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 La fin justifie toujours les moyens

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Mardil
Espion de Rhûn - Grand Guru du Culte Nathanaïque
Mardil

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La fin justifie toujours les moyens EmptyDim 21 Fév 2016 - 15:05
La fin justifie toujours les moyens Cynobi10

Cénobia patientait dans une petite chambre située au-dessus d’une herboristerie. Les bruits de la ville lui parvenaient par la fenêtre entrouverte en cette douce journée de printemps. Elle avait passé tant de temps dans cette chambre qu’elle s’y sentait presque chez elle. Personne n’avait idée que cette dernière servait de garçonnière à l’un des conseillers du Roi Gudmund. Et personne ne se doutait qu’elle était la maîtresse de ce dernier depuis bientôt deux ans. Après tout, elle n’était que l’humble assistante d’un médecin de la cité. Elle n’était personne d’important.

Et c’était là sa force. Qui aurait soupçonné la belle et innocente jeune femme d’être un espion à la solde de l’Est ? Tout ce qu’elle parvenait à soutirer à son amant sur l’oreiller faisait l’objet de rapports détaillés qu’elle donnait à son contact lorsque celui-ci se déplaçait en ville, trois à quatre fois l’année. Elle n’avait aucune idée de l’identité de cet homme et n’avait jamais rencontré la femme qui l’employait. Tout du moins pensait-elle qu’il s’agissait d’une femme car l’écriture ne semblait guère être celle d’un homme et que plusieurs phrases à double sens lui avaient toujours fait penser qu’une femme était derrière toute l’opération.

Sa dernière requête était arrivée seulement quelques jours plus tôt et elle avait fait de son mieux pour réunir les informations demandées mais ces dernières se révélaient bien peu intéressantes. On lui demandait également d’obéir sans poser de questions à l’homme qui allait bientôt la rejoindre. Cénobia ne savait que penser de cette affaire. Elle se doutait que cela avec quelque chose à voir avec les chefs de la délégation que Dale avait envoyée au comptoir commercial de Rhûn car on lui avait demandé d’enquêter sur les chefs de cette dernière mais elle ne voyait pas bien en quoi cela pouvait être d’une quelconque utilité.

Elle était partagée entre la crainte de ce qui pouvait arriver et l’excitation. On lui confiait enfin une mission importante qui impliquait autre chose que de coucher avec le conseiller Tallant et de rapporter ses propos. Même si elle avait conscience que les informations qu’elle avait fournies pouvaient se révéler cruciales, elle espérait quelque chose d’un peu plus dangereux et donc d’un peu plus excitant.

Elle fût tirée de ses pensées par deux coups rapides à la porte. Elle se leva et ouvrît la porte derechef. Un jeune homme lui faisait face et elle s’effaça pour le laisser entrer. Il se débarrassa de la cape poussiéreuse qui le recouvrait sous le regard scrutateur de la jeune espionne. Elle n’imaginait pas l’espion oriental ainsi. Déjà, il n’avait rien d’un rhûnedan mais semblait plutôt venir de l’Ouest. Elle n’aurait pas dû être surprise car elle non plus n’avait jamais mis un pied à Rhûn. Malgré sa petite taille, il était plutôt séduisant mais quelque chose la mettait mal à l’aise. Elle ne savait pas si cela venait des yeux incroyablement pâles du jeune homme ou du fait qu’il gardait ses gants malgré la chaleur de l’après-midi. A moins que ce ne soit la façon dont il la dévisageait. Elle se sentait complétement nue et sans défense devant les yeux inquisiteurs de l’espion.

- Achéron...

- Ne m’appelez pas ainsi. De façon générale ne prononcez pas mon nom même si vous pensez que personne ne peut vous entendre.


Elle se tût, interloquée par le ton glacial du jeune homme. Malgré la chaleur, elle sentit un frisson glacé remontait le long de son échine.

- Qu’avez-vous pour moi ?

- La délégation dalite est dirigée par le Sénéchal Roderic et les capitaines Graham et de Bellemire. Tous trois ont d’excellents états de service et semblent irréprochables. Roderic et Graham ont déjà fait parti d’autres délégations et passent pour être des hommes intelligents plutôt que de simples hommes d’action. Roderic en particulier est connu pour être diplomate et un grand négociateur. Je ne vois pas ce que vous pourriez utiliser contre eux.

