adressa un sourire malicieux aux soldats, qui l'interprétèrent chacun à leur manière. Le caporal, qui voyait l'heure tourner, et ses troupes toujours pas décidées, prit le parti de trancher. Il donna l'arc et la dague à Mardil - parce qu'il saurait probablement mieux s'en servir -, le sabre à Taran - car c'était une arme facile d'emploi -, et le reste au prisonnier, comme il le demandait. Un bâton pouvait certes faire mal, voire même assommer, mais il aurait fallu être prodigieusement doué pour venir à bout de cinq adversaires équipés d'armes mortellement dangereuses, et qui plus est ayant reçu un entraînement militaire. Malgré sa verve, Ezendirakban n'en demeurait pas moins physiquement affaibli, et cela se voyait, malgré tous ses efforts pour le cacher. Il accepta même de le détacher, même s'il conserva les fers, et annonça d'emblée au prisonnier qu'il serait attaché chaque soir, pour l'empêcher de tenter quoi que ce fût. L'intéressé montra son dépit, mais il ne dit mot, ce qui n'était pas dans ses habitudes.

Après avoir réparti leurs armes, les hommes montèrent en selle. Mardil écopa du prisonnier, au motif que la dague ne lui permettrait de toutes façons pas de livrer bataille à cheval, et qu'il ferait mieux de garder le prisonnier. Les autres seraient chargés de l'escorter, de le protéger, et de lui permettre de fuir le cas échéant. Que cela plût ou pas au soldat, le caporal s'en fichait un peu, à vrai dire. Il se dépêcha d'organiser le groupe, de distribuer ses ordres, trahissant son inquiétude par l'empressement qui transpirait de tout son être. Une fois tout le monde prêt, il donna le signal du départ.


~~~~


Un cavalier isolé arriva au niveau du campement, où s'était installé le capitaine, accompagné du gros de ses forces. L'homme mit pied à terre rapidement, avec une relative maladresse qui montrait qu'il n'était pas habitué à monter, et porta la main à son front respectueusement. Le Capitaine lui répondit de la même manière, et leva le menton, l'invitant à parler. L'homme s'empressa de faire son rapport :

- Capitaine, ils ont bougé ! Ils se dirigent plein, droit vers Minas Tirith. J'ai compté six cavaliers.

- Quelle audace ! Ils ne manquent pas de cran ! Mais ils auront bien du mal à nous distancer avec des montures ainsi alourdies. Rassemblez les hommes, nous partons en chasse !

Le soldat salua à nouveau, et s'éloigna en portant partout l'ordre du rassemblement. En moins de deux minutes, les cavaliers furent prêts au départ. Ils s'élancèrent sur les traces de leurs proies, comme des requins fondant sur des poissons sans défense. A leur tête, le Capitaine était pleinement concentré, conscient que si les soldats du Gondor avaient décidé de passer droit vers le Sud, cela ne pouvait signifier que deux choses : ou bien ils avaient cru à son histoire, et ils étaient particulièrement stupides, ou bien ils étaient prêts à mourir jusqu'au dernier pour ce prisonnier, ce qui présentait une difficulté supplémentaire. Une difficulté qui, malheureusement, coûterait de nombreuses vies.


~~~~


Les Gondoriens avaient observé des mouvements suspects à la périphérie de leur champ de vision, tandis qu'ils s'enfuyaient plein Sud, mais avec la pluie battante, il était difficile de discerner clairement quoi que ce fût. Mais dans tous les cas, pour l'heure, aucun groupe ne s'était dressé face à eux, et ils pouvaient avancer sans encombres. Ils avaient adopté une allure rapide, mais pas trop, pour préserver leurs chevaux tant qu'ils n'auraient pas identifié clairement de menaces. Ezendirakban, assis en croupe, tenait fermement son bâton, un sourire amusé sur les lèvres. Il appréciait de voir les soldats ainsi concentrés pour assurer sa propre survie. Ils ne pouvaient pas véritablement parler, à cause du vent et de la pluie, mais il était évident qu'ils partageaient la même inquiétude de ne voir personne se dresser devant eux. L'espoir de ne pas avoir à combattre commençait sûrement déjà à les contaminer, et c'était là leur pire ennemi, car le moindre relâchement pouvait les condamner. Avec un détachement feint, Ezendirakban demanda à l'oreille de Mardil :

- Vous croyez que nous leur avons échappé ?

Il n'était pas facile de parler sous cette pluie battante, mais il ne pouvait pas résister à la tentation.


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Qui suis tue ? EmptyMar 4 Juin 2013 - 21:23
Alors que j’étais suspendu aux lèvres du caporal, le prisonnier, qui était resté jusque là inhabituellement silencieux, nous fît savoir qu’il était armé avant d’être capturé. Par chance ses affaires avaient été protégées du feu et Taran sortit, fort imprudemment, et nous les ramena.
C’était probablement l’assortiment d’armes le plus hétéroclite que j’avais jamais vu. Il semblait évident que notre captif avait beaucoup voyagé et le mystère autour de sa personne n’avait jamais été aussi opaque. Le temps nous manquait cependant et le caporal répartit les armes et donna l’ordre du départ.

Je me demandais bien ce que j’allais pouvoir faire de deux arcs tout aussi peu pratique l’un que l’autre pour tirer à cheval mais je gardais mes remarques pour moi. Contrairement à la plupart des soldats du Gondor, j’étais tout à fait capable de décocher une flèche depuis un cheval en mouvement, bien que je n’ai jamais été amené à tester cette capacité dans les conditions d’un vrai combat. Il faut dire que mon entraînement d’espion avait été bien plus poussé que celui que recevait habituellement les rangers.

Même si mes capacités en escrime étaient loin d’être mauvaises, je savais que beaucoup de guerriers me surclassaient aisément dans cette discipline. Chez les gondoriens, en revanche, je faisais parti des meilleurs archers, et peu d’hommes, du Gondor ou d’ailleurs, étaient capables de rivaliser avec moi. Mais, outre les conditions climatiques désastreuses pour le tir à l’arc, les deux armes en ma possession se prêtaient plus à une utilisation en embuscade qu’à une bataille en règle.

