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 Une étrange compagnie.

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Dolan
Vagabond
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Dolan

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Une étrange compagnie. EmptyVen 30 Aoû 2013 - 11:59
Le crépitement d'un feu de bois, la chaleur humaine que cela provoque et la facilité déconcertante avec laquelle on peut s'abandonner à penser et à rêver devant les flammes. Dolan connait bien cette situation, cette sensation de bonheur. Cela fait des années qu'il voyage à travers toute la terre du milieu, et il s'est si souvent retrouvé dans une situation telle que celle-ci. Que ce soit seul ou accompagné il as toujours apprécié ces moments de calme. Dolan, assis sur la couverture de fortune qui l'accompagnait dans chacun de ses périples, repensait a Faenen, Un elfe qu'il avait eu l'immense de côtoyer durant un autre temps, cet elfe fût le seul à avoir jamais eu la totale confiance de Dolan, et a connaître son véritable nom. Parfois, dans un moment de repos tel que celui qu'il vivait en cet instant, il lui arrivait de regretter. De se demander si la vie qu'il menait le contentait complètement. Ce genre de pensée ne restait jamais très longtemps, il n'était pas homme à s'abandonner aux regrets.

Un craquement le sortit de ses songes, derrière lui un homme venait de marcher sur une branche et s'approchait dans son dos. Il Regarda devant lui et fît rapidement le compte, ce ne pouvait être que Ezendirakban qui s'approchait. Dolan contrôla des yeux que son épée se trouvait a proximité, on ne sait jamais il faut toujours être prêt à tout. Dolan l'avait appris à ses dépens il y a bien longtemps. L'homme fît le tour du feu et se retrouva en face du chef d'expédition. Il le salua puis se ménagea une petite place près de l'unique source de chaleur des environs. Sorte d'oasis salvateur durant cet hiver insupportable. Dolan l'observa intensément, absolument aucune trace d'agressivité, de méfiance ou de provocation que ça soit dans ses gestes ou dans ses propos. Dolan sentit le petit piège dans le fait qu'il lui fallait désormais se présenter en premier mais ceci l'amusa. Dolan était né de nature sociable, il aimait les gens, la conversation, les échanges et les franches rigolades. Il se détendit et regarda son interlocuteur dans les yeux avec un petit sourire lui signifiant qu'il était profondément content de pouvoir deviser ainsi avec un homme qui ne sois pas une brute épaisse dénué d'esprit voir de toute intelligence. Dolan remarqua que Ezendirakban avait compris et cela semblait réciproque.

-J'vous le confesse l'ami, c'est une sensation que j'affectionne tout particulièrement. Une bonne journée à dos de canasson ça vous revigore son homme ! D'ailleurs si je peux me permettre, je vous ai vu monter, et j'ai remarqué que vous avez l'habitude de ces folles chevauchée. Vous avez une façon vraiment gracieuse de monter. Vous savez ce qu'on dit, montre-moi comment tu montes je te dirais qui tu es.

Dans un léger rire, Dolan posa les yeux sur sa besace, ce qui lui tira un franc sourire. "Tenez mon cher, j'ai quelque chose pour rendre ce moment encore plus délectable" Il ouvrit sa besace et en tira du pain et un excellent fromage rohirrim. Il coupa une part de pain et pris un bout de cet odorant casse-croûte, puis le tendis avec un sourire complice a Ezendirakban. C'est en voyant son regard a la fois reconnaissant mais très étonné que Dolan compris. Il venait de faire une erreur, plusieurs même. "gracieuse, délectable…"
Si ces mots convenait parfaitement dans la bouche de Dolan, il était tout autre dans celle de Trainduc. Il marqua une pose et regarda Ezendirakban au plus profond des yeux. Celui-ci ne réagis pas et Dolan cru même discerné un clin-d 'œil, peut-être était-ce une hallucination. Il compris que son compagnon de voyage était très loin d'être un idiot et décida de prendre un risque, de se laisser un peu aller.

-Je crois que mieux connaître les gens avec qui je vais côtoyer la mort est une bonne idée en effet.
Je suis Trainduc, je suis né à Edoras dans une maison pauvre et démunie. Mes parents sonts morts il y a déjà plusieurs années tués par une bande de brigands. J'ai donc décidé de les pourchasser pour les tuer. Un peu banal me dirait-vous cette histoire de vengeance. Oui mais voilà, moi j'avais 23 ans lorsque c'est arrivé et aucune notions de survie à l'époque. Je ne les ai donc jamais retrouvés.

Concernant mon métier, je ne dirais pas que j'ai de métier fixe. Moi, si je devais résumer ma vie aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas, où j’étais seul chez moi. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée... Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois on ne trouve pas l’interlocuteur en face je dirais, le miroir qui vous aide à avancer. Alors ça n’est pas mon cas, comme je disais là, puisque moi au contraire, j’ai pu : et je dis merci à la vie, je lui dis merci, je chante la vie, je danse la vie... je ne suis qu’amour ! Et finalement, quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent « Mais comment fais-tu pour avoir cette humanité ? », et bien je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est ce goût de l’amour ce goût donc qui m’a poussé aujourd’hui à entreprendre une aventure dangereusement enrichissante, mais demain qui sait ? Peut-être simplement à me mettre au service de la communauté, à faire le don, le don de soi...


Dolan sentit de la lassitude dans le regard de son interlocuteur, peut-être s'était-il un peu laissé aller.
Il repris une part du casse-croûte et passa une tunique en laine sur ses épaules. L'hiver se faisais vraiment de plus en plus rude, le voyage qui arrivait s'annonçait vraiment périlleux. Il allait falloir affronter le froid comme le plus terrible des ennemis et sûrement se battre contre de puissants adversaire dans des conditions climatiques déplorable. La neige envahissait le paysage et le voyage allait par conséquent s'avérer beaucoup plus long. Il allait falloir rationner les vivre et faire des tours de gardes. Dolan était tenté de donner le premier a Ash ou un de ses hommes mais un immense sentiment d'insécurité l'envahit a l'idée qu'un de ses rustres soit le seul garant de sa sécurité pour la nuit. Peut-être la mouette que si la mouette acceptait cette tâche… il se promit de lui demander.

Plusieurs heures après.

Une nuit terrible s'était écoulé.
Dolan dormait tranquillement lorsque la sentinelle avait réveillé tout le camp en criant qu'un ours attaquait. Les épées avait été brandies a une vitesse ahurissante, un bouclier se brisa et des bruits de combat s'en suivirent. L'ours hurlait a la mort. Tout se passait trop vite. Le regard de Dolan se posa sur un des hommes a terre, c'était Ash. Dolan couru vers lui, l'aida à se relever et esquiva un coup d'épée. Il mit un quart de seconde à comprendre, c'était trop. L'homme qui brandissait son épée allait asséner un violent coup de taille a Dolan lorsqu'une flèche vînt se ficher dans son crâne avec une force telle qu'il fût propulsé à terre. Dolan Hurla

-Brigands !!!

Son épée a la main, il alla semer la mort. Alors qu'il achevait un homme au visage grêlé et déformé, il sentit un corps contre son dos, il se retourna d'un geste et brandit sa lame. Il s'agissait de Ezendirakban. Leur deux épées s'entrechoquèrent violement. Dolan se repris et couru vers un des hommes de Ash qui était en difficulté. Incroyablement faible, celui-ci paraissait être un enfant a qui on aurait donné Anduril. Il n'avait visiblement aucun sens du combat organisé. Sa technique de combat aurait été parfaite contre des lièvres apeurés. Cette scène de mort et de sang dura pendants de très longue minutes jusqu’à ce que le dernier des brigands soit mort, décapité.

Dolan essuya son épée et alla s'enquérir de l'état des voyageurs qui l'accompagnait.
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Ryad Assad
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Une étrange compagnie. EmptyMer 4 Sep 2013 - 1:48
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Trainduc paraissait détendu, et ouvert à la conversation. Cela pouvait paraître étonnant après une chevauchée d'une journée dans des conditions épouvantables, mais il semblait que l'homme était d'une nature communicative, et surtout qu'il n'avait pas peur de répondre aux questions que lui lançait Ezendirakban sur un ton malicieux. Ce dernier était certain, cependant, que son interlocuteur n'était pas idiot, et qu'il ne répondait pas sans savoir les risques, et sans peser soigneusement ses mots, même s'il mettait un soin tout particulier à camoufler son intelligence derrière un phrasé délibérément populaire. Cependant, il y avait grand intérêt à l'écouter, car il était évident qu'il jouait le jeu imposé par Ezendirakban, et qu'il allait faire en sorte de tester celui-ci. Ce n'était ni plus ni moins qu'une compétition entre eux deux, à ceci près que le but n'était pas déterminé. Ils s'affrontaient simplement pour le sport, pour savoir qui était le meilleur. Enfin... pour l'instant.

Le chef de leur petite compagnie porta le premier assaut, se fendant d'une somptueuse remarque, que son adversaire en la personne d'Ezendirakban accueillit d'un élégant signe de tête reconnaissant. Déviant du geste cette légère menace, il se réfugia derrière une parade verbale de haute volée :

- Oh, vous êtes trop aimable ! Il est vrai que j'ai eu l'occasion de chevaucher pendant de nombreuses années. Dans ma jeunesse, notamment...

Il marqua une pause. A vrai dire, il n'avait pas l'air si vieux. Il semblait avoir entre trente et quarante ans. Sa remarque pouvait paraître étrange, mais quelle conclusion en tirer ? L'homme continua, sans se soucier des réactions de son interlocuteur :

- Mais vous auriez dû me voir sur un navire ! J'étais marin, il y a longtemps. Le meilleur de mon équipage ! Oh... On n'a pas souvent l'occasion de monter à cheval, quand on est marin, mais quand j'ai décidé de me lancer dans... d'autres activités... j'ai eu l'occasion d'apprendre avec un bon professeur.

Le sourire de l'ancien marin s'élargit considérablement. Au fond de lui-même, il était incroyablement fier. Il se demandait comment son interlocuteur allait accueillir ses réponses, et ce qu'il allait bien pouvoir en déduire. Il y avait assez d'indices pour l'obliger à réfléchir, lui permettre de faire des suppositions, mais pas assez pour lui donner des éléments de réponse tangibles. Une belle parade, assurément, mais qui ne donnait pas l'avantage. Tout au plus lui procurait-elle la satisfaction de voir son interlocuteur se débattre avec des données incomplètes. De toute évidence, il prenait la mesure de la complexité du duel qui s'annonçait, et il décida de fait de proposer une trêve. Il paraissait vouloir se mettre à l'aise avant d'entamer la seconde reprise. Ce fut à cet instant qu'Ezendirakban nota que sa façon de s'exprimer avait changée. Il n'avait pas véritablement prêté attention à cela auparavant, mais l'emploi du mot délectable, qu'il savourait visiblement en amoureux des mots. Un amoureux qui ne collait guère avec son personnage.

Incapable de masquer la part d'étonnement qui s'était emparée de lui devant une telle faille dans son personnage pourtant parfait jusqu'à présent, Ezendirakban accepta les mets qu'il lui proposait. Il vit alors dans le regard de Trainduc que celui-ci avait compris. Pendant un bref instant, il sembla qu'ils lisaient clairement l'un dans l'autre, et ce qu'ils y voyaient les déstabilisait également. Le contact se rompit lorsque l'homme poussé dans ses retranchements après avoir malencontreusement trébuché sur son vocabulaire décida de revenir à la charge. Nouvelle offensive, après avoir rompu la mesure. Il se présenta donc en détail, alignant les mots avec autant d'aisance qu'un poète ou qu'un conteur racontant une histoire apprise par cœur. Il parlait, submergeant son interlocuteur sous une avalanche de coups verbaux qu'Ezendirakban malgré sa grande vivacité d'esprit, avait du mal à gérer. Il devait dévier sans toutefois oublier immédiatement ceux qui ne présentaient aucun intérêt, et se focaliser sur ceux qui, instinctivement, lui paraissaient les plus porteurs d'informations. Ceux-là, il devait les conserver en mémoire, pour préparer sa riposte.

Mais contrairement à ce que le marin pensait, Trainduc ne semblait pas prêt de se calmer, et tel le vent qui gagne en puissance à mesure que l'on s'approchait du cœur de la tempête, le débit de ses paroles semblait croître en intensité alors qu'il se sentait en passe de parvenir totalement à noyer son adversaire sous une nuée de mots qui perdaient peu à peu leur cohérence. Et puis soudainement, il s'arrêta, en pleine tirade, au faîte de son discours qu'il déclamait avec un charisme rare. Après que la pluie de battements eût fini de s'abattre, et que les deux tireurs eussent retrouvé leur garde, Ezendirakban estima qu'il ne tirerait rien de plus du chef de l'expédition. Celui-ci venait de lui prouver très habilement qu'il n'était pas un simple d'esprit, et qu'il était capable de rebondir extrêmement agilement, de se jeter en avant pour dissimuler une faiblesse. Devant une telle détermination, la seule solution était de battre en retraite temporairement, et d'attaquer à un moment qui serait propice. Le duelliste hocha donc la tête pensivement, avant de lâcher :

- Votre histoire est incroyable, mon cher ! Vous avez devant vous tellement de portes ouvertes, et tellement de chemins qui s'étendent à perte de vue. J'espère simplement que vous trouverez celui de la vérité et du bonheur que recherche nécessairement tout homme voulant faire don de lui.

Le sourire énigmatique d'Ezendirakban fleurit à nouveau sur son visage malade mais encore incroyablement alerte, alors qu'il se levait péniblement, prenant appui lourdement sur le bâton qui ne le quittait jamais. Il souhaita le bonsoir à son interlocuteur, et alla rejoindre La Mouette, qui était resté seul depuis un moment, et qui ne se sentait pas à l'aise dans le groupe de malfrats qu'ils avaient rejoint. Il avait observé de loin la conversation entre son maître et le rival de ce dernier et décida de poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis un moment. Il fit en sorte de ne pas être entendu, en parlant à voix basse :

- Alors, il est dangereux vous croyez ?

