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 Un sentiment plus grand que la colère

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Ryad Assad
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Espion de Rhûn - Vicieux à ses heures perdues
Ryad Assad

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Un sentiment plus grand que la colère EmptyLun 27 Mar 2017 - 4:11
Si le soleil avait jeté ses rayons ardents sur Osgiliath, peut-être qu'il l'aurait vue rougir au moment où elle glissait hors de ses robes, qu'elle posa soigneusement sur les berges. Immédiatement, elle sentit l'air froid de la nuit griffer doucement sa peau nue à la manière d'un amant indélicat qui n'aurait pas pris la peine d'admirer la beauté de sa chair avant de vouloir la faire sienne. Elle ramena ses bras contre elle, à la fois pour chasser le frisson qui lui remonta le long de l'échine, jusqu'à la base du cou avant de se répandre dans ses muscles, au bout de ses doigts. Le geste avait aussi l'avantage non négligeable de couvrir sa pudeur, car elle n'avait pas le luxe de s'être dévêtue dans un cabinet privé. C'était d'ailleurs tout le jeu – pour ne pas dire l'enjeu – de cette escapade nocturne. C'était là que résidait tout le plaisir, aussi. Elle ne put s'empêcher, toutefois, de jeter un regard en arrière, craignant de voir quelque curieux approcher… ou pire, son père qui l'aurait suivie et qui serait venu lui faire passer l'envie de se comporter comme une libertine. Mais la lune pâle qui projetait une lueur blafarde ne lui révéla rien qui eût pu lui faire changer d'avis. Elle finit par accepter de tourner le dos à la ville, aux contraintes, aux règles et aux interdits qui encadraient son existence comme les enclos tenaient prisonniers les animaux. En face, se trouvait le fleuve dont les eaux paisibles avaient la couleur de l'obsidienne liquide. Symbole de liberté, de mouvement, de passage et de fuite, il représentait tout ce qu'elle n'avait pas dans son quotidien. Et barbotant dans l'encre avec l'aisance d'un poisson, l'y attendait l'amour de sa vie.

Il lui fit un grand signe de la main, alors que son visage était mangé par un sourire plus lumineux que cent diamants. Ses yeux pétillants de joie, d'admiration et de désir, ne pouvaient se détacher du corps aux formes gracieuses qui pénétrait silencieusement dans l'eau. Il la dévorait du regard, subjugué par la silhouette que le jeu d'ombres et de lumières mettait en valeur. L'amour qu'il lui portait en retour était grand, lui aussi, et elle surmonta la piqûre glaciale du fleuve pour le rejoindre. Lentement. D'abord un orteil, prudent et curieux, qui s'attarda un instant au-dessus des ondes que son inspection interrompue venait de produire. Un pied ensuite, qui s'enfonça délicatement dans le sable molletonneux et y laissa une empreinte fugace qui disparaîtrait bien avant le souvenir de ce moment. Puis vint une jambe, au profil fuselé, qui frissonnait de tout son long en sentant le courant du fleuve tourbillonner autour d'elle.

Et elle disparut toute entière, happée par les flots comme une de ces créatures marines dont parlaient les légendes. Elles se laissaient apercevoir à la surface d'un cours d'eau par les observateurs attentifs, et s'évanouissaient dans leur royaume sans donner le loisir à quiconque de les saisir entièrement. De telles merveilles pouvaient ne jamais honorer deux fois un même homme de leur présence, et laisser un espoir éternel aux rares élus qui avaient le privilège de l'avoir rencontrée. Mais, bonne joueuse, elle reparut quelques instants plus tard, émergeant au milieu d'une cascade de cheveux soyeux dont la douceur sans pareille invitait à les toucher. A peine eût-elle retrouvé l'air libre que des lèvres amoureuses vinrent cueillir au coin de sa bouche un baiser rieur. Se lovant dans les bras protecteurs de son bien-aimé, elle se laissa étreindre avec force, savourant l'instant présent comme s'ils étaient seuls au monde.

- Je t'aime, fut chuchoté au creux de son oreille.