Quant à la dague, j’espérais sincèrement ne pas avoir à m’en servir car cela signifierait que mes adversaires seraient dangereusement près. Le caporal accepta ma proposition d’enlever ses chaines à Ezendirakban même s’il le prévînt qu’il serait de nouveau enchaîné dès le soir même. Je n’eus pas l’impression qu’il fût gré cependant mais je savais que serait beaucoup plus pratique pour le cavalier qui devrait le prendre en charge.
Sans grande surprise c’est moi que le caporal désigna pour s’acquitter de cette charge, car je ne pourrais pas me battre à cheval, et sans doute aussi car j’étais le plus menu des rangers et qu’il fallait bien équilibrer les poids pour éviter de trop fatiguer notre monture.

Nous avançâmes relativement rapidement les premières heures, sans aucune trace des bandits. Mais il y avait fort à parier que ceux ci feraient parler d’eux tôt ou tard. Et mon instinct me disait que cela serait sans doute plus tôt que plus tard. Nos vêtements, seulement humides quelques heures plus tôt, étaient maintenant détrempés et je sentais le corps du prisonnier contre mon dos. A vrai dire, je n’appréciais que peu être dans une position aussi vulnérable mais il n’était pas dans l’intérêt du détenu de tenter quelque chose contre moi maintenant.

Nous étions tous tendus à l’extrême, dans l’attente d’un assaut inévitable, mais qui n’arrivait toujours pas. J’en venais presque à espérer une attaque prochaine, ne serait ce que parce qu’alors il me faudrait combattre pour ma vie et que je n’aurais plus le temps de me poser de questions.

Je sentis alors Ezendirakban se pencher vers moi et me demander s’il était possible que nous ayons échappé à nos poursuivants. Je réprimais un sourire malvenu et lançai, suffisamment fort pour qu’il puisse m’entendre malgré le vacarme ambiant :

- Je n’y compterais pas trop à votre place. Ils jouent avec nous comme des chats avec une souris. Ils attaqueront dès qu’ils en auront assez de jouer avec nos nerfs.

Je marquais une pause, car j’avais une fois de plus l’impression qu’on nous observait, même si cela était sûrement dû à la pression, car avec un temps pareil, il n’y avait pas grand chose à observer. Je ne pouvais cesser de me demander de quel côté l’attaque aurait lieu. Etaient ils à bonne distance derrière nous ou bien avaient ils prévu la direction que nous avions choisie et nous attendaient ils sur le devant du chemin ? A moins que ce ne soit les deux. Auquel cas nous serions cernés et il ne faudrait pas compter sur le faible espoir d’une fuite. Ce serait, à coup sûr, le pire scénario et j’espérais de tout cœur ne pas y être confronté.

- Dans tous les cas, Ezendirakban, j’ose espérer que vous êtes prêt à défendre chèrement votre vie car ces hommes ne s’arrêteront qu’à leur mort ou à la votre.



HRP désolé pour la longueur mais j'étais peu inspiré ce soir... HRP
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Qui suis tue ? EmptyJeu 6 Juin 2013 - 14:39
HRP : Pas de soucis Wink.
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Qui suis tue ? Ezendi10

Dans les conditions atroces de leur voyage, il était difficile de savoir ce qui était le plus insupportable. Etait-ce la pluie qui tombait sans arrêt, et qui les trempait des pieds à la tête, s'insinuant dans leurs vêtements ? Etait-ce le vent qui les glaçait jusqu'au cœur, et les faisait frissonner dès qu'il se levait ? Etait-ce l'angoisse de voir surgir des ennemis, qui les tenait éveillés perpétuellement, et qui les rendait nerveux, prompts à sursauter ou à jeter des coups d'œil à droite et à gauche ? Ou bien était-ce cette grisaille perpétuelle qui semblait les envelopper, les étreindre tel un cocon à la fois protecteur et menaçant ? Le prisonnier n'avait toujours pas trouvé la réponse, et il sentait qu'il n'y parviendrait pas avant d'être définitivement sorti de là. Mais cette réflexion occupait ses pensées, et lui permettait d'oublier son corps douloureux, ainsi que les préoccupations qui menaçaient de le tenailler. A commencer par le fait qu'il ignorait purement et simplement dans quelle direction ils allaient, et qu'il devait faire confiance à l'instinct des soldats. Avec toute cette pluie, il semblait impossible de distinguer le Nord du Sud, l'Est de l'Ouest, et ils auraient tout aussi bien pu arriver aux frontières du Rhûn qu'il n'aurait pas été davantage surpris. Mais le caporal semblait confiant, et il avançait à un rythme soutenu, obstiné dans l'effort, comme si chaque mètre gagné était un pas de plus vers leur survie...ce qui était à peu près le cas.

Afin de casser un peu la monotonie du voyage, qui était animé seulement par le bruit de fond de la pluie sur le sol, et celui des sabots qui pataugeaient dans la boue, Ezendirakban s'était dit que poser une question au ranger ne serait pas du luxe. Il n'imaginait pas entretenir une véritable conversation, mais entendre la voix de quelqu'un d'autre ne pouvait pas lui faire de mal. Cela lui rappellerait qu'il n'était pas seul dans cette situation, et que d'autres que lui souffraient également. Mais ils avaient des couvertures, eux. Raffermissant sa prise sur son bâton de marche, pour éviter qu'il ne lui glissât des mains, il se pencha légèrement en avant, pour entendre la réponse de Mardil malgré le vent. Elle n'était pas aussi optimiste qu'il l'aurait supposé, et l'idée de se retrouver piégé par ces bandits n'était pas véritablement pour lui plaire. Il détestait être traqué comme une vulgaire proie, dont tous les efforts de survie n'étaient en réalité qu'une distraction pour le prédateur, qui frapperait quand l'envie lui prendrait. En entendant la réponse du ranger, il se retourna, comme à la recherche d'une silhouette solitaire qui les aurait fixés. Mais il ne vit rien. S'ils étaient bel et bien là, alors ils jouaient effectivement avec leurs nerfs.

Le ranger marqua une pause, songeur, avant de terminer sur une phrase qui sonnait comme le dernier conseil d'un guerrier à l'approche d'une bataille. Combattre jusqu'à la mort, pour l'honneur et la gloire, et si possible sa propre survie. Dans son ton, il y avait une forme d'acceptation de la fatalité qui ne donnaient pas véritablement envie de s'en sortir. Ezendirakban demeura silencieux un instant, réfléchissant à ces paroles dures mais sincères, avant de répondre :

- S'ils nous rattrapent, je n'aurai plus à me soucier de ma sécurité, de toutes façons...

Après avoir lancé cette phrase énigmatique, il se mura dans un silence absolu, jusqu'au soir.