- Tout le monde a des secrets. Ils sont juste plus ou moins bien cachés.

- Si c’est le cas, ils sont bien trop cachés pour nous être connus.

- Qu’en est-il de leur famille ?

- Ils sont tous trois mariés et père de famille. Roderic vient d’une grande famille de Dale. Son fils est connu pour être un peu bagarreur mais rien de très surprenant chez un adolescent. Sa femme est très respectée et très présente dans l’éducation de ses enfants. De Bellemire partage une situation quelque peu semblable. Sa femme semble très éprise de lui et elle habite chez sa belle-famille et ne sort que rarement de la demeure. Enfin Graham est issu d’un milieu plus modeste mais ses états de service remarquables lui ont permis de se marier à la fille d’un riche orfèvre. Même s’ils ont eu deux enfants, on raconte qu’elle aurait ou qu’elle aurait eu un amant.

- C’est tout ce que vous avez pu réunir ?


Cénobia n’apprécia que très moyennement le ton sur laquelle la question était posée. Elle répondît de même, bien décidée à ne pas paraître comme étant incompétente.

- C’est tout ce qu’il y a à savoir.

Le dénommé Achéron eût un sourire qui la mît encore un peu plus mal à l’aise avant de répondre :

- Il y a toujours plus à savoir et à exploiter mais je pense avoir déjà une base suffisante. Je vous recontacterai très prochainement car j’aurais sûrement besoin de votre aide dans les jours à venir. En attendant, ne changez rien à vos habitudes.

Elle hocha la tête et il récupéra sa cape et sortît sans rien rajouter. Elle expira alors bruyamment. Elle ne s’était pas rendue compte qu’elle avait retenu sa respiration durant la dernière partie de leur entretien.

*******

Je n’étais vraiment pas sûr de la marche à suivre. Plus que jamais la mission que m’avait confiée Néhélac me semblait difficilement réalisable. Comment faire en sorte que Dale se retire des négociations au comptoir commercial ? Il était impossible que les dirigeants de la cité prennent une telle décision. J’avais été ravi de voir que Rezlak me faisait de nouveau confiance pour me confier une telle responsabilité mais je commençais à me dire que cela risquait fort d’être bien plus compliqué que je ne l’avais imaginé.

Puisqu’il était impossible que Dale se retire, il me fallait faire en sorte de supprimer ceux qui risquaient de se montrer trop doués. De toute évidence le Sénéchal Roderic était celui qui pouvait attirer le plus de problèmes à nos propres négociateurs. Cependant, il était ennuyant comme la pluie. Une vie privée et professionnelle à l’abri de tout soupçon. Cénobia m’avait confié quelques documents relatifs aux membres de cette délégation mais tout ce que je lisais reflétait le compte rendu qu’elle m’avait fait. Il fallait que je me rapproche de son cercle privé si je voulais en découvrir plus. Malheureusement, le temps pressait et je manquais de temps pour réaliser cela. C’est de plusieurs mois dont j’aurais eu besoin et non de quelques jours.

La seule information me semblant intéressante était celle sur la femme de Graham. Si cette dernière avait réellement un amant, cela pouvait me fournir un élément pour la faire chanter et forcer son époux à revenir. A moins que je ne tente quelque chose d’un peu plus ambitieux…
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Ryad Assad
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Ryad Assad

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La fin justifie toujours les moyens EmptyLun 22 Fév 2016 - 20:09
La fin justifie toujours les moyens Aleksa10

Aujourd'hui était une journée magnifique. Un léger soleil brillait sur la cité, mais une petite brise bienvenue venait apporter de la fraîcheur, et chassait pour quelques temps la chaleur caniculaire qui régnait depuis plusieurs mois maintenant. Les marchands étaient de sortie, portant de charmantes tenues bariolées, hélant les clients qui se massaient dans les rues. C'était un spectacle tout à fait délicieux, et pour un temps tout du moins les gens de la cité oubliaient leurs tracas quotidiens. On ne pouvait pas dire, pour autant, que la situation s'améliorait nettement.

La guerre frappait à leurs portes, et bien que la majeure partie de la population fût tenue dans l'ignorance de ce qu'il se tramait, loin à l'Est, les milieux autorisés parlaient volontiers du danger que représentait la puissance Orientale. On ne voulait pas céder à la panique, mais il semblait évident que l'inquiétude grandissait. Certains – les moins braves et les plus intéressés – commençaient déjà à planifier leur fuite. Ils tissaient des liens avec l'Arnor, avec l'espoir non dissimulé de pouvoir se réfugier chez leur puissant allié si les choses venaient à mal tourner.

