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Sujet: L'Assemblée des Rois
Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Basses-terres de Dun   Tag faolan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'Assemblée des Rois    Tag faolan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyLun 8 Avr 2024 - 17:23
Le ciel nocturne était frais.

Quelques Crébain s’étaient nichés nonchalamment sur les branches des arbres, observant à bonne distance le spectacle sous leurs yeux, pour le conter sans doute à des maîtres venus de loin… Sous les yeux des esprits, nul ne pouvait mentir ou tromper son prochain.

Ainsi allait la vie dans le Dunland.

La vérité et la sincérité étaient des notions chères aux habitants de ces terres hostiles, qui n’en demeuraient pas moins secrets et jaloux. S’afficher trop ouvertement au mauvais moment pouvait paraître déplacé, quand la réserve l’emportait fréquemment sur la furie. Pourtant, le sang des rudes habitants des contreforts et des collines bouillonnait d’une énergie implacable, d’un désir ardent de s’enflammer pour une noble cause.

Trouver l’équilibre, au milieu d’une assemblée aussi prestigieuse, n’était pas aisé.

Garder le silence, à ce stade, était la stratégie préférée par la plupart des rois, qui attendaient de voir de quel côté tournait le vent, et de gonfler les voiles de leurs ambitions de la brise ou de la tempête qui soufflerait vers le port le plus hospitalier. Faolan avait ouvert les hostilités, parlant fort, et tranchant de sa langue acérée le cérémonial et les politesses… Ils n’étaient pas là pour rien. Aiden n’avait pas convoqué cette assemblée, exceptionnelle à plus d’un titre, pour régler les menus désaccords entre les chefs dunlendings…

Non.

Son ambition était toute autre, et le vent qu’il cherchait était, à n’en pas douter, un ouragan.

Alors il avait fallu discipliner les Kralls les plus jeunes, et les plus hardis. La rebuffade de Talam avait été sèche, et n’avait pas manqué de tirer un sourire aux autres rois rassemblés là, qui se délectaient toujours de ce petit jeu. Certains osaient parfois prendre la parole, essayant de se tailler une place au soleil… mais tous marchaient dans les ténèbres, à la lueur des flammes vacillantes. Gare à qui, se croyant au zénith, verrait dans son ombre immense le reflet de sa propre puissance. Les apparences pouvaient jouer des tours, ici. Les apparences, et les paroles en l’air. Faolan fronça les sourcils en regardant Wulfhilde retrouver sa place… Il se refusait catégoriquement à l’appeler « krall », un titre qui ne convenait ni à une femme, ni à une étrangère… Qu’est-ce qui avait bien pu passer par la tête des gens de Tunum d’accepter une telle domination étrangère, et de remettre en cause les siècles de tradition… Ce n’était pas la place du sexe faible que de commander aux hommes et de faire la guerre, car quoique le désir des femelles de gouverner fût grand – et il en savait quelque chose, dans sa propre maison –, il devait échoir à un mâle de diriger et de tempérer les ardeurs et les humeurs féminines. Wulfhilde, toute sa colère, venait d’ajouter de l’eau au moulin de ses détracteurs, dont Faolan faisait partie.

- Nos ancêtres avaient du bon sens… Certaines traditions sont faites pour être respectées, lâcha-t-il en jetant un regard appuyé non pas à la roitelette, mais bien à la veuve de son propre frère.

Celle-ci soutint son regard avec une fermeté tout à fait exceptionnelle, et ceux qui captèrent cet échange ne purent manquer de constater la tension palpable qui existait entre les deux. De toute évidence, la mort du grand guerrier Nuall avait provoqué une fracture importante au sein des Landes Tourmentées qui n’avaient jamais aussi bien porté leur nom. Si la position de Faolan était claire, celle de sa belle-sœur, Niamh, demeurait encore un mystère pour tous dans l’assistance… Il aurait été fort inconvenant de faire la part belle aux dissensions internes à un royaume devant une telle assistance, et la veuve de Nuall choisit la seule option viable qui s’offrait à elle. Respectant les coutumes et tenant son rang, elle serra les mâchoires, garda le silence, et se contenta d’accompagner la druwidan Dairine vers le cercle extérieur où se réunissaient les Druwidan et les observateurs. Son déplaisir resterait silencieux, pour l’heure.

