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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
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Ryad Assad

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[Flashback] Bonne nuit dans ton nouveau lit [Tao] EmptyVen 4 Sep 2015 - 1:06
Good luck in your new bed...




Mariage Royal, J-1 avant le départ de la délégation Haradrim.


Des bruits de pas venant de l'extérieur. Nombreux. Au moins une dizaine.

Des regards furent échangés. Des lames quittèrent leurs fourreaux. La tension monta d'un cran. L'un des Suderons poussa un cri sourd, et les gardes qui se trouvaient dans la pièce formèrent rapidement un cercle autour de la personnalité qu'ils avaient à protéger. Sabre au clair, arborant leur figure la plus menaçante, ils s'apprêtaient à repousser vaillamment les agresseurs dont ils apercevaient déjà les silhouettes sombres projetées sur les pans de la tente. Ils étaient prêts à se battre jusqu'à la mort, et ils faisaient assurément partie des plus loyaux et des plus fidèles. Ils n'avaient pas été choisis pour rien, et leurs agresseurs auraient fort à faire pour se débarrasser d'une demi-douzaine de guerriers entraînés et particulièrement déterminés. Les hommes reculèrent le plus loin possible de l'entrée afin d'avoir la place de manœuvrer leurs sabres dans cet espace réduit qui risquait bien de se transformer en un chaos absolu. Ils restèrent silencieux, aux aguets, tendus comme la corde d'un arc. Et puis soudainement, le pan de tente se souleva, et deux hommes firent leur apparition.

Ils portaient l'uniforme du Gondor, des armures étincelantes et parfaitement briquées, qui reflétaient la lueur vacillante des quelques bougies qui éclairaient la pièce. L'épée dégainée, le bouclier dressé, ils se déployèrent de part et d'autre de l'entrée, laissant passer d'autres soldats qui se déployèrent en rangs serrés, le regard sombre. L'étonnement passa dans les rangs Suderons, et l'un d'entre eux cracha par terre en sifflant :

- Ainsi donc, les rats du Gondor n'honorent pas leur parole de respecter la trêve ?

Il avait un fort accent méridional, et il paraissait être le chef des gardes. En face, une voix lui répondit. Elle appartenait à un officier qui entra tête nue, tenant son casque son un bras, et un document roulé sur lui-même sous l'autre. Devant la démonstration de force des deux camps, il grogna avec un mépris non dissimulé :

- Et il semble que les chiens du Harad oublient où est leur place…

Chiens ils l'étaient, et ils montrèrent les crocs en grondant, prêts à se jeter à la gorge des militaires. Leur chef, toutefois, ne leur en donna pas la permission. Premièrement, ils étaient en infériorité numérique, et contre des soldats aussi bien équipés, ils ne feraient pas long feu. En outre, ils se trouvaient sur les terres du Gondor, et même s'ils parvenaient à se débarrasser de ce détachement, d'autres viendraient et finiraient par avoir raison d'eux. Ils étaient condamnés à attendre la décision de leurs ennemis de toujours, et ne pouvaient guère faire mieux que de négocier bravement. L'officier en armure cala son casque sous son coude, et déplia le document qu'il lut avec une gravité extrême :

- Seigneur Taorin, représentant de la délégation Haradrim ! Vous êtes par la présente placé en état d'arrestation, par ordre de l'Intendant d'Illicis et du Général Cartogan, contresigné par le Haut-Roy Mephisto. Vous êtes accusé d'avoir délibérément cherché à déstabiliser le pouvoir en place, d'avoir commis des actes de violence au sein de la Cité Blanche contrairement aux lois en vigueur, et d'avoir cherché à obtenir des informations confidentielles à des fins de guerre militaire et économique. Ordonnez dès à présent à vos hommes de déposer les armes, et acceptez d'être conduit en cellule où vous serez interrogé, puis jugé selon nos lois.

La tirade de l'officier avait jeté un réel froid sur tous ceux qui l'écoutaient. Les soldats du Gondor étaient méfiants, car ils savaient qu'une bête acculée pouvait réagir avec plus de violence que toute autre. Ils étaient pour la plupart convaincus que Taorin allait tenter de les attaquer pour s'échapper du pays, et ils étaient bien décidés à lui donner la mort qu'il méritait. En face, les Suderons étaient inquiets. Ils savaient qu'ils ne sortiraient pas vivant qu'un affrontement en règle, et l'état d'arrestation prononcé faisait du Gouverneur de Dur'Zork un ennemi des Peuples Libres. S'il résistait ne fût-ce qu'un peu, il risquait de liguer une coalition contre lui, et de perdre tout ce qu'il avait édifié. En désespoir de cause, et n'ayant pas d'autre alternative, Taorin fut contraint de céder et d'accompagner les hommes qui formeraient désormais son escorte jusqu'aux geôles de la Cité Blanche.


~ ~ ~ ~


Sur le trajet, le Seigneur Pirate fut largement hué par la foule. Ses hommes, les Chiens du Désert, n'avaient pas été autorisés à le suivre, et il devait donc affronter seul la colère et le mépris des invités. Beaucoup de ceux qui lui jetaient des fruits et des légumes pourris étaient des Harondorim de souche Gondorienne, et un certain nombre avait dû fuir Dur'Zork devant l'arrivée de l'armée de Taorin. Ceux-là avaient tout perdu : leur foyer, leur avenir, leur patrimoine. Il y en avait, des femmes notamment, qui avaient perdu un mari, un père ou un frère. Elles étaient les plus virulentes, et les gardes durent les repousser physiquement pour les empêcher d'écharper sur place l'ennemi de Radamanthe. Ils ne parvinrent pas à les empêcher de cracher sur la tunique du Chien Borgne, irrécupérable désormais à cause des projectiles divers et variés qui l'atteignaient. Les Gondoriens ne faisaient pas d'effort particulier pour le protéger, se contentant de vérifier que personne ne lançait de quoi le blesser sérieusement.