Les cavaliers mirent pied à terre lorsque la visibilité devint vraiment mauvaise, et que le caporal estima que dans ces conditions, ils risquaient davantage de se perdre qu'autre chose. Le caporal avait décidé de s'arrêter près d'un arbre, qui leur fournirait un abri tout relatif pour la nuit, mais surtout un point d'ancrage pour fixer de la toile, afin de dormir à peu près au sec. Ezendirakban n'avait aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, il savait simplement qu'il était gelé, et qu'il aurait tué pour un bon repas chaud. Mais pour éviter d'attirer l'attention, les rangers avaient convenu de ne pas allumer de feu, et ils durent se contenter d'un dîner frugal, qu'ils avalèrent sans vraiment prendre le temps de parler. Après avoir monté le petit campement, les tours de garde furent répartis selon le plan prévu la veille au soir : Taran, qui avait bénéficié d'une nuit complète, et le caporal prirent le premier tour, tandis que Nari et Belegor prenaient le second. Mardil échappait à la corvée ce soir. Le détenu, qui avait perdu un peu de son sens de l'humour mordant, n'en demeurait pas moins toujours aussi insupportable, et il protesta auprès du caporal qui voulait lui remettre les fers :

- Mais, caporal, geignait-il, il est si inconfortable de dormir avec les mains attachées ! Comment voulez-vous que je trouve le sommeil ainsi ?

Mais Fenrir était catégorique, et il fit finalement signe à Taran, qui immobilisa sans douceur le prisonnier, le temps que lui fussent passées ses chaînes. Le captif grommela pour lui-même sur l'incompétence et le manque de cœur des soldats, mais il ne jugea pas utile de discourir plus longtemps avec des gens qui ne voulaient pas l'écouter, et il se ménagea une place aussi confortable que possible sous la tente de fortune. Lui qui d'ordinaire aurait pris un malin plaisir à converser avec Mardil, à lui faire une nouvelle proposition, se laissa surprendre par le sommeil qui lui tendait les bras. Il s'endormit presque immédiatement, terrassé par la fatigue, le froid et la faim.


~~~~


Le ciel était d'un noir d'encre, ponctué de tâches un peu moins foncées, qui correspondaient à d'épais nuages déversant encore et toujours de l'eau sur les malheureux qui voyageaient. Le campement des rangers était à quelques dizaines de mètres tout au plus, mais l'éclaireur ne pouvait pas véritablement s'approcher davantage sans être repéré. Il avait laissé sa monture au camp, et avait suivi les traces alors qu'elles s'effaçaient presque sous ses yeux, emportées par la pluie. Mais il avait finalement réussi à repérer la position des fuyards, qui se reposaient en prévision de la journée du lendemain. L'homme était tapi dans l'ombre, parfaitement invisible, occupé à emmagasiner des informations. Il y avait toujours quatre chevaux, mais il ne discernait que deux silhouettes. Probablement deux gardes, chargés d'alerter les autres. Mentalement, il calcula la distance qu'il devait parcourir pour arriver à portée de sabre, tout en évaluant le temps qu'il leur faudrait pour remonter en selle.

Il était possible de s'approcher subrepticement du campement, et de leur fondre dessus à pied, mais si jamais ils parvenaient à s'échapper, le temps de retourner aux montures était autant de temps perdu. D'un autre côté, attaquer de front à cheval risquait de les alerter bien plus tôt, et de leur laisser le temps de filer. Fronçant les sourcils tandis qu'il se rendait compte qu'aucune solution n'était véritablement parfaite, l'éclaireur battit en retraite. Il marcha pendant un bon moment, emmitouflé dans un épais manteau, avant de rejoindre son campement. Les hommes s'étaient massés au pied d'une colline qui les cachait à la vue de leurs proies. Ils s'étaient disposé en cercle, et avaient même décidé d'allumer un feu pour l'occasion. Toutefois, c'était sans vraie conversation qu'ils mangeaient, pour récupérer de la pénible journée qu'ils venaient de vivre. Même s'ils aimaient la chasse, de telles conditions n'avaient rien à voir avec ce à quoi ils étaient habitués. Le vent et la pluie, ils connaissaient, mais ils n'étaient pas habitués à chevaucher, et ils étaient fourbus. Tous appréhendaient la journée du lendemain, qui pourtant serait vraisemblablement plus riche en action...


~~~~


Les rangers se réveillèrent avec les premières lueurs de l'aube, sans avoir aperçu le moindre signe de danger. Toutefois, alors que la lumière commençait à revenir, ils s'affairèrent à défaire le camp, pour prendre un peu d'avance sur leurs ennemis. Ils partirent en moins de quelques minutes, et se retrouvèrent de nouveau sur la route. Dans leurs têtes, le calcul était simple : ils n'étaient plus qu'à deux journées de l'Ithilien. S'ils pouvaient y arriver sans avoir rencontré personne, alors ils auraient gagné. Normalement...


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Mardil
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Qui suis tue ? EmptyJeu 6 Juin 2013 - 23:21
Malgré le bruit environnant la réponse d’Ezendirakban parvînt à mes oreilles. Je ne compris pas réellement ce qu’il entendait par là mais je n’avais ni le temps ni l’envie de le questionner plus avant. Il ne rouvrit pas la bouche de la journée et finalement le caporal décida de s’arrêter pour la nuit.

C’est avec soulagement que je quittais ma monture et me mis à préparer le camp. J’avais les membres endoloris après une journée de chevauchée dans ces conditions et lorsque le caporal Fenrir me dit que j’étais dispensé de garde cette nuit là, j’aurais pu l’embrasser tant la perspective d’une vraie nuit de sommeil était tentante.

Je pensais que j’aurais eu du mal à trouver le sommeil mais la tension accumulée toute la journée retomba comme un soufflé et je sombrais rapidement dans un sommeil sans rêve. C’est aussi frais que possible que je me réveillais le lendemain et que nous nous mîmes à démonter le camp. En quelques minutes, nous étions partis. Sans même nous en rende compte nous chevauchions plus rapidement que la veille, chaque pas de nos montures nous rapprochant des bois de l’Ithilien.

La pluie, sans pour autant avoir cessé, tombait un peu moins fort et la visibilité était somme toute meilleure pour des yeux bien exercés. Je ne savais pas si je devais m’en réjouir ou m’en inquiéter. Même si nous voyions un peu plus clair que les jours précédents, nous étions aussi plus repérables.