Ezendirakban sourit :

- Nous le sommes tous. Mais tu es trop jeune pour comprendre ce niveau-là. Dans quelques années, avec du recul, tu auras la réponse à ta question.


~~~~


Il semblait que le chaos venait de s'abattre sur le camp. Alors qu'ils dormaient tous paisiblement, certains ayant décidé de monter la garde pour la nuit, ils avaient été réveillés par les mugissements d'un ours en colère, et visiblement affamé. Qui était donc le crétin qui avait négligé d'éteindre le feu ? L'odeur de viande cuite avait attirée le prédateur, qui désormais cherchait des yeux ce que son nez lui avait indiqué. Il s'était dressé, immense et terrifiant, sur ses deux pattes arrières, et avait balancé ses pattes en tous sens, contrarié par les gesticulations des insectes qui se dandinaient face à lui, en agitant des aiguilles d'acier incroyablement douloureuses. Ezendirakban, qui n'était guère un grand dresseur d'ours, mais qui avait déjà eu l'occasion d'être confronté à des animaux dangereux, préférait ne pas trop bouger. Non pas parce qu'il était lâche, mais parce qu'il était convaincu que les cris que poussaient les autres avaient plus de chances d'exciter l'animal que de le calmer. Et lorsqu'il chargerait, ils seraient les premiers à tomber. Le marin s'était emparé de son arc, et avait encoché une flèche selon sa technique de tir si particulière. En effet, il visait en mettant la paume tenant l'empennage vers l'extérieur plutôt que face à son visage. Cela lui donnait un air étrange, mais il agissait avec une telle confiance en lui qu'il était difficile de le tourner en dérision avant de l'avoir vu faire. Et de fait, personne ne put se moquer de ses faits d'armes.

Son trait partit en trombe, mais au lieu d'aller se ficher dans la mâchoire de l'ours, tel qu'il l'avait initialement prévu, il alla se planter dans le crâne d'un homme surgi des ténèbres environnantes, et qui brandissait son épée au-dessus de Trainduc. L'homme était apparu de nulle part, et visiblement il n'était pas seul, à en juger par les silhouettes qui le suivaient, et qui surgissaient de toutes les directions. Ezendirakban songea un bref instant que cet ours était peut-être apprivoisé, domestiqué, et lancé comme une gigantesque diversion pour mieux prendre d'innocents voyageurs par surprise. Sauf que les voyageurs que leur compagnie comptait n'avaient rien d'innocent, loin de là. Abandonnant son arc dans la poussière, à la suite de son bâton, l'ancien marin s'empara d'un sabre d'abordage tel qu'on en voyait sur les navires du Sud. Les navires des pirates d'Umbar. Il s'élança face à son adversaire direct, focalisant toute son attention sur l'épée que ce dernier tenait fermement en main. Celui-ci, fort d'un avantage physique évident, passa à l'offensive sans réfléchir. Il poussa un cri de douleur lorsque l'acier mordit la chair de sa main, le désarmant immédiatement. Impuissant, il tenta de se protéger le visage, mais Ezendirakban en profita pour lui ouvrir l'abdomen d'un revers. Une mort plus longue et plus douloureuse que le malandrin aurait le temps de savourer avant d'expirer. Le combattant à la lame tâchée de sang recula brusquement, pour éviter l'assaut d'un nouvel adversaire. Mais son dos heurta quelqu'un, et il pivota pour parer un coup de taille. Ce ne fut qu'alors qu'il reconnut Trainduc qui lui faisait face, et qui semblait aussi surpris de le voir que l'était l'ancien marin. Le sourire de ce dernier montra à quel point il accordait peu d'importance à cette situation. Il était incroyable de constater qu'il pouvait faire preuve d'une telle décontraction alors qu'ils luttaient avec acharnement pour leurs vies. Les deux hommes se séparèrent, et retournèrent tous deux semer la mort allègrement. Les brigands étaient à environ trois contre un, mais ils n'étaient pas préparés, et encore moins expérimentés. Tout au plus avaient-ils une notion basique de l'attaque et de la défense, mais il leur manquait la subtilité d'un véritable bretteur. Ezendirakban, en généreux professeur, avait eu la délicatesse de leur délivrer une leçon qu'ils auraient tout le temps de méditer tandis qu'ils baignaient dans leur sang. Il n'en tua aucun sur le coup, et se contenta de les blesser mortellement, afin de les laisser agoniser. C'était cruel, mais il n'était pas dit qu'il était une âme noble, et encore moins qu'il accordait de la valeur à son prochain.

Rapidement, le combat s'acheva faute d'ennemis, et tous les hommes vivants se retrouvèrent au centre du campement, qui ressemblait davantage à un champ de bataille. Une petite vingtaine de brigands gisait au sol, alors que Trainduc, Ezendirakban, La Mouette, Ash et deux de ses hommes approchaient. De toute évidence, ils venaient de subir leur première perte, ce qui semblait contrarier sérieusement ses anciens compagnons. La Mouette, surveillait attentivement leurs réactions, peu désireux de les laisser exprimer leur hargne à l'encontre de son maître qui, pendant ce temps, avait rengainé son sabre, et ramassé son arc et son bâton. Celui-ci s'approcha, d'un pas allègre, et lâcha :

- Eh bien eh bien... Une belle bagarre, n'est-ce pas ? On dirait que quelqu'un s'est chargé de l'ours, c'est vous ?

Il s'adressait à Ash, qui portait les marques visibles de griffures sur son bras. Mais il semblait clair que le ton léger qu'il employait n'était pas du goût de tout le monde, et surtout pas des hommes qui venaient de perdre un de leurs amis. Il y avait de la tension dans l'air, et la situation risquait de déraper à tout moment.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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Une étrange compagnie. EmptyMer 4 Sep 2013 - 12:58
Dolan était abasourdit par la tournure que venait de prendre les évènements. Une attaque insensée, un des hommes de Ash avait péri. Surement égorgé par les assaillants ou bien disloqué par l'ours.
La vue de son corps n'arracha pas même un rictus a Dolan qui était focalisé sur Ezendirakban et tout particulièrement sur sa main. Un arc. Son sang ne fît qu'un tour, il lui suffit d'un souffle pour se remémorer le trait qui se fiche dans le crâne du combattant ayant failli l'occire. Les yeux de Dolan furent attirés sur l'extrême droite de son champ de vision, Ash marchait, courait presque en direction de l'archer qui semblait l'avoir irrité de par sa réplique quelque peu désinvolte lorsqu'on a perdu un frère. A l'instant précis ou l'homme passait sur le flanc de Dolan, la situation évolua a une vitesse fulgurante.
Ash posa sa main sur la garde de son épée dans l'intention de l'en tirer du fourreau. Dolan lui asséna alors un coup de poing d'une puissance qui surpris chacun des témoins de la scène et qui envoya l'homme, pourtant plutôt bien bâtis, directement au sol.

-Cet homme t'as sauvé la vie cervelle de warg ! Tu lui dois la vie et moi aussi ! Fais mine à nouveau de vouloir t'en prendre à lui et je réduis en poussières chacun de tes os a grand coup de tronc d'arbre et tu comprendras alors d’où vient mon doux sobriquet de Trainduc !

Tournant la tête vers les hommes du misérable, Dolan leur jeta un regard pouvant rivaliser de violence et d'effroi avec un Balrog.

-Cet avertissement vaut pour le ramassis d'incapables illettrés que vous êtes ! Je suis le chef ici et à partir de cet instant vous ne tirerez l'épée que sur mon ordre, cette quête nous mènera bientôt vers des périls bien plus dévastateurs qu'un bébé ours et une troupe de saltimbanque hobbit armés de lance-pierres ! Nous sommes désormais lié, votre vie est entre les mains des autres comme vous avez en charge la sécurité de tous vos compagnons.

Les instincts de Dolan battaient ses tempes, impossible désormais de les repousser. Il allait diriger cette compagnie et plus aucun ne tomberait, il voulut se le promettre mais savait qu'il n'était pas sûr de pouvoir tenir ce serment intérieur.
Mourir avait toujours fait peur à Dolan, l'idée que tout s'arrête d'un coup, la crainte de ne pas avoir laissé de trace dans l'histoire. Depuis qu'il était enfant, il rêvait de grandeur, de gloire et de reconnaissance. Il avait subi des centaines d'heures d'entrainements pour pouvoir a tout moment défendre sa vie, aiguiser ses instincts et ses réflexes pour que personne jamais ne puisse le surprendre. Il était désormais dangereux certes mais pas invincible. La peur ne le quittais par conséquent jamais.

Les minutes qui suivirent se déroulèrent dans un silence cérémonial, le corps du malheureux tombé sous les coups des assaillants fût enterré et ses effets revinrent a Ash qui semblait particulièrement affecté par son décès. Une fois le campement démonté, les compagnons se remirent en route. Pas plus de quelques mots furent échangés durant la journée qui n'avait été troublé que par l'apparition d'un homme plus qu'étrange au milieu de la forêt. L'homme les avait salués sans s'arrêter et avait passé son chemin sans plus accorder d'attention a la compagnie. Les hommes trouvèrent un emplacement qui, cette fois, éliminait toute possibilités d'embuscade et Dolan attribua le premier tour de garde du soir à La Mouette qu'il estimait être un vaillant combattant. Il restait cependant au moins une heure avant que la nuit reprenne ses droits et viennent faire de la forêt un des endroits les plus inquiétants ou se trouver durant un hiver infernal tel que celui qui sévissait.

-Ash, pourrais-tu avec tes hommes aller chasser quelque chose pour que nous puissions manger ce soir sans que nos réserves s'amenuisent ?
La mouette, j'aimerais que tu parte en éclaireur pour vérifier qu'aux environs aucun danger ne risque de nous surprendre.
Ezendirakban, vos talents de marins vous permettent certainement de fixer solidement ces cordes,...


Tout en parlant, Dolan sortit de sa besace trois longues cordes.

...aux arbres environnants le camp. Si vous étiez capable de faire un nœud que nul autre que vous ne soit en mesure de défaire ou, dans le pire des cas, impossible à défaire, ce serait fabuleux.
Ces cordes feront de bon pièges dans la nuit pour quelqu'un qui souhaiterais profiter de notre sommeil pour mettre un terme à nos songes.
Quant à moi, je vais libérer le cheval de Delt, mort il n'en a plus besoin et nous ne pouvons-nous permettre de garder un cheval inutile. Surtout pas ou nous allons. Ensuite j'irais attacher les nôtres près du camp, peut-être si des ennuis s'infiltre cette nuit les détecteront-ils avant nous et nous permettrons de réagir à temps.
Allons-y !


Dolan prit le cheval du défunt par la bride et l'amena au centre du camp. Délicatement il défie les liens de sa selle, la posa prêt des affaires de Ash. Il caressait le cheval en psalmodiant des mots elfique qu'il avait entendu au cours d'un de ses voyages.
Une fois le cheval nu de toutes fioritures ou colifichets, Dolan le conduisit dans la forêt a plusieurs lieu de là.

Va mon beau, nous ne pouvons te garder avec nous. Va et jouis pleinement de ta liberté.

Il lui assénât une claque énergique sur la croupe et le fier destrier se rua en avant vers l'inconnu et vers la fin de sa vie de servitude. Dolan s'en retourna au camp, il fût très étonné d'y voir Ezendirakban déjà revenu. Il songea que cet homme était vraiment d'une très grande valeur et qu'il ne fallait surtout pas le sous-estimer. Il fixèrent donc ensemble les brides des chevaux à l'arbre le plus proche des couches.
Dolan s'assit ensuite sur sa paillasse et tourna son regard vers Ezendirakban. S'adressant à lui d'un ton léger,

-Mon ami, il me semble ne pas vous avoir remercier comme il se doit pour les évènements de cette nuit, sans votre intervention je serais probablement actuellement plus de ce monde.
Rim hennaid Mellonamin !

Dolan, pendant qu'il parlait, allumait le feu alors que la nuit commençait à se faire de plus en plus présente et oppressante. Les autres compagnons rentrèrent au camp et l'ambiance qui avait régné toute la journée, provoquée par la colère de Dolan en début de journée, avait complétement disparu même si il se doutait que chacun ici se rappelait cette scène et n'allait pas l'oublier de sitôt. S'installait désormais un vent de chaleur et de camaraderie. Les langues se déliaient, les plaisanteries et autres calambours fusaient. Même La Mouette semblait se détendre un peu.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

-Tu es la Dolan ? Dolan ? N'essaie pas de te cacher petit brigand, je sais que tu es la !

Dolan ris aux éclats caché au fond de l'armoire. Il adore jouer à se cacher.

-Hmm ou peut-il bien être ? Sous le lit ? Non…
Sous la table ? Non plus…


La porte de l'armoire s'ouvre brusquement et provoque l'euphorie d'un petit garçon et de sa maman jouant insoucieusement. Soudain la porte d'entrée s'ouvre à la volée et la silhouette d'un homme apparait dans le cadre de la porte.

-Papa !

Dolan s'apprête à courir vers l'homme immobile lorsque une poigne de fer le retient. Il s'en sa tête obligée de tourner et se retrouve nez à nez avec sa maman qui d'un seul coup a le teint grave.

-Dolan ! Sors par la fenêtre et cours le plus vite que tu peux vers la forêt ! Allez ne discute pas fais le !

Dolan jette un œil sur son père qui laisse choir toute sa masse au sol, du sang coule de sa bouche et une flèche est fichée jusqu’à la hampe entre ses deux omoplates.

-Courez, partez vite !

Dolan sens une main le pousser vers la fenêtre et, sanglotant, cours de toute ses forces vers celle-ci
Il grimpe le rebord jette un dernier coup d'œil en arrière et voit quatre hommes entrer dans la maison et saisir sa mère. L'un d'eux l'attrape par le cheveux, pose son poignard sur sa gorge et les yeux rivés dans ceux de Dolan égorge celle qui était tout pour lui.
Le petit garçon cours en utilisant toutes ses forces pour filer vers les bois. Il pleure comme jamais auparavant, la totalité de son monde vient de s'écrouler et jamais Dolan n'oublieras ce moment.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Dolan se réveilla en sursaut, brandissant son arme vers un ennemi invisible. Il déteste ce cauchemar qui vient pourtant le hanter de plus en plus souvent. Reposant la carotte qu'il eut pris pour son poignard, il s'assit.
La nuit était loin d'être finie, pourtant il se leva et attacha son épée a son flanc. Il se haïssait d'avoir fui cette nuit-là, il méprisait ses faiblesses.
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Une étrange compagnie. EmptySam 7 Sep 2013 - 16:23
Une étrange compagnie. Ezendi10

La petite compagnie venait d'accuser le coup de sa première perte, et l'animosité entre les hommes de Ash et le duo La Mouette-Ezendirakban réapparut aussi rapidement qu'elle avait disparu. Il n'y avait pas eu d'amitié franche et sincère dès le départ, de toute évidence, et il était certain désormais qu'ils ne s'appréciaient pas du tout. L'humour de l'ancien marin était extrêmement particulier, il fallait bien l'avouer, et il avait la fâcheuse tendance de lancer des piques et des bons mots dans les situations les plus graves. Certains y voyaient là une manière de se protéger du monde extérieur, mais pour un homme de son expérience, c'était surtout un moyen de tourner en dérision ce sur quoi il ne pouvait pas agir. La mort, par exemple, était un sujet de plaisanterie fréquent chez lui, car il ne pouvait pas l'empêcher. Et pourtant, c'était là son rêve le plus cher.

Incapable de prendre au sérieux la confrontation de laquelle ils venaient presque tous de réchapper, Ezendirakban provoqua donc la colère des hommes de Ash, et la fureur de ce dernier, qui s'avança vers lui avec la ferme intention de lui donner une bonne correction. Dans son regard fou de rage et de douleur, on lisait clairement qu'il avait envie d'ôter le sourire insupportable plaqué en permanence sur le visage malade de celui qui était apparemment le moins à même de survivre en milieu hostile, et qui pourtant s'en était tiré sans la moindre égratignure. Ce dernier ne bougea pas, comme s'il ne craignait pas le coup de poing qui s'annonçait, comme s'il était tellement sûr de sa force qu'il n'avait même pas besoin de tempérer les ardeurs de son adversaire par des mots ou des gestes apaisants. Il fallait dire que La Mouette, à ses côtés, semblait prêt à agir à tout moment pour le protéger, et si Ash faisait un seul mouvement menaçant, il risquait de le regretter jusqu'à la fin de ses jours.

Mais Trainduc ne semblait pas vouloir d'une escalade, ni vouloir de morts supplémentaires. Avec une force qu'il avait jusqu'alors bien dissimulée, il envoya Ash à terre d'un somptueux coup de poing en pleine mâchoire. Pourtant, il n'était pas un colosse, et son adversaire était loin d'être une fillette. Cette simple démonstration ramena le silence dans la compagnie, silence que le chef de l'expédition rompit brutalement. La colère qu'on pouvait lire dans son regard était terrible et immense, et lui faisait perdre le contrôle de lui-même. Si l'objet de son courroux avait fait mine de vouloir protester, il aurait mis ses menaces à exécution sur-le-champ. Dans un sens, le marin regretta de ne pas pouvoir voir comment il s'y prenait pour réduire les os en poussière à l'aide d'un tronc d'arbre. Cela devait sans doute valoir le détour. Mais plus que les images exotiques qu'il utilisait pour décrire comment il risquait de ramener Ash dans le droit chemin, c'étaient les mots qu'il employait qui avaient beaucoup d'intérêt. Ezendirakban avait bien noté que, plus détendu, l'image du voyageur peu lettré s'était effritée. Il employait des mots précis et recherchés, et dans la bonne situation en plus, ce qui prouvait qu'il n'était pas simplement un vantard ayant entendu quelque parole compliquée, qu'il cherchait à replacer à tort et à travers. Utiliser "doux sobriquet" au lieu de "surnom", par exemple, trahissait une éducation bien plus poussée que celle d'un simple voyageur errant, fils de parents pauvres.

De même, lorsque laissant sa colère prendre le dessus sur sa raison, il s'en prit verbalement aux hommes qui accompagnaient Ash, afin de les calmer immédiatement, il laissa échapper quelques expressions qui tranchaient particulièrement avec son personnage. Un roturier né pauvre et errant sur les routes pouvait-il décemment qualifier des bandits de "ramassis d'incapables illettrés" ? Seul un lettré pouvait se permettre de parler ainsi. Et comment un homme qui voulait apparaître aussi misérable pouvait-il être lettré ? De plus en plus de failles dans sa couverture que le marin semblait être le seul à noter.  La Mouette était trop concentré sur son rôle de garde du corps, et les autres, comme de jeunes enfants réprimandés par leur père, baissaient honteusement la tête sans vraiment prêter attention aux mots employés, se focalisant plutôt sur le sens général.

L'homme acheva sa tirade enflammée, visiblement un peu secoué par ses émotions qu'il avait du mal à contrôler. Cela pouvait être une force, car il était évident qu'ainsi, il venait de s'assurer la primauté sur tous les autres dans le groupe. Il venait de raffermir son statut de chef, et personne n'avait osé émettre une contestation. Cependant, il faudrait prendre garde à ce genre de démonstrations, car si elles n'étaient pas justifiées, elles risquaient de produire l'effet inverse. Nul n'appréciait un chef tyrannique, qui passait ses nerfs sur quelqu'un. Ash, notamment, semblait avoir compris le message, mais dans son regard brillait une lueur indescriptible. Une lueur qui pouvait signifier : "je t'obéirai, mais ne t'avise plus jamais de me frapper". Ce coup de poing avait-il eu des effets autres que ramener l'ordre et la discipline dans ce groupe ? Ezendirakban en était convaincu. Et même si pour l'instant, en surface, les choses étaient calmes, il était prêt à parier qu'au fond de lui-mêmme, Ash commençait à se poser des questions. Et qu'y avait-il de plus dangereux qu'un idiot commençant à se poser des questions ?

- Allons, calmez-vous mon cher Trainduc... Je comprends la tristesse de monsieur Ash, et je suis certain que cela ne se reproduira plus. Nous devrions aussi enterrer ce malheureux, et filer. Je meurs d'envie de quitter cet endroit.

Son regard s'était plongé dans celui de Ash, toujours à terre, pour être certain qu'il avait bien compris l'allusion. L'homme, visiblement abasourdi par un tel manque de respect, se rappela également du coup de poing de Trainduc qui lui faisait encore mal à la mâchoire. Il se retint donc d'afficher publiquement sa colère, mais ce fut de la haine qui apparut dans ses yeux lorsqu'il accrocha le regard d'Ezendirakban. Pendant ce temps, le chef de l'expédition semblait bien pensif. Il paraissait évident que, malgré son discours passionné, il était aussi affecté par la mort d'un des membres de leur compagnie. Il était vrai que ce n'était pas une chose facile à vivre, surtout pour un chef, qui endossait toujours une part de responsabilité malgré lui. L'ancien marin vint lui poser une main réconfortante sur l'épaule, et lui adressa un sourire amical, pour l'encourager à tenir.

On procéda donc à l'inhumation du corps, et Ash hérita de l'épée du malheureux. Encore une fois, il accrocha le regard d'Ezendirakban, comme pour lui dire : "c'est avec cette épée que je te tuerai". L'intéressé lui offrit son sourire le plus insupportable, et alla naturellement se placer aux côtés de La Mouette, son garde du corps, comme pour lui signifier qu'il n'était pas seul, et qu'il comptait entièrement sur son assistant pour tenir en respect les vulgaires bandits qui composaient l'autre moitié du groupe. Puis, après avoir prononcé quelques paroles de circonstance au-dessus de la tombe du défunt, les hommes se remirent en selle, et s'éloignèrent rapidement des lieux. L'odeur du sang risquait d'attirer des charognards, et ils ne tenaient pas particulièrement à voir le sang couler à nouveau. Surtout pas si c'était le leur. Ils repartirent au petit trot, pour épargner un peu leurs montures éprouvées par les conditions climatiques désastreuses, avant d'être obligés de passer au pas, lorsqu'ils attaquèrent les zones les plus touchées par les chutes de neige. Naturellement, par ce temps, il n'y avait personne dehors. Il fallait être fou pour oser braver les éléments déchaînés, et risquer de se perdre dans le paysage uniformément blanc qui les entourait. Fous, ils l'étaient un peu, cependant, ce qui leur permettait d'endurer le froid, la fatigue, la faim, et de demeurer en selle malgré leurs jambes ankylosées et leurs doigts gelés. Ils croisèrent une seule forme de vie, un homme qui allait en sens inverse, et qui les avait salués brièvement. Ezendirakban n'avait même pas trouvé la force de lui rendre son salut, mais La Mouette l'avait observé avec attention, cherchant à voir s'il ne pouvait pas représenter une menace. Etant donné qu'il n'avait rien dit, ce devait être que tout allait bien. Normalement.

Trainduc, finalement, fit s'arrêter la petite compagnie alors que la nuit s'apprêtait à tomber. Il avait choisi un endroit à peu près sûr, bien abrité par les arbres, et qui n'offrait pas beaucoup d'ouvertures, grâce à la présence d'une pente difficile à gravir sur un des côtés. Les hommes, las, descendirent de selle et se laissèrent presque choir au sol, tant ils étaient épuisés. Mais il restait encore des tâches à accomplir, et le chef de l'expédition les répartit aussi équitablement que possible. Il confia à Ash et ses hommes le rôle de chasser. Ce n'était pas la mission la plus simple, car les animaux avaient quelque peu déserté les lieux, et il leur faudrait du temps pour en localiser. La Mouette, quant à lui, fut envoyé en éclaireur pour observer les alentours. L'homme lança un regard bref à son patron, qui d'un signe de tête lui confirma qu'il pouvait y aller. Il s'exécuta donc, et fila prestement. Enfin, Ezendirakban fut envoyé pour essayer de nouer solidement des cordes afin de tendre un piège à ceux qui voudraient les prendre par surprise. Il s'éloigna donc, et alla essayer de repérer les meilleurs endroits où disposer des pièges. Mais alors qu'il s'y rendait, il tomba nez à nez avec Ash, qui ne s'était pas éloigné autant que ses hommes :

- Alors, vous vous promenez sans votre protecteur ? Lança-t-il avec un sourire inquiétant.

- Non, il est juste derrière vous...

Le sourire de Ash disparut aussi sec, et il se retourna vivement, pour chercher des yeux La Mouette... qu'il ne trouva pas. Comprenant qu'Ezendirakban venait de le ridiculiser, il pivota dans sa direction, et se rendit compte que l'homme s'était éloigné, occupé à faire le travail qu'on exigeait de lui. Il nouait les cordes avec une grande habileté, choisissant un nœud méconnu des gens d'ici, qui pouvait résister à une forte tension, mais qu'il pourrait tout de même défaire assez facilement le moment venu. Il entendit des pas dans son dos, et ne prit même pas la peine de se retourner :

- Vous savez... Trainduc et vot' type seront pas toujours là pour vous sauver...

- Je suis mort de peur, vraiment.

Ash serra les poings et les mâchoires, et fit un pas en avant, comme s'il avait soudainement décidé qu'infliger une correction à l'ancien marin était plus important que tout le reste. Mais Ezendirakban leva une main pour l'arrêter, et lui lança :

- A votre place, je ne ferais pas ça, voyez-vous. Pensez un peu aux conséquences. Vous croyez que Trainduc vous brisera avec ce chêne ? Ou ce bouleau, peut-être. (il sourit, et s'éloigna d'un pas léger). Allons, ne soyez pas si contrarié. Ce n'est pas parce que j'ai fini mon travail alors que vous n'avez pas commencé le vôtre que vous devez vous comporter ainsi.

Sur ces mots, il retourna au campement, où il se retrouva seul. Cette petite confrontation avec Ash l'avait beaucoup amusé, mais il savait que l'homme était désormais suffisamment énervé pour songer à un plan. Les choses devenaient intéressantes, mais dangereuses, également. Il faudrait faire attention. Posant une main sur sa ceinture, il se rassura en sentant sous ses doigts le manche de sa dague, pour le moment invisible. Le moment venu, il espérait avoir le temps de la dégainer... Alors qu'il réfléchissait, il vit revenir vers lui Trainduc, qui semblait surpris de le voir :

- J'ai terminé, lui annonça l'ancien marin pour le rassurer.

Mais de toute évidence, ce n'était pas nécessaire, car il semblait que le chef de l'expédition appréciait ses talents. Il s'assit aussi confortablement qu'il était possible, et profita de ce moment où ils n'étaient que tous les deux pour discuter un peu. Cette fois, il parlait totalement librement, sans plus chercher à dissimuler sa maîtrise de la langue et des mots. Il remercia chaleureusement son compagnon pour lui avoir sauvé la vie, et conclut par des mots en elfique :

- Je suppose que cela veut dire "merci", ou quelque chose comme ça... Pardonnez-moi, mais je ne parle pas la langue des elfes.

Il haussa les épaules, comme s'il voulait bien montrer à quel point il ne regrettait pas de ne jamais avoir eu l'occasion d'apprendre ces langues chantantes et mélodieuses. Reprenant :

- Quoi qu'il en soit, vous n'avez pas à me remercier d'avoir abattu ce brigand. Vous auriez fait la même chose pour moi, sans doute. Et comme vous l'avez dit vous-même, nous formons un groupe, et nous devons nous soutenir.

Son sourire chaleureux semblait sincère, mais comment savoir ce qu'il pensait vraiment en cet instant ? Il poursuivit :

- Je suis inquiet, toutefois... Rencontrer des brigands si près de Minas Tirith, qui visiblement savaient où nous étions... Vous n'avez parlé de ce trésor à personne d'autre, n'est-ce pas ?

Il attendait la réponse de son interlocuteur, mais elle ne vint jamais, car Ash et ses hommes profitèrent de ce moment pour revenir au campement, un air satisfait sur le visage. Et pour cause, ils portaient sur le dos deux lapins morts, qui leur serviraient de repas ce soir, de toute évidence. Les bêtes étaient un peu maigres, mais cela ferait l'affaire pour ce soir. Les chasseurs semblaient fiers comme jamais, et Ezendirakban leur adressa ses félicitations :

- Vous avez fait vite, ma foi ! J'ignorais que vous dissimuliez des yeux d'aigle, messieurs !

Ils rirent, même Ash, et commencèrent à préparer un feu. L'ambiance semblait un peu plus détendue, mais l'ancien marin savait que les choses pouvaient déraper à tout moment. Ce n'était qu'une façade, et il régnait une tension permanente qui n'était pas prête de disparaître. Pour la première fois, les hommes formèrent un cercle autour des flammes, et se mirent à discuter tranquillement. La Mouette revint bientôt, et ne signala rien d'inhabituel. Mais si c'était un bon guerrier, c'était surtout un novice en matière de forêts et de neige, il fallait l'avouer. Ezendirakban ne dit rien, mais il préféra rester sur ses gardes, et conserver son arc auprès de lui. On ne savait jamais.


