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 L'été gris

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Nathanael
Espion de l'Arbre Blanc
Espion de l'Arbre Blanc
Nathanael

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L'été gris EmptyLun 13 Aoû 2018 - 18:13
A l'instar des jours précédents, l'orage s'était abattu en milieu de journée. Tharain était parti chasser, faute de mieux. Il avait vu, petit à petit, les nuages monter sur le sommet du Methedras, s'élever en masses épaisses et blanches. Le Pic Noir avait disparu puis la Tête de Paille et, au loin, même Montagnes Blanches. Les mouches et les taons s'étaient abattus sur lui, l'avaient piqué, mordu jusqu'au sang, lui avaient vrombi aux oreilles jusqu'à lui donner mal au crâne. Il s'était réfugié sous un ressaut rocheux, faute de mieux. Depuis le début de l'Été Gris les caprices du ciel étaient plus violents et plus imprévisibles que les autres années. Gris comme les collines alentours, brûlées jusqu'aux racines, gris comme le ciel avant que gronde le tonnerre.

Tharain avait vu l'éclair jaillir, illuminer tout l'espace alentours et pourtant, il tressauta quand l'orage craqua. Il avait l'impression que l'air se déchirait, qu'on remuait les tréfonds de la montagne et que quelques géants jetaient des roches immenses au milieu des nuages. Les autres préféraient toujours rebrousser chemin et il se retrouvait alors seul au milieu des Monts Brumeux. Seul, on entendait mieux le bruit des bourrasques dans les aiguilles de pins, le chant des torrents qui se gonflent d'eau jusqu'à jaillir au milieu des versants en emportant tout sur leur passage. Et seul, surtout, on chassait mieux le chamois intrépide et le bouquetin furieux.

Il resta un long moment sous son abri de pierre et ne repartit que lorsque les battements de coeur des Valars s'éloignèrent. La brume s'empara doucement des remparts au dessus desquels il se trouvait. Des nappes de brouillard assaillaient les hauteurs comme autant de soldats de fumée. C'était dans ces moments là que Tharain chassait le mieux. S'il était assez discret alors les animaux ni ne le voyaient, ni ne l'entendaient arriver. La peau d'un vieux mouflon et les excréments qu'il avait frotté sur sa tunique dissimulaient son odeur. Et si son bras était puissant et son oeil vif, alors il était certain de ramener quelque chose au camp.

Mais ce jour là il ne tua qu'un lièvre et une perdrix, faute de mieux. Les Monts Brumeux étaient d'austères montagnes et c'est d'austérité que Tharain avait appris à se contenter.

Au camp le feu brûlait toujours. Un jeune garçon au cheveu rêche tisonnait les braises avec une branche de hêtre. Tharain l'appelait le Chardon tant sa tignasse se dressait sur sa tête. Il lui donna lièvre et perdrix et retrouva le Vieux Crebain. Il était un des derniers à parler aux oiseaux dans cette partie du pays. C'était vers lui qu'on se tournait pour avoir des nouvelles du vaste monde, faute de mieux.

-Tharain, tu rentres au camp avec si peu.
- Peu vaut mieux que rien.
- C'est ce que disait ton père.
- Et le père de mon père avant lui.


Petit, le Vieux Crebain lui fichait la trouille. Aujourd'hui le poil qui lui sortait des oreilles et ses cheveux épars lui donnaient presque envie de rire. On aurait dit du lichen accroché à un vieil arbre, presque de la même couleur.

- Tu ne viens pas me parler de tes ancêtres. Dis moi ce que tu veux.
- Des nouvelles.


Le ton était rude, la voix était rocailleuse, comme leurs montagnes. Tharain avait fermé les poings, bien malgré lui.

- Les oiseaux ne sont pas revenus.
- Ils ne sont pas revenus hier et le jour d'avant non plus.
- Je ne commande pas aux oiseaux, je les écoute seulement. Les orages peuvent les avoir dérangé, ils ont pu être tué ou la nourriture est plus riche ailleurs.
- Ça...


Tout avait été mieux ailleurs. Toujours. La montagne, Tharain l'aimait, mais aucun de son peuple ne l'avait choisie. Ils auraient préféré, chacun d'entre eux, garder les brebis et les chevaux, commercer librement avec le Gondor et les autres royaumes. Au lieu de quoi ils devaient s'écorcher les mains et les pieds sur les cailloux et les épines pour extraire quelques nourritures des flancs des Monts Brumeux, se brûler les poumons pour chasser le animaux qui venaient jusque là. Faute de mieux.

- Pas de nouvelle, bonnes nouvelles Tharain.
- Pas de nouvelle, ouai. C'est tout. Des mauvaises nouvelles qu'on sait pas, ça reste des mauvaises nouvelles.


Le Vieux Crebain haussa les épaules. Dehors les nuages déchirés par le vent commençaient à se dissiper, laissant ici et là deviner de grandes bandes bleues. La nuit serait belle et claire. La nuit Tharain aimait voir glisser la lune sur les cieux noirs. Cette nuit, Tharain aurait les étoiles pour seule compagnie. Faute de mieux.

#Tharain
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