Nous étions partis depuis quelques heures et, à deux reprises déjà, j’avais eu l’impression que nos poursuivants gagnaient du terrain. Je ne savais pas si mes craintes étaient fondées mais alors que nous faisions une pause afin de faire boire les chevaux, il me sembla entendre le grondement caractéristique d’une troupe de cavaliers qui se rapprochait. De toue évidence, ils tenaient à rester discrets pour garder l’avantage de la surprise et attendait le moment propice pour attaquer.

Seulement les conditions parfaites n’existaient pas et plus ils perdaient de temps à se décider et plus nous nous rapprochions de notre but. L’environnement plus que monotone que nous traversions ne pouvait leur permettre de nous attaquer sans que nous les voyions venir à l’avance.
Je savais bien qu’ils devaient arriver aux mêmes conclusions et qu’ils risquaient de donner l’ordre d’attaquer très bientôt. Car même sans l’avantage de la surprise, ils étaient bien plus nombreux et leurs bêtes étaient sûrement plus en forme que les nôtres.

Je ne pouvais croire que les bandits nous laisseraient atteindre le couvert de la forêt. Ce serait alors pour eux perdre l’avantage et je ne les jugeais pas assez stupides pour laisser passer leur chance. Je jetais un coup d’œil à mes compagnons. Nous avions tous l’air épuisés et à cran. Cependant, alors qu’une détermination farouche se lisait sur le visage de Nari et du caporal, Belegor me semblait étrangement résigné, comme si il savait que notre fuite était sans espoir.

Quant au prisonnier il semblait s’affaiblir de jour en jour et j’en venais à me demander si sa santé supporterait encore longtemps notre éreintante chevauchée. Peut être voyait-il l’espoir de s’échapper déclinait au fur et à mesure que nous nous rapprochions de notre destination. Peut être aussi que son possible avenir, que ce soit captif à Minas Tirith, ou aux mains des brigands, n’était pas plus réjouissant dans un cas comme dans l’autre. Mais il ne faut pas sous estimer l’instinct de survie d’un homme même quand il sait à quel point ses options sont limitées.
Je fus alors stoppé net dans mes réflexions par l’émergence d’un bruit inquiétant derrière moi.

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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyVen 7 Juin 2013 - 23:57
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- Hum...Je suggère de fuir.

Ezendirakban avait lancé ça sur un ton détaché, qui contrastait avec son air grave, sa mine hagarde et sa mise terne et trempée. Il avait parlé autant pour les hommes qui l'accompagnaient que pour lui-même, comme s'il trouvait que formuler une évidence était, dans la situation présente, la seule manière de prendre conscience du danger qui fonçait droit sur eux. Mais cette simple phrase eut au moins pour effet de réveiller un peu les soldats qui observaient, quelque peu stupéfiés, une troupe de cavaliers fondre sur eux depuis leurs arrières. Ils avaient d'abord perçu le bruit caractéristique d'une cavalcade, alors que les montures étaient poussées au triple galop. Puis étaient venus les cris de guerre des bandits, qui hurlaient comme des damnés. Portés par les vents, c'était proprement terrifiant. Mais il avait fallu attendre encore quelques secondes pour distinguer, à travers le rideau de pluie épais, les silhouettes agressives des assaillants. Le caporal réagit le premier, et hurla d'une voix rauque :

- Repli ! Repli !

Le terme était peut-être mal choisi, car ils n'étaient pas une bataille égale, où ils auraient été miraculeusement surclassés, et où il leur fallait envisager une fuite ordonnée et cohérente pour se reconstituer, et réfléchir à un nouveau plan. Non. Il leur fallait surtout fuir, droit devant eux, le plus rapidement possible, jusqu'aux bois de l'Ithilien qui les protégeraient de leurs poursuivants. Mais le terme "repli" avait quelque chose de simple, de direct, et d'univoque qui garantissait que tout le monde comprendrait le sens général. En outre, il était facile à crier, et le caporal ne s'était pas privé. Les rangers passèrent en une fraction de seconde d'un trot monotone à un galop frénétique, tandis qu'ils encourageaient leurs montures de la voix et du corps, comme si cela pouvait leur faire comprendre l'urgence de la situation. Les bêtes, en effet, semblaient sentir la peur de leurs cavaliers, et elles semblaient allonger les foulées sur ce sol boueux, comme si elles savaient véritablement ce qui les poursuivait. Ezendirakban sourit pour lui-même, en se disant que ces créatures étaient stupides. Si elles avaient vraiment su, elles auraient été au moins deux fois plus rapides.

Le galop avait eu au moins le mérite de tous les réveiller, et de tous les rendre alertes. Le prisonnier, au départ un peu secoué par le changement d'allure, et qui s'était agrippé à Mardil comme s'il n'avait jamais chevauché de sa vie, était désormais pleinement concentré. Il jetait de fréquents regards en arrière, comme pour s'assurer que la distance ne se réduisait pas trop vite. Et il était déçu par ce qu'il pouvait observer à chaque fois. D'ailleurs, il ne se privait pas pour en informer son compagnon de selle, en lui criant à l'oreille :

- J'ai bien peur qu'ils ne se rapprochent, mon ami.

Autant de désinvolture était troublant, mais Ezendirakban paraissait accepter sereinement l'arrivée de ses poursuivants. C'était comme s'il n'envisageait même pas de se défendre, et qu'il attendait d'être cueilli. Mais après tout, quel espoir leur restait-il ? En sous-nombre, avec encore moins de chevaux, épuisés et trop loin de toute aide, ils ne pouvaient espérer qu'une mort rapide, en emportant autant d'ennemis que possible. Un avenir qui n'avait rien de très joyeux. Les cavaliers poussèrent leurs montures dans leurs derniers retranchements, et parvinrent à tenir à distance leurs poursuivants pendant de longues minutes. Mais bientôt, le cheval de Mardil commença à s'éloigner des autres, bientôt imité par celui de Nari et Taran. Au départ, le prisonnier se demanda comment les autres montures faisaient pour encore trouver des ressources pour accélérer, et puis il comprit que ce n'étaient pas elles qui allaient plus vite, mais eux qui décéléraient. Nari s'exclama alors :

- Caporal, les chevaux sont à bout ! Ils ne tiendront plus !

Il avait parlé pour deux, car il semblait évident que celui de Mardil était dans le même état. Le caporal ordonna à Belegor de ralentir, et il se porta aux côtés de ses hommes, avec l'air grave de celui qui envisage la dernière solution viable. Il cria par-dessus le vent et la pluie :

- En carré ! Les chevaux !