~~~~


Ezendirakban se réveilla brusquement, émergeant d'un sommeil sans rêve. Ou plutôt, il ne se souvenait pas du rêve qu'il avait sans doute fait. Son premier réflexe fut de toucher son arc, qui était toujours là, fort heureusement. Il ne comprenait pas ce qui l'avait poussé à se réveiller, alors que d'ordinaire il dormait bien, et il se demandait également pourquoi il ressentait une impression de malaise aussi étrange. Peut-être parce que le couchage de Trainduc était vide, étonnamment. Peut-être parce que La Mouette se tenait à couvert, en haut du talus, son arme dégainée. L'ancien marin rejeta ses couvertures et se leva prestement quoique silencieusement. S'approchant de son garde du corps, il demanda :

- Où est notre ami Trainduc ?

- Dans cette direction, m'sieur. I' s'est l'vé un peu avant vous, et i' voulait marcher. Mais on a vu une lumière v'nant d'là-bas (il désignait l'endroit d'où ils venaient). Il est parti j'ter un œil, et i' m'a d'mandé de rester ici.

Ezendirakban hocha la tête. Logique. Il était impensable de priver leur groupe de leur unique sentinelle, et réveiller tout le camp sans une bonne raison aurait été irresponsable. Mais maintenant que l'ancien marin était réveillé, il pouvait tout à fait épauler le chef de cette expédition. Passant son arc en bandoulière, il empoigna son bâton de marche, et s'élança à la suite de son compagnon de voyage, trottant pour le rattraper. Il essayait d'être discret, mais avec cette neige, il était impossible d'être totalement inaudible et d'aller vite. Et comme il voulait rattraper Trainduc, il devait bien faire un choix. Il courut pendant quelques minutes, suivant une trajectoire à peu près droite, quand soudain une main le tira en arrière, une autre glissant une lame sous sa gorge. Cessant immédiatement de se débattre, il allait tenter de négocier quand il avisa un tatouage en elfique sur la main qui le tenait en respect :

- C'est moi, c'est moi ! Souffla-t-il. Ezendirakban !

Il sentit la pression se relâcher, et il put de nouveau respirer :

- Je suis venu vous aider. La Mouette m'a dit que vous aviez vu quelque chose de suspect. C'était quoi ?