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#Dairine               #Niamh

- Installez-vous avec moi, souffla Dairine sans élever la voix, pour ne pas déranger les hommes qui parlementaient.

- Vous êtes sûre… ?

Pour toute réponse, la druwidan tapota le sol à ses côtés, gardant les yeux rivés vers l’assistance. Niamh et elle avaient noué une certaine amitié depuis qu’elles avaient passé quelques temps ensemble, sous la protection de Faolan. Une amitié dans le sens le plus étrange et le plus mystique qui fût, car nul ne pouvait se targuer d’être véritable ami avec un drughu… Leur connexion aux esprits, à l’Après-Vie et aux forces invisibles les éloignait immanquablement des mortels, et rendait leur approche très difficile. Pourtant, dans le deuil partagé de Nuall, elles avaient appris à se comprendre, et à s’apprécier. Niamh avait choisi de poursuivre le travail de son défunt époux, et de protéger de son mieux cette drughu pour laquelle il avait donné sa vie.

- Le discours de Faolan Commença Dairine. Vous vous y attendiez ?

Elle parlait à voix très basse, et Niamh était obligée de se pencher vers elle pour l’entendre distinctement. Elle répondit sur le même ton :

- Non. Depuis que Nuall est… Les mots restèrent coincés dans sa gorge. Il est devenu différent. Plus sombre. Plus belliqueux. Quitte à se rallier sans vergogne à Aiden… Et cette roitelette de Tunum qui lui apporte son soutien dans la foulée… Ils veulent conduire les Dunlendings à la ruine.

Les propos de Niamh dénotaient une très bonne connaissance des affaires politiques, qu’elle tenait en grande partie de son mari. Nuall était assez singulier parmi les siens, et il avait vécu toute sa vie hors des convenances, loin des cadres et des traditions, se plaisant uniquement à guerroyer et à contester l’autorité des puissants : à commencer par son propre frère. Là où Nuall était aventureux et zélé, Faolan avait toujours été plus mesuré et plus calculateur, ce qui expliquait pourquoi l’un était devenu roi et l’autre avait passé sa vie entière sur les routes. Cela expliquait aussi pourquoi, quand l’heure était venue de prendre épouse, Nuall et Faolan s’étaient disputés la même femme…

La veuve jeta un regard en coin à Faolan, qui écoutait avec attention les propos d’Aiden.

Cette dispute avait marqué une rupture nette dans les relations entre les deux frères, sans toutefois faire disparaître l’amour profond qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Aujourd’hui, le chagrin du survivant semblait avoir fait perdre la tête à Faolan, qui ne parlait plus que de vengeance et de faire payer dans le sang au roi Fendor la mort de celui qu’il appelait encore affectueusement « le meilleur des deux ». Le parti de la guerre semblait l’emporter progressivement, en s’appuyant sur l’indignation et l’émoi des Dunlendings face au sort de Nuall, mais bientôt une voix nouvelle se fit entendre parmi l’assistance.

- De qui s’agit-il ? Demanda Niamh.

- Le Krall Duvassa. Il y a fort longtemps qu’il n’a pas pris la parole lors d’une telle assemblée. Sa présence n’est pas un hasard.