Aleksandra ne faisait pas partie de cette catégorie, et bien qu'elle ne pût dissimuler entièrement à ses enfants le trouble qu'elle éprouvait chaque fois que son regard se portait vers l'horizon oriental où leur père se trouvait, elle se refusait à partir. Elle aimait Dale. Elle y avait passé toute sa vie, même si dans ses jeunes années elle avait eu l'occasion de se rendre au Gondor quelquefois, et qu'elle avait rendu visite souvent à des branches de sa famille à Esgaroth. Elle aimait la cité majestueuse, dont l'histoire riche et vivante transpirait de chaque pierre, de chaque pavé. La cité détruite par Smaug le Dragon. On célébrait encore la victoire contre lui de manière régulière, et elle avait été bercée par l'héroïsme des seigneurs d'antan, qui avaient vaillamment reconquis cette ville des griffes d'une des créatures les plus féroces que la Terre du Milieu eût connu.

Elle ne connaissait pas assez bien les gens du lointain Rhûn, mais elle doutait qu'ils fussent aussi impressionnants qu'un dragon dont, disait-on, les ailes auraient pu recouvrir la cité toute entière, de sa porte méridionale à sa porte septentrionale. Elle refusait de céder à la peur devant ce royaume étranger, alors que ses ancêtres avaient livré bataille ici-même, et qu'ils avaient versé leur sang pour ces murs qu'elle ne se lassait pas d'observer.

- Madame la Sénéchale ?

Elle leva la tête. Elle avait été distraite pendant un instant, mais la servante qui venait de pénétrer dans la pièce la rappelait à ses devoirs. Elle devait passer l'après-midi avec une de ses amies, laquelle venait sans doute d'arriver :

- Elise est déjà là ? Je n'ai pas vu le temps passer.

- Elle attend dans le salon. Je lui ai fait servir des rafraîchissements, et ses enfants sont partis jouer avec votre fille.

Alors qu'elle se levait et qu'elle mettait de l'ordre dans sa coiffure, Aleksandra ne put s'empêcher de demander :

- Roderic n'est pas à la maison ?

Son fils lui causait du souci ces derniers temps. Elle l'avait vu revenir une ou deux fois avec des bleus sur le visage, mais il n'avait pas jugé utile de lui donner d'explications, malgré son insistance. Elle comprenait que, pour un jeune adolescent de quatorze ans, l'absence d'une figure paternelle pouvait être difficile à gérer. Ce n'était pas parce qu'il portait le même prénom que son père qu'il en avait le caractère, même si elle se souvenait que plus jeune, Roderic Senior était d'un caractère bien trempé qui s'était adouci avec le temps et l'expérience. Elle espérait de tout cœur que celui qu'elle appelait affectueusement Junior suivrait un chemin similaire. Elle savait cependant qu'il ne changerait pas de lui-même, et elle mettait un point d'honneur à suivre son éducation, et à rester présente malgré tout. La servante fit une moue désolée, et répondit :

- Il s'est absenté en milieu de matinée, mais il ne m'a pas dit où il allait.

C'était bien son fils : il ne s'embarrassait pas de savoir si quelqu'un allait s'inquiéter pour lui, et il partait à l'aventure sans prévenir. En cela, par contre, il ressemblait bien à son père. Aleksandra remercia la servante, et descendit d'elle-même dans le salon où l'attendait une Elise radieuse, qui semblait s'accommoder très bien de l'absence de son mari. Cela ne risquait pas de faire taire les rumeurs qui circulaient autour de la famille Graham, rumeurs que la Sénéchale trouvait tout à fait inconvenantes. Toutefois, elle devait bien avouer qu'elle-même ne pouvait pas affirmer avec une absolue certitude qu'elles étaient infondées, tant Elise paraissait rayonner alors qu'elle-même se languissait.

- Aleksandra, je suis ravie de te voir ! Comment vas-tu ? J'ai cru comprendre que Victoire ne pouvait pas venir, elle n'est pas souffrante au moins ?

