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Sujet: Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda]
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Monts du Fer   Tag errin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Blanche Neige, Sept Nains et une Elfe [PV Esméralda]    Tag errin sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySam 12 Avr 2014 - 0:17
Tag errin sur Bienvenue à Minas Tirith ! Homme_15

Errin ne savait trop que penser de l'elfe à ses côtés, et il la regarda longuement, sans qu'aucune émotion ne fût lisible sur son visage aux traits taillés à la hache. A part ses sourcils froncés, rien ne paraissait bouger sur ce faciès aussi chaleureux qu'un roc, et seule la respiration profonde et régulière indiquait qu'il s'agissait là d'un être de chair et de sang, et pas d'une statue. Il avait déjà rencontré des elfes, au cours de ses voyages, ce qui était relativement rare parmi les siens. Les membres de son clan ne sortaient pas souvent des cités de pierre bâties par leurs ancêtres, préférant le confort des royaumes du peuple de Durin aux autres paysages d'Arda qui leur paraissaient agressifs et dangereux. Pourtant, c'étaient là que se plaisaient à vivre les Premiers Nés, qui lui avaient paru bien étrange la première fois qu'il en avait rencontrés. Il en avait dégagé deux types : ceux qui avaient l'air perpétuellement joyeux, et ceux qui avaient l'air perpétuellement graves. Pour l'instant, il lui semblait que la femme qu'il avait en face de lui appartenait à la seconde catégorie, ce qui ne le renseignait que peu sur la conduite à tenir.

Il trouvait les elfes proprement insupportables, quelle que fût la catégorie ils appartenaient. Les premiers paraissaient insensibles à tout ce qui se trouvait autour d'eux, et ils gambadaient gaiement, quand bien même l'heure était au sérieux. Ils parlaient de musique, de fleurs et chantaient des mélodies issues de leur imagination farfelue pour dire tout et n'importe quoi. Les autres, un peu moins bruyants, étaient souvent hautains et condescendants, jugeant tout ce qui n'avait pas d'oreilles pointues inférieur à eux-mêmes. Inutile de préciser qu'ils ne portaient pas les Nains dans leur cœur, et que la réciproque était vraie. Errin, toutefois, n'avait jamais vu d'Eldar aussi triste dans son attitude, et pourtant aussi disposé à communiquer - pourtant, ils n'avaient échangé que quelques mots.

Avec beaucoup de sincérité, l'elfe - qui avait déclaré s'appeler Esméralda - lui avait expliqué la raison de sa présence en ces lieux. Et ses paroles n'avaient pas rassuré le guerrier Naugrim, bien au contraire. Une elfe qui ne savait pas qui elle était ? Il n'avait jamais entendu parler d'une telle drôlerie, et il ne comprenait pas exactement de quoi elle voulait parler. Etait-ce une formule alambiquée pour dire qu'elle ignorait quelque chose sur elle-même ? Une façon trop subtile de dire qu'elle s'interrogeait sur un point précis de son existence - cela devait arriver fréquemment, chez des êtres doués d'une telle longévité -, et qu'elle peinait à trouver la réponse ? Errin aurait voulu croire à cette version, mais Esméralda enfonça le clou en lui avouant qu'elle ne connaissait que son propre nom.

Le Nain émit un grognement indéchiffrable, paraissant considérer le poids de ces révélations. Il avait déjà entendu parler de personnes qui oubliaient des choses, par exemple à la suite d'un choc à la tête. Certains des siens travaillaient dans les mines, ou creusaient des tunnels. Une pierre qui leur frappait sur le coin de la tête, et ils étaient quittes pour rester au lit quelques jours, avec une jolie bosse, l'impossibilité de manger des aliments solides, et des trous de mémoire. On se moquait d'eux, le plus souvent, en leur mentant sur ce qu'ils avaient fait, pour leur faire peur. Et quand la mémoire leur revenait - très rapidement, d'après ce qu'Errin avait pu constater -, ils riaient de bon cœur avec leurs frères, et repartaient au travail en se promettant de mettre un casque plus solide.

