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Sujet: Une histoire d'aventure
Ryad Assad

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Rechercher dans: Le Peregrin   Tag ezendirakban sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: Une histoire d'aventure    Tag ezendirakban sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 9 Aoû 2013 - 22:15
Minas Tirith, la grande cité du Gondor. Capitale du Roi Mephisto, et rempart infranchissable contre les armées du Mordor. La Cité Blanche, comme on l'appelait souvent, s'élevait comme un phare contre le ténèbres, et avait acquis la réputation de par le monde d'un endroit de pureté et de beauté, où les hommes étaient braves et nobles. Un pieux mensonge qui attirait de nombreux visiteurs, touristes en quête d'une histoire glorieuse et révolue. L'histoire d'un âge désormais disparu, où face à la pire des menaces, la race des Hommes avait su s'unir, et lutter vaillamment. Un épisode qui avait un début et une fin, et qui n'avait jamais fait des Gondoriens des gens meilleurs que les autres. Et même la puissante forteresse, toute blanche qu'elle pût apparaître lorsqu'on l'apercevait, majestueuse, au loin, recelait sa part d'ombre, sa part sombre. Il existait derrière ces murs épais des lieux que les bonnes gens ne connaissaient pas, et que même les mauvaises gens hésitaient à fréquenter. Des endroits dangereux, marginaux, où se discutaient meurtres, enlèvements, pillages, vols et autres actions délictueuses.

C'était dans une de ces tavernes qu'il avait décidé de s'installer, afin d'échapper temporairement à la justice du Roi. En effet, il avait commis quelques actes répréhensibles, qui ne plaisaient pas à la plupart des sujets de Sa Majesté, et cela avait suffit à ce que son portrait fût diffusé dans quelques villages. Là, il s'était fait attraper bêtement, et n'avait échappé au bourreau que grâce à une évasion aussi spectaculaire que rocambolesque. Mais il savait qu'il n'était pas passé loin d'avoir de sérieux ennuis, et il avait préféré rejoindre Minas Tirith clandestinement, pour se cacher dans un des endroits les plus mal famés que la Terre du Milieu eût porté. La taverne était crasseuse, miteuse, les repas infects, la bière avait un goût d'urine, et il n'aurait pas laissé un chien coucher sur le lit qu'il occupait, pour lui éviter de se briser la colonne vertébrale. Mais il n'était pas seul à vivre ce quotidien insupportable, accompagné qu'il était par un jeune homme d'une vingtaine d'années tout au plus, qui répondait au nom de La Mouette. Un drôle de surnom qui était apparu comme une moquerie au départ, mais qu'il revendiquait désormais avec une certaine fierté.

La Mouette et lui étaient donc assis à une table, dans cette auberge, en train de consommer du bout des lèvres un repas qui n'avait rien d'agréable, et qui paraissait avoir été fait dans un autre âge. Infâme, il n'en demeurait pas moins nourrissant, essentiellement grâce au pain épais et sec qui accompagnait la soupe de légumes qu'on leur avait servi. Soupe de légume que quelqu'un avait dû mâcher puis recracher, à en juger par la texture et l'odeur. Rompant le silence qu'entretenaient les deux hommes au milieu des discussions qui allaient bon train dans la salle, La Mouette s'éclaircit la gorge, et parla :

- Dites, m'sieur... Vous comptez rester longtemps dans c't'endroit ? J'veux dire... Ça va pas vous aider à trouver c'que vous cherchez, si ?