Alors qu'il posait la question, ses sens furent titillés par une odeur étrange mais parfaitement reconnaissable. Celle de la viande cuite au feu de bois. Elle venait de la route qu'ils avaient empruntée pour venir, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose. Quelqu'un était sur leurs traces. Restait à savoir qui.


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Dolan
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Une étrange compagnie. EmptyLun 9 Sep 2013 - 12:33
Le froid, le froid insoutenable qui vient mordre la chair du voyageur endormit. Dolan avait besoin de marcher, marcher pour oublier ce froid, ces rêves maudits. Il tournait la tête lorsque quelque chose accrocha son regard. La mouette avait ses yeux rivés dans les siens. Ils se regardèrent pendant de longs instants. Dolan se dit que cet homme, a l'instar de son maitre ? Mentor ? était réellement intéressant, il ne lui avait fallu que quelques secondes pour se rendre compte que Dolan bougeait. Il inspirait une aura de maitrise de ses actes vraiment étonnante pour un garçon de son âge. Il imposait le respect, et cette qualité était de celle qui plaisait beaucoup à l'aventurier chevronné.

Dolan s'avança vers le jeune guerrier et avec un sourire sincère et illuminé posa sa main sur son épaule. Il se dévisagèrent et si au début La mouette trahissait une expression de crainte quand a ce geste, Dolan sentit qu'il avait compris la totalité du message qu'il souhaitait faire passer dans ce geste emplit de bienveillance et d'altruisme.

-Comment vas-tu mon ami ? Je te remercie au nom de tout le monde d'assurer ainsi notre sécurité. Je sais ne plus pouvoir trouver le sommeil pour cette nuit, je vais aller marcher un peu pour me détendre. Tu sais ce que c'est, ces saletés de mauvais rêves.

Dolan s'apprêtait à continuer de deviser un peu avec le garçon dans l'envie de le connaître un peu mieux lorsque ses yeux furent incontrôlablement attirés vers la forêt. La mouette et Dolan tirèrent l'épée de concert et se regardèrent. Une lumière perçait les ténèbres des bois, une lumière qui, ici et a cette heure, n'était signe que de danger. Dolan fît un pas et se rendit compte que le jeune guerrier le suivait.

-La mouette, ton courage t'honore mais je te demande de rester ici, les autres ont besoin de ta protection. Je vais jeter un œil à cette lumière et je reviens vous chercher. Après tout, on ne sait pas ce que c'est, ça n'est pas la peine de semer la panique pour un pressentiment.

La mouette se plaça au sommet du rocher qui surplombait le campement et Dolan avança dans les bois d'un pas qu'il voulait le plus discret possible dans un environnement enneigé et silencieux. Plus il se rapprochait de la lumière plus le sentiment d'insécurité grandissait dans son cœur, galvanisé par l'adrénaline, il se rapprochait toujours plus de la potentielle menace.  Dolan trouva un emplacement d’où il pouvait observer sans être vu, lui permettant de savoir ce que signifiait ce tumulte nocturne. Une odeur de festin empli ses narines alors qu'il est désormais assez proche pour entendre des bruits de discussion. Le danger était bien réel, il s'agissait là d'un camp de bandits similaires à ceux qui les avait attaqués la nuit précédente. La compagnie était suivie. Cette nouvelle s'imposa a Dolan et le fît rentrer dans une brusque colère.
Soudain un bruit de pas envahit son espace, cela venait de derrière. Dolan se retourna et tenta d'identifier cette nouvelle menace. Son épée au poing, il avançait cette fois sans faire le moindre bruit. Si il s'agissait d'un ennemi, sa vie était directement menacée ainsi que celle de ses compagnons. Dans cette obscurité constante il était impossible d'avoir une vision précise, cependant Dolan perçu une silhouette qui s'avançait en courant dans la direction ou il se trouvait l'instant d'avant. Il contourna l'adversaire et réussit  a le surprendre sans se faire entendre. Le bruit des pas de course de l'homme couvrant les siens. Le saisissant pour le propulser par terre, Dolan immobilisa son ennemi au sol et passa le fil de sa lame sur la gorge de l'homme désormais désorienté. Dolan s'apprêtait à l'assommer pour pouvoir le ramener au camp et l'interroger sur leur nombre et leur motivation lorsque le couard se libéra de quelques mots.

 - C'est moi, c'est moi ! Souffla-t-il. Ezendirakban !

Dolan prit la mesure de sa méprise et relâcha son étreinte permettant à son ami de reprendre ses esprits. Il rengaina son arme et aida son compagnon à se relever. Celui-ci lui expliqua que son sommeil a lui aussi avait été raccourci et qu'après avoir été informé par La Mouette il avait décidé de venir lui prêter main forte.  Dolan ne pouvait que se réjouir de cette initiative les heures qui allait suivre s'annonçait compliquées et mouvementées.

-Des bandits, j'ai l'impression que nous sommes pistés mon ami. Il nous faut nous débarrasser d'eux et rapidement. Pour l'instant ils ne semblent pas savoir que nous les avons remarqués, ce qui nous donne un avantage de surprise non négligeable.

Dolan laissa a Ezendirakban le temps de se remettre et de réfléchir puis il rajouta un détail qui lui semblait des plus important. Il souriait.

-De plus, mon cher, le fait que ces nigauds allument un feu, alors qu'ils se savent surement à moins de dix lieux de nous, témoignent que ces hommes ne sont pas de fins stratèges. Peut-être allons-nous pouvoir en venir à bout sans dommages.

Dolan eu avec son compagnon un regard complice, ils savaient tous deux de quoi l'autre était capable. La question principale était de savoir si il fallait réveiller les autres.

-A mon humble avis, il nous faut établir le nombre de ces barbares avant de prendre une décision, selon leur nombre, nous pourrions bien tomber même s'ils sont simplet.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~


Ce la faisait maintenant une heure que Dolan était caché a une dizaine de mètres du camp de bandits. Le plan se déroulait sans accrocs, et Ezendirakban semblait avoir parfaitement réussit sa part du plan. Il était ligoté à côté d'un homme grossièrement vêtu et armé d'un couteau rouillé. Son sourire ne le quittait pas comme à son habitude et Dolan se surprenait à arborer le même rictus.
Ces fous pensaient-ils réellement pouvoir retenir un ancien marin comme Ezendirakban avec une corde fatiguée et un nœud digne d'un bambin. Le signe convenu plus tôt fût communiqué et le plan se mis en marche à une vitesse ahurissante.

L'homme chargé de surveiller le prisonnier n'eut pas le temps de s'extraire de ses pensées lorsque son cou se brisa. Le marin avait frappé encore plus rapidement et discrètement que Dolan l'avait imaginé. Dolan compris le respect qu'avait la Mouette pour cet homme qui n'avait besoin d'aucune protection. Les deux compagnons échangèrent quelques signes puis ils se mirent en place.

Dolan alla, comme convenu se placer derrière l'une des deux tentes du camp de bandits et attendit que son complice fasse de même pour l'autre. Il se mit à songer. Comment pouvait-on laisser un homme seul  avec le prisonnier, et pourquoi l'éloigner autant du feu ? Ils n'étaient que 5 et pas surarmés, alors pourquoi prendre autant de risques ? Un cri de hibou discret retentit dans la nuit, Ezendirakban était prêt. Dolan renvoya le signal convenu et l'instant d'après il vît une flèche se ficher dans l'arbre juste en face des hommes assis près du feu. Les bandits furent comme prévu attiré par ce bruit et cette perturbation soudaine du calme de la nuit. Cependant le plan qui semblait parfait ne se déroula pas exactement comme prévu.

Ash, comme possédé par une fureur de sang, courait en hurlant vers les hommes qui venait de faire prisonnier le seul homme qui savait ou se trouvait le fameux butin du cimetière. Il ignorait lui-même si c'était la loyauté ou l'appât du gain qui le poussait à vouloir sauver les prisonniers. Lui et ses hommes fonçait tête baissée ignorant qu'il réduisaient à néant le plan parfaitement huilé du restant du groupe.

Dolan dût réagir rapidement, la folie de ces idiots allait les faires tuer. Il courut se mettre aux cotés de Ezendirakban pour qu'ils puissent agir ensemble et rapidement. Il se regardèrent dans les yeux et nul mot ne fut nécessaire. Ils étaient tous deux encore a couvert et personne ne se doutait de leur présence dans le camp. Il eurent un hochement synchronisé de tête et allèrent au combat dans une collaboration parfaite. Leur vies ne devait pas s'achever ici, sous aucun prétexte.
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Une étrange compagnie. EmptyMer 11 Sep 2013 - 13:35
Une étrange compagnie. Ezendi10

Le front d'Ezendirakban se plissa lorsque Dolan lui répondit qu'il avait identifié les hommes qui avaient entrepris de suivre leur petit groupe. D'après lui, c'étaient de nouveaux bandits - ce qui en soit n'était pas particulièrement inquiétant, au regard de ce qu'ils avaient fait du premier groupe qui les avait attaqué -, mais il semblait que ceux-ci avaient suivi leurs traces jusqu'ici. De quoi se poser davantage de questions. Il était probable, désormais qu'Ezendirakban ne fût pas le seul à avoir perçu la conversation entre Trainduc et Ash. Celle qui, à mots couverts, avait fait mention d'une aventure pouvant les rendre tous très riches. Mais il paraissait peu probable qu'autant d'hommes eussent eu vent de cette expédition en si peu de temps. Après tout, ils étaient partis le lendemain matin de bonne heure, et n'avaient pas laissé le temps à leurs poursuivants de se préparer. Il y avait bien trop peu d'informations dans la conversation que La Mouette et lui avaient surpris pour permettre à des individus aussi peu évolués de faire le lien... Mais alors comment ?

Alors que l'ancien marin réfléchissait à cela, Trainduc le ramena à la réalité, en lui suggérant de passer à l'attaque aussi rapidement et discrètement que possible. Effectivement, personne ne semblait avoir eu vent de leur présence dans ce camp, ce qui leur laissait une ouverture dont il aurait été dommage de ne pas profiter. Mais, comme l'ajouta ensuite le chef de l'expédition, leurs adversaires semblaient ne pas être des génies, pour allumer ainsi un feu alors qu'ils étaient en pleine poursuite. Peut-être s'étaient-ils crus parfaitement à l'abri, mais c'était une erreur de débutant, qui témoignait bien de leur incompétence. Toutefois, il ne fallait pas les sous-estimer pour autant, et prendre des précautions avant de se lancer à corps perdu dans une action qui pouvait potentiellement s'achever par leur mort. De fait, Ezendirakban se proposa :

- Je vais infiltrer leur camp... En me faisant passer pour un éclaireur, peut-être. Ils me capturent, je compte combien ils sont, et vous avisez ensuite.

L'ancien marin trouvait son idée un peu dangereuse, essentiellement parce qu'il remettait sa vie entre les mains de Trainduc, qu'il ne connaissait après tout que depuis bien peu de temps. Mais il était certain que l'homme saurait reconnaître cette marque de confiance, et qu'il ferait en sorte de libérer son compagnon. Enfin... en théorie. Ils convinrent donc d'agir de la sorte, et Ezendirakban se déplaça sur le côté pour éviter de faire repérer son ami en étant lui-même pris. Il trouva une petite branche qu'il garda contre lui, et continua à se déplacer latéralement, épousant les contours du cercle virtuel qui entourait le campement des bandits. Lorsqu'il jugea être suffisamment éloigné, il agita un petit buisson, et rompit la brindille qu'il tenait entre ses doigts. Même un enfant de dix ans aurait compris qu'il y avait danger, et comme prévu les hommes de garde se levèrent pour inspecter les lieux, certains d'avoir "entendu un truc". Le marin ne demanda pas son reste, et se mit à courir dans la neige, se révélant ainsi aux yeux de ses poursuivants, qui ne tardèrent pas à le cueillir. Ils le plaquèrent rudement au sol, et après l'avoir quelque peu molesté pour la forme, ils le ramenèrent en le trainant jusqu'au feu, et à leur chef. Ce dernier, qui semblait être un peu mois idiot que les autres, peut-être, posa les yeux sur Ezendirakban, et lui demanda d'une voix posée :

- T'es venu seul ?

L'ancien marin, avec son effronterie habituelle, répondit :

- Moi oui, mais pas vous... je pensais que vous auriez accepté un duel un contre un !

L'homme sourit tranquillement, mais la réaction qu'attendait le prisonnier ne vint jamais. Il avait prévu de le faire rire, sourire, ou bien de l'insupporter au point qu'il le frapperait pour lui arracher des informations. Mais non. Le chef des bandits se contenta d'ordonner à ses sentinelles de le ligoter, et de le garder à l'œil. Puis, non sans jeter un regard circulaire sur la forêt enténébrée qui l'entourait, il retourna se coucher sous sa tente. Ezendirakban était un peu perplexe, mais il préféra ne pas s'étendre sur la question. Les chefs bandits étaient souvent des gens un peu excentriques, qui se croyaient souvent missionnés, ou qui étaient convaincus de leur supériorité sur tous les autres. Cela les conduisait parfois - pour ne pas dire souvent - à prendre des décisions irrationnelles, comme par exemple ne pas interroger un prisonnier potentiellement dangereux. Ou bien laisser ses armes à quelques mètres seulement, bien en vue. Oh, certes, ses mains étaient entravées, mais depuis qu'il avait été attaché, il n'avait pas cessé de travailler la corde pour réussir à dénouer le nœud - incroyablement simpliste - qui était supposé le retenir. La seule menace résidait dans la brute épaisse qui faisait les cent pas devant lui, essayant de rester concentré à la fois sur son prisonnier et sur la forêt autour d'où pouvaient sortir maints dangers :

- Belle nuit, hein ? Lança Ezendirakban d'une voix claire.

- La ferme ! Rétorqua la brute en criant presque.

Cette fois, la réaction qu'attendait l'ancien marin eut lieu, et des bougonnements mécontents se firent entendre sous les tentes. Des hommes qui dormaient en attendant leur tour de garde, et qui ne souhaitaient pas être dérangés par une altercation au dehors. Le marin compta quatre personnes, a priori. En plus du chef et de son garde - qui allait bientôt ne plus faire partie de l'équation, et donc qui ne comptait pas vraiment -, ça faisait cinq. Cinq qui s'étaient manifestés, en tout cas.

- Désolé, désolé, je disais simplement ça pour faire la conversation...

- Mais tu vas la fermer, oui ? Rétorqua le garde, peut-être un peu plus nerveux qu'il n'aurait dû.

Trois nouvelles voix vinrent protester. Les mêmes ? Ou bien était-ce la confirmation qu'il n'y avait personne d'autre ? Comment savoir. Quoi qu'il en fût, Ezendirakban fut contraint de se taire, lorsque son surveillant s'approcha, menaçant de le frapper s'il ouvrait encore à bouche. Le sourire du marin s'élargit encore, provocation suprême face à un être aussi dépourvu d'esprit que celui qui lui faisait face. Saisi par le col sans possibilité de se défendre, du fait de ses mains entravées, l'homme le remit debout, levant sa grosse patte pour lui fracasser la tête d'un seul coup de poing. Mais pendant ce temps, frénétiquement, le marin s'acharnait à lever cinq doigts de sa main droite, pour bien faire comprendre à son compagnon demeuré invisible qu'il était temps d'agir. Il ne savait pas si ce dernier était prêt, ou même s'il était encore dans les parages, mais lui n'avait de toute façon plus de temps. Alors que la brute était sur le point d'abattre sa colère à cinq branches, Ezendirakban tendit ses mains - qui comme par enchantement n'étaient plus liées - jusqu'au visage du malheureux. Il s'empara de sa tête, et tourna avec une force stupéfiante, jusqu'à entendre un craquement sec. Le costaud mourut sur le coup, son visage figé dans une expression interrogatrice. Il était mort sans comprendre comment son prisonnier avait fait pour se libérer.

