Tous les chemins mènent à Cavenain.

Dwolin courait, sa respiration haletante et ses jambes de plus en plus lourdes. On ne voyait pas à deux mètres, la neige ralentissait ses pas et le froid commençait à paralyser ses membres . Il ne pourrait bientôt plus continuer et devrait s'arrêter, à la merci de son poursuivant. Dans un dernier effort, il se cacha dans un tronc creux, en espérant qu'à cause de la tempête de neige le loup perde sa trace. Après un moment,
les cris du loup se turent. Dwolin sortit de sa cachette et essaya de repérer la silhouette de son poursuivant parmi les flocons. Il ne voyait rien.

Ouf ! Se dit Dwolin. Cette tempête aura tout de même servi à quelque chose ! A part que maintenant, ça va être difficile de retourner au campement...

Le « campement » était une grotte pas très loin de là. Dwolin s'en servait de base pour ses explorations de la région depuis près de deux semaines.

Il y avait deux semaines, Dwolin s'était brutalement vu refuser l'entrée dans la Moria. Le garde,en voyant l’état calamiteux de Dwolin, avait prétexté qu'un surplus d'immigrants arrivait tout les jours et que tout le monde ne pouvait entrer. Cependant Dwolin était têtu et voulait chercher des traces de son père avec lequel il avait coupé toutes relations depuis d'innombrables années et dont il n'avait guère de nouvelles à part une brève lettre l'informant de son arrivée en Moria.

Il apprit ,alors qu'il logeait dans un camp de réfugié devant la porte de la Moria, qu'il existerait des entrés secrètes dans les flancs des Monts Brumeux construites par des contrebandiers qui désiraient éviter les taxes mirobolantes imposées par les autorités de Cavenain.

Bien que cela ne soit que des rumeurs, peut être infondées ,Dwolin, intrépide Naugrim, avait décidé d'explorer la région concernée depuis cette Caverne. Il avait même réalisé ce que l'on peut qualifier de « carte rudimentaire » (la cartographie n'avait jamais était une grande passion chez lui ) le bout de parchemin indiquant à peu près les endroits déjà visités .

Ainsi, il rentra dans sa grotte en prenant bien soin d'éviter les pièges qu'il avait lui même posés ;il était bredouille, ses recherches ayant été interrompues par la tempête de neige; et fatigué après avoir échappé au loup. Il alluma un feu et inspecta ses provisions :

Pas de quoi tenir dix jours... Soupira-t-il.

Il s'assit , pris une portion de crâm , jeta un coup d’œil en direction de la carte et se mit à réfléchir.
A cause de l'hiver, ses recherches étaient ralenties , les bêtes se faisaient plus fréquentes, plus agressives et le froid rendait pénible la moindre action.

Fichu hiver!Grommela-t-il.

Il s'enroula dans sa couverture en espérant que le feu ainsi que les pièges tiendraient les bêtes à distance et s'endormit petit à petit, bercé par les crépitements des flammes.

Il se fit réveiller le lendemain par des voix de nains au cœur d'une tempête de neige :

-Ah !!!!! Qu'est-ce que c'est que ça ?

Un nain était tombé dans l'un de ses pièges. Dwolin s'approcha et observa la scène : quatre nains, dont un au fond du trou, formaient un convoi. Chaque nain tirait une petite charrette large d'un mètre et longue de deux, transportant des petits sacs .

-Tiens bon ! On va te hisser avec une corde !

Dit un nain de moyenne stature, d'une voix violente et bourrue.

Sans doute le chef. pensa Dwolin.


-Je crois que j'me suis cassé une jambe ! Qui est le fils d'orque qui pourrait avoir l'idée de poser un piège ici ?

-Vous deux !

Dit le chef en désignant deux nains à l'arrière du convoi.

-Allez m'chercher une corde et aidez moi à le tirer !

Aussi tôt dit, aussi tôt fait. Le nain rapidement sorti fit remarquer :

-Avec ce temps de chien on avancera pas d'un poil ! Trouvons un abris le temps que la tempête s'calme !

Le Chef, bien que frustré acquiesça :

-T'as raison on a pas le choix ! Cherchons un refuge !

C'est ce qu'ils firent et c'est à ce moment que Dwolin prit conscience de sa situation : ils ne tarderaient pas à trouver son abris !
Il en avait déjà perdu deux des yeux et se demandait que faire .En pleine panique il sortit de la caverne et se réfugia derrière un buisson pour mieux épier ses potentiels adversaires, cependant ils avaient tout simplement disparus de sa vision ! Il les chercha en vain du regard ;puis reçu un coup brutal sur la nuque et s'écroula avant d'avoir compris ce qui lui arrivait.

-T'es qui toi et tu fais quoi ici ? Dit une voie bourrue et impatiente.

Dwolin reconnu la voie du chef de la bande et ,encore étourdit, dédaigna répondre, ce qui eut pour effet une violente droite dans le nez.

-Aïe !

Son tortionnaire recommença. Malgré la douleur Dwolin réussit à articuler quelques mots :

-M'appelle Dwolin.

-Pourquoi t'es dans l'coin?

-J'explore la région.

-Et pourquoi c'la?

Dwolin qui ne savait pas à qui il avait à faire, et qui était un nain très fier, préféra ne pas répondre et le provoqua :

-Et vous, vous êtes qui d’abord ! Je veux bien parler, mais pas à n'importe qui ! Encore moins à un sous-fifre !

Tout ce qu'il reçu en retour fut d'autres coups bien ajustés qui le laissèrent sonné et endolori. Il observa là où il était. Ils étaient toujours dans la grotte, le chef devant lui, l'un des autres nains avec des bandages à la jambes et les autres préparant les charrettes. Le chef reprit :

-Joue pas au plus malin avec moi, je pourrais t'uer ,là ,tout de suite . Mais bon si tu veux voir l'patron... tu vas le voir !

Tout ce dont se souvint Dwolin par la suite, c'est un énorme coup sur la tête qui l’assomma et des mains le mettant sur une des charrettes, le reste n'étant plus que froid, douleur, confusion et mélange entre rêves et réalité.