Le tutoiement était naturel entre elles deux, et quoique surprise par l'entrain de son invitée, la Sénéchale lui répondit avec un plaisir sincère :

- Je vais bien. Autant que faire se peut, car l'absence de Roderic me pèse plus que je ne pensais. A croire que je ne peux rien faire sans lui.

Elle eut un petit rire sans joie, mais Elise Graham ne la suivit pas, se contentant d'attendre la suite. Alors l'hôte de ce tête-à-tête reprit :

- Quant à Victoire, elle ne se sentait pas très bien en effet. Ce n'est rien de grave, mais elle a préféré rester se reposer. Nous serons donc toutes les deux.

Victoire de Bellemire était la troisième comparse de leur trio. Ces trois femmes de militaires s'étaient liées d'amitié de la même manière que leurs époux respectifs formaient un trio inséparable. Elles s'étaient connues grâce à eux, et étaient devenues très proches à l'occasion des dîners organisés. Plus que cela, elles avaient partagé leurs joies et leurs peines, car elles se comprenaient bien : leurs époux étaient souvent absents pour des périodes prolongées, et elles s'étaient soutenues mutuellement dans leurs moments de doute. Pour ainsi dire, leurs familles se connaissaient très bien, et Aleksandra savait que sa petite Mila considérait les enfants de Bellemire et Graham comme ses frères et sœurs. Le plaisir qu'ils éprouvaient à jouer ensemble faisait plaisir à voir.

- J'espère, répondit Elise, que Victoire se remettra rapidement. Je lui avais bien conseillé de partir quelques jours près du Lac : l'air là-bas lui aurait fait du bien, et elle aurait au moins pu se changer les idées, oublier un peu ses soucis. Mais elle n'est pas du genre à aimer ce genre de choses, tu la connais.

- Oui… Je suppose aussi qu'elle préfère rester à Dale par sécurité. On raconte que la situation n'est pas brillante, à Esgaroth. Le Lac serait hanté.

Elise éclata d'un rire cristallin, comme si Aleksandra lui avait dit la chose la plus ridicule du monde. Pourtant, elle ne riait pas du tout, et toutes ces rumeurs sordides qui remontaient lui faisaient froid dans le dos. Le monde était fou, et elle se demandait quel avenir auraient ses enfants alors que des dangers semblaient émerger de toutes les directions, toujours plus sournois, toujours plus pervers.

- Allons, Aleksandra, « hanté » ? Ne vas pas croire à ces sornettes, voyons. Ce sont des fables pour faire peur aux gens, mais tout le monde sait que ce sont les Orientaux qui sont responsables de tout ça. Ils sont doués pour créer des illusions, et on raconte qu'ils ont une puissante magie capable de brouiller les esprits les plus impressionnables. Ce n'est pas beaucoup plus drôle, j'en conviens, mais nos ennemis marchent sur deux jambes, comme tout le monde.

La Sénéchale n'était guère convaincue. Elle savait que derrière chaque rumeur se cachait un fond de vérité, et elle avait entendu des choses étranges. On racontait que des esprits attiraient les marins dans les profondeurs pour les transformer en spectres, et elle ne voyait pas qui pouvait avoir inventé cela. Cependant, cherchant à éviter de se ridiculiser encore davantage, elle acquiesça :

- Oui, tu as raison, ce sont des balivernes…

Elle jeta un regard par la fenêtre qui donnait plein Est, essayant de se convaincre que ce qu'elle apercevait n'était que la plaine du Rhovanion qui s'étendait sur des lieues et des lieues, et non la silhouette d'une armée innombrable venue du Rhûn pour dévaster leur cité. Elle n'était guère rassurée.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
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La fin justifie toujours les moyens EmptyLun 7 Mar 2016 - 17:56
La fin justifie toujours les moyens Cynobi10

Elle était en retard et ne tenait pas à se faire mal voir de son nouveau supérieur. Cependant, elle avait demandé plus de responsabilités et ne pouvait se plaindre qu’on l’ait enfin écoutée. Elle avait passé ces derniers jours à collecter des informations sur les fréquentations du jeune Roderic et s’était rapprochée de l’un de ses amis. S’il ne lui plaisait pas particulièrement de jouer la jeune ingénue éprise d’un jeune idiot jouant les mauvais garçons, cela lui avait permis d’en apprendre plus sur leur véritable cible.

