20 résultats trouvés pour Taorin

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Sujet: Départ nocturne
Taorin

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Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Départ nocturne    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 9 Déc 2023 - 18:09

Les embruns lui frappaient le visage. Le lourd navire, les cales chargées de richesses futures, fendait les vagues toutes voiles dehors. Les cris de la vigie, signalant des voiles blanches à l’horizon, avaient agité la fourmilière que pouvait être un navire de commerce. Mais malgré les matelots courant en tout sens, les cris du capitaine et de son second, le passager restait immobile près de la proue, les yeux mi-clos. Depuis qu’ils avaient perdu de vue les côtes, il ne descendait sous le pont que pour ses courtes nuits. Les marins le regardaient bizarrement, ne sachant que penser de cet homme à la barbe hirsute, aux yeux caves, aux mains parfois tremblantes, qui, chaque jour, restait à regarder l’horizon sans un mot. Qui était-il ? Il ne ressemblait pas à ces riches nobles prêts à débourser des fortunes pour traverser les mers, ni à ces riches bourgeois à l’honnêteté douteuse qui faisaient souvent appel à leur capitaine pour fuir rapidement une justice royale un peu trop intéressée par leurs agissements. Mais, bien qu’il ressemble plus à un vagabond sans le sou qu’à un riche marchand, le passager devait disposer de richesses insoupçonnées pour que le capitaine le laisse monter à bord, lui fournissant même une étroite cabine dans le gaillard d’arrière.

Mais l’heure n’était plus aux suppositions sur l’identité de leur passager. Les voiles aperçues à l’horizon se rapprochaient, et le cap du nouveau navire ne laissait guère de doutes quant à ses intentions. Ils étaient encore proches des côtes du Gondor et de la relative protection de la flotte de Pelargir, mais certains capitaines pirates des plus audacieux osaient se faufiler entre les patrouilles pour s’attaquer aux navires ventrus débordant de richesses. Une prise réussie leur apporterait gloire et richesse sur les marchés d’Umbar, permettant à l’équipage de vivre des mois dans un luxe que peu de monde pouvait connaître au nord de l’Harnen. Aussi fuyaient-ils le plus vite possible, changeant de cap pour se rapprocher de la sécurité relative des côtes. Mais, voyant la mine sombre du capitaine, il n’y avait que peu d’espoir d’échapper à une galère taillée pour la course. Déjà, la vigie discernait les avirons qui s’abattaient régulièrement sans éclaboussures, propulsant les pirates et réduisant toujours plus la distance.

N'ayant d’autre possibilité, et voulant épargner à ses hommes les horreurs d’un combat face à un équipage armé jusqu’aux dents, le capitaine fit réduire la voilure, et fit signe de reddition. Aucune frégate gondorienne n’était en vue, la côte était encore à une nuit de navigation, ils ne parviendraient pas à distancer la nef noire. Mieux valait garder le navire, et les hommes à bord en vie.

Le passager se retourna en entendant l’ordre d’abattre les voiles, le regard inquiet. Il quitta le bastingage, et se dirigea vers le capitaine près de la barre.

« Vous vous rendez. »
Ce n’était pas une question. « Je dois me cacher : il me faudrait les vêtements de l’un de vos hommes. »

Le capitaine acquiesça et fit signe à un matelot. Ce dernier disparu sous le pont, et revint rapidement avec du change. Le passager fit un bref signe de tête de remerciement, puis changea rapidement d’habit.

*** *** *** *** ***

L’équipage était rassemblé sur le pont, nerveux. Les pirates les encadraient, sabres dégainés, les regardant d’un air mauvais pendant que leur capitaine (une femme ?!) discutait avec son homologue. Le passager, mêlé à la petite foule des marins, n’entendait pas ce qu’ils se disaient. Sans doute se mettaient-ils d’accord pour ne pas endommager le navire ou prendre comme esclaves les marins, en échange de l’entière coopération de l’équipage pour rapidement transférer les marchandises dans la galère pirate ? Le capitaine du navire était visiblement nerveux. Il suait, ne restait pas en place. Face à lui, la capitaine pirate semblait être une statue, parfaitement maître de la situation. Son sabre était resté dans son fourreau, mais il se dégageait d’elle une aura de puissance qui suffisait à faire taire les protestations de son homologue avant même qu’elles ne soient formulées.

Ils discutaient encore quand un pirate sortit du gaillard d’arrière, s’approcha de la capitaine, et lui souffla quelques mots. Elle se tut, acquiesça d’un signe de tête, et se retourna vers le capitaine, le regard dur.

« Qui est le passager qui se cache parmi vous ? » demanda-t-elle d’une voix suffisamment forte pour que tous l’entendent.
Le capitaine suait désormais à grosses gouttes, lui assurant que non, ils ne transportaient que des marchandises et aucun passager. L’équipage restait muet, nerveux. Les matelots auraient facilement dénoncé leur passager, mais ils savaient qu’ils risquaient gros de la part de leur capitaine si ce dernier estimait qu’il fallait protéger l’homme. Ils attendaient donc un signe, bougeant légèrement, pendant que le capitaine essayait de dissuader les pirates de pousser le sujet. Mais la capitaine semblait décidée, et ordonna à ses hommes de fouiller les membres d’équipage, de les inspecter, pour repérer celui qui essayait de se faire passer pour un marin. Sans doute espéraient-ils pouvoir en tirer une bonne rançon, se dit le passager, nerveux. Il savait qu’il ne ferait guère illusion, avec son allure chétive, sa barbe hirsute, ses cicatrices et son œil manquant. Mais il n’osait se dénoncer.

Les pirates commencèrent à séparer les marins, à les inspecter et à les fouiller, pendant que la capitaine se montrait de plus en plus insistante auprès de son homologue. Finalement, un pirate attrapa le passager, et le tira en avant après l’avoir dévisagé.

« Capitaine, il y en a un bizarre ! »

Le passager se fit traîner sans ménagements devant la capitaine pirate. Elle se retourna vers lui, et, après plusieurs secondes, il vit ses pupilles s’écarquiller, puis un sourire se dessiner.

« Bienvenue, capitaine Taorin. »
Sujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris
Aldarion

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Rechercher dans: Le Quartier Marchand   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [OUTRO IRL 18 ANS] La nuit, tous les chats sont gris    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 18 Avr 2023 - 16:46


La route avait été semée d'embûches. Le Général #Cartogan semblait comme métamorphosé. Il avançait d’un pas raide et sec. Son regard paraissait à la fois déterminé et extrêmement lointain. Toute cette affaire allait donc prendre fin.

Rhydon était mort, il avait définitivement atteint un point de non retour avec Marius Van Diesl et la ville était à feu et à sang… mais toute cette affaire allait prendre fin.

L’immense bâtisse paraissait être un îlot de tranquillité au milieu de la folie qui s’était emparée de la ville. La rumeur de la foule grondait au loin mais ne parvenait pas à briser la majesté du lieu.

Cartogan tourna à droite, guidé par la lueur lointaine d’un feu.

La galerie surplombait une pièce vaste et confortable. Un feu brûlait dans l’âtre et de loin, le général devinait une silhouette. Elle était là, cela faisait des années qu’elle ne l’avait plus vu. Connaissait-elle la vérité ? Saurait-elle le reconnaître ?

Le pas du général avait ralenti, comme s’il hésitait. Pourtant, il n’avait pas le choix.
Il allait s’engager dans l’escalier qui descendait de la galerie quand il se ravisa.

D’un geste, il nous indiqua de nous tenir à l’étage. Il ne savait pas à quoi s’attendre et il ne voulait sans doute pas de témoin trop gênant.

Cartogan entama la descente des escaliers. Les souvenirs de son enfance, heureuse, lui revenaient par vagues. Il sentait une forme de bonheur profond l’irradier comme celle que l’on ressent uniquement quand on revoit un être aimé depuis longtemps perdu de vue.

Il réalisa soudain qu’il n’avait plus été heureux depuis longtemps. Son corps était perclus de douleurs, ses épaules étaient nouées en permanence, sa nuque raide et sa mâchoire crispée.. et pourtant il avait la gloire.

La réalité le rattrapa soudain.

Il n’y avait pas de gardes.

Marius avait-il mobilisé tous ses hommes pour tenter  de l’arrêter ? Ou… sa mère était-elle là de son plein gré. Sa main se crispa sur la poignée de son épée, ses épaules se nouèrent, sa nuque se raidit et sa mâchoire se crispa.

lle était là, frêle silhouette, assise au coin du feu… jadis source de tant de joie et aujourd’hui de tant d’ennuis.

Cartogan s’approcha doucement, cherchant à ne pas la surprendre. Il tenta d’afficher son plus beau sourire. Il toussa un peu pour attirer son attention.

La silhouette se retourna doucement.

“Bonjour Général, surpris ?”

A la place de la mère de Cartogan se trouvait un homme au visage émacié et à l'œil manquant : #Taorin.

La lame avait jailli. Cartogan avait reculé d’un pas pour tenter de dégager son épée du fourreau.

Mais le pirate avait été le plus rapide et le combat n’avait duré qu’une poignée de secondes. Le général chuta lourdement, le coeur transpercé par la lame de son ancien prisonnier.

Cartogan aurait gagné cent fois ce duel… s’il n’avait pas été surpris, s’il n’avait pas autant douté, s’il n’avait pas été si seul.

Nous n’avions rien pu faire et nous ne pouvions que constater le désastre du haut de la galerie.

Taorin, lui, n’hésita pas et se lança à travers la fenêtre pour rejoindre la rue.

L'assassin du Général avait fui depuis longtemps et il était vain de vouloir le poursuivre. Notre groupe avait préféré se rassembler autour du corps du général afin de tenter de le protéger.

Nous n’eûmes pas à attendre longtemps avant de voir arriver la garde, attirée par le bruit autour de l’Hôtel Claymore.
Malheureusement, la rage semblait aveugler les soldats. Devant eux se trouvaient ceux qu’ils prenaient pour les assassins du Général Cartogan. Le combat s’engagea, sanglant.

Alors qu’une bonne partie de nos compagnons était déjà tombés, Esmer de Viggo surgit de la rue. Revêtu de ses atours de capitaine, il parvint à faire stopper le massacre mais il était déjà fort tard.


***

Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! Idril10

Le survivant avait terminé son récit depuis quelques minutes désormais. Il se tenait immobile, triturant nerveusement un collier qu’il portait autour du cou. Idril se tenait face à la fenêtre, l’air pensive. Toute cette histoire paraissait difficile à démêler. Elle ne parvenait pas à distinguer ce qui tenait d’un malheureux concours de circonstances et ce qui avait été provoqué par d’éventuels conspirateurs.


Dans tous les cas, rien de tout cela n’aurait été possible si Cartogan n’avait pas eu autant de pouvoir, s’il n’y avait pas eu un minimum de contrôle. Il allait falloir panser les plaies… trouver des coupables et éviter que l’image de Cartogan ne soit trop ternie.


Plus elle y réfléchissait, plus Lord Rhydon paraissait être un coupable idéal. L’histoire retiendrait sa responsabilité totale dans la politique autoritariste de Cartogan. Mort, il ne le contesterait pas.


“Soldat…”, fit-elle en s’adressant au survivant.” Merci pour ce récit précis. J’ai une pensée sincèrement émue pour vos camarades tombés au combat. Vous avez été digne de votre nouveau rôle au sein de l’Arbre Blanc. Vous ne serez pas oublié.”


L’homme salua avant de se diriger vers la porte pour prendre congé.


“Attendez…”
, le retint la Reine. “Quel est votre nom ?”


“Robès, Votre Majesté”




Sujet: [Flashback] Bonne nuit dans ton nouveau lit [Tao]
Ryad Assad

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Flashback] Bonne nuit dans ton nouveau lit [Tao]    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 4 Sep 2015 - 1:06
Good luck in your new bed...




Mariage Royal, J-1 avant le départ de la délégation Haradrim.


Des bruits de pas venant de l'extérieur. Nombreux. Au moins une dizaine.

Des regards furent échangés. Des lames quittèrent leurs fourreaux. La tension monta d'un cran. L'un des Suderons poussa un cri sourd, et les gardes qui se trouvaient dans la pièce formèrent rapidement un cercle autour de la personnalité qu'ils avaient à protéger. Sabre au clair, arborant leur figure la plus menaçante, ils s'apprêtaient à repousser vaillamment les agresseurs dont ils apercevaient déjà les silhouettes sombres projetées sur les pans de la tente. Ils étaient prêts à se battre jusqu'à la mort, et ils faisaient assurément partie des plus loyaux et des plus fidèles. Ils n'avaient pas été choisis pour rien, et leurs agresseurs auraient fort à faire pour se débarrasser d'une demi-douzaine de guerriers entraînés et particulièrement déterminés. Les hommes reculèrent le plus loin possible de l'entrée afin d'avoir la place de manœuvrer leurs sabres dans cet espace réduit qui risquait bien de se transformer en un chaos absolu. Ils restèrent silencieux, aux aguets, tendus comme la corde d'un arc. Et puis soudainement, le pan de tente se souleva, et deux hommes firent leur apparition.

Ils portaient l'uniforme du Gondor, des armures étincelantes et parfaitement briquées, qui reflétaient la lueur vacillante des quelques bougies qui éclairaient la pièce. L'épée dégainée, le bouclier dressé, ils se déployèrent de part et d'autre de l'entrée, laissant passer d'autres soldats qui se déployèrent en rangs serrés, le regard sombre. L'étonnement passa dans les rangs Suderons, et l'un d'entre eux cracha par terre en sifflant :

- Ainsi donc, les rats du Gondor n'honorent pas leur parole de respecter la trêve ?

Il avait un fort accent méridional, et il paraissait être le chef des gardes. En face, une voix lui répondit. Elle appartenait à un officier qui entra tête nue, tenant son casque son un bras, et un document roulé sur lui-même sous l'autre. Devant la démonstration de force des deux camps, il grogna avec un mépris non dissimulé :

- Et il semble que les chiens du Harad oublient où est leur place…

Chiens ils l'étaient, et ils montrèrent les crocs en grondant, prêts à se jeter à la gorge des militaires. Leur chef, toutefois, ne leur en donna pas la permission. Premièrement, ils étaient en infériorité numérique, et contre des soldats aussi bien équipés, ils ne feraient pas long feu. En outre, ils se trouvaient sur les terres du Gondor, et même s'ils parvenaient à se débarrasser de ce détachement, d'autres viendraient et finiraient par avoir raison d'eux. Ils étaient condamnés à attendre la décision de leurs ennemis de toujours, et ne pouvaient guère faire mieux que de négocier bravement. L'officier en armure cala son casque sous son coude, et déplia le document qu'il lut avec une gravité extrême :

- Seigneur Taorin, représentant de la délégation Haradrim ! Vous êtes par la présente placé en état d'arrestation, par ordre de l'Intendant d'Illicis et du Général Cartogan, contresigné par le Haut-Roy Mephisto. Vous êtes accusé d'avoir délibérément cherché à déstabiliser le pouvoir en place, d'avoir commis des actes de violence au sein de la Cité Blanche contrairement aux lois en vigueur, et d'avoir cherché à obtenir des informations confidentielles à des fins de guerre militaire et économique. Ordonnez dès à présent à vos hommes de déposer les armes, et acceptez d'être conduit en cellule où vous serez interrogé, puis jugé selon nos lois.

La tirade de l'officier avait jeté un réel froid sur tous ceux qui l'écoutaient. Les soldats du Gondor étaient méfiants, car ils savaient qu'une bête acculée pouvait réagir avec plus de violence que toute autre. Ils étaient pour la plupart convaincus que Taorin allait tenter de les attaquer pour s'échapper du pays, et ils étaient bien décidés à lui donner la mort qu'il méritait. En face, les Suderons étaient inquiets. Ils savaient qu'ils ne sortiraient pas vivant qu'un affrontement en règle, et l'état d'arrestation prononcé faisait du Gouverneur de Dur'Zork un ennemi des Peuples Libres. S'il résistait ne fût-ce qu'un peu, il risquait de liguer une coalition contre lui, et de perdre tout ce qu'il avait édifié. En désespoir de cause, et n'ayant pas d'autre alternative, Taorin fut contraint de céder et d'accompagner les hommes qui formeraient désormais son escorte jusqu'aux geôles de la Cité Blanche.


~ ~ ~ ~


Sur le trajet, le Seigneur Pirate fut largement hué par la foule. Ses hommes, les Chiens du Désert, n'avaient pas été autorisés à le suivre, et il devait donc affronter seul la colère et le mépris des invités. Beaucoup de ceux qui lui jetaient des fruits et des légumes pourris étaient des Harondorim de souche Gondorienne, et un certain nombre avait dû fuir Dur'Zork devant l'arrivée de l'armée de Taorin. Ceux-là avaient tout perdu : leur foyer, leur avenir, leur patrimoine. Il y en avait, des femmes notamment, qui avaient perdu un mari, un père ou un frère. Elles étaient les plus virulentes, et les gardes durent les repousser physiquement pour les empêcher d'écharper sur place l'ennemi de Radamanthe. Ils ne parvinrent pas à les empêcher de cracher sur la tunique du Chien Borgne, irrécupérable désormais à cause des projectiles divers et variés qui l'atteignaient. Les Gondoriens ne faisaient pas d'effort particulier pour le protéger, se contentant de vérifier que personne ne lançait de quoi le blesser sérieusement.

Parmi les passants, beaucoup ne connaissaient pas bien les affaires au Sud, notamment les gens d'Arnor, de Dale ou du Rhûn, mais ils se réjouissaient de voir un individu identifié comme un ennemi de la paix être traîné en place publique pour être mis aux fers. La colère des habitants se calma un peu à mesure qu'ils approchaient de la prison, car de nombreux gardes s'étaient rassemblés pour canaliser la fureur de la foule. Les cris haineux et les insultes proférées à l'écart des Haradrim étaient légion, mais cela n'entama pas le moral des fêtards. Quand le Seigneur Pirate disparut à l'intérieur de l'imposant bâtiment, très bien gardé, où il allait être retenu, tous repartirent vaquer à leurs occupations en se réjouissant d'avoir pu participer à un tel événement.


