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Sujet: Redditions
Ryad Assad

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Rechercher dans: Isengard   Tag eadric sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Redditions    Tag eadric sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyMar 13 Aoû 2019 - 13:34

Eadric n'avait pas apprécié que le capitaine se moquât ouvertement de lui, de ses croyances superstitieuses, et de sa crainte déraisonnable pour leur prisonnière. A dire vrai, il n'appréciait pas vraiment la hiérarchie, et il se montrait souvent insolent, têtu et rancunier. Mais c'était un excellent soldat, qui avait besoin d'apprendre la discipline. Il commandait une troupe de fortes têtes comme lui, et il arrivait à les faire marcher droit grâce à un savant mélange d'exemplarité et de coups de poings. Ce n'était pas une brute pour autant, mais il avait une manière bien à lui de se faire respecter. Restait à son supérieur direct, en l'occurrence La Lice, à l'encadrer fermement pour s'assurer que le travail serait fait, et il aurait sous ses ordres un des sous-officiers les plus efficaces d'Isengard.

Ce fut donc à contre-cœur qu'Eadric relâcha la nuque de la prisonnière, non sans laisser une empreinte rougie sur sa peau. Elle n'émit pas un son, comme si conserver le silence était le meilleur moyen pour elle de sauver sa vie. La stratégie pouvait cependant se révéler contre-productive, surtout face à des militaires qui n'étaient pas connus pour leur patience et leur tempérance. Ils répondaient à toute menace non-identifiée par la plus extrême des violences, et même leurs officiers supérieurs pouvaient céder à une furie barbare.

Le regard glacé de la femme embrassa les deux hommes qui avaient choisi de rester avec elle, probablement pour l'interroger. Elle n'avait aucune idée de leurs intentions, ou de leurs méthodes, mais elle pouvait d'ores et déjà déceler les différences entre les deux. Le premier était un homme de guerre, rompu aux combats et aux exercices martiaux, comme en témoignait sa carrure impressionnante, sa barbe épaisse et sa mine sévère. Le second, en revanche, semblait être tout l'opposé. Un homme d'esprit, dont la tenue civile était plus soignée que la moyenne. Un homme respectable, qui avait peut-être des valeurs à défendre, et qui s'interposerait peut-être entre la femme agenouillée et le premier coup de poing.

Tout du moins l'espérait-elle.

Son calme impérial lui permettait de dominer la situation, et elle observait l'officier avec une forme de mépris teinté d'indifférence qui avait de toute évidence le don de l'énerver. Comme elle l'avait prédit, il ne fit pas preuve d'une quelconque patience avec elle, et constatant qu'elle se refusait à ouvrir la bouche, il s'emporta comme un bœuf agacé d'être piqué par un bâton. Sauf que le bœuf était toujours plus large et plus fort que le bâton, si bien que lorsqu'il se mit à hurler, la petite prisonnière se recroquevilla sur elle-même, levant les mains pour se protéger de la gifle magistrale qu'elle s'attendait à recevoir.

- Pitié, non !

Des suppliques ?

Tout à coup la femme froide et mystérieuse devenait plus humaine. Trop humaine, même. Elle avait obtempéré, et avait baissé la tête, fixant le sol sans rien dire. Tremblait-elle ? Était-ce une simple illusion ? Une comédie ? Elle qui semblait si forte et si en contrôle quelques secondes auparavant, donnait l'impression tout à coup de n'être qu'une gamine perdue, victime d'hommes à qui elle n'avait pas la force de s'opposer.

Ce fut Rihils, sans doute du fait de son œil exercé, qui repéra en premier les marques violacées sur ses poignets. De toute évidence, sa capture ne s'était pas déroulée sans accrocs, et leur prisonnière semblait terrifiée à l'idée de subir un passage à tabac. Était-ce quelque chose qu'elle avait déjà expérimenté récemment ? Eadric et ses hommes avaient-ils eu du mal à contraindre leur prisonnière ? Dans tous les cas, la simple menace de violence physique avait suffi à la faire passer à table, ce qui était révélateur en soi. Elle avait compris que répondre aux questions qui lui étaient posées était la seule option qui lui permettrait de s'en sortir, et d'une voix timide elle confia :

- Je parle votre langue… un peu.