Elle ne savait pas ce qu’Achéron avait en tête mais manifestement, il ne souhaitait pas s’en prendre physiquement au jeune homme car cela aurait été un jeu d’enfant tant ce dernier passait son temps à vagabonder et à trainer avec ses amis. Il doutait que Roderic père ne revienne qu’après la fin de sa mission même si son fils mourrait dans de tragiques circonstances. Il souhaitait discréditer toute la famille par l’intermédiaire de leur aîné mais Cénobia ne voyait vraiment pas comment cela était possible. Elle soupçonnait d’ailleurs qu’Achéron lui-même ne le savait pas davantage.

En attendant, elle devait faire en sorte de rester dans son cercle proche au cas où cela s’avérerait nécessaire pour elle d’agir. Elle avait bien vu le regard que lui avait lancé le jeune Roderic et savait qu’elle lui plaisait mais il ne s’agissait que d’un adolescent et, si elle avait accepté de séduire son ami plus âgé, elle savait qu’elle aurait plus de scrupule à agir de même avec le jeune homme, qui n’était pas même encore sorti de l’enfance, malgré ce qu’il souhaitait faire paraître.

Pour le moment, le plus intéressant chez les jeunes gens étaient qu’ils parlaient sans réfléchir. Des propos de tavernes qui ne seraient pas répréhensibles chez des hommes du peuple mais embarrassants pour la famille du Sénéchal. Cela n’était en rien suffisant mais c’était une piste à creuser et Achéron lui avait demandé de chercher à orienter la conversation vers ce terrain et de lui rapporter leurs réactions. Il serait alors prêt à intervenir lui-même pour donner un coup de pouce dans la bonne direction.

En sots qu’ils étaient, les jeunes gens se faisaient un plaisir de reprendre les discours critiquant la politique de rapprochement de Dale avec l’Arnor, professant des idioties comme quoi ils ne seraient bientôt plus qu’un satellite du grand royaume de l’Ouest et que l’avenir de Dale en tant que nation indépendante était menacée par cette alliance. Bref, ils mêlaient une ignorance crasse en matière de politique extérieure à un nationalisme exacerbé, ce qui était courant chez des jeunes hommes fortunés qui s’ennuyaient mais ce n’était pas suffisant à leur créer des problèmes.

Elle avait écrit tous ces détails dans le code que lui avait fourni Achéron, même s’il lui avait fallu près d’une heure avant de comprendre comment l’utiliser et presque autant pour rédiger son message. L’espion lui avait dit de l’apprendre par cœur le plus vite possible et de se débarrasser de la clé mais elle n’avait pas encore réussi à tout retenir. Elle revenait de la cachette qu’elle avait indiquée à Achéron et devait maintenant se dépêcher si elle voulait accomplir l’autre tâche qu’il lui avait confiée.

Elle avait utilisé l’un de ses contacts afin de louer une charrette tirée par deux chevaux et elle s’installa sur le siège du cocher. Elle avait revêtu un ample manteau brun qui lui recouvrait entièrement le corps et cachait son visage. Ainsi camouflée, elle fit claquer les rênes et les chevaux s’avancèrent de concert. Elle prenait la direction de la principale artère de Dale. Le marché se situait non loin et elle savait qu’Elise Graham passait toujours par ici pour rentrer chez elle.

Si les Graham symbolisaient l’exemple de l’ascension sociale, ils n’en restaient pas moins des gens simples issus du peuple et Elise continuait à faire une partie de ses courses elle-même. Certains disaient que cela était plus une activité sociale que vraiment utilitaire. Contrairement à d’autres femmes de militaires haut gradés, elle ne tenait pas à rester enfermée chez elle et on pouvait la voir régulièrement dans la ville, en route pour assister à tel ou tel événement, pour rendre visite à une amie ou selon les rumeurs à son amant. Ou tout simplement pour aller au marché comme elle le faisait chaque semaine.

Cénobia l’aperçût alors, en grande conversation avec une autre femme. Elle portait un panier contenant de nombreux fruits. Elle riait aux éclats et semblait tout particulièrement rayonnante. L’espionne se demanda si cette femme avait la moindre idée que sa vie apparemment si joyeuse allait bientôt être totalement chamboulée. Un instant, elle s’interrogea sur le bien-fondé de leurs actions. Elle ne doutait pas que leur mission soit de la plus haute importance et que leur quête était juste mais elle ne savait pas si cela justifiait de s’attaquer à des gens innocents qui n’étaient pour rien dans la situation délicate à l’est.