~ ~ ~ ~


Geôles de Minas Tirith : H-4 avant le départ de la délégation Haradrim.


Taorin était installé dans une prison sans charme, mais qui était bien moins horrible que celle que l'on aurait pu fournir à un prisonnier ordinaire. Il avait un matelas pour s'allonger, et s'il ne possédait pas de fenêtre dans sa cellule, il pouvait bénéficier de la lumière venant du couloir qui éclairait assez bien. C'était bien mieux que de se retrouver au fin fond des oubliettes sombres et froides, desquelles personnes ne revenait sain d'esprit. On lui avait même trouvé une chaise et un bureau, sur lesquels il pouvait écrire s'il en éprouvait l'envie. On lui avait toutefois refusé un oreiller, comme si on voulait l'empêcher d'être totalement à son aise. Les heures avaient défilé, longues et déplaisantes dans cette atmosphère étouffante du fait de la canicule, et personne n'était encore venu voir le prisonnier. Ni l'Intendant, qui avait de toute évidence bien travaillé en sous-main pour le faire enfermer, ni même un haut dignitaire du pays qui serait venu lui expliquer les tenants et les aboutissants de son arrestation. Pas même – et c'était tout à fait inattendu – un des Seigneurs Pirates en visite. Ils avaient pourtant bien été prévenus par les Chiens du Désert, qui s'étaient dépêchés d'aller demander aux puissants capitaines d'Umbar s'ils pouvaient les aider à faire sortir leur chef des prisons de Minas Tirith. Ils avaient rejoint la Cité Blanche en grande hâte, mais n'avaient de toute évidence pas encore trouvé comment communiquer avec Taorin. La nuit s'apprêtait à tomber quand soudainement, Taorin entendit quelqu'un approcher.

C'était un homme simple d'aspect, qui portait une assiette dans laquelle refroidissait un bouillon nourrissant à défaut d'être succulent. Un repas de prisonnier que le serviteur se dépêcha de faire passer par une trappe prévue à cet effet. Il aurait dû partir à ce moment-là, abandonnant le Capitaine à sa déchéance, mais il demeura à l'observer fixement, pour mieux capter son attention. Quand il fut certain de l'avoir – ce qui ne prit pas longtemps, étant donné qu'il n'y avait personne d'autre dans les parages – il prit la parole en ces termes :

- Seigneur Taorin, les charges qui pèsent contre vous sont très lourdes. Je suppose que vous le savez. Il faudra du temps aux juges pour mener une enquête approfondie, et collecter tous les éléments qui serviront à établir ou non votre culpabilité. Dès lors, votre déposition est essentielle dans le cadre du procès. Vous trouverez une plume et un parchemin dans le tiroir du secrétaire. Je reviendrai demain pour récupérer votre témoignage. Je vous rappelle que vous êtes accusé de coups et blessures, d'homicide volontaire, d'actes de torture, d'espionnage et d'avoir voulu déstabiliser la couronne royale. Je vous souhaite bonne chance.


~ ~ ~ ~


Geôles de Minas Tirith : H+8 après le départ de la délégation Haradrim.


Taorin fut réveillé par l'arrivée de l'individu de la veille. Il avait toujours le même air las sur le visage, et comme à sa première apparition, il glissa un repas au prisonnier. Le même repas, d'ailleurs. En retour, il récupéra l'écuelle vide. Le Seigneur Pirate était allongé sur sa couchette de fortune, mais sur le bureau on voyait très clairement qu'un parchemin avait été déplié. Impossible de distinguer les caractères d'ici, à cause de la pénombre. Impossible même de dire si quelque chose avait été écrit. Il arrivait que certains prisonniers préférassent ne rien consigner, comme une dernière bravade auprès des autorités et des juges, mais en général cela les desservait plus qu'autre chose, et cela ne plaidait pas en leur faveur auprès des tribunaux. L'homme se permit de glisser :

- Je suis venu récupérer votre déposition, Seigneur Taorin. Auriez-vous l'amabilité de la faire passer à travers les barreaux, je vous prie ?

Le type avait beau avoir l'air d'un novice, il n'était pas né de la dernière pluie, et il ne se laisserait pas piéger par le Pirate. On l'avait mis en garde contre une éventuelle tentative d'évasion, on l'avait prévenu de ce que l'homme risquait de faire, et on lui avait clairement dit de céder à aucune de ses exigences, sous aucun prétexte. Il entendait bien respecter ces consignes. Et puis de toute façon, il n'avait même pas la clé, donc même si Taorin parvenait à l'assommer d'une manière ou d'une autre, il n'aurait toujours aucun moyen de s'échapper des lieux. Pour cela, il allait lui falloir jouer sur un terrain qui n'était pas familier à un homme d'Umbar : celui de la loi.

#Taorin
Sujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...
Evart Praven

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyJeu 20 Aoû 2015 - 22:59
Comme à son habitude, Evart écouta avec la plus grande attention les propos de son interlocuteur. Parfaitement impassible, le jeune homme montra toute sa patience et écouta entièrement l'émir du Sud avant de reprendre d'une voix enjouée:

- Messire, c'est toujours un plaisir de discuter avec vous. Vous savez ce que vous voulez et j'admire cela. Je sais aussi ce que je veux, messire, et ce que je veux est un accord honnête et juste.Sa voix se fut un peu plus dure, un peu plus froide. Cependant ce que vous me proposez n'est ni un accord honnête, ni un accord juste. Il me semble que je suis prêt à vous donner beaucoup mais, en échange, je ne reçois guère que des paroles. Vous me promettez des choses mais je n'y vois pas grand chose de concret alors que je prends bien des risques pour vous.

Je vous l'ai dis, je ne mâche pas mes mots et je joue franc-jeu. C'est pour cela que je suis arrivé ici avec une proposition honnête, une proposition juste, une proposition intéressante. En réponse à cela, vous finassez et vous embarrassez dans des palabres visant à faire de moi le dindon de la force. Soyez certain que j'estime votre position à sa juste valeur et c'est pour cela que je vous ai proposé beaucoup en échange d'assez peu.


La voix d'Evart avait pris un ton particulier. La décrire aurait été difficile car le jeune homme avait hérité d'un phrasé assez étrange où était difficilement perceptible ses sentiments. On aurait pu tantôt y déceler une sorte de lassitude, tantôt y trouver une pointe d'agacement. Quoiqu'il en soit, il s'était montré clair et ne comptait pas donner tout en échange de rien. Il était prêt à payer sa vengeance mais il ne souhaitait pas payer s'il ne pouvait voir le retour sur investissement. Sa loyauté avait un prix et celui-ci ne se monnayait pas tant en pièces d'or -bien qu'elles fussent nécessaires- mais surtout à sa vengeance et, présentement, rien de ce que ne proposait le seigneur pirate ne répondait à aucun des deux critères. En fait, il avait espéré une entrevue rapide, était venu avec une proposition convenable et il avait espéré achever un accord acceptable pour tous rapidement pour pouvoir s'atteler à autre chose mais il semblerait que le seigneur pirate en ait décidé autrement. Soit, Evart était capable de faire preuve d'une certaine ténacité et restait malgré tout convaincu qu'ils pourraient s'entendre et cela d'autant plus que les arguments ne manquaient pas.

- Votre Altesse, je comprends votre appréhension. Se tournant légèrement vers les plats, il se saisit d'un biscuit et son ton changea comme s'il souhaitait raconter une histoire ou parler de choses futiles. Vous savez quel est l'avantage des mondanités que nous offrent les fêtes royales ? La question était purement rhétorique et n'attendait aucune réponse -d'autant plus que le pirate n'était certainement pas un grand amateur de ce genre d'événement-. Elles permettent de prendre le pouls de la haute société. Elles sont souvent trop longues et d'un ennui mortel mais elles sont surtout l'occasion de discuter avec ce que chaque royaume a de mieux en hauts personnages. Vous ne connaissez peut-être pas beaucoup cette société mais pour beaucoup de gens, et je ne parle pas là du paysan du Lossarnach mais bien des plus grands commis et des plus honorables aristocrates, vous n'êtes et ne serez toujours qu'un pirate. Depuis leur dernier entrevue, Evart avait beaucoup appris sur le Sud et avait bien retenu la leçon que lui avait donné Eamon. Maintenant qu'il comprenait mieux la situation délicate dans laquelle se trouvait l'émir, il comptait bien en profiter à son maximum et, s'il fallait le montrer au seigneur pirate, il en serait ainsi. Je ne vous cache pas que bien des gens souhaitent la reprise de la guerre contre vous et le Harondor libre et rien de ce que vous ne pouvez faire changera quoique ce soit à leur opinion. Vous eussiez anéanti à vous seul toute la Couronne de Fer, ils seraient toujours convaincu de votre culpabilité. Votre réputation est ce qu'elle est et ne changera pas. Il signe aujourd'hui la paix avec vous mais qu'en sera-t-il demain ? Il leur suffirait de ressortir votre titre de seigneur pirate pour vous déclarer la guerre, favoriser la mutinerie chez vos alliés corsaires, la rébellion chez vos alliés haradrims ou la trahison chez vos sujets qui, dit-on, respecte encore beaucoup le nom des Duzingi. Contrairement à ce que l'on pourrait penser et croyez moi, j'en suis désolé, la politique n'est pas affaire de droit et d'honneur mais de cynisme. On découvrirait que je vous sers d'homme de paille, cela ne changerait rien à l'attitude du Gondor et de ses affidés. S'il n'a pas les moyens de vous faire la guerre, il ne le fera. S'il les a, il le fera mais pas plus et pas moins qu'il ne le ferait sans cette découverte. Vous en voulez preuve ? Je peux vous citer mot pour mot une missive que le Grand Maître Havarian a envoyé aux Grands Marchands et au Vice Gouverneur d'Osgiliath que j'ai eu le privilège de lire. Evart prit un ton grave pour restituer l'intitulé exact de la lettre. « Je profite de cette missive pour vous rappeler que la Compagnie du Sud ne tolère aucunement le commerce avec les ennemis des peuples livres ainsi qu'avec ceux qui entretiennent des relations commerciales avec eux. » On parle de paix ici à Minas Tirith mais soyez certain que c'est bien la guerre qu'on prépare. Le nomination de cette Ella Desbo a le même objectif, éloigner Emilion Goloth qui est trop proche des intérêts des gens du Sud. Le jeune homme prit une voix résignée comme s'il comprenait la situation stratégique dans laquelle le seigneur pirate devait se trouver. Non, Votre Altesse, votre réputation ne changera pas ici et rien ne pourra la changer... L'honneur peut se perdre mais ne s'acquiert pas ici dans le Nord et, chez nous, l'honneur fait tout...

Il lui avait demandé de lui fournir des informations sur les manœuvres politiques et voilà le premier renseignement qu'il pouvait lui fournir. En fait, il ne savait pas si c'était juste un argument pour éloigner le jeune homme de ces affaires ou s'il pensait réellement pouvoir améliorer sa réputation. En fait, Evart ne doutait pas qu'il ne connut en rien ce monde de la haute aristocratie gondorienne. De ce qu'il en avait vu, les peuples du Sud étaient bien plus pragmatiques que ceux du Nord qui avaient une conception très élevée de l'honneur et de la réputation. Cependant il lui fallait continuer la discussion. Le seigneur pirate voulait couper les ponts officiellement pour préserver la « réputation » des Praven. A dire vrai, Evart ne doutait pas qu'il fut inquiet qu'on ait pu être au courant de leurs affaires et il lui fallait maintenant dissiper totalement ces inquiétudes.

- Messire, je comprends votre appréhension à nous voir associer ensemble. Cependant, pour le moment, cette nouvelle n'est encore connue que par quelques personnes au sein de la Compagnie du Sud. Pour être tout à fait honnête, j'ai pêché. Je pense avoir pêché par excès d'humilité et excès d'arrogance. En effet, jusqu'à maintenant, je m'estimais trop petit poisson pour intéresser les requins qui s'en sont pris à moi et, visiblement, j'avais tort, c'était une erreur. Ne dit-on pas qu'il faut apprendre de ses erreurs ? Et j'apprends vite. Je m'applique désormais à agir dans la plus grande discrétion, le plus grand secret et avec la plus grande efficacité. Fouillant dans les papiers qu'il avait sous la main, Evart sortit un long tube qui renfermait un papier suffisamment important pour qu'il voulut le protéger. Celui-ci était de bonne taille, l'écriture qui y était posée était fort belle avec même quelques fioritures. En dessous, on pouvait y trouver un grand sceau. Je souhaitai vous présenter ce document. Il s'agit en fait d'un sauf-conduit pour tout le Lebennin. Cela signifie que le porteur de ce parchemin peut se déplacer dans toute la région sans rien craindre d'aucune patrouille ou garde. Cela signifie également qu'un espion à votre service, un convoi de marchandises quelconque ou une personne importante pourrait traverser la région sans même se faire arrêter par une patrouille. Tendant le document au seigneur pirate qui l'examina, il lui dit. Ce n'est pas un faux, il est signé de la main même du Premier Conseiller et porte le sceau de Pelargir. Vous racontez comment je l'ai obtenu serait intéressant mais ce n'est guère important. L'important est d'avoir ce document en ma possession et le fait qu'il puisse nous être utile. Reprenant le papier des mains du pirate, le jeune homme le rangea proprement dans son étui. Comme tout homme ayant étudié les lois, Evart était attentionné avec ces bouts de papier.

Concernant la Compagnie du Sud, je vous remercie de vos lumières. Votre lanterne m'éclaire, comme toujours, mais je ne compte pas pour autant oublier ma vengeance. Dans tous les cas, j'ai moyen de vous aider. Il me semble qu'Emilion Goloth était en relation avec vous et les gens du Sud. Ne pensez-vous pas qu'il serait intéressant qu'il retrouve sa place ? Ne me demandez pas comment, mais je sais que j'aurais l'occasion de voir cette Ella Desbo dans un avenir proche. Sa situation est très précaire au Sud et pas seulement pour la Compagnie. Tous les marchands d'Osgiliath sont unanimes pour réprouver l'ascension de cette parvenue. Il lui faut une victoire pour montrer qu'elle a l'étoffe d'un Grand Marchand. Cette victoire passe obligatoirement par prouver la culpabilité d'Emilion Goloth et par des succès personnels. Cependant, elle ne peut certainement pas faire confiance aux gens du Sud. Beaucoup trop sont dépendants de la famille Goloth et loyaux à eux. Elle aura donc besoin de gens comme moi intelligents et ambitieux pour faire cette petite besogne. Pour le moment, je ne suis qu'un petit garçon sur lequel on a tapé sur les doigts. Faisant mine de rentrer dans le droit chemin, elle sera convaincu de pouvoir faire ce qu'elle veut de moi. D'autant plus que nos relations « officielles » me permettent de me déplacer bien plus facilement dans des territoires sur lesquels les gondoriens ne sont pas bienvenus. Soyez certain que je compte bien profiter de cette occasion pour lui jouer un mauvais un tour en s'attaquant aux deux piliers qui soutiennent son action ; les preuves contre Emilion Goloth et sa crédibilité auprès des marchands de la Compagnie pour permettre à Emillion de reprendre sa place. Peut-être bien que ce Havarian ne sera pas emporté avec elle mais il en sortira forcément affaibli et les actions de la Compagnie du Sud en Harondor vous seront certainement bien plus favorables.

Concernant votre proposition, je peux comprendre que vous ne souhaitiez pas vous impliquer personnellement dans des trafics qui pourraient vous faire passer pour un seigneur de guerre sans scrupules et non comme un émir respectable. Cependant si je voulais commercer avec vous c'est parce que j'avais confiance en vous. Dans nos situations, la confiance est bien la plus importante des choses. Cependant je vous comprends et c'est pour cela que je pense accepter votre proposition mais...
La voix du jeune homme fit une petite pause puis il reprit. Je souhaiterai y ajouter un petit élément qui vous garantira ma plus complète fidélité et me garantie votre plus complète protection comme cela se doit entre le maître et son humble serviteur. Ce que je vous propose est que nous signons tout deux un document dont nous garderions chacun un exemplaire stipulant l'accord que nous venons de passer ainsi que le précédent. Si je ne vous suis pas loyal, il vous suffira de le faire parvenir aux hommes du Roi pour voir ma tête rouler. D'un autre coté, si vous ne m'assurez pas la protection nécessaire à ma survie, je pourrais toujours vous éclabousser dans ma chute... Vu que nous sommes tout deux bon et loyal l'un envers l'autre, cette petite garantie me semble être bien peu de choses, ne pensez vous pas ? Après tout, ne sommes nous pas faits pour nous entendre ?

Reposant sa coupe, Evart était bien décidé. Il n'allait pas se vendre pour rien et il lui fallait à minima une garantie qu'il serait bien traité par le seigneur pirate. Les risques qu'ils prenaient étaient trop grands. D'un sens, c'était aussi pour ça qu'il désirait dans un premier temps faire affaire avec lui mais cela semblait exclut désormais. Qu'à cela ne tienne, le jeune homme comptait bien ne pas repartir bredouille...[/b]
#Evart #Taorin
Sujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...
Taorin

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Rechercher dans: L'Auberge des Murmures   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Parce que des gens sont faits pour s'entendre...    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 17 Aoû 2015 - 13:57
Le Chien Borgne pénétra dans la pièce, et referma doucement la porte derrière lui. Le noble gondorien qu’il avait approché quelques jours auparavant était déjà présent : auteur de cette seconde réunion, il avait proposé un endroit bien plus discret que lors de la dernière fois. Des précautions qui éviteraient sans doute une fin aussi tragique. L’émir n’avait guère eu le temps de se reposer depuis la fin des négociations avec Radamanthe et Aldarion. Mais il n’avait pu repousser la demande de son nouvel agent, d’autant plus que, devant quitter la Cité Blanche le lendemain pour retourner sur ses terres, il était nécessaire de clarifier la situation du sieur Praven.