Le tout s'était produit dans un silence quasi total, et l'ancien marin déposa presque délicatement le corps décédé de la sentinelle, afin de ne réveiller personne. Il se glissa silencieusement jusqu'à ses armes, et les récupéra. Désormais, il était prêt pour la bataille. Levant la tête, il vit une silhouette solitaire aller se glisser derrière une des tentes du camp. Elle passa discrètement près des hommes qui s'étaient levés, et étaient allés s'installer près du feu. Ezendirakban haussa un sourcil. Ils avaient fait vite, décidément, car il ne les avait ni vus ni entendus. Pourtant, ils étaient bien là, cinq silhouettes près du feu. Mais ces tentes avaient deux entrées, et comme elles se trouvaient entre lui et le feu, il était fort possible qu'ils eussent eu envie de se réchauffer un peu pendant la nuit. De dos, l'ancien marin ne pouvait pas reconnaître le chef, et il ne savait donc pas qui frapper en premier pour décapiter cette bande de malfrats. Mais il y avait plus inquiétant. S'ils s'étaient réveillés, ils ne tarderaient pas à venir vérifier comment se portait le prisonnier. Ils devaient agir avant ça, s'ils voulaient profiter de l'effet de surprise.

Comme leur plan le prévoyait, l'ancien marin se coula jusqu'à une zone d'ombre non loin des tentes, et lança le signa. Le bruit d'un hibou. Trainduc lui fit écho, et l'attaque commença subitement. La première flèche tirée dans un arbre, pour attirer l'attention des bandits, qui se levèrent comme un seul homme. Et puis tout à coup, ce fut le chaos total, la panique. Ash dévalait la pente en hurlant comme un damné, effrayant par là les hommes de garde qui tournèrent tous le regard dans sa direction. Les deux hommes qui l'accompagnaient, préférant suivre leur chef, se lancèrent à sa suite en criant de plus belle, bientôt suivis par La Mouette qui ne pouvait faire autrement que suivre le mouvement, et prier pour la réussite de cette entreprise. De toute évidence, leur attaque surprise était compromise, et il fallait faire avec. Trainduc rejoignit rapidement Ezendirakban, et en se concertant rapidement, ils décidèrent qu'il fallait porter secours à leurs compagnons d'armes. A quatre contre cinq, ils risquaient d'être en difficulté. Mais deux alliés feraient pencher la balance en leur faveur.

Les deux hommes, ombres parmi les ombres, s'élancèrent silencieusement, mais furent tout de même repérés avant d'arriver au contact. Les brigands formèrent un cercle défensif mal agencé, alors qu'un des leurs tombait déjà sous les assauts furieux de Ash, qui semblait vouloir leur mort plus que n'importe quoi au monde. C'est alors qu'Ezendirakban, suffisamment proche pour observer enfin le visage de leurs opposants, se rendit compte à quel point ils avaient été dupés :

- Retraite ! Retraite ! Cria-t-il à l'attention de ses hommes. Retraite !

Il cherchait à toucher un instinct de survie, ou une vague éducation militaire, mais de toute évidence seuls La Mouette et Trainduc réagirent. Le premier leva la tête vers son patron, et acheva prestement son adversaire, avant de battre en retraite précipitamment, non sans tirer par le col un des hommes de Ash. Peut-être n'avaient-ils pas tous compris pourquoi ils devaient se replier alors qu'ils étaient en supériorité numérique, mais leurs interrogations furent dissipées moins d'une seconde après lorsque, sortant des tentes comme des diables, cinq hommes armés firent leur apparition. Et parmi eux, le chef. Le piège se refermait sur eux. Ezendirakban, rengaina le sabre qu'il avait sorti, et attrapa Ash par un bras, pour l'entraîner en arrière, reculer face au surnombre. En effet, à neuf contre six, en terrain plat, leurs chances de vaincre s'amenuisaient considérablement. D'autant que ceux qui venaient de sortir des tentes paraissaient être bien plus expérimentés, mieux armés et mieux préparés. Ils agissaient comme un véritable groupe, à l'inverse de Ash et de ses hommes qui n'obéissaient pas aux ordres.

Les membres de la compagnie de Trainduc se dispersèrent rapidement, courant jusqu'au couvert des bois. Un des hommes de Ash n'y parvint jamais, et il termina sa course face contre terre, une flèche plantée entre les omoplates. Les autres, bondissant par dessus les obstacles, poussant leurs jambes et leurs poumons aux limites de leurs capacités, essayaient d'échapper à la contre-attaque violente orchestrée par leurs poursuivants. La neige et la montée rendaient leur progression difficile, mais l'obscurité et les arbres leur fournissaient un couvert à peu près sûr. Plusieurs traits filèrent au-dessus de leur tête sans toucher personne, mais ils n'avaient qu'un seul archer, et les autres continuaient à les poursuivre, bien décidés à les abattre. Chacun courait pour soi, incapable de se concentrer sur autre chose que sa propre survie. A l'exception de La Mouette. Il avait battu en retraite le premier, et il avait réussi à ouvrir la voie aux autres. Son agilité était surprenante, et il attira l'attention de ses compagnons, en leur faisant signe de bifurquer sur leur gauche. Cela les éloignait de leur campement, mais visiblement c'était le plan du jeune homme. Il prit la tête des opérations, temporairement, et les conduisit jusqu'à une sorte de grotte. En fait, c'était plutôt l'entrée d'une mine, abandonnée temporairement à cause de la neige qui rendait impossible d'en extraire quoi que ce fût. Ils pénétrèrent tous à l'intérieur sans demander leur reste, et s'enfoncèrent dans l'obscurité angoissante. Ils ne voyaient même pas leurs propres mains, et entendaient simplement leurs respirations sifflantes. Derrière eux, la seule lumière venait de l'extérieur, de l'entrée par laquelle leurs poursuivants devaient passer.

Des bruits de pas résonnèrent à l'extérieur, et une silhouette passa devant la porte, jetant un bref regard à l'intérieur. Ezendirakban ne s'était jamais vraiment posé la question, mais désormais il savait à quoi cela ressemblait d'être un lapin dans son terrier, traqué par des chasseurs. Les hommes semblaient un peu choqués et sonnés par la poursuite et la débandade qui avait précédé, et ce fut La Mouette qui rompit le silence :

- Désolé... J'me suis dit que ce s'rait pas prudent de rentrer au camp... I' nous s'raient tombés d'ssus tout d'suite, et on s'rait mort j'pense.

- Je ne pense pas, moi, trancha la voix de Ash. On aurait largement pu tenir. Et maintenant on est là, sans lumière, sans nourriture et sans eau, à attendre de nous faire cueillir...

- La faute à qui ? Rétorqua Ezendirakban.

S'il y avait eu de la lumière, les regards se seraient probablement tournés vers lui. Mais en l'occurrence, il y eut seulement un grand silence attentif qui l'incita à continuer :

- Trainduc, je ne pense pas que vous ayez divulgué vos plans à tout le monde. La Mouette et moi-même ignorions presque tout avant de nous joindre à vous. Ne reste que vous, Ash. Êtes-vous certain de ne pas avoir parlé de cette expédition à quelqu'un, pendant que vous alliez récupérer vos chevaux ?

Un nouveau silence. Probablement que s'il n'avait pas fait noir, l'ancien marin aurait ramassé un coup de poing rageur. Mais il était impossible de viser avec certitude, et nul ne voulait toucher par inadvertance Trainduc ou La Mouette, par exemple. Ezendirakban sourit. Il n'y avait pas que des inconvénients à être dans cette situation. A ceci près que derrière eux, les bandits cherchaient une solution pour prendre d'assaut leur position.


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Une étrange compagnie. EmptyMer 11 Sep 2013 - 16:33
Terrible frustration que de voir un plan capoter, Ash venait de réduire en bouillis une manœuvre pourtant déjà terriblement risquée. Dolan était furieux mais ce devait tout de même de rester pragmatique. La situation venait de tourner en la totale défaveur de la compagnie, et de l'avis de Dolan, seul l'avertissement de Ezendirakban avait permis à tout le monde de rester en vie. Pas tout à fait tout le monde, encore un des hommes de Ash  était tombé. Dolan n'avait pas le temps de penser à ça et encore moins de s'apitoyer. Il était au beau milieu de la forêt courant à perdre haleine pour sauver sa vie. Son bras souffrait une blessure infligée par un des brigands qui avait réussi à le surprendre par derrière. Il saignait beaucoup mais n'avait pas le temps de regarder si c'était sérieuse et profond. La situation semblait désespérée, Dolan tourna la tête en arrière pour faire état de l'avancement de leurs poursuivant et les trouva d'ailleurs dangereusement proche. Ezendirakban se trouvait juste à sa droite et courait lui aussi pour sauver sa vie. Leur yeux se croisèrent puis tous deux furent attirés par les manœuvres de La Mouette pour tenter de les guider loin de leur camp. Ce plan apparu a Dolan comme étant tout à fait approprié. Les ramener au campement signifiait forcément plus de pertes, qu'elles soient matérielles ou humaines.

De trop longues minutes plus tard, la petite compagnie fuyante arrêta sa course dans ce qui ressemblait beaucoup une mine désaffectée. Tous s'y engouffrèrent jusqu’à se trouver dans une obscurité des plus totales. Ils s'arrêtèrent pour permettre à leur poumon de récupérer un peu d'air, bien que le fond d'une mine ne sois pas le meilleur environnement pour reprendre son souffle. Ils prirent alors la mesure de ce qui venait de se produire.
L'un des leur avait péri, il se trouvait confiné dans les ténèbres d'une mine alors que des adversaires en surnombre allais certainement se décider à venir les cueillir très prochainement. Une petite joute verbale commença à éclater alors que La Mouette se justifiait d'avoir conduit tout le monde ici. Ezendirakban réagit vivement à la provocation de Ash envers son disciple. Chose tout à fait compréhensible pour Dolan qui tenta de désamorcer la situation.

-Etant donné que tout n'aurait peut-être pas raté si toi et tes balourds n'étiez pas arrivés en fanfaronnant, Ash, tu vas cesser immédiatement de menacer ceux qui, encore une fois, t'ont sauvé la vie. La Mouette, mon ami, ne t'excuse pas de nous avoir tiré de cette cavalcade sans fin. Ezendirakban a posé une question fort intéressante mon cher Ash, il semblerait que ces hommes, la, dehors soient au courant de notre petite quête. Peut-être sont-ils tes amis ?

-Non, je n'ai parlé de notre voyage a personne ! Y'a que mes hommes et moi qu'on savait ou qu'on allais !

-Par tous les valars ! Dans ce cas pourquoi sommes-nous suivit ?!

Dolan voulait cette dernière phrase beaucoup plus énergique et menaçante mais ses forces l'abandonnait a une vitesse ahurissante. Suite au discours de leur guide, Ash et ses hommes commencèrent à se disputer entre eux, se rejetant la faute les uns sur les autres. Dolan baissa les yeux mais l'obscurité ambiante ne lui permit de discerner que des ombres. Il sentait un liquide chaud couler à flot le long de son bras. Dolan savait que si il n'empêchait pas son sang de couler ainsi il serait bientôt inconscient au fond de cette grotte, et la situation ne se prêtait guère a une petite sieste. Dolan posa sa main sur le bras de Ezendirakban, qu'il savait être sur sa droite grâce a sa voix lorsque celui-ci avait remis Ash en place, et alla jusqu’à son oreille pour lui chuchoter à part,

-J'ai besoin de toi l'ami, je….. je suis blessé au bras. Je crois que c'est sérieux…

Ezendirakban sembla prendre immédiatement la mesure de cette requête. S'il avait décidé de ne parler de sa blessure qu'a l'ancien marin c'est parce que Dolan commençait à avoir cerné les membre du groupe. Si Ash sentait la moindre faille dans son leadership, il tenterais quelque chose de stupide. Dolan en était certain. Il se remis donc à penser en chef et regroupa toutes les forces qui lui restait pour  recouvrir le bruit des hommes se disputant et donner à sa voix l'assurance qu'ils lui connaissaient.

-Il nous faut éviter de rester coincés comme des moutons attendant la mort, nous devons nous organiser. Ash, toi et ton ami, allez plus loin dans cette mine voir ou elle conduit et à défaut d'avoir une seconde sortie, si il elle peut nous offrir un avantage défensif.

Alors qu'il finissait sa phrase, Ash poussa un grognement que Dolan prit pour un acquiescement puisque deux ombres se mirent en mouvement. Il repris d'un voix compatissante,

-Ash, Tag, je suis navré qu'un autre de vos frères d'armes soit tombé…

Ils ne répondirent pas, reprenant leur route vers les ténèbres de la mine.

Dolan avait de plus en plus de mal à tenir debout et il finit par se laisser choir au sol quelques instants après le départ des deux hommes. La totalité de ses sens engourdit par la douleur il se sentait tomber dans l'inconscience alors que quelqu'un s'affairait à son bras. Incapable de bouger, Dolan avait peur.

Plusieurs minutes plus tard, Il sentait ses forces revenir doucement alors qu'il mangeait du pain rassis qu'il avait par chance gardé sur lui lorsqu'il avait décidé d'aller marcher. Ash revînt d'un pas pressé suivit de près par son acolyte pour rendre son rapport. Dolan se releva avec peine dans l'obscurité ambiante, avant même qu'Ash ai pu ouvrir la bouche un bruit assourdissant retentit, venant de l'extérieur de la mine. Tous se retournèrent en sursautant, et les choses se précipitèrent. Dolan poussa ses compagnons vers le fond de la mine alors que Ash faisait son rapport en mouvement.

-Si nous continuons pendant une dizaine de mètres tout droit, on trouvera une bifurcation, en prenant à droite, nous allons tomber sur une grande grotte d’où il nous sera beaucoup plus facile de nous défendre.

-Et à gauche ? de s'enquérir le chef d'expédition

-Ben j'sais pas, on y est pas allé en fait.

-Y a-t-il de la lumière dans cette salle ? demanda catégoriquement Dolan

-D'la lumière ? Non 'fais noir complet la d'dans messire.

-L'obscurité totale pourra s'avérer être une précieuse allié autant qu'une terrible ennemie, mais nous n'avons gère le choix. Le chemin de gauche pourrait s'avérer être un cul de sac. Allons-y !

Il fallut environ 2 minutes a petite troupe pour arriver dans la fameuse grotte qui était, en effet, d'un gabarit bien différent du couloir rocheux d’où ils venaient. Dolan jeta un coup d'œil approfondît a la topographie des lieux pour savoir où placer au mieux ses hommes. Il fallait se servir de l'obscurité pour surprendre les assaillants dont on entendait déjà les pas de courses.