Comme souvent, Dairine parlait de manière sibylline, supposant peut-être que tout le monde lisait dans les secrets du monde. La veuve, qui n’avait pas tout compris, hocha la tête néanmoins et prêta une grande attention au discours de cet homme énigmatique. Les autres Kralls et les observateurs de l’Assemblée murmuraient entre eux, surpris de constater que Duvassa – et non Wulf, comme beaucoup l’auraient soupçonné – semblait tenir tête frontalement à Aiden. Les lignes étaient peut-être claires, mais quant à savoir qui dansait de quel côté…

L’intervention de Duvassa s’acheva brusquement, et laissa une partie des Dunlendings plongés dans une profonde réflexion. Ceux qui ne s’étaient pas encore positionnés, comme le Krall Talam, semblaient peser le pour et le contre parmi les arguments de chaque partie. Ceux qui avaient déjà marqué leur allégeance à un camp, comme Faolan et Wulfhilde, se devaient de répondre. Niamh capta le très léger signe de tête qu’Aiden adressa au premier, et leva les yeux au ciel… Par tous les Crébain du pays de Dun, Faolan n’avait jamais été le laquais de quiconque… Pourquoi s’abaissait-il aujourd’hui à faire les basses besognes d’un Aiden qui n’avait jamais rien fait pour les Landes Tourmentées ?


- Krall Duvassa… Votre présence parmi nous est un honneur. Je suis heureux que le sort de tout le peuple dunlending, la guerre à nos portes et la mort de mon frère aient trouvé suffisamment grâce à vos yeux, pour que vous daigniez nous gratifier de votre venue.

L’ironie était glaciale, mais Faolan savait ne prendre aucun risque ce faisant. L’appui d’Aiden le protégeait, et une grande partie des rois ne manquerait pas d’abonder dans son sens. Duvassa avait pris pour habitude de se faire rare, et de ne pas se laisser voir facilement : quelle légitimité avait-il aujourd’hui à vouloir s’opposer à ceux qui s’étaient fait un nom parmi les Dunlendings, au cours de ces assemblées rituelles ? Toutefois, la morsure de Faolan pouvait se faire venimeuse, mêlant la raison et la passion dans un discours qui montrait toute la complexité des relations entre les habitants de ces terres si diverses :

- « Les Contreforts résistent et résisteront », ai-je entendu. Et je n’ai aucune raison de croire que cela ne serait pas le cas. Qui sait combien d’hommes de guerre défendent jalousement les montagnes et les passages obscurs qui constituent les remparts naturels à la mort à cheval qui sévit à nos frontières ? Qui sait quelles richesses et quelles merveilles renferment les monts coiffés de brumes et de nuages ? De l’or ? Des diamants ? Des pierres précieuses ? Ou je-ne-sais-quel mystère que porte la terre et que les Hommes-qui-vivent-longtemps achèteraient à n’importe quel prix ? Alors oui, vous résisterez, et c’est tout à votre honneur, à celui de vos braves gens, nobles de cœurs… mais qu’en est-il de nous ? Qu’en est-il des Basses-Terres ? De la Vallée ?

Faolan embrassa l’assistance du regard. Duvassa avait raison sur un point. L’absence de Seorsa et d’Arzhel était notable, à la fois en raison de leur grande influence, mais également parce que, parmi les rois présents et susceptibles d’avoir une voix audible durant l’Assemblée, le déséquilibre penchait nettement en faveur des représentants des Basses-Terres. Ceux qui, par leur proximité avec le Rohan, subissaient continuellement les affronts des Têtes-de-Paille, leurs patrouilles incessantes, leurs humiliations quotidiennes, leurs pillages éhontés. Les détracteurs d’Aiden y verraient un choix délibéré, pour éliminer en partie l’opposition et s’imposer plus facilement… Ses partisans, dont Faolan faisait clairement partie, avaient une autre lecture de la situation.