Suite aux banalités d’usage, et la petite surprise des plans de route de plusieurs navires gondoriens qui ravirait sans aucun doute plusieurs capitaines des Havres, Taorin écouta avec attention les propositions du gondorien, sans laisser transparaître la quelconque émotion. Ainsi, il souhaitait s’engager dans des opérations illégales, et voulait faire tomber des têtes au sein de la Compagnie du Sud. Il avait de l’ambition, et le Chien Borgne aimait ça. Mais serait-il capable d’affronter et de vaincre des personnes suffisamment talentueuses pour avoir atteint les plus hauts échelons de la plus grande association marchande des Terres du Milieu ?

La situation se révélait complexe : non seulement Evart praven avait perdu de son influence, et sa réputation entachée allait sans doute compliquer la collecte d’informations, mais, de plus, il serait inévitablement associé au nouvel Emirat. De quoi faciliter la tâche au contre-espionnage gondorien. Comment l’utiliser, alors ? En tant qu’appât ? Il s’agissait sans doute de la seule possibilité. Mais encore faudrait-il faire en sorte que le jeune noble l’accepte. Ou ignore sa réelle utilité : attirer un maximum d’agents de l’Arbre Blanc afin de détourner leur regard des véritables opérations menées par Dur’Zork. Un jeu dangereux, mais aux gains immenses.

Son verre de vin à la main, Taorin répondit :

« Je suis désolé de la dégradation de votre réputation à cause de votre association avec mes projets. Et malgré ce qui sortira des discussions entre Radamanthe et moi, le Sud libre restera vu d’un mauvais œil au Nord, je le crains. Et votre réputation continuera de pâtir de votre association avec moi. Je pense donc qu’il nous faudrait mettre fin à toute association officielle entre votre famille et le Sud libéré. D’une part, parce que nous ne pourrions en profiter en les maintenant. Pire, vous en pâtiriez. Or votre réputation m’importe beaucoup : votre influence me sera utile.

Cependant, la poursuite d’activités loin des oreilles indiscrètes pourra à la fois vous enrichir, vous permettre de vous venger, et aider mes propres projets. Vous voyez juste dans le commerce de drogues et autres produits illicites : cependant, en tant qu’Emir, je ne peux risquer ma réputation là-dedans. Et ne peux risquer la réputation de l’Emirat. Mais qui suis-je pour juger ce que pourraient faire certaines personnes dans les havres libres d’Al’Tyr et d’Umbar ? Je m’arrangerais pour que certaines personnes prennent contact avec vous à ce sujet.

Mais je crains que votre plan d’impliquer cette Ella Desbo dans de tels trafics, pour la faire chuter et faire chuter Saemon, ne soit voué à l’échec : même si vous parveniez à faire chuter sa protégée, Havarian est trop intelligent pour chuter avec elle. Et ces deux-là se montreront sans doute très habiles à éviter les pièges que vous pourriez leur tendre de cette manière. Et ils remonteront vraisemblablement jusqu’à vous. Mais je ne les connais pas suffisamment pour pouvoir élaborer un plan fiable les concernant : aussi, leur chute, et l’ascension de remplaçants plus ouverts à l’idée de collaborer avec moi, pouvant se révéler particulièrement bénéfique à nos intérêts, je vous offrirais mon soutient dans votre quête de vengeance.

Mais avant tout,  je souhaite que vous organisiez votre réseau de manière à ce que vous puissiez récolter efficacement le maximum d’informations. Vous devrez être mes yeux au Gondor et dans le Royaume Réunifié. Les arrangements commerciaux, les manœuvres politiques, les déplacements de troupes ou de biens, tout pourra se révéler utile. Mais seulement si ces informations sont sûres. Je compte sur vous pour sécuriser votre réseau, et le maintenir caché de tous.

De cette manière, vous aurez votre vengeance, et plus d’or que vous ne pourrez en dépenser. Et je pourrais poursuivre mes projets. Bientôt, le Sud obtiendra la place qui lui revient de droit. Et vous aurez celle qui convient à votre talent. »


Taorin porta son verre à ses lèvres étirées par un mince sourire, et but le délicieux liquide rouge, son œil rivé sur le jeune noble gondorien…

#Taorin
Sujet: [Passé] La diplomatie est la police en grand costume
Taorin

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Rechercher dans: Le Palais   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Passé] La diplomatie est la police en grand costume    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 23 Juin 2015 - 11:25
Les portes ouvertes, dont les figures gravées fixaient la troupe qui passait sous le linteau de pierres blanches, laissèrent passer la troupe des Seigneurs Pirates survivants, en route pour le Palais royal. Chacun était escorté par trois ou quatre de ses hommes, des vétérans de multiples batailles, soudards experts dans l’art d’ôter une vie. Bien qu’arborant des vêtements de parade, ou ce qui pouvait s’en rapprocher le plus pour des corsaires, tous étaient exceptionnellement armés, qui d’un lourd sabre d’abordage qui battait son flanc, qui d’un long coutelas à la lame bien entretenu, qui d’un arc attaché dans le dos, le carquois rempli de flèches sûrement empoisonnées. La délégation était accueillie aux portes par une forte troupe de soldats gondoriens, qui servaient à la fois à protéger les Suderons des éventuelles attaques dont ils pourraient être victimes lors de leur traversée de la cité, mais aussi pour les maîtriser en cas de trahison de leur part.

La troupe fendait la foule de badauds qui s’était regroupée, attirée par ce défilé peu commun pour cette fin de cérémonie nuptiale. Au centre, Taorin, Reznor et Yse discutaient des derniers points de détails des négociations à venir. Ils en avaient déjà discuté toute la nuit, à l’abri de leur campement : ils avaient fini par se décider de montrer leur volonté de mettre un terme au conflit en ne venant que si légèrement escorté. Il fallait montrer aux nordistes que le Sud ne se mettrait pas à genoux, mais ils ne devaient pas non plus irriter les rois des grands royaumes dont la puissance n’aurait aucun mal à balayer le nouvel Emirat, Umbar et tous leurs alliés. La tâche serait ardue, surtout que Radamanthe était une personnalité bien connue des deux souverains du Royaume Réunifié, et pouvait encore faire valoir son titre de Prince de l’Ithilien. Mais les Seigneurs Pirates ne venaient pas sans arguments en leur faveur.

La montée jusqu’au dernier rempart de la Cité Blanche se fit sans incidents notables. Bien sûr, les Suderons avaient été insultés à plusieurs reprises par des Gondoriens emportés par leurs préjugés, mais comment les en blâmer ? Ils en étaient, pour la plupart, restés aux insultes, peu intéressés par une potentielle confrontation avec les soldats lourdement armés aux armes de l’Arbre Blanc. Seul un petit groupe d’ivrognes avait lancé quelques fruits et légumes de mauvaise qualité sur la troupe, touchant majoritairement les pavés usés de la Cité mais aussi l’épaule d’un caporal ou autre sous-officier du Gondor, salissant son armure jusque-là immaculée. Les pirates restaient impassibles, conformément aux instructions : il ne fallait surtout pas créer un nouvel incident qui ne manquerait pas dégénérer rapidement.

La délégation arriva finalement devant la porte du dernier rempart de la Cité Blanche. Les gardes du corps des Seigneurs Pirates furent priés d’attendre, et furent installés dans un corps de garde. Reznor, Yse et Taorin furent alors conduits jusqu’au palais, passant devant l’Arbre Blanc planté par le roi Elessar, passant sus l’ombre de la tour d’Echtelion, foulant, pour la seconde fois, les pavés qui avaient été foulés par d’innombrables hommes de légende. Toujours impassibles, ils se dirigèrent vers la salle du trône, où Sa Majesté Aldarion d’Arnor devait les recevoir, avant de se diriger vers une salle plus calme où les véritables négociations pourraient avoir lieu. Chaque Seigneur Pirate n’avait plus qu’un homme de confiance, un bras droit, sur les talons.

Le sabre ayant appartenu à l’ancien roi gondorien Castamir, appelé l’ « Usurparteur » par les gens du Nord, battant son flanc, le Chien Borgne pénétra dans la salle du trône de l’une des plus grandes puissances des Terres du Milieu. Sans hésiter, les trois Seigneurs Pirates s’avancèrent entre les colonnes de marbre, entre les Gardes de la Citadelle en uniforme d’apparat, jusqu’au souverain nouvellement marié…

*** *** *** *** ***

La salle où auraient lieu les négociations était située au quatrième étage d’une aile du palais, et possédait de larges fenêtres donnant vers l’Est, les Champs du Pelennor, Osgiliath, et, au loin, les montagnes noires du Mordor. Une grande table ovale trônait au milieu. Sur le mur opposé aux fenêtres étaient suspendus divers boucliers et étendards antiques, ainsi qu’une tapisserie décrivant les exploits d’un ancien roi ou Intendant. De petites tables avec plumes et encriers étaient disposées dans les coins, afin de permettre aux scribes de noter les discussions et ainsi d’en tirer un traité que les différentes parties en présence pourraient signer.

Quelques personnes étaient déjà dans la pièce lorsque les Umbarites entrèrent : Radamanthe, l’ancien maître de Dur’Zork, vaincu devant ces mêmes murs, attendait, accompagné de ce qui semblait être un conseiller ainsi que de deux ou trois serviteurs munis de carafes, parchemins, plumes et encre. Taorin vit le regard noir que lui jeta le Prince d’Ithilien alors qu’il donnait son sabre à l’un des deux soldats qui montaient la garde devant la porte. Yse et Reznor faisaient de même avec le second gondorien.

Un siège luxueux avait été placé en tête de table : il s’agissait sans doute de celui réservé à Sa Majesté Aldarion d’Arnor, qui devait arbitrer les négociations. A la droite de ce qui s’apparentait presque à un trône, un fauteuil vide accueillerait sans doute le nouvel Intendant du Gondor, puis venait celui de son prédécesseur, Radamanthe. A sa gauche, un deuxième fauteuil vide était sans doute celui du général Cartogan, puis venaient les trois sièges des Seigneurs Pirates. Yse prit place au milieu, Reznor à sa droite, pendant que le Chien Borgne prenait place à sa gauche, uniquement séparé de celui dont il avait pillé les coffres et vaincu sur le champ de bataille par une maigre largeur de bois ciré.

Ils n’attendirent pas longtemps Aldarion, qui entra rapidement, Alcide d’Illicis sur les talons. Les deux hommes prirent place autour de la table, et, sans plus attendre, l’Arnorien ouvrit les négociations. Après les présentations d’usage, et les premières discussions toujours fleuries bien que tendues, Taorin prit la parole.

« Majesté, Altesse, messires, » commença-t-il, insistant particulièrement sur le titre de Radamanthe, « nous venons aujourd’hui dans l’espoir de mettre fin au conflit qui nous a opposé. La guerre qui a eu lieu, et ne manquerait de reprendre si nous ne parvenions à un accord, a assez duré. Le Harondor est meurtri par les innombrables conflits qui y ont pris place depuis des siècles, et il est temps qu’il connaisse enfin une période de paix et de prospérité, libre de toute domination extérieure.


Mais, malgré notre bonne volonté, certaines personnes semblent toujours s’opposer à une clarification des relations entre le Sud et le Nord. Vous n’êtes pas sans savoir que notre confrère et ami, le Seigneur Pirate Riordan, a été assassiné il y a quelques jours à peine, alors qu’il marchait dans les rues de Minas Tirith. Nous même avons été attaqués, et n’avons survécu que par chance. Plusieurs de nos hommes ont été tués ou grièvement blessés pendant ces attaques. Il ne s’agissait pas de vulgaires brigands. Fort heureusement, nous avons réussi à capturer l’un d’entre eux… Et, bien que cet homme n’ait pas encore avoué l’identité de son employeur, nous craignons que la divulgation de telles informations ne créent d’inutiles tensions… »


*** *** *** *** ***

Il était suspendu par les poignets à une poutre. Mis à genoux, il saignait abondamment du dos, où le fouet avait fait ses ravages, et avait la peau marquée de contusions dues aux coups assénés avec violence par les pirates. Plusieurs dents manquaient à son sourire, un de ses yeux ne s’ouvrait plus, et son nez n’était plus qu’une bouillie sanglante. Il sentait dans son dos deux hommes, torses nus, les poings tâchés du sang du prisonnier, qui attendaient leur heure en préparant quelques autres accessoires de mauvais augure. Autour de lui tournait  un troisième homme, celui qui posait les questions.

Il ne savait pas où il était : la pièce semblait grande, mais remplie de caisses de bois et de sacs de toile épaisse. Seule une lanterne éclairait l’endroit où il était retenu, zone libre délimitée d’un côté par un mur de bois légèrement incliné, et par des empilements de caisses pour les autres. Etait-il dans un entrepôt ? Dans les bas quartiers de la Cité ? Il était inconscient quand on l’avait amené ici et suspendu à cette poutre honnie. Il n’avait plus non plus aucune notion du temps : ses tortionnaires entraient et sortaient de manière apparemment aléatoire, et, de temps en temps, un homme ou une femme venaient lui poser des questions : ils voulaient savoir qui l’avaient employé, principalement. Mais, malheureusement pour eux, il était loyal à ses convictions : il ne trahirait pas son employeur.

L’interrogateur lui posa une question. Toujours la même. Qui t’as engagé ? Il cracha par terre un mélange de salive et de sang pour toute réponse. Il n’arrivait pas à bien discerner le visage de cet homme qui lui tournait autour, mais ce dernier semblait, au rythme rapide de ses pas, excédé par le manque de coopération de son invité.

« Attachez-le à une chaise, et préparez la pince » dit-il aux autres tortionnaires.

Les deux hommes lui détachèrent les mains, soulageant enfin ses épaules du poids de son corps, et l’assirent sans efforts sur une chaise. C’était sans doute le moment de tenter de s’échapper, mais il n’aurait jamais réussi à vaincre ces trois hommes en pleine possession de leurs moyens. Ils l’attachèrent à la chaise, et, soudain, l’un d’eux lui attrapa la main droite, et, avant qu’il n’ait le temps de s’en rendre compte, lui arracha l’ongle du pouce avec une pince de fer terriblement imposante. Il cria, de douleur et de surprise.

« Parle, et j’abrégerais tes souffrances. Epargne-toi ces horreurs. »

Il grogna, puis cria de nouveau lorsqu’un deuxième ongle se vit arraché. Il tremblait, ligoté sur sa chaise par une épaisse corde qui aurait pu être utilisée dans un navire. Elle lui comprimait la poitrine, marquait ses chairs. Encore, la pince s’approcha de ses doigts et de ses orteils. Il n’arrivait plus à compter, son esprit était perdu dans un océan de douleur. Il n’entendait plus que les grincements du bois, que les respirations lourdes de ses tortionnaires, leurs pas autour de lui, et les gouttes de sang qui tombaient de ses mains rougies dans la flaque de plus en plus grosse à ses pieds. Et, de temps en temps, la voix douce de son interrogateur, voix qui entrait en contradiction avec les horreurs qu’il subissait.

Puis, alors qu’il sentait la dureté de la pince contre l’un de ses derniers doigts possédant encore un ongle, il craqua. C’en était trop. Il allait leur répondre, il allait leur dire ce qu’ils voulaient entendre, il allait tout raconter : tout était bon pour faire cesser le supplice, pour mettre fin à la souffrance.

« C’est… C’est cet homme qui m’a engagé… J’connais pas son nom, mais il est v’nu à l’auberge un soir et il m’a dit… »
#Taorin #Reznor #Yse
Sujet: Un négoce pour le Sud
Taorin

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un négoce pour le Sud    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 15 Fév 2015 - 12:36
Après avoir mis en fuite leurs agresseurs, le jeune noble gondorien et le nouvel émir de Dur'Zork se hâtèrent d'aller se réfugier derrière les murs épais de la demeure familiale des Praven. Là-bas, ils auraient enfin des armes pour se défendre contre d'éventuelles nouvelles attaques, et pourraient se reposer un peu, récupérer après le combat éprouvant. Boitant, couverts d'ecchymoses, les rescapés arrivèrent enfin au havre tant espéré. La demeure était spacieuse, digne d'une famille noble de la Cité Blanche. Mais, plus important encore, ses murs étaient hauts, ses portes épaisses et les entrées peu nombreuses : le Chien Borgne, son hôte, ses serviteurs et le Chien éclopé, souffrant vraisemblablement de plusieurs côtes cassées ainsi que de multiples hématomes sur tout le corps, le visage boursouflé, se barricadèrent à l'intérieur. Les serviteurs de la famille Praven apportèrent armes et vin chaud, tout le nécessaire pour tenir durant cette fin de nuit. Taorin s'assit, reposant ses muscles meurtris, profitant du répit si durement acquis.

La nuit se passa sans autres incidents. Les blessures du Chien furent soignées du mieux possible, étant donné les conditions : il aurait sans doute à rester immobiliser quelques temps, après être passé entre les mains plus ou moins expertes du médecin de la compagnie des Chiens du Désert. Profitant de l'hospitalité imprévue d'Evart Praven, le jeune noble et le nouveau maître de Dur'Zork purent continuer à discuter des tenants et aboutissants de leur futur accord, afin d'offrir au Sud un renouveau économique qui le rendrait plus fort, plus apte à défendre son intégrité et à rivaliser avec les Etats plus puissants du Nord et de l'Est. Il était temps que le Harad et le Harondor obtiennent une place de premier rang, qu'ils se tiennent derrière une même bannière.

Lorsque le soleil se leva, et que les rues furent de nouveau sûres, Taorin demanda à l'un des serviteurs d'aller chercher une demi douzaine de ses hommes, afin d'avoir des nouvelles fraiches en même temps qu'une escorte pour retourner à ses quartiers. Il était impératif qu'il obtienne des informations quant à ce qui s'était déroulé cette nuit-là. Tant de choses en dépendaient... En attendant le retour des Chiens, Taorin aborda le sujet du serviteur décédé durant l'attaque, et dont le corps sanglant avait été abandonné dans la ruelle, en compagnie des corps des assaillants mis hors de combat : comment le jeune noble gondorien comptait-il réagir lorsque la garde viendrait frapper à sa porte pour lui demander des explications ? Qu'une telle attaque ait lieu pendant les festivités du mariage d'Aldarion ferait mauvaise impression, et ce genre d'incident aurait tout intérêt à être étouffé dans l'œuf afin de préserver l'image immaculée de l'union entre Dale et l'Arnor. D'autant plus que les motifs de cette attaque restaient flous : avaient-ils réellement osé s'attaquer à un chef d'état en visite diplomatique, ou bien s'agissait-il d'une attaque visant Evart Praven et ayant eu lieu au mauvais moment ? Ou bien n'était-ce qu'une malheureuse coïncidence, et avaient-ils eu à faire à des truands quelconques ? Le Chien Borgne en doutait, sa mâchoire se rappelant douloureusement des coups de ces hommes bien trop déterminés pour être de simples voleurs.