Dolan était accroupi à environ 2 mètres de l'entrée, collé au mur et attendait que ses yeux discernent les silhouettes des brigands. Repartis de manière stratégique dans toute la pièce, ses compagnons faisait de même. Il avait été convenu que lui et La Mouette serait les deux premiers a attaquer puisque les plus près de l'entrée. Un silence de mort régnait durant une attente déjà trop longue et insupportable. S'il devait tomber aujourd'hui, Dolan emporterais avec lui le maximum d'adversaires. Il se remémorait ses inlassables passes d'armes échangés avec celui qui fût longtemps son maître et mentor. Un lieutenant du Gondor nommé Pelgias. Il lui avait enseigné nombre de bottes et de parades, avait insufflé dans chacun de ses muscles des réflexes de guerriers permettant de réagir rapidement aux tentatives adverse de percer sa garde.  Les pas se rapprochait et Dolan savait que cette fois ce serait différent, son bras le brûlait, bien qu'il aye mieux et que l'adrénaline galvanisait ses aptitudes, il allait falloir tout donner dans cette bataille. Les pas qui s'avançaient vers lui était nombreux, trop nombreux, plus nombreux que ce qu'il attendait. Ils avaient dû recevoir des renforts, ce qui explique pourquoi ils avaient attendu autant avant de pénétrer dans la mine. Dolan resserra sa prise sur son épée, remplit ses poumons d'air et fît ralentir son rythme cardiaque. Il tournait toutes ses pensées vers le combat, la mort et la survie. Tout le reste n'était que futilité en cet instant.

Les brigands pénètrent dans la cavité.

Un, puis deux, puis trois, puis quatre… Dolan lança la pierre qu'il avait dans la main de toute toutes ses forces en direction de la tête du cinquième homme entré. Celui-ci tomba à terre et, son crâne brisé, fût mort avant d'avoir touché le sol. Alertés par la mort de leur compagnon, les brigands se mirent à courir dans tous les sens en se servant de leur ouïe jusqu’à trouver un adversaire. Ainsi, Dolan se trouva aux prises avec un homme au menton carré et à l'odeur de purin. Leur épée s'entrechoquèrent devant leur visages. L'homme voulu asséné ensuite un coup d'estoc pensant surprendre son adversaire mais celui-ci fît un pas de travers afin de se retrouver sur le flanc de son assaillant et lui porta un coup qui ouvrit une vilaine plaie de la hanche jusqu'à l'aisselle. L'homme, blessé, tenta de mettre toutes ses forces dans un ultime coup visant la tête de Dolan mais celui-ci le dévia et finit par asséner un coup de poing qui assomma son ennemi. Dolan cherchait des yeux un autre adversaire à combattre lorsqu'un événement dramatique arriva. L'homme rentré en dernier dans la grotte portait une torche, anéantissant totalement l'avantage que procurait l'obscurité a Dolan et ses hommes. Un coup d'œil permit au chef de comprendre que, si ils ne récupéraient pas vite cette obscurité, ils n'avaient absolument aucune chance de victoire. Il courut alors sans réfléchir en direction de la source de lumière, un brigand, ayant surement compris ou il voulait en venir, se mit sur son chemin pour l'en empêcher, mais avant même que Dolan ai pût prendre ce nouveau détail en considération, Ash venait de se jeter sur l'homme et l'avait écarté de sa trajectoire.

Le corps inanimé d'un homme barrait la route a Dolan, il sauta par-dessus et jeta toutes ses forces dans un coup de taille qu'il voulut assener au porteur de torche. Avertit par un de ses amis, l'homme para le coup qui le fît néanmoins chanceler. Dolan lui porta un coup de tête monumental qui le fit trébucher et lui donna un terrible coup de pied directement dans le front. Dolan voulu alors récupérer la torche afin de l'éteindre mais elle avait été ramasser par celui qui, depuis le début de l'escarmouche, donnait les ordres aux mécréants, surement leur chef. Celui-ci regardait Dolan dans les yeux et se vida d'un rire tonitruant puis ordonna à ses hommes de tuer Dolan et il se fit le plaisir de préciser tout un tas de petits détails sordide sur la manière dont il aurait aimé voir mourir le malheureux. Encerclé de quatre hommes, Dolan ne voyait pas comment la situation pouvait se débloquer pour lui, il allait mourir. Cependant il souriait. Comme promis, il ne serait pas le seul à tomber. Il avait remarqué que l'entrée avait cessée de cracher des hommes, tous était à l'intérieur à présent. L'étau allait se refermer, Tag et Ezendirakban pouvaient entrer en action…
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Ryad Assad
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Une étrange compagnie. EmptyVen 13 Sep 2013 - 0:50
Une étrange compagnie. Ezendi10

Coincés dans une mine, plongés dans une obscurité des plus totales, poursuivis par des hommes armés près à les tuer, il était étonnant que les membres de la compagnie de Trainduc choisissent précisément ce moment pour régler leurs comptes, et mettre les choses au point. Mais de toute évidence, il fallait croire que le stress et l'adrénaline leur avaient fait perdre la raison, et qu'ils avaient besoin de se défouler, d'extérioriser leur colère, leur frustration et leur ressentiment. Comme il était impossible de voir leurs visages, ils ne pouvaient pas lire sur les traits de leurs voisins l'état d'esprit dans lequel ils étaient, mais à leur intonation, on sentait clairement que tous, Ezendirakban y compris, étaient épuisés, nerveux, et surtout passablement effrayés. Après tout, la situation pour eux n'était pas brillante, et les deux solutions qui s'offraient à eux n'étaient pas des plus réjouissantes : aller de l'avant, vers l'inconnu, et s'enfoncer dans un endroit potentiellement dangereux, ou bien faire marche arrière, et affronter honorablement une mort certaine au fil de l'épée. Cette fois, même l'ancien marin ne trouva pas de bon mot à lancer pour détendre l'atmosphère, et il se mura dans un silence préoccupé, pendant que Trainduc abondait dans son sens, et reprenait ses arguments contre Ash.

Il était vrai qu'on pouvait se poser des questions à ce sujet. Deux groupes de bandits qui les attaquaient en deux jours, cela faisait beaucoup. Avec l'hiver impitoyable qui s'était abattu sur la région, les récoltes avaient été médiocres, et si la cité blanche n'était pas affamée, c'était probablement grâce aux efforts du Roi, qui devait prélever généreusement dans le Trésor pour s'assurer que son peuple ne mourrait pas de faim. Mais parmi les gens qui affluaient à la capitale, à la recherche d'un petit travail, quittant leurs fermes ravagées par le gel, certains étaient rendus amers par les difficultés de la vie, et ne crachaient pas sur les actions malhonnêtes, tant qu'elles leur permettaient de nourrir leurs familles. Ezendirakban, dont la longue expérience lui permettait de parler de ces choses avec une certaine précision, était convaincu que le premier groupe qui les avait attaqué était constitué d'hommes sans expérience, de vulgaires brigands, mal équipés et peu préparés. Leur attaque avait été précipitée, et ils avaient cru que l'appui d'un ours de foire leur donnerait l'avantage suffisant. Ils n'avaient pas même pensé à les encercler convenablement, ce qui prouvait leur amateurisme.

A l'inverse, ceux qui les poursuivaient actuellement étaient d'une autre trempe. Leur équipement était de meilleure qualité, cela se voyait au premier coup d'œil, et leur chef semblait être un homme rusé. Même s'il apparaissait comme une grosse brute, il avait su leur tendre un piège dans lequel ils avaient tous sauté à pieds joints. Certes, Ash et ses hommes n'avaient pas été discrets en chargeant de front, certains qu'ils étaient de remporter la victoire, mais ni Ezendirakban, ni Trainduc, ni La Mouette n'avaient soupçonné un tel traquenard. Seule la chance leur avait permis de s'en sortir... au prix de la vie d'un des leurs, toutefois. Et les hommes qui les suivaient, plutôt que de s'engouffrer dans le piège de l'obscurité comme le pensait l'ancien marin, avaient décidé d'attendre. Ils avaient passé la tête à l'intérieur, essayant d'évaluer la situation, mais avaient pris le temps de réfléchir. C'était l'attitude d'hommes prudents, et certainement très dangereux. Des hommes à qui il ne serait pas facile d'échapper.

Alors que la discussion se transformait en une sorte de guerre ridicule entre Ash et son compagnon, Ezendirakban sentit une main se poser sur son épaule, à tâtons, comme cherchant à le localiser plus précisément. Il sentit un souffle se rapprocher de son oreille, et Trainduc lui parla à voix basse, en privé, pendant que les autres n'écoutaient pas. Ses paroles alarmèrent immédiatement l'ancien marin, qui s'empressa de glisser un bras sous l'épaule de son compagnon. Dans le noir, personne ne pouvait voir cette blessure, et encore moins que le chef de l'expédition se reposait sur l'homme apparemment malade du groupe. Drôle de duo. Ezendirakban, après s'être assuré que son compagnon tenait le choc, lui souffla :

- Je ne la vois pas, mais je devine à votre faiblesse que c'est une vilaine blessure. Je pense que La Mouette pourra vous faire un bandage solide, qui vous évitera une perte de sang. Pour le reste, il faudrait que nous retournions au campement pour mieux vous soigner... Mais ne vous inquiétez pas, j'ai connu des situations bien pires, et je suis toujours là, n'est-ce pas ?

Son ton se voulait rassurant, mais bizarrement, on sentait dans sa voix qu'il n'avait pas lâché cette dernière phrase simplement pour faire la conversation. De toute évidence, il avait effectivement connu bien pire. Cela avait de quoi surprendre, car même s'il savait se battre brillamment, il apparaissait tout de même comme un marchand un peu excentrique. Comment expliquer qu'il eût pu se retrouver dans des ennuis plus graves que ceux dans lesquels leur compagnie était plongée. Difficile à croire. Retrouvant un peu d'énergie, peut-être parce qu'il n'était plus obligé de se mobiliser pour tenir debout, Trainduc s'exprima d'une voix claire et forte, afin d'être entendu de tous, et surtout d'être obéi dans l'instant. Il envoya immédiatement Ash et l'homme qui l'accompagnait explorer les environs, à la recherche d'un endroit plus confortable, et plus sûr. Aucun d'eux n'espérait vraiment qu'ils trouveraient une sortie... Les deux hommes, acquiesçant sans plaisir, s'éloignèrent précautionneusement, marchant lentement de sorte à ne pas tomber dans un piège. On entendait le raclement de leurs bottes sur le sol, et il était certain qu'ils prendraient un moment avant de revenir de leur excursion. Comme pour essayer de retrouver le respect qu'il semblait perdre chaque jour un peu plus vis-à-vis de ses recrues, Trainduc leur lâcha une phrase étrange, comme s'il éprouvait une pointe de remords à savoir que déjà deux des leurs étaient tombés. Les intéressés ne répondirent rien, et continuèrent à s'éloigner. Etait-ce le signe d'une fracture dans le groupe ? Impossible de le savoir pour l'instant.

Ezendirakban, qui avait suivi toute la scène sans mot dire, sursauta lorsque le chef de l'expédition glissa et s'assit lourdement sur le sol. Décidément, il devait être bien mal en point. Toutefois, il avait su trouver la force de demeurer debout tant que Ash était présent, comme s'il ne souhaitait pas lui montrer un quelconque signe de faiblesse. Une attitude prudente que l'ancien marin ne pouvait que saluer. Mais il y avait plus urgent pour l'heure :

- Mon ami, ne bougez pas. La Mouette, viens donc par ici... C'est ça, suis ma voix. Trainduc est mal en point, et il est blessé au bras. Occupe-toi de lui comme tu le peux, et surtout fais vite. J'ai peur que nos poursuivants ne nous laissent pas en paix bien longtemps.

Pendant que son garde du corps s'affairait à panser grossièrement la blessure, Ezendirakban monta la garde. Ou plutôt, il demeura debout, le regard rivé vers la mince tâche de lumière qui constituait l'entrée de la grotte, et qui laisserait bientôt passer un flot de guerriers près à tout pour les anéantir. Probablement que ceux-là avaient voulu capturer Trainduc vivant, mais après la mort de plusieurs des leurs, ils étaient probablement animés d'un esprit de vengeance, et il n'était pas certains qu'ils fissent des prisonniers. En quelques minutes, La Mouette acheva son travail. Ce n'était pas du grand art, mais au regard des conditions, et du manque de matériel évident, son œuvre était déjà correcte, et elle permettrait au chef de la compagnie de tenir un peu plus longtemps, de résister au moins jusqu'au moment de l'assaut fatidique. Bientôt, ce dernier sortit un peu de nourriture, du pain à en juger par le bruit, qu'il commença à manger pour reprendre des forces. Pendant ce temps, La Mouette avait remplacé son patron à la surveillance, et celui-ci était allé examiner le bandage, qui semblait solide. Essayant de réconforter son ami, il lâcha :

- Nous allons nous en sortir, vous verrez...

On devinait son sourire dans sa voix, et il se redressa en entendant des pas venant de la grotte. C'était Ash qui revenait, avec de toute évidence de nouvelles informations. Mais il n'eut pas le temps de les communiquer qu'un signe inquiétant les poussa à courir loin de l'entrée. Il semblait que leurs poursuivants avaient enfin décidé de passer à l'action, et la tâche de lumière qui constituait l'entrée était éclipsée à intervalles réguliers par les silhouettes effrayantes des guerriers qui pénétraient en file indienne dans le boyau. En sous-nombre, et cruellement diminués, les hommes de Trainduc ne pouvaient donc que battre en retraite, ce qu'ils firent. Ils emboîtèrent le pas à Ash, qui les conduisit dans une salle assez vaste, où les gens qui travaillaient devaient se reposer entre deux excursions au fin fond de la mine. Mais hélas, ils n'avaient laissé ni torches, ni eau, ni nourriture. Rien qui pouvait être utile aux traqués :

- Nous d'vons trouver un plan, déclara La Mouette d'une voix étonnamment calme.

