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Sujet: La Demeure dans les Fondations
Hadhod Croix-de-Fer

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Rechercher dans: Ruines d'Ost-in-Edhil   Tag celegitirn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: La Demeure dans les Fondations    Tag celegitirn sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 28 Nov 2016, 20:20
Grâce à l'expérience des siècles Sadron avait acquis un jugement que d'aucuns considéraient comme fiable et avisé. Sa fonction de sentinelle lui avait fait côtoyer divers étrangers qui avaient payé de leur vie leur folle hardiesse ou tout simplement leur curiosité. Il ne fallait laisser personne visiter les ruines de la cité des Gwaith-i-Mirdain, c'étaient là les ordres depuis des lustres, et bien que sa conscience le poussât souvent à privilégier des moyens moins radicaux il arrivait souvent que la mise à mort des intrus soit la seule solution viable. Le plus souvent, il propulsait ses traits de nuit afin de demeurer invisible et visait volontairement à quelques pieds des voyageurs égarés pour que le claquement du fer sur la pierre et la terreur nocturne les fassent fuir. Mais si ces derniers étaient déterminés à pénétrer le sanctuaire coûte que coûte, la flèche venait se ficher avec une précision redoutable dans leur gorge ou leur poitrine. Oui, il tuait. Froidement, sans fioriture ni jubilation, mais il tuait pour assurer la pérennité de leur vie secrète.

Ce fut tout naturellement qu'on accorda le droit à ses deux fils jumeaux, Celegitirn et Maeditirn de l'accompagner durant ses patrouilles lorsqu'il furent en âge de porter l'arc et la lame, et que leur vaillance et leur fidélité furent reconnues. Ils formaient un trio fort efficace, la rapidité du premier fils et l'habilété du second complétant fort bien la vision claire et juste et la capacité décisionnelle de leur père.

Aussi quand il observait ce couple d'elfes venu fouiner dans les ruines, son jugement lui dictait de se méfier davantage de la femme aux réactions imprévisibles que de son compagnon blessé. Certes ce dernier aurait pu constituer un véritable danger s'il avait été en pleine possession de ses moyens, mais ce n'était pas le cas. Et de toute façon il lui paraissait plus raisonnable et plus posé que sa comparse féminine. C'est pourquoi il ne la lâcha pas du regard lorsqu'elle s'éloigna en faisant tournoyer son épée dans les airs ; il raffermit même sa prise sur le grand arc d'if. Lui ordonner de poser son arme aurait été malvenu compte tenu du « service » qu'ils allaient lui demander, aussi préféra-t-il tenir sa langue et ne pas envenimer les choses. Parfois la sagesse dictait de demeurer passif dans certaines situations bien précises, et celle-ci en faisait partie. Un peu plus tard, la gifle que la belle voyageuse infligea à son camarade de route fendit le visage de Sadron d'un pâle sourire et confirma son jugement : cette elfe était imprévisible et dangereuse. Si elle était capable de gratifier son ami d'un coup aussi appuyé, elle n'hésiterait sans doute pas à leurs distribuer de généreux coups de taille avec sa lame et ce malgré la mauvaise facture de cette dernière.

Il fut bien aise de savoir ses deux fils derrière lui lorsqu'elle s'avança pour lui parler.

Grande fut sa surprise quand il entendit les lamentations sortir de sa fine bouche. Elle lui parla de son désarroi de ne pas avoir les connaissances nécessaires pour soigner son ami, de ne pas pouvoir maîtriser la langue sindarine et aussi de ne pas arriver à se rappeler divers éléments de sa vie passée. Sadron ne répondit rien sur ces sujets-là. Il y vit un problème de mémoire provoqué par il ne savait quelle magie, quelle substance ou quel événement mais se garda bien d'approfondir la chose : il n'était pas là pour se laisser amadouer par les confidences d'une inconnue, mais pour tirer le meilleur parti d'une situation. C'est pourquoi il accepta simplement de déférer à Celegitirn le soin d'améliorer l'état de santé du blessé. Un détail l'intéressa grandement cependant : la jeune femme avait mentionné Imladris comme la cité où elle avait vécu par le passé. Peut-être venaient-ils tous les deux de là-haut, finalement... Peut-être étaient-ils des descendants lointains de ceux qui avaient fui Ost-in-Edhil à l'Âge précédent... Ce serait là un drôle de clin d’œil à l'Histoire.

Le vieux gardien la suivit en catimini parmi les murs et les colonnes en ruine sous la lune, à bonne distance pour ne pas éveiller son attention mais d'assez près pour la conserver en ligne de mire. Plusieurs heures s'étaient écoulées et l'astre nocturne avait vogué vers une autre partie des cieux lorsque Maeditirn vint le prévenir de la fin des soins. Il se révéla alors à Lithildren et la mit sobrement au courant de l'état de son comparse. Ce ne fut que lorsque la belle retourna en direction du feu qu'il rebroussa lui-même chemin.

Les cinq elfes se rassemblèrent autour des flammes réconfortantes. On était bien près de l'aube, mais ni Sadron, ni Maed ni Celeg ne fermèrent l’œil. Ils restaient vigilants. Et ils conversèrent.