Après plus de deux heures d'attente, huit hommes revinrent enfin : le serviteur gondorien accompagné de sept Chiens du Désert, visiblement sur le qui-vive mais apparemment non armés. Ils pénétrèrent rapidement dans la demeure, refermant la lourde porte derrière eux. Taorin remarqua la présence de Walid, l'un des caporaux des Chiens, bras droit de Khalid, le second lieutenant des Chiens. Sa présence était intrigante : il n'aurait pas dû quitter le gros de la troupe. Seules de graves nouvelles auraient pu justifier sa présence en ces lieux, par cette matinée radieuse. Alors que deux hommes se précipitèrent vers le blessé, le caporal se mit au garde-à-vous, et prit la parole :

« Majesté, nous sommes venus dès que nous avons su où vous vous trouviez. Nous avons fait patrouiller quelques hommes cette nuit dans la Cité pour vous retrouver, mais ils n’ont malheureusement pu vous suivre. J’ai de graves nouvelles à vous apporter : cette nuit, de violentes attaques ont eu lieu contre les Seigneurs Pirates et leurs escortes. Les Seigneurs Reznor et Yse ont pu mettre en fuite leurs agresseurs, et même en capturer un, mais le Seigneur Riordan et son garde du corps ont été tué avant que nous n’ayons eu le temps de réagir : les attaques étaient bien coordonnées, et nous n’avons pu en avoir vent avant le retour des Seigneurs Reznor et Yse. J’ai personnellement dirigé le détachement parti à la recherche du Seigneur Riordan, et nous l’avons trouvé égorgé dans une ruelle non loin du restaurant où il était allé dîner, son garde du corps gisant à ses côtés, le crâne fracassé. Nous avons rapatrié les corps à l’auberge dans la plus grande discrétion, en attendant de vos nouvelles. Nous avons crains le pire. »
Le caporal fit une courte pause, puis continua : « Les Seigneurs Reznor et Yse ont commencé à interroger le prisonnier, et vous attendent le plus vite possible afin de prendre une décision. Nous nous sommes barricadés dans l’auberge, ne pouvant prendre le risque d’en sortir le corps du Seigneur Riordan. Nous avons néanmoins réussi à faire passer quelques coutelas sans que la garde ne les remarque, et le reste de hommes se tient prêt à venir nous aider à quitter la Cité si jamais le besoin s’en fait sentir. »

Une chape de plomb tomba sur le Chien Borgne : tous, ils avaient tous été attaqués. En plein cœur de la Cité censément la mieux gardées des Terres du Milieu à l’heure actuelle. L’identité du commanditaire ne faisait aucun doute : qui pouvait souhaiter la mort de ses ennemis juré, si ce n’était l’ancien Intendant du Gondor ? Mais une attaque si grossière ? Que pouvait-il bien chercher avec de tels actes ? Ne se rendait-il pas compte que sa position serait fortement affaiblie après la révélation de ses actes ?

Il fallait néanmoins quelques éléments de preuve, la rumeur et les accusations ne pouvaient faire totalement perdre pied au Prince d’Ithilien. Il fallait se hâter de découvrir ce que savais le tueur capturé, et faire connaitre ces actes aux bonnes personnes. Taorin se tourna vers son hôte, et lui dit :

« Merci de votre accueil, Seigneur Praven. Je m’excuse pour la mort de votre serviteur, il semblerait que j’ai été la cible de cette attaque hier soir… Que les Neufs aient été visés par ces attaques hier soir… Je vous prie cependant de ne pas ébruiter cela : la nouvelle sera rendue publique lorsque nous aurons pu consolider notre position et pris nos précautions pour éviter de nouveaux incidents aussi dramatiques. » Le Chien Borgne se tourna vers ses hommes, et leur lança quelques ordres en haradrim, avant de se retourner vers le jeune noble gondorien : « Je m’excuse, mais il me faut maintenant prendre congé. Je dois retrouver le reste de la délégation, et nous devons réfléchir à notre riposte face à cette attaque qui ne saurait rester sans conséquences… »

Escorté de ses hommes, l’Emir quitta la demeure de la famille Praven, et se hâta de rejoindre ses anciens pairs…
#Taorin
Sujet: Un os dans le Palais [Flashback]
Ryad Assad

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un os dans le Palais [Flashback]    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 8 Aoû 2014 - 19:38
Récit de la prise du Palais de Radamanthe - 300 QA

Il m'a toujours semblé difficile de déterminer avec certitude à quel moment une bataille pouvait être considérée comme terminée. Celle qui s'était déroulée devant Dur'Zork avait été d'une rare violence, et les morts se comptaient par milliers, ce qui n'aidait pas à proclamer un vainqueur. L'assaut des troupes de Radamanthe, bien mieux équipées et bien mieux préparées pour ce genre de missions avait été dévastateur, et beaucoup des fantassins réquisitionnés dans les rangs de Taorin avaient perdu la vie, notamment les esclaves placés en première ligne, qui avaient été décimés comme il était de coutume quand on "recrutait" des "auxiliaires" de cette qualité. Les malheureux n'avaient même pas d'armure digne de ce nom, et leurs armes étaient tout juste bonnes à effrayer des enfants. Ils étaient malingres et dépenaillés, placés en face d'une cavalerie lourde lancée à pleine vitesse. Le choc avait été rude, et le fracas de la bataille nous était parvenu alors que nous nous trouvions encore dans l'enceinte de la ville. Je n'avais pas eu le temps d'observer le déroulement des combats, toutefois, et j'avais pris la décision - en tant que chef des infiltrés - de prêter main-forte aux pirates qui avaient réussi à pénétrer dans la cité.

Ils avaient subi de lourdes pertes, terrassés par les miliciens - c'était dire l'incompétence de ces bandits de grands chemins que l'on peinait à appeler soldats - qui avaient de toute évidence reçu un excellent entraînement, et qui avaient su compenser leur faible nombre par une organisation sans faille. Les pirates s'étaient pour la plupart débandés, et ma tâche avait été de retrouver les survivants, et de les réorganiser. Avec Agathe, nous effectuâmes un travail de sape dont l'efficacité ne nous apparût pas immédiatement. En effet, seuls face à une si grande cité, sans avoir la certitude que nos actions allaient servir à quelque chose, nous étions livrés à nous-mêmes et obligés de croire en la victoire de Taorin. Les pirates désorganisés que je retrouvais avaient pour mission d'incendier les bâtiments stratégiques de la ville : la caserne, les stocks d'armes et de flèches, de saboter les machines de guerre qui protégeaient la forteresse, en somme de provoquer le chaos chez les militaires pour les désorganiser. S'ils pouvaient éliminer des gardes en faction, ils avaient ordre de le faire sans hésiter, afin de semer un peu plus la confusion.

Incroyable ce que l'on pouvait faire avec un arc, quelques flèches, et beaucoup de volonté. Nous approchant d'un mur, il m'avait suffi de tirer dans le torse d'une sentinelle, trop occupée à observer le champ de bataille au loin. Ses compagnons avaient donné l'alerte, et rapidement un contingent de miliciens avait rappliqué, mais n'avait trouvé personne : nous étions déjà loin. Et de toutes parts dans la ville, des hommes isolés ou en petit groupes s'occupaient de faire perdre la tête aux officiers en charge de la défense de la cité. Des traques étaient organisées, mais le gros des troupes était au dehors désormais, et il n'y avait pas assez de soldats pour protéger l'entièreté de la ville, qui semblait céder à la panique. Des incendies se déclenchaient un peu partout, et les habitants qui sortaient dans les rues pour les endiguer gênaient le travail des gardes, incapables de savoir où donner de la tête. Il suffisait de porter un seau pour être habilité à circuler partout dans la cité, ce qui ne m'empêchait pas de commettre quelques meurtres ici ou là. A dire vrai, la présence d'Agathe à mes côtés fut d'une grande aide, car un homme et une femme courant avec empressement dans la ville avaient naturellement l'air moins suspects qu'un individu seul cherchant à échapper à la garde.

Cela ne nous empêcha pas d'être pris à partie par des soldats par deux fois, mais nous nous en débarrassâmes avec facilité : il suffisait de s'arrêter et de les laisser approcher en leur faisant croire que nous étions des civils tout ce qu'il y avait de plus banal. Et, quand ils baissaient enfin leur garde, il n'y avait plus qu'à les poignarder rapidement. Nous ne prîmes même pas la peine de cacher les corps, considérant qu'un vent de panique plus important encore se répandrait si on trouvait ici ou là des cadavres de soldats. On se demanderait qui avait pu les éliminer, et on se méfierait de tout un chacun, ce qui contribuerait à faciliter notre opération de sabotage. Quand des milliers de suspects se promenaient dans les rues, il n'était pas possible d'assurer la sécurité des édifices principaux. Rapidement, les gardes furent submergés de travail, et les officiers débordés de rapports alarmants. Je m'occupai de tuer un capitaine qui distribuait des ordres, d'une flèche en pleine poitrine. Ses hommes me donnèrent la chasse, mais je les semai habilement. Encore un qui ne donnerait plus de consignes, ce qui affaiblirait considérablement l'efficacité des troupes de l'Emir.

Les heures passèrent, et nous continuâmes notre lent et méthodique travail de destruction. Il s'agissait parfois de mettre le feu à une maison située dans un quartier pauvre, pour inciter les habitants à sortir de chez eux, et à se mettre à pied d'œuvre pour combattre les flammes. Les gardes approchaient alors, et nous pouvions sauter dans une autre zone pour commettre un autre forfait. Nous courûmes comme jamais, à chaque fois à la limite de la rupture, mais fort heureusement nous n'étions pas seuls, et nous pûmes bénéficier de l'action de nos compagnons d'infortune, déterminés à semer la pagaille sur leur chemin. Dur'Zork était en proie à une panique totale, et de longues colonnes de fumée s'élevaient en tourbillonnant vers le ciel, encourageant - je l'espérais ! - Taorin et ses hommes à continuer la lutte pour s'emparer de cette cité. Ils avaient fait une longue route pour venir jusqu'ici, et j'espérais qu'il n'abandonnerait pas le combat, sans quoi nous risquions bien d'être condamnés. La perspective de finir mes jours dans cette cité du Sud était loin d'être plaisante, et elle me poussait de l'avant, me donnait des ailes lorsqu'il s'agissait d'échapper à des gardes à l'œil perçant, ou bien de me cacher d'une patrouille attentive. Tuer, courir, incendier, détruire, et puis tuer encore. Voilà le cycle de violence dans lequel nous étions pris, et duquel nous ne pourrions nous défaire qu'avec l'entrée d'une des deux armées dans l'enceinte de la ville.

Et, lorsque les cloches de la ville se mirent à résonner, je compris que l'heure était venue d'adresser une prière à tous les dieux qu'il m'était donné de connaître. S'il s'agissait des troupes de Taorin, la victoire était nôtre, car il n'y avait plus en ville que quelques gardes qui céderaient devant l'avancée d'une armée déterminée à piller et à détruire. En revanche, s'il s'agissait des troupes de Radamanthe, nous étions finis. Une chasse aux traîtres serait organisée, et même si je savais être en mesure de me cacher et de me fondre dans la foule, les chances de survivre à la purge étaient infinitésimale. Mes prières furent entendues quelque part, car les portes de la ville demeurèrent closes, contrairement à ce qui aurait dû être fait pour accueillir le retour triomphant du seigneur des lieux et des ordres commencèrent à être braillés un peu partout, des accents de panique clairement perceptibles dans le dialecte local. Les civils se dépêchèrent de se cacher, hurlant de terreur, pleurant et maudissant l'arrivée des pirates qui, à n'en pas douter allaient faire couler le sang, tandis que les gardes abandonnaient leurs positions, pour se replier dans les endroits stratégiques. Les officiers encore présents voulaient absolument défendre le Palais de l'Emir, mais plusieurs poches furent constituées au niveau de la caserne, des écuries. Les tours de garde fermèrent leurs portes, et se préparèrent à supporter le siège, même si c'était totalement en vain. Que pouvait une poignée contre une multitude, sinon mourir en martyr ?

Les gardes ayant déserté les remparts, il nous fut extrêmement simple d'ouvrir les portes pour les troupes de Taorin, qui pénétrèrent pour la seconde fois dans l'enceinte de la cité. Les pirates nous menacèrent, mais nous leur apprîmes notre identité, et ils firent rapidement venir leurs supérieurs, craignant de s'engager dans un piège. Un cavalier du désert, de toute évidence membre d'une des tribus que Taorin avait ralliées à sa cause, s'approcha de moi, et me demanda dans un commun à peine compréhensible :

- Toi... Ami Taorin ? Quoi ton nom ?

Je levai les yeux vers lui. Il venait de l'extrême Harad, et il avait l'air exotique même au regard des gens du Sud, qui semblaient le craindre autant qu'ils le respectaient. Sa peau était noire comme la nuit, et sa voix grave donnait envie de lui obéir immédiatement. Il ne portait en guise d'armure qu'une épaulière de cuir, rehaussée d'or, le reste de son torse étant nu, exposant à la vue de tous sa musculature titanesque, et ses cicatrices innombrables. Dans son dos, une épée gigantesque était attachée, et il n'était pas besoin de le voir avec pour comprendre qu'il savait s'en servir. Cet homme n'était pas né chef, de toute évidence, et il avait conquis sa position à la force de son bras. De quoi gagner mon respect, même si je ne le connaissais pas vraiment. D'une voix claire, je répondis :

- Je m'appelle Salem, Taorrin a dû vous parrler de moi.

- Hmm... Lâcha-t-il sans qu'il me fût possible de déterminer s'il me croyait ou non. Palais où ?

Un soupir de soulagement quitta mes poumons, et je sentis Agathe se détendre à mes côtés. Nous étions enfin victorieux, même s'il restait des choses à faire avant de pouvoir nous emparer de la cité. Ce que j'ignorais alors, c'était que de toutes parts, les portes étaient prises d'assaut, et les pirates retrouvaient leurs compagnons infiltrés à l'intérieur, pour la plupart épuisés et blessés d'avoir tant couru et combattu. Ceux-ci les guidaient donc vers les postes stratégiques, qu'ils devaient prendre et où ils devaient hisser le drapeau du Harad libre. Pour ma part, je décidai de me concentrer sur le plus important, et de ne pas disperser les précieuses forces que le chef Haradrim avait réunies :

- Suivez-moi, je vais vous y conduirre.

Il adressa quelques mots à ses troupes, constituées pour la plupart de membres de sa tribu - il était facile de les identifier à leur peau sombre, et aux bijoux assez semblables qu'ils portaient tous -, mais également de mercenaires qui venaient ensuite. Ceux-ci furent lâchés dans le reste de la cité, et ils s'empressèrent d'aller fouiller les maisons, se répandant comme une marée humaine, partout où ils trouvaient à rentrer. Ils délogèrent les hommes qu'ils firent prisonniers - conformément aux consignes qu'ils avaient reçues, car Taorin ne souhaitait pas régner sur un cimetière -, s'occupèrent de violer les femmes comme il était de coutume pour eux, et ils s'emparèrent à leur compte de tout ce qu'ils pouvaient porter. Les habitants avaient pris soin de cacher leurs bijoux et leurs biens précieux, mais la violence des tueurs et la force de persuasion d'un couteau sous la gorge d'une épouse ou d'une fille eurent raison de la vaine résistance des locaux, qui s'empressèrent de confesser.

Pendant ce temps, nous marchâmes vers le Palais, dernière place forte des fidèles de Radamanthe, qui entendaient bien nous donner du fil à retordre. Ils comptaient - et nous aussi - sur le retour de leur Seigneur, espérant - et nous non - qu'il nous prendrait à revers avant que nous ayons eu l'opportunité de mettre la main sur le cœur de la ville. Ce que nous ignorions tous, c'était que jamais l'Emir n'allait revenir, et qu'il avait mis le cap avec ses troupes vers le Nord, abandonnant sa précieuse capitale aux mains d'Umbar, dont la victoire n'était pas encore proclamée, mais déjà certaine.

#Ryad #Taorin
Sujet: Un négoce pour le Sud
Taorin

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Rechercher dans: Minas Tirith - Autres Quartiers   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un négoce pour le Sud    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 24 Juin 2014 - 15:32
Le Chien Borgne suivit le serviteur, qui le mena jusqu’à une alcôve discrètes, protégeant des regards indiscrets ou des oreilles attentives, où attendait l’objet de sa visite, le noble Praven, l’un des marchands de premier plan de la Cité Blanche et de ses environs. Le gondorien avait revêtu des habits luxueux, bien que sobres pour un homme de sa condition. Face à lui, Taorin, qui s’était paré des habits traditionnels du désert, plus adapté à la chaleur estivale que les lourdes fourrures si prsées par les nordiques, n’apparaissait pas aussi riche et puissant, mais faisait l’effet d’un étranger perdu, incongru en ces lieux plus prisés par la haute société gondorienne que par les voyageurs venus des régions considérées comme moins civilisées. Le marchand se leva, et les deux hommes se saluèrent tout en se jaugeant du regard. Après s’être incliné, le gondorien présenta un tonnelet au nouveau maître de Dur’Zork, qui sourit et le remercia chaleureusement : son amour des vins et de la bonne chère était donc connu, pensa-t-il, légèrement amusé à l’idée de l’image qu’il devait refléter auprès de ces barbares du Nord, celle d’un chef de guerre aviné, tout juste bon à écumer les tavernes et non pas à diriger un pays. Qu’ils le sous-estiment donc, et s’en mordent les doigts une fois qu’il aurait assis son pouvoir et pris l’ascendant.