Mais l'elfe ne semblait pas travailler dans la mine, ou dans un quelconque endroit où on pouvait trouver des pierres tombant du plafond. En outre, elle n'avait pas de bosse visible, ni aucune marque indiquant qu'elle avait été frappée à la tête. Du moins... aucune marque que le Nain pût observer à première vue. Mais sous cette masse de cheveux roux en bataille, décoiffés par les rudes conditions de voyage, il pouvait très bien se cacher une cicatrice, une trace, un indice expliquant pourquoi elle ne se souvenait de rien. En tout cas, coup sur la tête ou non, elle ne paraissait pas folle ou dérangée, et elle raisonnait encore logiquement. Son objectif principal était de se rendre dans un lieu habité, probablement pour y reprendre des forces, et pour s'y préparer à un long voyage. Toutefois, cette belle résolution se heurtait à un obstacle de taille : la dure et froide réalité, que le Nain se chargea de lui rappeler :

- Des lieux habités, dans le coin, on n'en trouve pas des masses. Il y avait bien quelques villages, mais avec l'hiver... Pour tout vous dire, nous sommes pas très loin au Nord de la Celduin... si ça vous évoque quelque chose... Les elfes les plus proches d'ici se trouvent à bien dix ou quinze jours de marche, droit vers l'Ouest, dans la Forêt Noire. Vous arriverez à Esgaroth avant, m'est avis, mais c'est pas une promenade de santé, je vous l'dis.

Il lui lançait des noms un peu au hasard, pour voir si l'un d'entre eux provoquait une réaction chez la jeune femme. Il se demandait si, en entendant un toponyme familier, elle n'allait pas soudainement se rappeler d'où elle venait, et plus important présentement : quelle était sa destination. Mais si cela lui disait quelque chose, elle le gardait pour elle-même, plongeant un peu plus Errin dans le désarroi. D'un côté, il n'était pas véritablement concerné par la vie de cette inconnue, et il avait une mission à accomplir. Les vivres qu'ils transportaient étaient vitaux pour la survie de son peuple, et il n'avait pas le droit de s'embarquer - et pis encore, d'embarquer sa compagnie - dans un détour de près d'un mois pour aider une seule elfe, fût-elle en grand danger. D'un autre côté, il pouvait difficilement dire à une personne perdue et visiblement désorientée au-delà de l'aspect géographique, de se jeter pendant quinze jours dans les griffes d'un hiver auquel elle ne survivrait même pas.

Ses options étaient restreintes, et la jeune femme ne semblait pas en mesure de rejoindre un seul lieu habité pour l'instant. Il essaya de chercher une solution, mais il n'en avait qu'une seule en tête, et elle ne le réjouissait guère. Mais avait-il vraiment le choix ? Pouvait-il lui refuser l'asile alors qu'elle était en grande difficulté, simplement parce que les siens étaient des gens secrets ? Décemment, non, et même si on devait lui en tenir rigueur par après, il ne pouvait pas se déshonorer ainsi. S'adressant à l'elfe qui attendait qu'il continuât, il lança d'un ton sec :

- Il y a bien les Monts du Fer, mais...