Et tous les hommes se rassemblèrent en un cercle, unis dans la vie comme dans la mort, bien décidés à choisir la première option, et à se battre vaillamment puisqu'ils n'avaient pas le choix. Ils avaient quelques minutes de répit, car leurs adversaires avançaient eux aussi à l'aveuglette, à ceci près qu'ils voulaient éviter le piège inévitablement tendu. Ils devaient prendre leur temps, certains que leur traque aboutirait à leur victoire inévitable. Quelques minutes qu'ils mirent à profit pour établir un plan audacieux. Un pari mortellement risqué, qu'ils étaient contraints de faire.


~~~~


- Reste baissé... Reste baissé, et ne te relève surtout pas. Ta cible, c'est l'homme à la torche, personne d'autre...

Le chuchotis d'Ezendirakban était imperceptible sinon par celui qui se trouvait collé à lui, agenouillé derrière un rocher, habilement dissimulé. Les mercenaires avaient brièvement exploré les lieux, mais c'étaient les autres qui avaient été attaqués, et tous s'étaient jetés dans la bataille, afin de venir enfin à bout de la résistance futile qu'on leur opposait. En voyant l'homme avec la torche passer, Tag avait failli lui sauter dessus, mais cela aurait été contraire au plan, et ce fut l'ancien marin qui le retint. Il lui intima de rester patient, et d'attendre le bon moment. Celui où ils pourraient frapper d'une manière décisive, brutale et si possible létale. Ils n'entendaient pas faire de quartiers. Et, alors que la bataille continuait à se dérouler à quelques mètres d'eux, l'ancien marin poussa soudainement son compagnon en lui murmurant ces paroles. Rester baissé, pour éviter de prendre une flèche par inadvertance. Se concentrer sur l'homme à la torche, qui portait la seule menace à la réussite de leur plan : la lumière.

Se relevant à une vitesse prodigieuse, armant son bras avec une incroyable dextérité, le premier trait d'Ezendirakban alla se ficher entre les omoplates du premier guerrier, le plus proche de Trainduc. Avant même que les autres eussent compris ce qu'ils se passait, une deuxième flèche venait se planter dans le crâne d'un autre mercenaire, dont le corps fut catapulté en arrière de manière fort peu élégante. Le chef, réagissant plus vite que ses hommes, hurla des ordres qui se répercutèrent en échos sur le plafond de la grotte, cherchant immédiatement à se mettre à couvert. Il comprit sans doute que porter la torche le désignait tout naturellement comme la cible prioritaire, et il la jeta au sol juste au moment où un nouveau trait partait. Celui-ci alla se ficher bienheureusement dans le corps d'un autre mercenaire, aux prises avec La Mouette, qui trouva la mort décapité par la suite. La bataille tournait au chaos, et il n'était plus possible d'utiliser un arc dans ces conditions. Abandonnant son arme, le guerrier dégaina son sabre, et se rua dans la mêlée, bien désireux d'apporter son soutien. Il restait encore assez d'adversaires pour tout le monde, et même avec cette attaque surprise, les attaquants demeuraient en supériorité numérique.

Avançant baissé, Ezendirakban était un peu perdu. Il ne savait pas vraiment où frapper, qui frapper, et il se contenta d'adresser un coup de poing au premier venu, qui s'écroula sur le sol. Il répugnait à donner de grands coups de gauche et de droite, car il savait qu'il risquait de toucher par inadvertance un de ses alliés. C'était le grand risque. Ce fut Ash qui eut le bon réflexe, cette fois. Après avoir échappé à un de ses adversaires, il s'était emparé de la torche, et au lieu de la garder en main, il l'avait jetée là où se trouvaient tous les mercenaires, dont certains se rendirent compte alors qu'ils se battaient entre eux. La compagnie de Trainduc pouvait donc maintenant attaquer en toute confiance. Les mercenaires voulurent quitter le cercle de lumière dans lequel ils étaient comme prisonniers, mais Ash, Tag, Trainduc, La Mouette et Ezendirakban les chargèrent, surgissant des ombres comme des diables, épées en avant, pour les forcer à reculer. Les hommes étaient bons, mais ils ne pouvaient pas affronter des ennemis qui semblaient apparaître purement et simplement sous leurs yeux. Comme un seul homme, ils se replièrent donc, courant dans les couloirs comme si leur vie en dépendait. Tag poussa un grand cri, et décida de les suivre. Et en effet, c'était peut-être leur meilleure chance de pousser leur avantage. Ezendirakban ramassa la torche, et s'en servit pour retrouver son arc, qu'il récupéra. Ils pouvaient encore en avoir besoin. Devant lui, les autres membres du groupe couraient prudemment, pour ne pas se blesser sur le sol inégal. Ils finirent par arriver à la lumière, face aux mercenaires qui ne semblaient pas décidés à poursuivre les hostilités. Ils savaient qu'au moindre signe de danger, Trainduc donnerait l'ordre de se replier à l'intérieur, et qu'en revanche ils faisaient des cibles faciles pour l'arc qu'Ezendirakban venait de bander dans leur direction. Les plus courageux se cachèrent derrière l'arbre le plus proche de leur position. Les autres partirent carrément en courant, dévalant la pente jusqu'à leur campement. Et puis ce fut la débandade générale, quand chacun d'entre eux, voyant que son voisin l'abandonnait, finissait par se dire qu'il ne servait à rien de mourir ici.

Et puis soudain, le silence revint.

Le silence.

Ezendirakban éclata d'un grand rire franc, comme si le stress emmagasiné avait besoin d'être relâché. Il se calma rapidement, et lâcha à l'attention de tous :

- C'était une belle bagarre, vraiment ! Ils ne s'attendaient pas à ça, pour sûr.

La Mouette, qui savait tempérer les ardeurs de son patron, lança alors d'une voix neutre :

- J'pense qu'on devrait r'tourner au camp. S'i' r'viennent avec de quoi t'nir un siège, not' victoire, bah elle aura pas servi à grand chos'. Et pis faut soigner vot' bras m'sieur Trainduc... Vous irez pas bien loin dans vot' état.

Ce fut à ce moment que Ash et Tag remarquèrent que leur chef était blessé.


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Une étrange compagnie. EmptyMar 17 Sep 2013 - 17:21
Tout espoir semblait perdu, Dolan s'était battu de toutes ses forces pendant de longues minutes, transformant chaque assaut ennemi en avantage pour lui ou à défaut en simple coupure sur sa peau. Il avait encaissé chaque éclair de douleur qu'infligeait le fait d'assener un coup avec son bras blessé. Utilisant toute sa fureur et son dégout pour la mort, il avait réussi la prouesse de survivre jusqu'ici dans ces conditions, passant même contre son gré au milieu du cercle de lumière que constituait la torche que le chef ennemi avait jeté au sol. Mais malgré ces efforts, les trois hommes qui lui faisait face s'apprêtait à ne faire qu'un et à s'allier dans un assaut meurtrier. Dolan ne pourrait parer ou éviter tous les coups, il était perdu.

Alors que tout espoir avait disparu, une flèche venant se ficher dans le dos de l'homme en face de Dolan renversa totalement la situation. Hébétés par cette mort soudaine de leur frère les deux hommes restant eurent un moment d'immobilisation. Dolan ne se fit pas prier et profita de cet avantage à une vitesse fulgurante. Un mouvement plus tard sa lame était en travers de la gorge du premier et il se trouvait dans le dos du deuxième de ses adversaires. Celui-ci, sortit de sa torpeur, pivota et porta un coup en direction du flanc de Dolan, qui contra l'attaque en bloquant le bras de son opposant à mi-chemin. Il s'empressa alors d'ouvrir une énorme balafre dans le dos du malheureux qui tomba à genoux. Dolan s'en détourna et s'accroupi une seconde pour reprendre ses esprits et analyser la situation. La torche qui auparavant leur garantissait un échec cuisant et sans alternatives était devenue leur principal avantage. Lancée par Ash au milieux des brigands, elle permettait à la compagnie de Trainduc de pouvoir attaquer leur ennemis sans crainte de blesser un allié. Dolan se releva d'un bond et fonça vers les malandrins qui commençait à comprendre l'enjeu de cette nouvelle situation. Tous les amis de Dolan était, visiblement, parvenus aux même conclusions que lui puisque tous se ruait vers le cercle de lumières.

Se transformant tous les cinq en ombres mortelles il frappait ensemble quittant le noir pour infliger de terribles blessures avant de retrouver le confort de la quasi-invisibilité. La groupe restant de bandits eu vite fait de comprendre que leur unique avantage de supériorité numérique ne suffisait plus à leur donner l'avantage dans cette bataille. Et comme s'ils étaient tous doté du même intellect, ils se mirent a détaler comme des lapins en direction de la sortie. Certain, piégés par l'obscurité du couloir s'assommèrent contre les murs et aucun de leur frères ne fit marche arrière pour aider.

Une fois sûr et certain que tous avait complètement abandonner l'idée de se regrouper et de tenter une riposte, les cinq compagnons se détendirent. Ezendirakban se mit à rire, et Dolan ne put s'empêcher de le rejoindre. Toute cette tension et les effets de l'horreur qu'avait ressenti Dolan à l'orée de la mort purent enfin être évacuées. Mais l'heure n'était pas au rire même si, on pouvait le remarquer aux mines éclairées par la torche nouvellement acquise, tous étaient content d'être en vie. La mouette, fort de son pragmatisme sans failles, rappela a tout le monde qu'ils n'étaient pas totalement en sécurité même la bataille gagnée. Et c'est à ce moment précis que Dolan remarqua la quantité de sang imbibant ses vêtements et au moins un quart de ca ne provenait pas de ses ennemis mais suintait de son bras ou le bandage de fortune de son ami n'avait résisté aux assaut de la grotte.

Dolan remarqua immédiatement le regard de Ash lorsque celui-ci avait posé les yeux sur la blessure de son chef, un regard ou se mêlait surprise et espoir de promotion. Dolan choisis alors l'affrontement direct pour remettre l'homme a sa place. Il commença par le regarder au fond des yeux, semblant sonder la totalité de son âme. Puis il se mit à arborer un petit sourire provocateur qu'il avait forcément subtilisé a Ezendirakban. Et c'est avec cette mine moqueuse qu'il fit un pas vers Ash. Celui-ci ne tiqua pas alors que Tag lui ne semblait pas avoir ce courage et recula d'un pas.

-Ne t'en fais pas petit, il me suffit toujours d'un bras pour disloquer le corps d'un homme de ta stature.

Du coin de l'œil Dolan vit Ezendirakban et La Mouette se jeter un regard qu'il ne put déchiffrer, Ash quand à lui baissa les yeux comme un chien à qui on venait d'infliger une tape sur le museau. Dolan se dit qu'il n'avait décidément aucun courage car il savait que si Ash avait décidé d'en découdre avec lui pour de bon, sa blessure lui assurait presque la défaite. Il se demanda alors si l'ancien marin et son complice viendraient à son secours dans une telle situation. Ne trouvant de réponse certaine, il chassa cette pensée de son esprit puis, faisant alors un pas en arrière pour retrouver sa place dans le cercle que formait le groupe, il s'adressa a tous.

-La mouette a parfaitement raison, dans l'état actuel des choses, il nous faut absolument regagner le camp. Mais il nous faut également assurer nos arrières. Vous allez rentrer et Ezendirakban il serait bien que vous mettiez en place un système de défense. Quant à moi, je vais faire un détour discret aux environs du camp de nos amis pour voir l'état de leur confiance en eux.  La mouette, pourrais-tu passer devant et guider tout le monde vers le camp. Dolan marqua une pose et ficha à nouveau ses yeux dans ceux de Ash.
Toi tu passes derrière , si vous êtes attaqué, tu auras ainsi tout loisir de prouver ta force au sein du groupe.

Dolan s'était appliqué à faire une grosse différence de ton lorsqu'il s'était adressé, d'abord calmement a La Mouette et son maître, puis avec mépris a Ash. Il était de nature très fier et aimait beaucoup le pouvoir social et être le chef en général. Il ne supportais pas que quelqu'un convoite son titre. Cependant il se demanda s'il n'était pas allé un peu loin en s'acharnant ainsi. Mais Trainduc, lui, n'était pas du genre à s'encombrer de regrets. Il continua donc sur un ton assuré.

-Ne perdons pas de temps allons y maintenant. Et avant de partir, essayez de trouver sur nos ennemis tombés au combat tout objet utile à notre survie. Et tout vêtements chaud sera le bienvenue.

Et, adressant un regard qu'il voulut emplit de confiance à Ezendirakban, il pris les devants et sortit le premier de la grotte. Avançant d'abord tranquillement puis de plus en plus furtivement à mesure qu'il s'approchait du point de chute de ses adversaire, Dolan avait pansé sa blessure avec le bout déchiré d'un tunique d'un des cadavres de la grotte. Il se concentrait sur la douleur qu'irradiait sa plaie se forçant à continuer. Quelques longues minutes plus tard il était arrivé au niveau des arbres environnants le camp ennemi. Dissimulé derrière un gros tronc d'arbre, il avait opté pour une position accroupie qui lui permettrait en cas de surprise de prendre la fuite immédiatement.
Le spectacle auquel il assista tira a Dolan une rire qu'il du étouffer dans son bras pour garder secrète sa présence.
Le camp, désormais amputé de son chef, était agité d'un esprit de folie incontrôlé et chaque homme présent courrait dans tous les sens pour ramasser un maximum de fournitures afin de partir le plus vite possible. Certains même en venaient à se battre, ici pour une couverture, la pour une épée…

Dolan, après une demi-heure passé a les observer et a contrôler qu'aucun ne prenait l'initiative de rassembler les autres et s'autoproclamait chef, constata qu'il ne restait plus que quatre hommes qui semblait n'avoir nul endroit où aller puisqu'ils restaient la et rassemblaient les dernières affaire présente dans le camp. Il se leva donc et avança en direction de l'endroit où devait, normalement, se trouver sa propre compagnie. Il lui fallut plus longtemps qu'il ne le pensait pour retrouver les premiers pièges que son ami marin avait posé quelques temps auparavant. Il pressa donc le pas et veillant à ne pas faire de geste qui puisse être mal interprété par le guetteur qui, il l'avait remarqué quelques secondes avant, se trouvait un peu plus haut arriva au niveau du feu de camp.

-Haha, ces mécréants ont tous fuis comme des poules apeurées ! Vous auriez dû voir ça !

Dolan alla alors directement s’asseoir sur sa couche et demanda à La Mouette s'il lui était possible de
-rafistoler un peu ce bras, parce que ça commence à chatouiller un peu.

Dolan voulut en rire mais sa mine trahissait la criticité de sa situation, il savait que si sa blessure n'était pas soignée dans les plus brefs délais elle pourrait lui coûter la vie. Il espéra profondément en lui-même que la plaie ne fut pas infectée.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Plusieurs heures plus tard, Dolan était assis près du feu, au bras un bandage impressionnant de qualité au vu des moyens limités qu'avait La Mouette. Une discussion animée avait lieu entre Ezendirakban, Tag et lui. Mêlant rire et arguments tonitruants, les trois hommes voulait laisser les querelles de groupes à l'entrée de cette "fichue grotte". Un silence, ne se voulant pas forcement gênant, s'installa. Dolan plongea alors dans ses pensées. La situation avait tellement évoluée ! Alors que tout démarrait bien, il avait trouvé ses pigeons parfaits et tout s'annonçait parfaitement pour les dépouiller sans encombre. Un vieux marin aux allures malades cachant une grande force et une impressionnante sagesse s'était alors mêlé de l'affaire et, accompagné de son acolyte, il avait rejoint les festivités. Compliquant déjà l'affaire une bande de malandrins inexpérimentés les avait attaqués, et pour couronner le tout, ils avaient manqué de trouver la mort enfouis au fin fond d'un caverne. Comment un plan aussi bien huilé avait pu capoter autant ? Dolan maîtrisait parfaitement le personnage de Trainduc et avait déjà un bon nombre de fois exécuté ce plan, consistant à dépouiller tous les biens de quelques simplet dans leur sommeil, et jamais auparavant cette manœuvre n'avait tournée ainsi. Dolan pensa alors qu'il était temps de prendre une décision. Était-il sérieux de continuer dans de tel conditions ? Il estimait que sa vie valait un millions de fois mieux que cette mascarade. Mais d'un autre côté, cette fois-ci la supercherie reposait sur des faits concrets. Le cimetière de D'agora avait réellement la réputation de garder un trésor dont la taille dépassait les espérances du plus optimistes des chasseurs de trésors. Dolan se dit que le jeu en valait, pour l'instant la chandelle, et que ses compagnons avaient tous fait montre d'une capacité de survie et de combat qu'il ne soupçonnait pas. Et au plus profond de lui, Dolan savait qu'il aimait ça. Né dans une ferme monotone et de parents refusant la moindre forme de perturbation de leur routine, il était, lui, étonnamment né avec un intense besoin d'aventure et il adorait par-dessus tout dépasser ses limites. Maintenant que les chose étaient plus calme et qu'il se reposait, il ressentait un bien-être et un entrain qu'il n'avait ressenti que durant des grandes aventures ou le danger était omniprésent.
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Ryad Assad
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Une étrange compagnie. EmptyMar 24 Sep 2013 - 1:28
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La bataille était terminée. Enfin pour l'instant. Ezendirakban, bien qu'il s'était laissé aller à une démonstration de joie un peu exubérante, savait que leurs adversaires venaient de subir un revers temporaire. Tout au plus venaient-ils de leur faire comprendre que l'abus de confiance en soi était dangereux pour la santé. Pour le reste, ils avaient simplement confirmé ce que ces bandits devaient soupçonner depuis le début : que l'aventure risquait de rapporter gros, et qu'ils étaient prêts à tout pour retrouver le fameux trésor, et s'enrichir copieusement. Moins de mercenaires, cela signifiait parallèlement moins de parts et donc un butin plus important pour ceux qui survivraient. Il ne fallait pas se faire d'illusions, les charognards étaient toujours attirés par l'odeur du sang, qu'elle provînt de leurs proies ou de leurs congénères...

Ce fut ce genre de pensées sombre que libéra dans l'esprit de l'ancien marin la prise de parole de La Mouette, qui décidément faisait ses preuves avec brio et talent. Malgré sa jeunesse, il semblait sûr de lui, et il s'imposait de plus en plus comme un homme fiable dans ce groupe. Sobre et simple, il ne parlait jamais lorsque ce n'était pas absolument nécessaire, et même si son vocabulaire était celui d'un individu non instruit, sa pensée demeurait précise et affutée. Il était loin d'être idiot, et il avait un bel avenir devant lui... s'il survivait à cette expédition qui devenait chaque jour un peu plus dangereuse. Toutefois, pour l'instant, il paraissait être un de ceux qui avaient le plus de chances de sortir vivants de l'aventure, contrairement à Trainduc. Son bras blessé, en effet, était au centre de toutes les attentions, et bien qu'il gardât en lui la force d'esprit qui le caractérisait, son corps était considérablement affaibli, et il nécessitait de toute évidence des soins urgents.

Ash le remarqua aussi, et Ezendirakban avait naturellement tourné la tête dans sa direction. Le fait que Trainduc eût refusé de parler du coup qu'il avait reçu devant tout le monde témoignait du fait qu'il ne faisait pas véritablement confiance aux hommes qu'il avait recrutés. Et à juste titre, de toute évidence, car l'œil de Ash luisait d'envie à l'idée de pouvoir prendre la tête des opérations. Lui aussi, apparemment, semblait calculer que moins il y aurait de personnes à revenir, plus grosse serait la part. Dans sa tête, si l'ancien marin et son acolyte au surnom étrange étaient des menaces potentielles, il les écartait de son calcul car ils avaient déclaré au préalable ne pas être intéressés par l'argent. Trainduc, par contre, demeurait un concurrent dont on pouvait éventuellement se débarrasser, malgré ce qu'il avait dit sur son tatouage magique. C'était peut-être d'ailleurs la seule chose qui les retenait véritablement de tenter leur chance de leur côté. Ca, et le fait que le chef de l'expédition était un homme visiblement aguerri, qui se révélait de plus en plus comme un meneur d'hommes expérimenté, troquant son costume de rustre mal élevé contre celui de noble habitué à être obéi.

D'ailleurs, il décida de remettre de l'ordre dans l'esprit de ses compagnons, chassant d'une réplique aussi cinglante que brutale les pensées subversives que Ash et Tag s'étaient laissés aller à avoir publiquement. Ezendirakban sentit le regard de La Mouette se poser sur lui, et il le lui rendit de manière appuyé. Le message était clair. Interdiction de bouger tant que les choses restaient en l'état, mais si les armes étaient tirées, l'objectif était de protéger Trainduc. Les autres ne comptaient pas véritablement dans l'équation. Et pourtant, ce n'était pas charité que les deux hommes étaient prêts à se porter aux côtés du blessé en cas de conflit. Ici, il était évident que chacun servait ses propres intérêts, et il aurait été fou de croire que l'une ou l'autre des parties pouvait agir de manière parfaitement désintéressée.

Comprenant visiblement qu'un conflit interne juste après avoir affronté victorieusement des adversaires plus nombreux ne servirait à rien, Trainduc mit fin au début de dispute, acquiesçant à la proposition de La Mouette qui était de rejoindre rapidement leur campement. La nuit était loin d'être terminée, et ils pouvaient encore bénéficier du couvert de l'obscurité pour filer tranquillement, en profitant pour semer leurs poursuivants. Tenant de toute évidence à conserver son statut, le chef de leur petit groupe distribua ses consignes avec une précision militaire. Ezendirakban hocha d'ailleurs la tête avec raideur lorsqu'il lui fut confiée la tâche de protéger le campement. Une mission importante qu'il assumerait sans broncher, même si elle était aussi difficile que frustrante. La Mouette aurait à guider tout le monde vers le campement, puis il pourrait aller se reposer. Après tout, le pauvre n'avait pas eu l'occasion de dormir véritablement, et malgré sa jeunesse et sa robustesse, il commençait à accuser le coup physiquement. Un tel atout dans leur manche devait être préservé pour continuer à faire la différence. Cependant, la voix de Trainduc se fit plus dure, plus hautaine lorsqu'il s'adressa à Ash pour lui demander de surveiller leurs arrières. De toute évidence, un contentieux très sérieux était en train de naître entre les deux hommes, et Ezendirakban perçut une lueur inquiétante dans les yeux du subalterne. A l'évidence, il commençait à souffrir de l'infériorité de sa position, et des mauvais traitements qu'il estimait subir. Mais jusqu'à quel point était-il frustré ? Telle était la question.

Pendant que Trainduc quittait le couvert de la grotte pour aller, au mépris du danger, espionner les hommes qui les avaient traqués, Ezendirakban et les autres s'empressèrent de retourner dans l'obscurité pour fouiller les cadavres. Ce fut d'ailleurs lui qui s'en occupa sans sourciller, car les autres semblaient un peu gênés par la manœuvre qui consistait tout de même à manipuler des corps se vidant encore de leur sang. Dans le lot, le marin trouva un homme qui respirait encore et qui se réveilla quand des mains étrangères commencèrent à fouiller ses poches. Malheureusement pour lui, il eut le malheur de faire du bruit, et ce fut sans sourciller que l'ancien marin lui brisa la nuque. Les autres le regardèrent sans mot dire, à la fois effrayés par tant de cruauté, emplis de respect devant un tel sang froid, et surpris de découvrir à chaque nouvelle étape de leur voyage des aspects inquiétants du marchand.

Ezendirakban, qui jouait toujours un jeu très étrange avec les gens qui l'entouraient, trouva en fouillant un des cadavres une bague en or que portait un des hommes. Un bijou familial, probablement, qui pesait un bon poids, et que le mécréant gardait caché dans une bourse attachée à sa ceinture, pour éviter qu'il ne lui fût dérobé. Le marin se redressa pour examiner la pièce à la lumière de la torche que tenait justement Ash, et tous les hommes se pressèrent autour de lui pour découvrir avec un étonnement émerveillé ce qu'il tenait entre ses doigts. Prenant une voix experte, le marchand déclara :

- C'est vraiment une bague superbe, ça c'est certain. Toute en or, à en juger par le poids. Ce n'est pas une œuvre exceptionnelle, ni en beauté ni en qualité, mais elle doit valoir un beau paquet... Et probablement qu'en la fondant, on pourrait la transformer en une pièce tout à fait ravissante. Celle-ci est peut-être un peu grosse pour un doigt féminin, mais elle ferait une parfaite chevalière pour un homme voulant paraître en société... à condition de ne pas être trop regardant sur la qualité. En effet, vous pouvez voir qu'elle est légèrement rayée ici, là et là. Mais il faut vraiment un œil expert pour remarquer ce genre de défauts... Ash, est-ce qu'elle vous intéresse ?

Durant la tirade d'Ezendirakban, tous étaient demeurés muets, comme captivés par l'assurance qu'il dégageait, par ses connaissances qui leur paraissaient immenses, et par la facilité avec laquelle il enchaînait les mots et les phrases. De fait, sa question était tombée comme une énorme pierre au milieu d'un lac, ramenant tout le monde à la réalité. Le regard du marchand et celui de l'aventurier se croisèrent, trahissant un certain amusement chez le premier, un grand désarroi chez le second. De toute évidence, Ash était ébahi devant la pièce, ou plutôt devant ce qu'elle représentait en terme de valeur monétaire. Il ne s'attendait certainement pas à une telle question, et sa réponse tarda à venir. Il hésita un moment, son visage prenant une expression décontenancée, avant qu'il ne se décidât à lâcher :

- Euh... Ouais, c'est clair !

Le sourire d'Ezendirakban, déjà grand, s'élargit encore :

- Alors elle est à vous, l'ami ! Cadeau !

Et il déposa la bague dans la main de Ash, dont l'incrédulité le disputait à la reconnaissance. Il se fendit d'un "merci" incroyablement ému, et le marin lui tapa doucement sur l'épaule pour lui signifier que ce n'était rien, avant de se remettre au travail. Tandis que son visage était plongé dans l'ombre, il put se laisser aller à sourire autant qu'il le désirait. Décidément, cette aventure prenait un tournant tout à fait inattendu, et qui n'était pas déplaisant pour lui.