Les serviteurs apportèrent rapidement les nombreux plats et les disposèrent sur la table pendant que les deux hommes discutaient de banalités. Les verres se remplirent de vins blancs et rouges, les assiettes de mets luxueux, dont l’odeur appétissante laissait présager d’infinis délices. Mais, apparemment, le jeune noble gondorien souhaitait passer aux choses sérieuses dès à présent. Après avoir congédié leurs serviteurs personnels, les deux hommes réunis de part et d’autre de la table lourdement chargée purent engager la conversation qu’ils attendaient tout deux, la raison même de cette réunion étrange entre un riche marchand de la Cité Blanche et un ancien pillard qui s’était hissé à la tête de la moitié du Harondor.

« Seigneur Praven, j’ai demandé à vous voir ce soir afin de pouvoir discuter de la renaissance économique du Harondor, et du rôle que j’aimerais que vous jouiez dedans. Le Sud a cruellement souffert des guerres qui l’ont ensanglanté récemment, et les caisses ont été vidées par le conflit contre l’Usurpateur. Mais le Harondor et le Harad regorgent de richesses introuvables au Nord : des tapis d’une incroyable qualité, des épices rares, de l’or, et de nombreuses autres choses dont le Nord raffole, n’est-ce pas ? »

Taorin découpa un morceau de poisson et l’avala tout en regardant son interlocuteur de son dernier œil valide. La chair blanche fondait en bouche, et le Chien Borgne s’autorisa un bref moment de relâchement avant de reprendre.

« J’aimerais vous proposer une offre qui vous intéressera particulièrement, je pense. Je peux en effet diminuer fortement les droits de douanes sur d’éventuelles expéditions commerciales entre le Harondor et le Gondor, tout en vous garantissant la protection associée à mon nom et à mon statut, que ce soit contre des brigands dans le désert ou des pirates en mer : peu oseraient s’opposer aux Neufs et à l’Emirat. Vous auriez ainsi un net avantage par rapport aux autres marchands qui souhaiteraient s’implanter dans le Sud, et vis-à-vis de ceux qui souhaiteraient importer des biens du Harondor. »

Laissant le jeune marchand réfléchir aux gains d’une telle offre, Taorin prit quelques gorgées d’un vin blanc gondorien particulièrement bon, puis attrapa quelques mets pour flatter son palais. Face à lui, le marchand devait se demander pourquoi une telle offre lui était proposée, quel en était le prix. Pourquoi lui, et pas un marchand bien plus riche, bien plus influent ? Auraient-ils été trop difficilement contrôlables ? Trop dangereux pour le Sud, trop aptes à se rendre irremplaçable et à gagner un pouvoir trop important ? Après avoir repris une autre bouchée, le Chien Borgne continua.

« De plus, afin de consolider les liens entre nos deux peuples, afin de mieux nous comprendre et de préserver la paix, je souhaiterais que vous vous associez avec un marchand harondorim pour toutes vos entreprises entre le Nord et le Sud. Vous bénéficierez tous deux des mêmes avantages, ainsi, par cette association, tout le monde profitera de ces échanges commerciaux. » Le borgne riva son regard dans celui du noble gondorien, et demanda : « Qu’en pensez-vous ? »
HRP : Désolé pour le retard :/

#Taorin
Sujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence
Taorin

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Rechercher dans: Minas Tirith - Le Haut de la Cité   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [RP Resynchro]Une histoire s'achève, une autre commence    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMer 11 Juin 2014 - 19:59
Les nefs noires approchèrent lentement des docks du Harlond, le port de la Cité Blanche. Les deux navires corsaires, arborant les bannières des Havres d’Umbar et du Harondor, entamèrent les manœuvres d’amarrage. A leur bord, Taorin, Riordan, Reznor et Yse se préparaient à débarquer, sous le regard attentif des gardes en poste. La délégation sudiste venait assister au mariage de Tar-Aldarion et de la Princesse de Dale, avant de signer les accords de paix entre les deux puissances du Harondor, accords ayant fait l’objet d’âpres négociations durant les six mois précédant, face à l’incapacité des deux camps à continuer une guerre si coûteuse en hommes et en or.

Dans sa cabine, Taorin prépara sa tenue de cérémonie, un uniforme rehaussé de fils d’or, et passa à son côté son sabre qui, jadis, avait appartenu à Castamir l’Usurpateur, ancien roi du Gondor au règne tumultueux. Puis, une fois prêt, il monta sur le pont, rejoignant Riordan et Salem, cet ancien serviteur qu’il avait promu au rang de secrétaire personnel, chargé avant tout de collecter des renseignements. Le talent de cet homme, d’origines rhûniennes, avait frappé le Chien Borgne : grâce à lui, les portes de Dur’Zork s’étaient ouvertes devant l’armée des Neufs, et il avait grandement participé à la pacification ultérieure des territoires conquis. Une dizaine de Chiens du Désert formaient son escorte personnelle, à laquelle devait s’ajouter les équipages des trois Seigneurs Pirates. Yse et Reznor voguaient sur le navire de ce dernier, évitant ainsi de transformer ce voyage en agression : trois navires auraient eu d’immenses difficultés à justifier leur présence auprès des hommes de Pelargir, en dépit des invitations délivrées par la royauté.

Les pirates étaient arrivés deux jours avant la cérémonie, un peu plus tard que ce qu’ils prévoyaient en raison de vents peu favorables durant une partie du voyage. Ils logeraient à bord de leurs nefs, évitant ainsi de se mélanger à la foule qui s’amassait devant les remparts de Minas Tirith. Seuls deux hommes en armes escorteraient la délégation, deux Chiens ayant servi plusieurs années sous les ordres directs de Taorin, deux vétérans de nombreux combats aptes à se défendre face à presque n’importe quel adversaire.

La délégation sudiste débarqua sous le regard attentif des gardes gondoriens, et, les trois Seigneurs Pirates, le nouveau maître de Dur’Zork et leurs suivants prirent la direction de la Cité Blanche…

*** *** *** *** ***

Le Chien Borgne se tenait patiemment debout, immobile, dans la file des monarques venus présenter leurs hommages au roi nordique. Le soleil illuminait cette procession de têtes couronnées, étouffant les nordistes peu habitués à de telles températures, surtout après un hiver aussi long et terrible. Devant lui, les représentants ou dirigeants de tous les royaumes des Terres du Milieu prenaient lentement la direction de la tente où s’étaient abrités Tar-Aldarion et la princesse, non, la reine Dinael : le nouveau vice-roi du Rohan, un guerrier né semblait-il, venait de pénétrer dans la tente, précédant Radamanthe, l’Usurpateur qui, de temps en temps, jetaient des regards noirs en direction du groupe umbarite, les Elfes, créatures que Taorin n’avait connues qu’à travers Nimrod Ben Elros, puis venait Lyra, Reine du Rhûn, maîtresse d’une nation des plus puissantes, et qui, par sa présence, se démarquait des autres individus présents. Quant à eux-mêmes, les dirigeants des Havres du Destin venaient en dernier, en tant que représentant d’un pays presque ennemi et qui était encore peu affirmé parmi les autres.

Chaque délégation avait apporté de nombreux cadeaux : Taorin avait de son côté déniché un collier d’or incrusté de lapis-lazuli pour la Reine, parure impressionnante qu’il avait trouvé chez l’un des meilleurs joailliers de sa nouvelle capitale, ainsi qu’un magnifique cimeterre au pommeau d’ivoire et à la lame incrustée d’or et une robe de nomade faite de la meilleure soie du Sud, brodée de fils d’or et d’argent dessinant des motifs abstraits et envoûtants, pour Tar-Aldarion.  Les trois Seigneurs Pirates avaient apportés quant à eux diverses caisses, sans vouloir en dévoiler le contenu, maintenant le suspens jusqu’au bout.

Taorin se tourna vers son nouveau secrétaire personnel, Salem, et, murmurant presque, lui glissa : « Lorsque l’occasion se présentera, je veux que vous fassiez en sorte d’avoir le moyen d’obtenir tout type d’informations ou services dans l’enceinte de la Cité. Notamment en ce qui concerne des affaires… létales. Il vous faudra agir avant que nous ne repartions. » Regardant le visage indéchiffrable de son homme de confiance, il continua : « Vous venez du Rhûn, n’est-ce pas ? Que pouvez-vous me dire sur votre ancienne souveraine ? »
#Taorin #Salem
Sujet: Devenir Emir à la place de l'Emir
Taorin

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Devenir Emir à la place de l'Emir    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 17 Nov 2013 - 20:26
L’armée monta le camp. Dans deux jours, ils seraient face aux hauts remparts de pierre de Dur’Zork, capitale du Harondor, résidence de Radamanthe l’Usurpateur.  Dans deux jours, de nombreux hommes verseraient leur sang pour libérer le payx du joug d’un nordiste, pour offrir aux Neufs d’Umbar les richesses du voisin du Gondor.

Lorsque Taorin décida d’arrêter son inspection des troupes, sa tente avait été montée au cœur du campement par ses hommes, qui avaient planté leurs propres tentes autour de celle de leur capitaine, en un parfait exemple de discipline militaire. Contrairement aux hommes qui avaient été recrutés en hâte par les Neufs : les corsaires, peu habitués aux campagnes terrestres, s’étendaient dans un désordre qui aurait causé nombre d’arrêts cardiaques chez les sergents instructeurs de toute armée de métier ; les levées armées lors de leur progression vers le nord, bien qu’un peu plus disciplinées et encadrées par des hommes de confiance, manquaient d’expérience pour dresser de véritables camps défendables ; et les hommes des divers clans du désert restaient légèrement écartés du camp principal, formant un écran appréciable mais sans doute peu tenace. Enfin, en arrière-garde, entre l’armée et les trains de victuailles et autres denrées nécessaires à toute entreprise militaire, reposaient les Mumakîl, monstrueuses créatures plus grande que des maisons, qui, allongées sur le sable chaud, gardées par leurs cornacs venant du Sud profond, inspiraient la terreur à tout homme trop près, et l’admiration de ceux qui étaient suffisamment loin pour ne plus ressentir dans tout leur être les tremblements induits par leur lourde progression sur la terre durcie et poussiéreuse du désert du Harondor.

Le Chien Borgne pénétra dans sa tente, et s’attabla derrière la planche montée sur des trétaux où étaient étalées diverses cartes des environs immédiats de Dur’Zork et du Harondor. Il posa le lourd sabre de Castamir l’Usurpateur, ancien roi numénoréen qui, d’Umbar, revendiquait le trône du Gondor, sur la table improvisée, et s’asseyant sur un tabouret, appela une estafette. Il lui fallait appeler les Neufs qui accompagnaient l’armée en campagne afin de finaliser le plan d’action une fois les troupes faces aux ultimes défenses de l’Emir illégitime. L’homme, une fois les instructions comprises, quitta la tente du Chien Borgne, et ce dernier se redressa et observa les cartes, réfléchissant tout en attendant ses pairs…

#Taorin #Radamanthe
Sujet: [Djahar'Mok] L'étau se resserre
Taorin

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Rechercher dans: Le Harad   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Djahar'Mok] L'étau se resserre    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 21 Oct 2013 - 11:57
Les portes ouvertes laissèrent entrer la colonne de cavaliers dont les armures étaient à moitié dissimulées derrière les vastes pans de leurs tuniques colorées. Les turbans ne laissaient voir que des yeux noirs, scrutant la foule assemblée de part et d’autre de la rue principale de la ville. Les bannières flottaient paresseusement sous le léger vent marin accompagnant l’aube. Derrière les quelques dizaines de cavaliers venaient les fantassins armés par Umbar, mercenaires en tous genres, haradrim, esclaves affranchis et armés à la va-vite. Une troupe ayant à peine appris à marcher au pas depuis le début du recrutement, quelques semaines auparavant sous les murs de la Cité du Destin. Mais les habitants de la petite ville du delta de l’Harnen n’en étaient pas moins terrifiés par les visages durs, les lances, les cimeterres acérés, les claquements des bottes cloutées dans la boue de la rue. Des hommes bien plus durs que les gardes de la cité, qui, encore hébétés, s’étaient rassemblés sur la grande place, telle une garde d’honneur pour le seigneur local, petit chef sous l’autorité distante de Radamanthe.

De l’autre côté de la ville, les nefs noires pénétrèrent dans le port, braquant leurs lourdes balistes sur les quelques ouvrages défensifs et navires potentiellement dangereux pendant que des dizaines de chaloupes étaient mises à la mer, chargées de dizaines d’hommes. Des badauds regardaient ce déploiement de force sans mot dire, cachés derrière leurs fenêtres, priant pour qu’aucun de ces soudards venu du Sud profond ne ravage leur vie. Les chaloupes atteignirent les docks, et les corsaires investirent rapidement les jetées et le front de mer, se dispersant en petits groupes d’une quinzaine d’individus pour quadriller le quartier et désarmer tout individu suspect, pendant qu’une troupe un peu plus importante, composée d’hommes plus disciplinés cette fois, progressait en direction de la grande place et du petit palais du gouverneur local.

Les deux troupes se rejoignirent au même moment, encerclant les notables et les gardes assemblés au centre de la ville. Le meneur des cavaliers mit pied à terre, et s’avança seul vers le gouverneur pendant que ses hommes terminaient de se déployer. Il s’arrêta à quelques pas, et attendit sans mot dire. Le gouverneur, tremblant, prit un paquet enveloppé dans une étoffe blanche, et s’approcha du capitaine haradrim.

« Voici les clés de la ville… Nous nous rendons. Nous… Nous sommes les loyaux alliés des Neufs ! »

Le capitaine prit les clés, cracha par terre devant tant d’hypocrisie, et, après avoir fait signe à ses hommes de mettre pied à terre et d’entamer leur prise de contrôle effective de la cité, répondit de manière à ce que tout ceux assemblés puissent l’entendre :

« Les Neufs acceptent votre reddition. Djaha’Mok est désormais soumise à leur autorité. La garde de la ville est désormais incorporée dans l’armée de libération. Ils se rassembleront sur les quais d’ici deux heures. De plus, tout homme en âge de porter une arme sera accepté dans nos rangs. Des recruteurs seront postés aux différents carrefours. » Le capitaine fit une pause, et ajouta : « Jusqu’à la fin du conflit, la loi martiale est imposée en ville. Personne ne se trouvera dans les rues après la tombée de la nuit. Aucun navire ne quittera le port jusqu’à nouvel ordre. Aucune caravane ne sera autorisée à partir. »

Ayant terminé, le capitaine s’avança vers le palais, accompagné de son état-major et du gouverneur abasourdi…

#Taorin
Sujet: [Urlok] L'Incursion chez l'Usurpateur
Taorin

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Rechercher dans: Le Harad   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Urlok] L'Incursion chez l'Usurpateur    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 19 Oct 2013 - 21:00
Taorin renifla, laissant la fumée âcre imprégner ses poumons. Tout le quartier bordant la porte sud avait été réduit en cendres, et, parmi les décombres encore fumants, on pouvait apercevoir les corps abandonnés, à moitié brûlés, de ceux qui n’avaient pu fuir à temps. Les Chiens du Désert constituant la garde rapprochée du Chien Borgne écartaient les cadavres ensanglantés des défenseurs qui jonchaient le sol, abattus alors qu’ils fuyaient dans le désordre le plus complet face aux hordes umbarites.

La petite troupe lourdement armée arriva sur la Grand’Place de la ville, où étaient rassemblés les survivants apeurés. Taorin aperçut son pair Riordan au milieu de sa propre garde, savourant lui aussi ce triomphe. La ville était tombée en quelques heures, les quelques défenseurs ayant été submergés par une armée largement supérieure en nombre et bien plus équipée et, bien que les premiers instants aient été incertains, notamment avec les lourdes pertes subies par la première vague d’assaut, les gardes d’Urlok avaient été balayés sitôt les véritables combattants umbarites sur les remparts de terre séchée.

Une fois le discours du Seigneur Pirate terminé, une fois les habitants au fait de leur sort prochain, Taorin pourrait commencer à organiser les recrutements, et le passage du fleuve. Une centaine de combattants devraient rester sur place pour y maintenir l’autorité des Neufs, mais le Chien Borgne espérait pouvoir enrôler le double de prisonniers, qui accompliraient toutes les tâches annexes liées au déplacement d’une armée forte de milliers d’hommes, et privant ainsi la ville de toute possibilité de rébellion. Des messagers seraient aussi envoyés vers Al’Tyr et Djahar’Mok, afin d’informer ceux des Neufs qui n’accompagnaient pas le gros des troupes des avancées militaires.

Taorin sourit. Bientôt, oui, bientôt, ils marcheraient sur Dur’Zork, et Radamanthe l’Usurpateur, réfugié derrière ses hauts murs, ignorerait qu’Umbar y avait déjà un agent…

#Taorin
Sujet: [Urlok] Sable rouge ou rouge cité ?
Taorin

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Rechercher dans: Le Harad   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: [Urlok] Sable rouge ou rouge cité ?    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 21 Juin 2013 - 11:39
Le Chien Borgne discutait avec son état-major, rassemblé dans la grande tente de commandement dressée au milieu du campement de l’armée d’Umbar, lorsque l’éclaireur arriva. Exténué, l’homme rentrait à peine de sa mission de reconnaissance, et n’avait pas eu l’occasion de se reposer depuis son retour au camp. Son turban dénoué, il s’inclina devant les officiers et prit la parole :

« Les navires remontent le fleuve, transportant les hommes d’Al’Tyr. Ils seront en position dans deux jours.
- Et la ville ?
- Je n’ai guère pu m’approcher, mais ils ne semblent pas en état d’alerte, mon seigneur.
- Bien. Vous pouvez disposer. »


Taorin se retourna vers ses pairs, et, souriant, il se remit à la tâche. Il leur fallait désormais se mettre en marche et quitter l’abri des collines derrières lesquelles ils avaient dissimulé leur présence. Fort heureusement, aucune caravane, aucun marchand susceptible de trahir leur présence ne remontait vers le Nord. Ils pourraient ainsi arriver brusquement, sans autre annonce que les quelques cavaliers qui passaient, galopant, à quelques kilomètres des murailles de la ville.