Au départ interloqué, Ezendirakban comprit où il voulait en venir lorsque les cavaliers dans un même mouvement arrêtèrent leurs montures, pour les disposer en carré. Ils mirent tous pied à terre, et dégainèrent leurs armes, retranchés derrière les corps de leurs fidèles destriers, prêts à encaisser l'assaut d'ennemis supérieurs en nombre. Taran aurait bien aimé se servir d'un arc, mais il savait qu'il aurait visé à côté, aussi se contenta-t-il de serrer fermement le sabre du prisonnier, tandis que les autres s'emparaient de leurs armes à distance respectives. Tous étaient désormais pleinement concentrés, comme si la fin du monde allait s'abattre sur eux - ce qui était peut-être le cas - et qu'ils avaient une chance de la stopper - ce qui était plus qu'improbable.

Le détenu serra fermement son bâton, en se demandant bien ce qu'une arme de cette nature pourrait de toute façon faire dans cette situation. Son esprit logique et rationnel lui disait qu'il n'était pas assez grand pour frapper un cavalier par-dessus les montures qui leur servaient de bouclier, et qu'il aurait été dans tous les cas trop exposé à un coup d'épée. Mais cela ne semblait pas déranger les autres, qui continuaient à fixer le lointain. A moins qu'ils ne fussent au courant, mais qu'ils préférassent ne pas s'en souvenir. L'ignorance était peut-être la clé pour avoir une mort plus douce. Ou pas. Fenrir prit la parole, comme son rôle l'exigeait, pour adresser quelques mots à ses troupes :

- Quoi qu'il arrive, tenez bon ! Fuir, c'est mourir. Si nous devons y passer, alors autant rester ensemble.

Les quelques secondes pendant lesquelles les rangers attendirent patiemment l'arrivée de leurs assaillants semblèrent durer une éternité. Ezendirakban était conscient de tous les détails de la scène, du moindre tressaillement sur le visage de ses infortunés compagnons, de la nervosité des chevaux, de la pluie qui s'était un peu calmée, mais qui continuait à les tremper. Sur les joues de chacun, on aurait dit que de grosses larmes s'étaient mises à couler, ce qui donnait à leur mine un air tristounet qui aurait pu être comique, si la situation avait été moins tragique. Car en effet, avant même la tristesse et la peur, se lisait dans leurs regards une détermination sans faille. Ils étaient prêts à tous mourir pour la cause qu'ils croyaient juste. Le prisonnier eut un sourire étrange, avant de glisser à l'oreille de Mardil :

- Je couvre vos arrières...Je vous suis.

Il n'attendait pas de réponse particulière, et à dire vrai, il n'y en eut pas véritablement, car ce fut le moment que choisirent les cavaliers pour arriver. Du sol, un cavalier juché sur sa monture lancée à une vitesse prodigieuse était un spectacle terrifiant. Le martèlement des sabots sur le sol avait de quoi saisir les cœurs les plus vaillants, car que pouvait l'homme seul devant la furie dévastatrice de ce que l'on pouvait décemment appeler une charge de cavalerie ?

Les rangs ennemis se séparèrent en deux, pour passer de chaque côté du carré improvisé, mis en place par le caporal. Les premiers hurlaient en brandissant leurs armes, et en les agitant en tous sens. Ils allaient tellement vite, et semblaient tellement nombreux. Parmi les suivants, certains tenaient des arcs, qu'ils bandèrent avec une agilité prodigieuse. Tous purent noter, au passage, qu'il s'agissait d'armes qui n'étaient pas confectionnées au Gondor. Les arcs étaient plus petits, plus proches de ceux que l'on trouvait au Harad. Moins puissants, ils compensaient par de nombreux avantages, notamment celui de pouvoir être utilisés plus facilement depuis le dos d'une monture. Les archers se dressèrent sur leurs étriers, pour se stabiliser, et visèrent, profitant de leur position surélevée. Ils tirèrent.

Ezendirakban se baissa par réflexe, pour éviter les traits mortels qui sifflaient au-dessus de sa tête. Dans ce duel d'archers, la précision n'était pas de rigueur, car le vent, la pluie et la mobilité des assaillants rendaient toute prise pour cible très complexe. Les rangers eurent juste le temps de riposter, avant de devoir se mettre à couvert pour éviter d'être criblés. Tous n'eurent pas cette chance, toutefois. Il y eut des cris, de la souffrance. Des cavaliers chutèrent de leur monture. Taran aussi. Le garde se retrouva avec une flèche fichée dans l'épaule. Il s'effondra en hurlant, mais son cri se fondit dans le vacarme ambiant. Le prisonnier lui jeta un regard en coin, se demandant s'il était prudent d'aller l'aider, mais l'assaut n'était pas terminé. Les cavaliers avaient disparu derrière un rideau de pluie, mais il était certain qu'ils allaient tenir compte de la tactique des rangers avant de revenir. Alors que le captif se demandait combien de temps cela leur prendrait, il entendit les chevaux revenir. La deuxième manche commençait, et s'annonçait encore plus meurtrière.


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Qui suis tue ? EmptyLun 10 Juin 2013 - 21:51
Nos ennemis s’étaient finalement décidés à passer à l’offensive. A travers la pluie battante nous aperçûmes les cavaliers, bien plus nombreux que je le craignais, arriver sur nous à une vitesse phénoménale. Nous fîmes aussi tôt volte face et partîmes au triple gallot en direction du sud.
Mais il était mathématiquement impossible d’atteindre le couvert des bois avant que les bandits ne nous rattrapent. Très vite les chevaux devant supporter le poids de deux cavaliers perdirent de la vitesse. Nari en avisa le caporal et celui-ci nous fît adopter une formation en carré. La stratégie était simple, couvrir toutes les directions possibles et les cribler de flèches avant qu’ils n’aient pu nous atteindre.

Mais c’était sans compter le fait que nos ennemis possédaient des arcs leur permettant de tirer depuis le dos de leurs montures. J’enregistrais vaguement que le prisonnier se proposait de couvrir mes arrières tant j’étais concentré sur la bataille qui s’approchait mais je ne pus m’empêcher de me demander comment il compter réaliser un tel exploit armé seulement de son bâton.

Je n’eus pas le temps de lui poser ma question car nos adversaires étaient maintenant à portée de tir. Je bandais mon arc et visais l’archer le plus proche. Il n’eût pas le temps de tirer car ma flèche lui transperça la gorge et il s’effondra sous son cheval. Les autres avaient décoché leurs flèches en revanche et nous nous mîmes autant à couvert que possible. Malheureusement Taran ne fût pas assez rapide et il s’effondra dans la boue, une flèche plantée dans l’épaule.