Les Dunlendings comprenaient en général assez bien le Commun, mais tout dépendait des sphères auxquelles ils appartenaient. Les castes les plus élevées l'apprenaient en parallèle de leur langue natale, et le maîtrisaient souvent très bien. Les marchands et les voyageurs de leur peuple le parlaient aussi couramment, afin de pouvoir échanger quelques denrées avec les voyageurs proches de Tharbad et de la Trouée du Rohan au-delà de laquelle ils ne s'aventuraient jamais. Les gens du peuple, eux, s'exprimaient avec difficulté, et pour certains ils refusaient de le parler avec les Rohirrim, préférant utiliser leur dialecte pour marquer nettement la différence. La réponse de cette femme ne permettait pas véritablement de la situer socialement, comme si elle n'appartenait pas à une de ces trois catégories.

- Je n'ai pas venu dans le Rohan, sire. J'ai être amenée ici.

Son Westron était certes approximatif, mais néanmoins compréhensible, assez pour pouvoir entretenir une conversation. Contrairement à ce qu'ils auraient pu penser, son accent n'était pas déplaisant à l'oreille, ce qui était probablement dû à sa jolie voix. Il n'aurait pas été surprenant qu'elle sût chanter, ou déclamer des poèmes. Elle avalait légèrement les r, et prononçait presque Wohan, ce qui avait en général le don de faire rire les hommes de la troupe qui se moquaient des barbares du Dunland. Cependant, rire n'était pas à l'ordre du jour pour Rihils et la Lice, qui écoutaient attentivement ses paroles, l'invitant à poursuivre :

- Les Forgoil ont venu, avec les grands chevaux. Venu piller le Dunland. Venu voler. J'ai être capturée.

Pour un militaire du Rohan, un tel récit ne tenait pas debout. Les hommes du Riddermark amenés à patrouiller le long de la frontière ne traversaient jamais la région qui séparait l'aire d'influence de l'Isengard et les collines dans lesquelles les Dunlendings subsistaient. Pour y quoi faire, de toute façon ? On racontait à qui voulait l'entendre que les gens du Pays de Dun étaient pauvres, et qu'ils n'avaient rien à offrir d'intéressant aux grands royaumes des Hommes. Ils échangeaient leurs maigres surplus contre quelques outils qu'ils ne produisaient pas, ou bien vendaient un peu de leur artisanat en échange de denrées alimentaires quand les mauvaises récoltes se succédaient. Avec l'hiver interminable qui venait de s'achever, ils étaient probablement dans le second cas, mendiant de la nourriture. Qu'est-ce que des cavaliers du Rohan servant sous les ordres du roi auraient été faire là-bas ?

La femme, pourtant, paraissait marquée par ce qu'elle décrivait comme une véritable agression. Pillages, raids et enlèvements étaient pourtant plus souvent associés aux Dunlendings qu'au Rohirrim. Elle reprit, en regardant Rihils droit dans les yeux. Elle avait toujours le même regard froid et implacable, un de ceux susceptibles de mettre mal à l'aise n'importe qui. Et pourtant, il y avait en elle une forme de courage. Le courage d'une femme seule au milieu de ses ennemis ancestraux, qui plaidait autant pour sa vie que pour la survie de son peuple, qu'elle dépeignait comme soumis injustement aux attaques des Rohirrim :

- Pitié… Pitié… Je dis au roi la vérité. Il… euh… doit… arrête attaquer le Dunland. Pitié.

Elle cherchait peut-être ses mots pour les tournures les plus compliquées, mais le message était clair et efficace. Le silence pensif des deux hommes sembla la déstabiliser légèrement, comme si elle attendait la sentence qui ne manquerait pas de s'abattre. Probablement que les deux hommes avaient besoin de davantage d'informations, et besoin de se concerter pour déterminer quoi faire. Mais une chose était certaine, cette femme avait été malmenée avant d'être amenée ici. Et si elle disait vrai, il y avait peut-être d'autres Dunlendings ayant subi un sort similaire.

L'heure était peut-être venue pour le Rohan de rendre des comptes à ses voisins.

#Eadric
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