Ils décidèrent de se déployer de nuit : bien que complexes, ces manœuvres terroriseraient les citadins, qui, du jour au lendemain, se retrouveraient assiégés. Ils seraient ainsi plus disposés à négocier leur reddition. Du moins était-ce qu’espéraient les Neufs. Une fois satisfaits de leur plan, les officiers lancèrent leurs directives à leurs seconds, qui s’empressèrent d’aller les faire exécuter. En deux heures à peine, le camp fût levé, les colonnes formées, et l’armée se mit en marche. Il leur restait encore quatre ou cinq heures de jour, représentant autant de lieues qui les rapprocheraient de leur cible. Autant de lieues qui les rapprocheraient du Harondor.

*** *** *** *** ***

La ville se réveilla sous les barrissements des Mumakîl et sous les coups sourds des tambours de guerre. Le soleil n’éclairait pas encore le fleuve de ses rayons, mais déjà, on pouvait discerner les innombrables formes noires, mouvantes, au sud. Les quelques hommes de garde se précipitèrent réveiller leurs camarades et sonner l’alarme, horrifiés par ce fleuve d’hommes et de bêtes qui se déversait des collines cachant le désert.

Une demi-heure, peut-être, après que le tocsin ait commencé à sonner, avertissant les habitants, de sombres formes émergèrent des ténèbres du fleuve, étranges monstruosités nocturnes aux dizaines d’yeux enflammés. La flotte d’Umbar remontait le fleuve et s’apprêtait à déverser des centaines de corsaires dans la cité.

Les navires étaient suivis, sur la rive nord de l’Harnen, d’une nouvelle troupe. Moins nombreuse que celle du Sud, elle progressait éclairée de dizaines de torches et ne tarderait pas à bloquer toute échappatoire. D’ici quelques heures, la ville serait coupée du monde, et plus personne ne pourrait venir à son secours…

#Taorin
Sujet: Le Borgne et le Boiteux
Reznor

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Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le Borgne et le Boiteux    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 6 Jan 2013 - 23:01
Le pirate marchait à grands pas dans les ruelles de la Cité du Destin. Dû à sa jambe raide, les deux membres d'équipages n'avaient cependant aucun mal à suivre son allure. Cela leur laissait même tout le temps de jeter un coup d'oeil mécanique aux alentours alors qu'ils avançaient. Umbar n'était jamais des plus sûres en soirée, même pour un Seigneur Pirate. Accompagnés de deux baraques armées jusqu'aux dents -quoique moins que lui-même- c'était relativement moins risqué. Reznor se hâtait, malgré une cape supplémentaire, le froid mordait sa peau avec davantage de force de le vent de la pleine mer, ce qui était assez inhabituel vu la situation de la ville portuaire. Il avait déjà eu plus froid, certes, comme quand il avait pourchassé Corwen et livré bataille, mais s'était alors non loin de la baie de Forochel, à des miles et des miles plus au Nord. Le pirate esquissa un sourire en songeant que si cet hiver féroce était généralisé, il devait faire particulièrement invivable tout là-haut et qu'il était malgré tout bien mieux dans ces régions. Reznor n'aimait pas particulièrement le froid. Il avait toujours vécu au sud et sa jambe meurtrie le tiraillait particulièrement par des températures aussi peu accueillantes.

Aussi fut-il particulièrement heureux lorsqu'il atteignit le Palais des Seigneurs Pirates. Montant les marches au plus vite, il découvrit son visage immédiatement en arrivant à la porte pour se faire reconnaître, lançant un regard qui fit vite comprendre aux gardes qu'ils avaient intérêts à ouvrir la porte vite fait. Ceux si ne se firent pas prier, ils devaient d'ailleurs bien être contents de profiter ne fût-ce qu'un instant d'un courant d'air chaud. Tandis que ses deux hommes d'équipage lui demandèrent ce qu'ils devaient faire à présent, Reznor réfléchit un instant puis déclara :

"Allez donc vous réchauffer quelques minutes en salle des gardes. Prendre un petit remontant ou quoi avant de rejoindre le Requiem."

Ca ne servait à rien de leur demander de l'attendre. Tant qu'à faire, il profiterait lui aussi des quartiers qui lui étaient réservés au palais. Ca lui éviterait un trajet dans le froid, et il fallait bien dire que le navire n'était non plus l'endroit où faisait le plus chaud en ces temps. Un peu d'alcool dans le gosier leur ferait le plus grand bien avant de devoir affronter l'hiver pour dire à sa Seconde qu'elle était maître du bateau pour la nuit. Le Capitaine, lui s'enfonça dans le palais, à la recherche d'un serviteur de passage. Lorsqu'il en trouva un, il lui donna l'ordre d'aller allumer un feu dans sa chambre. Ceci fait, il se dirigea vers les quartiers d'un autre des Seigneurs Pirates. De celui qui avait déclenché tout le chambardement dans la Cité, précisément.

On frappa deux fois sur le bois de la porte, un serviteur annonçant en même temps :

"Mon Seigneur, le Seigneur Capitaine Reznor demande à être reçu."

Le pirate avait fait passer un message plus tôt dans la journée pour prévenir qu'il comptait passer le soir. Il espérait que son collègue avait bien été averti de sa visite, qu'il ne se soit pas bougé pour rien. Même si après tout il avait quand même une chambre sur place. Une voix à l'intérieur confirma que le Chien Borgne était bien dans la place, et la porte s'ouvrit bientôt. Un feu ronflait dans la cheminée, ce qui ne manqua pas de réjouir Reznor. Son collègue parmi les Neuf se trouvait devant lui, et le pirate entra dans la pièce, un sourire carnassier sur le visage, tout en lançant :

"Ah, Taorin, vieux compère ! Alors, alors, comment vont les préparatifs ?"

Reznor s'avança et ne eut vite fait de s'installer dans un siège, pour ses jambes fatiguées. Surtout l'une d'entre elles, précisément. Ne voulant pas y aller par quatre courants marins, il commença directement à parler.

"Bien, bien... Je suis bien désolé de ne pas t'avoir beaucoup apporté mon soutien ces derniers temps, mais avant que tout le branle-bas commence, j'avais quelques affaires à régler. Des butins à écouler, ce genre de choses, avant que les routes marchandes ne deviennent impossibles... Et je n'avais pas vraiment envie de laisser un quelconque mouscailleux s'occuper de ce bastringue..."

Reznor avait l'habitude d'écouler lui-même ses prises. Il n'avait pas son pareil pour marchander et dégoter les meilleurs prix pour ce que ses rapines avaient bien pu lui procurer, et vu le temps qu'il avait absent de la Cité du Destin avant son retour fortuit peu avant le Chien Borgne, il avait les cales remplies de choses précieuses lorsqu'il avait noué les amarres, et ça lui avait pris un petit temps de tout liquider.

"Soit... Mais j'ai bien remarqué beaucoup de rassemblement de soldats d'infanterie jusqu'à présent, un joli paquet même, mais tu sais bien que je n'aime guère m'éloigner des côtes... Alors, c'est bien beau tout cette armée, mais quid de la flotte, parbleu ? Il est tout de même bien question qu'une partie de l'attaque se fasse par la mer non ?"

#Reznor #Taorin
Sujet: Des ombres dans la nuit
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Des ombres dans la nuit    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 18 Déc 2012 - 22:21
A l'instar d'un cheval sauvage des vastes plaines de Rhûn oriental, le destin était capricieux, et difficile à dompter. Très difficile. J'avais pourtant cru que tout allait se passer comme prévu, et que nous allions atteindre le Harondor sans difficulté. Sans difficulté autre que le mal de mer d'Agathe, qui avait vomi tripes et boyaux pour le plus grand plaisir des marins moqueurs de l'équipage de Vardrin. Le Capitaine, lui, était resté distant, mais une lueur d'amusement passait dans son regard chaque fois qu'il la voyait se précipiter par dessus le bastingage, prête à rendre le déjeuner qu'elle avait avalé si difficilement. Moi-même, j'avais eu du mal à retenir quelques sourires en voyant son visage blême lorsqu'elle venait s'endormir dans la cabine que nous partagions. Elle m'en fit le reproche plusieurs fois, et cela ne m'aida pas à retrouver mon sérieux.

Ah ! La mer. Quelle formidable invention ! Apaisante à souhait, on se serait cru au milieu d'un paradis, où rien ne semblait pouvoir vous atteindre. Le danger était loin, à l'intérieur des terres, sous la forme d'une armée qui se mobilisait aux portes d'Umbar, et qui prévoyait de marcher sur Dur'Zork quelques semaines plus tard. La guerre, le sang. J'avais abandonné tout cela depuis assez longtemps pour être partagé entre le désir ardent de participer à un combat de grande envergure, et la lassitude de voir encore et toujours les mêmes scènes, les mêmes carnages, les mêmes actions héroïques mais inutiles. Tant d'hommes allaient tomber sans comprendre pourquoi ou comment, que cela en devenait presque ridicule. Sauf pour celui qui distribuerait le butin. Plus de mort, plus d'économies. Un calcul machiavélique qui m'aurait choqué si on avait parlé de soldat de Rhûn. Mais ce n'étaient que des pirates. Des pirates et des esclaves. Par centaines ou par milliers, leur mort n'avait de désagréable que le sang qui collerait à mes bottes, que l'odeur de chair brûlée par le soleil qui monterait à mes narines, et probablement qu'ils s'arrangeraient en plus pour tomber en travers du chemin, de sorte qu'il soit impossible de les contourner. Il faudrait un pas inélégant pour les enjamber, ou bien quérir un aide de camp valide - de corps, tout du moins - pour déblayer le passage. Ah...la guerre et ses charmes. On sous-estimait trop souvent cette partie particulière de la bataille.

Au milieu de la mer, tout cela me paraissait étrangement lointain, et j'eus bien de la chance d'avoir reçu une formation militaire approfondie, sans quoi nous aurions tous pu être surpris par le danger qui se cachait au milieu de nous. Tapi dans l'ombre, déguisé en l'un des pirates, un espion du Harondor s'était infiltré dans nos rangs. J'avais eu des doutes quand des signes étranges m'avaient alerté. Un marin qui parlait peu et qui rigolait peu, qui faisait très attention à ne pas boire trop - détail très surprenant - et qui consignait des choses. Je n'avais jamais vu de toute ma vie un pirate un crayon à la main. Sauf pour le porter à ses yeux ébahis en se demandant de quoi il s'agissait, après un pillage réussi. Mais lui, à la faveur de la nuit et à la lueur de la lune, il écrivait des choses. Il consignait des rapports. Je n'en dit rien à Vardrin, désireux de d'abord confirmer mes soupçons...Et ils s'étaient confirmés. J'avais un peu tardé à le démasqué, il est vrai, et j'avais réussi à empêcher in extremis qu'il ne tuât notre bon Capitaine, d'un coup de dague dans le dos. Il avait dû être surpris, le pauvre bougre. Salem, l'intendant du navire, à peine capable de porter les caisses de vivres qu'on lui confiait, avait arrêté son bras d'une seule main ferme. A ce moment précis, je sus qu'il s'agissait d'un espion de pacotille, d'un misérable envoyé du gouvernement Harondorim, qui devait avoir raclé les fonds de tiroir pour oser envoyer un homme aussi incapable et aussi peu discret. D'une clé adroitement placée, j'avais désarmé et neutralisé l'homme, avec une classe et une élégance rare. Sans cri brutal, sans grands gestes inutiles, et avec une efficacité très professionnelle. Vardrin avait été sauvé, mais la mission était compromise. Nous étions repérés, et probablement qu'il piège nous attendait à notre arrivée. Il nous avait fallu faire demi-tour en toute urgence, et le trajet du retour avait été des plus tendus.

Mais nous étions finalement arrivés à destination sans encombres, car en plus d'être incompétent, cet espion travaillait seul. Pauvre Harondor...Si j'étais à la place de l'intendant, tout cela changerait et vite. Nous avions débarqué dans le port d'Umbar, et Vardrin s'était immédiatement éclipsé pour aller rendre des comptes à Taorin, très probablement. Cela devait lui brûler les lèvres de lui expliquer qu'ils étaient peut-être démasqués, et qu'il fallait accélérer les préparatifs. A moins qu'il ne veuille lui raconter en détail comment il avait froidement torturé l'espion pour lui faire cracher qui était son employeur. Cela n'avait pas été facile, et j'avais assisté à une partie de l'interrogatoire. Trop musclé et trop salissant à mon goût, mais indéniablement efficace. Et puis cela avait l'avantage de nécessiter très peu d'outils, au final. Il faudrait que j'y pense en cas de pénurie de matériel. On pouvait toujours faire avec les moyens du bord, mais l'usage de ses deux mains avec probablement quelque chose de jouissif. En tous cas, les marins qui étaient venus épauler le Capitaine étaient ressortis ravis, le sourire aux lèvres, gueulant à qui mieux mieux pour avoir de l'eau dans le but de se rincer les jointures. Parfois, un seau plein ne suffisait pas. Agathe s'était portée volontaire pour essayer de faire parler en douceur le prisonnier, comme elle savait si bien le faire, mais Vardrin avait préféré ne pas l'envoyer. Il jugeait préférable de s'en tenir à sa bonne vieille méthode, et elle avait eu le mérite de produire des résultats.

L'équipage et moi-même avions passé un jour à quai, avant qu'on nous autorise enfin à débarquer. J'avais traîné un peu dans les rues avec Agathe, et nous avions fait quelques courses, surtout pour la demoiselle qui avait besoin de s'équiper. Elle m'avait harcelé pendant plusieurs heures jusqu'à ce que je consente enfin à lui acheter une arme pour qu'elle puisse se défendre seule. J'avais jeté mon dévolu sur un set de poignards. Le vendeur nous avait assuré qu'ils étaient parfaitement équilibrés, et très pratiques pour le lancer. Je n'avais rien trouvé à redire face à cet argument, et avais laissé Agathe mener la négociation à sa manière. Roublarde et habile avec les mots, elle avait réussi à embobiner le type qui lui avait cédé trois poignards pour le prix de deux. Avec un sourire enjôleur, elle lui avait fait un petit signe de la main, tandis que nous partions. J'étais de plus en plus surpris par ses talents cachés. Elle avait visiblement beaucoup de ressources, et suffisamment d'intelligence pour survivre dans les rues de la cité. Je lui demandai une fois si elle ne désirait vraiment pas reprendre sa liberté, et partir là où le vent la porterait. Elle m'avait fusillé du regard avec une telle force que j'avais préféré ne rien ajouter, et ne pas aborder le sujet une nouvelle fois. Elle était un boulet à ma cheville, mais un boulet en forme de clé. Une clé qui pouvait ouvrir bien des portes, là où ma subtilité bien que prononcée ne serait pas suffisante.

Puis, au beau milieu de la rue, un petit gamin était venu me tendre un billet, avant de repartir prestement chercher son paiement. La note était on ne peut plus explicite, tout en restant assez évasive. On avait besoin de moi. C'était signé Taorin. Ce n'était pas vraiment une invitation, plutôt une convocation, et puisqu'elle ne stipulait aucune date ni aucune heure, il s'agissait d'une convocation immédiate. Pas de lieu, donc je considérai qu'il devait s'agir du lieu où nous nous étions rencontrés la première fois : le Palais des Seigneurs d'Umbar. Mon flair ne m'avait pas trompé. Agathe sous le bras - façon de parler -, j'avais fait irruption avec la plus extrême des courtoisies sous le nez des gardes, qui m'avaient laissé passer comme s'ils me connaissaient depuis toujours. Quelques jours auparavant, j'étais Salem, le commis au service des Seigneurs Pirates. Désormais, j'étais Salem, intendant du Capitaine Vardrin, appelé par le Seigneur Taorin. Les promotions allaient bon train, en période de guerre, et je me demandai ce que mes exploits à bord du Pourfendeur des Vents allaient me valoir. Des remerciements, peut-être. De nouveaux ordres, probablement. De précieuses informations pour le Trône de Rhûn, sans doute. Je cachai habilement ma satisfaction sous le masque d'impassibilité qui me caractérisait, et qui hérissait tant Agathe.

La nuit tombait sur la cité portuaire, et le calme était en train de tomber sur les rues agitées. Le vent avait eu le don de chasser les rats et la vermine hors des pavés. En disant vermine, je fais bien évidemment référence à la vermine bipède. Il faisait froid, et seule mon allure rapide quoique mesurée me permettait de combattre le froid. En outre, j'appréciais de voir ma compagne obligée de trotter à mes côtés pour suivre la cadence quasi-militaire que je lui imposais. Nous arrivâmes en quelques minutes, et après avoir gravi quelques escaliers de marbre, devant un bureau privé qui, au regard de la taille des lieux, devait avoir la dimension d'une grande chambre. Des gardes armées barraient l'entrée, et je notai d'emblée qu'il ne s'agissait pas des gardes habituels du palais. Non. Ceux-là étaient les hommes de Taorin, ses fidèles les plus proches, qui étaient incorruptibles et incapables de le trahir. Prudent, le Borgne. Je m'avançai jusqu'à eux sans ralentir, jusqu'à ce qu'ils commencent à paniquer et que leurs mains s'approchent de leurs armes. Alors, je leur tendis le billet dont j'étais détenteur. Ils mirent un moment à le lire - mais au moins ils savaient lire, exception suffisamment rare pour être notée - avant de me le rendre.

- Vous, seulement. Elle attendra dehors.

Je me tournai vers Agathe, et je lui ordonnai du geste de rester tranquille. Têtue mais loin d'être idiote, elle avait bien compris que ses frasques étaient déjà à peine tolérées par Vardrin. Derrière cette porte, c'était non pas un Capitaine avide de gloire et de richesse qui se tenait, mais bien un véritable chef de guerre à la tête d'une puissante armée, et dont les velléités de conquête visaient à redessiner la carte du Sud de la Terre du Milieu. Pas mal, pour un type qui ne voyait que d'un œil. Le roi Méphisto devait remercier les Valars qu'il n'en ait pas eu deux, sans quoi il aurait peut-être marché directement sur Minas Tirith. Mais que son ambition fut proportionnelle au nombre de ses globes oculaires ou non, il était l'heure de rentrer dans la fosse. Les gardes toquèrent par trois fois, ouvrirent la porte, et j'entrai sans crainte. Sans crainte, mais emplis de questions.