- J’ai parfois entendu dire que les habitants des Contreforts, trop occupés à penser à leur propre sécurité, en oubliaient parfois la souffrance de ceux d’en-bas. Faudrait-il y voir là, plutôt, la raison de l’absence du Krall Seorsa et du Krall Arzhel ? Vous-mêmes, Krall Duvassa, avez su trouver le chemin de l’Assemblée… alors même que vos terres sont pour l’heure à l’abri… Mais quand viendra le danger, que ferez-vous ? Accueillerez-vous les miens, quand les Forgoil, pressés à l’Est, chercheront refuge sur les terres infertiles qu’ils nous ont laissé ? Prêterez-vous assistance à tout un peuple agonisant lorsque la guerre cessera de s’arrêter sur les rives orientales de l’Isen, et qu’elle déferlera sur nos villages isolés, sur des innocents ? Votre présence parmi nous est un honneur, je l’ai dit… mais serez-vous là, lors de la prochaine Assemblée, lorsque nous parlerons non pas d’un seul frère tombé au combat pour sauver notre précieuse druwidan, mais bien de centaines de frères et de fils massacrés, et autant de nos sages capturés ?

Sa voix se fit sombre et basse, comme une supplique :

- Ne nous oubliez pas, Krall Duvassa. N’oubliez pas vos frères des collines. Ces étrangers se feront la guerre, mais elle viendra bientôt à nos portes également. Elle s’y trouve déjà. Les incursions des Forgoil sont de plus en plus profondes et meurtrières. Leur audace renouvelée par notre inaction. N’oubliez pas vos frères des collines, car avant la montagne, nous sommes le rempart face à la furie de nos voisins… C’est notre sang qui assouvit la soif de conquête de Fendor le Pleutre. C’est la chair de nos femmes dont se repaissent les vils cavaliers de la Marche des Violeurs. Regardez-moi dans les yeux, et dites-moi que mon frère a eu tort de donner sa vie pour sauver celle de Dairine… Regardez-moi dans les yeux, et dites-moi qu’il a eu tort de se dresser face à notre ennemi commun, non pas au nom de tel ou tel Krall, mais au nom de tous les Dunlendings…

Un silence pesant s’installa, personne n’osant vraiment répondre. Même si l’on différait sur la solution à apporter, tout le monde s’accordait sur le fait que la mort d’un vaillant guerrier aux mains des Rohirrim était une tragédie.

- Contreforts, Basses-Terres… Cela importe-t-il ? C’est en tant que Dunlendings que nous devons penser aujourd’hui, à l’heure où notre silence est complaisance, et notre noblesse est faiblesse. Face à une telle menace, et devant une telle opportunité, quelle valeur aura la parole d’un Krall qui ne pense qu’à son propre peuple ? Même une étrangère, femme de surcroît, comprend la nécessité de nous rallier sous une seule bannière… Si même une femme est capable d’aboutir seule à cette conclusion évidente, pourquoi ne le pouvez-vous pas ?

Dans la nuit qui enveloppait les Krall, une silhouette se leva brusquement, quitta le cercle avec fureur, et s’éloigna à grandes enjambées sans que quiconque n’osât la retenir. Dairine avait senti Niamh se tendre perceptiblement tout au long du discours de son beau-frère, mais ses dernières paroles avaient été de trop, et elle s’était éclipsée avec fracas, refusant de déshonorer sa famille en prenant la parole à ce moment précis pour lui dire ses quatre vérités. La druwidan n’avait pas cherché à la retenir. Elle ne lui avait même pas adressé un regard, toute entière focalisée sur la joute qui se déroulait devant ses yeux.

- La guerre, murmura-t-elle pour elle seule. La guerre approche… Qui a trahi trahira.

Elle leva les yeux un bref instant vers le ciel étoilé.

Fronça les sourcils.

Quelque chose lui échappait.
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Ryad Assad

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Rechercher dans: Les Basses-terres de Dun   Tag faolan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptySujet: L'Assemblée des Rois    Tag faolan sur Bienvenue à Minas Tirith ! EmptyVen 22 Mar 2024 - 10:40
Musiques et chants et danses.

Mouvements sous la voûte céleste perlée d’étoiles circonspectes, qui observaient depuis les cieux l’étrange ballet des Hommes. Curieuses créatures qui, alors que leurs jours étaient comptés, savouraient le temps d’une fraîche soirée, le plaisir de se retrouver ensemble. On riait à gorgée déployée, on s’embrassait entre proches qu’on n’avait pas revus depuis fort longtemps. On se donnait des nouvelles d’ici, d’ailleurs… Surtout d’ailleurs.