Parmi les passants, beaucoup ne connaissaient pas bien les affaires au Sud, notamment les gens d'Arnor, de Dale ou du Rhûn, mais ils se réjouissaient de voir un individu identifié comme un ennemi de la paix être traîné en place publique pour être mis aux fers. La colère des habitants se calma un peu à mesure qu'ils approchaient de la prison, car de nombreux gardes s'étaient rassemblés pour canaliser la fureur de la foule. Les cris haineux et les insultes proférées à l'écart des Haradrim étaient légion, mais cela n'entama pas le moral des fêtards. Quand le Seigneur Pirate disparut à l'intérieur de l'imposant bâtiment, très bien gardé, où il allait être retenu, tous repartirent vaquer à leurs occupations en se réjouissant d'avoir pu participer à un tel événement.


~ ~ ~ ~


Geôles de Minas Tirith : H-4 avant le départ de la délégation Haradrim.


Taorin était installé dans une prison sans charme, mais qui était bien moins horrible que celle que l'on aurait pu fournir à un prisonnier ordinaire. Il avait un matelas pour s'allonger, et s'il ne possédait pas de fenêtre dans sa cellule, il pouvait bénéficier de la lumière venant du couloir qui éclairait assez bien. C'était bien mieux que de se retrouver au fin fond des oubliettes sombres et froides, desquelles personnes ne revenait sain d'esprit. On lui avait même trouvé une chaise et un bureau, sur lesquels il pouvait écrire s'il en éprouvait l'envie. On lui avait toutefois refusé un oreiller, comme si on voulait l'empêcher d'être totalement à son aise. Les heures avaient défilé, longues et déplaisantes dans cette atmosphère étouffante du fait de la canicule, et personne n'était encore venu voir le prisonnier. Ni l'Intendant, qui avait de toute évidence bien travaillé en sous-main pour le faire enfermer, ni même un haut dignitaire du pays qui serait venu lui expliquer les tenants et les aboutissants de son arrestation. Pas même – et c'était tout à fait inattendu – un des Seigneurs Pirates en visite. Ils avaient pourtant bien été prévenus par les Chiens du Désert, qui s'étaient dépêchés d'aller demander aux puissants capitaines d'Umbar s'ils pouvaient les aider à faire sortir leur chef des prisons de Minas Tirith. Ils avaient rejoint la Cité Blanche en grande hâte, mais n'avaient de toute évidence pas encore trouvé comment communiquer avec Taorin. La nuit s'apprêtait à tomber quand soudainement, Taorin entendit quelqu'un approcher.

C'était un homme simple d'aspect, qui portait une assiette dans laquelle refroidissait un bouillon nourrissant à défaut d'être succulent. Un repas de prisonnier que le serviteur se dépêcha de faire passer par une trappe prévue à cet effet. Il aurait dû partir à ce moment-là, abandonnant le Capitaine à sa déchéance, mais il demeura à l'observer fixement, pour mieux capter son attention. Quand il fut certain de l'avoir – ce qui ne prit pas longtemps, étant donné qu'il n'y avait personne d'autre dans les parages – il prit la parole en ces termes :

- Seigneur Taorin, les charges qui pèsent contre vous sont très lourdes. Je suppose que vous le savez. Il faudra du temps aux juges pour mener une enquête approfondie, et collecter tous les éléments qui serviront à établir ou non votre culpabilité. Dès lors, votre déposition est essentielle dans le cadre du procès. Vous trouverez une plume et un parchemin dans le tiroir du secrétaire. Je reviendrai demain pour récupérer votre témoignage. Je vous rappelle que vous êtes accusé de coups et blessures, d'homicide volontaire, d'actes de torture, d'espionnage et d'avoir voulu déstabiliser la couronne royale. Je vous souhaite bonne chance.


~ ~ ~ ~


Geôles de Minas Tirith : H+8 après le départ de la délégation Haradrim.


Taorin fut réveillé par l'arrivée de l'individu de la veille. Il avait toujours le même air las sur le visage, et comme à sa première apparition, il glissa un repas au prisonnier. Le même repas, d'ailleurs. En retour, il récupéra l'écuelle vide. Le Seigneur Pirate était allongé sur sa couchette de fortune, mais sur le bureau on voyait très clairement qu'un parchemin avait été déplié. Impossible de distinguer les caractères d'ici, à cause de la pénombre. Impossible même de dire si quelque chose avait été écrit. Il arrivait que certains prisonniers préférassent ne rien consigner, comme une dernière bravade auprès des autorités et des juges, mais en général cela les desservait plus qu'autre chose, et cela ne plaidait pas en leur faveur auprès des tribunaux. L'homme se permit de glisser :

- Je suis venu récupérer votre déposition, Seigneur Taorin. Auriez-vous l'amabilité de la faire passer à travers les barreaux, je vous prie ?

Le type avait beau avoir l'air d'un novice, il n'était pas né de la dernière pluie, et il ne se laisserait pas piéger par le Pirate. On l'avait mis en garde contre une éventuelle tentative d'évasion, on l'avait prévenu de ce que l'homme risquait de faire, et on lui avait clairement dit de céder à aucune de ses exigences, sous aucun prétexte. Il entendait bien respecter ces consignes. Et puis de toute façon, il n'avait même pas la clé, donc même si Taorin parvenait à l'assommer d'une manière ou d'une autre, il n'aurait toujours aucun moyen de s'échapper des lieux. Pour cela, il allait lui falloir jouer sur un terrain qui n'était pas familier à un homme d'Umbar : celui de la loi.

#Taorin


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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