L'homme attablé en face de La Mouette leva les yeux au ciel, comme s'il réfléchissait à ce qu'il pouvait bien répondre à cela. Il finit par renoncer, et il se contenta d'un soupir éloquent, avant de repousser d'une main son assiette. Le jeune garçon au surnom étrange comprit qu'il n'était pas utile d'en demander davantage, et que lorsque les décisions seraient prises, il le saurait. En attendant, il devait obéir aux ordres, et rester patient. L'action viendrait bien assez vite. Et elle ne tarda pas en effet. Alors que tous discutaient assez calmement - pour une auberge de malfrats - le fracas d'une chaise que l'on renverse se fit soudainement entendre. Tous tournèrent la tête dans la direction du bruit, croyant qu'une bagarre risquait d'éclater. Les deux hommes posèrent les yeux sur l'individu qui venait de se lever et dont le visage usé semblait profondément contrarié. Il se trouvait par un hasard heureux que la scène se déroulait non loin de la table qu'occupait La Mouette et l'homme qui l'accompagnait, ce qui leur permit de saisir la teneur de la conversation qui venait d'attirer l'attention de toute la salle. Ce fut la raison pour laquelle, alors que tous les autres clients s'en retournaient à leurs préoccupations, déçus qu'il n'y eût aucune rixe sur le point d'éclater, quatre oreilles indiscrètes décidèrent de traîner et de capter ce qu'elles pouvaient capter. Et ce qu'elles entendirent se révéla prodigieusement intéressant.

Ainsi, ce vieil aventurier était en train de recruter une équipe de jeunots, de types aussi expérimentés que riches, et aussi intelligents que talentueux. Ils écoutaient avec attention les paroles que leur servait le gars qui s'était levé, et qui les déclamait sur un ton de conteur doué. Il était littéralement en train de les charmer comme un flûtiste charmerait un quatuor de serpents, et leur servait sur une nappe de vérité un mensonge des plus gros, qu'ils semblaient pourtant gober goulûment. Et ils en redemandaient, en plus ! Tout dans leur attitude trahissait leur attente d'en savoir plus : leur silence respectueux, la façon dont ils étaient penchés en avant, dans l'attente d'une nouvelle bribe d'information, d'un nouveau rebondissement, d'une nouvelle révélation cruciale. Et l'homme en face, parfaitement à l'aise dans son mensonge ou parfaitement stupide pour croire à ses rêveries, continuait à leur expliquer avec force détail comment il s'était protégé des enchantements elfiques de Dagorlad, comment il avait réussi à pénétrer dans les tombeaux d'anciens seigneurs elfes, et comment ils pouvaient tous devenir riches s'ils s'unissaient pour aller piller ce vaste cimetière. Puis, après les avoir conquis avec son histoire à dormir debout, l'homme les invita à le suivre pour voir des preuves de ce qu'il racontait. En braves et dociles petits chiens, ils lui emboitèrent le pas.

L'homme rumina ces pensées pendant un moment, réfléchissant à ce qu'il convenait de faire par rapport à ces hommes. Dagorlad... c'était un lieu chargé de mystère et probablement qu'on pouvait y trouver de nombreux secrets. Quels pilleurs de tombe auraient accepté d'aller remuer les restes d'un des plus gros carnages de l'histoire de la Terre du Milieu ? Assurément, si trésor il y avait, personne n'avait encore mis la main dessus. Mais fallait-il pour autant suivre cet aventurier étrange, qui trompait son monde avec une audace frisant l'insolence ? S'il tendait un piège à ces quatre hères, y avait-il intérêt à rejoindre son groupe, et risquer de devenir à son tour une victime ? L'homme demanda à La Mouette ce qu'il pensait de tout ça, et le jeune garçon réfléchit intensément, pour essayer de donner une réponse satisfaisante :

- Je crois, m'sieur, qu'c'est d'belles conn'ries. Pff... Le cim'tièr' de Dagorlad ? Et pis quoi encore ? Mais vu la tête des types, j'pense qu'ils s'ront prêts à l'suiv' jusqu'là-bas. Pour s'rend' compte qu'i's'sront fait rouler.

L'homme sourit largement, révélant des dents parfaites d'une blancheur éclatante. D'une voix amusée, il répondit :

- Exactement, mon cher. Prépare les chevaux, nous partons demain à l'aube.

- Monsieur ? Interrogea La Mouette, perdu.

Il n'obtint aucune réponse, l'homme avait déjà rejoint sa chambre, où il entendait bien profiter d'une bonne nuit de sommeil avant un voyage qui risquait d'être agité.