Tag celegitirn sur Bienvenue à Minas Tirith ! 563499elfe

La douleur était toujours présente mais était devenue bien plus supportable qu'auparavant. Les cataplasmes qu'on lui avait appliqué étaient une véritable bénédiction pour son dos meurtri. Ils avaient été longs à préparer, plusieurs heures en vérité, mais le résultat était là et la médecine de ces étranges elfes se révélait efficace. L'odeur qui se dégageait de la substance pâteuse maintenue par les bandelettes était saine à défaut d'être exquise, émanation des principes actifs des différentes plantes utilisées là, dont le pauvre Oropher ignorait bien le nom. L'important, c'est qu'il pouvait de nouveau fléchir le buste sans grognement ni rictus. Les elfes lui avaient fait savoir qu'il lui faudrait bien des jours avant que les plaies profondes ne cicatrisent parfaitement. Celegitirn avait, par son savoir-faire et ses connaissances des plantes médicinales, réussi à enrayer l'infection ou tout au moins à faire en sorte qu'elle aille decrescendo et finisse par disparaître ensuite.

Le renégat de l'O.C.F. devait très certainement sa vie à ces mêmes inconnus qui tout à l'heure avaient bandé leurs arcs sur lui et sa camarade ; le sort était parfois bien paradoxal. Il s'étonna de ce soudain changement d'attitude avant de se rappeler que le plus âgé avait parlé à Lithildren d'un service à rendre en contrepartie de sa propre guérison. Ceci expliquait cela. Et il imaginait bien le sort que ces archers leur réserveraient s'ils essayaient de s'enfuir en catimini sans s'acquitter de leur dette.

Mais ces pensées un tantinet inquiétantes n'étaient rien face au désarroi qui le saisissait à chaque fois qu'il repensait aux mots qu'il avait prononcé à l'attention de Lithildren. Il avait voulu éviter à cette dernière la douleur de perdre un second amant, si les choses avaient mal tourné pour lui. Mettant en avant ses sentiments amicaux plutôt que ses sentiments amoureux, il la dispensait du tourment causé par le regret de la vie commune qu'ils auraient pu avoir ensuite. Mais les choses s'étaient passées différemment : il n'était pas mort, il venait au contraire d'être sauvé. Et pour toute récompense à ses bonnes intentions il avait récolté une gifle, terrible non pas à cause de la douleur conglante sur sa joue mais par ce qu'elle représentait. Dans son geste Lithildren avait déversé toute sa frustration, sa déception, et sans doute même une certaine forme de haine, il le sentait. Même à présent qu'elle était revenue, les yeux rougis, dans le halo de la lumière du feu, elle restait froide et distante. Chaque fois qu'Oropher tourna la tête pour la regarder, il la voyait assise à contempler fixement la danse crépitante des flammes. Comment pouvait-il lui en vouloir de sa réaction ? Ce qu'il lui avait dit était cruel malgré les bonnes intentions qu'il y avait derrière. D'ailleurs, la violence de sa réaction n'était-elle pas la preuve qu'elle avait de forts et sincères sentiments pour lui ?

Qu'elle avait de forts et sincères sentiments pour lui.

Oropher trembla devant la dure révélation de ses propres pensées. Elle pouvait bien avoir eu des sentiments, qu'étaient-ils devenus après ce qui s'était passé tout à l'heure ? Avaient-ils survécu à l'épreuve ? Le pire dans l'histoire, c'est qu'il ne pouvait pas tout lui expliquer : il savait pertinemment qu'au vu de l'humeur actuelle de la belle, elle ne le croirait pas même s'il lui jurait qu'il l'aimait d'un amour vrai et éternel.

- Je comprends à présent pourquoi tu n'as pas voulu me soigner de tes propres mains, lui murmura-t-il. Tu savais ne pas avoir les compétences nécessaires à ma guérison et tu as préféré mettre toutes les chances de mon côté, quitte à renoncer à la solution belle et tragique que je t'ai proposé. Cela me touche énormément, sache-le.  

Il n'attendait pas de réponse. En fait, il souhaitait juste terminer sur des paroles d'apaisement avant de se laisser glisser vers le sommeil réparateur que Celegitirn lui avait conseillé. Ce ne fut toutefois pas un sommeil profond, mais une simple somnolence, car il lui sembla entendre ce que disaient les trois elfes à l'autre bout du feu. Leurs voix étaient éthérées et floues qu'à l'ordinaire mais Oropher sut qu'elles étaient bien réelles et qu'il ne s'agissait pas d'un rêve. Lithildren avait également dû s'assoupir pour qu'ils se mettent à parler ainsi à mi-voix tous les trois.

- Pourquoi as-tu mis autant de temps à revenir, Celegitirn mon fils ? Tu n'as pas pu tout trouver dans la réserve ?

C'était la voix du plus ancien. Elle fut suivie par celle, plus rapide, de son enfant.

- Si, père. Seulement voilà, j'ai dû attendre le bon moment pour qu'on ne me voie pas. C'est que notre idée est contraire aux ordres, comme tu le sais.

- Mon idée, tu veux dire. C'était la mienne, pas la tienne ni celle de Maeditirn. Si elle se révèle néfaste, c'est moi qui en assumerai les conséquences...

- Je commence à regretter de m'être rallié à ton idée, père, fit une troisième voix qui était celle de Maeditirn. Obliger deux étrangers à entrer dans nos souterrains, c'est faire exactement l'inverse de ce pourquoi nous avons toujours veillé. Toute notre longue vigilance, nous la réduisons sciemment à néant...

- Ce ne sont plus nos souterrains, Maeditirn. Ce sont ses souterrains à présent... et si nous ne tentons rien ils le seront pour toujours. Voilà pourquoi j'ai eu l'idée d'outrepasser les ordres.

#Sadron #Celegitirn #Maeditirn
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