Je marchai, tête droite et regard sérieux, jusqu'à une distance respectable, avant de m'incliner à la manière d'un serviteur devant le Chien Borgne, le Seigneur Taorin.

- Seigneurr Taorrin. Salem Hamza, à vos orrdrres.

Je me redressai et l'observai. En lui-même, le bonhomme n'avait rien de particulièrement exceptionnel. J'en avais vu des plus grands. J'en avais tué des plus grands, d'ailleurs. Et outre ses cicatrices et son œil manquant, ce qui n'était guère rare chez les pirates, il n'avait rien de très exotique. Et pourtant, c'était à lui que répondait l'armée hétéroclite qui se massait sous les murs de la cité. C'était à lui que répondaient les huit autres Seigneurs Pirates...en tous cas en théorie. Les alliances se faisaient et se défaisaient plus vite que les lacets du corsage d'une catin, et il y avait fort à parier qu'il ne tiendrait pas le choc jusqu'au  bout. Le pauvre. Il m'était sympathique, pourtant, avec son côté sérieux et fier, et l'impression de lassitude qui parfois se peignait sur ses traits, comme si tout cela était une mission terriblement lourde qu'il avait à accomplir, confiée par une autorité plus puissante que lui. Ah...les tyrans...Ils avaient quelque chose de touchant à toujours vouloir faire comme si commander était un fardeau terrible. Quoique commander à des incapables, des ivrognes, des pirates et des esclaves devait avoir de quoi décourager. Je le pris en pitié, et écoutai avec attention ce qu'il avait à me dire, tout en prenant place dans un confortable fauteuil qui grinça agréablement en épousant la forme de mon corps.

Lorsqu'il me parla de la promotion, je ne laissai filtrer aucune réaction. Il se demanderait probablement pourquoi, et je m'en régalais d'avance. La réponse à cette question était simple. Que pouvais-je attendre d'autre d'un entretien privé avec le chef d'une invasion imminente, moi vulgaire serviteur élevé par un subalterne au rang d'intendant, sinon une promotion. Un pirate aurait ouvert des yeux médusés, tandis que l'idée commençait à peine à faire son chemin dans sa tête. Pour ma part, j'avais déjà réfléchi à la question longtemps à l'avance, et je m'étais préparé. Une mission de la plus haute importance. Génial, j'attendais ça depuis un moment. Cependant, je ne m'attendais pas à ce qu'il s'agisse d'une mission d'infiltration. Fort heureusement, il se leva pour aller chercher une carte, et cela me permit de dissimuler rapidement la brève agitation qui s'était emparée de moi. Ce n'était pas de la crainte, non, car je savais que j'en étais capable. C'était mon métier, ma spécialité, et j'étais excellent dans mon domaine. Cependant, je trouvais la coïncidence trop belle. Envoyer un serviteur promu intendant mais en réalité espion pour espionner sous couverture était un coup magistral, trop bien orchestré pour n'être que le fruit du hasard. Je restai de marbre pendant un instant, considérant les options qui s'offraient à moi.

Si Taorin m'avait grillé, cela ne pouvait signifier qu'une chose : Vardrin lui avait révélé mon identité, et ils en étaient arrivés à cette conclusion. Ils connaissaient peut-être mes origines, mon accent ne m'aidant pas à les cacher, et ils savaient peut-être d'où je venais. S'ils savaient avec certitude, je devais les tuer. Les ordres étaient clairs. J'avais mon poignard dans ma botte. En une seconde je le dégainais, en une seconde je m'approchais du Capitaine, en une seconde il était mort. Rapide, et propre. Si la chance me fuyait, il aurait le temps de lâcher un cri. Les gardes feraient irruption dans la pièce, et m'attaqueraient. Je tuerais le premier d'un couteau lancé en pleine gorge. Le second, je m'en occuperais à mains nues. Désarmé, neutralisé puis éliminé proprement, j'aurais quelques minutes à peine devant moi. Je barrerais la porte, m'enfuirais par la fenêtre, trouverais Vardrin, le tuerait, enverrait un message à mon contact et battrait précipitamment en retraite au Khand. Tant pis pour la mission, je serais revenu à Rhûn en un peu plus d'un mois, et j'aurais la satisfaction de pouvoir me reposer en savourant un bon vin local.

Toutes ces pensées défilèrent en une fraction de seconde dans ma tête, mais une image me vint alors que je m'apprêtais à passer à l'action. Agathe. Elle était derrière la porte. Si j'opérais ainsi, elle finirait capturée. Ou plutôt, elle commencerait capturée, puis elle serait torturée - ce qui était déjà désagréable - avant d'être probablement démembrée et éviscérée, ou quelque réjouissance dont les pirates ont le secret. Le simple fait d'imaginer son cadavre étalé sur la place publique me remplit d'effroi et me paralysa. Foutue esclave qui m'empêchait d'accomplir ma mission ! Taorin profita de cet instant pour sortir une carte du Harondor, qu'il étala sous mes yeux. Lorsqu'il m'invita à approcher, j'avais retrouvé ma contenance avec la facilité de l'aigle qui retrouve son nid. Fort de cette comparaison, j'étais certain que l'œil unique du Seigneur Pirate n'avait rien décelé. Et le cas échéant, il partirait avec davantage de questions que de certitudes. Tant mieux, tant mieux.

Je fus ravi de voir qu'il ne s'était pas formalisé outre mesure, et qu'il continuait son explication avec naturel. Penché sur la carte, je suivis le trajet de son doigt, qui désigna d'abord Al'Tyr, où j'étais supposé recruter des Ombres - une guilde d'assassins dont j'avais entendu parler auparavant - puis entrer au cœur de la capitale Harondorim, afin d'y faire le boulot d'un infiltré : espionnage, sabotage et désinformation. Une partie de plaisir pour quelqu'un comme moi. J'acceptai avec plaisir le verre de vin que le Seigneur Pirate me tendit, et je me sentis tout à coup élevé dans la hiérarchie. Un homme tel que lui ne partageait pas son breuvage avec n'importe qui. M'accordait-il à ce point sa confiance. Je humai le nectar vermillon qui dansait dans mon verre, goûtant à ses arômes, tandis que le rustre marin l'engloutissait d'un trait. Sans lui accorder trop d'attention, je trempai les lèvres et fit claquer ma langue :

- Celui-là vient de Rrhûn, je peux l'affirrmer. C'est un trrès bon crru, qui plus est.

Le petit compliment était destiné à masquer l'affliction que j'éprouvais à voir de quelle manière il avait massacré le rituel pour savourer un bon breuvage. Pirate. Je l'écoutai vanter les mérites de ses hommes. Probablement qu'au regard de ses critères, il devait s'agir de l'élite, de la crème de la crème du guerrier. Que les dieux me permettent un jour de pouvoir enfin expliquer à ces hommes la réalité ! Par pitié ! J'allais devoir me trimbaler une bande de loubards rustiques, mal élevés et sans doute pas très intelligents. Dire qu'ils ne seraient pas efficaces pour les manœuvre subtiles était un doux euphémisme pour dire qu'ils n'avaient aucune chance de tous franchir les mailles du filet. Alors, le pirate me posa la question fatidique. Pouvait-il compter sur Salem ? Pouvait-il compter sur le serviteur, l'intendant, le désormais chef de cette petite opération ? Excellente question à laquelle je n'avais moi-même pas de réponse. Afin de ne pas lui donner l'impression que j'étais uniquement motivé par ma noblesse d'âme magnifique, je lui répondis d'un ton aussi sérieux que neutre :

- Je suppose que ce...trravail...est rrémunérré ?

Je n'avais pas cillé, pour lui montrer que si j'étais un homme efficace, je n'étais a priori pas si différent des autres. J'espérais faire taire ainsi les débuts de soupçons qu'il devait avoir. Et puis la perspective d'une belle paie n'était pas à négliger non plus. J'avais dépensé pour d'argent pour l'acquisition d'Agathe, et je préférais avoir un surplus d'économies que de manquer de fonds en cas de besoin. Pensant à l'ancienne esclave qui m'attendait derrière la porte, j'ajoutai :

- On ne peut pas satisfairre une dame uniquement avec du pain et de l'eau, n'est-ce pas ?

Tant qu'on en parlait, j'ignorais si le Seigneur Taorin avait quelqu'un dans sa vie. Le cas échéant, ce pouvait être une faille intéressante dans sa cuirasse, que j'aurais pu exploiter à un moment donné. Mais je n'étais pas suffisamment proche de lui pour lui poser la question de manière aussi directe. Peut-être allait-il m'en parler spontanément, mais ce serait inespéré. Et puis un homme comme lui devait être sans attaches de toutes façons... Il était toujours amusant de faire la conversation avec un homme qui avait des soupçons, et orienter ses pensées au gré du personnage que je m'étais forgé était toujours un véritable plaisir. Voir les gens se perdre en futiles suppositions, se débattre contre de la fumée. Qu'ils étaient ridicules. Cependant, malgré que je prît plaisir au jeu, je ne pouvais pas rester sans répondre au Capitaine. Il m'avait tout de même posé une question, et bien que ma loyauté dépendît de mon paiement, je devais le rassurer :

- Seigneurr Taorrin, vous pouvez compter surr moi pourr mener à bien cette mission. J'ai vu vos hommes...vos Chiens...ils sont trrès imprressionnants. Je suis cerrtain que leurr aide me serra trrès prrécieuse.

Nos regards se croisèrent, et je lui exprimai, le temps d'un battement de cils, toute l'étendue de ma détermination. Je ne pouvais pas mieux faire que de lui afficher ma plus perfide sincérité. Après que nos trois yeux eurent laissé leurs paupières se rabattre sur eux, nous étions redevenus le Seigneur et son soldat, prêts à travailler ensembles pour le bien de cette mission :

- Alorrs, Seigneurr Taorrin. Si je dois communiquer avec vous...Comment dois-je m'y prrendrre ?

#Taorin #Ryad
Sujet: Al'Turbu Al'Qudushu
Taorin

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Rechercher dans: Le Harad   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Al'Turbu Al'Qudushu    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 15 Oct 2011 - 15:03
Le sable trahissait leur présence. Depuis plusieurs minutes déjà, les nomades haradrim attendaient de pied ferme la petite colonne de cavaliers. Les étrangers avançaient droit sur le campement, trop rapidement pour laisser le temps aux habitants du désert de s’enfuir : dès que l’alerte avait été donnée, les hommes étaient allés chercher leurs armes –cimeterres aiguisés, arcs courts, dagues- et s’étaient préparés à recevoir les intrus, pendant que les femmes et les enfants partaient se dissimuler à quelques centaines de mètres de là.

Les intrus se rapprochaient, arborant un étendard rouge sombre et noir. Ils étaient une vingtaine de cavaliers, trop lourdement armés pour être de vulgaires pillards. Mais qui étaient-ils ? Abdul, le bras droit du chef des nomades, et archer émérite, encocha une flèche peinte de rouge, et décocha : le projectile se planta dans le sable chaud quelques mètres devant les cavaliers, qui s’arrêtèrent brusquement et dégainèrent leurs armes comme un seul homme. Un homme néanmoins fit avancer son cheval jusqu’à la flèche : sa peau, noire comme l’ébène, le faisait venir des régions les plus méridionales du désert. Il mit pied à terre, et se saisit du projectile, puis, se tournant vers les dunes, cria :

« Nous venons en paix ! Nous sommes en route pour Al’Turbu Al’Qudushu sur l’ordre du Seigneur Taorin d’Umbar ! »


L’homme fit ensuite signe à ses hommes de rengainer, fouilla quelques temps dans une sacoche, en sortit une gourde et du pain, puis s’assit en tailleur à l’ombre de son cheval. Le chef des nomades jeta un regard à son ami d’enfance, à ses hommes, et se leva. La barbe noire tachetée de gris, le visage fier, les pommettes hautes, l’homme avait tout d’un grand seigneur du désert, mais les coups du sort lui avait fait perdre la moitié de sa tribu, ses femmes et ses enfants quelques années auparavant.

Le chef descendit lentement de la dune, pendant que ses hommes se redressaient l’un après l’autre, regardant la scène de loin. Le chef arriva au niveau de l’envoyé d’Umbar, s’assit en tailleur face à lui, et sortit une petite bourse de sa poche : les deux hommes rompirent le pain, en mangèrent un morceau, puis avalèrent chacun une pincée de sel, avant de partager l’eau de la gourde. Dès que cette courte mais si importante cérémonie fut achevée, les hommes des deux camps se rapprochèrent, confiants : ceux qui violaient les lois du désert étaient maudits par tous, et finissaient par mourir dans d’atroces souffrances. C’était bien connu.

Les hommes d’Umbar passèrent la nuit au sein du camp des nomades, profitant du point d’eau pour refaire leurs réserves. Pendant le repas, le chef nomade et le grand noir discutèrent longuement, sur la vie dans le désert, sur les guerres qui s’annonçaient.

« Le Conseil des Neufs a décidé de partir en guerre contre l’oppresseur harondorim, au nord. Nous cherchons des hommes pour nous aider à lutter contre cette menace qui, bientôt, s’en prendra à vous aussi. » dit Ezhel, le premier lieutenant des Chiens du Désert. « Ce serait d’ailleurs un grand honneur pour nous de combattre à vos côtés dans cette guerre. Votre sagesse et votre force sont chantées jusqu’à la grande Dur’Zork, seigneur Al-Zakhed.
- Un tel conflit serait couteux pour ma tribu, lieutenant. Je ne peux m’engager sans rien espérer en retour, lieutenant. »
répondit le chef nomade. « Je suis sûr que vous comprenez.
- Bien sûr. Mais je suis certain que le Conseil des Neufs vous remerciera pour votre soutien. »


Le lendemain, les Chiens repartirent, accompagnés de la tribu d’Al-Zakhed. Les hommes avançaient sous un soleil de plomb, avançant en file sur le sommet des dunes. D’ici deux ou trois jours, ils atteindraient les grandes oasis d’Al’Turbu Al’Qudushu, et pourraient enfin accomplir ce pourquoi ils avaient été envoyés dans cette enfer de sable et de chaleur…

*** *** *** *** ***

Ezhel écoutait patiemment le marchand vanter ses bêtes : selon lui, aucun autre Mumak ne pouvait égaler les siens, ni en force, ni en discipline. Ses Mahûds étaient les meilleurs de tout le Harad, à l’en croire. Et peut-être avait-il raison, tant ces magnifiques bêtes s’étaient faites rares de nos jours. Le lieutenant des Chiens regardait les immenses créatures dans leur enclos, puis se tournait vers les quelques Mahûds qui dressaient un jeune. Le Chien restait sans voix devant tant de magnificence : sans aucun doute, ces bêtes-là étaient un don des Valar aux hommes, don que beaucoup avait corrompu en domptant ces montagnes vivantes.

Ezhel réalisa soudain que le marchand s’était tu, et attendait une réaction. Le Chien se tourna vers lui, et lui dit :

« Monsieur, vos bêtes sont en effet très impressionnantes. Mais avant de sceller tout accord, il me faudrait savoir combien de ces magnifiques créatures, accompagnées de leurs dresseurs et de Mahûds aguerris, vous vendriez pour une centaine de millier de pièces d’or. »

Le marchand fixa quelques temps Ezhel, ses petits yeux noirs transperçant le lieutenant des Chiens du Désert, puis répondit :

« Nous vendons huit de ces magnifiques créatures, harnachées, bien entendu, et accompagnées de leurs dresseurs et des meilleurs Mahûds de tout le désert, pour 100.000 pièces d’or seulement. »

Ces tarifs étaient exceptionnellement bas, comparés à ce que pratiquaient d’autres plus petits marchands. Mais, en même temps, aucun autre ne possédait à lui seul plus de la moitié des bêtes des oasis. Ezhel regarda fixement le marchand, puis tendit la main.

« Il me semble que je ne puis résister à cette offre. J’achète. »

Les deux hommes se serrèrent la main, puis convinrent d’un rendez-vous pour le paiement et la « livraison de la marchandises » le lendemain, à l’aube.

*** *** *** *** ***

Les Chiens du Désert, accompagnés de la tribu d’Al-Zakhed, attendaient aux portes de l’oasis que les mumakîl arrivent. Au cœur de la colonne, un imposant coffre bardé de fer abritant le trésor des Chiens trônait à l’abri des regards. Ezhel trépignait d’impatience : il allait enfin pouvoir quitter cet endroit où même l’eau ne parvenait pas à échapper à la chaleur écrasante du soleil de plomb, où les nuits glaciales gelaient le sang. Et surtout, il n’avait pas confiance en tout ces hommes, là-bas, attirés ici par l’appât du gain, ou rejeté des autres tribus.

Néanmoins, les hommes d’Umbar n’eurent pas à attendre très longtemps : à peine une demi-heure après leur arrivée aux portes de « Là où l’eau ne manque jamais en plein désert », les barrissements des mumakîl annoncèrent l’arrivée du marchand et de ses hommes : huit immenses bêtes, harnachée pour la guerre et une quinzaine de Mahûds, parés de leurs peintures de guerre.

Le coffre fut donné au marchand, qui en vérifia rapidement le contenu, puis les Chiens et leurs nouveaux alliés s’engagèrent sur la route d’Umbar…

HRP : Je poste ici afin de gagner un peu de temps pour plus tard : les hommes ont été envoyés par Taorin juste après le vote, sans concertation avec les autres Seigneurs. On peut les considérer comme une petite "surprise" pour les Neufs.

#Ezhel #Taorin
Sujet: Un diner tout en finesse
Sirion Ibn Lahad

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Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un diner tout en finesse    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyDim 22 Mai 2011 - 21:49
Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! Riorda10

Le Seigneur Riordan était debout sur le balcon de ses appartements au palais. Les mains posées sur la rambarde de bois, le pirate scrutait l'horizon l'air soucieux. Les derniers mois avaient été très compliqués et chaque jour était un nouveau défi à relever. Il avait vu arriver la Verte Marie avec le pavillon du Chien Borgne ainsi qu'un second navire un peu plus tôt. Cela faisait bien longtemps que Taorin n'avait plus mis les pieds dans la Cité du Destin. Avait-il changé ? En tout cas, le capitaine Riordan était très étonné de le voir ici.