De là où j’étais je ne pouvais savoir si la blessure était sérieuse mais il semblait incapable de poursuivre le combat. D’un coup d’œil je m’assurais que personne d’autre n’était blessé et je me préparais à la contre offensive des brigands. C’est alors que je me souvins qu’Ezendirakban derrière moi n’avait qu’un simple bâton pour se défendre.
J’oubliais alors la prudence et misais sur le fait qu’il serait plus intéressé par sauver sa peau que par nous attaquer. De toute façon c’était ça ou mourir sous les coups des bandits. Je lui tendis alors son arc et ses flèches, en espérant qu’il était un bon archer.

Très vite je me remis en position car les guerriers fondaient de nouveau sur nous. Cette fois ci ils avaient opté pour ne technique de charge. La stratégie était risquée car ils étaient sans défense durant la charge mais si celle ci réussissait alors notre carré serait brisé. Armes aux poings ils déferlèrent sur nous.

Nous décochâmes nos flèches, faisant mouche et réduisant un peu plus le nombre de nos adversaires. J’eus même le temps de tirer ne seconde fois avant que les cavaliers ne soient sur nous. Presqu’une dizaine des leurs était tombée et ils semblaient toujours aussi nombreux.
J’eus juste le temps de voir Nari, Belegor et Fenrir dégainer leurs épées avant que nos ennemis ne soient sur nous. Je me jetais sur le côté afin d’éviter la lame de nos assaillants et sous le choc nos chevaux fuirent, nous laissant encerclés par nos ennemis. C’était désormais à la pointe de l’épée qu’aller se décider notre destin. J’eus aimé en avoir une à disposition en cet instant mais faute de mieux, je m’emparais de la dague d’Ezendirakban et fis face à mon assaillant le plus proche.
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Ryad Assad
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Qui suis tue ? EmptyMar 11 Juin 2013 - 16:29
Qui suis tue ? Ezendi10

Le chaos était total. Le combat était engagé, et il paraissait évident que les bandits ne reculeraient plus, désormais qu'ils avaient réussi à piéger leurs proies. Ils avaient attendu longtemps avant de passer à l'action, et leur frappe se devait d'être décisive. L'une des deux parties devrait céder la victoire à l'autre, ce qui signifiait plus ou moins mourir vaillamment, tomber l'épée à la main, comme tout valeureux soldat doit le faire. La chute de Taran, percé d'une flèche, mit un coup au moral des défenseurs, qui venaient de voir leurs effectifs réduits de manière brutale. La moindre perte augmentait significativement les chances d'être le suivant à être pris pour cible. Chacun se demandait, in petto, qui serait le prochain à tomber, et s'il ne valait mieux pas mourir ainsi, sans vraiment s'en rendre compte, plutôt que d'attendre l'heure inéluctable du corps à corps, qui verrait son lot d'atrocités, d'horreurs.

Ezendirakban, son bâton toujours serré entre les mains, avait réussi à éviter les flèches lors de la première attaque, en se baissant courageusement. Il ne s'en félicitait pas, car il était évident que les cavaliers cherchaient à abattre les hommes armés, et le prisonnier ne représentait de toute évidence pas une menace, ainsi équipé. Son bâton aurait eu de quoi faire sourire n'importe quel adversaire, surtout monté. Mardil dut s'en rendre compte, car, après un bref moment d'hésitation, il tendit son arc supplémentaire au captif, qui le regarda, non sans cacher sa surprise. Ils demeurèrent un instant l'un face à l'autre, comme si aucun danger ne les menaçait, et qu'ils pouvaient prendre leur temps pour une petite conversation. Ezendirakban lâcha d'ailleurs :

- Je pourrais m'en servir pour vous tuer, vous savez...

Il avait dit ça sur un ton grave, qui appelait peut-être des explications plus précises, mais il fut interrompu par les cris des bandits qui revenaient à la charge. Avec empressement, il s'empara de l'arme, et poursuivit :

- Je n'oublierai pas votre geste.

Ezendirakban était un bon archer. Il avait eu du temps pour s'entraîner, dans sa longue vie, et il ne ratait pas sa cible facilement. Certes, les éléments étaient déchaînés, il était épuisé, et leurs ennemis étaient des cavaliers en mouvement, mais il se sentait suffisamment en forme pour en abattre un ou deux avant qu'ils ne fussent trop près. Le captif se positionna non loin de Mardil, et encocha une flèche avec une aisance évidente. Il tirait selon une technique particulière, à deux doigts, paume vers l'extérieur. La chose aurait pu paraître étrange s'il n'avait pas eu dans l'attitude une telle confiance en lui, qui laissait à penser que l'originalité de sa prise ne gênait en rien sa précision. Les gondoriens se tenaient prêt à recevoir les cavaliers ennemis sous une nuée de flèches, ce qu'ils firent avec talent. La seconde vague des bandits fut ébranlée par plusieurs pertes. Ezendirakban laissa filer son trait, qui partit en trombe, et qui se planta dans le bouclier d'un des cavaliers. Il fut déstabilisé par la force de l'impact, mais il ne chuta pas de son cheval, et poursuivit son assaut. Il était trop tard pour tirer à nouveau, et chaque homme s'empara de son arme blanche, prêt à vendre chèrement sa vie.

Les chevaux disposés en carré se dispersèrent, lorsqu'ils subirent l'assaut de plein fouet. Les bandits se jetèrent au sol avec une agilité surprenante, et s'engagea à alors un corps à corps désespéré, où chaque ranger était à un contre deux voire trois. Belegor, qui maniait son arme avec force, parvint à infliger une blessure sérieuse à un des assaillants, mais profitant de cette ouverture, les deux autres se glissèrent sous sa garde, et le frappèrent au ventre et à la jambe. Il s'effondra en hurlant, les mains plaquées sur ses blessures, comme s'il espérait ainsi survivre à l'affrontement inégal. Les bandits écartèrent de lui l'épée qu'il tenait en main, et se ruèrent sur les autres survivants, pour aider leurs camarades.