Lorsqu’elle vît la jeune femme s’avançer dans la rue cependant, elle chassa tous les doutes de son esprit. Elle fît claquer les rênes de nouveau et les chevaux s’élancèrent au galop. Elise tourna la tête lorsqu’elle entendît la cavalcade et se figea tandis que l’attelage fonçait vers elle à une vitesse suffisante pour la tuer.

*******

Dale était une cité resplendissante. Malgré le fait que ses murs ne puissent se comparer à la majesté de la cité blanche ou à la noblesse des édifices de Vieille-Tombe, la ville faisait tout de même une forte impression. La cité avait beau être en pierre, elle était accueillante et les rues étaient toutes plus fleuries les unes que les autres. Partout où le regard se posait, ce n’était qu’explosion de couleurs et de formes. Les habitants eux-mêmes garnissaient leurs balcons et leurs murs de fleurs. Jamais une ville d’une telle taille n’avait sentie aussi bon. Là où la puanteur des niveaux inférieurs de Minas Tirith ou d’Albyor vous prenait à la gorge, rien de tel ne se passait ici.

En ce jour de marché, la cité était particulièrement animée. De chanteurs et des jongleurs se produisaient dans les cours et les rues pavées, rivalisant d’ingéniosité et de talent. La cité était vivante et, si des tensions existaient, personne n’aurait pu le deviner en regardant les habitants qui semblaient sereins et joviaux. J’aurais même pu me laisser gagner par l’atmosphère environnante si je n’avais pas eu ma mission à accomplir.

Je flânais aux alentours de la rue principale lorsque je la repérai. Elise Graham était une jeune femme plutôt avenante aux longs cheveux blonds. Elle revenait manifestement du marché, en témoignait le panier de fruits qu’elle portait accroché à son bras droit, mais il me semblait que cette visite au marché était plus un prétexte pour se promener et discuter. Si la femme du capitaine Graham faisait l’objet d’une rumeur persistante, elle n’était pas la dernière à aimer entendre ce genre de propos et peut-être même à les colporter. Quant à celle qui circulait sur sa personne, elle semblait n’en avoir que faire.

En la regardant, je ne voyais rien d’autre qu’une femme joyeuse et forte, qui ne paraissait pas avoir cure de ce qu’on pouvait dire d’elle. S’il ne s’agissait que d’un numéro d’acteur destiné aux autres, il était remarquablement exécuté. Je ne m’intéressais pas à ce qu’elle voulait paraître cependant mais à ce qu’elle était vraiment et cela je ne pourrais jamais le savoir sans parvenir à rentrer dans son cercle personnel. Et c’était la raison de ma présence en ces lieux. Cénobia n’allait pas tarder et un inconnu sauverait l’infortunée Elise Graham de son funeste destin. Je n’avais plus qu’à espérer que tout se passe comme prévu et que cette dernière se montrerait reconnaissante.

Je fus tiré de mes pensées par le bruit lointain de chevaux lancés au galop sur le pavé. Je me plaçais donc de façon à pouvoir endosser mon rôle de sauveur. Elise Graham était au milieu de la rue lorsqu’elle se figea en voyant arriver la carriole qui allait la renverser. Je compris aussitôt que Cénobia allait bien trop vite par rapport à l’endroit où je m’étais placé. Je partis aussi vite que possible et poussai la jeune femme quelques secondes à peine avant qu’elle ne soit percutée. J’eus à peine le temps de m’écarter moi-même et j’atterris douloureusement sur le pavé, déchirant ma tunique au niveau du bras gauche et me cognant la tête sur le sol.

Cénobia continua sa route sans s’arrêter et je me mis à genou. Immédiatement, je sentis le sang couler de ma tempe et des papillons dansèrent devant mes yeux. J’essayais de reprendre mes esprits lorsque je réalisais que quelqu’un m’adressait la parole. La femme que je venais de secourir semblait aller bien mieux que moi et tentait de me parler mais ses mots avaient peine à arriver jusqu’à moi en un sens que je puisse comprendre. Enfin, je parvins à m’asseoir et les bruits autour de moi reprirent leurs sonorités habituelles.

- Comment vous sentez-vous ?

- Bien, je crois.