Le ciel était parfois troublé.

Les présages, sibyllins, avaient rendu les Drughu perplexes.

On s’interrogeait, à voix basse, dans les chaumières et les masures… Certains disaient que le Rude Hiver et le fol été annonçaient la chute, la mort prochaine des Dunlendings. D’autres au contraire y voyaient un signe favorable de la part des ancêtres. Le signe que l’heure était enfin venue de réaliser ce que certains appelaient une prophétie, et que d’autres appelaient une lubie. Le Retour, tant fantasmé, tant espéré.

L’Assemblée convoquée par Aiden était exceptionnelle à bien des égards, et l’homme avait réussi le tour de force de réunir bien plus de Kralls qu’on aurait pu l’imaginer… Tous étaient venus avec leur suite, avec leurs guerriers, leurs courtisans, leurs familles, leurs serviteurs. On voyait de tout ici, têtes blondes réduites en esclavage, têtes brunes hautes et fières… Les barbes hirsutes des vigoureux pillards de la Route du Sud, qui cultivaient l’esthétique de la guerre et de la violence. La grande beauté de certaines filles qu’on attendait de marier, et qui s’affichaient publiquement en espérant capter l’attention d’un époux à la hauteur.

Politique et festivités se mélangeaient, sous le regard des esprits.

Les rires étaient parfois forcés. Les embrassades fugaces. Les nouvelles, rarement heureuses.

On parlait aussi de ceux qui étaient tombés, de ceux qui étaient partis, rappelés par les esprits, dévorés par le mal, ou enlevés par le temps. On pleurait ici ou là. On méditait sur le sens des choses, sur le prix d’une vie dans les collines ou les contreforts des montagnes…

Quelques enfants allaient de ci de là, tirant quelques sourires amusés aux anciens qui connaissaient la valeur de la vie, et aux matriarches qui savaient mieux que personne les douleurs de l’accouchement, et le privilège de voir la vie fleurir dans des corps aussi chétifs.

Bientôt toutefois, l’agitation se déporta vers une zone précise vers où se mirent à marcher de nombreuses silhouettes. Les Kralls étaient appelés à remplir leur rôle. Les Druwidan les encadraient, bien plus nombreux, aussi différents les uns des autres qu’il était possible de l’imaginer. Certains semblaient avoir connu tous les âges de ce monde, et ils allaient aidés par des plus jeunes, des apprentis qui les soutenaient gracieusement. D’autres semblaient dans la force de l’âge, gambadant avec légèreté. On y voyait des hommes et des femmes, quelques adolescents qui avaient déjà ce regard profond et triste. Ils représentaient la mémoire et le patrimoine des Dunlendings. Les voir rassemblés ainsi avait quelque chose d’émouvant.

Ils prirent tous place autour d’Aiden, qui seul resta debout pour leur parler.

La noblesse de ses traits et la force de son discours soulevèrent les cœurs les plus enthousiastes. Il y avait chez cet homme une aura que nul ne pouvait ignorer, et que nul n’osait défier… pour le moment. Quelques regards glissèrent vers Wulf, qui était assis dans l’assistance, et qui observait avec attention. Tous comprenaient le jeu qui se mettait en place. Tous ressentaient la tension entre les deux hommes, entre leurs ambitions redoutables, et leurs destins pourtant opposés.

Qui souhaiterait se découvrir en premier ?

Aiden invita ses comparses à prendre la parole, en s’efforçant de respecter scrupuleusement la tradition, seule garante de sa légitimité et de son autorité ici. Beaucoup se regardèrent avec prudence. Il n’était pas toujours évident de prendre la parole en premier, et de faire avancer ses pions. Les Dunlendings étaient fiers et n’oubliaient pas facilement les affronts. Se tromper, ici, pouvait signifier ouvrir un conflit appelé à durer des décennies. Cependant, certains étaient venus à l’Assemblée spécifiquement pour prendre la parole, et porter un message.