Nari et le caporal s'étaient rapproché l'un de l'autre, ferraillant comme ils le pouvaient contre des ennemis supérieurs en nombre. Face à la forêt de lames qui leur faisait face, ils ne pouvaient pas faire grand chose que de se défendre. Chaque tentative pour passer à l'assaut laissait de trop grosses ouvertures dans leur garde. Ils devaient se dire, sur le moment, qu'un bouclier n'aurait pas été du luxe. La fatigue accumulée par leur longue chevauchée, par le temps exécrable, et par l'anxiété due à leur situation avait considérablement réduit l'endurance des soldats, et le caporal finit par s'effondrer, atteint par un coup de gourdin à la tempe. Avec un cri rageur, Nari plongea vers ses ennemis, au mépris de sa propre sécurité. Il en pourfendit un de son épée, et manqua briser l'encerclement, mais une dague meurtrière vint le cueillir au passage, lui ouvrant la gorge. Son corps chuta sans grâce, face contre terre, tandis qu'une flaque rouge naissait sous lui. Il était mort, à n'en pas douter.

Il était difficile de savoir si Mardil avait eu l'occasion de voir ses compagnons être submergés, et s'il était au courant qu'il était le dernier rempart entre le prisonnier et les bandits qui marchaient désormais sur lui. Avec une dague dans la main, les chances de succès se réduisaient considérablement, et il paraissait impossible de gagner. Il aurait fallu une intervention providentielle pour les sortir de cette mauvaise passe, mais ils étaient pour l'heure bien trop loin de l'Ithilien pour espérer recevoir du renfort. Un des combattants, parfaitement calme, s'avança hors du cercle que formaient les bandits. Il avait une certaine noblesse dans le regard et dans l'attitude, et il était évident qu'il était le chef du groupe. Il dégaina vivement un sabre court et large, comme on en voyait habituellement sur les navires pirates, et se mit en garde, prêt à affronter en duel le dernier vaillant soldat qui lui résistait. Mais ce sabre court et large, ce n'était pas la première fois que Mardil en voyait un. En fait, il en avait vu un très récemment. Beaucoup trop récemment pour qu'il s'agît d'une coïncidence.