Ses doigts se resserrèrent autour du bois. Il fallait agir vite pour que la situation ne leur échappe pas. Il avait tout prévu. Il devait voir Taorin au plus vite, avant eux.

Aric, le bras droit de Riordan s'approcha de son seigneur et tout en s'inclinant :

"Capitaine, le Seigneur Taorin vous invite ainsi que tous les Seigneurs Pirates présents à un dîner ce soir. Le capitaine Vardrin y est aussi invité."

Le temps était désormais compté ! En un instant, Riordan avait fait volte-face, le regard dur. Aric prit sa suite et ensemble ils traversèrent ses appartements puis empruntèrent les longs couloirs du palais en direction de la suite du Chien Borgne. Il devait être le premier à lui parler sinon qui sait ce qu'il adviendrait de l'avenir ? Le Seigneur Pirate faillit distancer son second tant ses pas s'accéléraient.

Puis enfin, l'entrée des appartements de Taorin fut en vue. Des gardes étaient postés là, amenant Riordan à penser que leur maître était également ici. Le Capitaine se campa devant les deux marins au teint basané.

"Conduisez-moi à votre Seigneur, messieurs. Vous ne sauriez faire attendre l'un des Neuf, n'est-ce pas ?"

Les deux hommes s'échangèrent un regard interrogateur sous le regard confiant de Riordan. Aric avait la main à son sabre, par prudence. Riordan ne l'avait pas choisi pour sa finesse. D'ailleurs, il ne l'avait pas choisi à proprement parlé.

L'un des deux gardes acquiesça et ouvrit la porte au Capitaine satisfait. Tel la brise du matin poussant les voiles des navires aux quais, Riordan s'engouffra dans l'ouverture et se retrouva face au Chien Borgne, sortant sensiblement d'un bain. Le Seigneur ouvrit alors les bras et salua son homologue du Conseil.

"Voici l'Océan qui nous ramène l'un de ses Seigneurs ! Taorin, mon ami, quelle joie de vous revoir parmi nous. Par les temps qui courent, les rumeurs allaient plus vite qu'une frégate sur les flots à votre propos."

Aric resta en retrait dans la pièce. Riordan esquissa un sourire et continua :

"Pardonnez-moi de vous assaillir dès votre arrivée, vous devez être éreinté. Mais il est des choses importantes que je ne peux vous dévoiler autour d'une table en compagnie des autres Seigneurs..."

Un silence pesant se fit alors maître tandis que le Capitaine Riordan et le Capitaine Taorin se faisaient face.

#Taorin #Derkos #Riordan
Sujet: Un Loup parmi les Chiens...
Taorin

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Rechercher dans: Dur'Zork   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Un Loup parmi les Chiens...    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 25 Jan 2010 - 20:28
Un jeune homme entra dans la bâtisse crasseuse qui servait aux Chiens de lieu de rassemblement. Il avança, peu sûr de lui, et demanda faiblement à Iqbal, le garde de faction, s'il pouvait parler à Salim, l'intendant. Le jeune homme dut progresser parmi les détritus parsemant le sol jusqu'à la porte qui fermait le couloir. Lorsqu'il l'ouvrit, six paires d'yeux se tournèrent vers lui, le scrutant. Cinq jeunes hommes se tenaient au garde-à-vous face à un obèse, le dépassant facilement d'une demi-tête pour le plus petit des postulants. Salim, dit « le Gros » en raison de sa trop forte corpulence, se retourna, et, après avoir toisé le nouveau venu pendant dix longues secondes, lui fit signe de rejoindre les autres.

Puis il reprit là où l'arrivée inopportune du jeune homme l'avait arrêté.

« Vous êtes tous venus ici pour devenir des Chiens. Soit. Vous aurez votre chance. Mais sachez que ce qui vous attends, si vous continuez à persister dans cette voie, vous paraîtra tellement insupportable que vous implorerez la mort. Et si plus de deux d'entre vous réussissent, ce dont je doutes fort, sachez que seuls les meilleurs seront admis. Les autres, ils pourront toujours aller mourir dans le désert... »

Salim s'arrêta et épongea la sueur qui dégoulinait de son crâne rasé avec un chiffon gris, puis il sortit un parchemin usé de sa sacoche. Six noms y étaient écrits, soigneusement calligraphiés par une main méticuleuse. Salim lut le premier nom : Suleyman al-Haik. Ce dernier avança d'un pas, détacha sa bourse de sa ceinture et la tendit à l'intendant des Chiens, qui, méthodiquement, entreprit de compter chaque pièce. Parvenu au bout, il écrivit à côté du nom la mention « Payé », puis passa au second nom.

Le jeune homme s'impatientait. Cela faisait près de trente minutes que l'appel avait commencé, et seulement trois candidats avaient été appelés. Nerveux, il tâta discrètement sa bourse, comme pour s'assurer qu'il ne lui manquait pas une malheureuse pièce qui aurait alors tout gâché. Puis, si soudainement qu'il sursauta, il fut appelé ! « Hamza al-Wahid ! » Il s'avança alors, détacha sa bourse et la tendit à Salim. Ce dernier s'était assis derrière son bureau et avait ouvert un petit coffre, contenant les plusieurs centaines de pièces d'or qui constituaient la fortune des Chiens à Dur'Zork. Salim compta lentement les pièces, puis, satisfait, inscrivit la mention « Payé » à côté du nom d'Hamza.

Ce dernier retourna à sa place, et attendit que tous fussent passés. Cela prit environ une heure de plus, durant lesquelles Hamza eut tout le temps d'examiner en détails chaque recoin de l'établissement des Chiens. Les murs étaient peints de couleurs vives qui tranchaient avec l'aspect extérieur, sinistre. Un léger bruit d'eau courante laissait supposer que, dans une autre salle attenante, une fontaine agrémentait une cour abritée. Sans aucun doute d'autres Chiens se reposaient là, se laissant bercer par la chaleur du début de l'après-midi et par le doux bruit de l'eau qui coule.

La voix de Salim le tira de ses rêveries : il leur fallait partir. Enfin ! se dit Hamza, je vais enfin découvrir ce qui fait leur renommée !

On donna à chacun un paquetage contenant une partie d'une petite tente, des rations militaires suffisantes pour dix jours et deux gourdes d'eau pleines. Puis un Chien les guida hors de la ville, et ils entrèrent dans le désert...

*** *** *** *** ***

Il voyageaient depuis cinq jours sous un soleil de plomb. La chaleur les écrasait, leur ôtait toute envie de continuer, les laissant complètement abrutis. Ils n'avaient désormais plus qu'une envie, se laisser tomber par terre et dormir, même s'ils risquaient la mort. Ils n'en avaient plus rien à faire !

Sauf le Chien, Kamil, qui avançait toujours en tête, fier de sa supériorité sur les jeunes hommes. Lui-même avait sans doute atteint la trentaine depuis plusieurs années, mais il restait vif et vigoureux. Personne n'avait son talent pour repérer les gueltas cachées, ce qui le rendait si précieux pour les Chiens. Il était chargé d'accompagner les groupes de candidats jusqu'au camp, et, si possible, de repérer quelques oasis sur le chemin, afin de fournir une halte aux convois de ravitaillement.

Hamza trébucha dans le sable d'une dune. Le vent s'était levé, un vent chaud transportant le sable sur d'immenses distances. Les nomades du désert l'appelait siroco, pour on ne sait quelle raison. La violence de la bourrasque força Hamza à se baisser et à remonter son turban jusque sur ses yeux afin d'éviter que du sable ne s'infiltre dans sa barbe. Le Chien, au contraire, se redressa, et chercha du regard un djebel, une colline rocheuse, où ils pourraient s'abriter. Mais aucune n'était suffisamment près pour leur permettre de monter le camp avant que le véritable vent ne se lève, apportant sans aucun doute avec lui l'équivalent de plusieurs dunes en grains de sables. Kamil, Hamza et les autres candidats risquaient de mourir ensevelis par une tonne de sable ! Kamil ne pouvait le permettre : une telle mort sans honneur jetterait un tel discrédit sur ses compétences que ses compagnons n'honoreraient pas son cadavre d'une manière aussi digne qu'il n'en avait rêvé !

Faisant signe à ses compagnons de route de le suivre, l'ancien nomade devenu Chien accéléra le pas, courant presque jusqu'à l'abri le plus proche, qui devait être à trois ou quatre kilomètres de là. Les candidats le suivirent, peinant à soutenir le rythme exténuant sous une telle chape de plomb.

Ils réussirent à parcourir un kilomètre avant que la tempête ne se lève. Le vent soufflait si fort qu'ils ne pouvaient s'entendre, et le sable, qui commençait à voler dans tous les sens, les empêchait de voir à plus de dix mètres.

La proximité de la mort leur donna des ailes. Par la suite, aucun d'entre eux ne put se souvenir de ce qui s'était réellement passé : ils purent juste dire que, tout à coup, il s'étaient retrouvés à l'abri au milieu d'une formation rocheuse, le sable sifflant tout autour mais ne pénétrant pas dans l'enceinte formée par les parois rocheuses.

Les sept hommes montèrent le camp, et, exténués, s'assoupirent, laissant la nature tempêter à côté...

*** *** *** *** ***

Deux jours après la tempête de sable, soit sept jours après leur départ de Dur'Zork, les voyageurs pénétrèrent dans le camp d'entraînement des Chiens. Une vingtaine d'hommes y vivaient, dont les trois quarts étaient des postulants à des stades plus ou moins avancés de leur formation. Deux vétérans, sans aucun doute de véritables Chiens, attendaient les nouveaux venus. Les jeunes recrues eurent à peine le temps de déposer leurs paquetages à leurs pieds et de boire les dernières gouttes restant dans leurs gourde que les deux instructeurs leur aboyaient :

« Garde-à-vous devant des supérieurs, misérables ! Ici, vous n'êtes rien ! Même une larve vaut plus que vous ! Demain, je vous jure que vous regretterez votre naissance ! »

Hamza et les autres se relevaient le plus vite possible. Ils restèrent debout, pantelant, et attendirent la suite du discours de bienvenue.

« Vous monterez votre tente à l'ouest du camp. Vous ne parlerez à personne d'autres. Et surtout, vous obéirez aux ordres comme si votre vie en dépendait ! Vous nous répondrez par un Oui, monsieur ! Suis-je bien clair ?
-Oui, monsieur
, dirent les candidats.
-Qu'avez-vous dit ? J'ai rien entendu ! Répondez quand on vous parle !
-Oui, monsieur !
Cette fois-ci, ils crièrent de toutes leurs forces.
-Bien ! Bon, allez monter votre tente. Et revenez en vitesse au centre du camp dans dix minutes !
-Oui, monsieur ! »


*** *** *** *** ***

Ils arrivèrent en retard. Le Chien qui leur avait parlé peu de temps auparavant les attendait, furieux. Il leur cria dessus, les faisant frémir sous la force de sa hargne. Comment les Chiens pouvaient-ils croître en nombre avec un pareil instructeur ?

Leur retard leur valut le droit de déplacer une pile de pierres située en bordure du camp jusqu'à l'autre bout. Cette tâche inutile était épuisante. Un homme s'évanouit, sans forces. Il fut réveillé par une claque monumentale, et forcé à continuer de trimer. Le tas fut déplacé en deux heures. Le soleil rendait la tâche encore plus difficile, mais le niveau de fatigue que les candidats avaient atteint les rendait insensibles au monde extérieur.

Ils furent récompensés par un bol de bouillie qui, du premier abord, semblait infâme mais qui se révéla fort nourrissante. Puis ils reçurent l'autorisation de se reposer. On leur avait fournit des lits de camp fort peu confortable, mais chacun s'en contenta, et tout le monde s'endormit très vite...

#Taorin #Salim #Iqbal
Sujet: Le retour d'un Chien
Taorin

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Rechercher dans: Les Havres d'Umbar   Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Le retour d'un Chien    Tag taorin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 21 Fév 2009 - 18:51
Un homme entra alors que je bouclais mon ceinturon. Il était vêtu comme tous les gardes, d'une tunique de cuir matelassée et d'un casque d'acier où l'on pouvait remarquer plusieurs tâches rouges dûes à la rouille. Il s'arrêta, surpris pour je-ne-sais-quelle-raison, avant de refermer violemment la porte et de dégainer son épée à l'acier étincelant. Il se rua sur moi pour m'empêcher de dégainer, mais j'étais plus vif qu'il ne le pensais et je parvins à éviter sa charge en me jetant sur le côté. je dégainais pendant qu'il se mettait à tourner autour de moi en cherchant une ouverture qui pourrait m'être fatale. Il dû en voir une, car il attaqua si rapidement que je ne vis pas sa lame bouger, mais mes réflexes ne me firent pas défaut et me permirent de bloquer son coup. Je profitais de l'ouverture ainsi créée pour lui enfoncer ma lame entre les côtes, et le grincement de l'acier sur l'os me fit grincer des dents.
J'essuyais rapidement mon sabre sur sa tunique. L'assassin ne devait pas être seul, je devais quitter le palais au plus vite. Je le fouillai rapidement, et je trouvai une dague à sa ceinture, mais rien qui ne pouvait indiquer un quelconque employeur.
Je regardais par la fenêtre. J'étais au premier étage, mais il y avait un buisson juste sous ma fenêtre. Je sautais donc, mais la plante, contrairement à mes attente, céda partiellement sous mon poids, et je m'écorchais les bras avec les branches.
Je me relevais. Personne en vue, les jardins étaient déserts. je courais en direction de la sortie, en espérant que personne ne me verrait courir, ma tunique blanche ensanglantée. Heureusement pour moi, je réussi à sortir du palais sans autre anicroche, mis-à-part les gardes de l'entrée, qui tentèrent de me retenir, mais je réussis à les éviter et à les semer dans les ruelles de la Cité du Destin.
Mais où pouvais-je bien aller ? Les assassins pouvaient être partout. D'ailleurs, qui pouvait bien vouloir ma mort ? Peut-être vallait-il mieux que je parte... Mais dans ce cas, tous mes espoirs de voir Dur'Zork libérée sombreraient...
Mes réflexions m'empêchèrent de voir les hommes m'entourer. Ils étaient trois, mes ils n'avaient que des gourdins et des tuniques crasseuses. Deux devant, un derrière. Ma main se posa imperceptiblement sur la garde de mon sabre. Un des hommes m'apostropha:
"Ton or, le chien ! Et touche pas à ton jouet, on t'a à l'oeil..."
Ils se rapprochèrent dangereusement, et je me retournais brusquement en dégainant mon sabre d'un mouvement circulaire. Je sentis l'acier mordre la chair, et l'homme qui étais derrière moi s'écroula pesamment en répandant ses boyaux sur le sol. Je profitai de l'ouverture ainsi créée pour m'enfuir le plus rapidement possible. Mais les deux autres voleurs ne me lachèrent pas, malgré tout ce que je pouvais faire pour tenter de les semer. Je débouchais sur une grande artère et je heurtais de lpein fouet l'étal d'un marchand. Je tombais à terre, et mon épée m'échappa et glissa sur les pavés. Le temps que je me relève, les deux voleurs m'avaient rattrappés, mais ne pouvais rien faire sans risquer de se faire arrêter par la milice. Cepandant, bien que je ne risquais plus rien de ce côté-là, le marchand se jeta sur moi en vociférant de nombreuses imprécations toutes plus exotiques les unes que les autres. je ne comprenait que la moitié de ce qu'il disait, mais je sentais bien les postillons atterir sur mon visage. Tranquillement, sans l'écouter, ce qui l'énerva davantage, j'allais récupérer ma lame ensanglatée. Les badauds s'écartèrent sur mon passage, mes le marchand ne décolérait pas, et il m'attrappa par l'épaule en me hurlant à la figure:
"Vous allez me rembourser mes marchandises, espèce de fils de chienne ! Y'en a pour au moins 5.000£ !"
On entendait des cris depuis la foule, des cris de douleur. La garde devait arriver, et j'avais toujours mon arme sanglante à la main. J'indiquai au marchand les deux brigands, en lui disant que c'était de leur faute, puis je me libérai de son étreinte et je m'enfuis en coupant à travers la foule...

*** *** *** *** ***

Je parcourais les quais à la recherche d'un navire en partance. Mes recherches s'étaient pour l'instant révélées infructueuses, mais je ne désepérais pas: un port comme Umbar ne pouvait manquer de navires étrangers.
Je marchais encore une heure avant d'apercevoir un navire arborant le pavillon gondorien. Il chargeait des marchandises, j'allais donc voir le capitaine. Le navire partait pour Pelargir le soir même, et je réussis à négocier une couchette parmi les membres d'équipage pour seulement 1200£. Après avoir averti le capitaine que je n'avais pas d'autres affaires, il m'invita à bord et je gagnais ma couchette, dans l'attente du départ imminent...
Alors que je restais allongé dans le noir, j'entendis un crieur sur le quai qui hurlait:
"Esclaves pas chers chez Omar le Magnifique ! On y trouve de tout, et pour pas cher ! Courez tous à la villa El'Abib !"
L'esclavage a donc gagné Umbar ? La pratique de l'esclavage ne m'avait jamais posée de problèmes, les esclavagistes ne s'aventurant que très rarement dans le désert profond du Harad, mais la présence d'un esclavagiste dans la Cité du Destin allait pouvoir m'aider. J'avais en effet toujours ma bourse bien remplie, et un garde du corps ne pourrait être que bénéfique. Je me décidais donc à aller lui rendre visite.
En remontant sur le pont, j'avisais le capitaine et allait lui demander si je pouvais embarquer un garde du corps pour un supplément de 800£. Craignant de perdre un client, le capitaine accepta et empocha l'argent. Il ne me restait plus qu'à me rendre à la villa El'Abib et à rentrer en moins de quatre heures, un temps largement suffisant.

#Taorin
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