Son hésitation était perceptible, et il fallait l'attribuer à plusieurs facteurs qui n'avaient pas forcément de lien entre eux. Premièrement, il n'était pas particulièrement heureux de devoir s'encombrer d'une inconnue qui pouvait tout aussi bien l'espionner et le trahir pour mieux leur voler leur nourriture. Actuellement, on ne pouvait pas se fier naturellement aux gens que l'on rencontrait pour la première fois, et il fallait une bonne dose de folie pour oser proposer l'hospitalité à autrui. Deuxièmement, Errin savait que les siens n'accepteraient pas la présence de l'elfe. Il pensait naturellement à ses compagnons de voyage, qui verraient d'un très mauvais œil de révéler à une étrangère les secrets du peuple de Durin, mais également à tous ses compatriotes restés à l'abri des contreforts rocheux, qui risquaient de faire des histoires à la pauvre âme errante. Ils n'étaient pas mauvais au sens où les Hommes pouvaient l'entendre, mais ils n'étaient pas non plus particulièrement bons, et les convaincre risquait de s'avérer être un défi de taille. Enfin, il y avait la question de l'hiver qui n'en finissait pas. Il voulait simplement proposer à l'elfe de faire halte dans les montagnes, pour se requinquer, et ensuite lui indiquer la route à suivre. Mais si la neige ne cessait jamais de tomber, si le sol demeurait blanc pour des siècles... pourrait-on accepter qu'une bouche non-naine vînt peser sur leurs rations ?

Les esprits tendaient à se fermer en période de trouble, et on n'était généreux que lorsqu'on en avait les moyens. Leurs cousins d'Erebor en savaient quelque chose, eux qui s'enrichissaient ostensiblement, qui déversaient leur or sur les régions alentours, mais qui laissaient l'antique royaume des Monts du Fer à l'agonie. Tous ne partageaient pas la vision d'Errin, mais lui et sa famille ressentaient un certain mépris pour les autres royaumes Nains, qui fédéraient les armées quand la guerre était à leurs portes, mais qui étaient beaucoup plus réticents à ouvrir leurs trésors à leurs frères. Il fronça ses sourcils épais et broussailleux, écartant ces pensées de son esprit pour se focaliser sur l'instant présent. Penser à Erebor le mettait de mauvais poil, et il était déjà suffisamment remonté comme cela :

- C'est votre seule chance, en vérité. Zulg-ai-Gathol est toute proche, et il n'y a personne dans les environs qui pourrait vous conduire en sécurité à la Forêt Noire. Mais je dois vous prévenir, on ne vous accueillera pas à bras ouverts. Si on accepte de vous laisser rentrer, aucun mal ne vous sera fait, mais... il faut déjà réussir à rentrer.

Il laissa planer le danger qui accompagnait ses dernières paroles. Implicitement, il signifiait à la jeune femme qu'on pourrait la laisser dehors, dans le froid, seule, si jamais elle n'avait pas ce qu'il fallait pour franchir les portes. En même temps, en cas de succès, elle trouverait l'abri le plus sûr à des lieues à la ronde. Errin poussa sur ses cuisses pour se lever, pour aller réveiller la relève, tout en grognant :

- Prenez la nuit pour réfléchir. Et essayez de vous reposer.

Sur ces mots, il alla s'emmitoufler dans sa couverture, laissant à un de ses compagnons le soin de surveiller les alentours. Il ferma les yeux, et bientôt se mit à ronfler doucement, à l'instar de ses compagnons. La douce chaleur du feu se révélait particulièrement soporifique, et il était difficile de rester éveillé bien longtemps, d'autant que la nuit au dehors était noire, le ciel d'encre, et la Lune invisible.


~~~~


Le lendemain matin, Esméralda fut réveillée par une main courte mais puissante qui lui secouait l'épaule vigoureusement pour la tirer de ses rêveries. Les Nains étaient tous déjà debout, occupés à siroter une tasse d'eau chaude près des restes du feu. Les ânes étaient progressivement sortis pour reformer une colonne convenable, et il fallait désormais réveiller la jeune femme pour la préparer au départ. Errin lui tendit un bol d'eau fraîche - pour d'éventuelles ablutions -, et une tasse brûlante, pour se réchauffer. Il ne souriait pas plus que la veille, mais il paraissait un peu moins tendu, un peu plus à l'aise. Allant chercher un quignon de pain dans sa sacoche, il le tendit à la jeune femme en s'excusant de ne rien pouvoir y ajouter, avant de lâcher :

- Alors, avez-vous pris votre décision ? Voulez-vous tenter votre chance avec nous ?

#Errin #Esméralda
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