Avant qu'il ne comprisse quoi que ce fût, le ranger sentit une vive douleur à l'arrière de son crâne. Sa vision s'obscurcit, et il sombra dans l'inconscience.


~~~~


Au moment où il se réveilla, Mardil était allongé par terre, les mains attachées par les mêmes fers que ceux qu'Ezendirakban portait auparavant. L'intéressé était d'ailleurs toujours là, en pleine conversation avec le chef des brigands, qui semblait en colère :

- Nous avons perdu beaucoup d'hommes, monsieur ! Beaucoup trop d'hommes pour laisser des témoins en vie ! Nous avions convenu d'un plan qui vous ferait passer pour mort aux yeux des autorités. Si nous laissons ces rangers en vie, alors mes hommes se sont sacrifié pour rien !

Le prisonnier - ancien prisonnier, en réalité - leva la main pour couper court à ces protestations. Dans la situation actuelle, il apparaissait clairement qu'il était aux commandes de cette bande. Il répondit d'une voix tranquille, empreinte d'autorité :

- De toute façon, ce plan est un échec. Nous devions faire croire que j'avais péri dans l'incendie du village, et cela n'a pas marché. Que pourrions-nous faire, désormais ? Abattre ces soldats de l'Arbre Blanc, et faire croire que mon corps aurait "mystérieusement disparu" ? Les ramener à Rougefer pour les brûler ensuite ? Allons, capitaine, vous n'êtes pas réaliste. Vos hommes ont sacrifié leur vie pour moi, et je suis votre débiteur, mais je ne peux accepter de prendre la vie de ces soldats pour le simple plaisir...

Le capitaine demeura un instant pensif, comme s'il assimilait ces informations. Finalement, il inspira puis expira profondément, comme pour se calmer, et hocha la tête. Il avait accepté la situation, et il devait bien reconnaître qu'il ne servait à rien de faire couler le sang inutilement. Il se tourna vers Mardil, et fit un geste en direction d'Ezendirakban, pour lui signifier qu'il était réveillé. L'intéressé se tourna dans sa direction, et s'approcha de lui, un grand sourire aux lèvres. Il avait toujours l'air aussi fatigué et malade, mais le fait d'avoir abandonné ses chaînes lui donnait l'air vif et plein d'énergie...ce qui contribuait à le rendre menaçant, désormais qu'il avait récupéré son sabre et sa dague, qui pendaient ostensiblement à sa ceinture.

- Ravi de voir que vous êtes réveillé, cher ami. Et désolé pour le coup sur la tête, mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour éviter que le capitaine ne vous tue. Vous aurez probablement une belle bosse, mais vous vous en remettrez, naturellement.

Il sourit plus largement encore, si c'était possible, même si ses yeux n'exprimaient aucune joie. Il reprit, d'un air détaché :

- Vous avez été bon avec moi, ranger, aussi ai-je consenti à vous faire deux cadeaux...Vos compagnons sont en vie, à l'exception du plus jeune. Il a été tué dans l'affaire, et je le regrette. Taran n'a pas non plus survécu, voyez-vous, mais j'ai un peu aidé à sa fin de vie en lui tranchant la gorge. Votre ami avide...Belegor, est blessé, mais la plaie n'est pas profonde, et nous l'avons soigné sommairement. Il devrait tenir jusqu'à Minas Tirith. Quant à votre caporal, il a reçu un coup sur la tempe, et il est toujours inconscient. Je suppose qu'il aura un peu oublié ce qu'il s'est passé quand il se réveillera, mais il devrait pouvoir manger des aliments solides d'ici quelques semaines.

Il rit tranquillement, fier de son humour désagréable, et qui n'amusait que lui. Cela dit, il n'avait présenté qu'un seul cadeau, et il s'en rappela finalement :

- Oh, et j'allais oublier. En me rendant mon arc, on peut dire que vous avez accepté de me rendre ma liberté...ou presque. Vous n'aurez pas la somme promise, parce que vous l'avez fait en désespoir de cause, mais je trouve que vous méritez tout de même une petite récompense...

Il fouilla dans sa sacoche, et en tira un petit objet brillant, qu'il tendit au ranger. Il s'agissait d'une chaîne au bout de laquelle était suspendu un pendentif représentant une étoile à cinq branches, finement ciselée dans l'argent, et sertie de six saphirs magnifiques : un à chaque extrémité de l'étoile, et un dernier au centre. L'ouvrage devait valoir un bon paquet d'argent, car il avait l'air ancien, en dépit du fait qu'il était remarquablement conservé. Ezendirakban le laissa se balancer sous les yeux du ranger, avant de le laisser tomber sur sa poitrine.

- Númenor. Là où les miens sont nés.

Voilà qui expliquait désormais son grand âge. Pendant qu'ils discutaient, les cavaliers avaient rassemblé les chevaux des rangers, qui n'étaient pas allé trop loin finalement. Ils avaient attaché les montures à un piquet fixé dans le sol, de sorte qu'elles ne s'éloignassent pas de trop. L'un des hommes avait déposé la clé des entraves de Mardil sur la selle de l'un d'entre eux, là où même le vent et la pluie ne pourraient pas la faire tomber. Il avait pris soin d'attirer l'attention du jeune ranger sur l'endroit où il la positionnait, de sorte que dès leur départ, il pourrait immédiatement la récupérer.

Ezendirakban jeta un regard circulaire sur les lieux, comme s'il sortait de chez lui, et qu'il vérifiait s'il n'avait rien oublié. Il se hissa sur une des montures laissées libres par un de ses hommes décédé, et se positionna aux côtés du capitaine, en tête. Il s'apprêtait à donner le signal du départ, quand il se souvint de quelque chose. Il cria, par-dessus le vacarme de la pluie :

- Ah, au fait, ranger ! Je les mange ! Les organes !

Son rire irritant résonna dans l'air longtemps après qu'il eût disparu.

____

HRP : voilà qui clôt notre RP ^^. Je te laisse répondre, bien entendu, et ensuite tu pourras aller ton chemin Very Happy


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Mardil
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Qui suis tue ? EmptyMer 12 Juin 2013 - 22:36
Le combat était plus qu’inégal mais je réussis tout de même à garder une distance de sécurité entre mes adversaires et moi. Même si je ne parvins pas à les blesser (qu’aurais je fait avec une simple dague de toute façon ?), j’évitais au moins d’être blessé, si ce n’est tué.

Du coin de l’œil je vis que mes camarades n’avaient pas autant de chance que moi. Belegor était blessé, je ne savais pas exactement où mais son cri de douleur ne m’avait pas échappé. J’assistais, impuissant, à la mort de Nari avant de me jeter sur le côté pour éviter d’être taillé en pièces par l’épée de mon adversaire. Je n’avais aucune idée de la manière dont le caporal Fenrir s’en sortait.

C’est alors que le chef des bandits s’avança vers moi. Il dégaina son arme, et je me rendis compte qu’il s’agissait du même genre de sabre que celui du prisonnier. Un éclair de compréhension passa dans mes yeux et alors que j’allais me retourner vers Ezendirakban, je reçus un violent coup sur la tête qui me rendit inconscient.

En me réveillant je ressentis une violente douleur à la tête. Je voulus porter ma main à mon crâne mais je me rendis compte que j’étais attaché. Le ranger était devenu le prisonnier. Et lui qu’était-il devenu ? Et bien apparemment il avait simplement repris la place qui avait toujours été la sienne. Celle d’un homme libre car il n’avait jamais vraiment été prisonnier.

Malgré la douleur lancinante à la tête, je compris d’après la conversation qu’il avait avec ses alliés que ce plan était son idée depuis le début. Même s’il était évident qu’il ne s’était pas déroulé comme il l’avait prévu. Je ne savais quelle émotion était le plus forte en moi. La colère d’avoir été trompé depuis le début ou la déception de n’avoir pas su voir clair dans ses manigances.

Enfin il serait bien temps de faire mon mea culpa si je sortais vivant de cette histoire. Mais je compris bien vite que je n’avais pas à m’en faire pour ça car Ezendirakban était en train de me sauver la vie, de nous sauver la vie à tous en fait. D’une façon finalement assez tordue, ma décision de lui rendre son arme avait bien été la bonne, même si ce n’était pas ainsi que j’imaginais la fin de notre périple.

Il s’adressa enfin à moi et m’apprit le destin de mes compagnons. J’étais heureux de savoir que mes autres camarades étaient en vie et que seul Nari avait été tué. La mort de Taran n’était vraiment pas une surprise car il était évident depuis le début que la tension entre lui et le prisonnier, ou plutôt l’ancien prisonnier, se réglerait de manière violente.

Je me passais de répondre. Ezendirakban ne s’attendait à aucune réponse du reste. Puis il sortit un pendentif d’une beauté saisissante, tout en argent et en pierres précieuses. Malgré l’ancienneté évidente de l’objet, il était parfaitement entretenu. C’était ma récompense, celle que je n’avais pas demandée. Celle que je savais aussi que j’accepterai ne serait ce que pour me rappeler cet échec. Et qui sait cela me serait très utile si j’avais besoin d’argent un jour. C’est alors qu’il me révéla l’origine du pendentif, ce qui éclaira quelque peu ma lanterne sur les aspects les plus étranges de cet homme peu commun.

Alors qu’il s’appétait à partir avec ses hommes, il se retourna et d’un ton moqueur (mais pouvait-il s’exprimer autrement) répondit à ma toute première question. Etait ce un trait de son humour tordu, était ce la vérité ? Je n’en savais rien et je découvris, bien tard il est vrai, que la réponse m’était bien égale.Je savais juste que si jamais nos chemins se recroisaient je n’hésiterais pas à tirer à vue. Un homme capable de faire massacrer tout un village, hommes, femmes et enfants pour satisfaire ses intérêts ne méritait pas mieux.


Je finis par me lever et me libérer des fers. J’inspectais ensuite l’état de mes compagnons et dès qu’ils furent en état de chevaucher, nous reprîmes notre route vers Minas Tirith. J’avais expliqué toute l’histoire au caporal Fenrir, sans rien lui cacher à part la proposition de Belegor et la récompense que j’avais obtenue. Notre humeur était maussade. Non seulement nous avions failli à notre mission mais nous avions perdu l’un des nôtres. Sans surprise le caporal Fenrir décida de porter le blâme seul pour l’échec de la mission et je fus rapidement réaffecté à la surveillance des bois de l’Ithilien.

Je n’avais passé que quelques jours dans la cité blanche et j’avais eu l’impression, probablement non fondée, que quelqu’un me surveillait en permanence. J’avais de plus en plus de mal à supporter ce climat tendu et ma paranoïa naissante. Je n’espérais qu’une chose, un assignement qui m’enverrait au loin. De toute façon où que l’on m’envoie ce ne serait jamais trop loin pour moi.

HRP Et bien j'ai adoré ce premier RP, vivement le suivant Smile
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