- Je t'aime aussi, répondit-elle.

Et ils restèrent là, baignés du clair de lune qui les enveloppait de sa chaleureuse lumière. Elle flottait autour d'eux comme de la poussière céleste, opaline et évanescente, qui dansait devant leurs yeux émerveillés. C'était comme si la nature toute entière s'était attendrie devant le spectacle de leur affection réciproque, et jouait une sérénade silencieuse sous les fenêtres de leur passion.

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda-t-elle en observant quelque chose sur le fleuve.

Il ne prit pas la peine de se retourner pour suivre son regard, et, obnubilé qu'il était par la délicieuse jeune femme que ses mains caressaient avec langueur, il répondit en accrochant un sourire radieux entre ses fossettes :

- J'ai commandé les plus belles étoiles filantes pour toi, mon ange… Ce sont sûrement elles qui arrivent…

Elle laissa échapper un petit rire argentin, qui sonnait comme deux petites billes de cristal s'entrechoquant sans se briser, avant de lui rendre une moue si adorable et si ravissante qu'il en perdit totalement ses moyens. Elle répondit :

- J'espère que tes vœux seront entendus, et que l'étoile la plus brillante se décrochera pour nous.

- La plus brillante, je l'ai déjà…

Il se pencha à la recherche d'un nouveau baiser qu'elle ne put lui refuser. Et ils restèrent là, nus dans la nuit, enlacés comme s'ils ne formaient plus qu'un, à faire grandir leur amour en secret. Le reste du monde avait-il encore une importance ?


~ ~ ~ ~


Le reste du monde observait cette scène avec un mélange curieux de compassion et de méfiance. Ses yeux étrécis fixaient les deux jeunes gens qui, unis par un sentiment que nul Homme ne pouvait ignorer, mordaient dans leur jeunesse avec insouciance. Pouvait-on décemment leur en vouloir ? Devaient-ils porter le poids de la culpabilité et ne pas connaître le bonheur, simplement parce que leurs pères avaient oublié ? Sans nul doute que non. Allongé sur une pirogue si fine qu'il avait l'air de flotter à la surface, ses mains s'agitaient doucement dans l'eau pour garder la frêle embarcation immobile. Ses pensées, à l'inverse, semblaient suivre le cours d'un torrent furieux, et il peinait à capturer une pensée cohérente dont il eût pu s'inspirer pour décider de ce qu'il allait faire. La question qu'il n'osait formuler se résumait à la suivante : qu'adviendrait s'il allait plus avant ? La réponse lui était connue, naturellement, mais il était également conscient de ce qu'une telle décision engendrerait comme conséquences. Or, bien qu'il y fût préparé, celles-ci le répugnaient tout à coup.

Avait-il réellement le désir de troubler cet instant de paix ? En avait-il seulement le droit ? Son devoir lui commandait d'agir d'une façon que sa conscience réprouvait par ailleurs. Était-il possible de résoudre pareil dilemme ? Il inspira profondément, sentant que sa décision était prise et que ses tergiversations n'étaient que les râles d'agonie et les ultimes soubresauts de sa raison défaite. Alors, s'emparant fermement de son courage, il décida de faire demi-tour dans la plus grande discrétion, et de remonter le cours du fleuve qui le poussait pourtant dans la direction opposée. Il affronterait les critiques, et peut-être même les moqueries des siens quand il devrait s'expliquer. Toutefois, ce qu'il risquait de perdre en rentrant valait bien moins que ce qu'il aurait abandonné en continuant.

Certes, les peintures de guerre qui recouvraient son corps le désignaient comme un guerrier… Mais elles n'avaient jamais fait de lui un tueur.

Redoublant d'efforts, il ignora les hurlements de ses muscles qui protestaient. Il avait encore une longue route jusqu'à Cair Andros.


Membre des Orange Brothers aka The Bad Cop

"Il n'y a pas pire tyrannie que celle qui se cache sous l'étendard de la Justice"
Un sentiment plus grand que la colère Signry10
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