Je portais ma main à ma tempe gauche et retirait mes doigts. Une légère trace de sang les recouvrait. Je ne pensais pas que Cénobia prendrait mes ordres autant au pied de la lettre. Au moins, mon sauvetage héroïque n’en paraissait que plus réaliste.

- Vous êtes blessé. Il vous faut l’aide d’un guérisseur.

- Ne vous inquiétez pas, cela va aller.


Je me remis sur mes pieds et fis semblant de vaciller de nouveau. Elle me retînt au dernier moment.

- Ne dîtes pas de bêtises. Mon physicien personnel est à deux pas d’ici. Je vais vous accompagner.

Je la laissais donc me conduire chez le guérisseur qui décréta ma blessure sans gravité mais fît le nécessaire afin d’éviter toute infection. Elise paya pour les soins tandis que je finissais d’enfiler mon manteau. Nous sortîmes tous deux de l’établissement du médecin et je le remerciais pour sa générosité.

- C’est moi qui vous suis redevable messire…. Avec tout ça, je me rends compte que nous ne nous sommes même pas présentés. Mon nom est Elise Graham.

- Nestor Longuetour. J’aimerais dire que je suis ravi de vous rencontrer mais j’aurais préféré que cela soit en d’autres circonstances.


Elle rît à ma plaisanterie d’une voix claire et enjoué. Son rire était aussi charmant que sa personne et elle le savait parfaitement ainsi qu’elle savait comment en jouer.

- Je ne crois pas avoir déjà entendu parler de vous auparavant messire.

- Je viens tout juste d’arriver à Dale à vrai dire.

- Vraiment ? En ce cas, laissez-moi vous souhaiter la bienvenue convenablement. Venez diner chez moi demain soir.

- Je ne voudrais surtout pas vous gêner, vous ou votre époux.

- Mon époux est au loin, cela ne risque pas de l’ennuyer d’une quelconque façon. De plus, c’est bien le minimum que je puisse faire pour vous remercier.


J’acceptais donc son invitation avec une gratitude feinte mais qui paraissait sincère et nous nous séparâmes peu de temps après. Je pris sa main et y déposer un baiser un peu plus appuyé qu’il n’aurait été nécessaire. Elle ne fît aucun commentaire mais je lus dans ses yeux ce que j’avais voulu voir : elle avait envie de me revoir.
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Ryad Assad
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La fin justifie toujours les moyens EmptyDim 15 Mai 2016 - 8:34
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- Je t'avais pourtant dit de surveiller tes fréquentations, n'est-ce pas ?

- Oui, mère.

- Et je t'avais aussi dit de ne pas traîner dans le quartier Sud, il me semble.

- Oui, mère.

- Pour la peine, tu vas passer la semaine à aider ta vieille mère. Je dois gérer les affaires de ton père en son absence, et je vais avoir besoin de toi.

- Mais, mère, j'avais promis à…

Un regard suffit à clouer le jeune Roderic sur place. Il baissa la tête, honteux, et se rappela qu'il avait fauté. La sanction était légitime, et il pouvait se féliciter d'avoir une mère tolérante et qui l'aimait plus que tout, sans quoi son châtiment aurait pu être beaucoup plus strict. Elle n'eut pas besoin de relever, car il fit preuve de contrition et d'un regret sincère pour ses actes. Aleksandra se leva en s'appliquant à garder un regard sévère qui ne lui ressemblait pas… Qu'il était dur d'être mère. Elle s'approcha de son fils, et l'examina de plus près avec une moue critique.

- Tu vas garder une cicatrice.

Evitant de mettre du sang sur ses doigts, elle prit le visage de Junior entre ses doigts et le tourna légèrement pour mieux l'observer. Il subit l'examen sans broncher, préférant regarder ailleurs pour éviter d'avoir à soutenir la déception qu'il lisait dans les yeux de sa mère. Elle fit claquer sans langue, sans rien dire, et tourna sa tête brusquement de l'autre côté pour regarder sa joue intacte. Elle avait l'air de comparer les dégâts.