~~~~


Lorsque Trainduc revint au campement, l'ambiance parmi les hommes était plutôt détendue, bien qu'ils n'échangeassent pas vraiment oralement. Ezendirakban avait installé ses pièges comme prévu, et il s'était fait un nouvel ami. La Mouette était en train de se reposer, tout en se demandant ce que son maître avait dans la tête. Ash semblait avoir retrouvé une certaine sérénité, et même s'il avait pris soin de ranger la bague dans une poche intérieure de sa veste, il n'en demeurait pas moins très fier de son cadeau, et son attitude s'était faite moins rigide. Tag ne cessait de caresser du regard sa nouvelle épée, qu'il essayait dans l'air avec une certaine satisfaction. La sienne avait un peu souffert de leurs nombreux duels, et il avait décidé de récupérer celle d'un des marauds qui n'avait pas eu le temps de porter le moindre coup, fauché en plein élan par une flèche tirée dans son dos. La lame était de bonne qualité, et l'épée était solide à défaut d'être vraiment belle. Mais Tag se fichait apparemment de toute considération artistique, se plaisant simplement à avoir reçu quelque chose de nouveau. Ils avaient aussi trouvé un peu de monnaie sur les corps, et quelques vêtements chauds. Deux, en réalité. Les autres étaient trop abîmé ou trop couverts de sang pour être décemment portables. Ezendirakban avait hérité du premier manteau, pour compenser la légèreté de ses tenues du Sud, qui n'étaient pas vraiment adaptées au climat local. Et bien que la pelisse lui tombât jusqu'aux genoux, il décida de l'accepter avec un grand éclat de rire qu'il communiqua bientôt à Ash et Tag.

Ainsi donc, tout allait bien dans le campement, et au retour de Trainduc, tous se rassemblèrent pour écouter ses nouvelles. D'après lui, les bandits qui les avaient attaqués étaient en train de plier bagage dans le plus grand désordre, et ils devaient sûrement être en train de mettre le cap sur Minas Tirith. Ezendirakban ne cacha pas son étonnement, et il lâcha autant pour les autres que pour lui-même :

- J'aurais pourtant cru qu'ils continueraient à nous traquer... Nous devrions rester vigilants.

Il ne cherchait pas particulièrement à recueillir l'assentiment de quiconque, mais il lui semblait de toute façon que ses paroles relevaient davantage du bon sens que de la révélation, et il ne s'attendait pas à ce qu'on lui contestât ce point. Après que Trainduc eût terminé son rapport, il se tourna d'emblée vers La Mouette qui avait encore les yeux un peu fatigués, et il lui demanda son concours pour lui recoudre le bras. Le bandage n'avait pas survécu à l'affrontement, et il fallait absolument réparer ça proprement s'ils ne voulaient pas voir le chef de l'expédition s'effondrer subitement. En pensant à ça, Ezendirakban jeta un coup d'œil furtif à Tag et Ash. Ce dernier semblait neutre, mais on sentait bien au fond de son regard que s'il s'était senti assez fort au sein du groupe, il aurait ordonné à La Mouette de cesser les soins qu'il apportait au blessé. Il n'était cependant pas encore suffisamment sûr de pouvoir s'imposer comme chef, et c'était probablement ce qui retenait son impétueux caractère.

Le feu brûlait tranquillement au centre du campement, où régnait un silence agréable. Personne n'avait vraiment envie de parler, ou de rompre le fragile équilibre que leur groupe retrouvait après plusieurs heures éprouvantes. La Mouette, qui était sorti brièvement, avait rejoint son couchage, et tout le monde était d'avis qu'il était primordial de prendre du repos. Leur trésor ne risquait pas de partir tout seul, et ils pouvaient sans peine supposer que d'éventuels assaillants attendraient la nuit avant d'essayer de les attaquer à nouveau. Ezendirakban faisait suffisamment confiance à ses pièges pour les alerter en cas d'intrusion dans le périmètre, et il estimait lui aussi avoir besoin de se reposer. Malgré la fougue qu'il déployait au combat, il sentait que son corps s'affaiblissait, et qu'il n'avait plus les jambes de ses vingt ans... ni de ses cent vingt ans, d'ailleurs... Il lui fallait dormir s'il voulait avoir la force de chevaucher le lendemain matin. S'allongeant non loin de l'âtre, pour profiter de sa chaleur, il ferma les yeux et essaya de se relaxer, malgré le jour qui, paradoxalement, était en train de se lever.

Sentant la présence de Trainduc non loin de lui, Ezendirakban - qui n'avait même pas pris la peine d'ouvrir un œil - lança toutefois :

- Pardon de vous sortir de vos pensées, mais je pense que vous devriez vous allonger, mon ami... Nous avons toute la journée devant nous pour reprendre des forces, et nous ne risquons pas grand chose tant que le soleil est levé. Détendez-vous un peu...

Sur ces mots, le visage de l'ancien marin se para d'un sourire amusé, alors qu'il attendait d'observer sans la voir la réaction de son interlocuteur.

_____

HRP : Désolé pour le retard ! Je vais essayer de me rattraper pour les prochaines fois, mais la rentrée me réserve de mauvaises surprises... J'espère que ça va s'arranger avec le temps...


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