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Comme prévu, la rencontre entre l'aventurier et sa bande de malfrats eut bien lieu au petit matin. Les hommes semblaient motivés, et ils s'étaient débrouillés pour trouver des montures. Pour des hommes sans le sou, cela pouvait signifier qu'ils les avaient acquises illégalement, mais puisque personne ne posait la question, ils n'étaient pas tenus de répondre. Ils auraient pourtant répondu si leur protecteur au tatouage leur avait demandé de s'expliquer à ce sujet, au regard du respect qu'ils semblaient éprouver envers lui. Tout naturellement, le chef de bande, le dénommé Ash, avait appelé Trainduc "messire", renonçant donc plus ou moins officiellement à revendiquer le statut de chef des affaires. Il était fou de voir comment un mensonge bien servi pouvait forcer les gens à laisser ce à quoi ils tenaient pourtant énormément. Cette situation avait bien de quoi amuser le voyageur qui, il était vrai, n'avait rien d'un sire. Ses vêtements étaient usés, tâchés de l'eau de vie qu'il avait bue, et c'était davantage une tenue de voyage pratique et confortable, plutôt qu'une parure princière. Alors qu'il leur intimait de ne plus l'appeler ainsi, et de le tutoyer, et après qu'il eût décidé que l'heure du départ était venue, Ezendirakban décida de faire son entrée.


Le bruit sourd qui retentit fut celui de son bâton de marche qui résonna sur le parquet abîmé de la taverne. Ne dérogeant pas à ses habitudes, il portait une tunique indéniablement haradrim, colorée et chatoyante, qui contrastait avec son teint pâle, maladif. Comme d'habitude, il portait une multitude de bijoux, des boucles d'oreille aux bagues en passant par un diadème orné d'une pierre précieuse. Son regard perçant était braqué sur le chef de l'expédition sur le départ, et son visage était fendu d'un sourire immense et indéchiffrable. Alors qu'il captait l'attention des cinq hommes, il prit la parole d'une voix forte, en dépit de la faiblesse évidente de son corps :

- Trainduc, Trainduc, mon bon ami ! Ne partez pas sans nous ! Je me présente, Ezendirakban, à votre service. Et voici La Mouette, mon... assistant. C'est un surnom, bien entendu, mais tout le monde l'appelle comme ça, alors... (il agita la main pour faire signe que ce n'était pas important). Mais je m'égare, revenons à ce qui nous importe vraiment : votre voyage, bien entendu !

Il marqua une pause théâtrale, les bras écartés et les pétillants de joie comme ceux d'un enfant ravi, avant de reprendre :

- Oh allons, ne faites pas l'innocent avec moi ! J'ai entendu ce que vous racontiez hier soir, et je meurs d'envie de vous accompagner, par pitié ! Explorer un dangereux cimetière, aller à la rencontre de l'inconnu, c'est tout moi, je pourrai vous être utile !

Cette affirmation sonnait creux, au regard de son air malade, de sa mise de bourgeois, et de sa manière de s'exprimer un tantinet trop... décalée. On aurait davantage dit un jeune homme souffrant, désirant s'offrir une aventure comme on en entend dans les histoires, afin de satisfaire sa curiosité et sa soif de nouveauté. En rien il ne ressemblait à un aventurier. Désireux de convaincre, il s'empressa d'ajouter :

- Oh je vous en prie, Trainduc, soyez indulgent ! Je vous assure que je ne vous ralentirai pas, et je vous laisserai ma part du trésor ! Je n'ai nul besoin d'argent, naturellement, seulement d'aventure, de grand air, de voyages et de paysages ! Dagorlad, quelle merveilleuse idée ! Et puis j'ai hâte d'entendre le récit de vos péripéties, c'est certain ! Vous commencerez par me raconter l'histoire de ce tatouage magique que vous possédez : j'ai toujours été fasciné par la magie des elfes. Oh, allez Trainduc, faites un effort, je vous en prie... pitié...

Ezendirakban trépignait littéralement sur place, et sa voix s'était faite suppliante. Il était évident qu'il s'était préparé à toute cette expédition, car La Mouette qui le suivait portait une tenue de voyage en cuir, et avait à ses pieds un sac prêt à être emporté. Les deux hommes étaient armés, comme pour montrer qu'ils étaient disposés à affronter le danger, et à voir la mise du plus bavard des deux, il y avait fort à parier pour qu'ils eussent chacun leur monture. Ils avaient tout prévu pour convaincre l'aventurier de les accepter dans son petit groupe.
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