- J'espère au moins que tu as gagné…

Il fut si surpris que sa bouche s'entrouvrit légèrement, et qu'il lui lança un regard interrogateur. Elle ne put s'empêcher de laisser une esquisse de sourire fleurir au coin de ses lèvres devant sa réaction, et elle prit un ton impérieux guère convaincant pour lui ordonner d'une voix forte :

- Ferme donc cette bouche avant qu'une mouche n'y rentre, et vas te débarbouiller. Je veux que tu sois aussi présentable que possible pour dîner ce soir. Tu seras à table avec moi, et tu resteras tout le repas. Si tu es assez grand pour désobéir à ce que ta mère te demande de faire, tu es sans doute assez grand pour honorer les amis de notre famille de ta présence.

Avant qu'il eût trouvé le temps de répondre, elle le fit pivoter en le tenant par les épaules, et lui donna une chiquenaude à l'arrière du crâne comme quand il était enfant. Il ne vit pas son sourire, elle ne vit pas le sien, et aucun d'entre eux n'eût à tomber les masques devant l'autre. L'illusion était parfaite. C'était tout ce qui importait, en fin de compte.


~ ~ ~ ~


- Tamila, ma belle, cette robe te va à ravir !

Elise était resplendissante, comme toujours. Le sourire aussi brillant que sa chevelure était dorée, elle passa une main sur la joue juvénile de la petite fille qui sourit et fit une révérence pleine de grâce. Aleksandra était fière de sa puînée, qui deviendrait avant qu'elle s'en rendît compte une jeune femme bien éduquée et d'une grande culture. Elle avait pour elle parmi les meilleurs précepteurs de la ville, et la position de Roderic Senior leur permettait de jouir de certains avantages, d'accéder à la collection de livres du Roi Gudmund, ce genre de choses. Ils n'étaient pas à plaindre pour sûr.

- Je suis contente de te voir, Elise… Tu te remets de ton accident ?

L'intéressée sourit poliment en se laissant embrasser la main par Junior qui, pour l'occasion, avait sorti sa plus belle tunique et s'était présenté à son avantage. Les deux femmes le laissèrent rejoindre le grand salon, où se trouvaient les autres jeunes occupés à discuter, tandis qu'Elise répondait en agitant la main :

- Je n'ai rien, je t'assure. J'en ai peut-être trop fait quand je suis venue t'en parler, mais vraiment je n'ai rien. C'est un petit miracle, d'ailleurs.

- Et ce miracle a un nom ? Tu m'as dit qu'il viendrait, mais pas comment il s'appelait.

Son sourire s'élargit encore, et elle prit le bras d'Aleksandra dans le sien pour l'amener vers la pièce principale :

- J'ai mieux qu'un nom, je vais te le présenter.

Elles firent quelques pas, et s'arrêtèrent devant un homme qui observait toute cette joyeuse compagnie de tous âges avec une forme de sérénité qui dissimulait un certain malaise. Ou l'inverse. Aleksandra le trouva avenant, rempli d'une certaine prestance que l'on trouvait chez les gens bien éduqués. Il se tenait droit, et essayait de faire bonne figure au milieu de la haute société dalite, bien qu'il parût de toute évidence étranger à ce cercle. Elise tendit un bras vers lui, et l'introduisit avec simplicité :

- Aleksandra, voici notre ami et sauveur providentiel, le courageux Nestor Longuetour.

L'intéressée tendit la main et laissa le « sauveur providentiel » la saluer avec courtoisie. Elle y répondit par une révérence légère qu'elle soigna particulièrement. Cet homme n'était peut-être pas un noble, mais il était l'invité de son amie, et elle tenait à ce qu'il se sentît bienvenu. Pendant ce temps, Elise continuait les présentations, et tendant la main vers son amie elle lança :

- Nestor, permettez-moi de vous présenter ma très chère amie, madame la Sénéchale Aleksandra Rajenski-Orlova.

Aleksandra s'inclina de nouveau, cette fois devant le compliment. Elle ne put retenir un sourire, et demanda sur le ton de la conversation :

- Sieur Longuetour, je vous dois beaucoup pour avoir sauvé la vie de notre chère Elise. Avez-vous été bien soigné ? On m'a dit que vous aviez vous-même été blessé…

Elle pouvait le constater elle-même, mais la politesse voulait qu'elle n'en fît rien et qu'elle s'inquiétât du sort de Nestor, lequel paraissait en effet avoir passé un mauvais moment avec ce chariot. Il avait également dû se blesser en retombant car il avait conservé ses gants alors qu'il faisait plutôt chaud pour la saison.

Pauvre homme, décidément…


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