Faolan appartenait à cette catégorie.


- Moi ! Fit-il d’une voix tonitruante, en levant la main.

Il se leva.

- Moi, Faolan Muirchertach Ua Clairingnech, roi des Landes Tourmentées, je souhaite m’adresser à l’Assemblée.

Il y eut quelques murmures. On ne pouvait pas dire que Faolan était particulièrement connu, mais son nom de famille, lui, l’était. Les exploits guerriers d’un certain Nuall, qui n’était pas un héros mais qui en avait sans doute le charisme, avaient traversé les frontières. Après y avoir été invité, il se plaça au centre de l’assistance, et reprit :

- Mes amis, je viens vous porter une sombre nouvelle. Mon frère Nuall, que vous connaissez peut-être, a trouvé la mort il y a de ça plusieurs mois. Il est tombé, frappé par les Forgoil

Le mot, craché avec dégoût, provoqua la réaction attendue dans l’assistance. Les « têtes de paille », ou plus simplement les Rohirrim, étaient les ennemis ancestraux des Dunlendings qui leur vouaient dans l’ensemble une haine féroce. Apprendre qu’un de leurs meilleurs guerriers était mort aux mains de leurs voisins honnis eut le don de suspendre toute l’assistance aux lèvres de Faolan.

- Il est mort l’arme à la main, accompagné d’une vingtaine de braves compagnons… On raconte qu’ils auraient résisté vaillamment, et tué plusieurs centaines de Rohirrim ! Ha ! Que devrions-nous ressentir alors ? Tristesse ? Fierté ? Colère ? Hm ?

Il ménagea une pause théâtrale, avant de reprendre.

- C’est la colère qui m’anime, et qui doit vous animer aussi, car vous devez connaître la vérité. Nuall est tombé devant les remparts de la grande forteresse de l’Isen, où se dresse la Tùr Dorcha, la Tour Sombre. Tombé non pour l’or, ou les femmes, non pour faire couler le sang de nos ennemis sans raison, non ! Il est tombé pour sauver une des nôtres…

Avec prestance, il tendit la main vers sa droite et dans un bel ensemble, fendant l’assistance, deux femmes s’avancèrent. La première semblait être une aristocrate dunlending, une femme aux traits sombres mais beaux, dont les épaules étaient drapées du voile du deuil. La veuve de Nuall. Elle tenait la main d’une femme à la silhouette frêle, que beaucoup dans l’assistance reconnurent sans mal. Son nom fut murmuré à plusieurs reprises, avant que Faolan ne confirmât ce que tout le monde soupçonnait :

- La Drughu Dairine, enlevée par les Forgoil, et sauvée par mon propre frère qui a donné sa vie et celle de ses compagnons pour l’arracher aux griffes de ses ravisseurs…

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Il s’inclina respectueusement devant cette représentante d’un pouvoir sacré qu’il ne comprenait pas. L’Assemblée du jour était consacrée aux seuls rois, et les deux femmes respectèrent cette tradition en conservant le silence. Faolan souhaitait désormais conclure, sa démonstration de force étant désormais faite.

- Krall Aiden, je place Dairine sous votre noble protection. Qui serait meilleur que vous pour protéger notre Druwidan, à l’heure où nos ennemis cherchent à lui faire du mal ? Qui d’autre que vous pour incarner la juste colère que nous devrions tous ressentir ? Mes amis, saluons le retour de Dairine parmi les siens, et prenons quelques instants pour demander aux ancêtres de bénir le passage de ceux qui l’ont sauvée vers l’Après-Vie.

Faolan retourna s’asseoir à sa place, laissant un silence pesant s’abattre sur l’assistance. Son ralliement à Aiden n’échappa à personne, de même que la première ligne de fracture qui allait diviser les Dunlendings et nourrir d’intenses discussions. Les hommes des collines continuaient à s’observer… Qui oserait prendre la parole ?
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